La Pierre de Tear fait peau neuve ! L'aventure continue sur www.pierredetear.fr !
L'ancien site est a présent archivé pour la postérité et en mode "lecture seule". Vous pouvez consulter l'ensemble du contenu et des anciennes discussions du forum,
mais plus créer de nouveaux topics ni écrire de nouvelles réponses.
"Je m'élève au-dessus des cris de rage et de dépit. De stupéfaction aussi... Il est impensable qu'un Aguilarn désobéisse à un ordre de la reine. Ma colère est un moteur puissant qui me porte plus haut encore au-dessus de toutes ces têtes renversées, ces yeux écarquillés, ces bouches grandes ouvertes. Les Gardes s'élancent à ma poursuite mais Ferdiya Lorne elle-même ne parviendrait pas à me rattraper. J'irai dans les Marais Noirs, de mon plein gré et avec mes ailes... Mais je reviendrai."
DANS LES MARAIS NOIRS
Je replie mes ailes. Elles sont lourdes d’humidité. L’épuisement transforme leurs plumes en plomb. Mais elles sont toujours là, dans mon dos courbé par le chagrin et la colère. Le couteau du bourreau ne les a pas tranchées au ras de mes omoplates.
Je marche dans la boue fétide et tiède des marais. Je patauge dans la vase noire de l’exil. Les gouttes qui roulent sur mes joues ne sont pas des larmes. Non ! Ce ne sont pas des larmes. Pourquoi pleurerais-je, d’ailleurs ? Je suis vivant. Je suis vivant et libre. Je suis seul.
Le silence est oppressant. Je tends l’oreille pour détecter des sons. Le bruit d’aspiration assez écœurant que produisent mes pieds en s’arrachant de la fange... mais ce bruit vient de moi.
« Dans le silence et la solitude, on n’entend que l’essentiel ».
Quel est le crétin qui a écrit cette phrase pompeuse ? Je crache dans la boue. Pas grand-chose pour exprimer mon mépris ou plutôt mon exaspération. Ma gorge est trop sèche. Donc, moi, Raphèl, j’énonce sarcastiquement :
« Dans le silence, la solitude et la soif, on n’entend que l’essentiel »
L’essentiel ? J’ai été piégé et trahi. J’ai réussi à échapper aux Gardes de la Justice et de la Paix Royale. J’ai cherché refuge dans les Marais Noirs. Voilà.
Le plan de la reine est tombé à l’eau ! Dans la bourbe des marécages, plutôt... inutile de pavoiser, mon pauvre Raphèl ! J’ai échappé à ses sbires, d’accord mais pour quel résultat ? A part que mes ailes sont toujours bien accrochées à mes épaules, pesantes et souillées par la vase, je suis dans la même situation que si j’avais été jugé et exilé.
J’avance toujours, je pourrais même essayer de voler. Secouer l’humidité empoissant mes plumes, déplier et replier plusieurs fois les articulations, courir sur quelques mètres pour prendre mon essor... mais vers où ? Les Marais Noirs sont le trou du cul d’Aguilar, le cloaque de la Ruche. Il n’existe rien de plus minable, de plus insalubre, de plus désespérant. Même le quartier du port, cette décharge où je suis né, ressemblerait au palais céleste d’Abaladaya en comparaison des Marais noirs. Pas étonnant qu’on y fourre les Réfractaires après la mutilation.
Rien que l’odeur ! Par le derrière velu du vieux Cornu ! A chacun de mes pas, je crois rendre mon dernier repas, et pourtant ce dernier est fort éloigné dans le temps. Je préfère ne pas trop me poser de questions sur ce qui mijote dans l’infâme bouillie noirâtre. De temps à autre, des bulles montent à la surface et explosent avec un soupir répugnant. L’haleine pourrie des Marais noirs m’enveloppe d’une puanteur de chair avariée, de plantes en décomposition, de merde en fermentation.
Et ce silence ! Je hais le silence. J’adore le bruit et la fureur ! La vie quoi ! Ma vie débridée, entre la scène et la fête, entre les acclamations de mes fans et les soirées plus qu’animées avec Vayer ou Ferdiya... Par les Anges Maudits ! Quels lâches ! Lâcheurs... lécheurs de cul royal ! Traîtres ! Pas un pour racheter l’autre ! Mon Duc et ma Navigatrice ! Si prétendument amoureux de moi ! J’ai bien lu dans leurs yeux qu’ils repoussaient mes dénégations. Qu’ils voulaient croire le parchemin accusateur !
Je crache mon dégoût dans la vase. Je chancelle. Je refoule des larmes. Ne te mens pas, Raphèl. Le silence te fait peur...
Oui ! Je suis terrifié par le silence, l’absence de bruits, de sons, d’éclats, de brouhaha, de tapage, de clameurs. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours cherché à tuer le silence autour de moi. Pour ne pas entendre le silence en moi... Même les glapissements de mon ivrognasse de mère et les grossièretés de mon ordure de beau-père m’ont servi d’armes pour lutter contre ce vertigineux sentiment de solitude. Puis j’ai découvert la musique. La musique, c’est le remède le plus efficace contre le silence. Le silence est intimement lié à la mort. La musique, c’est le bruit de la vie. Mon chant, mon merveilleux chant, je l’ai forgé comme une armure, comme la meilleure des protections contre le vide effrayant. Et puis il y a ces voix qui envahissent ma tête si je ne fais pas taire le silence... ces voix qui m’accusent de faiblesse et d’indécision, qui me reprochent d’exister... ces voix que je refuse d’entendre. Alors je chante, je ris, je jouis... je chantais... Pour qui chanter maintenant ? Pour quel enthousiaste public ? Pour les monstres qui me guettent sans doute derrière les troncs gluants des arbres, cachés par les lianes brunâtres pendouillant des branches noueuses. On dirait des haillons crasseux qui s’accrochent à des bras squelettiques. Pour les Réfractaires aux Ailes amputées qui ont été exilés dans ce mouroir... ils ne doivent pas être bien nombreux les Aguilarns qui rejettent le Choix Définitif pour vivre pleinement l’Androgynie*. Des idéalistes, défenseurs du libre-arbitre. Ou des hédonistes... Moi, ce n’est pas pareil, je me suis fait piéger par cette salope d’Abaladaya... Et puis, ils sont certainement tous morts. Je patauge peut-être dans ce qui reste de leur corps mutilés, bouffés, digérés et chiés par la vermine des Marais... ces sales bêtes que je devine à l’affût mais que je n’entends pas. Toujours cet atroce silence.
- AAAAAAAAAAAAAAAAAH !
Je viens de hurler. Mon cri n’éveille aucun écho, n’arrache aucune réaction au marasme ambiant. Il s'étrangle. Il n’a pas déchiré la toile étouffante qui m’emprisonne. Je ne recommencerai pas de peur qu’il termine sur un sanglot. Sans doute un reste de dignité. Pourtant je suis mon seul spectateur.
Je suis épuisé. Je ne veux plus avancer. Pour aller où d’ailleurs ? En tous cas, pas ce... soir ?
Dans les Marais Noirs, la nuit n’existe pas. Pas plus que le jour. Toujours la même lueur verdâtre, avec juste quelques variations. A vomir ! L’éclairagiste mériterait de se faire virer. Je dois avoir un teint de cadavre. Très couleur locale !
Une sorte de butte émerge du bourbier. Assez large pour que je m’y affale de tout mon long. Ce que je fais, avec un long soupir. A plat ventre. J’ai soif-faim-chaud-froid-mal-aux-pieds-aux-ailes-au-coeur-peur. Dans l’ordre. Ou en désordre. Quelle importance ?
Et puis, il n’y a même plus le bruit écœurant de la vase crevant sous mes pieds. Juste le silence, agressif, pervers, insinueux, désespérant. Même les voix dans ma tête se sont tues. Juste un bourdonnement dans mes oreilles, presque un non-bruit. Je sens le battement trop rapide de mon cœur dans ma paume pressée sur ma poitrine. Je ne l’entends pas. Seule ma voix pourrait briser ce cocon oppressant mais je n’ose pas émettre un son. Par appréhension ? Par lâcheté ? Par découragement ? Je n’ai pas envie de savoir. Je croise mes bras sous mon visage pour l’isoler de la terre spongieuse. J’écarte mes ailes de façon à couvrir la majeure partie de mon corps. Etonnant : le sommeil me gagne rapidement. Pas si étonnant que ça finalement : je suis tellement fatigué...
J’ouvre les yeux. Un instant, trop bref, je ne sais plus où je suis. Mais l’odeur et surtout le silence s’imposent aussitôt à moi. Chez moi, chez Vayer, chez Ferdiya ou dans les auberges plus ou moins raffinées que je fréquente, il y a toujours du bruit. Plus ou moins raffiné... des chants bien sûr, toutes sortes de musiques, et tous les sons de la vie, conversations ou engueulades, rires ou râles amoureux, joyeux fêtards volant d’une Alvéole à une autre pour une longue nuit de beuverie et de d’orgie, chocs de vaisselle et appels des serviteurs et des marchands dès les premières lueurs du jours... ici, je baigne dans un silence moite, je m’y noie sans espoir de remonter à la surface. Je referme les yeux. Je mords ma lèvre inférieure pour ne pas supplier. Supplier qui et surtout pourquoi ? Les Anges ne sont-ils pas cul et plumes avec les puissants, la grande Abaladaya en l’occurrence ? La royale pétasse a piétiné la justice et la loi pour empêcher son cher neveu, le Duc Vayer Asach, de commettre une mésalliance. La foudre ne s’est pas pour autant abattu sur elle. Et moi, je croupis dans les Marais Noirs, seul endroit d’Aguilar hors de portée de ses foutus Gardes de sa foutue Justice Royale ! Je n’ai pas vingt ans, mes ailes sont encore mouchetées de beige et je n’aurai jamais de nom à ajouter à mon prénom. J’aurais adopté celui d’Asach. Ou Lorne, si j’avais choisi de rester garçon pour vivre avec Ferdiya. Ou encore un troisième... j’avais pensé à Evangel... Raphèl Evangel... pas mal comme nom pour un artiste. Ouais... tant pis. D’autre part, puisque je suis désormais un hors-la-loi, personne ne pourra m’obliger à fixer mon appartenance sexuelle. Je resterai Androgyne tant que je le voudrai ! Sauf que par ici, ça risque de ne pas durer bien longtemps.
J’ouvre à nouveau les yeux. Il faut bien affronter le présent si on veut qu’il se transforme en avenir. Je me mets à quatre pattes puis à genoux et enfin debout, ce qui me prend un certain temps. J’étire mes bras et mes ailes en grimaçant. Ce somme m’a reposé mais je suis tout courbaturé. Et le crétin qui a dit qu’un bon lit remplaçait une bonne table est effectivement un crétin ! Je ne vais pas pouvoir tenir longtemps sans boire et l’eau potable m’a l’air d’être aussi rare en ces lieux qu’une pièce d’or dans la poche d’un mendiant du Port. Je... mais qu’est-ce que c’est ? Derrière ce rideau de lianes... un animal ? Prêt à bondir sur moi ? Non... Des frissons hérissent ma peau mais je ne sens pas de danger. Je crois que ce qui me surveille a plus peur que moi. Je me penche doucement de côté pour avoir un meilleur angle de vue. La silhouette à demi dissimulée par les lianes est incontestablement aguilarne... sans les ailes. Par les Anges ! Un vrai Réfractaire. Génial ! Pas si sûr ! Avec mes ailes intactes, je dois lui sembler étrange voire menaçant. Il me faut l’apprivoiser.
Un pas, deux, pas plus. Il a un mouvement brusque comme pour s’enfuir ! Je m’immobilise. Les mains en avant, pas trop, ouvertes, vers le bas, inoffensives. Un sourire, pas trop niais tout de même. Ne pas bouger. Il ne bouge plus. Bon.
- N’aie pas peur. Je suis un réprouvé comme toi. J’ai encore mes ailes parce que j’ai pu échapper aux Gardes. De justesse. Je m’appelle Raphèl. Et toi ?
Pas de réponse. Je cache ma déception sous un grand sourire manquant sans doute de naturel. Puis je retente ma chance :
- J’ai atterri hier à la lisière des Marais. Je n’ai pas eu d’autre choix que de m’y enfoncer. Des Gardes Royaux étaient à mes trousses. Ils doivent être toujours là-bas, dehors, pour me tomber dessus si je pointe le bout de mes ailes hors du marécage !
Par les ballantes poilues du Cornu ! Qu’est-ce qui m’a pris de parler de mes ailes ? Elles sont suffisamment voyantes et offensantes aux yeux du Réfractaire. Comment vais-je m’y prendre maintenant pour l’amadouer ? Au moment même où je commence à désespérer de parvenir à gagner sa confiance, il se détache lentement de son refuge végétal. Je ne cesse de sourire. Et je demeure immobile de crainte d’effaroucher la créature maigrichonne revêtue d’une longue tunique grise effilochée. Bien que ample, celle-ci ne dissimule pas des rondeurs sans conteste féminines. Provisoirement ou définitivement, cela sera à vérifier plus tard, mon inconnue a choisi d’être femme. Est-ce parce que je suis en phase mâle ? Lorsque j’ai atterri sur les Marches pour la Convocation, j’étais homme et je n’ai pas changé de sexe depuis. De fait, il m’a semblé plus adéquat de rester garçon pour affronter les Marais ou les Gardes, si ceux-ci parvenaient à me rattraper. Maintenant, je ne suis pas sûr que l’un ou l’autre ait de l’importance : mâle ou femelle, les Marais seront sans doute mon tombeau... Donc je me disais que, peut-être, elle est fille parce que je suis garçon. Une manœuvre, consciente ou non, de séduction ? Ne sois pas stupide, mon petit Raphèl. Ta jolie petite gueule qui a si bien séduit Vayer et Ferdiya ne te servira pas à grand-chose dans cet endroit merdique. Je lis dans ses yeux verts ? bleus ? plus de méfiance que d’adoration !
- Bonjour ! Alors, comment tu t’appelles ?
Raphèl, grand spécialiste en communication ! Il vaudrait mieux que je me mette à chanter. Vrai, je suis plus doué pour la musique que pour les discours. Mais pousser quelques notes au milieu des Marais Noirs me paraît incongru voire déplacé. Nous sommes dans le sanctuaire du silence et mon chant n’apporterait que désordre. Quoiqu’il m’en coûte, je dois respecter ce lieu et son mystère. Même si je ne le comprends pas. Ce qui est d’ailleurs le propre d’un mystère. Je sais que ma voix déchirerait le voile et que le pire est peut-être derrière. Il ne faut pas réveiller l’eau qui dort...
Le silence dure entre nous. Elle, sans nom, et moi, dont le prénom n’a plus vraiment d’importance, nous nous fixons sans presque respirer. L’air me semble aussi palpable que de l’eau, presque solide. Le silence me fige. Elle bouge très lentement. Son pied ne s’enfonce pas dans la vase, on dirait qu’il la survole. Son genou plisse à peine la toile usée de sa robe. Ses bras ont le lent balancement des tiges de blé lourd de grain. Elle vient vers moi. Et le silence m’englue toujours. Ses yeux m’apparaissent trop grands pour son visage émacié. Si tristes ! Ils sont bleu-vert, en fait. Je ne sais si je suis captif du silence ou de la fascination qu’elle exerce sur moi. Puis elle se met à danser. Et là, je n’ai plus envie-besoin-faim de tous ces sons que mon oreille réclamait. Ses gestes dessinent la musique. Ils tracent dans l’air épais des lignes fluides sur lesquelles s’inscrivent des notes que j’entends avec mes yeux éblouis. Elle est muette, je le sais intuitivement. L’était-elle avant d’être exilé dans les Marais Noirs ou bien est-ce une conséquence de son séjour ici ? Je ne pense pas que ce soit important. Ce qui est essentiel, c’est ce qu’elle me dit sans mot, par ses gestes si harmonieux :
« Je t’accorde ma confiance. Ne la trahis pas. »
Elle me frôle. Puis recule. A peine. Revient vers moi. Touche mes ailes intactes. Sans acrimonie. Juste un peu d’envie. Elle sourit. Du bout des lèvres. Ses doigts dans mes plumes me font frissonner. Peur et plaisir. Elle s’écarte à nouveau et reprend sa danse. Que veut-elle me dire maintenant ?
Je sens mes sourcils se froncer. Mes paupières se plissent d’attention. Ses gestes effacent les vestiges de ma peur et dénouent ma nervosité. Elle semble orchestrer la musique du silence. Est-il possible que j’en vienne à aimer le silence ? Le bourdonnement qui emplissait mes oreilles s’estompe. C’était sans doute une réaction contre le silence si dense des Marais Noirs... comme des moucherons s’ébattant contre mes tympans... étrange, d’ailleurs, maintenant que j’y pense : il n’y a pas d’insectes vrombissant au-dessus de l’eau croupie. Peut-être que la vase infecte est un poison... dire que j’y patauge depuis des heures ! Suis-je... ? Non. Ma danseuse n’a pas l’air en trop mauvaise santé. Famélique mais pas moribonde. Elle danse toujours et j’écoute. Même sans ses ailes, elle est gracieuse.
« Les Anges sont les amis du silence. Les arbres, les fleurs et l’herbe poussent et vivent en silence. Regarde les étoiles et le soleil comment ils se meuvent silencieusement. »
Lorsque j’avais lu cette phrase dans un de ces livres rares dont Vayer est si fier, je ne l’avais pas comprise. Maintenant, j’en saisis le sens. Enfin, je crois que je commence à admettre que le silence peut avoir de la valeur.
« Certains Aguilarns écoutent le silence des Anges, d’autres le bruit du Cornu. »
Ah ! Cette phrase aussi me revient en mémoire. Je crois que c’est Disima Basilaya qui l’a pondue. Un soir de beuverie sans doute... Il l’a écrite dans un des trois premiers chapitres de son énorme bouquin. Je ne suis pas allé plus loin tellement ça me faisait bâiller. Mais j’ai quand même retenu cette sentence. Vayer et moi, ça nous avait bien fait rigoler parce que Basilaya est plutôt du genre « Faites ce que je dis et ce que je fais ne vous regarde pas ! ». Ouais, ce prêtraillon proche du haut des Marches aime bien le bruit du Cornu. En privé, attention ! Et c’est en nous marrant toujours que le duc Asach et moi, nous avons activement ajouté des sons très salaces au « bruit du Cornu » vilipendé par le vénérable prêtre Basilaya. Vayer, mon salaud, tes déclarations enflammées ne valaient pas tripette ! Au premier coup dur, plus personne ! Tu as gardé le silence devant mes accusateurs. Ah ! Tu es resté muet. Muet comme cette fille qui danse pour moi. Ton regard m’a rejeté. Tu n'as pas eu besoin de mots pour trahir ! Elle, c’est tout le contraire. Elle m’accueille dans son... son... royaume. Un sombre royaume de boue puante. Mais il n’y a pas l’ombre d’une traîtrise en elle.
Ah ! Elle s’immobilise dans un mouvement d’une grâce touchante et me tend sa petite main sale. Je la prends. Moi, le musicien adulé par les foules, j’ai trouvé mon maître.
J’apprendrai à écouter son silence. Il me suffira de la regarder. Danser c’est comme parler en silence. Elle me dira plein de choses sans prononcer un seul mot. Je sais désormais que la musique est le silence du silence et que toutes les notes ne font qu’encadrer le silence. Le silence précède la musique et lui succède. Ainsi la mort et la vie, la vie précède la mort et lui succède. Ou le contraire... je n’en sais trop rien. J’étais vivant, je suis mort et si je sors de ce bourbier, je renaîtrai ou alors, j’étais mort et c’est maintenant que je suis vivant.
*L’Androgynie : Un Aguilarn naît neutre. A l’adolescence, les caractères sexuels apparaissent de telle sorte que l’Aguilarn est mâle ou femelle selon son humeur du moment et/ou le partenaire amoureux qu’il fréquente, le plus souvent un Aguilarn fixé. A ses vingt ans, l’Aguilarn se fixe définitivement. C'est la loi. Il doit choisir d’être homme ou femme pour le reste de son existence. Les Réfractaires, c'est-à-dire ceux qui refusent de se plier au Choix Définitif sont dénoncés et sévèrement condamnés.
Bon eh bien j'ouvre les hostilités. Je serai sans pitié.
J'aime beaucoup les idées, le déroulement, la scène de la danse, en bref le fond.
Néanmoins ce très bon scénario est un peu gaché par un style inégal je trouve.
Je m'explique :
Je tends l’oreille pour détecter des sons.
Là je trouve que la tournure est un peu maladroite, et c'est le genre de petit détail qui peu casser une ambiance.
Ensuite une autre point qui me gène un peu est le changement constant de registre de langue. Certes, cela permet de marquer l'opposition entre le passé lyrique et le présent glauque du marais, mais je trouve que parfois l'utilisation de certains termes comme "vomir", "merdique" ou encore "fans", n'est pas faite à bon escient et annule une ambiance ou un sentiment naissant chez le lecteur.
En quelques mots, la forme demande quelques améliorations, mais j'aime vraiment le scénario.
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Texte A : Ah ben non, c'est le mien ! Alors pas de commentaires .Sinon pour dire que la fin, hé ben comme ce n'est pas vraiment une fin mais une possibilité de suite, elle n'est pas finie, hin, hin hin ! Mais c'est vrai que je ne l'ai pas trop travaillée, la pauvre petite. (réponse au commentaire de Nayla qui va suivre, j'espère... sinon j'ai l'air fin, moi)
Lan, tu me reproches dans ton commentaire des incohérences de style mais en fait, Raphèl est issu des bas-fond et s'est frotté à la Jet Set de la Ruche, alors il mélange les deux niveaux de langage. Mais c'est vrai que ses origines apparaissent plus dans "Convocation", texte écrit pour une joute précédente : Sur les marches.
Comme je n'ai pas lu les joutes précédentes, je n'ai pas eu de suivi sur les personnages réutilisés. Dans ce cas il est normal que ma critique soit un peu à côté. Néanmoins, même si le décalage est voulu et fait souvent à bon escient, parfois certain me gènent, mais après, comme je l'ai déjà dit (ou pas peut-être), mes commentaires restent des impressions personnelles
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Je ne les ai pas pris en mauvaise part, rassure-toi. Les ressentis des lecteurs sont primordiaux. Je voulais juste t'expliquer le pourquoi du langage un peu décalé de Raphèl.
Ce texte a premièrement une bonne qualité d’écriture. Il me semble reconnaître une sorte de suite à un monde déjà développé dans un texte d’une joute précédente, pourquoi pas. Cet univers m’avais déjà plu la fois d’avant, et sans en tenir compte, on le retrouve bien dans ce texte là, avec des nuances et des différences de contexte, évidement. Dans l’ensemble on a une bonne unité, mais la fin me paraît peu approfondie, c’est dommage, on dirait qu’elle n’a pas été retravaillée.
Sinon, comme je n’ai pas grand-chose à reprocher sur la forme, mis à part quelques maladresses qui je crois, sont dues à une précipitation dans l’écriture et manque de retravail offensif, je vais apprécier le fond. L’idée du silence est pas mal construite, c’est un truc qui sonne bien, si je peux dire. C’est un des points forts du texte. Je ne sais pas si c’est fait exprès mais j’ai particulièrement aimé : « Tu n'as pas eu besoin de mots pour trahir ! Elle, c’est tout le contraire. Elle m’accueille dans son... son... royaume. Un sombre royaume de boue puante. Mais il n’y a pas l’ombre d’une traîtrise en elle. »
C’est le genre de petit plus qui ravissent le lecteur.
Voilà pour résumer c’est un bon texte aux idées charmantes mais la fin est peut être un peu trop « vite fait » et dans l’ensemble on aurait pu aller encore plus loin peut être, en particulier à la fin évidement.
Aelghir tout le monde l'a reconnu alors je peux mettre le sien
Ahlalla que dire sur la suite des aventures de Raphèl l'Aguilarn?
Au premier abord, j'ai été un chouia surprise, voire un peu décue ( j'ose dire ca d'un texte d'Aelghir, moi?) parce que j'ai trouvé le style un peu trop en rupture avec le précédent volet (en fait je ne l'avait même pas relu, mais c'était juste une impression que ca me laissait ). Et puis en relisant le texte au calme, je me suis finalement rendu compte que :
- 1) de toutes façons, le texte devait être jugé pour ce qu'il était, et pas en relation avec "Convocation",
- 2) le style "percutant" est parfaitement justifié.On se prend la colère et l'amertume de Raphèl en pleine face si j'ose dire. On ressent ses sentiments jusque dans les mots choisis. Rhaaaa mais que c'est bien fait!
En plus l'histoire est bien, et non, je ne trouve pas que la fin laisse sur sa faim (ahahha gag ). Il y a une jolie morale et une possibilité d'ouverture sur autre chose et ça j'aime...
'Fin voilà... je suis fan. (Faut vraiment que je pense à me plonger dans la lecture des "Ailes du traitre" et de "Desdichado" un jour, je sens que je vais aimer )
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
le style "percutant" est parfaitement justifié.On se prend la colère et l'amertume de Raphèl en pleine face si j'ose dire. On ressent ses sentiments jusque dans les mots choisis. Rhaaaa mais que c'est bien fait!
Merci. C'est tout à fait ça que je voulais faire passer. La rage de Raphèl, je l'avais en moi lorsque j'écrivais. Il est issu des bas-fonds de la Ruche. Les mots "limites" utilisés m'ont quand même donné un peu de mal à taper parce que, personnellement, je ne les emploie jamais. Mais je ne me voyais pas mettre dans la bouche de Raphèl, au vu de ses origines et de sa situation, un langage châtié.
Ben moi, qui suis quelqu'un de gentil, je dis que j'aime bien le style. Je trouve que j'écriture est vivante et rythmée... mais j'ai pas lu le volet précédant!