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A la recherche de l’Amyrlin perdue (RP)
(Sujet créé par Servante de la Nuit l 16/09/04 à 12:00)
L’absence de Méliane se prolongeant au-delà des critères jugés admissibles par la Tour pour remplir la tâche qu’elle s’était assignée en secret, quelle qu’elle fut, certaines autorités à Tar Valon décident de lancer une enquête sur sa disparition.
Cette mission est difficile car non seulement il ne subsiste que peu d’indices sur la disparition de l’Amyrlin, mais, en outre, une discrétion absolue est nécessaire, la Tour n’ayant jamais rendue public ni même admis l'abscence de sa gouvernante.
A la seconde où la femme apparaît, j'abandonne mon attitude hautaine et fière pour prendre une attitude soumise. Je laisse transparaître ma fatigue et mon abbattement.
Mais qui s'est celle-là ?
D'où sort-elle ?
Une pointe de jalousie me pique le coeur. Qui est-elle pour Daemon ?
?
Qu'est-ce qui m'arrive ?
?
Qu'est-ce que cela peut bien me faire ?
Qu'il aille au diable ! D'ailleurs, c'est à peu prêt ce qu'il est en train de faire ...
Bon, ma belle quelque chose me dit que tu ne m'apprécies pas. S'il t'a lavé le cerveau comme il a tenté de le faire avec moi (et semble-t-il partiellement réussi, puisque quoi que j'en dise, je jalouse cette femme), tu ne dois pas me porter dans ton coeur. Or, s'il y a bien une chose que j'ai appris sur un champ de bataille, c'est que c'est celui qui perd son sang froid qui fini avec une lame dans le ventre...
Alors, je crois même que je vais m'amuser à te titiller un peu, histoire d'aiguiser ta haine...
Crois moi, tu vas en faire des erreurs. Et tu n'oseras surement pas commettre l'irréparable sans prendre un minimum de précautions... A moi de les faire sauter ...
J'aborde un faible sourire et lève un regard timide sur la femme.
Vous devez être la domestique. Daemon m'a parlé de vous. C'est gentil de m'aider à être présentable pour lui.
Il se trouve que, comme Daemon a du vous le dire, c'est moi qui dirige ici en son absence. Et je vais te le montrer de suite ...
Toi ! Frappe là !
Le Trolloc regarde médusé les deux femmes tour à tour ... La grosse brute épaisse qu'il est, est en proie à un facheux dilemne et il hésite à porter le coup ... Son maître lui a donné l'ordre express de ne pas lever la main sur la prisonnière, sauf en cas de nécessité. Or, il ne voit pas trop en ce moment présent où se cache cette fichue nécessité ...
Mais ...
Maîtresse Emra, je ne vois pas pourquoi ...
Rouge de colère, Emra lève sur lui des yeux dont la noirceur vaut bien celle de la prison du ténébreux. Elle s'approche de la captive tenue immobile par le Trolloc et la frappe elle-même d'un coup de pied dans le ventre.
Que cela te serve de leçon sale garce !
Emmène la maintenant et demande à un de tes .... acolytes, de préparer un bain chaud. Je la garderais ensuite seule, entre femmes ... Allez !
Outch ! Pas de doute, là, elle est énervée ... Whaou... Faudrait songer à refaire quelques scéances d'abdos intenses de retour à la Tour.
Se sent tirée par les bras ... Avance tant bien que mal ...
C'est qu'elle n'y est pas allée de main morte ... Enfin ... Tu verras toi quand on se retrouvera rien que toutes les deux.
On me sort enfin de ma cellule. Il semble que je me trouve dans une vieille et grande bâtisse. Un très long couloir au bout duquel une lumière qui me semble très violente apparait. On me conduit dans une modeste pièce et la lumière violente se trouve simplement provenir de deux chandeliers allumés... Je ne suis plus habituée à la lumière voila tout.
Un grand bac en bois rempli d'eau fumante m'attend. Devant moi, une glace en pied dont je me serais bien passée. Me trouver ainsi confrontée à mon reflet misérable ne m'enchante guère.
Le Trolloc me lache et se retourne vers Emra en lui jettant un regard interrogateur.
Quoi ? Qu’est qu’il a ? Il ne va pas rester planté là ?
Mais laisse nous donc !
------------ Mais, maîtresse, vous ne voulez pas que je l’attache avant ? Que je lui lie les mains, au moins ?
Emra reste silencieuse un moment. Quelle idiote, je me précipite sans vraiment savoir ce que je fais. Je suis tellement pressée d’en finir avec elle que j’en oublie tous les détails… S’il reste pour me protéger, comment la tuer ? S’il part, comment me protéger ?
Elle détaille l’Amyrlin.
Hum … elle n’a pas l’air bien dangereuse. Fatiguée, démoralisée, … vraiment pitoyable. Mais j’ai assez vécu pour savoir ce que peut cacher sa stature. Des épaules droites, une souplesse dans la démarche, elle pourrait cacher une force et une agilité à laquelle je ne m’attends pas.
Oui, il vaudrait mieux que je l’attache. Elle ne pourra alors se laver … Mais après tout qu’est-ce que cela peut-il bien me faire ?
Oui, mais alors comment prétexter la légitime défense ? Je pourrais couper ensuite ses liens … Mais comment aurait-elle obtenu seule de quoi les couper ?
Mais tu ne me crées donc que des problèmes sale vermine !
Profitant du moment de flottement entre le trolloc et la jeune femme, je me jette sur les fontes de l'homme bête, extirpe sa hachette et lui tranche la gorge en esquivant de justesse le coup qu'il me portait en même temps.
Je me retourne vers la jeune femme et ai juste le temps d'apercevoir une dague de jet filant vers moi. Je me jette sur le côté et reçoit le projectile dans l'épaule. Je me précipite sur elle avant qu'elle ai pu lancer une seconde dague.
Tue là ! Tranche lui le coup !
Sans même hésiter j'abats la hachette de tout la force de mon bras droit, le gauche étant déja quasiment inanimé. Sa tête roule sur le coté et s'est alors que comme sortie d'un rêve je réalise ce que je viens de faire.
Je me relève précipitament, attérée, l'estomac révulsé par tant d'horreur.
Fuie ! Dépêche-toi ! Là, le soupirail ! Mon dieu ? Mais que vais-je faire ?
Je t'ai dit de fuir ! Dépêche-toi ! Non, le soupîrail est trop petit et puis dehors une horde de trollocs doit m'attendre. Par la porte cela ne servirai à rien et ... Mon dieu ? Mais qu'ai-je fais ? Il devait exister un autre moyen que de les tuer ainsi ?
Jette la hachette prêt du corps du Trolloc et dénude toi ! Vas-y, déchire tes vêtements s'il le faut mais n'enlève pas la dague ! Jette tes vêtements dans le feu de cheminée ! Allé ! Voila ... Non, ne touche pas à la dague, laisse là fichée dans ton épaule... Allé, vite, monte dans le bac et installe toi... Voila ! Maintenant, hurle ! Appelle à l'aide ! Dépêche toi, ils ne vont pas tarder à arriver, ils ont entendu des bruits, tu dois crier avant !
ça ne marchera jamais ! Ils ne me croiront pas ... Et puis j'ai si mal ...
Hurle je te dis ! Ils ne sont pas fait pour penser. Ils vont être désorientés, ils ont perdu leur maîtresse et leur chef ...
Ausecours ! A l'aide !
Des bruits de pas nombreux se font entendre dans le couloir. 5 trollocs arrivent en trombe.
Aidez-moi ! Vite ! J'ai si mal ! Elle a voulu me tuer ! Il m'a protégé !
Aidez-moi !
Un des trollocs désigne alors l'Aes Sédaï tombée inconsciente.
--------- Elle toute blanche, elle perdre sang.
--------- Si elle mourrir ... Maître pas content...
--------- Pas du tout ...
--------- Pas bien.
--------- Oui.
Ils se dirigent vers elle. Le plus grand la sort sans ménagement du bain. Sa nudité ne semble leur faire aucun effet. Ils n'ont pas été conçus pour ça.
La douleur me sort de ma léthargie. On vient de m'enlever la dague. Le sang coule à flots.
Ils vont te tuer si ça continue ! Je presse rapidement ma main valide sur la plaie de toute mes forces.
"Vite amenez moi un linge !"
Un des trollocs rapportent en hâte des serviettes situées sur le côté du bac. Je presse le tissu contre ma plaie.
"Trouvez moi une ceinture !"
Déja, des points noirs dansent devant mes yeux. Paradoxalement la douleur est moins forte, mais la perte du sang m'affaiblit de seconde en seconde.
Un trolloc me tend la ceinture d'Emra.
"Il faut me la nouer autour du buste pour tenir le linge contre la plaie".
Il s'exécute tant bien que mal.
Je réalise alors ce qui se passe.
Je suis nue, trempée et transie de froid entrain de donner des ordres à des trollocs qui m'obéissent faute de savoir quoi faire.
La situation est tellement surréaliste...
"Donner moi encore des serviettes, j'ai froid ! Et entretenez le feu."
Je me recouvre de serviette en guise de vêtements.
"Toi, porte moi sur le lit dans le coin, là bas."
Je ne me souviens pas avoir eu aussi froid depuis la campagne d'hiver de l'an 1216 de la troisième ère.
"Il me faut à manger. Ramène moi quelque chose du garde-manger d'Emra !".
A peine posée sur le lit je m'endors sans prendre le temps de manger ce qu'un trolloc m'a apporté.
Le reveil est difficile. J'ignore combien de temps j'ai dormi, mais cela ne va pas fort. J'ai de la fièvre et je ne peux plus bouger mon bras gauche.
Le linge est rouge de sang.
Je ne peux pas rester comme ça.
Une horrible odeur me retourne l'estomac. Je suis prise de hauts le coeur, mais mon estomac vide se rétracte en vain. Les trollocs ont fait disparaître les corps mais ils n'ont rien nettoyé. Sur le sol tout le sang des deux victimes est resté en l'état. 3 trollocs me surveillent sans savoir quoi faire.
La peur de mourrir qui autrefois me tenaillait sur le champ de bataille me sert le ventre. Si je ne réagis pas rapidement ... Il faut que je sorte d'ici.
J'avise le plus grand d'entre eux. Toi ! Tu vas m'emmener à l'étage. Ne fait pas cette tête, nous sommes dans un sous-sol ici, et je ne vois pas Daemon et Emra s'enterrer dans cette pièce minuscule. Il doit y avoir une maison au-dessus. Emmène moi là-bas, je suis trop faible pour marcher seule.
---------- Non, nous avons reçu des ordres.
Oui et quels étaient ces ordres ? Hein ? De me laisser mourrir de froid ? De me laisser pourrir sur place ?
Il me faut un endroit bien chauffer, non humide, pour ne pas tomber malade maintenant que je suis si affaiblie.
Il me faut un bain car ma plaie s'est infectée, je dois la nettoyer, sans quoi c'est la gangraine qui m'attend.
Il me faut de l'eau pure et une nourriture saine, un air sain et frais. Comment pourrais-je guérir dans cet air viscié par la mort ?
Il me faut des simples, il doit y en avoir là haut et vous, vous n'y connaissez rien.
Tu crois vraiment que toi et moi avons le choix ?
Un couloir obscur, un escalier de fer ... obscur ! La force est noire ...
Ils arrivent au rez-de-chaussée. Un trolloc porte l'Aes Sédaï pendant que deux autres éclairent le chemin de leurs torches car tous les volets de la demeure sont fermés. Ils débouchent dans une immense cuisine, meublée avec un grand luxe et visiblement remplie de victuailles. Des jambons pendent sur des crochets, des paniers sont remplis de fruits et de légumes, ...
Ils avancent par plusieurs pièces en enfilades, toutes richement décorées et débouchent sur un hall d'entrée somptueux. La hauteur de plafond y dépasse les 3 m, un chandelier en cristal brille sous l'éclat des torches, des tentures sont accrochées au mur, des statues sont disposées un peu partout et un immense escalier en marbre bleu fini de réhausser l'ensemble.
Ils empreintent l'escalier et gravissent deux étages avant d'arriver finalement dans une chambre confortable. Les trollocs dénotent dans cet univers feutré et luxueux. Pas étonnant qu'on leur ai interdit l'accès aux étages.
L'Aes sédaï est installé sur un grand lit à baldaquin. Trois armoires sont disposées le long des murs de la pièces. Les torches éclairent aussi un grand bureau et deux chaises, un mirroir en pied, deux belles statues en marbre et des tableaux représentants des scènes de danse.
Je résiste du mieux que je peux avant de tomber de sommeil.
Il me faut une réponse précise avant de perdre à nouveau connaissance.
J'aggrippe le bras du trolloc qui vient de me déposer sur le lit.
Attends ! Ne me laisse pas dormir trop longtemps. Réveil moi dans deux heures. En attendant prépare moi un bain, il ne faut pas que je tarde à laver cette plaie.
Et surtout, dis moi, combien de temps dois-je tenir ainsi avant que Daemon ne revienne ? C'est important, pour m'aider à définir les soins que je dois apporter à ma plaie, à réguler mes heures de sommeil, etc ... Il faut que je sache combien de temps encore je devrais me débrouiller seule.
J'espère qu'il va parler ... J'ai besoin de savoir combien de temps j'ai encore devant moi pour m'enfuir.
Le trolloc reste dubitatif.
----------- Pas savoir. Emra sait .... hum .... savait.
Le second trolloc s'approche, hésitant.
----------- Toi femme .... pas savoir ?
Une lueur de désespoir apparait dans le deux paires d'yeux. Ils sont perdus...
Le premier trolloc hausse les épaules et part en se demandant ce que la femme entend par "préparer un bain" ... Le chef savait lui exactement ce qu'il fallait faire. Mais le chef est mort. Il doit falloir prendre de l'eau, mais avec quoi ? Et la mettre dans une grande bassine mais laquelle ? Et puis, il vaudrait mieux qu'elle soit chaude, mais comment faire ?
S'il y a une chose pour laquelle il est sure de ne pas avoir été conçu c'est bien "préparer un bain". Se battre, tapper, tuer, casser, bruler, hurler ... ça, il sait faire. Mais préparer un bain !!! Il n'y arrivera jamais ... Il commence à paniquer et revient sur ses pas...
------------ Femme, ne t'endors pas tout de suite. C'est quoi préparer un bain ?
Le second trolloc fixe alors aussi intensément son regard sur elle. C'est vrai ça ... c'est quoi ?
Un contact rude me tire de mon sommeil.
On me secoue et j'ouvre bien à regret les yeux.
-------------- Femme ! Réveille toi ! Femme !
Je voyais sa silhouette. Il était là, dans un campement fait de briques et de brocs, entourés de gens de tous ages et de toutes apparences. C'était bien Adrian, il n'y a pas de doute. Habillé comme un seigneur, comme le jour de la cérémonie en l'honneur d'Aramina, ou presque. A ses côté, il y avait Gablebo, Ciryon, Aelghir et d'autres encore ... Oui, c'était eux, j'en suis sure ! Je ne veux pas croire qu'il s'agissait simplement d'un rêve.
C'est Daemon, il m'a fait quelque chose. Il voulait garder contact avec moi, il s'est assuré que je viendrais dans ce monde parallèle chaque fois que je me laisserai allé au sommeil. Mais je commence à comprendre comment m'y diriger. Comment m'évader "en rêves" de ma prison ...
Adrian ... Si seulement tu m'avais vu toi aussi. Tu me manques tellement. Je n'oses croire que tu fasses cela pour moi.
Et si je pouvais utiliser ce monde pour rentrer avec contact avec les miens ? Il doit y avoir moyen ...
---------- Femme !
"Que se passe-t-il ?"
---------- Le bain ? Comment ?
Mon dieu ! Ce ne sont donc que des automates de chairs et d'os ? J'aurais au moins appris ça sur eux. Qu'on tue leur chef et ils se contentent d'exécuter les derniers ordres donnés jusqu'au bout. Que ceux-ci soient vagues, imprécis, inadaptés et ils ne font plus rien. Quelle faiblesse ! Que ne l'ai-je su plus tôt ! Les gens des marches devaient déja le savoir. Il faudrait que je parle de tout cela avec les Gaïdins. Car oui ! Je les reverrai !
"Toi ! Va puiser de l'eau au puit à l’aide des bassines en cuivre suspendues sur les murs de la cuisine. Pendant ce temps, toi ! Allume la grande cheminée de la cuisine ! Ensuite, vous remplirez le chaudron fixé au dessus de l'âtre d'eau et vous attendrez qu'elle bout. Puis, vous porterez cette eau à l’étage et vous en remplirez le bac à bain. Vous compléterez ensuite d’eau froide de manière à ce qu’il soit plein aux deux-tiers.
Surtout ! A aucun moment vous ne devez toucher, rentrer en contact ou même effleurer cette eau. Vous êtes trop sals pour moi, je suis blessée, il me faut de l’eau extrêmement propre. Est-ce clair ? Si vous la touchez, vous la jetez et recommencez ! »
Les trollocs sont sous le coup d’un intense effort de concentration. Cela ne leur plait pas. Pourquoi devraient-ils lui obéir ? Le maître avait dit de ne pas lui faire de mal. Pas de la servir. Oui, mais si elle ne lave pas sa plaie… Oui, c’est sûrement ce que le maître voudraient. Ils hochent la tête et partent.
J'ai l'impression d'avoir dormi des jours. Les souvenirs sont confus. Ce n'était pas un rêve. Non, j'en suis sure, j'ai bel et bien apperçu Lirkae et une aielle. Elle aurait pu me soigner, elle allait le faire. Que s'est-il passé ?
Je tente de me lever. "Par le créateur ! Ma tête va exploser...".
Je me hisse hors du lit, ôte les loques souillées qui me servent de vêtements et me glisse dans le bain maintenant à peine tiède, installé près du lit.
J'attrappe un flacon de sels en évidence près de la coiffeuse et entreprend de me décrasser. La plaie n'est pas très belle, mais il ne semble pas y avoir d'infection pour le moment. C'est une chance.
Enfin propre, je sors, trouve une serviette dans une commode et entreprend de rechercher les vêtements de "feue" mon hôtesse. Difficile de trouver une robe pratique qui ne plonge pas dans de profonds décolletés. La maîtresse de maison aimait les tenues provoquantes. Une robe simple, chaude et confortable me tombe enfin sous la main. Avant de la revêtir, je déchire une de ses chemises de corps pour m'en faire un bandage.
Habillée, je me lance dans la recherche d'onguents désinfectants et cicatrisants encadrée par deux trollocs sur la défensive.
Mes recherches me mènent dans un petit cabinet de travail.
Sur une étagère des bocaux en terre porte des étiquettes aux noms familliers.
( test sur la qualité des herbes trouvées : [d10])
Rien de bien miraculeux ou de particulièrement efficaces. Des simples traditionnels répandus qui en tous cas ne me feront pas de mal. De quoi stabiliser mon état à défaut de le soigner et en augmentant les doses de cette herbe si, de quoi faire baisser ma fièvre.
La préparation de la décoction ne se fait pas sans mal vu mon état.
Sarah se réveille. Elle se lève, les muscles engourdis, et regarde autour d'elle ; elle sur le bas-côté d'un chemin de campagne. Visiblement, elle a dormi à la belle étoile ici, sans le moindre couchage pour se protéger du froid.
Ces derniers jours, Sarah n'est plus vraiment elle même. Depuis cette course effrénée pour fuir Aelghir et ces blancs-manteaux, et cet incendie de forêt qui a bien failli la tuer, elle n'a fait qu'avancer au hasard des chemins, avec la seule et même idée, avancer toujours plus loin, loin d'Aelghir.
Bien que ces souvenirs soient les siens, Sarah a l'impression qu'il s'agit d'un mauvais rêve, qu'elle vient de se réveiller et qu'il est temps de commencer à travailler...
Le maître. Il l'appelle.
Elle se souvient maintenant. Il lui avait promis qu'Il reviendrait pour elle, et qu'elle serait punie. Et quelle punition ! Le mal se répandant partout sur son chemin. La mort suivant ses pas. Le maître n'oublie jamais ceux qui tentent de lui échapper.
Il faut qu'elle le retrouve, qu'elle lui explique. Elle est sûre qu'il comprendra. Il lui retirera sa malédiction, et elle pourra revenir comme avant, à Son service. C'est son seul destin, sa seule échappatoire. Il faut qu'il comprenne...
Sarah revient sur la route, déterminée. La matinée est déja bien avancée, et le soleil la réchauffe de ses rayons caressants. Pourtant, elle sait que d'ici peu, les ténébres vont encore surgir et causer des malheurs. Elle doit se dépêcher.
A l'horizon, elle aperçoit une résidence de noble, apparemment très grande. Elle décide d'y aller, afin de se renseigner. Tous ces jours de course lui ont fait perdre son orientation, et elle doit savoir ou elle se trouve avant de continuer. Elle commence à marcher d'un pas ferme, vers cette résidence.
"- Klarg ! que toi avoir fait ?", beugle un trolloc.
"- Knurf, moi tombé dans escalier. escaliers humains trop petit. Klarg avoir mal", répond un second.
"- Imbécile ! Si toi abîmer résidence du maître, Lui te punir !"
*Grognement mêlant rage et désespoir* "- Maître pas là. Maître rien savoir."
"- Rah. Partons. Nous pas rester ici quand Maître revient."
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Quelque chose me pousse en avant malgré les horreurs et les chausse-trappes qui jalonnent mon chemin . Me pousse ou me tire ? Si même je voulais revenir en arrière, je ne le pourrais pas . Il y a ici plus que Sarah ... Je me sens pris au piège, privé en quelque sorte de mon libre arbitre mais c'est avec une sorte de délectation amère que je fonce droit devant tête baissée, comme un taureau qu'on mène à l'abattoir ... Une comparaison me revient en mémoire : comme un hérisson dans le brouillard ... Je préfère celle-ci : le hérisson a ses piquants et je ne me laisserai pas mettre un anneau dans le nez comme à un taureau ! Je sens qu'Il est là, pas loin, au bout de ce chemin sur lequel la fuite de Sarah m'a entrainé .
Nous a entrainés ...
Je jette un regard en coin à mes compagnes d'aventures, sinon d'infortune .
Maèlyne traine une tristesse qui s'est aggravée au cours de la traversée de ce bois maléfique qui a failli être notre tombeau, à tout le moins, le mien, quand Néro s'est enlisé dans ce marécage traître que rien ne laissait prévoir . Lumière merci ! Ce cheval vaut bien plus que l'année complète de solde dont je l'ai payé . Sa puissance et sa pugnacité sont phénoménales . Je n'ose envisager ce que je deviendrais sans lui ...
Comme si l'incendie de forêt et la découverte de ce village désert n'avaient pas suffi à nous plomber le moral . Les traces de sang sur les portes arrachées, sur les pavés disjoints de la seule rue du village, les relents de fumée aigre et de pourriture,les bourdonnements insistants des mouches, les criailleries des rats et les croassements des corbeaux perchés sur les branches basses ne nous ont pas incités à nous y attarder mais l'impression laissée par cette traversée est demeurée longtemps comme un fardeau sur nos épaules, dérangeante, nauséeuse .
Maélyne a peur . Je la comprends et me dis que je devrais moi aussi éprouver ce sentiment . Mais non . Juste cet agacement, racine de ma colère .
Ylnaa continue à nous suivre . Pour quelle raison ? Le sait-elle elle-même ? Et qui est-elle ? C'est tout ce que je sais : son nom . Et qu'elle est belle . Tout comme Maèlyne . Mais que peut valoir la beauté des femmes dans l'aventure où nous nous sommes jetés . Juste un peu de repos pour les yeux ? Juste un peu de regrets ?
Mais voilà qu'au détour du chemin, alors que s'éclaircissent les arbres torts qui jusqu'ici bornaient notre horizon, j'aperçois dans le lointain les hauts toits d'un château . J'intime à ma petite troupe :
J'émerge difficilement. Une sensation très forte s'empare de moi : la faim !
c'est bon signe, c'est que la fièvre est tombée. Hélas, c'est la seule bonne nouvelle car mon bras blessé ne répond plus lui. Je jette un coup d'oeil sous le pansement et constate au moins qu'il n'y pas d'infection.
J'improvise un bandage en farfouillant dans les affaires de l'ex-maîtresse des lieux et m'accorche le bras en écharpe. Il va maintenant falloir faire avec un bras au lieu de deux.
Bon ...
Où sont passés ses abrutis ?
Il faut qu'ils m'apportent à manger. Quoi que, à la reflexion, je n'ai pas envie qu'ils touchent à ma nourriture. Autant y aller moi-même.
Je sors de la chambre et me dirige vers l'escalier principal.
Mais où sont-ils donc ?
Je passe devant un immense mirroir et constate que mon image s'est sensiblement améliorée depuis le bain, le changement de vêtement et le sommeil. Evidemment, je n'ai pas encore l'air en forme, mais au moins je me fais moins honte. Je m'ouspille de penser à des considérations aussi superficielles étant données les circonstances, mais ne peut m'empêcher pour autant de rattacher des mèches rebelles avant de descendre. "On ne sait jamais, s'il revenait, maintenant que l'autre est morte, il pourrait me choisir pour ...". Je reste pétrifiée devant la penser qui vient de se former dans mon esprit. Et me sermonne de plus belle : "Résistes ! Tu es Méliane d'Alfort, Aes Sédaï de l'ajah verte, Amyrlin de la Tour blanche. Tu ne peux pas craquer. reprends toi. Otes les pensées que cette ordure t'a fourré dans la tête !"...
Tout à mon dialogue intérieur, je m'engage dans l'escalier et manque de chuter. Il manque des marches... Mais que s'est-il passé ?