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Le jeu de l'innocence
(Sujet créé par Isaeda l 20/12/05 à 11:34)
non favori


On ne peut pas vraiment appeler ça un roman ni même une nouvelle, disons que c'est une histoire que j'ai écrite vala Merci à ceux qui prendront le temps de la lire et de me dire ce qu'ils en pensent


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Isaeda
19/12/2005 18:32
Pourvoyeuse-de-Vent
Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert

CHAPITRE I


Jin tourna la bride de son cheval vers l’ouest. Du moins était-ce la direction qu’indiquait sa boussole ; il avait l’impression au contraire de s’éloigner de la plaine. Cela faisait déjà plusieurs heures qu’il était entré dans cette forêt aux arbres si denses qu’il ne voyait pas à plus de cinq mètres devant lui. La lisière lui semblait encore bien loin. Même si la journée n’était pas encore très avancée –on approchait de midi, d’après le soleil qu’il avait vaguement pu apercevoir à travers le feuillage épais au-dessus de sa tête- il n’avait pas l’intention de s’éterniser ici. Cependant il n’avait pas imaginé que cette forêt fût si grande. Sur la carte du nouveau domaine que son père venait d’acquérir et qu’il avait eu l’idée d’explorer la veille, ce n’était qu’une tache pas plus grosse que son doigt. En fait, il avait l’impression de tourner en rond, et cela l’énervait plus que l’inconfort de sa selle ou la crainte de faire une mauvaise rencontre.
Il finit par mettre pied à terre et à s’asseoir un instant pour se reposer tout en réfléchissant au moyen de sortir de là. Il consulta sa carte encore une fois, puis sa boussole qui indiquait toujours l’ouest, et décida finalement de continuer. Il aboutirait bien quelque part. Effectivement, peu de temps après avoir repris son chemin entre les arbres, il distingua un point clair dans la pénombre de la forêt. Il arriva finalement dans une clairière parfaitement circulaire, avec en son centre une petite maison en bois coiffée d’une cheminée de pierre.
Jin descendit de sa monture, surpris de constater que quelqu’un habitait cette forêt. La cabane ne paraissait pas bien grande mais suffisamment solide pour avoir résisté à plusieurs hivers. Il convint que c’était un bel endroit : le soleil se déversait sans retenue sur l’herbe verdoyante parsemée de mille fleurs dont il ignorait le nom. Un potager se trouvait à proximité, visiblement entretenu et riche des légumes de la fin de l’été. La personne qui vivait là ne devait manquer de rien, pensa-t-il, et puis une autre pensée lui vint aussitôt, en tant que fils du seigneur de la région : cette clairière, comme la forêt, appartenait désormais à son père, et personne ne pouvait y habiter sans s’être d’abord fait connaître et lui avoir juré allégeance. Peu importe la beauté du lieu, son hôte n’avait rien à y faire.
Il commença par appeler de l’extérieur puis, n’obtenant pas de réponse, frappa à la porte. D’ordinaire, il ne se serait pas gêné pour pénétrer dans une maison de manant, mais curieusement quelque chose le retint. Il fit alors le tour de la maison et trouva un chevalet planté dans l’herbe, avec toile posée dessus. Une palette qui paraissait avoir beaucoup servi attendait sur le tabouret que son propriétaire vienne continuer le tableau. Jin, de plus en plus troublé, se pencha sur la peinture. C’était une ébauche assez avancée, pourtant le jeune homme eut beau regarder autour de lui, rien ne correspondait à ce qui était représenté sur la toile, il lui était même impossible de nommer ce qu’il voyait.
Il secoua la tête. Tout cela était absurde ! Il s’éloigna du chevalet et décida d’attendre le retour de l’hôte de ces lieux, dont il se faisait déjà l’image d’un vieil homme retiré du monde qui vivait là en ermite et s’adonnait à la peinture.
« Bonjour ! Qui êtes-vous ? »
Jin resta un instant figé en entendant la voix dans son dos. Une voix douce, innocente, et d’une pureté qui lui donnait la même impression que ce qu’il avait vu sur le tableau. Les membres étrangement engourdis, il se retourna. La jeune femme à la lisière de la forêt le regardait avec une méfiance qui contrastait avec son ton, immobile. Elle inspirait pourtant la même candeur, avec son visage ovale qu’encadraient une multitude de boucles cuivrées et désordonnées. Sa peau était blanche, presque translucide, et accentuait la fragilité apparente de son être. Elle était vêtue d’une simple robe blanche qui laissait voir de longues jambes, fines comme tout son corps.
Lorsqu’elle se rapprocha, Jin put distinguer ses yeux d’un gris pâle mais profond. Elle ne demanda à nouveau d’un ton sérieux : « Qui êtes-vous ? Je ne vois jamais personne par ici, c’est que vous devez être perdu. » On aurait dit qu’elle s’apprêtait à partir en courant selon sa réponse. Jin se secoua tant bien que mal pour se remettre dans la peau du noble qu’il était face à une simple paysanne. « Je suis Jin Sadao Hattori, fils du seigneur Razan Kaemon Hattori qui vient d’acheter cette forêt et plusieurs ares aux alentours. Tu te trouves désormais sur ses terres. Tu dois donc partir ou bien aller te soumettre à mon père pour qu’il t’autorise à vivre ici. »
La jeune femme écarquilla un instant les yeux après la tirade de Jin et éclata de rire. Le jeune homme, irrité par son insolence, eut envie de l’expulser lui-même, mais il se souvint qu’il était perdu et que cette fille pourrait l’aider à retrouver la plaine. « Je fermerai les yeux sur ton audace, femme, dit-il quand elle s’arrêta enfin, à condition que tu me conduises à la sortie de la forêt. Tu n’as plus le droit de rester là.
-Je suis désolée, répliqua-t-elle sans se démonter, mais je n’ai pas le temps pour le moment, je dois m’occuper de ces fleurs avant qu’elles ne se fanent. »
Elle désigna le panier qui pendait à son côté gauche. Jin constata qu’il était rempli de fleurs de toutes sortes et de toutes couleurs. La jeune femme n’attendit pas son assentiment et passa devant lui sans un regard pour aller prendre place sur le tabouret, après voir posé délicatement palette et pinceau sur le chevalet. Jin ne put que la dévisager avec stupéfaction. Cette fille de rien venait de braver son autorité, et à travers elle celle de son père. Il ne pouvait pas laisser passer ça. D’un geste prompt, il sortit son sabre de son fourreau et s’exclama : « Par les dieux tout-puissants, femme ! As-tu l’intention de te rebeller contre ton maître ? »
La jeune femme avait posé le panier sur ses genoux et commençait à trier les fleurs. Elle répondit calmement, toujours concentrée sur sa tâche : « Mon nom n’est pas « femme ». Je suis Reiko. Vous avez raison, cette clairière ne m’appartient pas, pas plus que la maison, mais elles n’appartiennent pas davantage à votre père. Vous pouvez me tuer, elles ne seront jamais à lui.
-Qu’est-ce que tu racontes, femme ? Serais-tu folle ?
-Pour l’instant j’aimerais m’occuper de mon travail dans le silence. J’aurai du mal si vous hurlez comme ça. »
Jin était tellement abasourdi qu’il ne trouva pas les mots pour répondre. Il se rendit compte de sa posture, le sabre brandi prêt à s’abattre sur le cou de Reiko, et l’abaissa. La jeune femme ne s’était pas interrompue ; elle prenait les fleurs une par une, mettait de côté celles qui ne lui servaient pas pour l’instant et gardait les autres. Jin ne put s’empêcher d’admirer la rapidité avec laquelle elle accomplissait de son travail. Elle savait exactement d’un simple coup d’œil quelle couleur elle allait utiliser et gardait la fleur qui correspondait à cette couleur. Jin se racla la gorge, ne sachant trop quelle attitude adopter puis, curieux malgré lui, demanda : « Alors c’est toi l’auteur de ce tableau ? Tu utilises des fleurs ? Vous... Comment vas-tu en faire de la peinture ? » Il avait été sur le point de la vouvoyer ! Reiko daigna enfin s’arrêter pour lui répondre d’un air malicieux : « Chacun ses petits secrets, Jin… Mais au fait, pourquoi restez-vous planté là ? » Le jeune homme rougit et tenta en vain de justifier la fascination qu’elle lui inspirait. « Venez, dit-elle en écartant les fleurs. Puisque vous êtes là, je vais vous faire goûter à mon thé. Vous avez bien un peu de temps ?
-Mais… et les fleurs ? » bafouilla Jin. Il rougit d’avoir laissé échapper de l’intérêt pour ce qu’elle faisait. Il s’en moquait après tout ! Elle se leva. « Ne vous inquiétez pas, elles ne vont pas mourir à la minute ! Je poursuivrai tout à l’heure. »
Jin suivit d’un pas mécanique l’étrange jeune femme.

« Il y a longtemps que tu vis ici ? »
La maison, de taille modeste, ne contenait que le strict nécessaire pour vivre, mais elle était propre et bien tenue. Il y avait une seule pièce, où Reiko vivait, plus une petite remise où elle entreposait ses œuvres. « Depuis bientôt quatre ans » dit-elle en servant le thé à Jin. Ce dernier avait oublié qu’il acceptait de boire le thé d’une paysanne et foulait le sol en terre de sa demeure. Reiko le forçait à la regarder en égale. « Mais d’où sors-tu tes toiles ?
-Une fois par an je vais à la capitale pour me réapprovisionner. Je n’en achète jamais plus de trois ou quatre car je suis assez longue à peindre un tableau, quand ce n’est pas sur commande. Et pour la peinture, j’achète une pâte spéciale que je colore ensuite avec des colorants extraits des fleurs. J’ai ainsi les couleurs qui me conviennent.
-Tu vends tes toiles une fois qu’elles sont finies ?
-Non, je les garde. Autrefois, je les vendais, c’est pour ça que j’ai quelques économies pour en acheter des neuves.
-Autrefois… »
Jin n’acheva pas sa phrase. Il manqua de renverser son thé. Comment avait-il pu ne pas la reconnaître alors que mille rumeurs avaient circulé sur cette femme ? « Alors c’est toi, la sorcière… celle qu’on soupçonne d’avoir tué le prince héritier ? »
Reiko sourit d’un air innocent, et son sourire creusa de petites fossettes dans ses joues. « Tiens, je ne pensais pas que les gens s’en souviendraient ! Ou alors peut-être que tu connaissais cet homme ?
-De quel droit te permets-tu de me tutoyer, femme ? » demanda-t-il impérieusement le en retrouvant sa supériorité et son aplomb. Pas pour longtemps. Reiko dégusta tranquillement son thé avant de répondre : « Mon nom est Reiko, je te l’ai déjà dit. Et je ne suis pas une sorcière, même si j’ai effectivement tué le prince héritier. Les rumeurs déforment vite la réalité ; tu devrais le savoir, toi qui es noble et connais l’univers de la cour. Ce n’est pas pour rien que je me cache ici depuis plus de quatre ans. » Elle venait de dire cela avec tant de sérénité que Jin éclata de rire. « Toi ! Tu n’as pas froid aux yeux de m’avouer ça aussi directement. Je pourrais te tuer dans l’instant, et je crois que c’est ce que n’importe qui ferait à ma place. Mais même si ce que tu dis est vrai je ne t’en voudrais pas le moins du monde, tu sais pourquoi ? Les Takashi sont sur le trône depuis des années mais se le sont disputé avec ma famille pendant plusieurs générations. Lorsque Hayato Takashi est devenu empereur à la suite de sanglantes batailles avec mon père, alors que je n’étais qu’un enfant, ma famille a été écartée et a vécu dans l’ombre et la misère. Mais il y a quatre ans, la mort du prince héritier les a profondément déstabilisés et a permis à mon père de reconquérir autant de territoire que possible. Aujourd’hui le pouvoir est sur le point de passer entre ses mains. Alors ça m’est égal de savoir si c’est vraiment toi qui a tué cet imbécile de Shojiro par je ne sais quelle sorcellerie, en tout cas ça nous a bien aidé. »
Il se rassit en riant, sa bonne humeur retrouvée. Reiko ne l’avait pas quitté un instant des yeux et le fixait d’un bien étrange regard. « J’aurais dû savoir tout de suite qui tu étais, reprit-il. Une femme seule cachée au plus profond d’une forêt et qui peint, ce n’est pas banal. Tu étais connue à l’époque, puisque le fils de l’empereur en personne t’a demandé son portrait. Mon père a même failli te passer commande une fois, mais il n’avait pas le temps pour ce genre de fantaisie. Je me moque bien de ces rumeurs qui te disent sorcière, je n’ai pas la superstition idiote du peuple. Pour preuve, j’ai l’intention de te demander mon portrait.
-Ton portrait ? » répéta Reiko, la tasse figée à mi-chemin de sa bouche. Jin sourit. « Eh bien quoi ? Le fils du futur empereur a le droit d’exiger ce qu’il veut d’une fille comme toi, et on te dit dotée d’un grand talent. Tu ne peux pas refuser. » Mais Reiko avait reposé sa tasse et ses yeux se perdaient dans le vague. Jin insista : « J’ai une idée : faisons un marché. Je ne dirai pas à mon père que tu te trouve ici si tu souhaites garder ta tranquillité, et en échange tu peindras mon portrait. Tu pourras même fixer un prix, si tu veux. C’est un bon compromis, non ? Ah oui, je te demanderai aussi de m’aider à sortir de cette forêt. Il est temps que je rentre. »
En effet, la journée commençait à être avancée, il lui faudrait encore au moins une heure pour regagner le château. Reiko parut réfléchir un moment, le visage grave, puis elle chassa son expression pensive et se leva en souriant. « Entendu ! Quand pourras-tu passer pour les séances de pose ?
-D’ici quelques jours sans doute, je verrai.
-De toute façon je serai là. Bien, et à présent je vais t’aider à retrouver ta route. »
Elle avait dit cela avec un léger accent moqueur qui déplut à Jin, bien qu’il n’en tînt pas compte. Il avait déjà oublié qu’elle le tutoyait comme s’il était le premier venu. Une fois dehors, elle lui indiqua la direction à suivre pour qu’il ne se trompe plus lorsqu’il reviendrait. Il se surprit à la remercier et talonna son cheval avant qu’elle puisse deviner sa gêne. En sortant enfin des arbres, il se retourna vers la grande masse sombre de la forêt, le cœur serré. Pourquoi avait-il l’impression qu’il venait de faire un rêve ?

Reiko ramassa la fleur tombée dans l’herbe et jura. C’était la troisième fois en moins d’une heure. Elle n’arrivait plus à travailler correctement. Etait-ce à cause du trouble que cet homme avait mis dans son esprit ? Etait-ce réellement le hasard qui l’avait mis sur sa route, et qui avait fait sortir ces mots de sa bouche ? Ou quelque part depuis l’autre monde, quelqu’un ne voulait-il pas se venger et lui faire subir les mêmes tourments que jadis ? Elle ne se laisserait pas faire cette fois-ci, c’est pour ça qu’elle avait accepté cette peinture, même si elle devrait affronter ses souvenirs. Mais le pire était l’incertitude qui l’envahissait : allait-elle vraiment pouvoir recommencer ce qu’elle avait fait quatre ans auparavant ?
Shaevar
20/12/2005 03:32
Appelez moi <a href=http://www.lepetitprince.com/fr/>Prince</a>

J'ai certains commentaires a faire sur ce texte (qui est excellent, soit dit en passant ), mais est-ce que je les fait sur ce topic ou sur un autre?
Aelghir
20/12/2005 11:34
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !

Intéressant et agréable à lire. attendons la suite avec impatience.
Isaeda
20/12/2005 12:08
Pourvoyeuse-de-Vent
Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert

Merci tu peux faire les commentaires sur ce topic, j'en ferai un autre si c'est nécessaire
Shaevar
23/12/2005 15:18
Appelez moi <a href=http://www.lepetitprince.com/fr/>Prince</a>

Très bien écrit, mais je n'en attendais pas moi de toi, Isaeda

Fait attention, sinon tu auras de très hautes attentes....

Intéressant a lire, fluide et sans long temps mort, j'attends la suite (si il en as une) pour me faire une opinion plus développé.

Mais pour l'instant, que du bon
Isaeda
23/12/2005 19:17
Pourvoyeuse-de-Vent
Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert

Re-merci mais si jamais tu vois des choses moins bien ne te prive pas non plus hein, ça peut pas être nickel En tout cas c'est sympa d'avoir pris le temps de le lire. Voilà donc le 2ème chapitre

CHAPITRE II


Le lendemain, Jin lutta contre son envie de prendre son cheval pour retourner vers la forêt, plus précisément vers une certaine cabane dans une clairière. Vers la fin de la matinée, n’y tenant plus, il décida de faire le tour du domaine, en évitant toutefois soigneusement la masse sombre des arbres. Son père l’avait fait demander mais pour une fois il n’avait pas obéi à la convocation et avait préféré galoper dans la plaine. Il n’aimait rien tant que laisser ses longs cheveux noirs dénoués battre au vent et lui fouetter la figure, sentir la puissante musculature de son cheval se tendre et se détendre.
Il alla plus loin que la dernière fois et put constater de ses propres yeux l’immensité du nouveau territoire de son père. Il sourit en pensant qu'un jour ces terres s'étendant à perte de vue, encore vertes et fertiles malgré l'approche de l'automne lui appartiendraient ainsi que tous les gens qui y vivaient. Une ombre vint cependant ternir cette vision : les paroles de Reiko, lorsqu’elle lui avait signifié qu’elle ne jurerait allégeance à personne et que la terre ne lui appartenait pas plus qu’aux Hattori. Il aurait dû la punir pour sa défiance, car si tout le monde commençait à penser comme elle c’était la fin de la seigneurie. Pourtant au fond de lui, Jin avait conscience de la justesse de ces paroles, mais son éducation mettait un voile sur cette logique trop égalitaire pour que sa famille puisse vivre aussi bien qu’en ce moment.
Jin attendit encore quelques jours pour retourner dans la forêt. Cependant, sa curiosité était décidément trop vive pour qu’il s’empêche plus longtemps d’y céder, et puis il avait passé un marché qu’il se devait de respecter. Sur le chemin, il se fit la réflexion qu’il n’avait jamais vu une fille aussi audacieuse que Reiko. Elle ne semblait pas avoir peur de lui et le respectait encore moins. D’habitude il aimait soumettre les filles de ce genre en les mettant dans son lit, mais Reiko ne suscitait pas chez lui ce désir. Disons qu’elle était belle et désirable mais avait quelque chose qui la rendait intouchable. Sans doute le mystère qui l’entourait encore et qui donnait à Jin envie de lui poser des questions, notamment au sujet de la peinture qu’il avait examinée la dernière fois. Il était loin d’être expert en matière d’art, pourtant il n’avait jamais eu un sentiment au moins similaire en regardant une simple ébauche. Encore un point à éclaircir. Cela faisait beaucoup trop pour une seule femme. Reiko était-elle si différente ?

La même impression de calme saisit Jin lorsqu’il pénétra dans la clairière. Il n’avait donc pas rêvé être venu ici. Cet endroit semblait hors du monde, tout comme la jeune femme qui y habitait. Cette fois, il la trouva assise sur son tabouret en train de peindre. Elle avait préparé les couleurs nécessaires sur sa palette et maniait son pinceau avec une lenteur et une concentration silencieuses. Elle donnait l’impression de retenir son souffle. Ses boucles de cuivre brillaient sous le soleil. Jin eut beau fouiller dans sa mémoire, il ne se souvenait pas avoir jamais vu de fille rousse. Cette couleur lui allait bien car elle adoucissait la pâleur de sa peau.
Elle ne s’arrêta pas de peindre, même lorsque Jin se trouva à côté du chevalet. Gêné, le jeune homme se demanda s’il devait la déranger ou la laisser terminer. Il se pencha alors et dit : « C’est moi. » La jeune femme ne bougea pas. Elle avait autant d’expression qu’une pierre. Ses yeux gris fixés sur la toile semblaient voir quelque chose qui échappait à Jin. En fait, elle était tellement absorbée par sa peinture que son esprit était ailleurs.
« Reiko ? »
Elle sursauta en entendant son prénom, et son pinceau faillit dévier de sa courbe. Elle l’abaissa finalement et regarda autour d’elle comme si elle venait de sortir d’un long sommeil. « Qu’est-ce que… ? » Jin se redressa, surpris de sa réaction. Elle était vraiment ailleurs.
« Pardon de t’avoir dérangée, dit-il. Je suis venu pour…
- Pourquoi m’as-tu parlé ? » s’écria-t-elle soudain en s’apercevant de sa présence. Elle lâcha palette et pinceau et se leva d’un bond. Jin remarqua qu’elle faisait sa taille, ce qui n’arrangeait pas vraiment sa position. « Je… je le voyais ! Il était là, tout près, j’allais l’atteindre, et toi… tu...
- Du calme ! Je n’ai rien fait ! »
Reiko finit par se calmer mais ses mains tremblaient toujours. Elle jeta un œil déçu sur la toile parsemée de couleurs. « Je l’avais… » soupira-t-elle en serrant des poings. Jin commença à se demander si elle avait toute sa tête. « Mais qu’est-ce que tu avais, à la fin ?
- …Quoi ? »
Les yeux gris rencontrèrent ceux de Jin et un éclair sembla les traverser. Elle baissa la tête et dit d’un ton découragé : « Ah oui, ça… Eh bien, comment t’expliquer ? » Elle chercha un instant ses mots puis attrapa la main de Jin. « Viens, je vais te montrer. » Elle le conduisit au potager, qui produisait magnifique contraste de couleurs grâce à la diversité des légumes qui y poussait.
« Alors, que vois-tu ? » demanda Reiko toute excitée. « Heu… un potager » répondit Jin en toute logique, la main encore prisonnière de celle de la jeune femme. Et pour cause, il ne voyait rien d’autre. Reiko eut encore une moue déçue et insista : « Non, que vois-tu ?
- Mais… rien de plus ! Que suis-je supposé voir ?
- Bon, regarde bien et ferme les yeux. Tu ne vois toujours rien ?
- Non. »
Reiko poussa un soupir et lâcha sa main. « Je ne peux pas t’expliquer si tu ne vois pas la même chose que moi.
- Je ne comprends rien à ton charabia, femme ! Est-ce que tu te fiches de moi ?
- Non, mais je pensais que tu comprendrais. Tant pis.
- Il n’y a rien à comprendre. Tu es folle, c’est tout.
- Si tu veux. On me l’a déjà dit alors ça m’est égal que tu le penses. »
Elle sourit comme si cette idée l’amusait ou qu’elle lui rappelait quelque chose. Mais aussitôt son visage s’assombrit et, l’espace d’un instant, son expression fut semblable à celle qu'elle avait eue lorsque Jin lui avait proposé le marché. Il eut malgré tout envie d’en savoir plus.
« Explique-moi quand même comment tu fais pour peindre. Ton tableau m’intrigue : il ne représente rien de reconnaissable.
- Ce n’est pas le but, répliqua Reiko qui avait déjà retrouvé son sourire de petite fille et sa voix douce. Comment dire… Quand je regarde autour de moi, je vois ce que mes yeux voient, mais pas seulement. Au-delà des choses, il y a des formes, et au-delà des images, il y a des couleurs. Ce sont ces formes et ces couleurs que je peins. Je pourrais représenter ce que tu appelles « la réalité », ce que tout le monde voit, mais ça n’aurait pas de sens pour moi. Quand je perçois ce monde, même s’il m’est difficile de l’atteindre, je suis tellement émerveillée que j’en viens à souhaiter m’y perdre. C’est mon paradis, et je n’ai réussi à y emmener personne, pas même… »
Les mots moururent sur ses lèvres. Jin se demanda quel nom elle allait prononcer mais il se garda d’insister. Même s’il ne pouvait comprendre ce que voyait Reiko, du moins ne la considérait-il plus comme une folle. Elle avait un don qu’il n’avait pas et ne possèderait jamais, c’est tout. En était-il de même pour tous les artistes ? « Pourtant tu arrives à faire des portraits ou à représenter la réalité.
- Quand on me le demande, oui. Je peux encore fermer mon esprit qui veut s’égarer ailleurs, je peux m’empêcher de céder. D’ailleurs je n’avais pas le choix si je voulais vivre de ma peinture, autrefois. Personne ne comprenait mes tableaux autrement que si je représentais un paysage ou un bâtiment, alors j’ai fait ce que les gens me demandaient, et cela m’a permis de survivre. Et de rétablir l’équilibre de ce pays, même en partie.
- …C’est-à-dire ? » fit Jin en haussant un sourcil.
Reiko se détourna. « Rien… Allons, assez parlé. Si nous commencions ? »
Jin avait presque oublié ce pour quoi il était là. Il retourna près du chevalet tandis que Reiko allait lui chercher un tabouret dans la maison. Un tabouret… Lui, fils de seigneur, habitué aux riches fauteuils à haut dossier, il allait poser des heures durant sur une planche de bois, les pieds dans l’herbe ! Pourtant il ne fit aucune remarque et se contenta de suivre des yeux la gracieuse silhouette de Reiko qui contournait la demeure, ses cheveux flamboyants aux reflets de cuivre poli. Plus il lui parlait et moins il avait l’impression de la connaître. Et le mystère autour d’elle s’épaississait davantage à chaque instant. Sa remarque à laquelle il ne trouvait pas de sens le jetait dans une profonde réflexion.
Elle revint finalement avec son tabouret, une boîte remplie de petits pots de couleur et une nouvelle toile sous le bras. « Je ne sais pas ce dont je vais avoir besoin pour toi, alors j’ai pris ce que j’avais pour trier ensuite. » Jin hocha la tête et, pour la première fois, il se prit à sourire en présence de la jeune femme. Une fois assis sur le tabouret, il avait définitivement abandonné son rang de fils de seigneur. Reiko enleva d’abord la toile en cours, la posa précautionneusement sur l’herbe, au soleil pour qu’elle sèche, et posa la nouvelle. Ensuite elle demanda plusieurs poses à Jin avant d’en trouver une qui lui convienne. « Là, c’est bon, dit-elle en attrapant ses couleurs. Ne bouge pas. » Elle l’examina longtemps, d’un œil d’artiste. A la fin, elle constata d’une voix détachée : « Tu as un visage plus semblable au sien que je ne l’ai cru d’abord. Il est fin et tes traits sont moins durs que ceux d’un homme ordinaire, même si tu n’as certes pas la carrure d’une fille. Je suppose que tu dois en faire pâmer plus d’une dans ton château, fils de seigneur ! Mais ton air sérieux gâche un peu l’effet. Tu n’es peut-être pas aussi jeune que tu en as l’air ?
- Je ne suis pas vieux ! » protesta Jin qui commençait à se sentir écarlate. Quelle insolente ! En temps normal, il l’aurait déjà utilisé la force pour la soumettre. Il se contenta de marmonner qu’il avait vingt-six ans, ce qui n’était certes pas un âge avancé.
« Vingt-six…, murmura-t-elle. C’est incroyable… » Il voulut lui demander ce qu’il y avait d’incroyable à ça, mais déjà elle s’était enfermée dans sa concentration de peintre. Jin décida de se taire pour l’instant.
Reiko ne dit plus rien ce jour-là et se contenta de manier son pinceau avec adresse. Lorsque Jin voulut jeter un œil à l’esquisse, cependant, elle refusa de la lui montrer. Il s’en alla en fin de journée, à la fois dépité et excité comme un enfant qui a hâte de découvrir un jouet.


Shaevar
23/12/2005 21:44
Appelez moi <a href=http://www.lepetitprince.com/fr/>Prince</a>

Pour ce chapitre, comme le premier, a l'exception de quelques petites choses..

pour retourner vers la forêt, ou plus précisément vers une certaine cabane dans une clairière


le ou n'est ici pas nécessaire, enfin je crois

il décida de faire le tour du domaine, en évitant toutefois soigneusement la masse sombre des arbres.


Même remarque, mais pour le le 'en'.

Il sourit en pensant qu’un jour ces terres qui s’étendaient à perte de vue, encore vertes et fertiles malgré l’automne qui approchait, lui appartiendraient, ainsi que tous les gens qui s’y trouvaient et qui seraient sous ses ordres.


Il sourit en pensant qu’un jour, ces terres qui s’étendent à perte de vue, encore vertes et fertiles malgré l’automne qui approche, lui appartiendront, ainsi que tous les gens qui s'y trouvent.

Fait attention a ne pas mélanger le conditionnel et le futur

A toi ce voir si c'est mieux comme ça...loin de moi l'idée de vouloir réécrire ton texte.

Aelghir
23/12/2005 22:15
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !

Il sourit en pensant qu’un jour, ces terres qui s’étendent à perte de vue, encore vertes et fertiles malgré l’automne qui approche, lui appartiendront, ainsi que tous les gens qui s'y trouvent.


Pas vraiment d'accord avec toi, Shaevar. Le texte étant au passé ce n'est pas du futur qu'il faut à moins qu'il ne soit un futur antérieur. Moi je dirais : trop de relatives (4 qui)

"Il sourit en pensant qu'un jour ces terres s'étendant à perte de vue, encore vertes et fertiles malgré l'approche de l'automne lui appartiendraient ainsi que tous les gens qui y vivaient."

Les cheveux noirs "relâchés" , libres ou dénoués


Elle le conduisit au potager, qui produisait magnifique contraste de couleurs grâce à la diversité de ce qui y poussait

qui offrait un magnifique contraste
et le "ce' me semble un peu trop imprécis


elle eut le même air que quand

Ca sonne mal. "elle avait eu le même air lorsque Jin lui avait proposé le marché"

Personne ne comprenait mes tableaux autrement que si je représentais un paysage ou un bâtiment,

le "autrement que si" me gêne.

J'aime beaucoup les commentaires de la jeune femme sur sa peinture. Et il y a dans ton chapitre quelques éléments intrigants qui donne envie de savoir la suite.
Shaevar
24/12/2005 03:57
Appelez moi <a href=http://www.lepetitprince.com/fr/>Prince</a>

Il faut dire que ce passage m'as donné du fil a retorde! Je sens que quelque chose cloche, et sa m'énerve parce que je n'arrive pas a trouver exactement ce qui cloche!

Enfin, je laisse ça a l'auteur confirmé
Isaeda
24/12/2005 16:52
Pourvoyeuse-de-Vent
Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert

Shaevar tes deux premières corrections sont pertinentes (d'ailleurs je corrigerai ) mais pour la troisième comme l'a dit Aelghir le texte est au passé il me semble que les temps sont juste. Après c'est vrai qu'il y a trop de relatives, c'est peut-être ça qui cloche? Tu m'en voudras si je reprends ta formule Aelghir?

Elle le conduisit au potager, qui produisait magnifique contraste de couleurs grâce à la diversité de ce qui y poussait


C'est vrai que cette phrase m'a donné du mal et je ne suis toujours pas satisfaite de la tournure. Je trouverai mieux.
Merci de vos corrections à tous les deux, je modifierai
Aelghir
24/12/2005 17:22
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !

Je te donne mon accord
Owyn
24/12/2005 18:00
Fantôme gaidin
Admin

J'ai bien aimé ton texte, Isaeda.

Le chapitre 1 est un peu rapide à mon goût, mais le deux me plait vraiment. Le style en général est très agréable, et l'histoire intéressante. J'ai envie de connaître la suite. Quelques phrases m'ont un peu gênée, cependant, et quelques dialogues.

Voilà voià,bravo à toi.
Isaeda
26/12/2005 12:29
Pourvoyeuse-de-Vent
Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert

Quelques phrases m'ont un peu gênée, cependant, et quelques dialogues.


Tu saurais préciser stp?
Owyn
26/12/2005 16:16
Fantôme gaidin
Admin

Je vais essayer.

« J’aurais dû savoir tout de suite qui tu étais, reprit-il. Une femme seule cachée au plus profond d’une forêt et qui peint, ce n’est pas banal. Tu étais connue à l’époque, puisque le fils de l’empereur en personne t’a demandé son portrait. Mon père a même failli te passer commande une fois, mais il n’avait pas le temps pour ce genre de fantaisie. Je me moque bien de ces rumeurs qui te disent sorcière, je n’ai pas la superstition idiote du peuple. Pour preuve, j’ai l’intention de te demander mon portrait.
-Ton portrait ? » répéta Reiko, la tasse figée à mi-chemin de sa bouche. Jin sourit. « Eh bien quoi ? Le fils du futur empereur a le droit d’exiger ce qu’il veut d’une fille comme toi, et on te dit dotée d’un grand talent. Tu ne peux pas refuser. » Mais Reiko avait reposé sa tasse et ses yeux se perdaient dans le vague. Jin insista : « J’ai une idée : faisons un marché. Je ne dirai pas à mon père que tu te trouve ici si tu souhaites garder ta tranquillité, et en échange tu peindras mon portrait. Tu pourras même fixer un prix, si tu veux. C’est un bon compromis, non ? Ah oui, je te demanderai aussi de m’aider à sortir de cette forêt. Il est temps que je rentre. »
En effet, la journée commençait à être avancée, il lui faudrait encore au moins une heure pour regagner le château. Reiko parut réfléchir un moment, le visage grave, puis elle chassa son expression pensive et se leva en souriant. « Entendu ! Quand pourras-tu passer pour les séances de pose ?
-D’ici quelques jours sans doute, je verrai.
-De toute façon je serai là. Bien, et à présent je vais t’aider à retrouver ta route. »

Ces dialogues en particulier m'ont un peu embêtée. Je trouve ça trop rapide, et que ça manque un peu de naturel.

Voilà voilà, mais là j'ai mal à la tête donc j'affinerai plus tard.
Isaeda
22/02/2006 12:07
Pourvoyeuse-de-Vent
Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert

Bon après plus de deux mois je mets le chapitre 3 (en fait ça fait longtemps que j'ai écrit l'histoire en entier mais je l'ai pas postée) Merci de me donner vos avis

CHAPITRE III


« Mon seigneur, je m’en vais… Seigneur ?
- Quoi ? » Jin se détourna de la fenêtre d’où il contemplait la pluie qui s’abattait sur le château depuis plusieurs jours déjà. Par ce temps, Reiko avait dû renoncer à peindre ; à l’extérieur du moins. Comment occupait-elle ses journées ? En tout cas, le portrait était bien avancé puisque Jin avait posé tous les jours pendant la semaine précédente. Il avait de plus en plus l’impression que la peinture n’était qu’un prétexte pour venir profiter du calme de la forêt, et surtout de la présence de la jeune femme.
« Je m’en vais, mon seigneur. Dois-je revenir ce soir ? » demanda la jeune servante, déjà sûre de la réponse. Jin la regarda distraitement tandis qu’elle enfilait ses bas. « Heu… non, pas la peine, Narumi. » Une expression de crainte passa sur le visage de la jeune fille, celle d’avoir déçu son seigneur pour qu’il ne veuille plus d’elle. Mais Jin s’approcha d’elle et lui caressa la joue. « Ne t’en fais pas, c’est juste que je suis un peu fatigué.
- Oh… bien sûr, seigneur, je comprends. Je suis à votre service. » Ses yeux s’étaient agrandis d’étonnement, et Jin comprit trop tard son erreur. Il ne lui était jamais arrivé de se justifier devant une servante. Le fils du seigneur n’avait à se justifier devant personne ! Sauf devant son père, bien sûr… Décidément, cette fille lui dérangeait les idées, il fallait qu’il prenne ses distances pour quelques jours encore. « Je sais. Va-t’en à présent. »
La jeune fille s’éclipsa après s’être acquittée d’une révérence. Aussitôt la porte fermée, Jin s’effondra dans un fauteuil et se prit la tête entre les mains. Cela faisait quelque temps déjà qu’il s’était entiché de cette servante récemment arrivée au château. Il l’avait mise dans son lit dès le premier soir sans lui demander son avis. Elle s’était montrée docile et dotée d’une certaine expérience, ce qui ne lui avait pas déplu. Mais depuis qu’il était revenu de sa dernière visite chez Reiko, ses étreintes avec Narumi lui paraissaient étrangement fades, il n’y trouvait plus de plaisir. Pire, quand il en trouvait, c’était en superposant un autre visage à celui de la jeune fille, un visage encadré de cheveux roux flamboyants. Parfois même il entendait une voix résonner dans sa tête, une voix douce qui ne pouvait appartenir qu’à une seule personne et le rendait coupable de ce qu’il faisait à Narumi. Il en venait à se dégoûter de lui-même.
Il éprouva du soulagement en pensant que son père ne l’appellerait pas avant un moment puisque ce dernier était cloué au lit avec une grosse fièvre. Il savait très bien de quoi le seigneur voulait l’entretenir mais ne voulait pas y penser. Pas maintenant. Si seulement il pouvait retarder encore et encore ce moment, jusqu’à souhaiter qu’il ne vienne jamais ! En attendant, il retournerait là-bas dès la fin de l’averse, parce qu’une partie de lui-même ne pouvait pas résister à cet appel.

La porte de la cabane s’ouvrit à la volée. Reiko et Jin se précipitèrent à l’intérieur, trempés de la tête aux pieds. Reiko s’exclama : « Moi qui croyais que c’était fini, cette pluie ! Après presque trois semaines ! Tu aurais dû venir un autre jour, enfin… heureusement, j’ai pu sauver la toile. »
Aux premières gouttes elle avait immédiatement rentré le tableau avant tout le reste, aussi était-il intact. Elle alla le poser près de la cheminée pour que la peinture sèche rapidement. Voyant que Jin se glissait derrière elle pour jeter un coup d’œil, elle éclata de rire. « Tu veux savoir, hein ? Mais tu ne verras rien avant que j’aie fini. Pour te faire patienter, sache qu’il me reste encore la moitié du travail à accomplir.
- C’est bien maigre, marmonna Jin en déposant le chevalet et les pots de couleurs.
- Eh bien, tu t’en contenteras ! En attendant, allume un feu dans la cheminée et réchauffe-toi pendant que je prépare du thé. »
Elle lui parlait à présent comme une vieille amie à qui il aurait simplement rendu visite. Bah, il y avait longtemps que cette familiarité ne le dérangeait plus, il en était même venu à l’apprécier car elle lui faisait oublier le protocole et la tenue qu’il devait toujours respecter en présence de la noblesse. Il avait cependant du mal à oublier ses pensées concernant Reiko, la vision de son visage sur un corps nu, pressé contre lui, des boucles cuivrées balayant son visage…
« Jin… Jin ! Je te parle, bon sang ! » Jin sursauta et leva les yeux vers Reiko qui lui tendait avec impatience une couverture et une tasse de thé. Il s’amusa du ton rude qu’elle avait employé, en opposition avec celui de Narumi, timide et docile.
« Si tu as froid, mets ça, dit-elle. Et fais attention, le thé est bouillant ! » Des gouttes d’eau coulaient de la pointe de ses cheveux bouclés qui tombaient en désordre sur ses joues blanches de manière désordonnée. Jin eut soudain l’impression que son corps se glaçait, bien qu’il fût presque collé à la cheminée. Il se leva et prit la couverture des mains de la jeune femme, mais pour la couvrir, elle. « C’est toi qui vas attraper froid, tu es encore trempée. » Ses yeux gris s’agrandirent d’étonnement quand Jin voulut la serrer dans ses bras pour la réchauffer. La tasse de thé qu’elle tenait encore à la main tomba et se brisa dans un bruit retentissant, éclaboussant le sol. « Jin ? Arrête. » La voix de Reiko, étouffée par l’étreinte du jeune homme, n’avait plus la moindre chaleur. Mais Jin ne l’entendait pas. Tout ce qu’il voulait, c’était tenir ce corps dans ses bras jusqu’à ce qu’il soit entièrement sec.
« Jin ! »
Elle le repoussa si violemment qu’il manqua d’atterrir dans la cheminée. Sentant la chaleur menaçante dans son dos il se redressa vivement avant d’être brûlé. Reiko avait reculé de plusieurs pas, les yeux hagards, et le dévisageait d’une façon qui lui donna la chair de poule. « Je t’ai dit d’arrêter ! J’ai décidé que je ne me laisserais plus faire ! Je sais que tu me nargues, que tu te moques de moi à travers ces yeux ! Tu veux savoir si je regrette ce que j’ai fait, hein ? Si je serai capable de recommencer ? Tu crois peut-être que je t’ai pardonné ? Tu me connais mal alors, même si tu pensais le contraire. Je recommencerai mille fois s’il le faut, si cela peut me libérer de toi !
- Rei…
- Tais-toi ! Tu ne m’auras plus comme ça, Shojiro, je… »
Elle s’arrêta soudain, consciente d’en avoir trop dit. Jin ouvrit la bouche mais rien n’en sortit qu’un hoquet de stupeur. Le silence s’abattit soudain dans la pièce comme le tranchant d’une épée. On n’entendait plus que le crépitement des flammes et le grondement lointain de l’averse. Enfin, Reiko parut s’apaiser mais la lueur sauvage persista dans son regard. En évitant le regard de Jin, elle se baissa pour ramasser les débris de porcelaine. Le jeune homme était toujours debout, incapable de remuer ou de prononcer un mot. Reiko eut le temps de jeter ce qui restait de la tasse avant qu’il parvienne articuler : « Reiko… tu as parlé de Shojiro… le fils de l’empereur ?
- Pourquoi fais-tu le naïf, Jin ? répliqua-t-elle les yeux toujours baissés. Tu sais très bien que je l’ai tué. C’est ce que tout le monde a dit, n’est-ce pas ?
- Sans doute, mais je me demande de quelle manière. » Il espérait qu’elle le lui dise mais elle demeura obstinément silencieuse. Dehors, la pluie s’était quelque peu calmée, si bien que Reiko s’apprêta à sortir. En réalité elle semblait vouloir le fuir plus qu’autre chose. « Je crois que ça ira pour aujourd’hui. Si tu ne rentres pas maintenant il fera nuit avant que tu atteignes le château.
- Oui… c’est mal tombé. Je repasserai.
- Le plus tard possible, alors… » l’entendit-il chuchoter. Puis, plus haut : « Dans trois jours je serai à la capitale pour mon approvisionnement, ce n’est pas la peine de passer. » Il hocha la tête et sortit avant elle.

Jin avait supposé qu’elle partirait tôt dans la matinée, le trajet vers la capitale prenant au moins la demi-journée. A son arrivée dans la clairière il n’y avait effectivement personne, même si le chevalet était à nouveau planté dans l’herbe. La pluie n’était pas revenue et avait laissé place à un soleil radieux, cependant moins chaleureux qu’auparavant ; un soleil qui annonçait la fin de l’été. Jin respira un moment la fraîcheur bienvenue de l’air qu’embaumaient les fleurs, puis il attacha son cheval à un arbre et se dirigea vers la maison. Comme il s’y attendait, la porte n’était pas fermée. Personne ne passait jamais par ici et Reiko n’avait pas grand-chose à voler, hormis ses toiles. Une fois à l’intérieur, Jin alla aussitôt vers la petite porte qui menait à la remise. La pièce était exiguë et ne contenait que des tableaux, mais c’était précisément ce qu’il cherchait. Un tableau, ou plus exactement un portrait. Quelque chose qui lui donnerait un indice, qui l’aiderait à répondre aux trop nombreuses questions qu’il se posait. L’aveu de Reiko trois jours auparavant l’avait davantage troublé que son comportement. Il avait plus que jamais besoin de savoir, de comprendre.
En fouillant parmi les toiles, il se résuma ce qu’il savait : quatre ans auparavant, alors que Reiko était encore une artiste renommée, elle avait fait la connaissance de Shojiro, le fils de l’empereur, et il lui avait commandé son portrait. La nouvelle avait suffisamment circulé pour que même la famille Hattori, qui se cachait en attendant une opportunité pour renverser le pouvoir, en ait eu vent. Mais là, plus personne ne savait ce qui c’était vraiment passé. Shojiro avait posé pour Reiko pendant un mois, jusqu’à ce qu’il meure dans des circonstances mystérieuses. D’après la rumeur, Reiko s’était enfuie peu de temps après et on lui avait imputé le meurtre, car elle n’avait pas reparu depuis.
Jin poussa un juron. Il ne trouvait pas ce qu’il cherchait. Il soupira et s’adossa au mur. Au fond, il n’avait jamais réfléchi à la raison exacte de la mort de Shojiro. Elle avait permis à sa famille de sortir de l’ombre mais il ne s’était pas douté un instant qu’il rencontrerait un jour la supposée meurtrière, et que celle-ci ne nierait d’aucune façon avoir commis son crime. Et ce jour d’orage où Reiko l’avait repoussé de toutes ses forces… Il essaya de se souvenir exactement de ce qu’elle lui avait crié lors de cette scène confuse. Elle avait dit qu’elle ne se laisserait plus faire, et que Shojiro voulait la narguer, voir si elle était capable de « recommencer »… quoi ? De le tuer à nouveau ? Mais Shojiro était déjà mort, cela n’avait pas de sens. Et si…
Un déclic retentit dans le dos de Jin, à l’endroit où il s’était appuyé. Il se retourna vers le mur et vit une petite fente qu’il n’avait pas remarquée auparavant. Intrigué, il glissa ses doigts à l’intérieur et, en tirant, dégagea une sorte d’alcôve dans le mur, juste assez haute et assez large pour contenir un rectangle fin enveloppé de tissu noir. Le cœur de Jin se mit à battre plus fort. Il avait trouvé ce qu’il cherchait. Les mains moites, il sortit avec précaution le tableau de sa niche et le posa par terre. Puis il s’agenouilla et défit le nœud de tissu, avec peine car ses mains tremblaient. Il exhuma le portrait d'un prince mort et le visage dévoilé l'aspira dans le passé...

Aelghir
22/02/2006 15:11
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !


CHAPITRE III


« Mon seigneur, je m’en vais… Seigneur ?
- Quoi ? » Jin se détourna de la fenêtre d’où il contemplait la pluie qui s’abattait sur le château depuis plusieurs jours déjà. Par ce temps[A cause du temps], Reiko avait dû renoncer à peindre ; à l’extérieur du moins. Comment[Comment occupait-elle ses journées?] pouvait-elle s’occuper ? En tout cas, le portrait était bien avancé puisque Jin était venu toute la semaine[Jin avait posé chaque jour pendant la semaine précédente]. Il avait de plus en plus l’impression que la peinture n’était qu’un prétexte pour venir profiter du calme de la forêt, et surtout de la présence de la jeune femme.
« Je m’en vais, mon seigneur. Dois-je revenir ce soir ? » demanda la jeune servante, déjà sûre de la réponse. Jin la regarda distraitement tandis qu’elle enfilait ses bas. [A la ligne, tiret, non ?]« Heu… non, pas la peine, Narumi. » Une expression de crainte passa sur le visage de la jeune fille, celle d’avoir déçu son seigneur pour qu’il ne veuille pas la reprendre[je trouve cette formulation maladroite, peut-être : Sans doute ne voulait-il plus d'elle parce qu'elle l'avait déçu]. Mais Jin s’approcha d’elle et lui caressa la joue. « Ne t’en fais pas, c’est juste que je suis un peu fatigué.
- Oh… bien sûr, seigneur, je comprends. Je suis à votre service. » Ses yeux s’étaient agrandis d’étonnement, et Jin comprit trop tard son égarement[erreur (conséquence de l'égarement)]. Il ne lui était jamais arrivé de se justifier devant une servante [un domestique]. Le fils du seigneur n’avait à se justifier devant personne ! Sauf devant son père, bien sûr… Décidément, cette fille lui dérangeait les idées, il fallait qu’il prenne ses distances [pour quelques jours encore.(inutile, à mon goût)] « Je sais. Va-t’en à présent. »
La jeune fille s’éclipsa après s’être acquittée d’une révérence. Aussitôt la porte fermée, Jin s’effondra dans un fauteuil et se prit la tête entre les mains. Cela faisait quelque temps déjà qu’il s’était entiché de cette servante récemment arrivée au château. Il l’avait mise dans son lit dès le premier soir sans lui demander son avis. Elle s’était montrée docile et dotée d’une certaine expérience, ce qui ne lui avait pas déplu. Mais depuis qu’il était revenu de sa dernière visite chez Reiko, ses étreintes avec Narumi lui paraissaient étrangement fades, il n’y trouvait plus de plaisir. Pire, quand il en trouvait, c’était en superposant un autre visage à celui de la jeune fille, un visage encadré de cheveux roux flamboyants. Et même parfois [Parfois]il entendait une voix douce résonner[je trouve que douce et résonner ne vont pas ensemble] dans sa tête, qui le rendait[Il se sentait alors] coupable de ce qu’il faisait à Narumi et le dégoûtait de lui-même.
Il éprouva du soulagement en pensant que son père ne l’appellerait pas avant un moment puisqu’il[ce dernier] était cloué au lit avec une grosse fièvre. Il savait très bien de quoi le seigneur voulait l’entretenir mais ne voulait pas y penser. Pas maintenant. Si seulement il pouvait retarder encore et encore ce moment, jusqu’à souhaiter qu’il ne vienne jamais ! [Et ( de trop)] en attendant, il retournerait là-bas[dans la clairière] dès la fin de l’averse, parce qu’une partie de lui-même ne pouvait [pas (de trop)] résister à cet appel.

La porte de la cabane s’ouvrit à la volée. Reiko et Jin se précipitèrent à l’intérieur, trempés des pieds à la tête [de la tête aux pieds]. Reiko s’exclama : « Moi qui croyais que c’était fini, cette pluie ! Après presque trois semaines ! Tu aurais dû venir un autre jour, enfin… heureusement, j’ai pu sauver la toile. »
Aux premières gouttes elle avait immédiatement rentré le tableau avant tout le reste, aussi était-il intact. Elle alla le poser près de la cheminée pour que la peinture sèche rapidement et,[je mettrais un . à la place du et] voyant que Jin se glissait derrière [qui ?quoi ?]pour jeter un coup d’œil,[elle] éclata de rire. « Tu veux savoir, hein ? Mais tu ne verras rien avant que j’aie fini. Pour te faire patienter, sache qu’il me reste encore la moitié du travail à accomplir.
- C’est bien maigre, marmonna Jin en déposant le chevalet et les pots de couleurs.
- Eh bien, tu t’en contenteras ! En attendant, allume un feu dans la cheminée et réchauffe-toi pendant que je prépare du thé. »
Elle lui parlait à présent comme une vieille amie à qui il aurait simplement rendu visite. Bah, il y avait longtemps que cette familiarité ne le dérangeait plus, il en était même venu à l’apprécier car elle lui faisait oublier le [le changeait agréablement du] protocole et la tenue qu’il devait toujours respecter en présence de la noblesse. Il avait cependant du mal à oublier ses pensées concernant Reiko, la vision de son visage au-dessus un corps nu [me fait un peu bizarre ce GN], pressé contre lui, des boucles cuivrées balayant son visage…
« Jin… Jin ! Je te parle, bon sang ! » Jin sursauta et leva les yeux vers Reiko qui lui tendait avec impatience une couverture et une tasse de thé. Il sourit [à cause ou bien : il s'amusa]du ton rude qu’elle avait employé, en comparaison de[en totale contradiction avec] celui de Narumi, timide et docile.
« Si tu as froid, mets ça, dit-elle. Et fais attention, le thé est bouillant ! » Des gouttes d’eau coulaient de la pointe de ses cheveux bouclés qui tombaient [en désordre] sur ses joues blanches de manière désordonnée. Jin eut [soudain]l’impression que son corps se glaçait, bien qu’il fût presque collé à la cheminée. Il se leva et prit la couverture des mains de la jeune femme, mais pour la couvrir, elle. « C’est toi qui vas attraper froid, tu es encore trempée. » Ses yeux gris s’agrandirent d’étonnement quand Jin voulut la serrer dans ses bras pour la réchauffer. La tasse de thé qu’elle tenait encore à la main tomba et se brisa dans un bruit retentissant, éclaboussant le sol. « Jin ? Arrête. » La voix de Reiko, étouffée par l’étreinte du jeune homme, n’avait plus la moindre chaleur. Mais Jin ne l’entendait pas. Tout ce qu’il voulait, c’était tenir ce corps dans ses bras jusqu’à ce qu’il soit entièrement sec.
« Jin ! »
Elle le repoussa si violemment qu’il manqua d’atterrir dans la cheminée. Sentant la chaleur menaçante dans son dos il se redressa vivement avant d’être brûlé. Reiko avait reculé de plusieurs pas, les yeux hagards, et le dévisageait d’une façon qui lui donna la chair de poule. « Je t’ai dit d’arrêter ! J’ai décidé que je ne me laisserais plus faire ! Je sais que tu me nargues, que tu te moques de moi à travers ces yeux ! Tu veux savoir si je regrette ce que j’ai fait, hein ? Si je serai capable de recommencer ? Tu crois peut-être que je t’ai pardonné ? Tu me connais mal alors, même si tu pensais le contraire. Je recommencerai mille fois s’il le faut, si cela peut me libérer de toi !
- Rei…
- Tais-toi ! Tu ne m’auras plus comme ça, Shojiro, je… »
Elle s’arrêta soudain, consciente d’en avoir trop dit. Jin ouvrit la bouche mais rien n’en sortit qu’un hoquet de stupeur. Le silence s’abattit soudain dans la pièce comme le tranchant d’une épée [sur... termine la comparaison]. On n’entendit [entendait] plus que le crépitement des flammes et le grondement lointain de l’averse. Enfin, Reiko parut s’apaiser mais la lueur sauvage persista [persistait] dans son regard. Elle se baissa pour ramasser les débris de verre(s)[porcelaine, plutôt, non ?] en évitant le regard de Jin [en début de phrase]. Le jeune homme était toujours debout, incapable de remuer ou de prononcer un mot. Reiko eut le temps de jeter ce qui restait de la tasse avant qu’il parvienne articuler : « Reiko… tu as parlé de Shojiro… le fils de l’empereur ?
- Pourquoi fais-tu le naïf, Jin ? répliqua-t-elle les yeux [toujours]baissés. Tu sais très bien que je l’ai tué. C’est ce que tout le monde a dit, n’est-ce pas ?
- Sans doute, mais je me demande de quelle manière. » Il espérait qu’elle le lui dise mais elle demeura obstinément silencieuse. Dehors, la pluie s’était quelque peu calmée, si bien que Reiko s’apprêta à sortir. En réalité elle semblait vouloir le fuir plus qu’autre chose. « Je crois que ça ira pour aujourd’hui. Si tu ne rentres pas maintenant il fera nuit avant que tu atteignes le château.
- Oui… c’est mal tombé. Je repasserai.
- Le plus tard possible, alors… » l’entendit-il chuchoter. Puis, plus haut : « Dans trois jours je serai à la capitale pour mon approvisionnement, ce n’est pas la peine de passer. » Il hocha la tête et sortit avant elle.

Jin avait supposé qu’elle partirait tôt dans la matinée, le trajet vers la capitale prenant au moins la demi-journée. A son arrivée dans la clairière il n’y avait effectivement personne, même si le chevalet était à nouveau planté dans l’herbe. La pluie n’était pas revenue et avait laissé place à un soleil radieux, cependant moins chaleureux qu’auparavant ; un soleil qui annonçait la fin de l’été. Jin respira un moment la fraîcheur bienvenue de l’air qui embaumait [qu'embaumaient] les fleurs, puis il attacha son cheval à un arbre et marcha [se dirigea] vers la maison. Comme il s’y attendait, elle [la porte] n’était pas fermée. Personne ne passait jamais par ici, et Reiko n’avait pas grand-chose à craindre et encore moins à voler [ça me gêne parce que le pas grand chose à craindre et le pas grand chose à voler sont différents, je ne les mettrais pas ensemble], hormis peut-être [inutile] ses toiles. Une fois à l’intérieur, Jin alla aussitôt vers la petite porte qui menait à la remise. La pièce était exiguë et ne contenait que des tableaux, mais c’était précisément ce qu’il cherchait. Un tableau, ou plus exactement un portrait. Quelque chose qui lui donne [donnerait]un indice, qui l’aide[l'aiderait] à répondre aux trop nombreuses questions qu’il se posait. L’aveu de Reiko trois jours auparavant l’avait davantage troublé [troublé plus encore] que son comportement. Il avait plus que jamais besoin de savoir, de comprendre.
En fouillant parmi les toiles, il se résuma ce qu’il savait : il y avait quatre ans de cela,[quatre années auparavant] alors que Reiko était encore une artiste renommée, elle avait fait la connaissance de Shojiro, le fils de l’empereur qui[le fils ou l'empereur ?] lui avait commandé un [son ?] portrait. La nouvelle avait suffisamment circulé pour que même la famille Hattori, qui se cachait en attendant une opportunité de [pour] renverser le pouvoir, en ait eu vent. Mais là, plus personne ne savait ce qui c’était vraiment passé. Shojiro avait posé pour Reiko pendant un mois, jusqu’à ce qu’il meure dans des circonstances mystérieuses. D’après la rumeur, Reiko s’était enfuie par la suite [peu de temps après] et on lui avait imputé le meurtre, car elle n’avait pas reparu depuis.
Jin poussa un juron. Il ne trouvait pas ce qu’il cherchait. Il soupira et s’adossa au mur. Au fond, il n’avait jamais réfléchi à la raison exacte de la mort de Shojiro. Elle avait permis à sa famille de sortir de l’ombre mais il ne s’était pas douté un instant qu’il rencontrerait un jour la supposée meurtrière, et que celle-ci ne nierait d’aucune façon avoir commis son crime. Et ce jour d’orage où Reiko l’avait repoussé de toutes ses forces… Il essaya de se souvenir exactement de ce qu’elle lui avait crié lors de cette scène confuse. Elle avait dit qu’elle ne se laisserait plus faire, et que Shojiro voulait la narguer, voir si elle serait [était] capable de « recommencer »… quoi ? De le tuer à nouveau ? Mais Shojiro était déjà mort, cela n’avait pas de sens. Et si…
Un déclic retentit [un peu fort le verbe pour un déclic] dans le dos de Jin, à l’endroit où il s’était appuyé. Il se retourna vers le mur et vit une petite fente qu’il n’avait pas remarquée auparavant. Intrigué, il glissa ses doigts dedans [à l'intérieur] et, en tirant vers l’extérieur,(inutile, à mon avis) dégagea une sorte d’alcôve dans le mur, juste assez haute et assez large pour contenir un rectangle fin enveloppé de tissu noir. Le cœur de Jin se mit à battre plus fort. Il avait trouvé ce qu’il cherchait. Les mains moites, il sortit avec précaution le tableau de sa niche et le posa par terre. Puis il s’agenouilla et défit le nœud de tissu, avec peine car ses mains tremblaient… et le passé l’engloutit derrière le visage du prince.(un peu obscur)Il exhuma le portrait d'un prince mort et le visage dévoilé l'aspira dans le passé ]


Bon, tout ça, ce ne sont que des suggestions. Sinon j'ai hâte de lire la suite de l'histoire. Très intéressante.
Isaeda
22/02/2006 17:47
Pourvoyeuse-de-Vent
Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert

Waw! Merci pour tes nombreuses suggestions! je prendrai le temps de revoir ça (même si pour certaines je les aime bien comme ça ) et mettrai la suite ce soir ou demain, après relecture.

Juste deux trucs

je trouve que douce et résonner ne vont pas ensemble]


Je ne comprends pas trop ce que tu veux dire

comme le tranchant d’une épée [sur... termine la comparaison]


Tu as raison mais je n'ai pas d'idée pour terminer

A part ça encore merci pour cette lecture approfondie, rien de tel pour progresser!
Aelghir
22/02/2006 18:47
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !

Pour moi, résonner implique à l'origine un son fort et/ou grave. J'aurais plutôt mis "murmurer".

Comme le tranchant d'une épée sur... une nuque ployée
Sur une tranche de jambon


Ah oui, aussi : au tout début, la fille (servante soumise)devrait plutôt dire " Puis-je m'en aller, mon seigneur ?"
Isaeda
22/02/2006 22:48
Pourvoyeuse-de-Vent
Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert

Comme le tranchant d'une épée sur... une nuque ployée


Bah, j'avais pensé pareil mais ça m'avait l'air un peu trop "gore" (allez, je suis trop gentille! )

Shaevar
23/02/2006 01:13
Appelez moi <a href=http://www.lepetitprince.com/fr/>Prince</a>

Excellent chapitre! Je ne sais pas pourquoi, mais lire ton roman me rend calme...et j'aime beaucoup!

Surtout, ne t'arrête pas, les bons romans sont trop rares
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