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la Danse des Mots
(Sujet créé par ysandell l 19/10/03 à 16:16)
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fingen
25/07/2003 16:45


Hier soir un frêne
sur le point de me dire
quelque chose-il s'est tu.

(Lointain prochain d'Octavio Paz)
Jolandar
26/07/2003 15:27


petit poeme enshouffé:

Dans la nuit, je marchais. Je reveillais les velleités des pierres qui sommeillaient.Au sommet du rocher je crus reconnaitre le creve-coeur, lance sur la pointe des pieds agiles je le suivait. Dans la ville de Rhuidean je le chassais dans les rues desertes de vie, au fronton des palais audacieux de jadis je le guettais. PAs a pas , attention et agilité, je le saisi ammacé dans son linceul de faiblesse humaine, je l'etraigni.

L'aiel et le creve-coeur se battirent, au reveil sur la dague qui etaient plantée dans son coeur, un oiseau chantait.
ysandell
03/10/2003 20:20
Lisez Khimaira
Ménestrelle [/link]
I like being a mess. It's who I am.


Je remonte mon topic, allez !
Un peu de poésie dans ce monde de brutes, coup de coeur des dix dernières minutes

LE POSSIBLE

Une femme qui porte un casque cornu
reste là sous l'énigme de la lune,
peignant sa chevelure.
Des serpents se délovent sur sa tête.
Une crue pousse ses eaux à travers leurs gueules.

Une pluie sombre commence
à éclairer la terre de ses flèches polies.
Un feu invisible brûle patiemment
dans ce qui reste d'air,
vers des cendres noires sur la terre verte.

Sur une grève lointaine elle voit
un festival de vents pastel au coucher du soleil.
Elle épie sa soeur qui se lève des vagues
et commence à embrasser l'eau
avec les rouleaux de sa chevelure.
Ensemble elles regardèrent
vers les premières syllabes parlées
puis soigneusement ensevelissent l'écho
dans le sable auprès de l'eau.

Des fleurs masquées s'épanouissent îles et couronnes
le long des vignes qui se tordent dans leurs formes de soeurs.
Des cornes d'eau et de feu surmontent leurs couronnes.
Leurs tiges ont pouvoir de blesser et guérir.
Leur fruit est aussi bien de mort que de vie,
Leur labyrinthe devient un guide.

*****

LA PENSEE

Le temps derrière moi est une plume noire
je dors un oeil ouvert.
J'attends la lune
et son royal collier de flamme blanche
qui me réchauffera la gorge.

Je pince à la voix de l'hiver lunaire
une corde blanche
pour composer l'alphabet du matin.
mes plumes sont aussi douces que des cendres.
Mon plumage protège le soeil.
sous cette plume noire
je laboure le ciel avec des branches de corail blond.

L'île de feu dans mon bec ne peut que patienter
avant qu'on recouse ciel et eau. Cela enflamme
les rêves de tous ceux qui dorment,
harponne leurs portraits, les reflète sanglants.

Ce sont les images qui sont ensevelies
sous la hâte de toute une ville,
labourées dans les champs après moisson.
Ces images sont noyées dans les rouleaux de la mer.
Quand nous nous rappelons leurs couleurs et leurs formes
nous pouvons commencer à devenir ce que nous sommes.

****

LA QUESTION

Qui suis-je?

Je suis hier.
Vous m'avez construite de saphir, d'érable et d'étain,
d'onyx, d'ivoire, émeraude et jade.
J'ai grandi une corne de mer sur la tête.
Vous m'avez portée en de longues processions
et ordonné de relier la terre et le ciel,
de noyer le soleil dans la pluie.
Vous m'avez lapidée de rubis. Ca vous effrayait.
Je me suis cachée sous la lèvre du volcan.

Je suis à jamais.
Sous ma crinière des ailes déployées, innombrables.
L'univers me chevauche. Je vole.
Vous admirez particulièrement la teinte
de mon plumage améthyste, la senteur lilas de ma joue.
Les heures se mêlent dans mon oeil. L'aurore
je la porte sur mon bec. Vous ne savez pas qui je suis.

Je suis demain.
Un bouclier de turquoise entre mes dents
et de l'albâtre dans ma gorge. Tous les oiseaux
grandissent nageoires. Je commence à devenir ce que je redoute.

Je suis jamais.
Le soleil qui attend avant son lever.
La lune noire. La bête sans ombre.
sabots d'un feu d'ambre et amulettes de pluie.

L'oeil qui chasse
l'oeil qui chasse mais ne voit pas
l'oeil qui voit mais ne sait pas,
l'oeil qui sait mais sans comprendre.

Le cobra de l'oeil.

*****

LE REVE

qui est le rêveur?
J'entends le bruit de la création
bruit des cendres au lever du soleil
et de la planète quand elle apparaît.

Je touche le monument fluide
et vois sa face intérieure
sous le masque de porcelaine et celui des noms,
sous les plumes et les serpents,
sous le masque triomphant.

Je commence à devenir ce que je rêve,
j'enferme mon corps dans une chrysalide:
une coquillage de bronze
pour la bonne marche du soleil,
pour le cérémonial de la nuit,
un bosquet d'andouillers d'acajou.

Je commence à devenir ce que je dois,
la broche du temps épinglée à mon chapeau
et à ma veste, dans une chrysalide voyageant
vers un centre oval hors d'atteinte
ni par terre, ni par air, ni par mer.

Qui est le rêveur, qui est le rêvé ?
J'entends le bruit des créatures,
bruit des cendres au soleil couchant
et de la planète quand elle disparaît.

Janis Rapoport, traduction de l'anglais (Canada) par Jacques Gaucheron.


Alors, qu'en pensez-vous ?
Gablebo
03/10/2003 20:38
There's something rotten in the kingdom of Blizzard...
Chevalier du Haut Verbe
ex Responsable des CL / Membre du Conseil RP / Modérateur / Newser

J'en pense qu'il faudra que j'explore ce topic quand j'aurai du temps. Il révèle un potentiel très interessant. Rendez-vous donc dimanche pour un commentaire plus fouillé de ma part à ce sujet.
ysandell
04/10/2003 20:24
Lisez Khimaira
Ménestrelle [/link]
I like being a mess. It's who I am.


Un peu de fantastique, pour changer, un poème méconnu d'un Grand !

La Légende des Demoiselles d'Etretat


Lentement le flot arrive
Sur la rive
Qu'il berce et flatte toujours.
C'est un triste chant d'automne
Monotone
Qui pleure après les beaux jours.

Sur la côte solitaire
Est une aire
Jetée au-dessus des eaux ;
Un étroit passage y mène,
Vrai domaine
Des mauves et des corbeaux.

C'est une grotte perdue,
Suspendue
Entre le ciel et les mers,
Une demeure ignorée
Séparée
Du reste de l'univers.

Jadis plus d'une gentille
Jeune fille
Y vint voir son amoureux ;
On dit que cette retraite
Si discrète
A caché bien des heureux.

On dit que le clair de lune
Vit plus d'une
Jouvencelle au coeur léger
Prendre le sentier rapide,
Intrépide
Insouciante au danger.

Mais comme un aigle tournoie
Sur sa proie,
Les guettait l'ange déchu,
Lui qui toujours laisse un crime
Où s'imprime
L'ongle de son pied fourchu.

Un soir près de la colline
Qui domine
Ce roc au front élancé,
Une fillette ingénue
Est venue
Attendant son fiancé.

Or celui qui perdit Eve,
Sur la grève
La suivit d'un pied joyeux ;
"Hymen, dit-il, vous invite,
"Venez vite,
"La belle fille aux doux yeux,

"Là-bas sur un lit de roses
"Tout écloses
"Vous attend le jeune Amour ;
"Pour accomplir ses mystères
"Solitaires
"Il a choisi cette tour."

Elle était folle et légère,
L'étrangère,
Hélas, et n'entendit pas
Pleurer son ange fidèle,
Et près d'elle
Satan qui riait tout bas.

Car elle suivit son guide
Si perfide
Et par le sentier glissant.
Bat la rive
Mais lui, félon, de la cime,
Dans l'abîme
Il la jeta, - Dieu Puissant !

Son ombre pâle est restée
Tourmentée,
Veillant sur l'étroit chemin.
Sitôt que de cette roche
On approche
Elle étend sa blanche main.

Depuis qu'en ces lieux, maudite
Elle habite,
Aucun autre n'est tombé.
C'est ainsi qu'elle se venge
De l'archange
Auquel elle a succombé.

Allez la voir, Demoiselles,
Jouvencelles
Que mon récit attrista,
Car pour vous la renommée
L'a nommée
Cette grotte d'Étretat !

A son pied le flot arrive
Bat la rive
Qu'il berce et flatte toujours.
C'est un triste chant d'automne
Monotone
Qui pleure après les beaux jours.

Guy de Maupassant

Ce texte a paru dans le Mercure de France du 15 décembre 1922. Personnellement, il me laisse toujours rêveuse et mélancolique... c'est un aspect de Maupassant qu'on connaît peu, et que j'aime autant que la face tordue de ce grand fou.

A vous les studios !

Ysandell
Durandal
04/10/2003 21:41
Absolumineusement

C'est beau, tout cela Maupassant, j'aime... Il est si... fou ! Lol, encore un qui a su y faire...
Gablebo
05/10/2003 14:24
There's something rotten in the kingdom of Blizzard...
Chevalier du Haut Verbe
ex Responsable des CL / Membre du Conseil RP / Modérateur / Newser

Bon en fait j'ai pas le temps... tsss... désolé mais le samedi matin c'est DS au bahut, l'aprèm' c'est cinéma (Hero pour hier, La Ligue... pour la semaine prochaine, etc...), et la journée se poursuit et s'achève vers minuit avec les potes. D'ailleurs ça me fait penser j'ai fait une CHUTE MO-NU-MEN-TALE hier soir en voulant sauter par dessus un muret... J'ai reçu sans conteste la palme d'or du plus beau cassage de gueule d'entre tous depuis qu'on se connaît. Et vous savez le plus beau ? Ça a été filmé !
Bientôt en vidéo sur internet ! Et cette fois vous l'aurez le lien .
ysandell
06/10/2003 16:11
Lisez Khimaira
Ménestrelle [/link]
I like being a mess. It's who I am.


Un autre grand classique, mais je trouve ce poème très fantaysiste

Je suis peut-être enfoui au sein des montagnes
solitaire comme une veine de métal pur ;
je suis perdu dans un abîme illimité,
dans une nuit profonde et sans horizon.
Tout vient à moi, m'enserre et se fait pierre.

Je ne sais pas encore souffrir comme il faudrait,
et cette grande nuit me fait peur ;
mais si c'est là ta nuit, qu'elle me soit pesante, qu'elle m'écrase,
que toute ta main soit sur moi,
et que je me perde en toi dans un cri.


RM Rilke
ysandell
06/10/2003 16:13
Lisez Khimaira
Ménestrelle [/link]
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Classique ET mythologique ; une belle figure de centaure, comme on en voit rarement !
Bonne lecture !
Ys'


Le Centaure

J'ai reçu la naissance dans les antres de ces montagnes. Comme le fleuve de cette vallée dont les gouttes primitives coulent de quelque roche qui pleure dans une grotte profonde, le premier instant de ma vie tomba dans les ténèbres d'un séjour reculé et sans troubler son silence. Quand nos mères approchent de leur délivrance, elles s'écartent vers les cavernes, et dans le fond des plus sauvages, au plus épais de l'ombre, elles enfantent, sans élever une plainte, des fruits silencieux comme elles-mêmes. Leur lait puissant nous fait surmonter sans langueur ni lutte douteuse les premières difficultés de la vie ; cependant nous sortons de nos cavernes plus tard que vous de vos berceaux. C'est qu'il est répandu parmi nous qu'il faut soustraire et envelopper les premier temps de l'existence, comme des jours remplis par les dieux. Mon accroissement eut son cours presque entier dans les ombres où j'étais né. Le fond de mon séjour se trouvait si avancé dans l'épaisseur de la montagne que j'eusse ignoré le côté de l'issue, si, détournant quelquefois dans cette ouverture, les vents n'y eussent jeté des fraîcheurs et des troubles soudains. Quelquefois aussi, ma mère rentrait, environnée du parfum des vallées ou ruisselante des flots qu'elle fréquentait. Or, ces retours qu'elle faisait, sans m'instruire jamais des vallons ni des fleuves, mais suivie de leurs émanations, inquiétaient mes esprits, et je rôdais tout agité dans mes ombres. Quels sont-ils, me disais-je, ces dehors où ma mère s'emporte, et qu'y règne-t-il de si puissant qui l'appelle à soi si fréquemment ? Mais qu'y ressent-on de si opposé qu'elle en revienne chaque jour diversement émue ? Ma mère rentrait, tantôt animée d'une joie profonde, et tantôt triste et traînante et comme blessée. La joie qu'elle rapportait se marquait de loin dans quelques traits de sa marche et s'épandait de ses regards. J'en éprouvais des communications dans tout mon sein ; mais ses abattements me gagnaient bien davantage et m'entraînaient bien plus avant dans les conjectures où mon esprit se portait. Dans ces moments, je m'inquiétais de mes forces, j'y reconnaissais une puissance qui ne pouvait demeurer solitaire, et me prenant, soit à secouer mes bras, soit à multiplier mon galop dans les ombres spacieuses de la caverne, je m'efforçais de découvrir dans les coups que je frappais au vide, et par l'emportement des pas que j'y faisais, vers quoi mes bras devaient s'étendre et mes pieds m'emporter... Depuis, j'ai noué mes bras autour du buste des centaures, et du corps des héros, et du tronc des chênes ; mes mains ont tenté les rochers, les eaux, les plantes innombrables et les plus subtiles impressions de l'air, car je les élève dans les nuits aveugles et calmes pour qu'elles surprennent les souffles et en tirent des signes pour augurer mon chemin ; mes pieds, voyez, ô Mélampe ! comme ils sont usés ! Et cependant, tout glacé que je suis dans ces extrémités de l'âge, il est des jours où, en pleine lumière, sur les sommets, j'agite de ces courses de ma jeunesse dans la caverne, et pour le même dessein, brandissant mes bras et employant tous les restes de ma rapidité.

Ces troubles alternaient avec de longues absences de tout mouvement inquiet. Dès lors, je ne possédais plus d'autre sentiment dans mon être entier que celui de la croissance et des degrés de vie qui montaient dans mon sein. Ayant perdu l'amour de l'emportement, et retiré dans un repos absolu, je goûtais sans altération le bienfait des dieux qui se répandait en moi. Le calme et les ombres président au charme secret du sentiment de la vie. Ombres qui habitez les cavernes de ces montagnes, je dois à vos soins silencieux l'éducation cachée qui m'a si fortement nourri, et d'avoir, sous votre garde, goûté la vie toute pure, et telle qu'elle me venait sortant du sein des dieux ! Quand je descendis de votre asile dans la lumière du jour, je chancelai et ne la saluai pas, car elle s'empara de moi avec violence, m'enivrant comme eût fait une liqueur funeste soudainement versée dans mon sein, et j'éprouvai que mon être, jusque là si ferme et si simple, s'ébranlait et perdait beaucoup de lui-même, comme s'il eût dû se disperser dans les vents.

O Mélampe ! qui voulez savoir la vie des centaures, par quelle volonté des dieux avez-vous été guidé vers moi, le plus vieux et le plus triste de tous ? Il y a longtemps que je n'exerce plus rien de leur vie. Je ne quitte plus ce sommet de montagne où l'âge m'a confiné. La pointe de mes flèches ne me sert plus qu'à déraciner les plantes tenaces ; les lacs tranquilles me connaissent encore, mais les fleuves m'ont oublié. Je vous dirai quelques points de ma jeunesse ; mais ces souvenirs, issus d'une mémoire altérée, se traînent comme les flots d'une libation avare en tombant d'une urne endommagée. Je vous ai exprimé aisément les premières années, parce qu'elles furent calmes et parfaites ; c'était la vie seule et simple qui m'abreuvait, cela se retient et se récite sans peine. Un dieu, supplié de raconter sa vie, la mettrait en deux mots, ô Mélampe !

L'usage de ma jeunesse fut rapide et rempli d'agitation. Je vivais de mouvement et ne connaissais pas de borne à mes pas. Dans la fierté de mes forces libres, j'errais m'étendant de toutes parts dans ces déserts. Un jour que je suivais une vallée où s'engagent peu les centaures, je découvris un homme qui côtoyait le fleuve sur la rive contraire. C'était le premier qui s'offrît à ma vue, je le méprisai. Voilà tout au plus, me dis-je, la moitié de mon être ! Que ses pas sont courts et sa démarche malaisée ! Ses yeux semblent mesurer l'espace avec tristesse. Sans doute c'est un centaure renversé par les dieux et qu'ils ont réduit à se traîner ainsi.

Je me délassais souvent de mes journées dans le lit des fleuves. Une moitié de moi-même, cachée dans les eaux, s'agitait pour les surmonter, tandis que l'autre s'élevait tranquille et que je portais mes bras oisifs bien au-dessus des flots. Je m'oubliais ainsi au milieu des ondes, cédant aux entraînements de leur cours qui m'emmenait au loin et conduisait leur hôte sauvage à tous les charmes des rivages. Combien de fois, surpris par la nuit, j'ai suivi les courants sous les ombres qui se répandaient, déposant jusque dans le fond des vallées l'influence nocturne des dieux ! Ma vie fougueuse se tempérait alors au point de ne laisser plus qu'un léger sentiment de mon existence répandu par tout mon être avec une égale mesure, comme, dans les eaux où je nageais, les lueurs de la déesse qui parcourt les nuits. Mélampe, ma vieillesse regrette les fleuves ; paisibles la plupart et monotones, ils suivent leur destinée avec plus de calme que les centaures, et une sagesse plus bienfaisante que celle des hommes. Quand je sortais de leur sein, j'étais suivi de leurs dons qui m'accompagnaient des jours entiers et ne se retiraient qu'avec lenteur, à la manière des parfums.

Une inconstance sauvage et aveugle disposait de mes pas. Au milieu des courses les plus violentes, il m'arrivait de rompre subitement mon galop, comme si un abîme se fût rencontré à mes pieds, ou bien un dieu debout devant moi. Ces immobilités soudaines me laissaient ressentir ma vie tout émue par les emportements où j'étais. Autrefois j'ai coupé dans les forêts des rameaux qu'en courant j'élevais par-dessus ma tête ; la vitesse de la course suspendait la mobilité du feuillage qui ne rendait plus qu'un frémissement léger ; mais au moindre repos le vent et l'agitation rentraient dans le rameau, qui reprenait le cours de ses murmures. Ainsi ma vie, à l'interruption subite des carrières impétueuses que je fournissais à travers ces vallées, frémissait dans tout mon sein. Je l'entendais courir en bouillonnant et rouler le feu qu'elle avait pris dans l'espace ardemment franchi. Mes flancs animés luttaient contre ses flots dont ils étaient pressés intérieurement, et goûtaient dans ces tempêtes la volupté qui n'est connue que des rivages de la mer, de renfermer sans aucune perte une vie montée à son comble et irritée. Cependant, la tête inclinée au vent qui m'apportait le frais, je considérais la cime des montagnes devenues lointaines en quelques instants, les arbres des rivages et les eaux des fleuves, celles-ci portées d'un cours traînant, ceux-là attachés dans le sein de la terre, et mobiles seulement par leurs branchages soumis aux souffles de l'air qui les font gémir. «Moi seul, me disais-je, j'ai le mouvement libre, et j'emporte à mon gré ma vie de l'un à l'autre bout de ces vallées. Je suis plus heureux que les torrents qui tombent des montagnes pour n'y plus remonter. Le roulement de mes pas est plus beau que les plaintes des bois et que les bruits de l'onde ; c'est le retentissement du centaure errant et qui se guide lui-même». Ainsi, tandis que mes flancs agités possédaient l'ivresse de la course, plus haut j'en ressentais l'orgueil, et, détournant la tête, je m'arrêtais quelque temps à considérer ma croupe fumante.

La jeunesse est semblable aux forêts verdoyantes tourmentées par les vents : elle agite de tous côtés les riches présents de la vie, et toujours quelque profond murmure règne dans son feuillage. Vivant avec l'abandon des fleuves, respirant sans cesse Cybèle, soit dans le lit des vallées, soit à la cime des montagnes, je bondissais partout comme une vie aveugle et déchaînée. Mais lorsque la nuit, remplie du calme des dieux, me trouvait sur le penchant des monts, elle me conduisait à l'entrée des cavernes et m'y apaisait comme elle apaise les vagues de la mer, laissant survivre en moi de légères ondulations qui écartaient le sommeil sans altérer mon repos. Couché sur le seuil de ma retraite, les flancs cachés dans l'antre et la tête sous le ciel, je suivais le spectacle des ombres. Alors la vie étrangère qui m'avait pénétré durant le jour se détachait de moi goutte à goutte, retournant au sein paisible de Cybèle, comme après l'ondée les débris de la pluie attachée aux feuillages font leur chute et rejoignent les eaux. On dit que les dieux marins quittent durant les ombres leurs palais profonds et, s'asseyant sur les promontoires, étendent leurs regards sur les flots. Ainsi je veillais ayant à mes pieds une étendue de vie semblable à la mer assoupie. Rendu à l'existence distincte et pleine, il me paraissait que je sortais de naître, et que des eaux profondes et qui m'avaient conçu dans leur sein venaient de me laisser sur le haut de la montagne, comme un dauphin oublié sur les sirtes par les flots d'Amphitrite.

Mes regards couraient librement et gagnaient les points les plus éloignés. Comme des rivages toujours humides le cours des montagnes du couchant demeurait empreint de lueurs mal essuyées par les ombres. Là survivaient, dans les clartés pâles, des sommets nus et purs. Là je voyais descendre tantôt le dieu Pan, toujours solitaire, tantôt le choeur des divinités secrètes, ou passer quelque nymphe des montagnes enivrée par la nuit. Quelquefois les aigles du mont Olympe traversaient le haut du ciel et s'évanouissaient dans les constellations reculées ou sous les bois inspirés. L'esprit des dieux, venant à s'agiter, troublait soudainement le calme des vieux chênes.

Vous poursuivez la sagesse ô Mélampe ! qui est la science de la volonté des dieux, et vous errez parmi les peuples comme un mortel égaré par les destinées. Il est dans ces lieux une pierre qui, dès qu'on la touche, rend un son semblable à celui des cordes d'un instrument qui se rompent, et les hommes racontent qu'Apollon, qui chassait son troupeau dans ces déserts, ayant mis sa lyre sur cette pierre, y laissa cette mélodie. O Mélampe ! les dieux errants ont posé leur lyre sur les pierres ; mais aucun... aucun ne l'y a oubliée. Au temps où je veillais dans les cavernes, j'ai cru quelquefois que j'allais surprendre les rêves de Cybèle endormie, et que la mère des dieux, trahie par les songes, perdrait quelques secrets ; mais je n'ai jamais reconnu que des sons qui se dissolvaient dans le souffle de la nuit, ou des mots inarticulés comme le bouillonnement des fleuves.

«O Macarée ! me dit un jour le grand Chiron dont je suivais la vieillesse, nous sommes tous deux centaures des montagnes ; mais que nos pratiques sont opposées ! Vous le voyez, tous les soins de mes journées consistent dans la recherche des plantes, et vous, vous êtes semblable à ces mortels qui ont recueilli sur les eaux ou dans les bois et porté à leurs lèvres quelques fragments du chalumeau rompu par le dieu Pan. Dès lors ces mortels, ayant respiré dans ces débris du dieu un esprit sauvage ou peut-être gagné quelque fureur secrète, entrent dans les déserts, se plongent aux forêts, côtoient les eaux, se mêlent aux montagnes, inquiets et portés d'un dessein inconnu. Les cavales aimées par les vents dans la Scythie la plus lointaine ne sont ni plus farouches que vous, ni plus tristes le soir, quand l'Aquilon s'est retiré. Cherchez-vous les dieux, ô Macarée ! et d'où sont issus les hommes, les animaux et les principes du feu universel ? Mais le vieil Océan, père de toutes choses, retient en lui-même ces secrets, et les nymphes qui l'entourent décrivent en chantant un choeur éternel devant lui, pour couvrir ce qui pourrait s'évader de ses lèvres entr'ouvertes par le sommeil. Les mortels qui touchèrent les dieux par leur vertu ont reçu de leurs mains des lyres pour charmer les peuples, ou des semences nouvelles pour les enrichir, mais rien de leur bouche inexorable.

«Dans ma jeunesse, Apollon m'inclina vers les plantes, et m'apprit à dépouiller dans leurs veines les sucs bienfaisants. Depuis, j'ai gardé fidèlement la grande demeure de ces montagnes, inquiet, mais me détournant sans cesse à la quête des simples, et communiquant les vertus que je découvre. Voyez-vous d'ici la cime chauve du mont Oeta ? Alcide l'a dépouillée pour construire son bûcher. O Macarée ! les demi-dieux enfants des dieux entendent la dépouille des lions sur les bûchers, et se consument au sommet des montagnes ! les poisons de la terre infectent le sang reçu des immortels ! Et nous, centaures engendrés par un mortel audacieux dans le sein d'une vapeur semblable à une déesse, qu'attendrions-nous du secours de Jupiter qui a foudroyé le père de notre race ? Le vautour des dieux déchire éternellement les entrailles de l'ouvrier qui forma le premier homme. O Macarée ! hommes et centaures reconnaissent pour auteurs de leur sang des soustracteurs du privilège des immortels, et peut-être que tout ce qui se mut hors d'eux-mêmes n'est qu'un larcin qu'on leur a fait, qu'un léger débris de leur nature emporté au loin comme la semence qui vole, par le souffle tout-puissant du destin. On publie qu'Egée, père de Thésée, cacha sous le poids d'une roche, au bord de la mer, des souvenirs et des marques à quoi son fils pût un jour reconnaître sa naissance. Les dieux jaloux ont enfoui quelque part les témoignages de la descendance des choses ; mais au bord de quel océan ont-ils roulé la pierre qui les couvre, ô Macarée !»

Telle était la sagesse où me portait le grand Chiron. Réduit à la dernière vieillesse, le centaure nourrissait dans son esprit les plus hauts discours. Son buste encore hardi s'affaissait à peine sur ses flancs qu'il surmontait en marquant une légère inclinaison, comme un chêne attristé par les vents, et la force de ses pas souffrait à peine de la perte des années. On eût dit qu'il retenait des restes de l'immortalité autrefois reçue d'Apollon, mais qu'il avait rendue à ce dieu.

Pour moi, ô Mélampe ! je décline dans la vieillesse, calme comme le coucher des constellations. Je garde encore assez de hardiesse pour gagner le haut des rochers où je m'attarde, soit à considérer les nuages sauvages et inquiets, soit à voir venir de l'horizon les hyades pluvieuses, les pléiades ou le grand Orion ; mais je reconnais que je me réduis et me perds rapidement comme une neige flottant sur les eaux, et que prochainement j'irai me mêler aux fleuves qui coulent dans le vaste sein de la terre.

Maurice de Guérin
Durandal
08/10/2003 06:18
Absolumineusement

Elle bombarde de beaux mots, le territoire du Web,
Elle bombarde de ses beautés, l'univers virtuel,

....
Et qu'est ce que c'est bon ...
ysandell
12/10/2003 16:13
Lisez Khimaira
Ménestrelle [/link]
I like being a mess. It's who I am.


Grand classique quand tu nous tiens... ce n'est pas explicitement du fantastique, mais c'est tellement beau. et c'est un de mes poèmes préférés de desnos, alors hein

J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette
bouche la naissance de la voix qui m'est chère ?
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués, en étreignant ton ombre, à se
croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps,
peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis
des jours et des années, je deviendrais un ombre sans doute.
O, balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de
l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi, je pourrais moins
toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier
front venus.
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu'il ne
me reste plus peut-être, et pourtant, qu'à être ombre cent fois plus que
l'ombre qui se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de
ta vie.

In "corps et biens" (1930)

Ys'
ysandell
12/10/2003 16:16
Lisez Khimaira
Ménestrelle [/link]
I like being a mess. It's who I am.


Un des premiers poètes que j'ai aimé enfant : imprégnez vous des derniers vers !

LA PENTE DE LA RÊVERIE

Obscuritate rerum verba saepè obscurantur
GERVASIUS TILBERIENSIS.


Amis, ne creusez pas vos chères rêveries ;
Ne fouillez pas le sol de vos plaines fleuries ;
Et quand s'offre à vos yeux un océan qui dort,
Nagez à la surface ou jouez sur le bord ;
Car la pensée est sombre ! Une pente insensible
Va du monde réel à la sphère invisible ;
La spirale est profonde, et quand on y descend,
Sans cesse se prolonge et va s'élargissant,
Et pour avoir touché quelque énigme fatale,
De ce voyage obscur souvent on revient pâle !

L'autre jour, il venait de pleuvoir, car l'été,
Cette année, est de bise et de pluie attristé,
Et le beau mois de mai dont le rayon nous leurre,
Prend le masque d'avril qui sourit et qui pleure.
J'avais levé le store aux gothiques couleurs.
Je regardais au loin les arbres et les fleurs.
Le soleil se jouait sur la pelouse verte
Dans les gouttes de pluie, et ma fenêtre ouverte
Apportait du jardin à mon esprit heureux
Un bruit d'enfants joueurs et d'oiseaux amoureux.
Paris, les grands ormeaux, maison, dôme, chaumière,
Tout flottait à mes yeux dans la riche lumière
De cet astre de mai dont le rayon charmant
Au bout de tout brin d'herbe allume un diamant !
Je me laissais aller à ces trois harmonies,
Printemps, matin, enfance, en ma retraite unies ;
La Seine, ainsi que moi, laissait son flot vermeil
Suivre nonchalamment sa pente, et le soleil
Faisait évaporer à la fois sur les grèves
L'eau du fleuve en brouillards et ma pensée en rêves !

Alors, dans mon esprit, je vis autour de moi
Mes amis, non confus, mais tels que je les vois
Quand ils viennent le soir, troupe grave et fidèle,
Vous avec vos pinceaux dont la pointe étincelle,
Vous, laissant échapper vos vers au vol ardent,
Et nous tous écoutant en cercle, ou regardant.
Ils étaient bien là tous, je voyais leurs visages,
Tous, même les absents qui font de longs voyages.
Puis tous ceux qui sont morts vinrent après ceux-ci,
Avec l'air qu'ils avaient quand ils vivaient aussi.
Quand j'eus, quelques instants, des yeux de ma pensée,
Contemplé leur famille à mon foyer pressée,
Je vis trembler leurs traits confus, et par degrés
Pâlir en s'effaçant leurs fronts décolorés,
Et tous, comme un ruisseau qui dans un lac s'écoule,
Se perdre autour de moi dans une immense foule.
Foule sans nom ! chaos ! des voix, des yeux, des pas.
Ceux qu'on n'a jamais vus, ceux qu'on ne connaît pas.
Tous les vivants ! - cités bourdonnant aux oreilles
Plus qu'un bois d'Amérique ou des ruches d'abeilles,
Caravanes campant sur le désert en feu,
Matelots dispersés sur l'océan de Dieu,
Et, comme un pont hardi sur l'onde qui chavire,
Jetant d'un monde à l'autre un sillon de navire,
Ainsi que l'araignée entre deux chênes verts
Jette un fil argenté qui flotte dans les airs !

Les deux pôles ! le monde entier ! la mer, la terre,
Alpes aux fronts de neige, Etnas au noir cratère,
Tout à la fois, automne, été, printemps, hiver,
Les vallons descendant de la terre à la mer
Et s'y changeant en golfe, et des mers aux campagnes
Les caps épanouis en chaînes de montagnes,
Et les grands continents, brumeux, verts ou dorés,
Par les grands océans sans cesse dévorés,
Tout, comme un paysage en une chambre noire
Se réfléchit avec ses rivières de moire.
Ses passants, ses brouillards flottant comme un duvet,
Tout dans mon esprit sombre allait, marchait, vivait !
Alors, en attachant, toujours plus attentives,
Ma pensée et ma vue aux mille perspectives
Que le souffle du vent ou le pas des saisons
M'ouvrait à tous moments dans tous les horizons,
Je vis soudain surgir, parfois du sein des ondes,
À côté des cités vivantes des deux mondes,
D'autres villes aux fronts étranges, inouïs,
Sépulcres ruinés des temps évanouis,
Pleines d'entassements, de tours de pyramides,
Baignant leurs pieds aux mers, leur tête aux cieux humides.
Quelques-unes sortaient de dessous des cités
Où les vivants encor bruissent agités,
Et des siècles passés jusqu'à l'âge où nous sommes
Je pus compter ainsi trois étages de Romes.
Et tandis qu'élevant leurs inquiètes voix,
Les cités des vivants résonnaient à la fois
Des murmures du peuple ou du pas des armées,
Ces villes du passé, muettes et fermées,
Sans fumée à leurs toits, sans rumeurs dans leurs seins,
Se taisaient, et semblaient des ruches sans essaims.

J'attendais. Un grand bruit se fit. Les races mortes
De ces villes en deuil vinrent ouvrir les portes,
Et je les vis marcher ainsi que les vivants,
Et jeter seulement plus de poussière aux vents.
Alors, tours, aqueducs, pyramides, colonnes,
Je vis l'intérieur des vieilles Babylones,
Les Carthages, les Tyrs, les Thèbes, les Sions,
D'où sans cesse sortaient des générations.

Ainsi j'embrassais tout : et la terre, et Cybèle ;
La face antique auprès de la face nouvelle ;
Le passé, le présent ; les vivants et les morts ;
Le genre humain complet comme au jour du remords.
Tout parlait à la fois, tout se faisait comprendre,
Le pelage d'Orphée et l'étrusque d'Évandre,
Les runes d'Irmensul, le sphinx égyptien,
La voix du nouveau monde aussi vieux que l'ancien.

Or ce que je voyais, je doute que je puisse
Vous le peindre : c'était comme un grand édifice
Formé d'entassements de siècles et de lieux ;
On n'en pouvait trouver les bords ni les milieux ;
À toutes les hauteurs, nations, peuples, races,
Mille ouvriers humains, laissant partout leurs traces,
Travaillaient nuit et jour, montant, croisant leurs pas,
Parlant chacun leur langue et ne s'entendant pas ;
Et moi je parcourais, cherchant qui me réponde,
De degrés en degrés cette Babel du monde.

La nuit avec la foule, en ce rêve hideux,
Venait, s'épaississant ensemble toutes deux,
Et, dans ces régions que nul regard ne sonde,
Plus l'homme était nombreux, plus l'ombre était profonde.
Tout devenait douteux et vague, seulement
Un souffle qui passait de moment en moment,
Comme pour me montrer l'immense fourmilière,
Ouvrait dans l'ombre au loin des vallons de lumière,
Ainsi qu'un coup de vent fait sur les flots troublés
Blanchir l'écume, ou creuse une onde dans les blés.

Bientôt autour de moi les ténèbres s'accrurent,
L'horizon se perdit, les formes disparurent,
Et l'homme avec la chose et l'être avec l'esprit
Flottèrent à mon souffle, et le frisson me prit.
J'étais seul. Tout fuyait. L'étendue était sombre.
Je voyais seulement au loin, à travers l'ombre,
Comme d'un océan les flots noirs et pressés,
Dans l'espace et le temps les nombres entassés !

Oh ! cette double mer du temps et de l'espace
Où le navire humain toujours passe et repasse,
Je voulus la sonder, je voulus en toucher
Le sable, y regarder, y fouiller, y chercher,
Pour vous en rapporter quelque richesse étrange,
Et dire si son lit est de roche ou de fange.
Mon esprit plongea donc sous ce flot inconnu,
Au profond de l'abîme il nagea seul et nu,
Toujours de l'ineffable allant à l'invisible...
Soudain il s'en revint avec un cri terrible,
Ébloui, haletant, stupide, épouvanté,
Car il avait au fond trouvé l'éternité.

Victor Hugo, "Les feuilles d'automne" (1831)

Ah ! la poésie...

Ysandell rêveuse
Gablebo
12/10/2003 16:33
There's something rotten in the kingdom of Blizzard...
Chevalier du Haut Verbe
ex Responsable des CL / Membre du Conseil RP / Modérateur / Newser

J'ai jamais le temps de lire ce topic !! Ça m'eneeeeeerve...
Nayla
12/10/2003 17:00
Jadis, Aes Sedai de l'Ajah Verte.
Gniéhéhé

moi aussi...
ysandell
13/10/2003 17:13
Lisez Khimaira
Ménestrelle [/link]
I like being a mess. It's who I am.


Je n'y peux rien, moi
un jour vous aurez le temps de le lire, allez
en attendant, remplissons, voyageons, ennivrons-nous de mots, que diable !

Sonnet d'Eurydice

Eurydice perdue qui dans l'odeur
Et les voix de la mer recherche Orphée :
Absence qui peuple ciel et terre
Et recouvre le monde entier de silence.

Ainsi j'ai bu des matinées de brouillard
Et cessé d'être vivante et d'être moi-même
En quête d'un visage qui était le mien,
Mon visage secret et véritable.

Pourtant même dans les marées, même dans le mirage,
Je ne t'ai pas rencontré. Seul se levait
Le visage lisse et pur du paysage.

Et je suis devenue lentement transparente
Comme mort-née à ton image
Et de par le monde stérile et perdue.

Sophia de Mello Breyner Andresen

Voilà, la beauté de l'âme portugaise quand elle rencontre mes chers hellènes....

Ysandell songeuse au pays des mots
Gablebo
13/10/2003 18:22
There's something rotten in the kingdom of Blizzard...
Chevalier du Haut Verbe
ex Responsable des CL / Membre du Conseil RP / Modérateur / Newser

Merde j'avais le lien pour la vidéo de ma chute mais jlé pommé momentanément... zut et flûte, je m'en veux !

Pour ceux qui cherchent un rapport à ce topic, lire mes posts précédents, merci.
Durandal
14/10/2003 19:11
Absolumineusement

GAblebo votre temps vous perdra...

Si vous cherchez la signification de ce post referez vous aux accords de villers cotteret...
Galldrenn
14/10/2003 19:27
Larve Maléfique (version ectoplasmique)

S'il y a une chose de remarquable chez Ysandell, c'est que c'est ce qu'on appelle une véritable ménestrelle, on sent vraiment la vocation là.....on se lèverait presque pour déclamer avec elle!!!!Merci ysandell de nous apporter un peu de poésie en ces temps où tant de choses se perdent et s'oublient....
Houla, je commence à parler comme un vieillard moi....
Gablebo
14/10/2003 19:29
There's something rotten in the kingdom of Blizzard...
Chevalier du Haut Verbe
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Je l'ai retrouvéééééé !!

Vous avez le droit de rire, c'est même fortement recommandé lol !
Durandal
15/10/2003 06:06
Absolumineusement

Skuz moi, ton truc est poilant mais je vois pas le rapport ! Enfin, ca c toi qui voit !
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