La Pierre de Tear fait peau neuve ! L'aventure continue sur www.pierredetear.fr !
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Pour les historiens, tout commença lorsque le roi promis belle et forte récompense à qui lui ramènerais la tête de la chose, bien que certains membres de cette illustre profession fassent remonter le début des évènements à l’hiver phénoménal qu’il y avait eu en Laryngie cette année là. Pour les anciens, tout commença lorsque la mère de Liam –une jolie fille mais à peu près dépourvue de cervelle - s’était laissée courtisée par un étranger la bouche en cœur et les boucles soyeuses mais sans rien dans le crâne –. Que le fils soit un bon à rien n’avait donc rien d’étonnant. Quant à Liam lui-même, il fit remonter tout cela au jour où au lieu de ramener de l’eau à sa mère, il s’arrêta à la taverne alors particulièrement animée.
Ici nous devons prendre un moment pour ouvrir les yeux de notre lecteur. Nous comptons faire un récit des évènements tels qu’ils se sont réellement passés. Si vous avez entendu parler de princes héritiers de royaumes défunts, d’épées magiques, de destriers immaculés ou de Destinée, ceci est absolument faux. Nous n’y pouvons rien si les ménestrels sont de fieffés menteurs et qu’ils ont la fâcheuse manie de transformer les ânes en fidèles destriers. De plus, ce destrier là était un mulet. Pucelles, ranger vos mouchoirs, ceci n’est pas une épopée mais l’Histoire.
Or donc, ce jour là, Liam entendit chanter et rire dans la taverne du village. Ce lieu, chargé de tentations et de promesses d’orgies sans fin pour le petit paysan qu’il était, semblait lui ouvrir les bras. Posant les lourds seaux d’eau il répondit à l’appel.
La taverne était une longue pièce mal éclairée. Au comptoir, l’aubergiste époussetait des verres tout en jaugeant la capacité d’absorption de ses clients et quand il était temps de les mettre à la porte. La clientèle se composait de quatre chevaliers en armure immaculée –si l’on ne tenait pas compte de la poussière et de la boue accumulée par le voyage- , d’un colporteur itinérant à l’air miteux, de deux ou trois forestiers, de quelques villageois et d’un manouvrier de passage. Celui-ci se trouvait par hasard être le propre père de Liam qui s’apprêtait à repartir, non sans avoir ajouté deux futurs demi-frères à la trentaine que Liam avait déjà sans le savoir. Le manouvrier semblait avoir la fâcheuse habitude de semer graine à tout vent.
Liam s’avança timidement vers le comptoir, déçu d’une certaine manière de ne pas être dans l’antre de la luxure décrit par les Anciens. D’une voix qu’il tenta désespérément de rendre plus mâle, il demanda au tavernier de lui servir son alcool le plus fort. A y réfléchir, c’est sans doute à ce moment là que tout débuta véritablement.
En effet, à ce moment là, à peine Liam eu-t-il fini la pinte d’alcool grumeleux qu’il avait du avaler cul sec comme le lui avait ordonné l’un des chevaliers en se gaussant, qu’un horrible bruit se fit entendre. Un bruit tel qu’on aurait cru entendre le Malin au fond de son antre au cœur de la terre se raclant la gorge avant de prononcer son discours de bienvenus aux nouveaux arrivants.
Le raclement se fit entendre pendant plusieurs minutes avant de se transformer en un sifflement prolongé. Un coup de tonnerre se fit alors entendre et le vent se leva.
Tout d’abord ce fut une brise légère qui souleva la poussière en direction de l’est, la faisant tournoyer dans la lumière matinale. Puis, petit à petit, le flot s’accéléra et la légère brise se transforma en un vent fort qui mua à son tour en une sorte d’ouragan. Tout se mis à glisser sur la route, les seaux de Liam, un mouchoir abandonné, un chaton et le gros chien du maire, les montures des chevaliers commencèrent à avancer vers l’est, tentant de résister mais incapables de lutter face à la force qui les entraînaient. Le vent s’amplifia, s’accéléra, creusant un sillon au milieu de la rue poudreuse désormais vide. Ce vent créait un rugissement gigantesque tel qu’on pouvait craindre quant à la solidité des maisons. Le silence se fit soudain. Toutes les fenêtres étaient remplies de têtes angoissées, guettant la suite.
Après cette fugace pause dans la tempête, un vent plus monstrueux encore que celui qui avait précédé se déclencha en sens inverse. Un torrent de poussière envahi la rue dans un grondement de fin du monde puis se dissipa, dévoilant une scène de cataclysme. L’unique rue du village était sans dessus-dessous, jonchée de terre et de poussière, envahie d’ustensiles en tout genre qui avaient valdingués en tous sens sous l’action du vent. Un chêne centenaire déraciné occupait dorénavant la majeure partie de la rue, trois vaches et deux des chevaux meuglant et hennissant désespérément dans ses branches.
Las, les villageois rabaissèrent leurs rideaux, les clients habituels de l’auberge se rassirent et reprirent leurs chopes tandis que les étrangers sortirent dans la rue ébahis devant un tel spectacle. Petit à petit, les gens du village s’attroupèrent autour d’eux, prenant le groupe à témoin de leur malheur.
« Cela ne peut plus durer, commença l’un d’entre eux au bout d’un long moment de silence.
-Trois fois, cela fait trois fois aujourd’hui !
-Rien que cette semaine nous avons eu douze alertes et bien deux fois plus la semaine passée.
-Le lait des vaches tourne
-Les enfants ne dorment plus, nous même manquons de sommeil
-Vous devez faire quelque chose ! Vous êtes des Messers ! »
Ces derniers mots s’adressaient aux quatre chevaliers qui, l’air grave, se consultaient à voix basse. Enfin ils redressèrent la tête et l’un d’eux s’adressa à la population tendis que les trois autres tentaient de calmer leurs cheveux affolés. Le quatrième s’était brisé l’échine durant la tempête.
-Nous sommes venus ici dans le but de vous aider braves gens. Malheureusement le spectacle dont nous venons d’être témoins nous montre bien que nous avons été téméraires de nous y aventurer en si petit nombre. Même les Messers sont vulnérables et à quatre avec seulement trois chevaux… Nous ne sommes point couards loin de là, mais là nous ne sommes point de taille. Nous retournons à la capitale et allons organiser une armée. Nous reviendrons d’ici quelque temps –trois semaines sans doute- et déferont cette vile bête. Adieu ! Prenez votre mal en patience, tout cela finira bientôt.
Sur ces mots et sans écouter les véhémentes protestations des villageois furieux, ils montèrent à cheval. Les ménestrels racontent qu’ils partirent la tête basse, rouges de honte de leur couardise mais la vérité est qu’ils repartirent tout aussi fiers et hautains malgré les tomates et le purin que leur lancèrent les villageois. Leur lâcheté leur fut d’ailleurs profitable car Liam les récompensa plus tard d’être sans le vouloir à l’origine de sa gloire. Comme quoi, il n’y a de morale que dans les contes.
Les discutions allaient bon train pour qu’une solution se dessine, lorsque Liam pris la parole. On ne peut qu’espérer que ce soit le désir d’aider son village qui lui fit ouvrir la bouche mais il s’agissait hélas plus probablement de l’alcool qu’il avait bu. Toujours est-il qu’il déclara que puisqu’il en était ainsi, lui partirait pour lutter contre l’effroyable bête qui hantait la contrée. Les gens ricanèrent puis reprirent leur conversation animée sans lui prêter plus d’attention. Mais avec la détermination propre aux ivrognes, Liam alla chercher son mulet, le sella, pris un panier à linge et le battoir de sa mère en guise de bouclier et d’épée et commença à se diriger vers l’est. A sa décharge il faut noter qu’il eut la décence de ne pas s’attifer d’une casserole ou d’une marmite en guise de heaume. Nul ne prêta attention à son départ sauf le colporteur qui le rejoint en trois enjambées à la sortie du village.
« Vous partez voir la bête ? lui demanda-t-il.
-En effet se vanta Liam encore sous l’euphorie de l’ivresse.
-Peut être alors ais-je quelque chose qui vous sera utile. Je suis médecin itinérant et pour moi tout cela est clair comme eau de roche. Mais là bas ils ne m’écoutent pas.
-Serais-ce un baume miraculeux au cas où je serais blessé ? demanda Liam en tournant et retournant entre ses doigts la petite fiole verte.
-Rien de tout cela, sourit le médecin. Il s’agit simplement d’un remède souverain contre la toux. »
Liam sembla dubitatif sur l’utilité que pourrait avoir cette potion dans son aventure mais il l’accepta. Il chevaucha son mulet avachi pendant des heures, dessaoulant peu à peu et réalisant ce qu’il avait déclaré. Après avoir régurgité l’alcool précédemment ingurgité, il pris la décision de continuer. Selon lui, le village tout entier devait attendre son retour dans l’angoisse, craignant pour sa vie et priant pour sa réussite, tous effondrés et guettant vers l’est. L’idée qu’ils ne se soient même pas aperçus de sa disparition ne l’effleura même pas. Il devait sauver son village et rentrer auréolé de gloire. Le cœur léger et la tête haute il enfourcha son mulet. C’est alors que le vent se leva à nouveau.
Ainsi donc, le vent se leva et Liam et sa pitoyable monture se sentirent entraînés vers l’est et les montagnes sans pouvoir lutter contre ce courant invisible. Il mis peu de temps avant de se rendre compte qu’il était attiré vers une grotte à l’ouverture gigantesque. Les sabots de sa pauvre bête ripaient sur le sol inégal et elle brayait tandis que Liam hurlait de terreur pure alors que le vent s’accélérait. Il ferma les yeux et ne les rouvrit même pas lorsqu’il sentit un choc qui l’arrêta. Il s’accrocha désespérément à ce qu’il sentit sous ses mains tendis que le tonnerre éclata et qu’il sentit la poussière partir dans tous les sens. Il mis quelques temps à recouvrir une bonne vision, celle-ci étant perturbée par la couche de poussière qui volait dans tous les sens.
Quand enfin il put distinguer autre chose que ses mains, il redressa la tête. La première chose qu’il vit alors fut deux grands yeux jaunes à l’air fiévreux,, lesdits yeux étant sertis dans une tête de dragon. Un spécialiste aurait pu lui dire qu’il s’agissait là d’un Mélantrope de Zorganz à condition qu’il ne se soit pas enfui en hurlant en reconnaissant l’objet de ses études et de ses cauchemars. Le dragon le contemplait en louchant à moitié. Une voix enrouée s’éleva, demandant au petit humain ce qu’il faisait là.
Liam trembla de tous ses membres et tenta de répondre, bafouillant sans vraiment réussir à s’exprimer. Dans tous ces balbutiements le dragon réussit à comprendre que le garçon venait pour lui trancher la tête et qu’il s’excusait. Le dragon ne semblant pas spécialement perturbé ou excédé par cette annonce, Liam continua plus clairement, expliquant que plus personne ne dormait et que le lait tournait à cause de l’horrible bête qui terrifiait la contrée –lui sans vouloir le vexer-.
Alors le dragon éclata de rire, un rire qui se transforma en une toux sèche –et à quelques lieues de là, un arbre fut déraciné-. Il se détourna le temps de fouiller sur un surplomb de pierre puis se retourna vers Liam en tenant une théière et deux tasses entre ses griffes acérées.
« Une tisane mon cher ? Vous avez bien raison de refuser, c’est une lavasse imbuvable. Je ne suis pas très doué pour la préparation de la tisane je le crains… Voyez-vous, je ne comprends pas l’obstination des villageois à vouloir couper la tête des dragons. Notre cou est solide et tout ce que les paysans y gagnent c’est une tendinite ou des courbatures. Voyez-vous, nous le renforçons magiquement avec des sortilèges et …»
Mais le dragon s’interrompit en voyant Liam s’agiter nerveusement sur son siège. Il eut un petit sourire et s’excusa humblement auprès de son hôte de son bavardage.
« Voilà que je fais une vrai commère, mais il y a tellement longtemps que je n’ai pas eu de compagnie. Je vous dois une explication je crois.
Voyez-vous mon jeune ami, je me trouve dans une situation difficile. Oyez donc ma saga. Je suis un dragon noble et de bonne famille, je puis vous l’assurer. Malheureusement, la consanguinité fort présente dans la famille, m’a fait naître doté de bronches particulièrement fragiles. Or la Laryngie fut assiégée d’un hiver particulièrement long et tenace, qu’on aurait pu croire éternel tant il fut rude. Tout mourrait et ni homme, ni bête, ni dragon ne trouvait plus de quoi subsister. Et moi, pauvre que je suis, ait pris cependant la décision de sortir avec des amis. Nous avons passé une agréable petite soirée, à brûler des chaumières et éventer des bovins. Mais je suis fâcheusement sorti sans écharpe et j’ai attrapé une grosse rhino-pharyngite. Le monde est vraiment injuste n’est-ce pas ?
Toujours est-il que j’ai alors décidé de prendre des vacances pour me soigner dans un pays du sud, et j’ai choisi la Pharyngie, et votre région. Mais hélas, à mon rhume s’est additionné un chaud et froid et une malencontreuse allergie aux foins, et nous sommes et pleine période de moissons. Je demeure donc ici depuis lors, attendant désespérément ma guérison. Je ne puis décemment rentrer chez moi la tête basse et la goutte au nez n’est ce pas ? Je serais la risée de toutes les dragonnes à cent lieus à la ronde ! »
Liam exprima sa compassion pour le dragon et se rappela soudain la fiole donnée par le médecin. Il la tendis au dragon en lui expliquant qu’il s’agissait là d’un remède miraculeux. Celui-ci la saisit entre deux griffes et s’empressa de l’avaler.
Pourvu que cela ne lui donne pas le hoquet pensa Liam. Mais heureusement pour lui, le dragon ne fut pas saisi par une crise de hoquet ou une nouvelle crise de toux et se sentit immédiatement mieux. Ils prirent alors congé et rentrèrent dans leurs pénates. Quand Liam annonça qu’il avait affronté la bête et qu’il l’avait vaincu, nul ne le cru. Ce ne fut que lorsque au bout de quelques semaines, lorsqu’il fut certain que le dragon avait véritablement disparu, que les villageois acceptèrent le fait et prirent conscience des possibilités que cela ouvrait. Ils se mirent alors à accuser le roi de ne pas s’être préoccupé de son peuple. Liam avait tué le dragon, il devait donc conformément à la règle immémoriale prendre le trône et l’héritière. Des révoltes se formèrent dans la région et Liam fut mis sur le trône.
Ceci est la vérité. Liam n’était pas un prince no le fils d’une fée. Il n’affronta pas le dragon avec une épée de lumière, ni ne ramena sa tête au roi avant de prendre le trône. Quant à la princesse, elle était bigleuse et avait un bouton sur le nez qui la défigurait presque. C’est là l’Historien non la légende, l’Histoire telle que la narrent les historiens. Du moins ceux qui n’ont pas été achetés par les descendants de Liam.
Ô vous qui lisez cette histoire, ayez une pensée pour le pauvre historien mort pour son métier et pour la vérité. Et sauvez-vous, car maintenant que vous savez, les gardes de Liam III vous pourchasseront. Vous les entendez ? Ils sont déjà à votre porte… Ils toquent…
Texte original aux allures de conte revisité à la Shrek. Récit agréable mais sans grande surprise et malheureusement entaché de fautes d'orthographes.
Quelques répétitions : "et qu’il sentit la poussière partir dans tous les sens. Il mis quelques temps à recouvrir une bonne vision, celle-ci étant perturbée par la couche de poussière qui volait dans tous les sens. "
mais un joli récit qui marie l'humour au respect du thème. Bravo.
Dommage pour les détails (orthographe), mais l'ensemble est d'un loufoque réjouissant. Le dragon qui offre une tisane et s'exprime comme un parfait gentleman, c'est assez bien vu ...
De plus le vent joue un rôle central dans l'histoire, ce n'est pas une simple allusion telle qu'on a pu le voir dans beaucoup de textes.
Le dragon est à mourir de rire et je n'ai pas pu m'empêcher de rire encore en lisant ce paysage ou il conte navré son malheur. L'histoire est originale et bien menée. C'est un petit moment de bonheur fort réjouissant que tu nous as écrit Mélisande, merci.
L'Histoire avec un grand H qui corrige la légende par souci de vérité et d'authenticité, j'adore. ^^
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Un anticonte plaisant à l'humour toujours présent. Comme les fautes d'orthographe. Relis-toi, cela rendra la lecture plus agréable. Quelques approximations lexicales comme "des révoltes se formèrent". Le texte me semble manquer de relecture(s).
Ce texte est un de mes préférés de cette joute. Le style est très agréable, et hormis quelques coquilles et répétitions parfois malvenues, il porte une histoire dont l'humour fait d'autant plus mouche qu'elle est vraiment bien racontée et bien présentée. Si l'on ajoute à cela que le sujet de la joute est parfaitement utilisé et au coeur même de cette histoire... On obtient un tout presque parfait. Vraiment, bravo Mélisande.