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(2ème Cycle) Près de Weesin, base du Kin
(Sujet créé par Le Conteur l 07/04/17 à 10:56)
Le Kin a élu domicile à proximité du petit village de Weesin, dans la région de la ville d'Ebou Dar en Altara. Entouré d'une enceinte carrée en pierre se trouve ce qui devait être un ancien relais commercial, avec entrepôt, écuries, un puits central et une longue bâtisse habitable.
La vieille est une altarane à l'air féroce malgré son regard sombre voilé de cataracte. Elle porte autour du cou deux dagues de mariage à gaine blanche et ses vieilles mains déformées sont croisées sur ses jupes écrues. Elle foudroie Ean lorsqu'il s'approche.
"Je vous vois fouiner partout depuis ce matin et pourtant je ne pense pas vous connaître, jeune homme. On ne vous a jamais appris qu'il fallait toujours se présenter auprès des vieilles personnes lorsqu'on débarque quelque part, avant de mettre son nez partout ?"
hrp : j'ai bien vu que tu disais que tu te présentais, mais vu que je sais pas ce que tu lui as dit (genre quel nom, quelles infos etc) je préfère que tu joues la ligne de dialogue au prochain post.
[HRP] c'est juste, c'est juste, je suis un filou et je me suis fait eu fort justement Je vais modifier le message précédent en conséquence ! [/HRP]
Ean répond en s'inclinant :
« Ma défunte mère, le Créateur ait son âme, n'y est pour rien : je suis hélas le seul à blâmer pour ce manquement dans mon éducation. Mon nom est Ean. Je travaille depuis quinze ans pour le peuple de Mayène et, en sympathie avec votre cause, je souhaite faire profiter votre communauté de mon expérience personnelle dans cette période difficile. C'est pourquoi je me suis permis, avec une telle insolence, d'aborder ainsi vos gens, et je m'en excuse auprès de vous. »
"Mes gens, mes gens... ils l'étaient peut-être avant que mon arrière-petit-fils revienne avec ses idées saugrenues, et cette femme peu aimable qu'il veut épouser. Mais si vous voulez mon avis, ils sont en train de se transformer en une sacrée bande d'imbéciles, et vous m'avez l'air bien parti pour les y aider. Ean, c'est un peu court comme nom, ça. Quinze ans auprès du "peuple de Mayene" et vous n'avez pas eu envie de tous les noyer dans le port ? Qu'est-ce donc que vous faisiez là-bas de si important et qui demande tant d'expérience ?"
Ean sourit franchement aux propos de la vieille et, ne cherchant pas à répondre au fur et à mesure aux questions qui s'enchaînent, il se concentre sur la dernière :
« Mon travail consiste à apprendre aux gens à s'entraider sans se faire tuer. En un sens, on pourrait dire que mon rôle auprès de votre arrière-petit-fils va être de le modérer pour éviter que ses actions ne mettent le continent à feu et à sang. »
Après un court instant, toujours souriant, il ajoute : « Ah, et mon nom complet est Ean Quislen Fenstoill. Habituellement je ne le révèle pas, mais je crois qu'en la circonstance, la courtoisie l'exige. »
"Hummm, je crois deviner pourquoi vous ne le révélez pas, ça ne sonne pas vraiment comme le nom du fermier du coin, pas vrai ? Enfin, qu'importe, vous n'avez pas l'air aussi insensé que je le croyais de prime abord. Mais on devrait tout de même vous informer que ceux qui cherchent la paix trouvent bien souvent la mort avant les guerroyeurs."
Lissant ses jupes sans le quitter du regard, elle demande soudain :
"Vous pensez donc que mon arrière-petit-fils a les moyens de mettre le continent à feu et à sang ? Je..."
Elle s'interrompt alors qu'un portail s'ouvre à quelques distances de là. Chasaline en sort, l'expression aussi fermée qu'à son départ, et traverse la cour d'un pas vif.
"Pour cela, je me méfierais plutôt de cette femme" conclut la vieille. "Mon petit a toujours été quelqu'un de moins idiot que la moyenne, sans vouloir le complimenter, mais elle a une drôle d'influence, celle-là..."
« Je suis du même avis, et les personnes qui sont venues avec moi aussi. Nous lui prêtons une attention particulière. Mais pour revenir à votre petit-fils, en l'état actuel des choses, ses actions ne sont pas de nature à avoir une grande portée, mais cela pourrait changer très vite si la Roue tourne en sa faveur. »
En regardant la femme dans les yeux, il continue :
« C'est une possibilité réelle, et c'est pourquoi j'aimerais, avec votre bénédiction, apprendre à connaître les gens qui vivent et travaillent ici et les aider à sécuriser leurs activités et à faire de leur clandestinité une force. C'est peut-être superflu pour le moment, mais cela pourrait évoluer de façon rapide et imprévisible. »
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Après le départ de Lara, le mercenaire continue de s'affairer sur les lamelles qu'il a tiré des deux essences. Et c'est sous le regard intrigué du menuisier qu'il poli soigneusement les longues et étroites bandes de bois.
"Pour quoi donc qu’vous faites ces cures dents? Si j'peux permettre Monsieur?
- C'est pour mon arc.
- Vot' arc? mais comment qu'vous allez faire un arc 'vec ces brindilles? Ça va tout casser! Pis en plus z'avez même pas d'bon bois pour ça.
- Au contraire, au contraire, vous verrez. Pour un arc long ce n'aurais pas été très approprié en effet mais ce n'est pas ce type d'arc que je compte réaliser.
Tenez, passez-moi donc le sac de tendons je vous prie"
Le menuisier lui tend le sac en question et observe attentivement le mercenaire s'affairer avec un petit maillet sur les fibres rigides. Après quelques minutes, la faiblesse rattrape Brönn.
"ben qu'est-ce qu'z-avez? z'êtes tout pale d'un coup?
- Ce n'est rien, ce n'est rien, je n'aurais pas dû fournir de tels efforts à peine sorti du lit, Alar Sedai risque de ne pas apprécier...
Puisque vous m'avez attentivement observé, pourriez vous continuer pour moi je vous prie, j'ai besoin de me reposer un peu. Je vais aller chercher de l'eau en voulez-vous?"
Toutefois la réaction de l'homme n'est pas celle à laquelle s’attendait le mercenaire. Le menuisier, lâche un petit cri et se retourne vers lui :
"Vous avez-dit Alar SEDAI? Un Aes Sedai est ici? c'est une catastrophe!"
Premièrement surprit, Brönn se rappelle que le Kin est une organisation renégate.
"Oh, ne vous en faites pas! Vraiment. Alar Sedai est... invité. Je pensais que vous aviez été informé. pardonnez-moi."
Sous le regard circonspect de l'homme, Brönn va chercher de l'eau tandis que dans l’atelier de coup de maillet résonnent à nouveau.
Sur le retour, Brönn avise un jeune homme. Il lui demande d’amener à l'atelier un gros chaudron emplit d'eau. Le jeune homme s’exécute, bien qu'il se demande visiblement qui est cet étranger à l’impressionnante balafre.
De retours auprès du menuisier, il aide ce dernier à finir de défibrer les tendons, puis il trie les fibres longues des courtes. les déchets et les petites fibres finissent dans une bassine que le mercenaire rempli d'eau au chaudron, puis il plonge le petit récipient dans le grand et allume un feu sous l'imposante marmite de fonte.
Tandis que l'eau du chaudron se met à bouillir, Brönn s'affaire sur un gros bout de lauréole qui traîne dans l’atelier. Au bout d'une heure environ, le mercenaire obtient une forme courbe, qu'il tranche en deux dans le sens de la longueur avec l'aide du menuisier de plus en plus perplexe. dans le bain marie, une épaisse gelée commence à flotter à la surface de l'eau de la bassine.
Il récolte cette dernière, qu'il laisse refroidir dans une écuelle.
tandis que les restes de tendons continuent de bouillir à petit feu, Brönn rassemble les lamelles de boulot qu'il a préparé, et les chauffe dans la vapeur du chaudron avec les deux bouts de bois qu'il vient de tailler.
Au bout d'une grosse demi heure, il attache précautionneusement à l'établi son moule chaud. il place soigneusement deux lamelles de bouleau bout à bout sur le moule, il étend quelques fibres longues de tendons à la jonctions, étale de la gelée diluée sur toute la longueur des lamelles avant d'en placer une autre , puis une autre, répétant l'opération jusque à la dernière.
ceci fait, à l'aide de grosses pinces à vis, il sert l'assemblage fermement contre le moule.
Autour de lui, plusieurs artisans du campement l'observent. le menuisier à apparemment rameuter un nombre impressionnant de personne pour observer "le fou" qui fait des brindilles et bout du tendon.
Lorsque il remarque leur présence le mercenaire annonce :
"Que puis-je faire pour vous messieurs?"
Alors que chaque uns y va de sa question, le mercenaire remarque que la lumière du soir commence à se profiler dehors.
"Très bien, très bien je vais vous expliquer, mais laissons donc tout cela reposer et trouvons nous quelque chose à manger. Je ne peut plus rien faire aujourd'hui de toute façon.
Toutefois, je pense que mes compagnons vont bientôt revenir, je devrai donc peut être vous abandonner pour un moment..."
La vieille femme semble pensive un moment, puis un sourire étroit fend son visage ridé.
"La Roue tourne comme elle le veut et tout ça, je suppose... Ma bénédiction, c'est un bien grand-mot, mais disons que vous l'avez, surtout si vous vous méfiez de cette vieille folle de Chasaline. Quel nom grotesque. Alors dites-moi, que voulez-vous savoir sur le Kin ?"
Ean sourit finement et incline la tête pour remercier la vieille femme de son soutien.
« Eh bien, j'aimerais connaître son fonctionnement dans les détails, mais je suppose qu'un historique de sa formation ne serait pas inutile. Comment le Kin est-il né exactement ? »
À la question d'Ean, la vieille hausse un sourcil pensif.
"Oh, cela remonte à bien longtemps, je suppose... Je n'étais pas là pour le voir, en tout cas. Mais l'existence du Kin est fortement liée à celle de la Tour Noire... Vous savez, la Tour est sans pitié lorsqu'il s'agit de recruter de nouveaux canalisateurs, elle n'hésite pas à s'emparer des jeunes gens et jeunes filles de tous les peuples pour ce faire. Ici, en Altara, il paraît que nous avions autrefois nombre de guérisseurs capables de soigner avec le Pouvoir sans avoir reçu l'apprentissage de la Tour, mais Tar Valon y a mis un terme. Pour autant, tous n'ont pas supporté l'enseignement de la Tour, beaucoup échouent régulièrement, certains aussi... désertent parce qu'ils désapprouvent la façon de procéder de Tar Valon, ou pour d'autres raisons. Les Rouges traquent sans relâche ces déserteurs et tous ceux qui utilisent le Pouvoir sans leur autorisation alors le Kin s'est créé pour, disons, les rassembler, les cacher. Avec le temps, les mariages, les enfants, les nouveaux arrivants, nous sommes devenus comme une famille... Oui, une famille, c'est plus réaliste qu'un contre-pouvoir, car il faut bien l'avouer, la plupart des canalisateurs qui sont ici n'arriveraient pas à la cheville d'un Aes Sedai. La Lumière, le Créateur, tout ce bazar, je suppose que ça vient naturellement à tous ceux qui doivent vivre clandestinement dans ce Royaume de l'Ombre. Et surtout..."
Elle s'interrompt alors qu'un portail s'ouvre à petite distance et que Brecq en sort accompagné du reste du groupe, et de deux inconnus.
"Allons bon, qu'est-ce que c'est encore que ces deux clampins qu'il nous ramène..."
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Tandis que l'imposant groupe de personne sort de l'atelier dans lequel l'assemblage de Brönn refroidi doucement, le mercenaire aperçoit Ean en conversation avec une Vielle Dame.
Tout en répondant aux questions qui fusent de tout coté, il s'approche des deux personnes.
"il est important de chauffer le bois, pour que la colle prenne en profondeur...
Je dois coller des lamelles, car aucuns bois n'aurait supporté la courbure que je lui donne.
Et non, l'if n'est pas intéressant dans ce cas. seulement pour un arc en bois massif, mais ces modèles sont encombrants et peu maniables.
Les tendons me permettent de m'assurer que mon arc ne se brisera pas à la jonction de la poignée.
Pourquoi j'ai autant courbé mes branches? car ainsi j'obtiendrai un arc très puissant, mais très court. Facile à transporté, très maniable et avec une puissance redoutable!
Quelle puissance? je compte atteindre les 2500 empans de portée utile!"
A cette déclaration, un petit silence s’installe soudain. Probablement qu'ils n'ont jamais vu un arc tirer aussi loin, et encore moins un archer capable de viser correctement à cette distance.
Encore que Brönn doute d'y arriver très précisément, mais l'effet de surprise et toujours très satisfaisant lorsque une flèche se fiche en terre à coté d'un ennemi qui se pensait hors de portée.
Il se rappelle lui même la tête qu'il faisait lorsque pour la première fois, il avait vu cet étrange arc Aiel qui au prix d'un effort considérable avait envoyé un projectile à près de 4000 empans! cette escarmouche aux abords de la dévastation fut terrible. personne ne s’attendait, non seulement à trouver des Aiels, mais surtout à ce qu'ils représente une menace à si grande distance.
"Toutefois, il y a un petit défaut au type d'arc que je fabrique. Très peu de personnes sont capable de les bander. Et encore moins de viser précisément avec. Cela demande énormément de force..."
Alors qu'ils sont encore à une vingtaine de mètres d'Ean et de la vielle femme, un portail s'ouvre. Et le petite groupe de Brecq en sort.
Ean reste un peu stupéfait par ce qu'il entend. Des générations de canalisateurs détachés de la Tour noire et vivant dans la clandestinité... en Altara, mais peut-être, probablement même, dans d'autres endroits aussi ? Les possibilités sont à peine en train de lui venir à l'esprit que le portail s'ouvre avec deux nouveaux arrivants. Ean fait une note mentale de cette observation avant de répondre à la vieille dame.
« Je vais aller me renseigner pour le savoir, si vous le voulez bien, et nous reprendrons cette conversation plus tard, je l'espère. J'ai encore beaucoup de questions ! »
Après avoir écouté la réponse de la femme, il se dirige lentement vers le petit groupe. À leur façon de se déplacer et de se comporter, Ean reconnaît facilement une nouvelle Aes Sedai et un Lige - son Lige, probablement.
Il salue de la tête Brecq s'incline un peu plus formellement vers Melyna Sedai et, en attendant d'être formellement présenté, salue l'Aes Sedai conformément à l'étiquette.
D'un geste vague et peut-être amusé de la main, la vieille fait signe à Ean d'aller rejoindre le reste du groupe. Elle n'ira pas bien loin de toute façon, même si peu de temps après, une jeune fille accapare son attention, peut-être curieuse.
Brecq quant à lui, voit avec satisfaction que Brönn et Ean se trouvent non loin et que ce dernier s'apprête à les rejoindre. Les saluts échangés, le canalisateur prend sur lui de faire les présentations.
"Mélisande Sedai, maîtres Ean et Brönn que vous voyez là sont tous deux concernés par notre affaire également, de même qu'Alar Sedai et ma compagne, Chasaline, qui ne devraient pas tarder à nous rejoindre." À l'attention des nouveaux venus, il ajoute : "Mélisande Sedai et Owyn Gaidin sont tous deux alliés des Asha'man et disposés à joindre leurs efforts aux nôtres."
Ean s'incline à nouveau, et cette fois-ci également à l'intention d'Owyn Gaidin.
« Je représente la résistance de Mayène et c'est un honneur pour moi que de vous rencontrer. J'espère pouvoir vous servir dans l'objectif commun qui nous réunit ici. J'ajoute que j'ai hâte de découvrir de quelle façon les Ashama'n définissent leur propre mission. Vous ne tarderez pas à comprendre - ce n'est d'ailleurs peut-être déjà plus un secret pour vous - que c'est ici une question fondamentale, tant nos... origines, et nos ambitions, sont différentes. [Après une très courte pause, en s'adressant au Lige : ] Owyn Gaidin, pardonnez mon indiscrétion, mais dois-je comprendre que vous n'êtes pas le Lige de Melisande Sedai ? Je ne vous pose la question que par souci de clarté. »
Peut-être surpris, Owyn sourit légèrement avant de répondre au salut d'une inclinaison de la tête.
"Non, maître Ean, je suis bien le Lige de Mélisande Sedai."
Encore que la situation soit particulière, mais une cour assez peuplée ne semblait pas l'endroit idéal pour l'évoquer à nouveau, encore moins si certains ici, comme l'avait suggéré Mélisande, avaient eu vent de la sombre histoire qui entourait la mort d'Alea. De même, il demeura silencieux quant aux Asha'man et leurs objectifs, laissant à Mélisande le soin de juger ce qu'elle voudrait dire ou non bien qu'ils soient venus dans l'intention d'échanger ouvertement. Et le Mayenais semblait lui aussi d'une sincérité qui fit comprendre à Owyn la remarque de Brecq à son sujet.
"Bien puisqu'une partie du groupe est déjà là, je suggère que nous nous installions dans la salle commune.
Peut être Brecq pouvez vous aller chercher Chasaline. Je m'occupe d'Alar Sedai."
Melyna se dirigea alors vers les chambres pour aller chercher le jeune homme.
Elle avait d'abord pensé profiter de cette occasion pour détruire la feuille que Lara lui avait remise. Pour que des yeux mal intentionnés ne tombent pas dessus mais surtout pour pouvoir négocier avec Melisande plus facilement.
Mais à bien y réfléchir, ce n'était surement pas la meilleure façon d'agir avec l'Aes Sedai qui se braquerait sûrement si elle ne revenait pas avec le papier.
Faire un faux prendrait trop de temps et le modifier avec le pouvoir trop compliqué et détectable par la Sœur Brune.
Elle se dirigea donc vers la chambre d'Alar, frappa et poussa la porte quand elle entendit une réponse.
"Nous voici de retour, mais cela ne doit pas vous surprendre.
La Sœur Brune et son lige ont rejoins le camp pour que nous puissions discuter tous ensemble de la suite des évènements.
Je vais être assez... directe, mais j'ai un peu réfléchi à la situation.
J'ai besoin d'un allié car je ne fais pas totalement confiance à Melisande ni au Kin. Vu notre lien, je sais que malgré tout je peux compter sur vous.
Voici les prophéties que Lara a pu voir autour de nous tous. L'Aes Sedai ne les a pas encore vues et je dois dire qu'elle est âpre en négociations" dit elle en lui tendant le papier.
"Je compte sur vous pour m'épauler tout à l'heure lors de la discussion. Le but est d'en apprendre le plus possible et d'en dévoiler le moins bien évidemment."
Agacement, frustration, détermination... Durant les quelques heures qu'avait durées la conversation avec Mélisande, Alar avait été accompagné par la présence diffuse et lointaine des émotions de Melyna. Même à travers l'état méditatif dans lequel il s'était plongé pour lutter contre sa propre douleur, elles demeuraient un fil continu dans ses pensées et il redressa la tête en la devinant soudain très proche. De retour... Et s'il en croyait l'ébullition mentale qu'il percevait avec plus de clarté, quelque chose s'était produit. Assis en tailleur à même le sol, il se redressa et alla à la fenêtre mais ne quitta pas la pièce. S'il en croyait le Lien, Melyna venait elle-même dans sa direction au lieu d'attendre qu'il les rejoigne, et il devait y avoir une raison à cela. Il murmura une réponse quand elle frappa à la porte et se tourna sans surprise vers la Sœur Jaune pour accueillir son récit.
Si son visage demeura impassible par habitude, il ne put évidemment cacher son désarroi aux paroles de Melyna. Par réflexe, il prit le papier et y jeta un bref regard, pensant que cela était inutile. Il avait mémorisé chacun des mots de Lara et n'avait pas besoin de rappel. Cependant, les dernières lignes étaient consacrées aux visions concernant Mélisande et son Lige, et il tiqua légèrement, sourcils froncés, tandis que son esprit tissait malgré lui de nouveaux liens. Il se força à ne pas trop y penser. Il était davantage troublé par la demande que formulait Melyna, qui semblait escompter qu'il ne dévoile rien à la Sœur Brune de ses propres réflexions. Il eut un léger sourire résigné.
"Vous savez que je ferai comme vous le souhaitez" dit-il. Pour cause, il n'avait guère le choix. "Pour autant, je pense que vous n'obtiendrez pas grand-chose à ce jeu-là face à une Brune."
Les Bruns avaient tendance à en savoir soudain plus que tout le monde sans que l'on ait eu l'impression de leur dire quoi que ce soit. C'était d'ailleurs terriblement frustrant. Il rendit le papier à Melyna. Cette dernière pouvait percevoir les émotions confuses qui habitaient le jeune Aes Sedai. Un désir encore trouble et naissant de tisser une alliance, une compréhension réelles avec Melyna s'y opposait à la sensation de contrainte qui bridait ses actions et à des rancœurs sans objet précis. Il lui faudrait encore du temps pour retrouver sa sérénité.
D'un geste, il invita la Sœur Jaune à le précéder vers la salle commune.
Melyna sentait le tiraillement de son Lige face à la demande qu'elle lui présentait. Elle ne pouvait cependant pas forcer le jeune homme qui n'avait jamais demandé ce lien à l’apprécier ou lui faire confiance.
"Je sais que vous ferez ce que je vous demande, mais j'aimerai que vous le fassiez avec conviction. Je sais que notre lien est particulier, mais croyez en ma bonne volonté pour avoir une vraie relation de confiance que devraient avoir un Lige et une Aes Sedai" dit elle en sortant de la pièce pour se diriger vers la salle commune et rejoindre le groupe. Ses paroles étaient sincères et elle avait essayé de le faire passer via leur lien.
Tout en se maudissant de sa naïveté, Alar ne put s'empêcher de se sentir un peu rasséréné par les paroles de la Sœur et la sincérité qu'il sentait émaner du Lien. Il esquissa une ombre de sourire. Il ignorait s'il approuvait la stratégie de Melyna Sedai, mais il pouvait au moins partir du principe qu'elle avait peut-être ses raisons de se méfier et observer la situation d'un oeil favorable.
"Je vous remercie", glissa-t-il tout en refermant la porte à leur suite. "J'essaierai de vous aider au mieux..."
Ils atteignirent sans tarder la salle commune, où les autres avaient commencé à se réunir. Brecq arrivait de l'autre côté de la cour en compagnie d'une Chasaline qui semblait un peu plus détendue qu'à son ordinaire, et qui salua respectueusement la Sœur Brune et son Lige. Encore troublé par cette foule hétéroclite, Alar demeura en retrait, attendant qu'on lui prête attention pour se présenter si nécessaire.
Je vais modifier le message précédent en conséquence ! [/HRP]
