La Pierre de Tear fait peau neuve ! L'aventure continue sur www.pierredetear.fr !
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J'aime écouter les oiseaux. J'aime ce vent frais qui me ramène la bonne odeur des pins.
L'hiver est assez rude. Même ici dans le Stedding Tsofu, nous avons -nous autres Ogiers- du mal à garder la nature dans un état satisfaisant.
Je me relève, ayant fini de m'occuper de ce petit arbuste qui me fascine depuis le début de la matinée. Je contemple alors mon travail ; il me convient.
Rangeant dans mon sac en bandoulière mes outils, je repense soudain à l'heure qu'il est : aux environs de 14 heures, d'après du moins le faible soleil sans puissance que filtre les nuages blancs.
Pensée: Pas étonnant que j'ai si faim. J'en oublis parfois le temps dans toute sa lenteur lorsque je m'occupe des végétaux.
Et oui, je suis peut-être le seul Ogier à penser ceci -pour sûr je suis le seul de ce Stedding-. Nous savons que nous sommes de nature plutôt lents (comparés aux hommes), et ce -d'après les Anciens- car nous avons plus de temps pour vivre, et surtout car nous n'avons pas les mêmes préoccupations et ni la même façon de vivre.
Je suis assez d'accord, seulement je n'ai jamais pu avoir le même rythme de vie que mes semblables, et ni non plus, la même vision de la vie.
Les Anciens du Stedding m'ont donc surnommé "l'Impétueux", à cause de mon ardeur et de la fougue que je mets dans tout ce que j'entreprends. (Ardeur et fougue pour un Ogier, évidemment. )
Je suis plutôt jeune, du moins je ne suis pas vieux. J'ai plus de 90 ans.
Cela fait donc des dizaines et des dizaines d'années que je n'ai devant les yeux que ce Stedding. Ôh, ça ne me déplaît pas, seulement il est vrai que je pense depuis quelque temps déjà à l'Extérieur. Je pense au monde d'au-delà ces arbres, là-bas ; je rêve de ce qui peut s'y passer. Je me vois marchant dans une grande ville au milieu d'humains, je les vois me saluer et je leurs rends leurs saluts...
Bien sûr, j'ai déjà quitté Tsofu. Deux fois : il y a deux ans, pour bâtir dans une ville au loin, et il y a moins de deux semaines, pour aider un village à reconstruire ce qui avait été détruit par cet hiver.
Ces sorties de courtes durées n'ont fait que renforcer mon envie de nouvelles horizons. Et les Anciens ne sont pas restés aveugles à ce qu'ils nomment "une folie"[i]...
Je referme mon livre, l'ayant terminé. Je l'ai dévôré, sûrement parce qu'il raconte le monde ; le monde Extérieur. Je le pose sur la pile qui encombre mon bureau, puis en prends un autre dans ma bibliothèque.
Je tourne quelques pages, lis en diagonales, m'arrête sur une peinture représentant une ville, puis referme l'ouvrage avant de le mettre dans ma poche intérieure et de sortir prendre l'air.
Pensée: La fraîcheur de la nuit pourra peut-être me faire oublier cette "folie"... Au moins pour un temps.
Je marche depuis déjà un certain temps voir même un temps certain. Finalement, me revoilà au centre du Stedding, où les formes des Grands Arbres sont bien visibles même dans la nuit.
Je pose une main sur l'un d'entre eux. Je caresse son écorce, j'essaye dans l'obscurité d'en distinguer le sommet.
Le temps passe. Je suis assis au pied de l'Arbre. L'obscurité m'entoure mais plus le doute ; j'ai pris ma décision.
Pensée: Soit déterminé Tormac. Vis ta vie...
Je pars. A l'aube j'aurais disparu, ne restant de moi plus que quelques affaires, et ma lettre de départ...
Je suis loin du Stedding Tsofu, loin à l'Ouest.
Je ne sais pas vraiment pourquoi je suis parti vers l'Ouest, je pense qu'une part de moi veut voir Caemlyn.
Il fait jour depuis désormais plusieurs heures, et je me dirige maintenant vers un petit village.
Pensée: N'y restes pas trop longtemps Tormac. Tu es encore trop près du Stedding pour t'y attarder.
Puis vient une autre pensée, d'un tout autre genre :
Pensée: J'espère qu'ils comprendront...
Puis me voilà faisant mes premiers pas dans le village, où les habitants se sont déjà rassemblés à l'entrée ; sûrement prévenus par les enfants que j'ai croisé un peu plus tôt dans les champs.
Je les salue, et certains d'entre eux me répondent.
Pensée: Pourquoi me regardent-ils comme ça? Ai-je quelque chose sur la figure? Une fioriture d'oiseau peut-être ou... Je suis bête, comme si ils voyaient tous les jours des Ogiers.
J'ai quitté depuis déjà longtemps ce village, duquel je garde des souvenirs dans l'ensemble très bons, comme quand un petit enfant m'a confié une fleur, me disant : "Prenez-en soin, Maître Ogier aux oreilles pointues."
J'ai toujours cette fleur, très belle d'ailleurs, que je garde posée sur mon oreille droite.
Je regarde droit devant moi, je regarde la route menant vers Caemlyn et surtout j'observe la caravane que je suis depuis quelque temps.
Pensée: Le Peuple Voyageur...
Je continue à griffoner des informations sur eux dans ce que j'appelle déjà :La Grande Marche, et qui sera plus tard mes mémoires du monde extérieur.
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