La Pierre de Tear fait peau neuve ! L'aventure continue sur www.pierredetear.fr !
L'ancien site est a présent archivé pour la postérité et en mode "lecture seule". Vous pouvez consulter l'ensemble du contenu et des anciennes discussions du forum,
mais plus créer de nouveaux topics ni écrire de nouvelles réponses.
L'évanescent était juché sur sa monture, sa face sans yeux fixée sur les ténèbres du ciel nocturne , insensible à la pluie qui s’en déversait. Il regardait le draghkar revenir à tire-d’aile vers le campement. Il aurait du prêter plus attention aux jacassements du dévoreur d’âme, il y avait bel et bien un canalisateur dans ce trou perdu, et pas particulièrement discret. Avec sa poisse il allait tomber sur tout un conclave d’Aes Sedai .
Krohrst atterrit lourdement sur la butte, arborant des entailles toutes fraîches. A l’inverse du myrddraal qu’elle n’atteignait même pas, la pluie semblait fortement incommoder l’engeance ailée qui se dirigea immédiatement vers le couvert des arbres en lui faisant son rapport.
Entre l’odeur des trollocs trempés et celles qui se dégageait des marmites sur le feu, une puanteur infecte régnait dans le sous bois que les engeances avaient d'ors et déjà transformé en véritable bauge. Les trollocs finissaient de tailler en pièces et d’ajouter à leur ragoût ce qu’il restait de la plus proche famille de paysans qu’ils aient trouvés. Certain se passaient d’ailleurs de tout préparatifs culinaires et se disputaient ce qu’il restait des plus petites carcasses.
Il s’arrêtèrent tous subitement à l’arrivée de l’évanescent et du draghkar. Korh’Gan laissa passer quelques instants le temps de réfléchir aux informations que venaient de lui délivrer Krohrst. Si cette bourgade comptait des Amis du Créateur en son sein, peut être l’Ajah Bleue y étaient elles aussi présente. Peu d’Aes Sedai se permettraient d’agresser gratuitement une engeance sans la moindre provocation de sa part. Dans tous les cas, mieux valait ne pas leur laisser l’occasion de s’enfuir et de faire ainsi tomber à l’eau le “plan” de Gaeldron. Le myrddraal se tourna vers son comparse dément.
“Allons y maintenant. Inutile de faire plus traîner les choses. Va en avant et fait nous ouvrir les portes de ce trou à rats. Et n’oublies de laisser les gardes en vie le temps qu’ils le fassent …”
Le demi-homme se détourna de Krohrst pour se concentrer sur les ondes de douleur qu’il envoyait aux trollocs pour les faire se mettre en ordre de marche.
Il s'éveilla de la même manière qu'il avait sombré, dans un soudain éclair de conscience, un instant de clarté qui ne dura qu'une seconde avant que la douleur et le vide ne l'assaillent à nouveau. Il ouvrit les yeux... les referma aussitôt comme la vive lumière le brûlait, et demeura immobile, silencieux tandis qu'il retrouvait peu à peu ses esprits. Son corps lui semblait froid et mort, engourdi par l'épuisement. Un poids sur sa poitrine l'empêchait de respirer, et il sentait seulement, à travers les brumes de sa conscience, le martèlement sourd d'une douleur trouble. Elle naissait de la plaie qui déchirait son flanc et se répandait lentement dans ses muscles, tandis que la chaleur du feu gagnait ses membres, malgré ses vêtements trempés de sang et de boue. Il devinait qu'on l'avait allongé sur un lit, et soigné. Il y avait des bandages autour de ses tempes et de sa taille, l'ancienne blessure de son front semblait n'être qu'un vague souvenir... Combien de temps ? ... Est-ce que cela avait vraiment de l'importance ? Mais ces questions, ces sensations l'empêchaient de penser à tout le reste... aussi laissa t-il bientôt son attention se porter sur les voix confuses et troubles qu'il entendait autour de lui. Deux voix. Un homme et une femme, et il connaissait au moins l'homme... Alyn ? Il ne pouvait en être sûr... Les voix étaient déformées et lointaines, à peine audibles, et son esprit, péniblement, n'assimilait qu'un mot sur dix. Lige... Aes Sedai... message... Tar Valon... Message ! Maintenant !
Aes Sedai... l'horrible sensation de vide l'envahit brutalement, et faillit lui donner la nausée, tandis qu'un flot de souvenirs se déversait sur son esprit égaré. Alea... Et la dernière mission... d'Alea... Il ouvrit de nouveau les yeux. Les lumières se mirent à danser violemment autour de lui, et il parvint à contenir un haut-le-cœur, qui se transforma en une toux douloureuse à l'arrière-goût métallique. Probablement de quoi attirer l'attention des deux individus présents, mais comme son regard éteint commençait un rapide tour d'horizon, il ne discerna que deux silhouettes floues et sans visage, avant que les lumières ne se stabilisent quelque peu. Femme brune. Sans doute la même que tout à l'heure. Mais qui ? ... Il essaya de rassembler ses esprits pour formuler quelques mots, sans réel succès.
-Résumons donc. Nous avons donc là un lige blessé dans des circonstances inconnues, un draghkar en vadrouille, et un apprenti lige livreur de message. Un apprenti lige qui ne me dit toujours pas tout. Êtes-vous le lien qui me manque entre tous ces évènements ? Donnez-moi ce message ! Maintenant !
Un lien? Lui? Il n'avait rien à voir avec tout ça! Il était juste au mauvais endroit au mauvais moment, il essayait d'aider et voilà comment on le remerciait! Comment pouvait-elle savoir qu'il n'avait pas remis la lettre? Mais, de toute façon, si elle la voulait, elle l'aurait, d'une façon ou d'une autre... Il n'était vraiment pas doué pour mentir. Il sortit la lettre de sa veste en soupirant et la lui tendit. Le papier avait pris une teinte rougeâtre, le sang avait traversé sa veste. Avec un peu de chance, elle serait illisible. Mais vu sa veine ce soir... Il remarqua par la même occasion que ses mains étaient couvertes de sang séché et de boue. Il les essuya sur un coin encore propre de sa veste.
"Je devais la remettre à l'ancien propriétaire de cette auberge, Finn Ereil. Mais il est mort, soupçonné d'être un Ami du Créateur."
Il se dirigea vers un tabouret dans un coin de la pièce. De toute façon, il était trop tard pour revenir en arrière. Il ne restait plus qu'à espérer que la lettre ne contenait rien de fâcheux. Il pensait au couteau qui pendait à sa ceinture, aurait-il le temps de l'utiliser?
C'est à ce moment que le lige blessé se mit à cracher ses poumons. Alyn s'adressa à lui, "Ne bougez pas et reposez-vous. Tout va bien. Vous avez trouvé celle que vous cherchez." Et lui n'était pas dans le pétrin...
[HRP]: Mélisande, à toi de voir ce qui sera écrit sur la lettre... C'est plus drôle comme ça!
Multi - plié Multi-milliardaire Alias de Demiandre
La femme aux simples sortit de la chambre peu après lui et se rendot dans une autre chambre. Il poursuivi son chemin et reprit l'escalier de derrière, pour ne pas arriver dans la salle commune où l'aubergiste risquait de le regarder d'un mauvais oeil. Il descendit tranquillement, reflechissant aux derniers pions placés, et se dit que cette femme était décidément bien étrange. Le Daes Dae'Mar, ou toute autre forme de manipulation, semblait ne pas avoir de prise sur elle. Il n'avait jamais rencontré de femme avec autant de volonté. Ou peut-être était-ce simplement de l'obstination.
Il arriva à la porte, qu'il franchit pour arriver dans l'écurie. Il se dirigea vers l'entrée extérieure de l'écurie. La pluie tombait et obscurcissait le ciel, et des nuages commençaient à s'amasser. Un rougeoiement éclaira le ciel un court instant, et il se demanda ce qui avait pu causer cela. Il scrutait le ciel à la recherche d'une explication quand il crut voir une ombre jaillir soudainement avant de disparaitre aussitôt.
Certainement un effet de mon imagination. Ou Khor'Gan serait-il en train d'arriver? se demanda t'il avec une esquisse de sourire. Il tâta l'épée à sa taille, et commençait déjà à anticiper.
Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas mis quelqu'un en charpie... et cette idée lui donna encore plus envie.
Il aperçut ensuite le garçon à qui il avait confié son cheval et se dirigea vers lui pour lui donner une couronne d'argent pour le remercier de s'occuper d'Eriador. Il salua de la tête.
Bien sûr qu'il se passe des choses anormales ici! Cela crêve les yeux! se dit il en relachant le saidin. Mais le Draghkar, cela était une vraie surprise. Une sensation etrange le demangeait entre les omoplates. Qui pouvait.... Il realisa soudain l'implication de la presence de l'Engeance, et se tendit. Il prit cependant exemple sur Niedjan avant de sentir soudainement, clairement, des flux de feu tissées pas très loin d'eux.
"Cela est de plus en plus étrange... qui?" Demanda t'il à Niedja dabs un murmure. "Pensez-vous que les deux soient liés? Si proches, si inconcevables. Il y a decidement quelque chose de vraiment pas normal dans ce village. Je souhaiterais faire un tour. Si vous m'y autorisez..."
Il voulait savoir. Pourquoi, où qu'il aille, il se passait d'etranges evenements? La Tour Noire, Cairhien, Tremonsien.... Il se rendrait au fond des mers que des Brochets Argentés seraient en train de dancer une gigue autour d'une perle d'huitre.
Les invraisemblaces s'accumulaient, et cela lui fit penser à un chapitre d'un des livres qu'il compulsait à Cairhien. Il disait que plus les chances tendaient vers la probabilité la plus invraisemblable, plus cela indiquait la proximité de l'arrivée du Dragon, qui devait retablir une sorte de balance. Il n'avait pas fait attention à ceci avant, ce livre datant d'avant le Jour du Retour, mais maintenant... Les circonstances indiquaient clairement que le Dessein se reformait fermement autour d'eux.
Aelfinn de la PierreModo - Jury des Joutes - Conseil RPRelecteur
Il se demanda ce qui clochait avec Taenad. Il plissait les paupieres et semblait souffrir le martyr. Il le regarda avec etonnement et lui dit qu'il ferait attention dorenavant.
Ils partirent d'un pas legerement precipité vers la planque que leur avait indiqué le voleur. Ils chercherent un petit moment avant d'arriver finalement au bon endroit. La facade a escalader semblait peu differente ee n'importe quelle facade et le moyen d'accès peu conventionel, un rempart de pierre couvert de lierre, rebuterait pas mal de gens. Il se tourna vers Taenad.
"Allons-y, cela me semble un bon refuge, facilement défendable"
Il escalada le mur sans trop de problemes, malgre la hauteur, et sauta au sol de l'autre côté du mur. Il vit la corde indiqué par Sordon, et grimpa en haut de celle-ci en se brûlant legerement les mains à cause du frotement. En haut, la grange spacieuse offrait de la place pour un groupe important de personnes, et apres inspection, Demiandre comprit vite pourquoi ce lieu était la retraite du voleur. Des acces peu faviles, des planques, de la place, des bons points de vue sur les alentours. Demiandre considera meme d'en prendre exemple pour l'avenir, avant de realiser à nouveau que cette vie était derriere lui.
Il se tourna vers Taenad.
"Excuse moi pour tout à l'heure. Mon action manquai de reflexion, et je crois meme que cela pouvait nous mettre en danger. Enfin, esperons que le Draghkar aura perdu notre trace..."
Juché au sommet de sa monture noire, Korh'gan réfléchit quelques instants au rapport de Krohrst. Puis il prononça une phrase toute simple, mais qui serait pourtant tant chargée de conséquences :
- “Allons-y maintenant. Inutile de faire plus traîner les choses. Va en avant et fait nous ouvrir les portes de ce trou à rats. Et n’oublies de laisser les gardes en vie le temps qu’ils le fassent …”
Difficile de donner des instructions plus claires, Krohrst reprit les airs maudissant la pluie une fois de plus, Tandis que L'évanescent faisait rentrer ses ordres dans les crânes vides des Trollocs à coup de tortures mentales.
Cette fois, il prit droit sur la ville, volant bas, pour éviter de perdre du temps à monter haut dans le ciel. Arrivé à la porte la plus proche, la sud, il repéra un garde qui s'abritait sous un auvent. Se posant sans un bruit sur l'auvent, Krohrst chanta, mais ne tua pas le garde, il souhaitait juste surprendre les gardes par son arrivée inattendue. Alors il soigna sa mise en scène. Il dépassa le garde au regard vide, replia sans un bruit ses ailes et monta dans la salle de garde. Arrivé devant une lourde porte de bois, renforcée de fer, il prit un air menaçant et entra.
- "allons!, debout vermine! Le grand seigneur a besoin de vous, pauvre vers de terres que vous êtes! Ouvrez donc les portes à ses glorieuses armées. Et je me ferai un plaisir tout particulier de vous donner un avant gout de ce qui vous attend sur les flans du Sayod Ghul si vous ne vous dépêchez pas!"
Dépliant ses ailes, il traversa la pièce d'un bond et alla s'accrocher au plafond, désemparant un peu plus les gardes. Puis, juste pour s'amuser, retomba sur un jeune soldat qui semblait effrayer par l'arrivée non annoncée d'une engeance, qui menaçait a tour de bras et donnait des ordres au nom du ténébreux en personne!
Prit de panique quand la masse du Draghkar lui arriva dessus, le soldat hurla, puis se tut alors que Krohrst chantait a nouveaux.
- "Je suis le seul a pouvoir lui rendre son esprit, alors dépêchez-vous, si vous ne voulez pas voir votre petit compagnon donner son dernier service au grand seigneur!"
Partant d'un rire sinistre, il ressorti de la pièce, trainant derrière lui le jeune soldat. Sous le choc, les autres ne pensèrent même pas à contester ses ordres, ils se précipitèrent pour ouvrir les portes, et perdirent de vue le Dragkhar, qui en profita pour faire une victime de plus. Si savoureuse, encore dans la fleure de l'âge! il abandonna le corps sans vie dans la rue et attendit que le Myrdraal arrive avec ses troupes. Cinq minutes plus tard, deux décades de Trollocs et un cheval noir se découpèrent dans le rideau de pluie.
Krohrst dans une attitude tout a fait mystique salua son compagnon, avant de partir d'un rire dément qui résonna longtemps dans les ruelles sombres de Trémonsien.
- "Mon ami, ce soir, gloire sera rendue au grand seigneur! En avent, allons donc réduire ce nid de vermine! Allons donc rendre notre compte d'âme à l'éternel!"
Il se mit alors en marche aux cotés de la monture noire et terrifiante du Myrdraal. Alors que la pluie redoublait d'intensité et que des éclaires déchirait la nuit dans un bruit de désolation. Le temps de batailles allait revenir, Krohrst en était sur, il ne savait pas pourquoi, mais du fond de sa démence, il le sentait, Le Grand seigneur allait être fière de lui, il irait au devant des armées ennemies et prouverait au monde, que jamais les ténèbres ne serait vaincus! Repartant d'un rire dément qui fit frisonner les Trollocs eux même, il fit un pas en direction de la place.
Il avait tout oublié de ses blessures, seul comptait sa faim et l'approche de la bataille, rien d'autre n'aurait pu percer le voile de folie qui s'était abattu sur son esprit! Sauf peut être les ordre du maitre. Encrés dans sa mémoire avec le pouvoir. Obéir!, servir le Grand seigneur et mener a bien la mission de Korh'Gan.
Galain, debout contre l'entrée de l'écurie, songeait à ce que pouvait bien faire Alyn ; j'ai dans l'idée que faire connaissance avec cette Mélisande ne doit pas être de tout repos, au moins ici je n'ai pas à subir la compagnie de cette furie
Il cru distinguer un homme sortir de l'auberge et s'avancer vers lui. C'était Gaeldron, pas trop top, qui lui fit un signe de tête auquel Galain ne répondit pas.
Soudain il vit le ciel se draper d'une rougeur étrange qui disparut aussitôt. Il avait aussi cru percevoir un bruit de souffle, un hurlement de flamme quelque part et une bourrasque de vent, plus fort, rugissant. Tout se dissipa aussi vite que cela été venu et Galain frémit ; tout ceci n'est pas naturel, pour sûr.
Gaeldron avait vu le phénomène lui aussi et, étrangement, il avait porté la main à sa garde. Et Galain cru voir dans l'obscurité, un demi sourire s'afficher au visage de l'homme.
La pluie battante sur le sol humide de la place, le craquement du bois, seuls maintenant résonnaient et il se sentit menacé par un danger inconnu alors que Gaeldron approchait.
"Comment va-t-il ? demanda Galain, sans préambule, comme poussé par un irresistible besoin de parler. "Avez-vous vu comme moi cet éclair rouge dans le ciel ? C'est une nuit étrange pour sûr. Bref...votre cheval est une crème et je ne sais qui de moi ou de lui gardait l'autre, ajouta-t-il avec un rire gêné"
Multi - plié Multi-milliardaire Alias de Demiandre
"Comment va-t-il ? Avez-vous vu comme moi cet éclair rouge dans le ciel ? C'est une nuit étrange pour sûr. Bref...votre cheval est une crème et je ne sais qui de moi ou de lui gardait l'autre, ajouta-t-il avec un rire gêné"
Gaeldron se demanda de qui il parlait, perdu dans la frénésie naissante en lui, avant de réaliser qu'il parlait du Lige.
"Il va mieux, il est au chaud et sous bonne garde. Je soupçonne notre gente Dame d'être bien plus versée dans la guérison que la femme au simples. Enfin bref, cela semble être un secret qu'elle veut garder et je ne le dévoilerai pas pour elle. Une nuit bien étrange en effet. Je sens du tumulte dans l'air. Méfiez-vous. Je vous conseille de vous abritez pour cette nuit. Je vous remercie encore pour mon cheval, je pense que nous allons le laisser seul pour la nuit. Je dois voir ce qu'il se passe ici. Il se gardera tout seul je suppose." termina t-il avec un sourire honnête.
Il sortit de l'écurie et regarda la place en face de l'auberge. La pluie ruisselait sur ses cheveux, dégoulinant sur ses épaules et trempant son manteau. Il vagabonda dans les rues, observant, essayant de déceler une présence dans le noir qui nimbait la ville. Personne. Il continua cependant à marcher, et espéra que Khor Gan n'aurait pas la stupide idée de venir lui parler. S'il devait agir, pourvu qu'il l'attaque, et non pas qu'il lui compte fleurette... Cela était une des clefs de voûte de son plan. Il espérait que des cibles sortiraient de l'ombre pour se rallier à lui...
"Je devais la remettre à l'ancien propriétaire de cette auberge, Finn Ereil. Mais il est mort, soupçonné d'être un Ami du Créateur."
Mélisande saisit avec avidité l'enveloppe et la décacheta. Même si des taches de sang la salissaient par endroit, elle restait malgré tout parfaitement compréhensible. Même si son contenu, lui, restait parfaitement obscur.
"Voyez avec les Yeux de l'Arbre de Vie. Des évènements critiques s'y passent, et des informations cruciales pourraient être perdues pour nous. Si vous le pouvez, envoyez des gens de confiance pour récolter ces informations. Envoyez le messager avec."
Les Yeux... c'était clair. Il fallait maintenant qu'elle sache quel Aes Sedai avait confié ce message à Alyn. l'Arbre de Vie ? Probablement le Tarabon. Que s'y passait-il donc ?
Elle s'apprêtait à poser de nouvelles questions à l'apprenti lige quand Owyn se réveilla.
"Ne bougez pas et reposez-vous. Tout va bien. Vous avez trouvé celle que vous cherchez.", lui dit doucement Alyn.
L'écartant de son chemin, Mélisande s'agenouilla près du blessé.
-Calmez-vous Owyn Gaidin. Je suis Mélisande Aes Sedai. Je vous ait Guéri, et vous êtes hors de danger pour l'instant, mais ne rouvrez pas vos blessures. Elle continua d'une voix plus douce. Vous êtes arrivé à bout de votre mission. Vous me cherchiez ?
"Il va mieux, il est au chaud et sous bonne garde. Je soupçonne la gente Dame d'être bien plus versée dans la guérison que la femme au simples. Enfin bref, cela semble être un secret qu'elle veut garder et je ne le dévoilerai pas pour elle. Une nuit bien étrange en effet. Je sens du tumulte dans l'air. Méfiez-vous. Je vous conseille de vous abritez pour cette nuit. Je vous remercie encore pour mon cheval, je pense que nous allons le laisser seul pour la nuit. Je dois voir ce qu'il se passe ici. Il se gardera tout seul je suppose."
A ces mots, l'homme sortit de l'écurie et resta un moment sur la place, comme scrutant la noirceur de la nuit, immobile, la pluie ruisselant sur lui. Puis, sans ajouter un mot, il partit. Galain eut juste le temps de sortir à son tour et de le voir s'enfoncer dans les artères boueuses du village, comme à la recherche de quelque chose.
Je ne comprends pas ce qu'ils ont tous ici...sont-ils tous plus ou moins fou ? Cairhien me semble plus loin que jamais et j'ai l'impression d'avoir atteint une côte inconnue et étrange. Nous ne devons pas être à plus de quelques heures de marche pourtant...
Un violent sentiment de solitude s'empara de lui. A quelques foulée de là, brillait entre les goutes de pluie, les fenêtres de l'auberge où Alyn devait, pensa-t-il, passer un quart d'heure difficile. Soudain, un éclair fendit le ciel, éclatant et blanc celui-là, et presque simultanément le vrombissement assourdissant du tonnerre couvrit le village d'une clamante chape de son.
Il m'aurait fait une métaphore de trois lieu de long avec ce genre de scène songea Galain avec un sourire, pour l'heure, vaut mieux que je bouges si je ne veux pas finir noyé.
D'un pas rapide il traversa l'espace qui le séparait de l'auberge et s'approcha de la porte. Un sombre intuition lui traversa un moment l'esprit ; quelque chose comme de l'angoisse. j'ai toujours eu peur de l'orage...ou peut-être est-ce l'idée de revoir la femme, à cette idée il regarda craintivement derrière lui et sourit de plus belle, au moins, devant la furie, je serais au sec.
En entrant, il remarqua que l'atmosphère avait changé dans la salle commune. L'aubergiste le regarda avec un air renfrogné et semblait hésiter à le mettre dehors. Un couple parlait à voix basse à une table sur le coté et un homme, derrière eux, buvait un verre de vin en faisant semblant de ne pas faire attention à eux un jour, toi aussi, tu connaitras l'amour*. Ne sachant trop que faire et où retrouver Alyn, il profita que l'aubergiste lui tourne le dos pour monter discrètement à l'étage.
Ils doivent être dans [i]sa chambre...là dessus aussi il aurait pu en faire des vers[/i].
Toute les chambres étaient silencieuses. Il parcourra plusieurs fois le couloir pour tenter d'entendre un son, une voix, quelque chose. Mais, il n'y avait rien. Puis, au troisième passage, il entendit distinctement le craquement du parquet dans l'une d'entre elle et cru entendre une voix étouffée. N'en pouvant plus d'attendre et qu'on le laisse à l'écart, il frappa à la porte.
Owyn n'avait pas encore eu le temps de répondre qu'on frappait à la porte.
Mélisande se retourna brutalement vers celle-ci. Si c'était encore ce Gaeldron, elle risquait de se montrer violente.
Approchant sa main de la poignée de sa dague, elle ouvrit la porte. C'était le jeune homme à qui Gaeldron avait confié son cheval.
Elle commençait à en avoir assez d'être interrompue.
Des Amis du Créateur, des Liges, des Draghkar et quoi d'autre ensuite ? Un réprouvé dansant la Sa'sara ? Le monde entier s'était donc donné rendez-vous dans cette auberge ?
D'une main, Mélisande saisit le jeune homme par la chemise et le tira vers elle. De l'autre, elle referma la porte dans un claquement.
Puis, elle sortit sa dague et la pointa vers la gorge de l'arrivant.
-La nuit commence à se faire longue et j'aimerais dormir. Alors vous avez intérêt à être bref jeune homme. Si vous ne venez pas m'annoncer un meurtre, que l'auberge est en feu ou que des trollocs et des Amis du Créateur se battent dans la salle principale je risque d'être très énervée. Alors ? Qu'est ce que vous voulez ?
Malgré la douleur et l'épuisement, Owyn sentit bientôt son esprit s'éclaircir, de même que son champ de vision, au bout de secondes qui lui parurent plusieurs minutes, comme tout se passait avec une étrange lenteur. Puis le temps reprit son cours normal, et il distingua bientôt, encore un peu flou, un visage qu'il identifia néanmoins clairement comme celui d'Alyn. Il trouva la force de se demander ce qu'il faisait là, mais les paroles qu'il prononça effacèrent presque aussitôt cette question de son esprit. Trouvé... celle qu'il cherchait ? Mélisande Sedai ! Mais comment savait-il ? Tâchant de garder les yeux ouverts, il essaya de trouver quelque chose à répondre, mais avant même qu'il ait pu formuler une seule parole, le visage de la femme brune lui apparut. C'était donc elle... Alors qu'elle parlait, un mélange de soulagement et de tristesse insoutenable lui noua la gorge, et il ne put répondre d'abord que par un hochement de tête. Que lui dire ? Alea... était morte au cours d'une simple mission protocolaire, d'une mission d'une simplicité écœurante, pour retrouver cette femme. Mais l'Aes Sedai se trompait, sa mission n'était pas exactement finie... C'est ce qui le poussait à tenir, bien qu'il ne le comprenne pas lui-même. Il y avait pourtant ce désir lancinant de sombrer pour de bon... Il ferma les yeux un instant, mais se força à les rouvrir.
Dans ce court laps de temps, on avait frappé à la porte, et avec une vivacité surprenante, Mélisande Sedai se précipita pour l'ouvrir, une attitude qui l'alerta. Avec précaution pour ne pas rouvrir ses blessures, il parvint néanmoins à se redresser sur les coudes, juste assez pour voir la scène surréaliste. L'Aes Sedai, menaçant d'une dague un jeune homme qui ne comprenait visiblement pas où il mettait les pieds. Plutôt surpris sur le coup, Owyn se figea néanmoins quand elle mentionna les amis du Créateur. Ceux-là... Ces... ces... ses mains se crispèrent un court moment sur le lit, mais il s'obligea à rester calme. Considérant la scène, il décida d'attendre que Mélisande Sedai en ait fini avec l'individu pour lui expliquer les raisons de sa présence. En parlant de présence... Son regard coulissa vers un certain apprenti-lige, et il se souvint que ce dernier avait brusquement disparu de la Tour sans raison, quelques jours avant son propre départ. Il aurait probablement dû dire quelque chose. On ne partait pas de la Tour sans une très bonne raison... Mais il ne trouva pas en lui la volonté de jouer à ce jeu. Et après un regard prolongé, il se contenta de demander, d'une voix désagréablement atone :
"... Aide-moi à me redresser."
En d'autres occasions, une telle demande ne lui serait probablement même pas venue à l'esprit. Mais pour l'instant, des notions telles que l'orgueil ou la fierté lui paraissaient vides du sens qu'elles avaient pu avoir autrefois.
Galain n'eut pas le temps de comprendre ce qu'il se passait ; à peine avait-il taper à la porte, qu'une main l'avait saisit au collet et qu'une fine dague pesait doucement sur sa gorge. Derrière son visage froid, la femme semblait furieuse et ses yeux brillaient d'une lueur mauvaise. Elle l'appuya encore un peu plus la dague sur la gorge de Galain et une goute de sang perla sur sa peau.
- La nuit commence à se faire longue et j'aimerais dormir. Alors vous avez intérêt à être bref jeune homme. Si vous ne venez pas m'annoncer un meurtre, que l'auberge est en feu ou que des trollocs et des Amis du Créateur se battent dans la salle principale je risque d'être très énervée. Alors ? Qu'est ce que vous voulez ?
Il réfléchit le plus rapidement qu'il put. Dire simplement à cette furie qu'il voulait voir Alyn ne suffirait pas à lui sauver la peau, il fallait trouver de bonnes raisons d'être ici.
- Je m'inquiétais Madame. Depuis que cet éclair rouge et brusque est apparut dans le ciel, je craignais que vous ne soyez en danger ; je ne peux me l'expliquer, mais ce qui se passe ce soir n'est pas naturel. Et je vous l'avoue, j'ai crains quelque chose, bien que je ne saches pas quoi. Gaeldron semblait inquiet lui aussi, ce qui ne m'a pas rassuré non plus. Il m'a conseillé de me cacher et j'ai pensé qu'il valait mieux vous prévenir à votre tour. Vous comprenez, je ne savais pas trop que faire...je m'excuses si je vous est importuné, ce n'était pas mon souhait.
La femme ne semblait pas s'adoucir et Galain sentait toujours la forte présence de la lame froide sur sa peau.
- Voulez-vous que je demande que l'on vous prépare un bain, Madame ? Nous pourrons ensuite aviser de ce que nous ferons tous. Cette soirée à été éprouvante pour tout le monde et j'ai peur que nos nerfs soient tous mit à rude épreuve. De l'eau chaude vous ferait le plus grand bien.
Il tenta d'ajouter un sourire sincère à sa proposition, tout en ayant bien conscience d'avoir été trop loin. Mélisande semblait maintenant fulminer littéralement et il craignait légèrement qu'elle ne s'emporte.
Il s’écarta pour laisser plus d’espace à l’Aes Sedai. Il était surpris de la voix douce qu’elle prenait pour parler au blessé. C’est pas avec moi qu’elle parlerait aussi gentiment... D’un autre côté, je suis toujours en vie et elle n’avait pas encore appelé la milice, c’est déjà ça.
Entendant frapper à la porte il allait l'ouvrir quand l'Aes Sedai, plus rapide que lui, attrapa Galain par le col et le plaqua contre le mur, une dague à la gorge.
-La nuit commence à se faire longue et j'aimerais dormir. Alors vous avez intérêt à être bref jeune homme. Si vous ne venez pas m'annoncer un meurtre, que l'auberge est en feu ou que des trollocs et des Amis du Créateur se battent dans la salle principale je risque d'être très énervée. Alors? Qu'est ce que vous voulez?
Sa tête vaut bien un nez cassé! se dit-il, un sourire en coin. Une autre pensée lui vint à l'esprit, et son sourire disparut. Qu'est-ce qu'il peut bien venir faire ici? Je lui laisse une occasion en or de partir discrètement, et lui revient se jeter dans la gueule du loup!
"... Aide-moi à me redresser."
Les paroles du lige le tirèrent de ses pensées, il l'aida à se redresser, et installa des oreillers derrière son dos pour qu'il soit positionné le plus confortablement possible. Il chercha un gobelet du regard, la gorge d'Owyn Gaidin avait l'air d'être très sèche. N'en voyant pas, et peu désireux de passer à côté de l'Aes Sedai et de Galain pour aller en demander un à l'aubergiste, il se cala dans un coin en essayent de se faire le plus discret possible. Maintenant, si elle pouvait m'oublier...
- Je m'inquiétais Madame. Depuis que cet éclair rouge et brusque est apparut dans le ciel, je craignais que vous ne soyez en danger ; je ne peux me l'expliquer, mais ce qui se passe ce soir n'est pas naturel. Et je vous l'avoue, j'ai crains quelque chose, bien que je ne saches pas quoi. Gaeldron semblait inquiet lui aussi, ce qui ne m'a pas rassuré non plus. Il m'a conseillé de me cacher et j'ai pensé qu'il valait mieux vous prévenir à votre tour. Vous comprenez, je ne savais pas trop que faire... je m'excuses si je vous est importuné, ce n'était pas mon souhait.
- Voulez-vous que je demande que l'on vous prépare un bain, Madame ? Nous pourrons ensuite aviser de ce que nous ferons tous. Cette soirée à été éprouvante pour tout le monde et j'ai peur que nos nerfs soient tous mit à rude épreuve. De l'eau chaude vous ferait le plus grand bien.
Il laissa échapper un léger sifflement entre ses dents quand il entendit la réponse de Galain. Les coups qu'il a reçus ont dû lui tourner la tête! Qui est-il réellement pour oser lui parler sur ce ton? Soit il est vraiment très courageux, soit il est suicidaire!
Il tourna la tête vers Owyn Gaidin, et lui lança un regard interrogateur. Que ferait un lige dans cette situation?
Peu après le passage du draghkar, Berislav sentit cette fois-ci clairement le tissage d'une attaque de feu, venant d'un canalisateur dehors sur la place. Elle plissa les yeux. Comment se faisait-il qu'elle n'est pas vu cet homme tout à l'heure ? Un nouveau venu ? Mais alors... pourquoi attaquerait-on un draghkar au-dessus de ce village, apparemment sans raison ?... à moins d'être un ami du créateur... Mais même ceux-là tachaient plutôt de rester discrets, à moins qu'ils ne préparent quelque chose. Si ça se trouvait, ses soldats avaient été informés d'une prochaine attaque d'amis du Créateur à Tremonsien, et ne pouvant la prévenir faute de la trouver, ils avaient décidé d'attaquer malgré tout... Ca semblait cependant peu probable... Certains de ses myrdraals pouvaient la retrouver sans difficulté. Alors que se passait-il ? Rien de bien normal, en tout cas, et le nom de Belial tournait en boucle dans sa tête sans qu'elle puisse l'arrêter. Elle le connaissait suffisamment pour imaginer sans mal son visage, son sourire satisfait alors qu'il imaginait les conséquences de ses plans. Sa main se crispa une micro-seconde, et perdue dans ses pensées, elle entendit à peine les paroles de Durnik, mais finit par lever vers lui un regard lointain.
Faire un tour... oui pourquoi pas. Elle acquiesça, mais le tairien n'en avait visiblement pas fini, et ses paroles cette fois-ci l'intriguèrent davantage. Il avait visiblement beaucoup étudié dans sa propre bibliothèque à Cairhien... Et sa mémoire fraîche lui avait été plus utile que ses anciens souvenirs et son expérience millénaire, sur ce coup. Elle avait déjà connu deux Dragons... peut-être bientôt un troisième s'ils n'arrivaient pas à stopper à temps cette fatalité. Et les transformations du Dessin qui résultaient de l'approche de la venue du Dragon ou de la présence d'un ta'veren lui paraissaient si banales, surtout en cette fin de cycle, qu'elle y prêtait à peine attention désormais. Mais il était évident qu'il y avait quelque chose d'inhabituel ici... était-ce possible qu'Il... Non, ridicule, le temps n'était pas encore venu. Elle demeura un instant silencieuse, puis secoua la tête, sans pour autant nier complètement les propos de Durnik :
"C'est une possibilité, mais c'est un peu précipité pour en juger encore, nous n'avons pas assez d'éléments. Les bizarreries font aussi partie de la nature, et il s'agit plus probablement d'un complot dirigé par mon cher ami." Elle sourit. "Va donc faire un tour des environs si tu le souhaites, quant à moi je resterai ici afin d'observer encore. S'il se trame quelque chose comme je le pense, cela ne devrait pas tarder à se déclencher. Fais attention."
Elle but une gorgée, et son visage retrouva une expression sereine, d'un naturel déconcertant, alors que son regard parcourait les environs avec une fausse indifférence.
-Je m'inquiétais Madame. Depuis que cet éclair rouge et brusque est apparut dans le ciel, je craignais que vous ne soyez en danger ; je ne peux me l'expliquer, mais ce qui se passe ce soir n'est pas naturel. Et je vous l'avoue, j'ai crains quelque chose, bien que je ne saches pas quoi. Gaeldron semblait inquiet lui aussi, ce qui ne m'a pas rassuré non plus. Il m'a conseillé de me cacher et j'ai pensé qu'il valait mieux vous prévenir à votre tour. Vous comprenez, je ne savais pas trop que faire...je m'excuses si je vous est importuné, ce n'était pas mon souhait.
Mélisande resta impassible pendant tout le discours du jeune homme. Mais intérieurement, ses sentiments oscillaient entre l'inquiétude et la rage.
Que se préparait-il ici ? Et qu'est-ce qui prenait à cet imbécile beau parleur de Gaeldron de propager ce genre de conseils ? Si c'était un ami du créateur, c'était le plus idiot qu'elle ait jamais rencontré, et visiblement doué de l'instinct de conservation d'un lemming...
-Voulez-vous que je demande que l'on vous prépare un bain, Madame ? Nous pourrons ensuite aviser de ce que nous ferons tous. Cette soirée à été éprouvante pour tout le monde et j'ai peur que nos nerfs soient tous mit à rude épreuve. De l'eau chaude vous ferait le plus grand bien.
... Mais visiblement, ce jeune homme en était encore davantage dépourvu.
Il ne lui restait plus qu'à espérer que les réponses d'Owyn lui apporteraient les informations dont elle avait besoin pour comprendre ce qui se tramait à Tremonsien.
Elle éloigna sou couteau de la gorge du jeune impudent, et canalisa autour de lui un tissage d'air pour l'emprisonner. A cela, elle en rajouta un autre pour le bâillonner, l'aveugler, et l'empêcher d'en entendre davantage.
Pas question que ce petit curieux en sache trop.
Elle se retourna vers Owyn et avança sa chaise vers le lit avant de s'assoir. Le lige s'était redressé sur son lit et Mélisande se retint de lever les yeux au ciel. S'il avait rouvert ses blessures, elle le lui ferait regretter.
-Maintenant que nous sommes tranquilles quelques minutes, pouvez-vous me dire ce que vous me vouliez ? Il se trame quelque chose ici, de dangereux, et nous risquons de manquer de temps. Peut être m'aiderez vous à y voir plus clair.
Prenant appui brièvement sur l'épaule d'Alyn, Owyn se hissa avec lenteur en position assise, sa main droite plaquée sur son flanc blessé. Un léger tiraillement se fit sentir, mais il parvint à ne pas rouvrir la plaie, et eut un signe de tête plus que vague en direction de l'apprenti-lige, qui pouvait ressembler à un remerciement. Le plus désagréable fut peut-être la vague sensation de vertige qui le prit quand il releva la tête, mais très vite, il retrouva son équilibre, et sa vision se stabilisa de nouveau. Il put regarder rapidement le reste de la pièce, et vit que ses épées, loin d'être perdues, reposaient simplement au pied du lit. Les voir provoqua une nouvelle vague de douleur qui n'avait rien à voir avec ses blessures en partie soignées, et plongeant de nouveau dans cette sensation de vide qui ne le quittait plus, il ne vit même pas le coup d'oeil que lui adressait Alyn, ni ce que faisait Mélisande.
Son regard vide posé sur ses mains d'une pâleur macabre, il ne releva la tête que quand l'Aes Sedai revint s'asseoir auprès de lui. Un rapide coup d'oeil au jeune homme imprudent, dont la posture était un peu trop figée pour être naturelle, lui apprit qu'ils ne risquaient plus d'être entendus par des oreilles indiscrètes. Il aurait peut-être souri en d'autres occasions, mais pas cette fois-ci. Il se concentra sur Mélisande Sedai, et ce qu'il était censé lui répondre.
« Je ne peux être sûr de ce qui se trame ici, Mélisande Sedai, commença t-il d'une voix anormalement rauque, mais cela a probablement à voir avec les amis du Créateur. » Il fit une pause après ces mots, mais son visage n'afficha rien de particulier. « Nous... étions envoyé par la Tour pour vous retrouver, afin de vous servir d'escorte jusqu'à Tar Valon. Il y a quelques heures, sur le chemin, nous avons été attaqué par une douzaine d'amis du Créateur guidé par un Aes Sedai renégat. Peut-être étaient-ils informés de notre venue, ou peut-être préparaient-ils quelque chose ici. Quoiqu'il en soit, ils sont tous morts à présent, mais je... j'ai failli à mon devoir. Envers elle.»
Sa mâchoire se crispa et il baissa les yeux, ne pouvant soutenir le regard de l'Aes Sedai alors que son échec le frappait de plein fouet. Alea était morte. Il n'avait pas trouvé la force de le dire ainsi, mais le sens de ses paroles était plus que clair. Et on ne lui avait pas fait la grâce de mourir en la vengeant. Comme pour s'excuser d'être encore en vie, il répéta simplement :
Une chape d'air environnait maintenant Galain. Il se sentait comme suspendu dans les airs, ne pouvant plus esquisser un mouvement, ne pouvant plus même espérer exhaler un souffle de voix. Tout s'était passé si vite ; à peine avait-il fini sa phrase que celle qui semblait maintenant être une Aes Sedaï l'avait emprisonnée dans cette invisible cage. Juste le noir maintenant, le noir et le silence. Il ne se savait en vie que par cet étrange sentiment de suspension qui le rattachait d'une certaine manière au monde. J'ai du passer pour un idiot, pensait-il, je me suis laisser dépasser par les évènements. Je ne suis sans doute pas fait pour tout ça....
Cette obscurité l'angoissait légèrement et il perdait peu à peu la notion du temps ; il songea qu'il pourrait rester ainsi des heures et des heures sans même s'en rendre compte, sans même sentir sur lui passer les minutes et l'ennui. L'angoisse laissa place à la peur ; des choses étranges se tramaient autour et il avait été capturé par une femme dont il ne savait de quel coté portait son allégeance. Il ne manquait plus que cela maintenant...et Alyn. Qui est cet homme au fond. Pourquoi ne l'a-elle pas emprisonné lui aussi ?.
Combien de temps cela faisait-il qu'il était dans son inconfortable position ? Quelques instants seulement, ou bien des heures ? Il ne savait déjà plus le dire et préféra sombrer doucement dans des rêveries sans sommeil où tournait en boucle le visage tacheté de sang du ménestrel et des éclairs de feu bouillonnant de pluie.
Taenad suivit Demiandre jusqu’à la grange que leur avait indiquée Sordon, se contentant de grommeler sans dire un mot tandis qu’il se hissait jusqu’à l’intérieur du bâtiment. Le frère-loup fit le tour des lieux du regard alors qu’il s’avançait dans la pièce. La poussière qu’il souleva en marchant, ajoutée à l'odeur piquante de la paille omniprésente, le fit éternuer, relançant douloureusement les pulsations sous son crâne.
Excuse moi pour tout à l'heure. Mon action manquait de réflexion, et je crois même que cela pouvait nous mettre en danger. Enfin, espérons que le Draghkar aura perdu notre trace...
Taenad répondit sans se retourner.
Si nous avions été sa cible, il n'aurait pas eu à retrouver notre trace car nous n'aurions sans doute pas pu nous enfuir. Il devait avoir une mission ailleurs. Ou alors, il était en chasse et il a juste estimé qu'un canalisateur et un homme armé faisaient un repas trop dangereux.
Il n'était vraiment pas de bonne humeur, il avait sommeil, il avait mal au crâne et, ce qui n'arrangeait rien, il était trempé. En plus, il se passait des événements vraiment étranges cette nuit dans cette ville. Et le pire, c'était cette appréhension, comme si ce qui était à venir dépasserait encore tout ce qui s'était déjà passé en bizarrerie. Le frère-loup soupira en se rappelant sa caverne cachée dans la forêt de Tar Valon ... il n'aurait jamais dû se lever ce matin ! Il regrettait amèrement la tranquillité et la solitude qui étaient siennes encore la veille. A ce rythme là, où serait-il demain ? Ou dans une semaine ? En partant du principe qu'il serait encore en vie. Il ferma les yeux et soupira profondément, pressant les doigts sur les arrêtes de son nez. Il se dit que, pourtant, ce n'était habituellement pas son genre de apitoyer sur son sort. Ce n'était pas dans les habitudes des loups et ça ne rimait à rien. Taenad massa ses tempes pour essayer de faire passer cette foutue douleur dans sa tête.
Au moins, cet idiot a dit vrai, cet endroit a l'air à peu près sûr ...
Il avait sommeil ! Il avait mal au crâne ! Et il était dans un endroit à peu près sûr. Le loup en lui en arriva à la conclusion logique. Il s'approcha d'un tas de paille dans un coin qui ne sentait pas trop la moisissure où il s'allongea. C'est les yeux déjà fermés qu'il s'adressa à Demiandre.
