La Pierre de Tear fait peau neuve ! L'aventure continue sur www.pierredetear.fr !
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"3002, fit l'homme. Ce qui représente un galet tous les 26 pas. Or, si un pas vaut six pieds, cela signifie que..."
Il s'arrêta, les yeux fixés sur un petit crabe rouge qui allait l'amble sur le sable doré. Un sourire carnassier étira ses lèvres gercées par le soleil et le sel et il se jeta à genoux devant sa trouvaille. L'ayant saisi par une patte, il leva le crustacé à hauteur d'yeux et murmura :
"2,4,6,8 pattes. Si tu marchais droit, tu irais huit fois plus vite !" Il arracha une patte, croqua dedans avec un bruit d'os brisé et continua en mâchouillant : "Mais comme tu es... 100 fois plus petit que moi, tu irais tout de même... 12,2 fois moins vite."
Son repas terminé, il resta assis à regarder les vagues tout en poursuivant son monologue frénétique:
"Chaque vague a un liseré d'écume d'une largeur variant d'un ongle à un pouce. Il faudrait donc... 6 vagues moyennes pour obtenir une vague d'écume d'une hauteur d'un pied. Tous les combien de tours arrivent-ils une vague d'écume ?"
Il se tut, comme troublé, et ses lèvres continuèrent à former les mots : "Combien de tours ?... Combien de tours ?..." Cela dura quelques instants avant que son cerveau, arrêté par l'obstacle, n'embraye sur autre chose.
"Une feuille de palmier mesure de 2 à 5 pas. Il faut 3 feuilles de 3 pas pour faire une cape. Combien de capes poussent sur un palmier ?"
Il se leva et commença à avancer vers les palmiers avant de s'arrêter soudain, les yeux fixés sur un point au large.
La silhouette d'un navire se dessinait, grise sur le fond bleu du ciel et de la mer. Il avançait rapidement et l'on pu bientôt distinguer les points noirs mouvants des hommes sur le pont.
"Deux mouettes volent au dessus, dit l'homme. Elles resteront au moins un tour. Les attraper..." Le reste se perdit dans la salive qui lui montait à la bouche.
Le navire s'approcha, s'ancra à quelque distance du rivage, et une barque remplit d'hommes s'en détacha.
***
"Nous y voilà, dit le Directeur en posant le pied sur le sable. Il sortit le deuxième et laissa ses compagnons s'extraire de la barque.
"Ceci, continua-t-il, est l'île n° 43, qui contient un spécimen assez intéressant et inoffensif, c'est pourquoi nous commençons par là."
Le spécimen, debout à quelques pas, les regardait et son murmure devint audible aux nouveaux arrivants.
"Ils sont 3 d'une sorte et 4 de l'autre. Deux mesurent 1 pied de moins que 4 autres et un mesure une main de plus. Six ont fait 9 pas depuis l'eau, le septième en a fait 12 dont 2 de côté..."
"Que dit-il ? Demanda une femme de type B au Directeur.
"Ce spécimen a la manie de compter et de mesurer tout ce qu'il voit, répondit le Directeur.
Le groupe se tut pour écouter, puis un homme de type A remarqua :
"Ses calculs ne sont pas justes."
"Quelle importance ? Cet homme est fou !" répliqua le Directeur.
"Mais pourquoi ? Questionna une femme de type C, le plus petit. Pourquoi ces... installations?"
Le Directeur prit une longue inspiration et commença un discours qu'il avait sans nul doute préparé à l'avance :
"L'origine des Îles remonte à bien plus longtemps que les cinquante ans de leur existence. Il y a bien longtemps, nous, les humains, vivions dans le désordre et le chaos. Puis est venu Sri Aïan, béni soit son nom, qui nous a montré la voie. Il a rayé l'haïssable notion d'individu du cerveau humain et a créé les Quatre Types et les Vingt Groupes. Il nous a fait sages, bons et raisonnables pour que jamais ne se répètent les erreurs qui furent faites avant lui ; pour que jamais l'homme ne retombe dans l'état de barbarie qui était jadis le sien. Ce faisant, tout ce qui était mauvais, le meurtre, le pêché, l'illogisme et la folie ont quitté le monde. Les années passèrent et le bonheur de l'uniformité s'installa. Cependant, il fallut bientôt se rendre à l'évidence : le temps ne passait plus. Oh, les aiguilles tournaient bien, les heures sonnaient, mais c'était comme si rien n'arrivait jamais. Tout restait figé."
Il y eut une pause, puis sa voix se fit plus exaltée :
"La sagesse vint des lèvres du grand Simelin. "La folie fait tourner le monde" dit-il et des ces mots naquit la solution. Les Îles. L'étude des temps barbares a démontré que l'isolement et la faim étaient de bons moyens de provoquer la folie. Difau, un être de cette époque, l'a démontré. On a donc créé les Îles et on les a peuplées. Et maintenant, un demi-siècle plus tard, vous pouvez en voir le résultat."
Il accompagna ces derniers mots d'un geste englobant l'île et son unique habitant.
"De quel Type est-il ? Demanda l'unique homme de type D en jaugeant l'homme d'un regard évaluateur.
"D'aucun ! S'exclama le Directeur. Les spécimens sont spécialement... sélectionnés pour cette mission."
"Et à part cette... horreur, qu'a produit votre expérience ?"
Le Directeur se rembrunit un peu.
"La folie qu'ils développent,lui et les autres spécimens des 120 Îles, suffira, nous l'espérons, à remettre en marche le monde. Il tournera alors comme avant, mais nous tiendrons la folie enfermée dans les Îles. Il nous suffira alors de prendre soin de ce générateur et l'âge d'or prédit par Sri Aïan prendra son véritable essor !"
dans le silence qui suivit ces mots, on entendit le murmure incessant de l'îlien :
"Cinq chapeaux blancs sur trois têtes jaunes et deux brunes. Les oreilles d'un pouce, les yeux..."
Le Directeur se dépêcha de couvrir sa voix :
"Bien sûr, il y a des spécimens plus convainquants. Je vous propose d'ailleurs de passer sur l'Île n°12 où le spécimen..."
***
Partis. Cinq chapeaux blancs, trois têtes jaunes et 10 yeux bruns étaient partis. Un moment, l'homme compta les vaguelettes qui lui léchaient les pieds puis il leva la tête vers le ciel bleu et sourit.
"La folie fait tourner le monde, dit-il d'un ton net.
Puis :
"Cet homme est fou !"
"La folie fait tourner le monde ?... Un tour est 5627 pas. Un pas fait 6 pieds. Mais si un pas faisait 7 pieds ? Un tour serait... moins de pas ! La folie fait tourner le monde ! Cet homme est fou !! Si un tour est moins de pas, le monde tourne plus vite !"
L'homme se mit à tourner lentement sur lui même puis accéléra peu à peu tout en bégayant :
"La folie fait tourner le monde ! La folie fait tourner... le monde. La folie... fait tourner... le monde... La... folie... fait... tourner... le monde..."
Il tournait et tournait, de plus en plus vite, soulevant un tourbillon de gouttelettes par son agitation sans cause et sans but.
"La folie... fait tourner... le monde..."
Il tournait.
"Le tournis... fait voler... le monde !"
Et il s'effondra.
Dans l’ensemble, c’est un texte trop court sans réelle histoire. Ou est passée la trame ? C’est un bout tronqué d’un grande histoire plutôt qu’un texte complet. Alors c’est original, très étrange, on a une théorie qui aurait pu être piquante, et même pertinente si ça se peut, mais c’est pas fini. Il y a de l’humour, une certaine fraîcheur, et une expression pas dégueulasse. Curieuse manière de traiter le sujet, et pas assez exploitée. Par flemme ou manque de temps ou d’inspiration, je ne sais pas, mais c’est bien dommage, avec 10 pages de marge, y avait matière à quelque chose ! Je n’ai que des conseils à te donner pour les textes suivants.
Donne plus de sensibilité à tes personnages, ou développe leur non humanité. Par exemple pour le fou de l’île dont on parle, il aurait gagné en crédibilité. Surtout si tu donnes un peu de réalisme par-dessus, on s’identifieras plus à lui, et on s’y attachera, ça nous touchera, ça nous concerneras. Les autres personnages sont à peine ébauchés. Tu dois faire des choix. Réfléchis sur ton sujet, ton histoire, pose-toi des questions, travailles-y beaucoup plus, ça vaut la peine. Evidemment, la relecture est une princesse à côtoyer avec respect et attention, même si elle est pas la plus aimable. Pour résumer, je te dirai de te pousser plus en avant, de te jeter dans le gouffre. Ose, tu n’as rien à perdre ! Là tu l’as fait qu’à moitié, semble-t-il, et tu te casses la jambe.
Bon courage pour la suite ! Il y a encore tant de textes à écrire !
There's something rotten in the kingdom of Blizzard...Chevalier du Haut Verbeex Responsable des CL / Membre du Conseil RP / Modérateur / Newser
Vouipe, texte "évidemment" trop court, ai-je envie de dire. C'est dommage parce que c'est vraiment celui dont l'ouverture m'a le plus intrigué, et ensuite... tout est allé trop vite ! J'ai effectivement eu l'impression de lire un fragment. Le concept est très original et assez amusant, au point que je me suis demandé avec une curiosité gourmande "mais comment cette idée farfelue va se développer ?".
Texte court en effet, mais une idée géniale selon moi, à la frontière de la science fiction, que seules me semble-t'il les prédictions raccrochent à la fantasy. Je note à ce texte l'ouverture possible avec l'île n°12 J'ai adoré !
Lilla Mu ! Bizarreland........ Das ist das Land der begrenzten Unmöglichkeiten
Merci de m'avoir lue ! Et merci spécial à PP Jak
Je me léve juste contre l'accusation de "flemme" et m'explique (un peu): ce texte était conçu pour n'être qu'un aperçu d'un monde, pas une histoire avec une intrigue. Ce monde n'existe pas, ni à l'écrit, ni dans mon imagination. Et je n'ai toujours pas l'intention de le développer. En reprendre des éléments peut-être, mais c'est tout.
L'idée était avant tout celle du fou et de la folie. A vrai dire, j'avais la phrase finale avant presque tout le reste. Le "cadre" du monde déshumanisé est venu après et est à mon avis assez banal (pêché dans les thèmes de SF traditionnels).
Voilà, cela dit, je comprends la déception causée et avoue que je m'y attendais. Notamment vus les autres textes.
C'est pas tellement par rapport aux autres textes. Tu aurais pu garder cette idée "d'aperçu", pourquoi pas, mais ça ne t'empèche pas de la dévellopper, tu comprends ce que je veux dire ? Un aperçu plus complet quoi qui marque un peu plus, là c'est comme tu sais les débuts de rêves géniaux qu'on fait juste avant que le reveil sonne... après c'est foutu, tu te rappelles rien, et la magie n'y est plus !