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Tous les écrivains talentueux utilisent leurs expériences personnelles, leur vécu pour écrire leurs histoire. Mishima parle de son homosexualité, Kadaré, Kundera, Gorki des dictatures communistes, Kazantzaki de son éducation religieuse.....
Mais, pour la fantaisy???
On peut difficilement parler de vécu. Joe Hadelman s'inspire de ses expérience comme soldat au Vietnam pour écrire la guerre éternelle.
La fantaisy laisse laisse une grande part à l'imaginaire. Ce style d'écriture serait plus dure que les autre? plus facile?
Nous parlions auparavant des concepts moraux des mondes de la fantasy : chevalerie, noblesse d'âme, fidélité, etc...
En fait l'analyse est la suivante : les autres auteurs écrivent pour s'évader. L'un exprime son homosexualité, l'autre sa rébellion contre la noblesse, etc..
Tous se sentent sans doute marginaux ou ont envie d'exprimer une autre vision du monde actuel ou expriment c'est vrai comme tu dis leur expérience.
Nous lisons de la fantasy pour nous évader, nous aussi.
Et nous écrivons, de même, pour les mêmes raisons.
Il suffit d'avoir été trahi ou de se sentir marginal pour avoir l'envie d'écrire à ce propos. Le monde de la fantasy est ensuite comme une sorte de "filtre", de carapace pour faire passer le message et soulager l'âme, sans livrer le message dans sa version brutale.
Pour commencer Caramon, va quand même falloir qu'on se mette d'accord : c'est fantaisy, fantasy, fantaisie ? Pour moi, c'est fantasy, mais bon, une francisation n'est pas à exclure .. mais fantaisy, ça fait bizarre, non ?
Dire qu'un style d'écriture est plus facile qu'un autre, c'est prendre position sur quelque chose d'invérifiable. Que ceux qui pensent que la littérature jeunesse est "facile" à écrire lévent le doigt ???
De plus, selon quels critères juger ? L'imagination, le style, le nombre de personnage, les nuances de couleurs évoquées, les descriptions, la poésie ...
Et puis il y a des personnes plus aptes à écrire de la poésie, et d'autres du rap (attention, je n'ai pas dis que les rappeurs ne sont pas poétiques ... y'en a quand même un peu, si on gratte bien ...). A partir de là, dire que telle littérature est plus facile à écrire qu'une autre est un jugement de valeur et les jugements de valeur, j'aime pô ça (ça fait du mal et ça sert à rien !!)
Par contre, la fantasy fait fort en ce sens où elle mélange plein de choses : poésie, roman chevaleresque, imaginaire hyper-développé ... Et la plus importante (qui n'est pas une constante à toute oeuvre), la création d'un univers propre. Je pense que c'est cela, la plus grosse difficulté : créer un univers crédible, qui "peut" couper (je me suis retenu pour Klian) avec notre réalité quotidienne, mais qui arrive malgé tout à établir des liens qui peut amener le lecteur à créer différents paralléles (d'ailleurs, j'ai l'impression que c'est le but de ce forum, non ? le racisme, la place des femmes, les valeurs morales ... autant de choses que la fantasy évoque de manière + ou - directe). Je tiens aussi à signaler que ce n'est pas parcequ'on lit le même livre qu'on a une lecture similaire (d'où la difficulté de juger et les prises de position sur ce même forum).
Il est évident que si j'écris demain de la fantasy, je voudrais que ce soit parfais (l'univers, les régles sociales, la crédibilité ... et ce ne sont que des critères qui n'engagent que moi) mais de la même manière, si je veux écrire un roman historique, de la SF ou bien un roman policier, j'y mettrai tout mon coeur également. Attention : tout n'est pas littérature (Arlequin par exemple), mais juger rapidement est peut-être plus nocif que la "mauvaise" littérature ...
Ainsi, l'écriture de la fantasy n'est ni facile ... ni difficile. Une bonne conclusion vaseuse !!! Et on n'a pas avancé d'un iota ...
Ce que tu décris, le besoin de s'évader, est sans doute trés important dans la fantasy, mais pourquoi plus que dans la SF , dans la littérature de "voyage" (Marco Polo, le tour du monde en 80 jours ...), dans la littérature fantastique (Harry Potter ..), etc ?
Je crois que l'évasion est juste liée au besoin d'écrire (et encore ça dépend, vois les journaux intimes par exemple), et pas forcéméent de la fantasy. Beaucoup de personnes lisent pour s'évader, et la fantasy s'y préte particulièrement. Pourtant tout le monde ne lit pas de la fantasy ...
Oh je n'ai pas dit que ce besoin de s'évader était différent selon les styles littéraires : de fait je pensais même avoir dit qu'il s'agissait des mêmes.
Par contre, la fantasy étant un style plus lié à l'imaginaire, j'avais écrit qu'il permettait de poser un filtre par rapport au réel... et alors qu'on pourrait dire que ce filtre serait pour ne jamais parler des événements réels que portent l'auteur en lui, en vérité, c'est un exercice (de l'inconscient peut-être chez certains ?) pour au contraire en parler.
Supposons que je sois un auteur. Un auteur que certains côtés de la société actuelle rebutent. Si j'écrivais une histoire dans le monde contemporain, policière par exemple, je m'échapperai moins de ce carcan de la société qui me pèse. Alors que si j'écris un roman de fantasy sur d'autres temps, en un autre monde, j'y échappe un peu plus facilement pourrait-on dire. Ca n'empêchera pas ma violence et ma colère, mon ressentiment contre la société de ressortir, mais d'une façon plus voilée, même si elle peut être virulente.
C'est en cela que comparer la fantasy avec les autres styles littéraires parait intéressant en fait ! Personne n'a le droit de dire qu'un est meilleur que l'autre, mais en fait, on a le droit de préférer l'un à l'autre. Personnellement je ne dirai pas que la fantasy est "plus facile" à écrire, loin de là ; je dis juste qu'un auteur peut se trouver incapable d'écrire un roman policier ou n'aimera pas le faire, et ressentir tout le contraire pour l'écriture de la fantasy ; et ce non seulement par rapport à ses goûts mais bien par rapport à son vécu, et à des choses qu'il aime aborder et d'autres dont il préfère ne pas parler.
Personne n'a le droit de dire qu'un style littéraire est mieux qu'un autre.... Surement, c'est pourtant ce que fait la société. Connaissez-vous un auteur français de fantaisy reconnu, membre de l'académie française???? Non, la fantaisy est considérée comme un genre à part dévalorisé, comme la BD... Ce n'est peut etre pas le cas aux sssttattes?
Quand je disais personne, c'est dans un esprit de dévalorisation. Chacun est libre de ses opinions tant qu'il ne ferme pas la porte à la discussion ...
Et je pense pas que la "société" ait raison ... La "société", ces illustres esprits fermés, les Gardiens du Temple comme les appelle si bien Pennac, honnêtement, je m'en fous complétement.
En fait, ce qui t'embête Caramon, c'est que la fantasy n'a pas la place qu'elle devrait avoir. Mais quelle place ? Un auteur de fantasy français à l'Académie ? Personnelement, je ne prendrai pas ça comme la reconnaissance d'un style.
Tu parlais de la BD : la France est un (le ?) pays où la BD est la plus évoluée, la plus accessible ...
Et puis, la fantasy est bien trop jeune pour être reconnue comme étant un style majeur de la littérature. Des changements pareils se font trés lentements ... Il y a encore un siècle, les romans étaient trés mal vus ; la littérature policière a mis des années avant de sortir de son ghetto ....
Des auteurs français de fantasy : il n'y a pas légion quand même, pas assez en tout cas pour une reconnaissance nationale. Et puis, est-ce si important ? J'écoute de la musique que plein de monde n'écoute pas : le phénoméne de masse est-il vraiment une reconnaissance ? Je suis pas sûr ...
Par contre, participer à la prise de conscience que ce style de littérature peut apporter à chacun d'entre nous, c'est le mieux qu'il nous reste à faire ...
Je pense à Fetjaine comme un auteur de fantasy français connu. Quand ces livres sont sortis, il y a eu de bonnes critiques, preuve qu'il n'y a pas de volonté délibérée de "tuer" la fantasy.
Mais comme la fantasy n'est pas encore un style reconnu du grand public (combien de personnes aime le SdA et s'arrêtent là ?), pourquoi lui donner une grande importance ?
Et je pense sincérement que le fait de ne pas avoir franciser ce nom, comme nous en avons l'habitude, que ça marche ou non, illustre bien la méconnaissance de ce genre par le grand public.