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Le jeu de l'innocence
(Sujet créé par Isaeda l 20/12/05 à 11:34)
On ne peut pas vraiment appeler ça un roman ni même une nouvelle, disons que c'est une histoire que j'ai écrite vala Merci à ceux qui prendront le temps de la lire et de me dire ce qu'ils en pensent
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
CHAPITRE III
« Mon seigneur, je m’en vais… Seigneur ?
- Quoi ? » Jin se détourna de la fenêtre d’où il contemplait la pluie qui s’abattait sur le château depuis plusieurs jours déjà. Par ce temps[A cause du temps], Reiko avait dû renoncer à peindre ; à l’extérieur du moins. Comment[Comment occupait-elle ses journées?] pouvait-elle s’occuper ? En tout cas, le portrait était bien avancé puisque Jin était venu toute la semaine[Jin avait posé chaque jour pendant la semaine précédente]. Il avait de plus en plus l’impression que la peinture n’était qu’un prétexte pour venir profiter du calme de la forêt, et surtout de la présence de la jeune femme.
« Je m’en vais, mon seigneur. Dois-je revenir ce soir ? » demanda la jeune servante, déjà sûre de la réponse. Jin la regarda distraitement tandis qu’elle enfilait ses bas. [A la ligne, tiret, non ?]« Heu… non, pas la peine, Narumi. » Une expression de crainte passa sur le visage de la jeune fille, celle d’avoir déçu son seigneur pour qu’il ne veuille pas la reprendre[je trouve cette formulation maladroite, peut-être : Sans doute ne voulait-il plus d'elle parce qu'elle l'avait déçu]. Mais Jin s’approcha d’elle et lui caressa la joue. « Ne t’en fais pas, c’est juste que je suis un peu fatigué.
- Oh… bien sûr, seigneur, je comprends. Je suis à votre service. » Ses yeux s’étaient agrandis d’étonnement, et Jin comprit trop tard son égarement[erreur (conséquence de l'égarement)]. Il ne lui était jamais arrivé de se justifier devant une servante [un domestique]. Le fils du seigneur n’avait à se justifier devant personne ! Sauf devant son père, bien sûr… Décidément, cette fille lui dérangeait les idées, il fallait qu’il prenne ses distances [pour quelques jours encore.(inutile, à mon goût)] « Je sais. Va-t’en à présent. »
La jeune fille s’éclipsa après s’être acquittée d’une révérence. Aussitôt la porte fermée, Jin s’effondra dans un fauteuil et se prit la tête entre les mains. Cela faisait quelque temps déjà qu’il s’était entiché de cette servante récemment arrivée au château. Il l’avait mise dans son lit dès le premier soir sans lui demander son avis. Elle s’était montrée docile et dotée d’une certaine expérience, ce qui ne lui avait pas déplu. Mais depuis qu’il était revenu de sa dernière visite chez Reiko, ses étreintes avec Narumi lui paraissaient étrangement fades, il n’y trouvait plus de plaisir. Pire, quand il en trouvait, c’était en superposant un autre visage à celui de la jeune fille, un visage encadré de cheveux roux flamboyants. Et même parfois [Parfois]il entendait une voix douce résonner[je trouve que douce et résonner ne vont pas ensemble] dans sa tête, qui le rendait[Il se sentait alors] coupable de ce qu’il faisait à Narumi et le dégoûtait de lui-même.
Il éprouva du soulagement en pensant que son père ne l’appellerait pas avant un moment puisqu’il[ce dernier] était cloué au lit avec une grosse fièvre. Il savait très bien de quoi le seigneur voulait l’entretenir mais ne voulait pas y penser. Pas maintenant. Si seulement il pouvait retarder encore et encore ce moment, jusqu’à souhaiter qu’il ne vienne jamais ! [Et ( de trop)] en attendant, il retournerait là-bas[dans la clairière] dès la fin de l’averse, parce qu’une partie de lui-même ne pouvait [pas (de trop)] résister à cet appel.
La porte de la cabane s’ouvrit à la volée. Reiko et Jin se précipitèrent à l’intérieur, trempés des pieds à la tête [de la tête aux pieds]. Reiko s’exclama : « Moi qui croyais que c’était fini, cette pluie ! Après presque trois semaines ! Tu aurais dû venir un autre jour, enfin… heureusement, j’ai pu sauver la toile. »
Aux premières gouttes elle avait immédiatement rentré le tableau avant tout le reste, aussi était-il intact. Elle alla le poser près de la cheminée pour que la peinture sèche rapidement et,[je mettrais un . à la place du et] voyant que Jin se glissait derrière [qui ?quoi ?]pour jeter un coup d’œil,[elle] éclata de rire. « Tu veux savoir, hein ? Mais tu ne verras rien avant que j’aie fini. Pour te faire patienter, sache qu’il me reste encore la moitié du travail à accomplir.
- C’est bien maigre, marmonna Jin en déposant le chevalet et les pots de couleurs.
- Eh bien, tu t’en contenteras ! En attendant, allume un feu dans la cheminée et réchauffe-toi pendant que je prépare du thé. »
Elle lui parlait à présent comme une vieille amie à qui il aurait simplement rendu visite. Bah, il y avait longtemps que cette familiarité ne le dérangeait plus, il en était même venu à l’apprécier car elle lui faisait oublier le [le changeait agréablement du] protocole et la tenue qu’il devait toujours respecter en présence de la noblesse. Il avait cependant du mal à oublier ses pensées concernant Reiko, la vision de son visage au-dessus un corps nu [me fait un peu bizarre ce GN], pressé contre lui, des boucles cuivrées balayant son visage…
« Jin… Jin ! Je te parle, bon sang ! » Jin sursauta et leva les yeux vers Reiko qui lui tendait avec impatience une couverture et une tasse de thé. Il sourit [à cause ou bien : il s'amusa]du ton rude qu’elle avait employé, en comparaison de[en totale contradiction avec] celui de Narumi, timide et docile.
« Si tu as froid, mets ça, dit-elle. Et fais attention, le thé est bouillant ! » Des gouttes d’eau coulaient de la pointe de ses cheveux bouclés qui tombaient [en désordre] sur ses joues blanches de manière désordonnée. Jin eut [soudain]l’impression que son corps se glaçait, bien qu’il fût presque collé à la cheminée. Il se leva et prit la couverture des mains de la jeune femme, mais pour la couvrir, elle. « C’est toi qui vas attraper froid, tu es encore trempée. » Ses yeux gris s’agrandirent d’étonnement quand Jin voulut la serrer dans ses bras pour la réchauffer. La tasse de thé qu’elle tenait encore à la main tomba et se brisa dans un bruit retentissant, éclaboussant le sol. « Jin ? Arrête. » La voix de Reiko, étouffée par l’étreinte du jeune homme, n’avait plus la moindre chaleur. Mais Jin ne l’entendait pas. Tout ce qu’il voulait, c’était tenir ce corps dans ses bras jusqu’à ce qu’il soit entièrement sec.
« Jin ! »
Elle le repoussa si violemment qu’il manqua d’atterrir dans la cheminée. Sentant la chaleur menaçante dans son dos il se redressa vivement avant d’être brûlé. Reiko avait reculé de plusieurs pas, les yeux hagards, et le dévisageait d’une façon qui lui donna la chair de poule. « Je t’ai dit d’arrêter ! J’ai décidé que je ne me laisserais plus faire ! Je sais que tu me nargues, que tu te moques de moi à travers ces yeux ! Tu veux savoir si je regrette ce que j’ai fait, hein ? Si je serai capable de recommencer ? Tu crois peut-être que je t’ai pardonné ? Tu me connais mal alors, même si tu pensais le contraire. Je recommencerai mille fois s’il le faut, si cela peut me libérer de toi !
- Rei…
- Tais-toi ! Tu ne m’auras plus comme ça, Shojiro, je… »
Elle s’arrêta soudain, consciente d’en avoir trop dit. Jin ouvrit la bouche mais rien n’en sortit qu’un hoquet de stupeur. Le silence s’abattit soudain dans la pièce comme le tranchant d’une épée [sur... termine la comparaison]. On n’entendit [entendait] plus que le crépitement des flammes et le grondement lointain de l’averse. Enfin, Reiko parut s’apaiser mais la lueur sauvage persista [persistait] dans son regard. Elle se baissa pour ramasser les débris de verre(s)[porcelaine, plutôt, non ?] en évitant le regard de Jin [en début de phrase]. Le jeune homme était toujours debout, incapable de remuer ou de prononcer un mot. Reiko eut le temps de jeter ce qui restait de la tasse avant qu’il parvienne articuler : « Reiko… tu as parlé de Shojiro… le fils de l’empereur ?
- Pourquoi fais-tu le naïf, Jin ? répliqua-t-elle les yeux [toujours]baissés. Tu sais très bien que je l’ai tué. C’est ce que tout le monde a dit, n’est-ce pas ?
- Sans doute, mais je me demande de quelle manière. » Il espérait qu’elle le lui dise mais elle demeura obstinément silencieuse. Dehors, la pluie s’était quelque peu calmée, si bien que Reiko s’apprêta à sortir. En réalité elle semblait vouloir le fuir plus qu’autre chose. « Je crois que ça ira pour aujourd’hui. Si tu ne rentres pas maintenant il fera nuit avant que tu atteignes le château.
- Oui… c’est mal tombé. Je repasserai.
- Le plus tard possible, alors… » l’entendit-il chuchoter. Puis, plus haut : « Dans trois jours je serai à la capitale pour mon approvisionnement, ce n’est pas la peine de passer. » Il hocha la tête et sortit avant elle.
Jin avait supposé qu’elle partirait tôt dans la matinée, le trajet vers la capitale prenant au moins la demi-journée. A son arrivée dans la clairière il n’y avait effectivement personne, même si le chevalet était à nouveau planté dans l’herbe. La pluie n’était pas revenue et avait laissé place à un soleil radieux, cependant moins chaleureux qu’auparavant ; un soleil qui annonçait la fin de l’été. Jin respira un moment la fraîcheur bienvenue de l’air qui embaumait [qu'embaumaient] les fleurs, puis il attacha son cheval à un arbre et marcha [se dirigea] vers la maison. Comme il s’y attendait, elle [la porte] n’était pas fermée. Personne ne passait jamais par ici, et Reiko n’avait pas grand-chose à craindre et encore moins à voler [ça me gêne parce que le pas grand chose à craindre et le pas grand chose à voler sont différents, je ne les mettrais pas ensemble], hormis peut-être [inutile] ses toiles. Une fois à l’intérieur, Jin alla aussitôt vers la petite porte qui menait à la remise. La pièce était exiguë et ne contenait que des tableaux, mais c’était précisément ce qu’il cherchait. Un tableau, ou plus exactement un portrait. Quelque chose qui lui donne [donnerait]un indice, qui l’aide[l'aiderait] à répondre aux trop nombreuses questions qu’il se posait. L’aveu de Reiko trois jours auparavant l’avait davantage troublé [troublé plus encore] que son comportement. Il avait plus que jamais besoin de savoir, de comprendre.
En fouillant parmi les toiles, il se résuma ce qu’il savait : il y avait quatre ans de cela,[quatre années auparavant] alors que Reiko était encore une artiste renommée, elle avait fait la connaissance de Shojiro, le fils de l’empereur qui[le fils ou l'empereur ?] lui avait commandé un [son ?] portrait. La nouvelle avait suffisamment circulé pour que même la famille Hattori, qui se cachait en attendant une opportunité de [pour] renverser le pouvoir, en ait eu vent. Mais là, plus personne ne savait ce qui c’était vraiment passé. Shojiro avait posé pour Reiko pendant un mois, jusqu’à ce qu’il meure dans des circonstances mystérieuses. D’après la rumeur, Reiko s’était enfuie par la suite [peu de temps après] et on lui avait imputé le meurtre, car elle n’avait pas reparu depuis.
Jin poussa un juron. Il ne trouvait pas ce qu’il cherchait. Il soupira et s’adossa au mur. Au fond, il n’avait jamais réfléchi à la raison exacte de la mort de Shojiro. Elle avait permis à sa famille de sortir de l’ombre mais il ne s’était pas douté un instant qu’il rencontrerait un jour la supposée meurtrière, et que celle-ci ne nierait d’aucune façon avoir commis son crime. Et ce jour d’orage où Reiko l’avait repoussé de toutes ses forces… Il essaya de se souvenir exactement de ce qu’elle lui avait crié lors de cette scène confuse. Elle avait dit qu’elle ne se laisserait plus faire, et que Shojiro voulait la narguer, voir si elle serait [était] capable de « recommencer »… quoi ? De le tuer à nouveau ? Mais Shojiro était déjà mort, cela n’avait pas de sens. Et si…
Un déclic retentit [un peu fort le verbe pour un déclic] dans le dos de Jin, à l’endroit où il s’était appuyé. Il se retourna vers le mur et vit une petite fente qu’il n’avait pas remarquée auparavant. Intrigué, il glissa ses doigts dedans [à l'intérieur] et, en tirant vers l’extérieur,(inutile, à mon avis) dégagea une sorte d’alcôve dans le mur, juste assez haute et assez large pour contenir un rectangle fin enveloppé de tissu noir. Le cœur de Jin se mit à battre plus fort. Il avait trouvé ce qu’il cherchait. Les mains moites, il sortit avec précaution le tableau de sa niche et le posa par terre. Puis il s’agenouilla et défit le nœud de tissu, avec peine car ses mains tremblaient… et le passé l’engloutit derrière le visage du prince.(un peu obscur)Il exhuma le portrait d'un prince mort et le visage dévoilé l'aspira dans le passé ]
Bon, tout ça, ce ne sont que des suggestions. Sinon j'ai hâte de lire la suite de l'histoire. Très intéressante.
Pourvoyeuse-de-Vent Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert
Waw! Merci pour tes nombreuses suggestions! je prendrai le temps de revoir ça (même si pour certaines je les aime bien comme ça ) et mettrai la suite ce soir ou demain, après relecture.
Juste deux trucs
je trouve que douce et résonner ne vont pas ensemble]
Je ne comprends pas trop ce que tu veux dire
comme le tranchant d’une épée [sur... termine la comparaison]
Tu as raison mais je n'ai pas d'idée pour terminer
A part ça encore merci pour cette lecture approfondie, rien de tel pour progresser!
Pourvoyeuse-de-Vent Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert
Merci, je suis touchée Je mettrai sûrement la suite aujourd'hui, quoique quelques passages me dérangent dans ce chapitre (c'est le chapitre capital donc j'ai essayé de faire de mon mieux ) Je relirai avant de l'envoyer
Pourvoyeuse-de-Vent Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert
Voilà donc le chapitre de révélations, après moults modifications. J'avoue ne pas être totalement satisfaite du résultat (pour ZE chapitre j'aurais aimé mieux ) donc si vous avez des suggestions n'hésitez pas
CHAPITRE IV
« Grâces soient rendues à leurs majestés ! Je suis Reiko Saori Ishida, fille de feu Isao Ishida, sujet dévoué du royaume. Je suis venue suite à la requête du fils de mon empereur, à qui j’appartiens corps et âme. Dites ce que vous attendez de moi, j’obéirai. »
Le visage presque collé aux dalles de marbres, Reiko était le point de mire de plus d’une centaine de regards, mais elle feignait de ne pas s’en apercevoir. Car le seul auquel elle avait réellement prêté attention à son entrée dans la salle du trône, le seul qui avait provoqué en elle une sensation de brûlure inexplicable, c’était celui de l’homme qui se trouvait à la droite de l’empereur. Shojiro Akiya Takashi, prince héritier de la couronne de Terase, l’homme qui avait demandé son portrait. A cause de lui elle se trouvait là à courber l’échine devant un empereur qu’elle haïssait plus que tout au monde. Mais l’humiliation n’était rien en comparaison de la joie qu’elle ressentirait lorsqu’elle le verrait s’éteindre sous ses yeux comme elle en avait tant rêvé. D’abord ses vassaux, ensuite son fils, et enfin le bourreau lui-même.
« Relève-toi, Reiko Ishida. C’est mon fils qui t’a appelée, il te dira ce qu’il attend de toi.
- Oui, Majesté. »
A cet instant le prince s’avança avec aisance. Il était plus jeune que dans l’imagination de Reiko, et moins laid. Elle s’était faite à l’idée que les riches étaient des gens que l’opulence avait rendus épais et disgracieux, elle avait d’ailleurs sa propre expérience pour le dire. Mais le fils de l’empereur était grand, mince, et doté d’une présence et d’une autorité naturelle qui firent taire tout le monde avant même qu’il eut pris la parole. Son père le regardait avec une fierté compréhensible. Ce jeune homme était digne de lui succéder. Reiko sourit intérieurement. Le chagrin du souverain serait d’autant plus grand et il élargirait sa victoire.
« Bienvenue à toi, Reiko Ishida. » La jeune fille releva la tête et croisa une seconde le regard du prince. Elle n’y vit pas ce à quoi elle s’attendait à voir dans le regard d’un noble : la suffisance et la supériorité constante. « Merci d’être venue de si loin pour répondre à ma requête.
- Les ordres de mon prince n’ont pas lieu d’être retardés, quelle que soit la distance, répondit Reiko en s’inclinant de nouveau.
- Tu as entièrement raison » dit-il d’un ton ironique qui déplut à la jeune fille. Il l’examina un instant avant d’ajouter comme si personne d’autre ne l’écoutait : « Et tu ne ressembles pas vraiment à l’image que je me faisais de toi. »
Reiko faillit répondre « Vous non plus », heureusement elle se retint à temps. Le moindre faux pas pouvait tout compromettre.
« Comme tu l’as compris, j’ai l’intention de te passer une commande. Mon père a pensé qu’il était temps d’ajouter mon portrait à la galerie de la dynastie Takashi, c’est pourquoi j’ai fait appel à toi. Tu es jeune mais ta réputation a suffisamment fait le tour du pays pour que moi, le prince Shojiro, j’aie confiance en ton talent. Bien entendu, tu seras payée en conséquence.
- Merci, mon prince. Quand devrai-je commencer ?
- Demain. Tu auras une chambre au palais, les domestiques feront le nécessaire. Je te ferai quérir en temps voulu.
- Il en sera selon vos ordres. Je ne décevrai pas la confiance que vous mettez en moi. Longue vie à leurs majestés ! » ajouta Reiko avant de se retirer sous le regard insistant de l’héritier du royaume.
« Quel âge as-tu, jeune fille ?
- Seize ans, mon prince. »
Reiko se hâta de retourner derrière son chevalet, ses pinceaux à la main. Elle n’aimait pas le regard de Shojiro qui suivait tous ses déplacements. « Vraiment ? s’exclama le jeune homme. Je t’en donnais vingt au moins ! Cela veut dire que nous en avons dix d’écart… Tu es pourtant connue depuis plusieurs années, non ?
- Je ne sais pas, mon prince. La première fois qu’on m’a commandé un tableau, j’avais quatorze ans et l’acheteur était le maire de mon village. Il voulait décorer sa salle de réception ; j’imagine qu’il a eu pitié de moi.
- Tu es orpheline, n’est-ce pas ?
- Oui, répondit-elle sans s’étendre.
- Je vois… Tu as de la chance d’avoir un tel don. Peu d’orphelins de ton âge survivent longtemps seuls, par les temps qui courent.
- Sans doute… »
Reiko n’avait plus envie de lui parler. Elle en avait déjà dit plus qu’elle n’aurait dû. Et puis cet homme se moquait bien de ce qui avait pu lui arriver par le passé. Elle aurait voulu continuer à préparer ses couleurs en silence mais il insista : « Comment ta famille est-elle morte ? » Un instant le bruit du pinceau cessa derrière le chevalet, puis la jeune fille répondit d’une voix neutre : « De maladie. C’est courant chez les gens du peuple comme nous, et quand une personne est touchée, tout le village y passe. Par chance j’y ai échappé.
- Par les dieux ! Tu es née sous une bonne étoile, jeune fille !
- Mon nom est Reiko » répliqua-t-elle avant de se mordre la langue. Elle aurait donné n’importe quoi pour ravaler ses paroles. Mais le prince se leva sans aucune expression de colère, et alla vers elle. Elle sentit un frisson parcourir son dos.
« Reiko, oui… susurra-t-il. Tu ne manques pas d’audace pour une paysanne. Ne t’en fais pas, je ne vais pas te punir pour ça. La remarque était d’ailleurs judicieuse » ajouta-t-il avec un sourire, le premier que lui voyait Reiko. Elle se surprit à le trouver avenant, avec ses cheveux blonds attachés en tresse et ses yeux d’un bleu d’azur. Elle se secoua. C’était absurde, elle qui ne s’était jamais attachée à l’apparence de quiconque. Il se rapprocha encore d’elle pour glisser : « Personne ne viendra pendant que je pose, et puisque nous en aurons pour un moment je me lasserai d’entendre du « mon prince » pendant des heures.
- Vous ne risquez pas de l’entendre souvent : je n’ai pas l’habitude de travailler en parlant. » Reiko était sur le point de se gifler en maudissant son impertinence, mais contre toute attente le jeune homme éclata de rire. « C’est la première fois qu’on me parle de cette manière ! Bah, cela me plaît… J’aimerais que tu m’appelles par mon prénom.
- Pardon… ? fit Reiko, les yeux écarquillés.
- Uniquement pendant les heures de pose, bien sûr. Devant quiconque d’autre, serviteur ou concubine, ne m’adresse pas la parole sans que je te le demande.
- Mais, mon prince, je ne peux…
- Non : Shojiro… Je n’aime pas ce ton formel. Je t’appellerai Reiko si tu m’appelles par mon prénom, compris ?
Elle hocha lentement la tête, la gorge serrée. Shojiro reprit sa pose dans le fauteuil de velours. L’emblème des Takashi avait été drapé en arrière-plan : un tigre orangé sur un fond vert émeraude. Reiko recommença à trier ses couleurs mais elle n’arrivait plus à se concentrer. La demande inattendue du prince l’avait décontenancée. Il n’avait pas parlé d’un ton autoritaire mais posé, comme s’il faisait une simple suggestion. Elle ne comprenait pas son comportement. Elle devrait se méfier davantage.
Enfin, lorsqu’elle eut réuni toutes les couleurs nécessaires, elle avait mis tellement de temps que Shojiro commençait à bâiller dans son fauteuil. « Je suis désolée, bafouilla-t-elle. Je vous ai fait perdre votre temps. J’aurais dû m’occuper des couleurs d’abord mais j’avais besoin de vous voir en même temps….
- Je comprends. Dans ce cas, je repasserai demain. Je suppose qu’il n’y aura plus qu’à commencer.
- Effectivement…
- Alors à bientôt, Reiko. »
Il se leva avec souplesse et se dirigea vers la porte. Arrivé sur le seuil, cependant, il se retourna vers la jeune fille qui n’avait rien dit. « On ne t’a pas appris à saluer ? demanda-t-il d’un ton amusé, comme s’il apprenait la politesse à une gamine.
- Oh… Pardon ! Bonne soirée, mon prince…
- Qu’est-ce que j’ai dit ? »
Elle eut l’impression qu’il se jouait d’elle et cela l’agaça. Elle décida d’insister sur le prénom pour qu’il s’en aille vite : « Bonne soirée… Shojiro. »
La main du jeune homme s’arrêta à quelques centimètres de la poignée. Il dévisagea intensément Reiko avant de murmurer, comme s’il s’adressait plus à lui-même qu’à elle : « Je crois que j’aurais donné n’importe quoi pour t’entendre prononcer mon prénom… je ne l’entends pas de la même façon dans ta bouche. C’est étrange. »
Son sourire avait changé. Reiko se rendit compte qu’elle en avait presque peur. Enfin, il quitta la pièce.
Le fils de l’empereur posait depuis plusieurs jours déjà. Reiko s’appliquait à la tâche comme chaque toile qu’elle avait peinte et évitait toute parole inutile. La séance se déroulait ainsi dans un silence religieux, ponctué de temps en temps par un soupir de Shojiro ou par Reiko qui lui demandait de reprendre la pose, car celle-ci avait tendance à se détendre avec les heures. Elle se prenait à sourire derrière son chevalet quand le prince venait par hasard à s’endormir, et le réveillait doucement. Elle avait fini par s’habituer à ne pas lui servir du « mon prince », ce qui au fond ne la dérangeait pas et lui redonnait même un peu de dignité en lui faisant oublier qu’elle lui était inférieure. Cependant elle n’oubliait jamais ce pour quoi elle était là à peindre pendant des heures, sa vengeance qui s’accomplirait lorsqu’elle aurait fini le tableau. C’est pourquoi elle s’appliquait à ne pas rentrer dans le jeu de Shojiro. En effet, ce dernier se montrait de plus en plus familier dans ses paroles ou dans ses gestes. Mais le plus troublant était que, lorsque par hasard sa main venait à frôler Reiko, le cœur de la jeune fille faisait un bond dans sa poitrine. Elle s’efforçait d’ignorer ce qui se passait. Shojiro semblait remarquer son embarras et y voir autre chose que la gêne due à leur différence de position. En fait, l’attirance qui passait entre eux aurait été palpable par n’importe qui d’autre, mais tous deux employaient leur efforts à l’ignorer, à continuer leur petit jeu qui était de feindre l’indifférence quand leurs corps bouillonnaient intérieurement.
Reiko avait de plus en plus peur. C’était la première fois qu’une telle chose lui arrivait, et elle craignait de ne pouvoir venir à bout du portrait. Déjà, quand elle passait son temps à détailler le visage de Shojiro, le regard de ce dernier la fixait si intensément qu’elle avait l’impression de tout lui dévoiler. Cela devenait trop dangereux.
« Tu sais, j’ai déjà vu des tableaux de toi chez des seigneurs à qui nous rendons visite, dit-il un jour. Ils étaient tous magnifique mais… comment dire… quelque chose m’échappe dans ta façon de peindre. Non pas que je m’y connaisse là-dessus mais…
- Quelque chose t’échappe ? »
Reiko avait cessé de peindre et le contemplait d’un air très sérieux.
« Oui. Je ne sais pas exactement quoi, mais…
- Je peux essayer de t’expliquer, si tu veux… » Elle avait toujours avec elle une mallette qui contenait une ou deux toiles vierges au cas où l’inspiration lui venait. Elle l’ouvrit et en sortit un petit tableau dont le motif était imprécis mais attirait le regard. Shojiro écarquilla les yeux. « C’est beau, mais ça ne ressemble à rien que je connaisse.
- Beau ? Qu’est-ce que ça veut dire, selon toi ?
- Eh bien… » commença-t-il en se levant, visiblement embarrassé par la question. « ça attire l’œil d’une façon qui n’est pas désagréable. » Reiko réfléchit un moment à la réponse et sourit. « Viens par là. » Elle lui fit signe de venir à la fenêtre qu’elle ouvrit en grand. Le soleil couchant teintait l’horizon d’or et de rouge brûlant. « Regarde ce ciel. Tu le trouves beau ?
- Ma foi, oui.
- Alors maintenant compare-le avec ma peinture. »
Shojiro prit la petite toile et la tendit devant lui face au ciel. « Je ne vois rien de semblable aux deux, sauf peut-être les couleurs. » dit-il après avoir examiné attentivement. Reiko se mit à rire. « Pourtant c’est en regardant le ciel au même moment il y a quelques jours, alors que tu dormais, que j’ai peint ce tableau. Tu comprends maintenant ?
- Je comprends que tu es encore plus folle que je le pensais.
- Si c’est toi qui le penses, ça m’est égal ! » s’exclama-t-elle soudain en riant, ses boucles de cuivre cachant son visage. Elle rougit aussitôt de ses paroles et de s’être laissée aller à rire. Shojiro la regardait d’un air étrange. Il lui remit la toile dans les mains et chuchota, le visage dangereusement proche du sien : « J’imagine que je ne pourrai jamais comprendre ce que tu essaies de m’expliquer, pourtant il y a une chose que j’ai comprise depuis longtemps…
- Et c’est… ? » demanda Reiko sans ciller. Elle avait conscience de tendre elle-même sa tête au bourreau mais curieusement cela l’excitait au lieu de l’effrayer. Pour toute réponse, la main du prince se glissa dans son cou, puis sur sa joue. Reiko aurait voulu se sentir dégoûtée d’être touchée par cet homme dont elle souhaitait la mort ; elle n’y parvint pas. Non… je n’arrive pas à le détester. Pourquoi ? Ô dieux, aidez-moi… ! Mais les dieux restèrent sourds et ne l’aidèrent pas à arrêter les lèvres qui se posaient sur les siennes, d’abord doucement puis comme si elles voulaient l’avaler toute entière. Elle eut l’impression qu’une vague immense venait de fondre sur elle, l’emportant sans espoir de salut.
Longtemps après, le bruit de la toile qui tombait la ramena à la réalité. La voix du prince murmura à son oreille : « Rei… qui es-tu ? Je ne suis pas sûr de te connaître. Tu sais tout de moi mais je ne sais rien de toi.
- Je t’en ai parlé…
- Non, pas ça… ça, c’étaient des mensonges.
- Qu’est-ce que tu racontes… ? murmura Reiko qui commençait à reculer.
- Rei, dès le premier instant j’ai su distinguer tes mensonges. Tu ne m’as pas dit toute la vérité.
- Donc tu me connais mieux que tu veux bien l’avouer » lâcha-t-elle. Sentant le piège, elle voulut ramasser le tableau à ses pieds. Il lui attrapa les poignets, sans violence mais avec fermeté, et la força à le regarder en face. « Alors pourquoi ai-je l’impression que nous jouons sans cesse la comédie ? A quel jeu joues-tu, Reiko ?
- Je ne joue à rien » répondit-elle sans tenter de se libérer. Sa voix manquait pourtant de fermeté.
« ça suffit. Tu ne peux pas nier que tu me caches quelque chose, même si je ne t’obligerai pas à me le dire. C’est ton droit.
- Exactement, tout comme tu as le droit de me décommander ce portrait. Je ne veux plus te peindre.
- Pourquoi ? Tu ne veux plus me voir ? »
Reiko se mordit la lèvre pour ne pas céder aux larmes qui montaient. Non ! Pourquoi se laisserait-elle aller si près du but ? Malgré tout le regard bleu de Shojiro était tellement suppliant ! Elle avait oublié qui il était depuis longtemps, ce qu’elle faisait ici. Elle avait oublié sa raison d’être.
Il attendit patiemment qu’elle parle. Enfin, elle dit d’une voix à peine plus haute qu’un murmure : « Pardon, je ne peux pas te le dire, pas plus que je ne peux finir ce tableau… restons-en là, Shojiro. De toute façon rien ne sera jamais possible, tu es prince et je suis… » Le jeune homme ne l’entendit pas. Reiko n’eut pas le temps de regretter ce qu’elle avait dit.
« Exactement ! dit-il en la plaquant au mur. Je suis le prince, tu l’as dit toi-même. Tu me dois obéissance, alors tu vas tout me dire sinon… Je ferai de toi ce que je veux.
- Shojiro… »
Il avait complètement changé. Il était brusquement devenu le prince Shojiro. Avait-il jamais cessé de l’être ? C’était comme s’il venait de faire tomber le masque qu’il avait mis en sa présence. Mais c’était trop tard, elle ne pouvait plus revenir en arrière. Et elle ne lui devait rien. Elle ne parlerait pas, si cela devait le tuer. Car elle ne voulait plus tuer cet homme. Elle avait joué l’innocente en peignant, en passant ses journées à absorber le moindre de ses traits, et oublié ce qu’il pouvait voir à travers ses yeux gris. Elle ne pensait pas s’être si peu cachée. Etait-elle si vulnérable lorsque son esprit se concentrait sur ce qu’elle devait peindre ? Ou plutôt, était-elle si vulnérable quand son cœur était envahi par la présence d’un homme ? Quoi qu’il en soit il l’avait piégée, et pour elle il était trop tard.
« Je ne dirai rien ! »
Elle avait hurlé. Sa voix se perdit entre les murs de la pièce tandis que le prince la renversait par terre. « Non… non ! » suffoqua-t-elle quand le corps de Shojiro l’écrasa contre le marbre glacé. Elle n’arrivait plus à parler. Sa naïveté l’avait perdue. Elle aurait dû y penser plus tôt. Shojiro lui avait paru différent, et c’était vrai : il était bien plus malin que tous les autres. Comment avait-elle pu se dévoiler à ce point ? Elle laissa les larmes dévaler ses joues avec la certitude que son corps ne lui appartenait plus.
Père… mère… mes sœurs… Pardon ! J’ai voulu vous venger, au péril de ma vie, et tenter d’améliorer les choses. Le malheur a placé cet homme sur ma route. Shojiro… j’ai été stupide. Il n’y a rien de bon dans ces gens-là. C’est ce que j’ai toujours pensé, jusqu’à ce que je croise le regard de ce prince. Mais je me suis trompée depuis le début. Je me suis égarée dans le silence qui nous rapprochait au lieu de nous éloigner, ces paroles qui ont allumé une flamme dans l’obscurité de mon coeur. J’ai trop hésité, je me suis trop découverte. Et il m’a trahie… Peut-on seulement parler de trahison ? Y avait-il pensé depuis le début ? Pourtant je n’ai rien dit, j’ai continué d’espérer…
Croyez-vous… qu’il y avait une part de vérité dans son cœur ? Même minuscule ? Est-ce qu’il m’a un peu aimée ? Je n’en sais rien, je ne veux plus savoir, je ne peux plus. Cependant il y a une chose que je sais.
Il mourra quand j’aurai terminé son portrait.
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Les ordres de mon prince n’ont pas lieu d’être retardés, quelle que soit la distance, répondit Reiko en s’inclinant de nouveau. : Retardés ne convient pas
reprendre la pose, car celle-ci avait tendance à se ramollir avec : ramollir fait bizarre
Très bon chapitre, lecture agréable, merci, continue !
Pourvoyeuse-de-Vent Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert
Merci à vous! Shaevar c'est une excellente idée mais tu suggères de le mettre en début de chapitre?
Tes remarques sont aussi judicieuses Ghighir je vais corriger
Le chapitre 5 devrait être là ce soir, ou au plus tard demain (le plus probable vu qu'il faut quand même que je fasse mes devoirs! ) Petite précision en avance: contrairement aux apparence ce ne sera pas le dernier chapitre (encore un + épilogue )
Pourvoyeuse-de-Vent Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert
Ok j'y réfléchirai Voilà le chapitre V (pas le dernier)
CHAPITRE V
Jin salua son père d’un bref hochement de tête et alla prendre place en face de lui, laissant entre eux la largeur de la grande table. Une fois assis, ses pensées eurent tôt fait de s’égarer et il plongea dans la contemplation des immenses tapisseries qui ornaient les murs de la salle de réception du château.
« Ce n’est pas trop tôt ! tonna le seigneur Hattori en bondissant de son fauteuil. Je t’ai fait demander il y a plus de deux heures ! Sans compter les autres fois où tu n’as même pas daigné te présenter !
- Pardonnez-moi, père, je n’étais pas au château…
- Le fils du seigneur des lieux ne doit pas sans cesse agir à sa guise ! Combien de fois devrai-je te le répéter ? Tu as un rang à tenir ; tu es mon héritier et je serai bientôt empereur.
- La bataille n’a pas encore eu lieu, père, rappela Jin avec empressement.
- C’est justement de cela que je dois t’entretenir. »
Le seigneur Razan Kaemon Hattori avait une tête de plus que son fils ; c’était un homme dur et entêté qui ne renonçait pas facilement à ce qu’il entreprenait. Il y avait été obligé, quatre ans auparavant, à cause de la supériorité des troupes de l’actuel empereur de Terase, mais il comptait bien à présent faire basculer les choses et y mettait toute son énergie. Car le trône était sa seule raison d’être, et tant qu’il vivrait il ne l’abandonnerait pas avant d’y avoir pris place.
Jin le regarda déployer sur la table une grande carte du pays. Son père se mit ensuite à parler, désignant des endroits précis où les troupes devraient se tenir et la stratégie qu’il avait choisie, mais il n’écouta pas. Tout juste l’entendit-il conclure fièrement : « Et c’est toi, mon fils aîné, qui iras mener les troupes au combat !
- Quoi ?
- Pourquoi fais-tu cette tête ? nous en avons déjà parlé ! Il est plus que temps d’écarter ce vieux débris de Takashi, et pour toi de faire tes preuves au champ de bataille. Les soldats impériaux sont nombreux, je te l’accorde, mais leur chef n’a même plus la force d’aller les encourager. Tu es jeune, toi, tu sauras leur apporter la victoire avec un discours bien mené ! Crois-moi, la motivation des troupes joue beaucoup dans l’issue d’une bataille.
- Je n’en doute pas, père, mais…
- Mais ?
- Je n’ai pas l’intention de diriger notre armée. »
Il avait dit cela d’un ton neutre, sans baisser les yeux. Son père, croyant à une plaisanterie, éclata de rire. « Tu crois peut-être que ton peureux de frère s’en sortira mieux que toi ? Il ne reviendrait pas vivant !
- Je ne vous demande pas d’envoyer Ryushi, père. Je vous demande de ne pas engager ce combat.
- Qu’est-ce que tu racontes ? »
Le seigneur Razan dévisagea Jin comme pour s’assurer que c’était bien son fils qu’il avait devant les yeux. Le jeune homme en profita pour poursuivre : « Cette bataille est inutile. L’empereur s’affaiblit depuis la mort de son fils. En quatre ans, son état a empiré, et aujourd’hui même les plus optimistes ne lui donnent pas un mois à vivre. Vous aurez le pouvoir sans avoir besoin de verser le sang, puisque c’est la seule chose qui compte pour vous. »
Razan répliqua d’un ton glacial : « J’ai besoin d’une démonstration de force, Jin. Je ne me contenterai pas de ramasser la couronne de ce vieillard sénile ! Le peuple verra la puissance des Hattori et le pouvoir reviendra enfin à notre famille.
- Prenez-le si vous le souhaitez tant, père, mais après vous il n’y aura personne. Les gens sont las de ces luttes inutiles. Ils ont besoin de quelqu’un qui les guide, pas qui les soumette et leur vole leurs biens. Il ne veulent ni chef ni empereur, seulement une terre où vivre en paix, et une famille qui ne soit pas estropiée par la guerre et la famine. »
Razan écouta le discours de son fils en silence, consterné. « Par les dieux tout-puissants ! que s’est il passé dans ta tête pour que je t’entende proférer de telles paroles ?
- J’ai simplement rencontré quelqu’un qui a compris mieux que vous ou moi les trop grands fossés entre nobles et paysans.
- Ah ! C’est pour ça que tu étais absent ces derniers temps ! C’est une femme, hein ? Il n’y a qu’elles pour avoir des idées aussi stupides !
- Cela ne vous regarde pas. Je voulais simplement vous dire que je ne commanderai pas vos troupes.
- Tu iras, Jin ! explosa le seigneur. Par la force s’il le faut !
- Si vous insistez, père. Mais, moi vivant, le sang ne coulera plus. »
Il adressa un dernier regard à son père, regrettant quelque part que l’illusion du pouvoir l’ait aveuglé à ce point, et s’en alla en claquant la porte. Il avait fait ce qui lui semblait le plus juste, restait à savoir s’il parviendrait à atteindre son but. Car sa vie s’arrêterait sans doute avant qu’il réussisse quoi que ce fût.
Jin n’avait plus besoin de demander où en était le tableau. Il savait que tout devait finir ce jour-là. D’ailleurs, le visage de Reiko, déjà naturellement pâle, était blafard, comme si son sang avait cessé de circuler dans ses veines. Elle continuait à peindre mais ses gestes semblaient de plus en plus lents à Jin qui cherchait un moyen de lui parler. Il avait tout vu, tout compris, mais n’osait plus agir. Et jamais la mort ne lui avait paru si proche. Il n’avait pas cru Reiko qui disait avoir tué Shojiro. Il avait eu tort. A présent c’était sa propre vie qui se jouait, parce que Reiko avait vu en lui le fantôme du prince qu’elle avait autant haï qu’aimé. Il décida finalement de se taire, de voir jusqu’où Reiko était prête à aller. Serait-elle capable de « le » tuer une deuxième fois ? Sa vengeance était pourtant déjà accomplie. Mais, plus que tout, Jin se demandait s’il ressemblait à ce point à Shojiro. Effectivement, son comportement avait été similaire à celui du prince défunt, mais l’amour qu’il savait à présent porter à Reiko n’avait jamais eu le même caractère possessif. Jamais il n’oserait la brutaliser comme Shojiro l’avait fait. Il avait au moins cette certitude.
Il ferma les yeux et attendit. Une voix douce et lointaine lui parvint :
« Jin, je sais que tu dois être fatigué, mais ouvre les yeux, s’il te plaît. C’est tout ce qu’il me reste à peindre. »
Le jeune homme se redressa, le corps flasque. Reiko le transperçait de son regard gris depuis son chevalet. Des gouttes de sueur coulaient lentement sur ses joues. Il ne faisait pourtant pas si chaud, l’automne venait de commencer. Elle ferma à son tour les yeux, quelques secondes, puis les rouvrit. Elle paraissait déterminée.
Un frisson parcourut Jin des pieds à la tête quand Reiko disparut derrière la toile. Une éternité sembla s’écouler avant qu’un bruit sourd sorte le jeune homme de sa torpeur. Il se leva d’un bond. Reiko venait de s’écrouler devant sa peinture. Jin se précipita aussitôt. « Reiko ! Que se passe-t-il ? »
Le visage pâle comme la mort, elle entrouvrit les yeux et aperçut Jin au-dessus d’elle. Des larmes apparurent aux coins de ses paupières. Stupéfait, le jeune homme la pressa : « Rei, dis-moi… pourquoi ? Parle-moi, je t’en supplie. Je ne veux plus que tu souffres…
- Pardon, Jin ! Pardonne-moi ! » s’écria-t-elle se cachant le visage entre les mains. « Je n’ai pas pu, dit-elle d’une voix étouffée. Je n’ai pas réussi à te tuer… à le tuer encore. Je ne peux plus… j’ai trop tué. »
Jin releva ce « trop » malgré lui. Dans la bouche de Reiko chaque mot avait un sens, même s’il avait déjà compris. « Qu’est-ce que tu veux dire ? demanda-t-il cependant, car il n’était rien censé savoir. Tu n’as pas tué que lui ?
- Oh, si tu savais… je suis maudite, mais sans cette malédiction je n’aurais pas pu me venger. »
Elle se mordit la lèvre jusqu’au sang et se tut, regrettant sans doute d’avoir trop parlé. Jin la prit dans ses bras et glissa au creux de son oreille : « Ne garde pas ça au fond de toi, il ne faut pas. Je suis là, Rei… »
Il la serrait dans ses bras à l’étouffer. Reiko dut se racler la gorge avant de pouvoir parler à nouveau.
« Tu as raison, lâcha-t-elle, vaincue. Autant en finir tout de suite. Tu as sans doute le droit de savoir. » Elle prit une inspiration résignée et avoua d’une voix éteinte :
« Je peux tuer les gens que je peins, à condition d’achever mes tableaux. »
Bien qu’il l’eut déjà deviné, Jin frissonna de l’entendre de sa bouche. « C’est impossible, dit-il. Personne ne peut faire ça…
- Je sais, pourtant j’ai ce don, plutôt cette malédiction. Les gens ont eu raison de me craindre. C’est comme ça que j’ai tué Shojiro, c’est vrai, mais bien d’autres avant lui… Des nobles, des seigneurs qui m’ont passé commande autrefois. J’ai peint leur portrait et, une fois la peinture terminée, ils sont morts plus ou moins longtemps après, de façon naturelle pour qu’on ne me soupçonne pas. Je faisais en sorte d’en laisser en vie, et personne n’a jamais rien trouvé d’anormal à ces morts. Moi, cela me faisait du bien de mettre un terme aux vies de ces gens qui profitaient des plus pauvres. Alors tu imagines, quand le fils de l’empereur en personne m’a fait une commande… je n’ai pas hésité un instant. Ma vengeance allait pouvoir être complète.
- Mais… Tu ne voulais pas encore te venger de lui…
- Non. Je parle de ma famille… » répondit-elle dans un souffle. « Ma famille qui est morte il y a huit ans, massacrée par des soldats impériaux parce que mon père n’avait pas pu donner ce qu’il devait à l’empereur, comme beaucoup d’autres d’ailleurs puisque les récoltes n’avaient pas été bonnes. C’est à cette époque que j’ai appris la cruauté du monde, en regardant le sang des miens se répandre sur le sol. Je me suis cachée avant de fuir comme une lâche… mes cauchemars aujourd’hui sont le prix de cette lâcheté.
- Tu étais petite, il n’y a aucune lâcheté…
- Peut-être, mais j’entends encore leurs hurlements dans ma tête. Si j’étais morte avec eux j’aurais eu la paix… mais je suis restée en vie, envers et contre tout, pour mettre fin au règne des seigneurs dans ce pays. C’est alors que j’ai réalisé le pouvoir que j’avais et combien il allait me servir. »
La jeune femme s’était calmée, elle cessa de parler pour se laisser aller contre l’épaule de Jin. Ce dernier caressa doucement les boucles cuivrées. Il mesurait seulement l’étendue des souffrances de Reiko, en plus de celles qu’il savait déjà. Il ne lui demanda pas de continuer, sachant quelle douleur cela réveillait en elle, mais elle poursuivit d’elle-même, d’un ton apaisé, comme si elle racontait simplement une histoire : « Ce prince… je haïssait les nobles, et lui encore plus puisqu’il allait être le prochain empereur. Cependant il s’est passé quelque chose en moi, que je ne peux expliquer. Un sentiment nouveau, inconnu… Je pourrais facilement lui donner le nom d’amour mais… je ne pense pas… c’est autre chose, c’est au-delà… ça n’a pas de nom. C’est ce que je ressentais pour lui. C’est pour ça que je n’ai d’abord pas pu finir le tableau. Lui… je le croyais différent… il m’a volé mon corps pour me forcer à lui dire qu’il allait mourir si je terminais son portrait. Quelle ironie, s’il avait su… Et moi, je n’ai pas eu la force de lui résister. Quand j’ai repris connaissance, allongée sur le sol, il était à côté de moi. Il pleurait et m’implorait pardon pour son geste. Moi, je ne savais plus quoi dire. J’étais vide, immensément vide. Je lui ai tout révélé sur mon pouvoir, sachant que je n’avais plus rien à perdre, mais il ne m’a pas crue, comme toi au début. Jusqu’au bout il m’a refusé sa confiance. Je ne l’ai pas accepté. Alors j’ai pris mon pinceau et j’ai… »
Elle n’acheva pas sa phrase. Elle regardait ses mains comme si elle seules avaient été coupables. Jin déglutit péniblement. Il connaissait la suite.
« … J’ai fini le tableau. D’un simple coup de pinceau, je l’ai tué. J’ai achevé ma vengeance et me suis moi-même enfoncée un couteau dans le cœur. Cela ne m’avait jamais paru aussi facile. Quand j’ai pris conscience de mon geste il était trop tard, bien sûr. Pourtant quelque part je savais que je n’aurais pas dû. Oui, je n’aurais pas dû rendre la justice moi-même. Je n’avais pas le droit de faire ça. Et dans son dernier regard, j’ai eu l’impression qu’il se réjouissait à l’idée de me hanter pour toujours ; parce qu’il savait que, si grande que fût ma haine, je regretterais toujours… Il me connaissait davantage que je ne l’aurais jamais cru. Il a fait semblant de m’aimer, de m’attirer, pour que je baisse ma garde et qu’il perce mon secret. Il m’a abusée pour mieux me demander pardon ensuite, il s’est laissé mourir pour mieux me torturer après sa mort. Car il savait ce qui l’attendait et il a choisi l’autre monde en abandonnant tout ce qui était sien dans celui-ci. Il n’a même pas cherché à m’en empêcher. A mes yeux cela n’a jamais été une preuve d’amour, et encore moins une façon de se racheter puisque je ne lui ai pas pardonné. Je le hais… je le hais mais je l’aime ! Ô dieux, comme je l’aime ! »
Elle versa des larmes silencieuses, les bras serrés le long du corps. Jin ne trouva rien à dire, à faire pour la consoler. Il ne pouvait rien, lui. Ce n’était pas Shojiro qui continuait à faire du mal à Reiko depuis l’au-delà, c’est elle qui se malmenait l’esprit avec un fantôme. Qu’il l’ait aimée ou non n’avait d’importance que pour elle. Elle regrettait son geste même si elle refusait de se l’avouer, puisqu’il était aussi l’aboutissement de sa vengeance.
« Quand je t’ai vu…, dit-elle en relevant la tête, le visage inondé de larmes, je me suis méfiée. Au fond de moi, je me demandais si c’était un rêve ou un cauchemar, puisque j’avais renoncé à lui pour toujours. Et puis j’ai réalisé… combien tu lui ressemblais. Plus que tu ne peux l’imaginer, même si tu t’es d’abord montré froid et orgueilleux. Je ne t’aimais pas parce que tu étais noble. Depuis Shojiro je m’étais juré de ne plus obéir à personne, et encore moins aux gens comme toi. Mais quand tu as demandé que je fasse ton portrait… je n’ai pas douté que c’était Shojiro qui revenait des enfers pour voir si j’allais être capable de le tuer à nouveau. J’ai vraiment pensé ça, tu sais, et j’ai eu peur de toi, surtout quand tu as voulu me toucher.
- Pardon, je ne voulais pas t’effrayer… j’avais juste réalisé combien je…
- Non, ne dis rien, coupa-t-elle en posant un doigt sur ses lèvres. C’est à toi de me pardonner, Jin. J’allais te tuer parce que je t’avais associé à une ombre.
- Rei… Si cela peut te libérer, je ne t’empêcherai pas de finir cette toile. Je veux juste que tu sois heureuse et que tu cesses de te tourmenter.
- Rien ne me libérera jamais, je le sais à présent. Il m’a tenu prisonnière depuis le début. J’ignore même s’il m’a seulement aimée… C’est dérisoire… »
Elle se mit à genoux, souriant à travers ses larmes. Elle parut soudain si fragile aux yeux de Jin, si petite. Elle n’avait plus rien pour se protéger. Ses sourires joyeux n’étaient plus qu’une image à demi effacée par le voile de la souffrance. Il se rappela qu’il ne lui avait rien dit de sa visite clandestine. Cela n’avait plus d’importance, au fond, mais il lui restait une chose à faire. Sans un mot, il fit demi-tour pour entrer dans la maison, laissant Reiko dans l’herbe. Il alluma un feu dans la cheminée, alla chercher le portrait de Shojiro dans la remise et le souleva au-dessus des flammes.
« Non ! »
Reiko se tenait sur le seuil, l’horreur peinte sur le visage. Elle courut vers lui pour l’empêcher de commettre l’irréparable. « Ne fais pas ça, Jin !
- Pourquoi ? N’est-ce pas la cause de tous tes maux ? Ne veux-tu pas t’en libérer ?
- Si, mais… c’est tout ce qu’il me reste de lui…
- C’est faux ! Ne l’as-tu pas dit toi-même ? Il est suffisamment présent dans ta tête pour ne pas devoir en plus contempler éternellement son visage. Reiko… je ne suis pas comme lui, moi ! Je t’aime…
- Je sais, mais…
- Non, tu ne sais pas ! cria-t-il. Je ne jouerai jamais avec tes sentiments ou te traiterai comme un être inférieur ! Jamais je ne pourrai faire… ce qu’il a fait. Parce que je te fais confiance…
- Tu… »
Les yeux de Reiko s’agrandirent de stupeur. C’était peut-être vrai. Il était différent. Le silence pesa dans la pièce, jusqu’à ce que la jeune femme hoche la tête comme un pantin.
« Fais ce que tu veux, dit-elle à mi-voix. Cela m’empêchera simplement de passer mes soirées à le fixer comme s’il était encore vivant, là, devant moi. Tu peux brûler cette peinture mais pas effacer la place qu’il a prise dans mon cœur. »
Les traits de Jin étaient tendus, crispés. Il fit soudain basculer le portrait dans les flammes, avec une colère et une violence que Reiko ne lui connaissait pas. Elle réalisa alors seulement qu’il était sincère. « Pardon, murmura-t-elle en se rapprochant de lui, après avoir contemplé la toile se consumer dans le brasier. Je ne devrais pas me raccrocher au passé, mais j’ai l’impression que si je ne le fais pas je vais tomber. Je ne peux pas non plus accepter ce que tu m’offres ; du moins pas pour l’instant. J’aimerais tant, tu sais… parce que tu comptes vraiment pour moi. Mais je crois aussi que tu mérites mieux, Jin. Bien mieux que la meurtrière que je suis… » Elle lui prit doucement la main. « Sortons, je dois te donner quelque chose… »
Une fois dehors, alla prendre le portrait qui n’était pas encore sec et le remit à Jin. « Il est à toi. Considère qu’il est fini ; de cette façon nous serons quittes.
- Tu ne veux plus que je revienne, c’est ça ? Ce tableau n’a plus d’importance pour moi, Reiko. Aujourd’hui c’est toi que je veux.
- Ne dis pas n’importe quoi et prends-le, insista-t-elle en le lui donnant de force. Je n’ai rien d’autre à t’offrir pour me faire pardonner.
- Pourquoi ? tu dois me détester, non ? Je suis fils de seigneur, moi aussi.
- Oui, c’est vrai. Mais il me semble que tu as changé depuis notre première rencontre. J’aimerais que tu me fasses une promesse : quand tu seras empereur, n’oublie jamais ceux que tu ne vois pas, et qui sont comme autant de fourmis à tes yeux. Souviens-toi que tu n’es qu’un homme, ni plus ni moins.
- C’est promis, mais je crois que j’ai compris, répondit-il en souriant. Et je n’ai pas l’intention d’être empereur. J’espère seulement que tu me permettras de revenir te voir, de temps en temps…
- Bien sûr… »
Elle souriait mais son regard était ailleurs. Ils s’étreignirent, longtemps, puis Jin enfourcha son cheval. Il reprit le chemin de la plaine, le tableau attaché à sa selle. Le visage de la jeune femme qui le suivait des yeux lui parut tout à coup moins pâle que d’habitude, et il comprit, une fraction de seconde, ce qu’elle voyait parfois à la place des choses, ces couleurs et ces formes. Et c’était vraiment la plus belle chose qui existait…
Wow... très beau chapitre, la fin m'a vraiment ému, en particulier les toutes dernières phrases. Je n'ai pas vraiment de commentaire à faire. Le début également, avec Jin et son père, m'a bien plu.
Voilà, et maintenant j'ai hâte de lire la fin.
Appelez moi <a href=http://www.lepetitprince.com/fr/>Prince</a>
Effectivement, j'ai aussi tiqué sur ce passage. As part ça....c'est quoi cette plus belle chose qui existait??? Enfin, je suppose que c'est laissé a l'imagination du lecteur..
Je suis en train de lire les Nouvelles Orientales de Marguerite Yourcenar, et je me suis demandée si tu ne t'en étais pas inspirée. Dans la première nouvelle, une rumeur court sur le peintre comme quoi il aurait le pouvoir de donner vie à ses tableux en ajoutant une dernière touche de couleur dans les yeux, ça m'a de suite fait penser à ton histoire.
Pourvoyeuse-de-Vent Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert
Les Nouvelles Orientales a été le premier livre que j'ai étudié au début de l'année et maintenant que tu le dis c'est vrai qu'il y a une ressemblance. Mais si je m'en suis inspirée c'était dans mon inconscient! tu peux le croire si je le dis comme ça? cette histoire m'est venue comme ça avec un début un milieu et une fin (alors que d'habitude j'ai l'un des 3 mais jamais les 3 ) et je l'ai écrite, mais je n'ai pas pensé un seul moment à cette nouvelle
edit: et puis pour Wang Fo il s'agit de paysages, ici Reiko tue des gens avec leur portrait, c'est différent quand même