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Voyage
(Sujet créé par sylesis l 10/01/07 à 10:09)
Une petite histoire qui a une histoire elle même : je l'avais écrite il y a des années pour un fanzine pernais, et à présent éditée ( par soucis pour les copyrights) afin de la partager ici.
La journée de travail se terminait à la ferme Sandrain. Les ouvriers s'en allèrent un à un regagner soit leur maison soit l'auberge s'ils n'étaient que simple saisonniers. Deux jeunes en apprentissage du métier agraire logeaient à la ferme avec maître Sandrain, qui ne manquait pas de place en son logis depuis le départ de ses fils pour la ville; après s’être décrassés et avoir pris le repas du soir, ils allèrent retrouver leur lit pour goûter le repos nocturne.
Plutôt que de s’endormir immédiatement, ils discutèrent comme chaque soir. L’un s’appelait Andelas, il était costaud et assez grand, on l’aurait plutôt vu comme apprenti dans une forge mais il préférait travailler la terre plutôt que le métal. Son ami, Jausen, était moins trapu et avait été régulièrement la proie de moqueries quelques années auparavant du fait de sa petite taille. Quelques yeux au beurre noir avaient mis fin à ces plaisanteries douteuses. Andelas était né le même jour que Jausen, ils avaient seize ans et étaient comme des frères.
Jausen et Andelas partageaient tout, même les souvenirs.
Andelas avait raconté à son ami sa visite aux écuries des Coursiers du Royaume. Les coursiers étaient aussi bien messagers que livreur de colis, selon leur rang dans l'organisation. Créée à l'instance du roi, cette guilde disposait d'un certain renommée qu'elle devait bien plus à la qualité de ses services qu'à son patron : y entrer signifiait un gain immédiat de prestige Andelas avait eu l'occasion d'y aller, de même que sa famille, pour la cérémonie durant laquelle sa soeur Erilda avait accédé à l'Eperon, rang qu'il lui donnait la permission de livrer des messages aux nobles de la contrée.
Jausen quant à lui avait raconté l'histoire dont il avait été témoin, celle ou son frère Amsen était tombé par dessus bord du bateau de pêche que leur père possédait et qu'il avait été sauvé par un dauphin. Le dauphin était resté au port durant la convalescence du jeune garçon et une grande amitié s'était installée entre les deux par la suite.
Discuter le soir était pour eux un petit plaisir qui concluait une bonne journée de travail. Comme à l'accoutumée, c’était le plus grand des deux qui commençait la conversation.
« Tu as vu le coursier qui est passé aujourd’hui?
– Oui, il venait apporter les graines que maître Sandrain avait demandés.
– Comment il était le cheval ?
– Un superbe alezan, fallait voir ca;
– Oui, je crois que j’ai loupé quelque chose. Ils en ont de la chance, les coursiers : avec leurs chevaux : galoper les cheveux au vent , hum ...
– Oui enfin libres... Ils vont ou leurs missions leur disent d'aller, c'est tout...» répondit Jausen en retenant avec grand peine un bâillement de fatigue. « ... sinon pas de diner.
– D’accord, mais à part ça, tu te rends compte, voyager où on veut ! Nous à la ferme, on ne risque pas de faire de grands voyages et d’ailleurs... »
L’esprit de Jausen, épuisé par la journée de travail, partit battre la campagne. Il pensait à la mer.
Il était un dauphin dans l’océan. Il jouait et nageait avec ses congénères, sautant par dessus les vagues. Il quitta le groupe pour calmer une faim débutante avec quelques poissons puis retrouva sa famille. Il partit ensuite avec les siens vers d’autres eaux plus poissonneuses et accompagna un bateau de pêche retournant au port. Une ombre se découpa sur la falaise près du port tandis que le crépuscule tombait, il regarda ce que c’était.
Il était un cheval sur la terre ferme. Il trottait tranquillement vers son écurie toute proche afin de profiter un peu du moment. La nuit tombait, et la mission que lui et son cavalier avaient effectué avait été fatiguante, aussi l'homme ne lui fit pas presser l'allure et sembla également apprécier la lumière du soir. Arrivée à sa stale, et après avoir été brossé, il passa la tête dehors et leva les yeux.
Il était une poussière dans le ciel de la nuit. Bercé par les marées célestes, il contemplait les horizons de l’univers. Les étoiles, majestueux astres et pourtant simples points lumineux dans l’étendue de l’espace, lui parlèrent de leurs rêves. Il écoutait les chants de l’infini. Pour lui, aucune mélodie ne saurait en égaler la beauté.
Il se réveilla, et vit que Andelas parlait encore. Combien de temps avait duré ce doux songe éveillé, Jausen n’aurait su le dire. Il écouta son ami qui ne s’était pas rendu compte qu’il parlait tout seul depuis quelque temps.
« Donc tu vois, même les pêcheurs et les coursiers, et même les ménestrels, ont plus de chance que nous. Les coursiers voient du pays quand ils chevauchent pour leurs missions, ah et leurs montures... Les ménestrels vont à pied, d'accord, mais ils sont toujours bien accueillis et vont dans les endroits les plus riches pour chanter; les pêcheurs, eux, partent tous les jours en mer ou presque. On peut considérer ça comme des voyages. Nous, on ne pourra jamais espérer partir à l’aventure et voir de nouveaux paysages. Le seul moyen de voir du pays, c’est en bateau ou à cheval. »
Le seul moyen de voyager est à cheval ou en bateau ? Après son rêve, Jausen n’en était pas si sûr. Il y avait d’autres moyens. Simplement, le type de voyage était plus étrange, mais peut-être plus intéressant également.