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Nayla
06/10/2007 14:49
Jadis, Aes Sedai de l'Ajah Verte.
Gniéhéhé

Texte D
Destins liés, le froid et le vent entremêlés.

Le vent se lève.

Le vent : soupir d’anges ou rires de fées ? Un peu des deux et rien moins que mon désir.
Sanglots de mortels ou lamentations désespérées ? Un peu des deux et bien trop pour ce que je veux.

Le vent, toujours danse et virevolte. Toujours présent mais souvent caché, dissimulé pour mieux surprendre et effleurer.

Mais que cache le vent ? Que dit-il finalement ? Qu’est-il réellement ?

Il murmure, chantonne, entonne un refrain d’une ancienne mélopée oubliée.
Ecoute le. Je l’entends, et il m’apprend. Il me guide et me poursuit. Ses paroles rongent mes pensées, sa voix brûle et ensorcelle. Je l’écoute, fidèle.

Oui, il me guide, m’apprend et me surprend. Je le suis, lui qui me poursuit.
Je l’attends lui qui me comprend.

Rideau de poussières virevoltant, minces effluves de senteurs odorantes, il porte souvenirs et plaisirs, ma rage et mes désirs. Il montre un chemin, parcourt et découvre ce qui se doit. Je le chasse, de mes yeux je le cherche, de mes mains, je le guette.

IL est là, il se lève, il me guide. Vent sauvage, viens à moi. Vent intrépide, entends moi. Retrouve moi.

Et je me réveille.

Mes mains grattent la pierre. Mes yeux, dans l’obscurité, pleurent de ne plus voir le soleil. Mon corps est endolori de se tenir toujours ainsi, pliée en deux, ramassé sur lui-même, telle une bête. Je cherche, je convoite et espère et sombre, plus profondément encore.

Le voile entre les mondes se lève pour moi. Je vois, j’aperçois ce qui toujours est dissimulé, ce qui toujours demeure cacher. Là bas, au-delà, tout semble si beau, si paisible, si froid. Mais toujours ce paradis se tient au-delà. Oui, au-delà de la frontière, au-delà de l’interstice cruel.
Le traverser, je le sais, m’apportera ce vent que je guette et recherche. Un vent sauvage et imprévisible. Un vent de folie…

Le vent se lève.

Le vent : cris de terreur ou espoirs envolés ? Beaucoup des deux et bien trop, oui bien trop.
Le vent, larmes fugaces d’un passé oublié, déchiré ? Malheureusement, si peu à coté de ce qui m’a été ôté.

Je me tiens là, je cherche le vent. Ce vent qui toujours m’emporte, qui souvent me transporte. Mais je rêve, simplement, je ne fais que rêver. Tantôt, il me fait rire, doux, caressant. Tantôt il me fait souffrir, brûlant, mordant. Ses paroles, lames acérées de paroles autrefois prononcées, lacèrent mon cœur et engendrent la peur. Il hurle. Mais je le poursuis. Il brûle, mais je le suis.
Il est, et moi je m’efface, seule, isolée.

Il raconte ce qui était, et ce qui n’est pas, ce qui sera et ce qui est là. J’écoute, avide, empressé. Et lui raconte ce qu’on veut, ce dont on a besoin. Il écoute mes désirs et mes envies. Il m’aime et m’envie. Il m’attend et me comprend. Oui, me comprend. Il sait, il me connaît. Je le guide, de mes espoirs et de mes désirs. Il me guette, prêt à se soumettre. Il me l’a dit.

Le voilà, regarde le. Virevolter et danser, sous un rythme envoûtant, presque charmant. Mon cœur bondit à l’unisson, j’accorde mes sens à cette sensation. Il est venu à moi mais je l’ai meurtri, oui, je l’ai meurtri. Car j’ai voulu l’emprisonner, j’ai voulu le conserver. Mais il s’est sauvé, mes bras n’ont pu retenir ce qu’il avait chanté. Il m’a pincé, brûlé. Et moi je l’ai blessé.

Pourtant il a continué à chanter, mais sa voix a pris le rythme de la colère, amère, austère. Il s’est emporté, a tenté de me briser. Alors je me suis déchaînée. L’hiver m’a obéi. L’hiver m’a enfanté. Je lui dois la vie.

J’ai appelé le gel, j’ai encensé le givre, j’ai caressé le froid. Tous m’ont obéi, j’ai frappé, brisé, gelé. Les fleurs se sont fanées, elles ont pris la teinte argentée des étoiles opales. Un fin liseré de cristal s’est accroché à leurs pétales. Les arbres se sont brisés, nets, sous le poids du froid. La terre est devenu verre, matière sans vie, brûlée par la nuit des saisons.
Le vent a lutté, il a frappé. Ces bras ont tenté de m’enlacer pour me briser. Ces mains ont tenté de me griffer pour me blesser. Sa voix était cruelle, fausse et mauvaise. Furie. Il a chanté les complaintes d’un autre temps, il a brandi le fléau du temps, il a banni toute vie pour longtemps.

Ainsi nous nous sommes aimé, de haine, de fiel, quand il ne fallait pas, quand on ne devait pas. Le printemps est sacré, Bride est reine en cette saison, et pas moi, non, pas moi. Je ne devais pas, j ai défié ce qui ne se défie pas.

Nous avons tout dévasté. Nous avons trop chanté.

Et je ne me suis pas réveillée.
J’ai plongé dans un gouffre plus profond que celui de ma folie.
Etait ce un rêve, un songe oublié, une réminiscence de ma vie passée ?
Ai-je détruit ce qui était, ai-je brisé ce qui aurait pu être ?

Vent, vent de connaissance, vient à moi. Vent de savoir et d’avenir, entend moi.
Vent d’oubli prend moi.

Je sombre, je tombe. Les ténèbres me brûlent, le vent ne souffle plus. Ma chute trouvera t-elle une fin, je ne sens rien. Les étoiles s’effacent, les anges passent.

Et je ne me réveille plus.
Mon esprit tâtonne, effleure, arrache ce qu’il peut découvrir en lui, j’ai tout perdu. Le fil de ma vie est brisé, je ne maîtrise plus ce qui m’a fait éternelle. Je murmure le bruit du vent, je chantonne sa litanie tendre. Je mime le vent et ses promesses, je m’enlace d’une souple caresse de mes bras. Mais rien n’y fait. Le vent ne revient pas. Il ne me guette plus, lui que je désire tant. Il ne me poursuit plus, lui que j’attends ardemment.

Les hommes m’ont jeté dans un cachot, les hommes survivants m’ont maudite et enfermée dans une tour abandonnée. Je suis seule, isolée. Le vent ne souffle plus, il m’évite. Le vent ne se lève plus, il m’oublie. Je pleure et me brûle. Je me griffe et sombre au crépuscule. Je me mords et refuse, incrédule.

Le vent de folie me gagne, il s’empare de mes remparts, il s’insinue dans mes brèches fragiles. Et pourtant ce vent ne souffle pas, il ne se lève pas. Il chante mais n’enchante pas. Il perd et se laisse perdre. Au travers de ma nuit, les yeux fermés, je hurle et me consume. Le sol est labouré de mes mains meurtries. Je gratte et recherche, je guette et appelle.

Le temps n’a plus d’importance, la trame du destin s’est presque éteinte. Je ne la ressens plus alors que je sombre, je la sens s’éloigner, je la sens s’effilocher. Jusqu’où sombrerai je ? Le froid m’indiffère. Je ne le ressens plus comme auparavant, baiser délicat sur ma peau de marbre, souffle embrasé de mes charmes sans égales. Je perds contrôle, je perds tout.
Jusqu’au tomberai je ? … L’oubli murmure mon esprit, la folie chante mon esprit.

Vent, vient me libérer, vent de liberté, accepte moi et emporte moi.

Mais le vent ne se lève pas, il ne chante pas.

Et jamais je ne me réveillerai.
Dans mes rêves, j’entrevois et aperçois ce qui s’avère être la réalité, sans moi. Des images assaillent mon esprit, des hurlements percent le silence de mes nuits sans jour. Je sombre et le vent ne se lève plus. Où es tu ? Toi qui m’accompagnais toujours, compagnon d’infortune ? Hiver et tempête toujours ont été liés et se sont aimés ? Où est tu vent d’amour, toi sans qui je ne me relève pas quand tu ne te lève plus ? Reviens à moi.

Les jours passent, les années, les siècles. Le temps s’efface, la roue tourne, la mémoire trépasse.

Je me suis endormie, telle une louve épuisée après avoir chassé sans relâche.
Mes yeux se rouvrent, mes paupières sont lourdes. Je distingue avec peine ce qui m’entoure. Mon cachot n’est plus, je n’y demeure plus. La peau me brûle de retrouver la lumière. Je suis pâle, sombre à ma manière, glaciale.

Une femme me fait face, plus exactement trois femmes que je distingue mal. Mes vêtements ne sont plus. Le vent ne se lève plus pour soulever cette robe d’organdi étoilée. Mes lèvres s’ouvrent sur le silence, je ne sais plus parler, je n’arrive plus à m’exprimer.

Une voix usée par le temps s’éleva, suivie par ses sœurs, plus mûres et sûres d’elles même :

« - Il y a 1000 ans de cela, tu as été punie pour avoir faillit et défier ce qui ne devait pas être défié. »
« - Pour cela, tu as été emprisonnée pour 1000 ans, car tu avais osé déjouer ce qui avait été décidé.»
« - Dès à présent, ton destin va être déterminé pour les 1000 ans à venir, car tu devras à nouveau défier ce qui ne peut être déjoué.»

Une farandole étrange se met en marche, m’emportant dans une course que je ne peux soutenir. Mes jambes ne suivent pas le rythme, je m’écroule plusieurs fois, me laisse ramasser telle un fêtu de paille. Des questions assaillent mon esprit, qui n’ont aucun sens pour moi. Je tente de me relever, mais sans force, je demeure fébrile et allongée. Des bribes de phrase me parviennent, je ne comprends rien. Des rires fusent autour de moi. J’entrevois des personnages masqués, des ombres fugaces, des animaux déformés. J’aperçois la folie de mon esprit qui danse et chante alors que je ne bouge pas.

« - Suis la route de brique jaune…qu’on lui coupe la tête… vers l’infini et l au delà… »

L essence même de la folie s empare de moi. Ce venin sauvage et indomptable qui embrase les sens et barricade les frontières du jugement. Je me relève, furieuse et commence à briser la glace qui avait asséché le sang dans mes veines, emprisonnant mon venin cruel. Les 3 femmes sourient, et entament leur cérémonie.

« - Pour 1000 ans, nous te relevons. Pour 1000 ans, nous t’abandonnons. »
« - Pendant 1000 ans, ta loi sera hiver, seule et fidèle, tu répandras ton poison. »
« - Pendant 1000 ans, rien ne s’opposera à toi, mais prends garde au dernier jour de ta loi. »

Ainsi parlèrent les trois femmes, les trois tisseuses. L’une créant le fil, l’autre le déroulant et la dernière… n’achevant pas son œuvre, la suspendant pendant encore 1000 ans, jusqu’à ce qu’elles déchaînent de nouveau leurs fuseaux de pouvoir incandescent.

J’accepte, je retrouverai le vent. Je redécouvrirai le temps. Un sourire insolent se dessine sur mon visage, je me fais hautaine et fière et salue avec grâce les trois parques, leur souriant d’un sourire de haine. Elles m’avaient puni, elles m’avaient abandonné. Je me vengerai.

Je retrouve ma beauté froide, mon calme de surface sur un océan de glace, ma folie meurtrière, ma puissance de mère. Des cristaux de givre maculent le sol, des volutes de soie gelée dansent sur les murs, je retrouve mon emprise sur hiver. Une robe d’argent scintillante d’étoiles opales se drape autour de moi, me rendant plus que souveraine.

Je suis réveillée et gouverne de nouveau le monde et les terres.

Je m’en vais, déjà lointaine, un pas souple me propulsant sur le sommet d’une montagne sauvage. Des pics acérés, tels des griffes blessant les nuages, m’entourent. Un sentiment m’envahit, celui vibrant et suave de la conquête, du désir.

Les hommes m’avaient emprisonné, les Parques m’avaient puni. Les mortels avaient perdu foi et croyance en moi, ce faisant, ils m’avaient condamné à périr, oubliée, perdue, désespérée. Mais, j’étais de retour, moi la fée d’Hiver. L’esprit de la nuit des saisons, la cailleach, imperturbable.
Faerie n’était pas mort, Faerie revivrait selon ma loi. Je me vengerai.

Je ris, d’un rire de démente, sentant le vent se lever. Reconnaissant le compagnon de ma destinée. Une tempête n’allait pas tarder à briser ceux qui l’avaient oublié.

Le vent se lève, viens à moi. Je te guette, tu m’attends. Je t’épie, tu me comprends. Le vent se lève…

Mon amant, mon amour, ma vie… Embrasse l’hiver, embrasse moi.

Le vent chante, s’enroule autour d’elle. Le vent se lève….
lugh
10/10/2007 00:39
Samildanach

Salut auteur anonyme,

Superbe texte, l'un de mes préférés. La tonalité poétique est bien maîtrisée et l'écriture originale est au service d'une histoire agréable.
C'est parfois un peu trop mystérieux pour moi mais ce récit s'inscrit p.e dans un univers plus vaste?
Thismardoch
10/10/2007 01:03


Je trouve ce texte très poétique, mais le fait de ne pas avoir écrit 1000 en toutes lettres est vraiment dommage.
Kellen
27/10/2007 19:17
Ferme les paupières, rejoins la nuit.

C'est parfois un peu trop mystérieux pour moi mais ce récit s'inscrit p.e dans un univers plus vaste?


Je vais peut être développé un peu le texte pour dissiper ce mystère qui plane.
Ou alors, je vais en écrire un autre qui expliquera un peu plus ce qu'il se passe.

J'hésite, car cela me ferait bizarre de modifier ce texte qui à force de le lire c'est imprimé en moi. ^^

En tout cas, merci pour vos commentaires. Merci beaucoup.

Aelghir
28/10/2007 16:46
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !

Le fait d'écrire à la première personne nous fait entrer dans la tête et les passions du personnage que l'on découvre peu à peu selon un texte bien construit. Ecriture poétique, vocabulaire riche, et des phrases qui se sont allégées : un bon texte dans lequel le vent est un personnage important.

Bon, pour trouver un bémol, quand même : ça manque terriblement de jeux de mots et de situations marrantes ! Plutôt "Je de maux " et situations glaçantes !
Maneero
03/11/2007 03:49
Immortel
Mettra un jour fin à l'humanité

Je reconnais à ce texte tout ses mérites, déjà cités ci-dessus, mais je l'avoue, j'ai pourtant eu du mal à accrocher. La faute à un univers un peu trop mystérieux, et à des répétitions assez lassantes, qui ont beaucoup terni à mes yeux un style que je trouve par ailleurs éblouissant autant qu'envoûtant. Un vocabulaire foisonnant le long de métaphores exquises, le tout au service d'un rythme bien maîtrisé, en voilà le secret. Mais encore faut-il avoir le talent pour l'exploiter, et ça, tu viens de nous le prouver.

Et il y a aussi autre chose... une dernière chose, qui t'a instantanément démasquée quand je l'ai lue, et qui ne m'a pas aidé à rentrer dans cet univers mais plutôt à me renvoyer - involontairement ? - agréablement à celui d'une artiste que j'aime moi aussi beaucoup : l'apparition répétée des "étoiles opales".

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