La Pierre de Tear fait peau neuve ! L'aventure continue sur www.pierredetear.fr !
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Au matin, l’aube teintait le ciel de gris perle, tandis que les brumes humides noyaient l’horizon dans leurs flots vaporeux.
Debout sur les marches glissantes, la reine cherchait une silhouette sur la mer, comme si l’intensité de son regard pouvait suffire à dissiper les voiles gazeux de l’aurore. Mais cela faisait des années que ses yeux, jadis deux gouttes de ciel pur et glaçant, avaient perdu leur éclat pour s’égarer dans la terne tristesse de l’attente. De même, les fils d’or de ses cheveux n’étaient plus désormais qu’un nuage épars et blanc autour de son visage émacié. Mais la silhouette altière, bien qu’amaigrie de Cyrielle d’Apamée gardait l’ombre de la grande reine qu’elle avait été autrefois, dont la splendeur solaire inspirait aux poètes les plus nobles comparaisons, avant, si longtemps avant…
Le vent soufflait alors, comme en ce jour. Sur les étendues océanes, mille diamants naissaient du soleil, comme autant d’étoiles venues se déposer sur les vagues d’azur tourmenté. Au loin cependant, les nuages s’amassaient en une terrible tempête, dans un grondement à faire trembler les pierres. La Dame s’en souvenait parfaitement. Au fil des années, seul ce souvenir lui était demeuré, et elle le revivait encore, jour après jour, vivante dans le passé quand sur les marches ne restait qu’une statue inerte.
Son regard flou se perdit dans les brumes et les flots, et elle revit encore…
Les yeux de son époux, émeraudes jumelles, qui la contemplaient avec amour et tristesse tout à la fois. Jamais il ne lui était apparu aussi beau qu’en cet instant, sa sombre chevelure, noire comme l’aile d’un corbeau, voletant autour de ses larges épaules, tandis que le soleil, si rare, jouait sur l’acier poli de son armure. Il parlait d’une voix forte, mais qui tremblait légèrement, bien qu’il cherchât à le dissimuler :
- Je serai bien vite de retour, ma Reine. Vous n’aurez pas même le temps de remarquer mon absence.
- Dès l’instant où vous serez parti, je n’aurai de cesse de vous attendre, Monseigneur, se rappelait-elle avoir répondu. Faut-il vraiment que… ?
- Nous avons déjà eu cette discussion, coupa gentiment le Roi. Cette guerre ne peut se faire sans moi.
Alors, dans un soupir attristé, il embrassa son épouse, la repoussa doucement quand elle voulut le retenir, puis descendit les marches de la forteresse vers le port.
Bien vite, trop vite, les fiers navires disparurent à l’horizon, leurs bannières d’azur et d’or claquant dans le vent, sans que la Reine ne les quitte une seconde des yeux.
Les ombres s’étirèrent…. jusqu’au soir.
- Ma Reine, une tempête se lève, il faut rentrer à présent.
La voix inquiète d’Engor tira Cyrielle de ses rêveries. Elle resserra d’une main distraite les plis de son manteau, avant de répondre faiblement, inlassablement :
- Non, Engor. Et s’il revient ce soir ?
- Ma Reine…cela fait plus de dix ans que le…
Cyrielle se tourna vivement vers lui, les traits crispés autant de rage que de démence :
- Silence, maudit ! Je te dis qu’il va revenir cette nuit ! …Laisse-moi !
Un long moment, elle toisa le serviteur, jusqu’à ce que l’homme, horrifié par la folie de sa Dame, recule, puis s’enfuie. Non, jamais il ne pourrait lui dire…
- Engor !
La Reine tendit une main vers lui comme pour le retenir. Alors la peur, la tristesse, et une incomparable solitude marquèrent ses traits, tandis que ses doigts s’agitaient vainement en direction du serviteur, dans une attitude si pitoyable que même l’âme la plus dure aurait été émue de voir une si noble Dame ainsi brisée. Cependant, son cœur démentait le grand vide de son regard. Ce sentiment d’atroce abandon, d’isolement, était une épée dans sa poitrine, une lame chauffée au rouge qui ravageait son âme et noyait sa gorge dans le sang de l’amertume et de la terreur. Et si une telle confusion n’avait régné dans son esprit, elle n’aurait pu que hurler le chagrin qui la rongeaient depuis des années.
Puis son regard, que la fureur avait brièvement éclairé avant que le désespoir ne l’afflige, se remplit de brume, et elle sembla oublier le serviteur pour se replonger dans la contemplation de la mer.
Autour d’elle, la tempête, la pluie se déchaînaient, et le vent hurla avec force. Il lui apparut un instant que les éléments s’efforçaient de la repousser, de l’éloigner du rivage, mais elle s’y refusait. Ses membres alourdis, glacés par l’eau, la faisaient souffrir, mais elle n’en tint pas compte, pas plus que de ses cheveux trempés, qui fouettaient son visage et son cou.
Dans un fracas terrible qui fit bondir son cœur, un éclair illumina le ciel une brève seconde, puis les ténèbres tourmentées s’emparèrent à nouveau des cieux.
Cyrielle descendit une marche, les yeux écarquillés.
Un instant, une silhouette sur les flots…
L’espoir consuma sa poitrine. Etait-ce possible ? Oh, juste un cri, un appel…
- Cyrielle !
La Reine fit encore un pas, manquant glisser sur les marches inondées. Enfin, après tout ce temps…
- Cyrielle !
La silhouette à peine discernable, mais mille fois reconnaissable de son époux, courut vers elle. N’y tenant plus, elle dévala les escaliers, glissa…
Pour être recueillie dans les bras rassurants de son seigneur. Une vive chaleur, à la limite de la brûlure, lancina dans sa nuque et ses reins, là où s’étaient posées les mains de son seul amour. Entre la douleur et la joie intense des retrouvailles, Cyrielle ferma les yeux, entrouvrit les lèvres dans un faible sourire, et se laissa aller, enfin, au baiser qu’elle avait tant attendu.
…
Au nouveau matin, quand la tempête cessa, Engor et Maryse, inquiets, s’empressèrent de chercher leur Dame. Durant toute la nuit, la violence des vents et du tonnerre avaient troublé leur sommeil, mais plus encore leurs craintes pour la Reine, transie, peut-être souffrante, et seule contre l’orage. Courant à travers les couloirs de la forteresse pour gagner la grande porte, ils redoutaient déjà l’état dans lequel ils allaient la trouver.
La servante étouffa un cri.
Les yeux grands ouverts, tournés vers le ciel redevenu limpide, Cyrielle était allongée sur les marches, détendue, presque sereine… Mais des ruisselets sanglants trempaient les pierres blanches, les teintant d’écarlate.
Pendant la tempête, la Reine avait glissé et s’était brisé la nuque et les reins, mettant fin, dans sa folie, à l’interminable attente dans laquelle elle se consumait depuis déjà dix longues années. Cependant, ses lèvres s’entrouvraient encore sur un sourire, comme pour recevoir un baiser.
Un long moment passa, avant qu’Engor, les larmes aux yeux, ne disent :
- Cela fait maintenant des années que la mer nous a rapporté l’épave du navire royal. Nous pensions qu’elle finirait par…se rendre à l’évidence.
Maryse s’efforça de détacher son regard de la Reine morte, pour répondre d’une voix altérée :
- Le chagrin l’aurait tuée si nous avions parlé du corps. Personne n’aurait osé lui dire.
Essuyant des pleurs, la servante s’agenouilla à côté de Cyrielle et lui ferma les yeux. Puis, croisant les mains glacées sur la poitrine qu’aucun souffle ne soulèverait plus, elle murmura :
Enfin la mort vous aura réunis.
Je sais pas quoi te dire, suis pas douée moi, c'est bien écrit, fluide, agréable à lire...
En fait c'est plutôt le scénario qui ne m'a pas trop accroché, c'était trop prévisible à mon goût
Conclusion : Rien à dire à la façon dont tu écris, j'en serais bien incapable d'ailleurs, mais plus à l'histoire en elle-même (pas mauvais hein, juste trop prévisible )
Je vais rejoindre Sihaya dans ce qu'elle a dit. C'est trop prévisible. Tout le monde le sait, tu peux écrire vraiment très très bien, de très belles choses. Mais là tu nous laisses qu'entre apercevoir ton talent L'histoire est bateau à mort, aucune surprise à la lecture, et même un petit soupir de décéption. Ton texte n'est pas mauvais (selon moi) ! Non, loin n'en faut ! Mais simplement il manque d'orignalité. Ca reste agréable, parceque tu écris bien, mais le petit plus, manque. Est-ce que tu n'étais pas inspirée pour écrire quelque chose de très personnel ? Ca arrive ! Cela dit, on sent ta marque tout de même, ce n'est pas totalement dénué de ta personalité tout de même
Voilà.
Des questions ?
Oui jai oublié de mentionner... Je suis très franche
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Bon, je vais en rajouter !
Bien écrit, avec quelques outrances stylistiques toutefois mais une histoire et un dénouement attendus, sans surprise.
Les plus : le portrait de la reine agréablement écrit.
Un passage que j'ai particulièrement aimé :
"La Reine tendit une main vers lui comme pour le retenir. Alors la peur, la tristesse, et une incomparable solitude marquèrent ses traits, tandis que ses doigts s’agitaient vainement en direction du serviteur, dans une attitude si pitoyable que même l’âme la plus dure aurait été émue de voir une si noble Dame ainsi brisée"
Les moins : des maladresses et des fautes :
Au fil des années, seul ce souvenir lui était demeuré, et elle le revivait encore, jour après jour, vivante dans le passé quand sur les marches ne restait qu’une statue inerte.
Son regard flou se perdit dans les brumes et les flots, et elle revit encore…
revivait et revit : une certaine confusion entre les 2 verbes. au niveau du sens et de la sonorité
Tu emploies un subjonctif imparfait " bien qu'il cherchât" et ensuite un subjonctif présent " sans que la reine ne les quitte". C'est l'un ou l'autre. Je conseille l'emploi du présent bien que j'aime beaucoup l'imparfait mais de plus en plus dans les textes au passé on rencontre le subjonctif présent, moins lourd.
Et si une telle confusion n’avait régné dans son esprit, elle n’aurait pu que hurler le chagrin qui la rongeaient depuis des années.
Je trouve cette phrase mal construite et il y a une faute d'accord du verbe.
Autour d’elle, la tempête, la pluie se déchaînaient, et le vent hurla avec force
Un imparfait et un passé simple pour des actions simultanées , l'un ou l'autre selon ce que tu veux faire ressentir, l'environnement ou la soudaineté.
Ce qui me gêne quelque part, c'est que les deux serviteurs si zélés et si zinquiets aient pu dormir. Leur sommeil a été certes troublé, mais ils ont quand même dormi, hein !
Leurs paroles à la fin manquent de naturel.
Petit détail qui a son importance :
Elle s'est brisé la nuque et les reins, blessures internes donc pas de ruisselets sanglants que par ailleurs la tempête aurait largement dilués et même effacés. Et puis des ruisselets ne trempent pas, il y faudrait des rivières.
Je pense que je vais revoir le texte avec tous vos commentaires, un peu plus tard. Si avec tout ça je ne progresse pas. Je ne trouve rien à contredire, tout est assez vrai, et je remarque que tu as cité la plupart des passages qui m'ont posée problème.^^
Pourvoyeuse-de-Vent Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert
Je voulais ajouter un ptit mot aussi mais on dirait que tout est dit, du moins ça rejoint exactement ce qu'ont dit Yaya et Nayla, alors je vais pas rabâcher C'est en écrivant qu'on devient écriveron, hein? Et on a tous des progrès à faire... Cela dit même si la fin est prévisible l'ensemble est très sympa à lire, ça prend bien quoi vala
Je te trouve un certain style d'écriture remarquable, c'est écrit avec des mots nobles et riches,et les métaphores sont excellentes.
Ce sentiment d’atroce abandon, d’isolement, était une épée dans sa poitrine, une lame chauffée au rouge qui ravageait son âme et noyait sa gorge dans le sang de l’amertume et de la terreur.