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(2è Cycle) La Caserne des Noirs Manteaux
(Sujet créé par Le Conteur l 24/04/11 à 19:45)
Lieu de peur pour les civils et de crainte pour les criminels, la Caserne des Noirs Manteaux est un endroit étrange. Des tentes parfaitement alignées d'un noir profond, des sentinelles et des râteliers d'armes ponctuant les carrefours de cette ville de toile.
Des cris de douleur s'élèvent parfois du pavillon central, lieu de torture et de commandement. Quand des gens y sont amenés enchaînés, ils en ressortent rarement en vie
La Journée s'annonçait chargée pour l'homme assis derrière le bureau, dans une chaise de bois brut sans ornement. Le bureau lui-même n'était pas décoré, à part pour les quelques accessoires posés dessus. Le tapis sur le sol était d'un noir uni, et même les lampes éclairant la salle semblaient émettre une lumière sombre.
L'ambiance seyait au Commandant de la troupe. Il attrapa un parchemin sur le bureau et le parcourut des yeux, essayant de se concentrer sur autre chose. Il avait rendez-vous avec le capitaine de la Garde de Tar Valon cet après-midi pour faire le point sur l'enquête de l'Attaque, et devais aussi s'entretenir avec les Aes Sedai. Il avait aussi des nouvelles recrues à assigner. Il ne savait pas quoi leur donner à faire. En ce moment, les journées étaient calmes, et cela devait bien faire quelques décennies que l'ensemble de leur armée - son armée! - n'avait pas été mobilisée pour la guerre. Une période paisible. Le Grand Seigneur régnait d'une main de fer sur le continent, et peu osaient se rebeller.
*à part ces idiots d'Amis du Créateur, attaquant la Tour et disparaissant comme des Ombres. Même les rebelles Seanchans sont plus logiques. Eux revendiquent leurs actes, et attaquent au grand jour. Même s'ils périront aussi un jour. Au moins nous voyons clair dans leur jeu. Couper les réapprovisionnements, couper les communications, vendettas, assassinats. Mais l'Attaque de la Tour. Dans quel but? Des prisonniers libérés, des Aes Sedai tués, et des objets sans valeurs ou d'usage inconnus volés. Pourquoi?*
Ses pensées furent interrompues alors qu'un garde entra pour introduire une obscure personne dont le Commandant n'avait pas entendu parler. Certainement une des nouvelles recrues. Leurs officiers leurs trouvaient des missions à faire en attendant de les mobiliser dans des vrais bataillons. Certains venaient le voir directement pour lui demander un ordre de mission, ou d'autres venaient le déranger avec des détails étranges ou inutiles sur des évènements survenus en mission. Mais cela était bon pour son image. Aussi le laissa t'il entrer et écouta ce qu'il avait à dire.
Le casque coincé sous le bras, je repousse le rabat de la tente de commandement d'un geste confiant, avant d'y entrer et de saluer l'officier supérieur avec raideur. Les yeux fixés sur la toile du fond, je prends soin de ne pas croiser son regard, adoptant une posture humble, pour ne pas laisser transparaitre la satisfaction que j'éprouve en cet instant. C'est pourtant d'une voix assurée que je m'adresse à lui.
"Commandant, l'Inquisiteur Joshael m'envoie vous prévenir que l'Amie du Créateur capturée plus tôt dans la journée n'est plus une menace. Nous nous sommes assurés qu'elle ne parlerait plus. Les informations qu'elle nous a livré étaient maigres, ou pour ainsi dire, elle n'a fait que prononcer les mots qui la condamneraient et mettraient fin à la Question. Je l'ai exécuté devant les membres de sa famille pour m'assurer qu'ils transmettraient le message aux autres villageois... Nul ne doit parler du Grand Seigneur en termes disgracieux.
Joshael m'a permis de venir vous faire ce rapport en personne car il estime que je me suis bien comporté. Avec votre permission, j'aimerai solliciter l'autorisation de prendre la tête de quelques hommes triés sur le volet pour donner la chasse aux Amis du Créateur. La vue d'une escouade d'Enfants en patrouille peut parfois raffermir la foi des brebis égarées..."
Le Commandant s'enfonça dans sa chaise, un coude sur le repose bras. Il écouta avec attention le rapport de l'homme. Il ne le regardait pas dans les yeux, et parlait prudemment, mais avec ferveur. Le discours dans l'ensemble n'était que l'habituel rengaine d'interrogatoire. Les gens parlaient, et mourraient. Mais la façon dont cet homme parlait de l'acquittement de sa tâche de bourreau, sans plus d'émotion que cela, juste la rigueur de celui qui annonce qu'il a fait son devoir.
*J'aime cet esprit. J'espère qu'il ira loin. Nous avons besoin d'homme avec cet acharnement à faire régner la Justice du Grand Seigneur. Si tous les soldats pouvaient garder cette même motivation tout au long de leur carrière, nous pourrions accomplir bien plus*
"Ainsi, même notre frère Joshael dit du bien de vous... Soit, je veux bien accéder à votre demande. Je vous permet d'emmener dix personnes. Mais je veux avec vous un officier. Écoutez ses conseils, mais c'est vous qui êtes en charge. Si vous arrivez à revenir avant cet après-midi, je pourrais même vous confier d'autres tâches.
*S'il est si dévolu que cela à la traque des Amis du Créateur, alors pourquoi ne pas en profiter? Mais mieux vaut être sûr de ce dont-il est capable*
Une fervente lueur étincelle dans mon regard, expression farouche de ma foi dans les préceptes du Grand Seigneur, tandis que le Commandant répond favorablement à ma requête. Même s'il ne le sait pas, il vient de me faire un inestimable cadeau, une preuve que j'existe parmi les Enfants sans l'aide de mon père.
*...Tu verras Père, je prouverais ma valeur, et alors tu pourras être fier de moi ! Toi aussi, Mère...*
"- Je ne vous décevrais pas, Commandant. Merci de m'avoir accordé quelques instants de votre précieux temps, je vous servirai aussi bien que je sers le Grand Seigneur."
*...Je serai meilleur que toi, Père...*
Je salue à nouveau, et quitte la tente sans attendre. Une fois à l'extérieur, je rassemble une poignée d'hommes de valeur et pars étudier les cartes de la région afin de localiser le village le plus proche.
*... Vous apprendrez à Le respecter... Mécréants !...*
Après avoir sélectionné ma destination avec soin, je me dirige vers l'écurie pour faire sceller Gaidin. Le nom de ma monture est d'ailleurs ma seule fantaisie affichée, mais aussi la représentation des sentiments que m'inspirent les Liges des Aes Sedais. Une insulte destinée à provoquer, invitant au duel...
De retour au camp, je mène moi-même mon cheval à l'écurie après avoir donné quartier-libre aux soldats. Je tente de garder une expression impassible, me morigénant intérieurement pour ce choix stupide.
*.. Un village si proche de la Tour Noir, qu'est-ce tu croyais ? Que tu allais débusquer un nid de rebelles du premier coup ? Ces paysans étaient affolés mais loin d'être des conspirateurs en puissance ! Pourtant nul ne doit échapper aux commandements du Grand Seigneur. Ils savent à présent que les Enfants veillent même sur les plus humbles d'entre eux..*
Une fois mon cheval bouchonner, je ne prends pas le temps de manger car les paroles du Commandant me reviennent en mémoire.
"- Revenez me voir cet après-midi..."
*.. Voilà peut-être une véritable occasion de prouver ma valeur.. *
Je décide donc de me présenter une nouvelle fois devant l'officier, avec l'espoir de recevoir une assignation officielle.
Toujours derrière son bureau, en train de trier les papiers, le Commandant des Noirs Manteaux s'efforça de mettre de l'ordre dans les rapports et messages codées qu'il recevait chaque midi. Certains partirent directement en fumée, brûlés sur la bougie posée sur un coin de son bureau.
Un garde entra pour annoncer le retour du frère Arkinsha. Il referma le porte document en cuir et posa ses bras dessus, les mains jointes. Le dos droit, il donna l'autorisation au soldat d'entrer.
*Bien!* pensa-t'il *On va pouvoir voir de quelle trempe est cet homme*
L'homme entra et le salua conformément au protocole. Il attendit, et le Commandant prit la parole
"Alors, frère Arkinsha. Comment s'est passé votre repérage?"
"- Commandant, je n'ai guère rencontré que des paysans apeurés. Si proches de la Tour Noire, les habitants hésitent à aider les rebelles mais sait-on jamais. Je pense qu'il est bon de rappeler au peuple que nous veillons sur sa foi.
- Vous m'avez fait part d'une éventuelle mission que je pourrais accomplir pour vous. Je me tiens à votre entière disposition et me satisferai d'éxécuter votre volonté au nom du Grand Seigneur. Je brûle de mettre mes talents au service des Enfants des Ténèbres, ma lame est vôtre aussi surement que mon âme Lui appartient. Par le Sang et l'Acier, je jure de ne pas vous décevoir !"
"En effet, je pensais pouvoir compter sur vous concernant un petit problème qui nous préoccupe depuis quelques temps déjà. Vous avez certainement entendu parler de l'attaque de la Tour Noire par les Amis du Créateur. Je m'y rend cet après-midi pour savoir où en est l'enquête." Il observa la réaction du jeune homme, les yeux pleins de ferveur alors qu'il entendait parler des Amis du Créateur.
"Malheureusement, il semblerait que celle-ci n'avance guère. Je pensais qu'avoir un de nos homme sur place pouvais nous aider à démasquer les fautifs, et peut-être les débusquer. Les gardes et les Aes Sedai semblent peu enclin à nous aider, et même avoir plus ou moins arrêté les recherches, si j'en crois certains rapports..." Il ménageait ses propos, pour pouvoir savoir à quel point l'homme était dévoué dans son travail. Il ne fallait pas décevoir le Grand Seigneur.
"Ils nous cachent très certainement des éléments essentiels. Je veux que vous veniez avec moi pour vous familiariser avec les personnes en charge de cette enquête, et que vous suiviez cela de près. Je compte sur vous, soldat!"
Le poing sur le cœur, j'adopte un ton solennel lorsque je réponds à l'officier.
"- Je fais le serment de découvrir la vérité sur les événements de la Tour Noire. Je n'aurai de répit tant que vous ne serez pas satisfait, Commandant.
- Si vous le permettez, j'aimerai que vous m'exposiez les éléments qui se trouvent déjà en notre possession. Si l'on s'employe à nous barrer la route, je voudrais apprendre tout ce qui possible avant de rejoindre la Tour. Que savons-nous sur cette attaque, Commandant ?"
Le Commandant sourit intérieurement en entendant le jeune soldat prononcer un tel serment pour une simple enquête.
"Ce que nous savons pour l'instant, c'est qu'une attaque criminelle a été commise. D'après les informations dont nous disposons, les coupables seraient un groupuscule d'Amis du Créateur. La raison de leur attaque nous est inconnue, et les Aes Sedai ne souhaitent pas nous révéler la gravité des combats, telle que le nombre de victimes. Nous sommes donc en plein brouillard."
Il se leva et fit le tour de son bureau, se postant devant le soldat.
"Si vous êtes prêt, nous pouvons partir immédiatement. Si vous avez besoin de vous préparer, rejoignez-moi à l'entrée du camp dans une demi-heure. Je n'attendrais pas plus longtemps."
Faisant signe au Commandant que rien ne me retient, je lui emboite le pas en respectant la distance protocolaire.
"- Nous pouvons y aller, je suis prêt, Commandant."
Puis chemin faisant.
"- Commandant, si vous permettez, j'imagine que vous avez un plan pour faire parler les Aes Sedais ? Les femmes de Tar Valon ne disent que ce qu'elles veulent et parfois moins. Comment comptez-vous vous y prendre pour les faire parler ?"
Avec la réponse du jeune homme, le Commandant prit son épée posée à portée de main, comme toujours, avant de se diriger vers la sortie de son bureau, lui sur ses talons. Ils se dirigeaient vers les écuries.
"Commandant" Dit alors Arkinsha "si vous permettez, j'imagine que vous avez un plan pour faire parler les Aes Sedais ? Les femmes de Tar Valon ne disent que ce qu'elles veulent et parfois moins. Comment comptez-vous vous y prendre pour les faire parler ?"
Il tourna la tête et leva un sourcil interrogateur sur l'homme. Il se retourna et continua à marcher. Après quelques secondes de réflexion, il lui répondit.
"Faire parler une Aes Sedai? Si vous pensiez à la torture ou aux menaces, cela ne marchera pas. C'est la subtilité et l'observation qui nous permettrons de recueillir les informations dont nous avons besoin. Et surtout les bonnes personnes. Il n'y a rien de plus simple. Nous agissons sous les ordres direct du Grand Seigneur pour cette mission. Tout comme eux. Ils ne souhaiterons pas nous mettre de bâtons dans les roues, mais ils tenteront certainement de retenir certaines informations qui pourraient être cruciales. Connaissez-vous le Daes'dae Mar? C'est pour nous une discipline inepte, mais qui peut se révéler utile dans bien des situations. Il faut garder l’œil ouvert et les oreilles attentives."
Après avoir monté, ils partirent vers l'orée du camp, où les attendaient déjà la troupe qui les garderaient sur le chemin. L'inquisiteur Joshael se trouvaient parmi eux. Il l'avait choisi car il connaissait Arkinsha, et que la présence d'un inquisiteur pourrait peut-être faire pencher la balance de leur côté.
Je hoche la tête aux propos du Commandant, convaincu que la sagesse se trouve dans ses paroles.
"- Qui sont les contacts que nous possédons à la Tour ? S'il m'est permis de poser cette question, Commandant."
Je salue l'Inquisiteur avec respect lorsque Gaidin arrive à sa hauteur. Les souvenirs de nos activités communes font remonter en moi des bouffées de satisfaction face au travail parfaitement accompli que nous avons réalisé.
*... Je suis une arme et lui le bretteur.... Et le Grand Seigneur nous guide tous deux... Un jour je serai la lame et le bretteur, Père...*
"Nous n'en avons que trop peu, malheureusement. Nos agents sont rares, mais valables. Certains savent des choses que la plupart ignorent. D'autres comprennent plus que ce que les gens déduisent. Certains de nos espions sont des perles, sentant les rumeurs, découvrant la vérité au milieu de tissus d'âneries. Hélas, ceux-ci ne se trouvent pas à Tar Valon en ce moment. Bon nous allons être en retard. il nous faut presser le pas!"
Ils galopèrent furieusement pendant quelques lieues, avant d'avancer au trop sur la même distance, et de reprendre dans un galop moins soutenu. Il ne fallait pas trop épuiser les chevaux, mais essayer d'aller le plus vite possible. En quelques heures, ils arrivèrent en vue de la ville, et de la Tour Noire dominant le paysage.
Ils franchirent peu après les portes de la ville, et passèrent au milieu de gens inquiets de voir des Enfants des Ténèbres pénétrer en ville. Le fait qu'ils ne soient qu'une vingtaine semblait de plus les surprendre. Ils ne s'attardèrent pas dans la ville, se dirigeant directement vers le centre, où se trouvait la grande structure qu'ils visaient.
