La Pierre de Tear fait peau neuve ! L'aventure continue sur www.pierredetear.fr !
L'ancien site est a présent archivé pour la postérité et en mode "lecture seule". Vous pouvez consulter l'ensemble du contenu et des anciennes discussions du forum,
mais plus créer de nouveaux topics ni écrire de nouvelles réponses.
En fouillant dans mes vieux livres... j'ai trouvé l'ombre de ses ailes. Je l'ai lu il y a lontemps... Mais ce livre reste un chef d'oeuvre, très court, écris dans un style simple, cette histoire est vraiment prenante!!!
"L'ombre de ses ailes" par Bruce Fergusson aux éditions j'ai lu:
extrait:
"La neige tombait quand je quittai mon logis à la taverne pour entamer la longue marche jusqu'à la porte nord de la ville ou mon frère attendait le signal de l'aube et de l'exil. Une neige mouillée, tellement différente de la "poussière" (comme l'appelait notre mère), qui tombait si généreusement dans nos montagnes natales. Chargé d'une humidité maritime, l'air n'était cependant pas assez froid pour justifier les mitaines et les capes de laines que je portais en surplus. Je les destinais à Vearus, vu que je doutais que ses goelier lui fournisse à lui et aux autres exilés des vêtements d'hiver."
Lukan et Vearus : deux frères ennemis. Une femme, un royaume, une divinité et tout une conception de la vie les séparent.
Alors que Vearus revient d'exil avec un mystérieux pouvoir de guérisseur, Lukan quitte la ville assiégée par les sanguinaires Skarriens et part en quête de l'Erseiyr. Cette créature gigantesque et fabuleuse peut seule sauver le royaume de la destruction...
Voilà, c'est tout les petits.... éhéhé, il va falloir acheter le livre pour connaître la suite!!
Eh les amis j'ai une super idée!!!(Qui rit au fond de la salle!!?Oui, vous là, je vous ai entendu!!)Je propose que Caramon nous en poste un extrait toutes les semaines, parce que ça à l'air pas mal du tout et que je suis fauchée en ce moment....vous êtes pas d'accord vous autres??
Voici la suite, mais lisez ce livre... Elann, je propose d'en mettre un extrait sur les oeuvre, c'est un très bon livre pas trop long pour commencer le fantaisy, tout comme earthsea trilogy d'ursula le guin.
La rue des culs de jattes était sombre en dépit de rais de lumière qui filtraient par les fentes des voltes qui la bordaient, premier signe des activités diurnes de la Carcasse, le quartier le plus pauvre de Fortfalaise. La rue était encore déserte, glissée dans un fourreau de blancheur qui adoucissait la rudesse du pavé. L’heure était si tranquille que je percevais le rugissement distant et étouffé des chutes.
Un volet s’ouvrit sur ma droite et, sachant ce qui allait arriver, je m’en écartai du même mouvement qu’un chien méfiant qui s’était jusque-là tenu tout frissonnant sous le mince abri que lui fournissait un auvent. Une femme apparut à la fenêtre, bâillant, les cheveux hâtivement noués, et vida un seau d’eaux usées dans la rigole. Elle ferma prestement le volet, celant lumière et chaleur dans sa demeure à peine éveillée. Le gros chien borgne fouilla les déchets fumants, grondant à mon intention quand je passai devant lui. Il retroussa les babines et dévoila des crocs jaunes.
-T’inquiète pas, Brutus, je vais pas te voler ta pitance, murmurai-je. (Je passai par précaution mon sac de vivre de l’épaule gauche sur la droite et accélérai le pas.) Mais ne viens pas prendre la mienne.
Le sac contenait bien d’autres choses que de la nourriture : des allumettes, une couverture rapiécée offerte par la femme du tavernier, des chaussettes de laines et une paire de vieilles bottes dont je n’avais plus besoin, ayant acquis maintenant une certaine respectabilité. Malgré mes six pieds de haut, mon frère aîné me rend plusieurs pouces, mais nous avions plus d’une fois porté les même vêtements durant notre enfance à Fondpuits. Les bottes étaient justes, mais feraient l’affaire là ou Véarus allait, et la droite servirait doublement.
Les provisions consistaient en cinq miches de pain bis et de viande boucanée : de quoi tenir deux semaines si Véarus se montrait prudent. Après quoi, mais probablement bien avant cela, il serait livré à lui même. Tout comme pour les vêtements, je ne pensais pas que les geôliers du donjon de Hautmur l’eussent fourni en vivres-à part, un dernier souper constitué de déchets.
Je quittai la rue des Culs-de-jatte pour gravir les marches Arachnées qui montaient des entrailles de la Carcasse vers le vieux mur de la cité et le cercle des héros. L’escalier était large, épuisant ; l’escalader d’une seule traite nécessitait une santé de fer et une volonté d’acier. Ils ont un dicton à la carcasse : « les marches forgent l’homme, la montagne trempe l’âme. » Ceci venant des miséreux qui, du fond de leurs ruelles et de leurs logements, ne peuvent voir les montagnes qui s’entassent au nord sur l’horizon, comme des cageots des marchands sur les Marches.
Je sentis quelque chose derrière moi et, me retournant, aperçus le chien, sombre cicatrice sur le blanc de l’escalier, l’haleine argenté par le froid. J’empoignai la dague fixée à ma ceinture et poursuivis mon ascension en jetant de fréquents regards en arrière. Un an plus tôt, j’avais vu un chien attaquer un pochard tombé dans un coma éthylique dans la taverne de la Malefortune.
Celui-ci interrompit sa traque dès qu’il tomba sur un autre chien encore plus gros qui rongeait quelque chose dans le passage en transversal. Il ne tardèrent pas à se battre. Je m’attendais à ce que le borgne eût le dessous, mais ne tenais pas à assister au combat. Les chiens me rappelaient l’autre raison qui m’avait poussé à le demander vivres et couverture à l’aubergiste :je ne voulais pas que mon frère mourût ou tuât encore, pour de la nourriture ou un peu de chaleur cette fois.
En atteignant le sommet de l’escalier, je franchis la porte d’aubélithe du temple de l’Erseiyr, centre de la sphère d’influence de la Plume Noire dans la ville. A ce moment seulement j’éprouvai l’envie de m’arrêter (mon point du fait de la fatigue), car ce temple était l’amer sanctuaire de la déchéance de ma famille. Je voulais le détruire, l’esquinter, le saccager. Mais une telle colère était impuissante et j’étais déjà bien assez en retard pour rejoindre Véarus. Je poursuivis mon chemin malgré les souffrances que le temple réveillait en moi à travers mes souvenirs.
J’avais 17 ans quand, six ans plus tôt, ma mère m’envoya à Fortfalaise pour chercher un emploi et lui expédier quelque argent pendant que Vearus se remettait des suites de son accident dans la mine qui avait coûté la vie de notre père. Je travaillai comme manœuvre sur les quais fluviaux, comme étripeur sur les appontements puants du Tad’Têtes, à l’autre bout de la ville, comme videur dans les tavernes de la Carcasse, où j’appris que ma langue pouvait être plus persuasive que mes poings.
Je couchais dans un dortoir pour indigents surpeuplé, tenu par la plume :leur seule misérable charité. C’est là que j’avais fait la première grande erreur de ma vie : confier l’argent que je gagnais à un acolyte du culte, Sensar, qui se rendait régulièrement à Fondpuits où la plume venait d’ouvrir une mission.
Huit mois plus tard Vearus entrait en claudiquant dans l’enseigne du Cœur et de l’Aine, la taverne où j’avais finalement trouvé un emploi décent. Et là, mon frère me raconta comment avait péri notre mère.
Des mois durant elle avait accepté le peu que je lui envoyais, supposant que j’avais du mal à obtenir un bon salaire. Mais elle avait fini par avoir des soupçons et avait mis Sensar au pied du mur. Il reconnut que les sommes avaient effectivement été plus importantes mais qu’une taxe, une dîme, avait été prélevée dessus, comme c’était la coutume avec la plume. Il dit tout cela avec arrogance d’après Vearus ; le bonhomme avait pourtant eu l’air plutôt humble quand je lui avais confié l’argent. Ma mère était en colère, convaincue, à juste titre que je n’aurais jamais conclu pareil accord. Vearus, qui s’était remis aussi bien qu’il le sera jamais de ses blessures était fou de rage. Il menaça Sensar avec un couteau-éplucheur et exigea le remboursement de la taxe. Quand ma mère intervint dans la lutte qui s’ensuivit entre son fils infirme et l’homme de la plume, Sensar la poignarda. Il s’enfuit de la maison et de Fondpuits et revint à Fortfalaise avec une plaidoirie pour légitime défense, sans aucun doute dans l’improbable éventualité ou les autorités locales voudraient poursuivre l’affaire jusque devant la capitale.
La douleur et la culpabilité me dévorèrent à un point tel que je voulus venger ce meurtre sur-le-champ. Mais Vearus sourit et exhiba la dague de l’acolyte aux quillons si caractéristiques sculptés en forme de pennes. Il la fit glisser sur la table avec autant de fierté qu’il l’eût fait d’un prix remporté à la foire.
_La revanche a déjà été jouée, frangin, dit-il. Pendant un jour et une nuit j’ai guetté le coquin à l’extérieur du temple. Je l’ai eu par surprise dans le dos…mais je lui ai fait savoir qui l’avait fendu comme le pic un minerai tendre, je lui ai dit avant qu’il ne meure.
La Garda n’appréhenda jamais Vearus pour le meurtre. Pendant des semaines, il se vanta de son forfait. Jamais je ne le connus plus heureux.
Deux couples de flenx enchaînés grondèrent au moment ou je passais devant l’entrée de la tour des chutes. L’un des pétradermes (les gardes personnels du Sanctor) frappa l’un des animaux du plat de son épée sur la corne frontale, irrité que les flenx fissent tout un plat d’un simple chien. Car le borgne me suivait toujours. Le flenx hurla puis se tut, faisant taire les autres avec lui. Je me hâtai, passai sous l’arche du Sanctor et avançai sur la grande esplanade de la Grâce. Il neigeait toujours quand j’approchai de mon but dans la lumière grise de l’aube.
Quelque quarante hommes se tenaient en rangs devant les vantaux de chêne de la porte intérieure. Elle était flanquée de deux tours massives qui surplombaient la muraille de la ville dont les créneaux, exposés au nord, étaient couverts de neige gelée.
La porte était toujours fermée. Mon frère était là, à l’écart des autres, mais à l’intérieur du cordon de gardacs armés. La distance même qu’ils maintenaient entre lui et les autres exilés était une manière de provocation. Bien que le sort l’unît aux autres, Vearus tenait fermement à souligner sa différence, tout comme il s’était un jour cru libre de rejeter la vie de mineur du Sanctor à Fondpuits.
Combien de fois n’avais-je point entendu mon père l’appeler sa « grande pépite », caresser ces longs cheveux blonds que de toute la famille, et même de toutes les maisons du voisinage avec leurs toits de schiste, Vearus était le seul à posséder. Et ils riaient ensemble, parfois ouvertement, des leçons que ma mère imposait à moi seul. Je détestais cet enseignement-ces lectures et ces récitations perpétuelles !-qui semblait creuser le gouffre qui s’ouvrait entre mon père et moi, entre Vearus et moi.
Il est certain que ces leçons étaient une source constante de disputes entre mes parents.