La Pierre de Tear fait peau neuve ! L'aventure continue sur www.pierredetear.fr !
L'ancien site est a présent archivé pour la postérité et en mode "lecture seule". Vous pouvez consulter l'ensemble du contenu et des anciennes discussions du forum,
mais plus créer de nouveaux topics ni écrire de nouvelles réponses.
Le dégoût m'investissait par toutes les pores de ma peau. Il ne suffisait pas que mes narines s'imprègnent de l'odeur atroce. L'haleine de charnier hantait les rues tortueuses du port au point que j'éprouvais la fort désagréable impression qu'elle était en passe de se matérialiser et d'obturer mon nez et ma gorge.
Je remontai plus haut encore la jupe de ma tenue cavalière et je hâtai le pas sur le pavé gluant d'immondices variées. Non que je fasse ma mijaurée car j'avais connu pire au cours des missions que me confiait la Dame, mais ce vêtement là, un peu moins discret que ceux que je portais d'habitude, provenait de sa propre garde-robe. Je ne pouvais m'empêcher d'en caresser parfois les dentelles écrues ornant col et poignets et de me demander si elle me laisserait la garder en récompense de mes loyaux services.
Pour l'heure, j'avais d'autres soucis en tête : je repartais bredouille. J'enjambai un corps qui barrait la ruelle étroite que j'avais empruntée pour m'éloigner de la zone portuaire. L' homme que ses habits en désordre désignaient comme un marin avait adopté dans la mort une attitude grotesque. Ses membres déjetés, ses yeux exhorbités, son affreux rictus découvrant haut des gencives sanguinolentes trahissaient la souffrance de ses derniers instants. Ces terribles témoignages m'étaient toutefois superflus pour comprendre ce que le pauvre gars avait enduré, car j'avais moi-même expérimenté près de deux années auparavant les affres de la maladie, celle qu'on appelle " la foudroyante " bien qu'on ait le temps de se rendre compte que l'on est en train d'en mourir. Je n'avais dû la vie sauve qu'à ma robuste contitution montagnarde et à la prompte intervention du Guérisseur dépêché par la Dame. J'en avais retiré deux bénéfices, l'immunisation contre cette peste ravageuse et le sentiment exaltant que je comptais vraiment aux yeux d'Eldriss.
Très peu de cadavres gisaient sur les pavés disjoints des venelles sordides. La maladie avait laissé à la plupart des habitants de Bacambar le loisir d'aller mourir dans leurs étroites maisons aux étages en surplomb. Ils en avaient barré les portes mais elle les y avait suivis et parfois précédés. Je me doutais bien que la foudroyante était arrivée à bord de ces bateaux sans équipage amarrés aux quais où ne trainaît pas même un chien errant. Certains prétendaient, tel le Guérisseur à qui je devais d'être encore en vie, que les vecteurs de la maladie étaient des animaux, rats et autres rongeurs, mais je crois plutôt qu'elle se transmet d'humain à humain par l'air qu'ils partagent en respirant. Comment des animaux pourraient-ils nous donner leurs maladies? Moi-même, juste avant de tomber malade, je n'avais croisé la route d'aucune de ces stupides bestioles mais deux ou trois de mes plus récentes partenaires de lit avaient succombé aux assauts mortifères.
Je subodorais que les marins, atteints aussi bien que les autres, avaient agonisé au sein de leurs vaisseaux devenus pour la circonstance leurs tombeaux. Je n'avais pas ressenti le besoin de m'en assurer. De toute façon, le navire de haut bord que la Dame m'avait décrit avec maints détails ne se trouvait pas à quai. Et nul, à Bacambar, ne pouvait désormais m'apprendre s'il y avait relâché à un moment ou à un autre, quittant les lieux avant que la maladie ne se déclare et emportant ou pas les germes de la peste à son bord... En emportant aussi l'objet de ma mission, au sujet duquel je ne savais rien, sinon qu'il se trouvait à bord du Dauphin Couronné, battant pavillon gétulien.
Ma mission tombant à l'eau, sans vouloir commettre un mauvais jeu de mot, il ne me restait plus qu'à quitter Bacambar, désormais cimetière, qu'une charité bien ordonnée ne pourrait que livrer aux flammes purificatrices. Mais c'était là le souci du Roi Pêcheur, non celui de ma Dame Eldriss. Je me pris à regretter que le Royaume aux Dames n'ait pas d'ouverture maritime et que les relations entre nos deux pays limitrophes soient ce qu'elles étaient. Mais le Roi Pêcheur, imbu de sa virilité, ne reconnaitrait jamais l'égalité, sinon la supériorité de ma Dame la Samana et de l'Assemblée exclusivement féminine qui nous gouvernaient avec droiture et justice. Quoiqu'il en soit, ce n'était pas là mon affaire, mon rôle consistant à obéir et à me battre.
Deux voies donc se présentaient à moi, la plus simple se résumant à aller rendre compte aussitôt mais cela ne me satisfaisait aucunement car ç'aurait été reconnaître mon échec devant l'Assemblée des Conseillères. La seconde me poussait à longer les côtes et à inspecter tous les mouillages possibles les uns après les autres... et par conséquent, prolongerait de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines, mon absence loin de la Cour des Merveilles et des beaux yeux d'Eldriss. Je me morigénai aussitôt:
- Lou, tête de bois! Qu'as-tu appris auprès de Maîtresse Fesquet? A écouter tes envies ou à mettre tes talents au service de ta souveraine?
" Lou amr'Attani, tête de bois mais coeur de chiffon ", se moquait souvent de moi la Maîtresse d'armes. " Un sourire enjôleur, une belle tournure et voilà Lou qui succombe aussitôt! ", disait-elle aussi. Et comme je me mettais en colère, elle en profitait pour prendre le dessus et me vaincre alors que j'avais déjà une meilleure escrime qu'elle! Ah! Je ne lui fournirais pas une autre occasion de rire de moi. Je retrouverais ce navire coûte que coûte!
Ma jument m'attendait dans un bosquet hors les murs, du moins l'espérais-je. J'avais fait le choix de la laisser à l'attache à quelque distance de Bacambar parce que j'avais pressenti, il serait plus honnête de dire senti, que quelque chose n'allait pas là où je devais me rendre sur ordre de ma souveraine. Au vu des cadavres épars et à la puanteur régnant sur la ville morte, il semblait que mon initiative avait été la bonne, à condition qu'un fuyard en maraude n'ait pas fait main basse sur ma belle et robuste Finarelle.
Je n'avais maintenant qu'une hâte, quitter cette nécropole à ciel ouvert, parcourir le littoral pour débusquer ce fameux navire dont j'espérais qu'il n'était pas fantôme, récupérer ce que désirait tant ma Dame et courir me jeter à ses pieds implorer son pardon pour mon manque de diligence. Dans ma précipitation, je manquais trébucher sur une jambe traîtreusement tendue sur mon chemin par un soldat de fortune, à en juger par ses frusques déparaillées, mercenaire que désormais personne n'engagerait, sinon la Grande Fossoyeuse. Je jurai comme un charretier et me mis à rire en évoquant la grimace de Maîtresse Loignant, notre experte en bonnes manières, si elle avait pu m'ouïr :
" Lou amr'Attani! Surveille ton langage! Ne sais-tu donc pas que les Amrh Samana doivent être irréprochables à tous points de vue? Dix coups de badine sur le champ, devant tes camarades!"
Mon rire sonna désagréablement dans le silence de caveau que ne troublait pas un seul chant d'oiseau. Le vent agitait mollement les tentures aux teintes fanées qui pendouillaient devant les fenêtres et s'insinuait sans bruit dans les chambres putrides pour en extraire des miasmes qui me soulevaient le coeur. Je ne voulus cependant pas me mettre à courir car même si plus personne n'était là pour m'épier, je tenais à conserver une certaine dignité. J'avais l'impression que l'on m'observait derrière ces portes pourtant closes sur des cadavres aux postures désespérées et sans doute risibles. Mais je savais bien que ce n'était que cela : une impression. Moi seul vivais en ces lieux et je n'éprouvais pour tous ces morts subits aucune espèce de compassion car ils n'étaient pas de l'obédience de la Dame, la glorieuse Samana Eldriss, femme bénie entre toutes les femmes de toutes les Maisons Maternelles, grandes et petites du Royaumes des Dames.
Et moi, j'étais Amr Samana, épée et poignard d'Eldriss. Ma demi-soeur.
Finarelle m'accueillit avec maints hénissements joyeux, soulagés aussi sans doute, car la pestilencielle odeur qui planait sur Bacambar parvenait jusqu'au bosquet dont la jument avait dévoré une bonne part des feuilles à sa portée. Je lui passai la bride, resserrai la sangle et sautai lestement en selle. Nous prîmes rapidement le galop en direction de l'ouest car je présumais que le Dauphin fuyant la fourdroyante faisait voile vers son port d'attache, en Gétulie. Et si je me trompais, tant pis, je rebrousserais chemin et suivrais la côte est.
Une bonne semaine s'écoula en vaines recherches. Je ne rencontrai personne qui puisse me donner ou même me vendre un renseignement utile. Je dus ferrailler contre trois lascars s'imaginant pouvoir venir à bout d'une femme seule. Mon épée à la Salamandre se hâta de démentir ce qu'avaient pu leur donner à croire mes habits et mon visage lisse. Je ne laissai pas de survivant. Je n'en laisse d'ailleurs jamais, pas plus que les autres Amrh Samana.
Enfin, un soir, la lueur d'un feu m'attira sur une plage à l'abri d'une anse paisible. Je démontai et tenant ma jument à bout de rênes, je m'approchai des deux hommes assis près du foyer. L'affaissement de leurs épaules témoignait d'un sort qui n'était pas celui auquel ils s'étaient attendu. Mon épée était demeurée attachée à ma selle mais je ne départissais jamais de mon poignard. Toutefois, j'estimais n'avoir rien à redouter d'eux. Je les saluai avant qu'ils ne s'alarment et ne perdis pas de temps en d'inutiles palabres.
- Je suis en quête d'un vaisseau, le Dauphin Couronné. L'auriez-vous aperçu sur cette côte?
- Le Dauphin! s'exclama le plus jeune des deux hommes, un blondinet à qui je donnai approximativement mon âge. Nous avons été débarqués sur...
- Mon Seigneur! le reprit son compagnon sévèrement quoiqu'avec déférence. Les flammes sculptaient en angles et méplats le visage dur de cet homme qui devait quant à lui compter une quarantaine d'années. Puis s'adressant à moi :
A qui avons-nous l'honneur?
J'aurais préféré justement éviter cet honneur mais mon instinct me disait que je touchais au but.
- Je suis Lou Attani, d' Iskandar.
Les yeux du plus jeune s'écarquillèrent. Son mentor m'adressa un signe de tête en manière de salut, confirmant qu'il n'ignorait pas la valeur de l'un et l'autre noms.
- Iskandar, capitale du singulier Royaume des Dames, bien sûr. Et la Maison des Attani n'y est pas la moindre, pour ce que j'en sais.
- Et vous en savez plus que la plupart des gens.
Nous nous observâmes quelque temps dans un silence que rythmait la lente respiration du ressac. Il choisit enfin de m'accorder sa confiance.
- Seriez-vous, Lou des Attani, l'envoyée de la Samana Eldriss?
- Je le suis. Mais ne deviez-vous pas m'attendre à bord du Dauphin Couronné à Bacambar?
Je répugnais à admettre ignorer presque tout de ma mission. Que devaient me remettre ces deux personnages que vêture et accent désignaient comme natifs de la Tourrène?
- Le navire n'a même pas accosté. Le capitaine a compris qu'un malheur terrifiant s'était abattu sur Bacambar et a fait aussitôt demi-tour avec la ferme intention de regagner la Gétulie. Et comme nous protestions, il nous a débarqués de force sur cette plage avec quelques vivres et aucun moyen de transport. Bien sûr, il ignorait la véritable identité de mon pupille mais l'aurait-il sue, cela n'aurait sans doute rien changé. Il avait vraiment peur.
- La foudroyante, me contentai-je de dire.
- Oh! fut sa seule réponse mais sans doute blémit-il.
Peu m'importait de l'avoir effrayé. J'entrevoyais le but de ma mission et il ne m'agréait pas vraiment... pas du tout. Je lançais un appât pour en savoir plus. Je me targuais rarement de mes liens avec la Samana mais en cette occasion, je les mis en avant.
- La Dame Eldriss, qui est ma demi-soeur, a une totale confiance en moi...
Savoir mentir avec l'air le plus parfaitement innocent est un des talents que l'on me reconnait au sein des Amrh Samana. Et ce n'était pas vraiment un mensonge, juste une demi-vérité. Eldriss me fait confiance mais pas au point de tout me révéler. J'en avais la preuve en ce jour. Et, si elle est bien ma demi-soeur, nous ne partageons que le même père, ce qui est nettement moins valorisant qu'être nés de la même mère.
... Votre pupille, continuai-je, en saluant le jeune seigneur qui ne me quittait pas des yeux, sait-il ce qui l'attend?
- Rodier, qui est l'unique neveu de mon roi et le troisième sur la liste de succession n'est pas un jouet que l'on manipule. Il a été tenu au courant des accords secrets concernant le mariage et il saura être sans faillir le garant de l'alliance entre nos deux royaumes. Nous comprenons aussi que pour l'heure, la discrétion est notre meilleure alliée mais nous nous attendions à une... escorte un peu plus fournie.
Eldriss, épouser ce godelureau aux joues rondes et à la ridicule petite fossette au menton! Je saisissais enfin pourquoi elle avait tenu à me mettre devant le fait accompli. Et pourquoi je me trouvai sur cette plage, me préparant à escorter le futur prince consort dont j'étais désormais et malgré moi lige et garde du corps.
Bien peu, en dehors des Conseillères, devaient être informées de la décision d'Eldriss d'introduire un sang étranger dans la lignée royale. Je savais qu'elle s'inquiétait des risques liés à la consanguinité mais je n'avais pas imaginé qu'elle m'enverrait lui ramener un mari ramassé en perdition sur une plage et qui plus était, même pas fils de roi. Je répliquai, laconiquement:
- Vous parlez à juste titre de discrétion puisque nous sommes sur le territoire du Roi-Pêcheur.
Remâchant ma rancoeur sous un air imperturbable, je partageai leur repas et leur insipide conservation puis m'écartai pour monter la garde plus par habitude que par nécessité. Le compagnon du prince, le comte Nertrall, me succéda aux petites heures du matin. Peu de sommeil m'est indispensable pour refaire mes forces. Lorsque j'ouvris les yeux sur l'aurore peignant le ciel et la mer de nuances diaphanes, je sautai aussitôt sur mes pieds et d'un geste vague, signifiai au comte que je m'éloignai pour sacrifier aux besoins de la nature. Je n'accordai au jeune seigneur endormi qu'un coup d'oeil indifférent
Je trouvai bientôt une vasque assez profonde emplie d'eau de pluie et me dévêtis pour procéder à mes ablutions. J'avoue avoir commis alors une impardonnable faute. Perdu dans mes pensées et celles-ci ne prenant pas un tour agréable, je n'entendis venir Rodier que lorsqu'il fut trop tard pour me dissimuler.
- Vous... vous êtes un... un homme, bégaya-t-il, écarlate d'abord, livide ensuite.
Qu'avait-il espéré en suivant mes traces? Profiter des charmes d'une jeune et jolie messagère avant de tomber dans l'escarcelle d'une reine absolue?
- Non, je suis un Amr Samana.
- Les Amrh Samana! Je... pensais que c'était un mythe... des hommes vivant sous l'aspect de femmes. Une légende comme celle des Sylves ou des Harpes.
Son regard papillonnait, n'osant pas s'attarder sur moi. Je ne me pressais pas de voiler ma nudité. Qu'il demeure ainsi, troublé et mal à l'aise! Mais je décelais aussi du mépris dans son étonnement, sans parler des comparaisons qu'il avait osé faire. Mettre les Amrh Samana sur le même plan que ces hommes-arbres, ces oiseaux puants à tête de femmes que l'on trouvait dans les contes! Je répliquai, l'éclairant sur son statut futur:
- Les Amrh Samana, les "Fils de la Dame" dans votre langue, sont un degré au dessus des hommes. Nous sommes élus par notre naissance, mais avant tout parce que nous avons la chance de ressembler à la plus belle moitié de l'humanité. Certes, nous n'égalons pas les femmes qui nous sont en tout supérieures, mais par nos mérites, nous nous efforçons de leur faire honneur.
Rodier rougit à nouveau et avec un sourire en coin, j'attendis sa question.
- Vous... vous épilez?
Je passai lentement mes mains sur ma peau aussi lisse et souple que celle d'une jeune fille, me délectant de le voir rougir mais je démentis rapidement les idées fausses qu'il cultivait comme sans doute tous ses semblables.
- Guère plus qu'Eldriss elle-même. La pilosité masculine n'est-elle pas ce qui rapproche le plus l'homme de la bête? Je détesterais proposer à mes amantes un corps velu. Fort heureusement, de nature, je n'ai guère de poil.
Je me détournai de lui, ne lui accordant pas plus d'attention qu'à l'oiseau bavard perché sur une pointe rocheuse à quelques pas de nous et qui s'encolérait de nous voir occuper son territoire. Je me rhabillai posément. Puis passant près du prince déconfit, je jetai:
- Nous n'allons pas tarder à partir, il me faut trouver des montures pour vous deux. Iskandar est à près de dix jours de cheval.
Il grommela, plus fort sans doute qu'il ne l'ait souhaité:
- Des aberrations, des monstres. Il faudra bien que cela cesse. Je m'y emploierai.
Je fis mine de n'avoir pas entendu. Mais il aurait mieux valu pour lui se taire.
Je n'allais pas laisser ce coquardeau subjuguer Eldriss et l'éloigner de moi.
En dix jours, beaucoup de choses pouvaient arriver.
Des brigands... non... avec ma réputation d'épéiste, ce ne serait pas crédible... Une mauvaise chute? Une peut-être mais deux, cela deviendrait suspect et Eldriss ne me ferait pas de cadeau... La foudroyante... voilà ... la maladie aura bon dos et ne me démentira pas, moi qu'elle a épargné.
Eldriss, mon amour, tu aurais dû me faire totalement confiance.
Texte BMaudite peste
Complètement dégoûtée, Feldwyn abandonna la zone qu’elle explorait au sud du port. Non seulement, elle n’avait pas trouvé le moindre navire mais il régnait dans cette ville une puanteur comme elle n’en avait jamais connue.
Cette odeur synonyme de l'horreur sans nom,la terreur noire,la peste,elle avait vu tout le monde autour d'elle mourir,elle même avait survecu a la maladie,elle l'avait contractée au début de l'épidémie et sa survie avait été considérée comme un miracle car cette peste était considérée comme la pire de mémoire d'homme.
Elle se souvenait de son arrivée triomphale en ville il y avais de cela quelques semaines a ce momment la l'avenir lui souriait a elle et a sa troupe qui avait été convoquée par l'empereur lui même,il avait fallu que la nouvelle de la présence de plusieus cas de peste en ville tombe le jour de la première représentation a laquelle l'empereur devait assister.
Des mesures furent prisent immédiatement,les portent furent fermés jes différents quartiers furent séparés par des tranchées,tout aurait pus bien se passer si l'empereur n'était pas alors tombé malade,tous les médecins furent appelée et,chose rare les sorciers furent autorisés a approcher l'epereur.Mais tous leurs efforts combinés ne suffirent pas ,la peste emporta l'empereur et toutsemblant de paix civile avec lui.Le chaos regna alors dans les rues tout le monde pensait que c'était la fin du monde, dans un tentative désespérée les sorciers se lancèrent un sort de flammeéternelle sur les murs et la porte mais comme ils devaint s'approcher de la zone a ensorceler ils furnt lynchés par la foula avide de sang,une fois qu'elle avait tué,cette foule devenait dangeureuse et les gardes du palais se servirent de balistes et d'arbalètes pour tenir la foule a distance,des centainse de personnes moururent lors de cet affrontement.et si ce ne fut pas vraiment la fin du monde ce fut la fin de la civilisation énarienne,avec la mort de son empereur et la destruction de sa capitale et la dissolution de l'Empire.
Les nouvelles parvenaient a filtrer a l'intérieur,après la mort de l'empereur les barons s'étaient soulevés et se faisant déjà la guerre pour se tailler la plus grande part de l'empire mort.
Tout cela préoccupait Feldwyn,du moins avant qu'elle soit atteinte de la peste ,une fois qu'elle eu survécu a la peste elle vit mourir ses compagnons un a un leur agonie fut longue et douloureuse avec une chance de survie quasiment nulle car Feldwynétait la seule a avoir survécu pour l'instant.Le dernier fut son mari,quand il fut mort elle brula son corps accompagé de son instrument,le cistre qui avait justement fait la renommée de la troupe.Elle ne savait pas comment sortir de la ville,partir par la route ou bien tenter de trouver un bateau,et ou aller,vers le sud et Phrios ou se diriger vers le nord et Sortes.Elle connaissais mieux Sortes pour y avoir séjourné avec sa troupe et dans ses souvenirs le baron,non maintenant le roi Glydes était quelqu'un de juste et de respecté.Elle décida donc d'aller vers Sortes et le plus facile était en bateau.
C'est donc a ce moment la qu'elle se mit a la recherche d'un bateau,dans un odeur de charnier et,en réfléchissant a ce qui lui était arrivé elle maudit les dieux pour leur cruauté.Or s'il est une chose qui ne faut jamis faire c'est bien de les insulter ou les maudire,les dieux étainet en ce temps et a cet endroit au mieux passifs et au pire ils formaient un avatar terrestre pour ravager des contrées qu'ils ne conaissaient pas.
Pour échapper aux souvenirs de cette ville, elle partit donc par la route vers Sortes,plus personne ne tenait les portes de la ville car tout le monde était mort,elle abandonna la musique,c'était sa façon de faire le deuil.Elle devint donc soldat dans l'armée de Glydes avec la volontée de mourir rapidement et rejoindre son époux, mais elle se démarqua bientôt de ses semblables par ses remarquables exploits au combat puis un monarque éclairé lui donna sa chance de prouver qu'elle avait les capacité de général,elle le prouva brillament et fut vite appréciée de l'armée ce qui explique que l'héritier du roi qui l'avait engagée n'osa pas lui dire de partir et lui confia donc la protection de sa reine qui était la fille d'un des plus puissants monarques des royaumes dus au morcellement de l'empire Enarien,elle resta la garde de la fille de la reine puis de sa petite fille,en y réfléchissant elle se rendit compe qu'elle était agée de 110 ans et avais le corps d'une femme de 30.
Il se trouve que quand elle les maudit,les dieux l'ignorèrent,sauf un qui décida de lui accorder la vie éternelle,ainsi elle put voir quelques millénaires plus tard la re-fondation d'un empire tel qu'elle l'avait connu, qui eut la même fin et c'est a ce momment la qu'elle abandonna la zone qu’elle explorait au sud du port. Elle n'avait encore pas trouvé de navire mais cela ne l'étonnais guère, il régnait dans cette ville une puanteur comme elle n’en avait connue que dans une pareille situation quelques millénaires auparavant.
Et c'est ansi que défiant les millénaires Feldwyn vit tourner la roue,elle regretta amèrement sa maédiction mais les dieux de cette contrée comme ailleurs n'étaient guere miséricordieux et c'est après plusieurs cycles de la roue qu'elle put enfin dormir en paix aux cotés de son époux.
Texte C : La Pernille
Complètement dégoûtée, elle abandonna la zone qu’elle explorait au sud du port. Non seulement, elle n’avait pas trouvé le moindre navire mais il régnait dans ce quartier une puanteur comme elle n’en avait jamais connue. Tout en marchant tête baissée, elle regardait défiler les pavés irréguliers, sales et glissants. Rejoindre le centre de la ville. C’était la seule solution. On l’avait mal renseignée, et à cause de cela, elle se retrouvait comme une imbécile à déambuler dans ces rues à l’odeur abjecte. Tout le monde hurlait et se bousculait. A plusieurs reprise, elle faillit être renversée par une charrette ; les vieux loups de mer l’observaient d’un regard biaiseux, se demandant bien ce qu’une dame pouvait bien faire là. Ces gens étaient vraiment dégoûtants ; mais comment diable faisaient-ils pour vivre dans une telle crasse ? Du poisson pourri et écrasé maintes fois gisait un peu partout sur le sol. Elle devait bien faire attention à ne pas glisser dessus. Avec ses petites bottines en daim, c’était loin d’être évident. Cette marche lui semblait un véritable parcours du combattant… Soudain, elle entendit un homme en interpeller un autre, juste à côté d’elle ; elle se retourna pour lui signifier sa grossièreté : on ne crie pas dans les oreilles des gens de cette manière, voyons ! Mais elle n’eut pas le temps de formuler quoique ce soit : l’anguille, certes étourdie mais encore vivante que tenait le rustre à bout de bras se convulsa, giflant littéralement la jeune femme. Les yeux exorbités, elle porta la main à sa joue et sentit qu’elle était poisseuse. Quelle horreur ! Indignée, le souffle court, elle poursuivit sa route, écartant les plus costauds avec des coups de coudes et de poings bien placés. Sa démarche n’était plus très distinguée, mais au diable toutes ces manières, elle voulait sortir de ce quartier au plus vite.
Et quelle odeur pestilentielle ! Elle s’imaginait ce fouillis nauséabond : le poisson, frais ou pourri, la sueur âcre des dockers, les caniveaux, les excréments déversés à même le trottoir… Un garçon était en train de vomir au coin d’une rue ; il était maigre, et son visage n’avait rien d’enfantin : il avait des yeux sombres, les joues creusées, les lèvres pincées et un nez qui ressemblait plus à un bec. Pas étonnant, pensa-t-elle. S’il s’alimentait tous les jours de ce qu’elle voyait exposé dans les marchés du coin, ce petit ne pouvait qu’avoir un physique ingrat et l’estomac dans l’autre sens. Comme s’il avait deviné ses pensées, il se tourna vers elle et lui lança un regard des plus méprisants. Après quelques courtes secondes, il disparut derrière le mur, courant comme un dératé. Elle eut bien un peu honte d’elle, mais bien vite elle se remit de ce sentiment de faiblesse et continua son chemin.
Mademoiselle Pernille du Lornant, perdue dans le port, se débattant dans une foule de gens sales et grossiers et nageant dans une nuée fétide. Mais quelle histoire ! Des hauts le cœur la secouaient presque à chaque minute. Ses cheveux réunis en un chignon sophistiqué se faisaient gras, sa peau luisait de plus en plus, et sa belle robe en velours vert émeraude semblait prendre l’odeur et l’humidité qui régnaient en ces lieux. Ses pieds étaient trempés, le bas de ses jupons gorgés de boue. Elle fut prise de bouffées de chaleur. Elle mourait de soif, mais il était bien entendu hors de question qu’elle aille demander de l’eau à un habitant. Les rues étaient tellement étroites qu’elle ne s’était pas rendue compte que la nuit tombait. Tout à coup, elle sentit que quelqu’un tirait violement sur sa manche ; elle se retourna et vit qu’il s’agissait d’une vieille femme, ou peut-être d’un vieil homme, qui baragouinait quelque chose en rapport avec une pièce. La jeune demoiselle choisit l’indifférence, et tourna la tête tout en reprenant sa marche. Au bout de deux pas, elle s’arrêta net, les yeux exorbités. Ce qui avait stoppé son élan avait été le bruit le plus horrible et effrayant au monde : un beau velours d’une valeur inestimable qui dans un cri déchirant… se déchire. Mon dieu non !
- « Ca, ça c’est trop fort ! », hurla-t-elle à l’adresse de cette chose vaguement humaine qui avait bêtement continué à tirer sur sa belle manche pour l’empêcher de partir.
- « Gnngnnn… pièce sivouplééé… », lui répondit celle ou celui qui venait de signer son arrêt de mort.
- « Mais vous plaisantez ! C’est vous qui allez devoir m’en donner des pièces, pour que mon tailleur puisse réparer ce que vous venez de faire ! J…je vais vous tuer ! »
Se jetant sur ce pauvre être, elle le saisit au cou et commença à le secouer en hurlant comme une folle. Soudain, elle s’arrêta, lâcha prise et regarda ses mains, les yeux vitreux ; elles étaient sales, pleines de crasse. L’odeur qui s’en dégageait ne lui laissait pas le choix : elle s’évanouit.
Quand elle se réveilla, elle était assise sur une chaise près d’un poêle, une couverture sur les épaules. Elle regarda autour d’elle. Sa vision était assez floue, et sa tête lui faisait mal, mais néanmoins elle put distinguer quelques personnes, qui formaient sans doute une famille : le père, un marin selon toute évidence, était sur un tabouret à côté d’elle, recousant les mailles déchirées d’un filet de pêche. La mère, des poches énormes sous les yeux, l’observait en touillant un ragoût de poisson à l’odeur écoeurante. La petite fille jouait avec ce qui était sensé être une poupée à même le sol, au milieu des épluchures de légumes et des viscères de poisson. Enfin, le garçon. Il était assis à ses pieds, l’observant avec le même regard méprisant que le jeune garçon qui – mon dieu, c’était lui ! Celui qui vomissait au coin d’une rue ! A peine sortie de sa torpeur, elle crut y retomber de suite. C’est alors qu’il lui dit :
- « Hé ! reste réveillée. Faut qu’tu partes. Espère pas qu’on t’donne à manger. Ca fait déjà une heure qu’t’es là à ronfler comme une truie. »
- « Comment ?! », s’ecria-t-elle en s’étouffant.
- « Ben oui, alors lève-toi et retourne chez toi. »
Elle n’en revenait pas. Elle se retrouvait dans une maison infâme, dégoûtante, puante, avec une famille entière de gens infâmes, dégoûtants et puants, et en plus elle se faisait chasser ! Elle avait été amenée là contre son gré ; ses ravisseurs avaient sûrement profité de son état inconscient ; les monstres ! Comment avaient-ils osé la séquestrer dans un tel endroit ? Et maintenant, elle se faisait traiter de pique-assiette ! Se levant brusquement de sa chaise, elle se dirigea vers la porte de ce taudis, dans un mouvement altier, le menton levé jusqu’au plafond.
Pourquoi est-ce que tout cela lui arrivait à elle ? Elle n’avait pourtant rien fait de mal ; tout ce qu’elle voulait, c’était prendre un navire pour rejoindre son père. Il était parti peu de temps avant elle, mais lui avait conseillé de venir quand il aurait eu le temps de préparer son arrivée dignement ; ce jour, tout aurait été prêt, rangé et nettoyé par les domestiques. S’installer sur cette île lui était indifférent, tant que son confort n’en prenait pas un coup. Son père avait dès lors pris des dispositions. Elle n’avait plus qu’à prendre ce fichu navire qui n’était jamais venu. Toute la matinée à attendre au soleil, et ensuite cette traversée terrible dans les rues mal famées du port. Elle avait erré des heures, tentant de retrouver le chemin du centre.
Il faisait nuit noire à présent. Son pas s’était fait très lent. Elle était tellement désespérée qu’elle ne parvenait plus à marcher droit. Elle longeait les murs, épuisée par ces lieues de déambulation et surtout, par toutes ces émotions. Et cette odeur… Etrangement, elle semblait s’y être habituée. Baissant les yeux sur sa robe, elle vit qu’elle était toute juste bonne à offrir à une paysanne ; son chignon était défait. A présent, elle devait ressembler d’avantage à une fille à soldat qu’à une demoiselle de son rang. Elle s’en fichait. Elle voulait juste trouver une auberge confortable où passer la nuit, puis aller attendre un autre bateau le lendemain matin. La nuit se faisait de plus en plus inquiétante : seuls quelques marins avinés sortaient des tavernes, la regardant avec un sourire terrifiant. Elle ne pouvait plus se risquer à demander son chemin. Elle aurait pu le faire autant de fois qu’elle l’avait voulu durant la journée ; elle ne l’avait pas fait par dignité.
- « Idiote ! », murmura-t-elle. Maintenant, il lui était impossible de demander quoique ce soit à qui que ce soit.
Une lueur soudaine attira son attention : elle venait du bout de la rue. Elle plissa les yeux pour mieux distinguer ce qu’était cette lumière… Un candélabre ! Oui, c’en était bien un ! Cela voulait dire qu’elle approchait du centre de la ville. Une émotion si forte lui coupa les jambes, et ses genoux heurtèrent violement le sol. Elle s’écroula de tout son long sur les pavés. Mais un sourire se dessinait lentement sur son visage. Même si celui-ci baignait dans la saleté et la puanteur, il reverrait bientôt des lieux plus sûrs et familiers.
Elle resta là quelques minutes, savourant sa victoire, les yeux fermés. Sa joue était en contact direct avec ce sol souillé. Cette même joue qui avait été giflée par une anguille poisseuse. Cette même joue qui avait rougit de honte lorsqu’elle s’était moquée d’un jeune garçon malade. Sa petite joue rose qui à présent se fichait bien de la boue, puisqu’elle allait bientôt se remettre au chaud sous une fine couche de poudre parfumée. Quand elle reprit ses esprits, elle se leva doucement, sans précipitation, toujours ce doux sourire aux lèvres. Une fois debout, elle regarda devant elle, en direction de cette lueur d’espoir. Mais lorsqu’elle voulu entamer sa marche, quelqu’un tira brusquement ses cheveux, si fort qu’elle crut se briser la nuque. Elle repensa au mendiant qui lui avait presque arraché une manche. Exaspérée au possible, elle se retourna en hurlant :
- « Je vous ai dit que je ne vous donnerai - »
Elle ne pu finir sa phrase. Il ne s’agissait pas du mendiant. C’était le petit garçon aux yeux sombres de désespoir, aux joues creusées par la haine, aux lèvres pincées de faim, au nez semblant être un bec. Un bec de vautour affamé, triste, cherchant une proie. Il l’avait trouvée. Son couteau dégoulinait du sang épais de Pernille. Les mains crispées sur son ventre, elle le regardait d’un air qui ne comprend rien, mais qui accepte.
Lorsqu’elle tomba à terre, il se saisit de sa bourse. Mais dans sa précipitation, tout le contenu se renversa sur les pavés. Un homme sortit de la taverne voisine, et se rendit compte du crime perpétré. Il interpella le garçon qui, paniqué, réussit tout de même à s’emparer de quelques pièces avant de prendre la fuite. La jeune demoiselle, les yeux brouillés de larmes, était à nouveau allongée dans la saleté et la puanteur. Elle vit quelque chose scintiller juste à côté de ses yeux ; il s’agissait d’une de ses pièces d’or. Dans ce brouillard fétide de la misère qu’elle avait connu ce jour, elle sentit la vie la quitter. Tout en essayant de garder les yeux ouverts pour encore voir ce petit scintillement, cette lueur chaude auprès d’elle, elle implora la clémence du Preneur d’Ames.
Texte D : La frontière du temps
Complètement dégoûtée, Esaïs abandonna la zone qu’elle explorait au sud du port d’Elfa’Soria. Non seulement elle n’avait pas trouvé le moindre navire qui corresponde à celui qu’elle cherchait mais il régnait dans cette ville une puanteur comme elle n’en avait jamais connue. Pourtant cette pestilence, si forte soit-elle, ne suffisait pas à lui faire penser à autre chose qu’à ce qu’elle était venue faire ici. Elle ne sentait même plus la fatigue qu’elle traînait depuis… Combien de temps déjà ? Elle ne savait plus ; des mois, des années, peu importait désormais, puisqu’elle savait qu’elle ne devait plus attendre.
Elle déambula encore quelques heures sur les quais puis, la nuit tombant, se résolut à trouver une auberge, même si avec le peu d’argent qu’il lui restait elle ne serait pas sûre de pouvoir y dormir. La grande salle était remplie et bruyante mais elle ne s’en rendit pas compte. Les bruits extérieurs lui paraissaient presque totalement éteints, au point que l’aubergiste dut se répéter à trois fois avant de savoir ce qu’elle voulait. Elle ouvrit sa maigre bourse et vida les quelques pièces qu’elle contenaient sur le comptoir. L’aubergiste les compta minutieusement sous l’œil vide de la jeune femme puis secoua la tête d’un air de regret. « Désolé, avec ça je peux vous offrir de quoi manger mais pour une chambre il vous en faudra plus. Vous savez, par les temps qui courent c’est… » Esaïs n’écouta pas la suite ; après tout elle n’avait pas besoin d’une chambre pour dormir. Son estomac criait famine depuis plusieurs jours mais ce soir-là elle ne se sentait pas capable d’avaler quoi que ce fût. Elle avait comme une grosse boule dans la gorge.
Elle quitta alors ce foyer de lumière et de bruit et recommença à marcher à travers les rues de la ville plongée dans l’obscurité. C’était étrange ; jusqu’à présent elle avait eu un but, un seul, et ce but l’avait aidée à ne pas se laisser aller au désespoir. Maintenant que tout était fini, elle se demandait bien où elle pourrait encore aller. La puanteur de l’après-midi s’était quelque peu estompée avec la fin des activités portuaires. Une poignée de pêcheurs était encore occupée à débarquer la marchandise mais pour la plupart les bateaux étaient vides et amarrés. Esaïs essaya de se remémorer celui qu’elle avait vu partir il y avait dix ans déjà. Un simple deux-mâts aux voiles carrées et à la coque solide, avec à son bord un équipage compétent. Que demander de mieux pour un navire qui va prendre la mer ? Rien… Rien, sinon peut-être qu’il n’emmène pas à son bord celui qui était tout pour Esaïs. Il lui avait promis de revenir une fois qu’ils auraient exploré tous les pays inconnus qui ne figuraient pas sur les cartes, une fois qu’ils seraient devenus riches. Elle n’arrivait plus à se souvenir tout ce qu’il lui avait promis de lui ramener tant la liste était longue, elle se souvenait juste de leur long et dernier baiser, du regard confiant qu’il lui avait adressé, et puis la mer avait emporté une partie de son cœur.
Durant cinq années elle avait attendu le retour de la Dame des Flots, guettant l’horizon turquoise de la mer. Et il avait fini par revenir, chargé de mille trésors étrangers et de marins avides de raconter leur aventure. Mais ce qu’elle attendait le plus, celui à qui elle avait juré son amour, il n’était pas là. A la place, on lui avait remis une lettre cachetée à son intention. Elle aurait reconnu l’écriture entre mille mais ce furent les mots qu’elle contenait qui lui avaient brisé le cœur. Il s’excusait de ne pas être là en même temps que les autres et justifiait son absence du fait qu’il n’avait pas encore trouvé ce qu’il cherchait.
Esaïs sentit ses yeux se remplir de larmes. Elle connaissait la lettre par cœur, jusqu’à la moindre forme de chaque mot, mais chaque fois qu’elle la relisait elle ne pouvait s’empêcher de pleurer. Pourtant cette fois ses larmes coulèrent plus longtemps que d’ordinaire. En cinq ans, elle avait exploré tous les ports du pays, avait questionné tous les marchands et vu des centaines de navires différents, pourtant pas un ne lui avait rendu son bien-aimé. Lui avait-il menti ? Un an, avait-il dit, et cela faisait dix ans qu’il était parti. L’idée qu’il soit mort avait plus d’une fois effleuré son esprit mais elle l’avait repoussée, sachant au plus profond d’elle-même qu’il ne l’était pas. Elle avait résolu d’attendre encore et encore, de le rechercher partout, mais la mer demeurait un obstacle infranchissable entre eux.
Avait-il fini par se plaire là-bas au point de l’oublier et qu’il décide d’y rester ? Non, c’était impossible. Pas après qu’il lui ait juré son amour, et surtout pas après… Mais après tout il l’ignorait, rien ne le rattachait plus à cette terre où il n’avait aucune famille. Rien, sauf peut-être elle… Elle eut le sentiment soudain qu’elle ne comptait plus pour personne. Elle avait choisi de quitter sa famille pour partir à la recherche de son aimé, se faisant ainsi exclure par ceux qui espéraient son mariage avec un noble et haïssaient le mendiant qu’elle avait choisi. Ainsi seul l’espoir de le revoir un jour lui permettait de mettre un pas devant l’autre, de ne pas abandonner. Elle avait longé la côte de longs mois jusqu’à arriver à Elfa’Soria, maigre et affamée. Elle s’était directement rendue au quai où seuls les navires qui revenaient d’expéditions jetaient l’ancre ; elle avait encore questionné, attendu, et puis ses dernières attentes s’étaient écroulées. Aucun homme portant son nom n’avais jamais débarqué de quelque navire que ce soit au cours des cinq dernières années. Les autorités du port notaient le nom de chaque marin qui débarquait, et il en était de même pour tous les autres ports du royaume ; il n’avait pas pu y avoir d’erreur.
Esaïs rangea la lettre dans sa poche. Elle se dit qu’elle aurait mieux fait de lui dire qu’elle n’avait pas besoin qu’il lui ramène quoi que ce soit ; seuls sa présence et son amour lui auraient suffi… Elle savait qu’elle avait besoin d’un bain et de nouveaux vêtements, mais à quoi bon à présent ? Elle frissonna. Les nuits étaient encore fraîches à cette époque de l’année. Elle ferma les yeux pour oublier plus complètement le monde qui l’entourait et rentrer dans le sien à elle, où elle pouvait être elle-même et cesser de penser à ce qui l’attendrait le lendemain. Il faisait si bon dans ce monde-là, elle n’avais plus besoin de mentir ni de souffrir, ni d’attendre… Elle y était bien mieux. Plus personne ne l’attendait dans le monde terrestre, alors elle se laissa basculer doucement dans le sien.
L’aurore pointait à peine son nez quand le son puissant de la grande cloche du port annonça l’arrivée d’un navire d’exploration. Une foule de familles excitées et de curieux se massèrent progressivement sur le quai à mesure que l’imposant vaisseau faisait sa manœuvre d’accostage.
Un jeune homme richement vêtu sortit sur le pont pour voir la foule rassemblée sur le port se rapprocher. Aucune famille ne l’attendait, lui, aucun ami ; seulement une personne qu’il aurait voulu revoir depuis de nombreuses années. Son impatience se trouva subitement accrue à mesure que le navire avançait. La passerelle fut descendue et, un instant plus tard, des marins émus se pressaient pour étreindre leur famille. Le jeune homme, lui, détaillait la foule sans prendre garde aux regards de plusieurs filles qui l’invitaient à descendre. Il finit par quitter le vaisseau quand les gens se furent un peu éparpillés et se retrouva presque seul sur le quai. Il refoula le sentiment de dépit qui l’envahissait peu à peu et continua d’attendre en serrant le petit paquet qu’il tenait sous sa cape. Et si elle n’avait pas reçu la lettre qu’il avait fait parvenir peu avant son départ, lui indiquant le port dans lequel ils allaient débarquer ? Bah, dans ce cas il pourrait toujours se rendre chez elle lui-même. Sa famille ne le rejetterait plus en voyant les richesses qu’il ramenait.
Il allait questionner un pêcheur quand une silhouette, debout sur la jetée qui était le prolongement du quai, attira son attention. Elle lui tournait le dos mais ses longs cheveux noirs flottaient au vent marin. Son cœur s’accéléra ; c’était elle ! Il se retint de courir sur la jetée pour rejoindre Esaïs mais son impatience arrivait à enfin à son terme. Lorsqu’il ne fut plus qu’à un mètre d’elle, il put voir les loques qu’elle portait et le visage qu’elle tourna sans surprise vers lui révéla des traits amaigris par la fin et l’épuisement. Elle paraissait considérablement plus vieille que dans son souvenir. Elle avait quinze ans lorsqu’il l’avait quittée et était la jeune fille la plus gaie qu’il eut jamais rencontrée ; à présent qu’elle devait en avoir vingt-cinq elle en faisait dix de plus. Etait-ce de sa faute ? Oui, c’était vrai, il avait promis de revenir plus tôt mais il avait espéré qu’elle comprendrait ce qui le retenait là-bas. Il était resté pour elle, rien que pour elle. Pourtant la jeune fille aux yeux de la même couleur que l’océan qui se tenait devant lui était si différente de celle qu’il avait connue qu’il faillit croire à une erreur. Mais non, c’était bien elle, plus âgée mais bien vivante. Il avait mille questions à lui poser, lui demander ce qui l’avait mis dans cet était, mais le doigt d’Esaïs sur sa bouche l’empêcha d’en poser aucune. Elle avait un sourire étrange qui adoucissait son visage. « Qui êtes-vous ? Il me semble vous connaître, pourtant votre visage ne me dit rien. »
Le jeune homme resta figé sur place par l’étonnement. « Esaïs ? C’est moi, je suis de retour…
_Toi ? » Elle le fixa un long moment en essayant de se rappeler au plus profond d’elle-même qui avait bien pu être ce « toi », mais il ne subsistait pas la plus petite trace qu’il ait seulement eu une place dans son cœur. « Désolée, je dois avoir oublié, dit-elle d’une voix sans timbre.
_Oublié ? Esaïs, cela fait longtemps mais…
_Longtemps… Oui, sans doute… »
Le malaise du jeune homme s’accrut. Que se passait-il donc ? Il la prit brusquement dans ses bras et fut saisi de la fragilité de son corps. Mais il y avait autre chose… « Je suis rentré, Esaïs. Pardon d’avoir mis si longtemps mais sinon je n’aurais pas pu trouver ce que je cherchais.
_Ce que… Tu cherchais quelque chose ? …Pour moi ? » Il ignora ce murmure qui n’avait pas la voix d’Esaïs et sortit le paquet de dessous sa cape en s’obligeant à sourire. « Tiens, c’est ce que j’avais promis de te ramener, tu te souviens ? » La main tremblante et osseuse d’Esaïs prit le paquet et l’ouvrit sans la moindre expression de curiosité ou de contentement. Il en fut un peu déçu. Il n’était resté que pour cela. Esaïs prit l’étrange objet dans ses mains et le retourna dans tous les sens comme un enfant qui découvre quelque chose. « Fais attention, dit-il, c’est fragile. » Elle examina un instant l’objet puis reporta son regard sur lui. Elle ne paraissait pas le moins du monde intéressée. A vrai dire elle ne paraissait rien du tout, son visage était un masque de pierre. « Tu crois qu’il plaira à ma fille ? Elle aime les objets qu’elle ne connaît pas…
_Ta fille ? coupa-t-il en sursautant. Quelle… fille ? » Mais Esaïs ne répondit pas. « Ah non, c’est vrai, je ne peux pas lui donner. Peut-être que si…
_Au nom du ciel, Esaïs, arrête ! De quoi parles-tu ? » Il la saisit par les épaules, mais Esaïs se contenta d’un grand sourire, sans joie pourtant. « Je parle ? Oui, c’est vrai. Mais je ne mens pas… »
Elle n’ajouta rien et porta l’étrange objet à sa bouche. Au bout d’un moment un son en sortit, doux et pur comme le vent. Ce n’était pas vraiment une mélodie, seulement ce qu’exprimait le cœur d’Esaïs. Il écouta le son qui semblait emplir l’air tout entier, tout en sachant que ce n’était plus Esaïs qu’il avait devant lui. Elle était là et elle était partie. Par sa faute. « Pardon, murmura-t-il, je voulais juste t’offrir ce qu’il y avait de plus beau… » Elle continua à avancer sur la jetée, ses pieds nus faisant à peine craquer les lattes de bois. « Esaïs, dit-il inutilement, la jetée ne va pas plus loin… »
La musique arrivait à son point d’orgue quand Esaïs ne trouva plus de sol sous ses pieds. Rien ne la retint, au contraire même quelque chose sembla l’entraîner avec lui. Elle eut le temps de se retourner et de croiser les yeux qui demandaient pardon avant que le liquide glacé ne les enveloppe tous les deux sous l’immensité de l’océan. Elle sourit. Ce qu’il y avait de plus beau, n’était-ce pas notre amour ? Au moins nous serons ensemble, à présent. Leurs lèvres se confondirent dans une opacité qui rendait le monde invisible et ils disparurent au plus profond de la Terre.
Complètement dégoûtée, Feldwyn abandonna la zone qu’elle explorait au sud du port. Non seulement, elle n’avait pas trouvé le moindre navire mais il régnait dans cette ville une puanteur comme elle n’en avait jamais connue.
Trois jours, cela faisait trois jours qu’elle était à Shandarak, la seule cité portuaire de l’île de Morn. Il fallait pourtant qu’elle parte, elle ne pourrait pas continuer longtemps à échapper à l’Ordre de Sarentis. Les prêtres-guerriers de la Citadelle avaient déjà dû remarquer son absence et envoyer leurs traqueurs à sa poursuite. Malgré la puanteur, les bas quartiers restaient le meilleur endroit où se cacher en attendant le prochain navire en partance pour le continent. Trois jours… Mais Après tout, elle avait connu bien pire. Elle jeta un nouveau coup d’œil dans son vieux sac de cuir pour vérifier que l’objet était toujours là avant de reprendre sa route. Elle avançait avec prudence, les ouvriers des docks et les mendiants s’écartaient sur son passage, qu’elle porte encore les couleurs de l’Ordre y était certainement pour beaucoup. Elle aurait du se changer depuis longtemps, vêtue ainsi elle était plus facilement repérable, mais au moins n’importe qui dans ces lieux y réfléchirait à deux fois avant de s’attaquer à elle. Même si le maniement des armes n’avait plus de secret pour elle, Feldwyn ne tenait pas à prendre de nouveaux risques. Elle était si proche du but, voilà tout ce qui comptait… vraiment ? Elle s’arrêta, qu’est ce qu’il lui prenait de se poser ce genre de question ! Il n’aurait pas agit comme ça Et alors ? C’était son affaire à ce fou… Mais qu’est ce qu’il m’a fait ? C’était une sensation étrange, mais peu importe, elle ne le reverrait jamais plus.
Parmi les mendiants elle repéra un jeune gamin, elle s’approcha de lui et elle lui jeta une couronne d’argent.
- Je serai à l’auberge du Cerf Noir, viens me prévenir dés qu’un bateau sera prés à lever l’ancre et tu auras la même en or, dit-elle avant de s’éloigner. Et enfin je pourrai quitter cet endroit maudit… … C’est vraiment ce que tu veux ? La jeune femme s’immobilise au milieu de la rue, les poings serrés.
-OUI c’est ce que je veux. Elle a hurlé et les gens se sont retournés avant de retourner très vite à leurs occupations.
Elle reprend sa route.
Elle arrive enfin au Cerf Noir, troisième nuit à Shandarak et troisième auberge. Celle-ci ne vaut pas mieux que les précédentes. Elles se ressemblent toutes dans cette partie de la ville; délabrées, sales et mal fréquentées. Chaque fois son arrivée attire les regards, les gens qui vivent là ne sont pas habitués à voir un membre de l’Ordre passer la nuit dans un tel endroit. Cependant jamais une question à ce sujet ne lui est posée, on n’interroge pas un membre de l’Ordre de Sarentis.
Felwyn s’installe à une table et commande un verre. La paille sur le sol n’a jamais dû être changé, les murs sont fissurés et par endroit des plaques entières de torchis se sont décollées. L’unique serveuse lui apporte son verre, ou plutôt un vieux gobelet cabossé. Feldwyn le prend et le fait tourner entre ses doigts, elle fixe son regard sur le tourbillon qui se forme tout en écoutant les conversations autour d’elle.
Petit à petit l’auberge se vide, il est minuit passé et la jeune femme reste seule dans la grande salle. L’aubergiste s’approche d’elle, un petit homme enrobé aux cheveux rares et gras.
- Ma Dame… Heu… Enfin Monseigneur… Chevalier… Désirez vous autre chose ?
- "Mon seigneur", reprit Feldwyn sur un ton ironique en ôtant l’anneau de l’Ordre de son doigt avant de le lancer dans son verre vide. Je ne suis pas des leurs, je ne l’ai jamais été. J’ai grandi bien loin d’ici, mes maîtres m’ont acheté quand j’avais quatre ans. Du moins c’est que j’ai appris plus tard, parce que je n’ai aucun souvenir de cette époque, je n’ai aucun souvenir de mes parents. Tout ce dont je me rappelle ce sont les mûrs gris et le froid… Il faisait si froid dans ma cellule. Nous étions plusieurs, les maîtres nous ont appris à nous battre, à nous dissimuler, à tuer dans l’ombre, à n’avoir confiance en personne. La confiance c’est la mort, le saviez vous ?
J’ai grandi et je suis devenue un maître-assassin. Je suis douée, une des meilleurs, c’est pourquoi les maîtres m’ont choisis pour infiltrer l’Ordre de Sarentis. Ils sont tous si naïfs, ils n’y ont vu que du feu. Ils croient en des choses qu’ils appellent honneur et justice. Le commandeur Miraj, c’est le plus étrange de tous, je crois n’avoir jamais vu son égal à l’épée, il pourrait devenir riche et puissant, pourtant il est prêt à donner sa vie pour sauver n’importe lequel de ses hommes, mais pourquoi ? Il consacre son existence à veiller sur une vieille relique, je hais cet homme, oh oui je le hais ! En es-tu si sûre ? OUI, je le hais… Mais qu’est ce qu’il m’a fait ? L’aubergiste reste immobile ne sachant comment réagir, l’incompréhension se lit sur son visage. Il ne bouge pas lorsque la jeune femme se lève et avance vers lui en souriant.
- Je parle trop, dit-elle simplement, avant de se lever, avant de faire de sorte qu’aucun de ses mots ne puissent être répétés.
Un bruit se fait entendre, il s’agit d’un pichet qui se brise en heurtant le sol, la serveuse tente de s’enfuir, mais avant quelle ai pu faire trois pas, la lame d’une dague vient se ficher entre ses omoplates. La jeune femme s’effondre sur le sol.
Feldwyn sort du bâtiment, il lui faut s’éloigner, même ici les gardes de la ville ne manqueront pas de faire une enquête. Il est tard mais il ne sera pas difficile de trouver une autre auberge dans cette partie de la ville. Soudain une voix résonne dans la ruelle.
- Ca fait un moment que je te cherche.
La jeune femme connaît bien cette voix. Pas lui, oh non, pas lui. - Toi ! Alors c’est toi qu’ils ont envoyé pour m’arrêter… Mais pourquoi a-til fallu que ce soit lui. L’homme se tient droit, comme toujours, Miraj est égal à lui-même. Pourtant quelque chose a changé… son regard… Il y a toujours cette expression étrange, celle qu’elle a vu lors de cette nuit là, celle qu’elle a passé dans ses bras. Mais elle peut aussi y lire de la tristesse. Etrangement cette image lui est pénible, elle a envie de… Non, tu as une mission… mais qu’est ce que… Elle sert les poings avant de dégainer son épée.
Le prêtre de Sarentis évite facilement la première attaque. Dans les ruelles sombres des bas-quartiers de Shandarak un duel sans témoin s’engage.
- Rend moi l’orbe de Sarentis et rentre avec moi.
Mais la jeune femme n’écoute pas. Elle connaît bien son adversaire, il est un combattant redoutable, pourtant, elle pare ses attaques sans difficulté. Quoi ! Il retient ses coups, pourquoi ? Oserait-il la sous estimer, la considère-t-il comme quantité négligeable ! Elle redouble d’efforts mais il la surpasse, il passe sa garde. Elle ferme les yeux, mais le coup qu’elle attend ne vient pas. L’épée de Miraj c’est arrêtée à quelques millimètres de sa gorge. Alors elle se souvient de tout ce qu’on lui a appris, exploiter la moindre faiblesse. Sa lame s’enfonce dans la poitrine de son adversaire.
- Pourquoi est ce que tu as fait ça ? Tu aurais pu me tuer, pourquoi as-tu arrêté ton bras ? Répond moi, je veux comprendre, ça n’a pas de sens, POURQUOI ! S’écrit-elle.
- Parceque… Je t’aime… ...Tu comprendras.
- Qu’est ce que c’est… Aimer ?
Elle a enfoncé sa lame dans sa poitrine et il est à terre. Sa vie le quitte et elle réalise qu’il va mourir, qu’elle ne le reverra plus jamais. Il n’y a aucun moyen de revenir en arrière. Soudain sa respiration devient difficile, quel est ce poids sur sa poitrine, cette brûlure, son cœur va exploser. Que se passe-t-il ? Que lui arrive-t-il, elle n’a jamais éprouvé ce genre de chose, la secte ne l’a pas préparé à ça. Ses yeux la brûlent, un liquide chaud et salé coule sur ses joues.
Miraj lève sa main et effleure son visage puis celle-ci retombe inerte. Feldwyn a envie de hurler mais ses cris restent coincés dans sa gorge. Elle reste immobile assise sur le sol serrant le corps de l’homme qu’elle vient de tuer contre elle. Après un moment, des minutes ou des heures, elle se lève enfin. Elle fouille sa sacoche et en sort une sphère de crystal, l’orbe de Sarentis. Elle la place dans le surcot du guerrier avant de s’éloigner, le regard vide.
Texte F :
Complètement dégoûtée, Celenn quitta la zone qu’elle explorait au sud du port. Non seulement, elle n’avait pas trouvé le moindre navire, mais il régnait dans cette ville une puanteur comme elle n’en avait jamais connu.
De dépit, elle donna un grand coup de pied dans un tonneau, s’attirant les regards surpris des rares personnes qui traînaient encore sur les quais à cette heure.
_Eh ! Vous ! appela d’un ton rageur un homme vêtu de soie coûteuse. Vous allez abîmer mes marchandises !
La jeune femme lui adressa un regard méprisant. C’était un gros marchand rougeaud, qui suait abondamment en raison de la chaleur ambiante. Il répandait une odeur âcre, aussi désagréable que celle des égouts de cette ville.
_Hors de mon chemin, gros homme, cracha t-elle. Je suis de mauvaise humeur aujourd’hui et je pourrais bien décider de te trancher le ventre.
Elle posa une main délicate sur le pommeau de son épée, pour appuyer ses dires.
Le marchand s’écarta précipitamment pour la laisser passer, mais elle l’entendit marmonner avec hargne :
_Maudite amazone, porteuse de malheur.
Celenn se raidit, mais elle décida de laisser passer l’affront. Elle s’était déjà suffisamment fait remarquer aujourd’hui, et sa tenue la rendait facilement identifiable.
Elle portait une chemise d’un rouge très sombre, et un pantalon de couleur noir ,qui moulait ses longues jambes fuselées. Un poignard était attaché à chacun de ses avant-bras, et un autre glissé dans sa botte gauche. Elle avait coiffé sa longue chevelure noire en une queue de cheval qui atteignait le milieu de son dos, mais une mèche plus courte que les autres, sur son front, tombait devant son œil droit. Sur sa tempe était tatoué le symbole des amazones, ces guerrières redoutées sur tout le continent.
Mercenaires, chasseurs de primes, assassins, elles étaient souvent engagées pour tenir ces rôles, et ne craignaient rien ni personne, ce qui leur valait une assez mauvaise réputation.
En songeant à cela, Celenn eut un gloussement amer.
Apparemment, ses capacités n’étaient pas aussi développées que le prétendaient les légendes populaires. Elle ne parvenait pas plus à sentir l’odeur de sa proie à des kilomètres qu’à retrouver sa trace sur un quai en pierre. En ce moment précis, cela lui aurait été bien utile.
Irritée, elle tira de son corset un petit bout de parchemin, afin de s’assurer qu’elle avait bien lu les instructions.
_Au troisième jour du moi de Brumaire, disait le message, sur les quais, au sud du port d’Eaube. Le navire s’appelle le « Dame du vent ». Un homme en cape bleue, qui boîte. Vous savez quoi faire. Bonne chance.
La main de Celenn se crispa rageusement autour du papier.
Le trois de Brumaire, à Eaube. Elle ne s’était pas trompée. Mais où était donc ce maudit navire ? Elle guettait depuis l’aurore, mais le « Dame du Vent » n’était toujours pas entré dans le port, pas plus au sud qu’au nord.
La jeune femme respira profondément pour essayer de se calmer, mais l’effet fut inverse. Une odeur infecte envahit ses narines, lui donnant la nausée.
Dieux ! Comme elle détestait cette ville !
Dépitée, malade et énervée, elle se dirigea vers la taverne la plus proche, dans l’espoir que boire quelque chose l’aiderai à se sentir mieux. Elle avait beau se dire que n’importe quoi aurait pu retarder le navire, cela ne parvenait pas à la calmer.
Bonne chance, disait le message. Tu parles ! Elle ne considérait pas comme une chance de devoir rester un jour de plus dans cette ville d’une saleté répugnante.
Celenn poussa un gros soupir et entra dans la taverne qu’elle avait choisie.
La salle commune était bondée.
Des marins déjà à moitié saoul, malgré l’heure peu tardive de la soirée, occupaient les trois quarts des tables, riant bruyamment en écoutant l’un d’eux raconter une histoire quelconque. Le reste de la clientèle était composée d’étrangers en tous genres, peut-être des marchands venus faire du commerce. Au fond, les serveuses s’agitaient derrière le bar, en s’empressant de répondre au plus vite aux commandes des clients.
Celenn aborda l’une d’entre elles.
_Du vin, s’il vous plaît.
La fille lui jeta un bref coup d’œil, avant de lui tendre un verre.
_Vous avez de quoi payer ?
Sans répondre, l’amazone déposa une pièce d’argent sur la table.
La serveuse la prit et remplit le verre de vin rouge, soudain beaucoup plus amicale.
Celenn désigna les marins bruyants de la tête.
_Un bateau qui vient d’arriver ?
La fille haussa les épaules.
_Comme tous les jours.
Elle s’éloigna pour s’occuper d’un autre client, un homme vêtu d’une cape bleue.
Perdue dans ses pensées, Celenn regardait la foule sans la voir en buvant lentement son vin. Soudain, un détail lui sauta aux yeux.
Une cape bleue !
Elle se tourna vivement vers l’homme, à qui la serveuse venait de tendre sa commande.
Malgré la chaleur de la pièce, il gardait le capuchon de sa cape tiré sur son visage, de façon à dissimuler ses traits. D’après ce qu’elle pouvait voir, il était assez jeune. Il ne devait pas avoir plus de vingt ans. Quand il se déplaça pour gagner une table, Celenn vit qu’il boitait, comme s’il pouvait à peine poser son pied gauche sur le sol.
Lentement, un sourire apparut sur les lèvres de l’Amazone.
Ainsi, le « Dame du Vent » n’était pas arrivé en retard, mais en avance. Ainsi, sa cible était bien parvenue à Eaube.
Elle passa la demi-heure qui suivit à observer sa proie, un air de contentement absolu, digne d’un chat trop gâté, inscrit sur son visage. Le jeune homme à cape bleue regardait pensivement son verre de vin, comme s’il voyait dans l’onde rouge quelque chose qui le laissait perplexe. Au milieu de l’agitation croissante de la salle commune, il semblait un rocher solitaire émergeant de la mer démontée.
Soudain, sa bouche _la seule partie de son visage que l’on distinguait clairement _ prit un pli déterminé et il se leva, abandonnant sur la table son verre à moitié vide. Il se dirigea vers la porte aussi vite que le lui permettait son pied déformé, les poings crispés de douleur.
Celenn le suivit, une main posée sur le pommeau de son épée.
Dehors, le jeune homme en cape bleue ralentit l’allure, comme s’il cherchait à ce que l’amazone ne le perde pas de vue. A quelques mètres derrière lui, Celenn ne le quittait pas des yeux. Une calme assurance avait remplacé son irritation de tout à l’heure, et elle se préparait mentalement à ce qu’elle allait devoir faire. Des que l’occasion se présenterait, elle devrait dégainer son couteau, et égorger sa proie. La pénombre la dissimulerait, nul ne verrait son visage. Puis quand sa victime serait morte, elle disparaîtrait dans la nuit et rejoindrait son employeur, qui qu’il soit.
Elle sourit.
Sa cible s’était immobilisée dans une ruelle déserte, où personne ne pourrait rien voir, rien entendre. Seul, au milieu de la rue dallée, il donnait l’impression d’être enveloppé dans l’ombre.
Lentement, Celenn commença à tirer son poignard quand la voix du jeune homme trancha l’air, claire et assurée.
_Tue-moi, lâcha t-il, puisque c’est ce que tu es venue faire.
Surprise, Celenn baissa le bras. Elle n’avait pas l’habitude que ses victimes l’interpellent ainsi.
_Comment sais-tu que…?
_Je m’y attends depuis des années. Une amazone, à Eaube, juste quand j’y suis… Ca ne pouvait être que toi.
_Que moi ?
De plus en plus perplexe, l’amazone hésita. Elle ne savait que penser de cet étrange jeune homme. Bizarrement, il lui semblait qu’à cause d’une simple phrase, il était devenu le maître du jeu.
Lentement, il se retourna pour faire face à Celenn. Sans la regarder, il abaissa son capuchon, révélant une masse de cheveux sombres et mal taillés, encadrant un visage pâle et jeune, sans être pour autant naïf ou innocent.
_Peut-être que la marque sur ma tempe t’aidera à comprendre.
Celenn ne saisit pas tout de suite le sens de sa phrase, envoûtée par ses étonnants yeux bleu nuit. Puis elle en détourna le regard, vit la marque en question et poussa un cri.
C’était une rune du langage des amazones. Complexe, elle signifiait tant de choses à la fois qu’il était impossible de la traduire en un mot, ou même une phrase.
Cet homme portait littéralement sa vie sur son visage.
_Tu reconnais cette rune, n’est-ce pas ? fit-il en se rapprochant. C’est celle que les amazones infligent à leurs enfants mâles pour empêcher leurs âmes de renaître parmi elles, avant de les jeter du haut d’un précipice. Elle indique aussi que j’avais une jumelle, et que notre mère est morte en me donnant naissance. Mais tu dois connaître cette histoire, n’est-ce pas, ma sœur ?
Celenn recula, blême tout à coup.
_Comment as-tu… ?
_Comment ai-je fait pour survivre ? Bonne question. J’ai été sauvé par un vieil ermite qui observait la scène, dissimulé dans les fourrées. Il a vu les amazones me précipiter dans le vide. D’après lui, mon pied s’est coincé dans une racine. C’est ce qui m’a empêché de tomber. Cela m’a sauvé la vie, mais ma cheville s’est brisée sous le choc.
_C’est pour ça que tu boites ?
_Oui.
Il y eut un long silence, avant que le jeune homme ne reprenne :
_C’est pour cela que j’étais sûr que c’était toi, en te voyant. C’est une coutume de ton peuple. Je devais mourir des mains d’une femme de mon sang. Notre mère est morte et tu es bien trop jeune pour être la reine des amazones, notre grand-mère. La reine, dont la fille a perdu la vie par ma faute. Je ne doute pas que ce soit elle qui t’envoie, elle doit être persuadée que je suis un démon . Maintenant, tu as toi aussi une raison de vouloir me tuer, n’es-ce pas ?
Celenn ne répondit pas.
Lentement, des larmes perlèrent au coin de ses yeux, et son regard perdit de sa dureté. Les paroles du jeune homme parvenaient à percer la froideur dans laquelle elle avait si longtemps muré son cœur.
Tremblante d’émotion, elle tendit la main vers lui.
_Non, mon frère. Viens…
Celenn serra dans ses bras son frère jumeau, qui lui rendit son étreinte. Mais la main de l’amazone s’était crispée sur le manche de son poignard. Elle avait juré de tuer cet homme… ou de mourir.
Mais à présent, oserait-elle ?
Texte G :Les Pierres ne font pas des Caillous
Complètement dégoûtée, Feldwyn abandonna la zone qu’elle explorait au sud du port. Non seulement, elle n’avait pas trouvé le moindre navire mais il régnait dans cette ville une puanteur comme elle n’en avait jamais connue. Elle sentait son ventre se remuer de répugnance. Elle agita sèchement son évantail et pinça les lèvres. Elle transpirait sous sa robe épaisse, vert foncé. Après avoir obtenu autant de refus que possible, elle se résigna à partir par la voie terrestre.
Elle retourna à l'auberge où attendait Boby, le barbare. Elle lui annonça qu'ils ne partiraient pas par la mer. Ils prirent leurs affaires, décendirent à l'écurie prendre leurs chefaux en passant par l'aubergiste. Chevauchant dans les rues étroites de Tarquin, ils débouchèrent sur une grande avenue, bondée de monde. En effet, ils se trouvaient sur un des axes principaux de la ville, celui Nord-Sud. Ils se dirigeaient vers la Porte Nord. Ils aprochèrent, peu à peu, se frayant un chemin à grand peine. Des masses impressionantes se pressaient sous l'arche dans les deux sens, quand soudain, elle remarqua une personne en particulier.
Un tout petit homme, pérché au mur, était apuyé de son pied droit sur une pierre qui dépassait un peu, et de sa main gauche il se tenait à une autre. Il cherchait quelquechose, ou quelqu'un. Il était habillé de différents tons multicolores, repartis sur des pièces de tissu rattachées au hazard, semblait-il. Il avait aux pieds des chaussures tout aussi étranges, fines, pointues mais enroulées au bout. Il formait un contraste presque génant avec les mornes couleurs sombres qui fesaient la mode de la ville. Elle l'observait ainsi lorsequ'il trouva soudain ce qu'il cherchait. Il la fixait d'un air satisfait avec un petit sourire. Elle eut à peine le temps de d'interroger sur l'étrange étincelle de son regard, qu'il avait disparu, mélé à la foule, sa petitesse compenssant ses vives couleurs. Elle prit peur. Et s'il était dangereux ? et S'il venait vers elle ? Elle en parla à Boby, qui commenta d'un pathétique "Beuarh." Ils continuèrent donc d'avancer, prudement, lentement, évitant trop de bousculades. Ils arrivèrent enfin à la porte quand le curieu personnage réaparu. Mais lorsqu'elle le vit, il était déjà monté en croupe et lui avait pris la main. Elle ne comprit pas. Elle était tout à coup ailleurs. Toujours sur son cheval roux, toujours un homme bizarre derrière elle, toujurs un barbare à proximité, mais le reste... n'était plus là.
Au bout de quelques minutes, elle prit conscience de deux choses. La première, c'était ses yeux, qui commençaient à percevoir les contours d'un paysage autour d'elle, colorant le blanc qui l'entourait. La seconde, c'était le silence et l'imobilité qui planait.
Elle comprit qu'elle ne se trouvait plus dans la ville, qu'elle ne la reverrai plus. Une pensée traversa son esprit : Elle avait du être transportée dans un autre monde. Mais elle la chassa et cette idée pourtant aussi vraie qu'invraisemblable, fut éfacée de sa mémoire pour ne plus y réapparaitre. Quand elle put enfin bouger, elle tourna la tête vers Boby. Il arborait une expréssion hébétée et surpise. De toutes évidences, il ne comprenait pas plus qu'elle. Mais il se remit plus vite.
Au bout d'une minute, son visage s'afficha détérminé. Il s'approcha d'elle. Le bruit mat des bruits des pas du cheval la surprirent tant qu'elle fit un bond. Ce mouvement en attira un autre derrière elle et elle fit un deuxième bond. Elle avait oublié l'intru sur son cheval, le lutin au sourire si assuré. Ce fut tout de même Boby qui parla en premier : "Humf. On devrait avancer, au moins jusqu'au arbres là bas, comme ça on pourra faire un feu ce soir. Je vais inspecter les environs, je reviens dans une ou deux heures." Elle hocha vaguement la tête. Boby s'en alla au galop et le petit bonhomme sauta du cheval de Feldwyn, fouilla dans les poches de son patalon et en sortit une jonquille qu'il fit tourner entre ses mains à toute vitesse en fesant des mouvements précis avec son pied gauche. Tout à coup, de la poudre jaune tomba comme une pluie à l'emplacement juste devant le lutin et une mule blanche à poi ocre fut là. Feldwyn avait mal aux yeux à force de les écarquiller tant. Il déclara d'une voix flutée : "Elle est à ma taille." Puis il monta sur la mule et se dirigea vers la tache verte qu'on voyait au loin, vers la forêt. Le temps de trois battements de coeur, elle hésita, puis rattrapa le lutin, le fixant de son regard, elle lacha enfin ses mots : "Mais qui diable êtes vous ?" Il éclata de rire, se retourna, lui fit un clin d'oeil et entonna d'une voix claire et chantante :
"Mon nom sonne comme les pommes
Je suis un petit homme
Mon nom fait trois lettres : Dom
je ne suis pas Lutin, bien que j'en ai la forme
Je suis un Ménéstrel
J'aime chambouler les vies
Par une rime, une poésie
J'aime quand les gens sourient ! C'est comme des merveilles !
Et j'ai vu dans vos yeux
Que vous vouliez mon s'cours
Je vous porte en ces lieux
Donc, pour vous voir danser et sourire à l'amour !"
Il sourit et se retourna. Il ne voulu plus rien dire. elle en conclut qu'il était trop énigmatique pour elle, innofenssif sûrement, et peut-être utile, avec de la chance, s'il possédait quelques onces de magie.
Quelques heure plus tard, le barbare était revenu, il annonça un paysage paradisiaque et, pensait-il, un village de l'autre côté de la forêt. Il avait vu un paysan qui s'y rendait, mais ne comprenait pas sa langue. Ils un campement pour la nuit, car c'était déjà le soir. Ils trouvèrent un endroit où il y avait trois grands rochers sous les arbres. Le petit homme alluma un feu. Il y avait une petite brise, légère et parfumée. Feldwyn respira profondement, puis alla se coucher. Personne ne posait de question, ils n'en étaient plus là. Ils s'endormirent tous très vite.
Le deuxième soir, bien qu'ayant marché toute la jorunée, ils se trouvaient toujours dans le bois et ils s'endormirent tout aussi vite.
Pendant la nuit, un bruit sourd, comme une détonation, les reveilla soudain. La femme, qui dormait d'un sommeil léger, se redressa et leva les yeux sur... des personnes ! Et pas discrètes ! Elles bavassaient bien fort. Ils étaient soudainement là.
"Tu pourrais pas faire un peu plus attention ?"
"Nous voilà dans un beau pétrin !"
"Eh ! Fallait pas me pousser ! Pas ma faute ! Tu m'as déconcentré !"
"Pfff ! Si t'avais fait le vide et la flamme on en serait pas là !"
"Vous n'avez pas pensé à amener à manger je suppose ?"
"Chuuuuut ! On nous obsèrve, les gars !"
"Pardon ? Je suis un gars moi peut être ?"
" Oh eh euh non ! Mais non... Vous avez... tout d'une femme mais... c'est une exression quoi !"
"Avise toi encore de manquer de respect envers une femme et je te tranche la tête."
"Hum ! Et moi aussi j'suis une femme ! Chéris ! Frappez le !"
"Oui chérie"
"Oui chérie"
"Aie !"
"Aie !"
"Personne n'a une ptite (ou moins petite) bouteille de Madiran ?"
"Moi j'ai envie de faire pipi."
"Vous avez pas vu le Corps ?"
"Taisez vous."
"..."
Le groupe observait les trois campeurs. Le barbare qui s'était levé, abasourdi, s'avança et lança un "Beuh... Arh ? Rrrr" qui était à la fois une question, une exclamation réprobatrice et une onomatopée de consternement. Une femme de port royal se détacha avec un sourire empreint de sympatie, un quelque chose dans les yeux qui jaugeait le barbare. Elle parla d'une voix franche et claire : Moi, c'est Melysse, lui c'est DitLampe, un sage." Elle désigna un vieil homme, qui ocha la tête. "Voici le chevalier Ghirland, notre doyen (il est un peu grincheux, mais avec un verre de Madiran ça va mieux)". Elle désigna un homme encore plus vieux, à l'air revèche. "Voici Dame Andellys, dite la Plume-Lyre, une ménéstrelle, et ses am... euh, hommes de garde raprochée, Sire Ciron et Sire Gabléblé." Une jolie jeune femme s'avança et fit un gracieuse révérence en envol de cape multicolore. Feldwyn pensa que ça devait être le signe des ménéstrels. Les deux hommes parraissaient... en osmose avec la femme. Etrange, pensa-t-elle, mais quelle est cette mode rustique ? Elle avait remarqué en effet le tissu bleu qui ceignait la tête de l'un des hommes. La femme qui, supposait Feldwyn, devait être le chef du groupe, continua à présenter ses amis. "C'est homme est Sire Elthy, un homme d'arme converti à la magie, et son wapadan (aprenti dans notre langue) Karioka." Une homme psycorigide et un jeune à l'air naïf. "Et enfin, voilà Sire Cherchle, qui a pour Quète de trouver le Corps en fouillant dans les Profondeurs." Les yeux de celui ci étaient en constant mouvement. Feldwyn agita sa main d'un air suffisant. Dame Melysse conclut : "Et si on était amis ?"
En quelques temps des tables apparurent, un festin autour d'un grand feu s'installa. Tout le monde parlait, s'excitait, s'amusait. Feldwyn était assise entre Dom et le Chevalier Ghirland. Elle se mit d'ailleurs a parler avec ce dernier et fit connaissance. Ils discutèrent d'un tas de sujets, ils rirent beaucoup. Dom agita sa jonquille sous la table, fixant son regard perçant sur les deux personnes à côté de lui.
Beaucoup de choses se passèrent cette nuit là, et le lendemain à midi, il apparut que : Le Chevalier à la mine farouche et Feldwyn se tenaient la main et se regardaient tendrement ; Melysse et Boby se fesaint des clin d'oeil implicites ; DitLampe avait fait dire dix fois "lampe" à Karioka, qui le dévorait d'un regard profondement admiratif ; Sire Elthy avait décapité Cherchle ; Dom s'était retiré pour finir son jambon ; Et bien sur, Andellys avait attrapé un troticoli à force d'admirer ses beaux mâles.
Ils chevauchèrent vers le village, pendant ce temps, Melysse explica aux trois nouveaux du groupe comment ils avaient atterit à côté d'eux, à cause d'un sort mal récité de Karioka, qui fesait ses premières experiences. Ils étaient tous plus ou moin de la même famille, ils habitaient le village.
Trois mois passèrent. Tout le monde était heureux et menait une agréable vie. Dom disparu un jour, et le boucher du village était furieux, on lui avait volé tous ses jamabons et son meilleur client n'etait plus là.
Lyly-Hanna leva les yeux des pages tachées et abimées. Une dernière phrase l'avait bouleversé :
J'aurai bien voulu que cela se passe ainsi.
Elle se releva, rengea soignesement le livre en piteux état dans sa sacoche, et poursuivit ses fouilles ses décombres.
Texte H : Sinstralis
Complètement dégoûtée, Arya abandonna la zone qu’elle explorait au sud du port. Tout en se dirigeant vers le centre ville, elle scruta les environs, à la recherche d'une éventuelle main secourable. Autour d'elle, les passants vaquaient à leurs occupations, sans prêter attention à elle. Greyhaven était une cité portuaire comme tant d'autres dans le royaume de Sintralis. La seule particularité qu'on pouvait lui accorder était l'odeur pestilentielle, presque tangible, qui régnait partout, provenant du fameux ragoût de morue de Grayhaven, réputé meilleur ragoût de ce monde ou de l'autre.
Le centre ville était bondé aujourd'hui : c'était le jour du marché. Arya retrouva vite l'auberge où elle s'était installée. Elle s'arrêta un instant au comptoir pour commander de la bière pour deux personnes, puis entra dans sa chambre où se trouvait Erik, son récent compagnon de voyage, assis au bord du lit, en train de bouquiner.
« Désolée de t'avoir fait attendre. J'ai amené des bières », s'excusa-t-elle. Elle posa la bière d'Erik sur la table et commença à siroter la sienne. Celui-ci se releva et s'étira. « Ah ! De la bière, merci. » dit-il, tout en empoignant la choppe. « Alors ? Un quelconque résultat ?
- Non aucun, se lamenta Arya.
- Je te l'avais dit. J'ai l'impression que ces derniers temps les bateaux...
- Surveille tes paroles ! Coupa Arya.
- ...ne desservent plus cette cité, termina piteusement Erik.
-On ne badine pas avec ces choses là, tu le sais. Les Grands Maîtres n'ont aucun humour. » l'air outré et furieux d'Arya laissait paraître l'inquiétude quand à ce qui aurait failli se produire... « ça n'est pas ta faute, tu n'as pas encore l'habitude » termina-t-elle en souriant. « Que ferais-tu sans moi, je me le demande. Allez ne fait pas cette tête, c'est oublié. Que lisais-tu donc à l'instant ?
- Un ouvrage les différentes fleurs du monde et leurs vertus. Ça peut toujours servir tu sais.
- Un mage qui apprend l'utilisation des simples, je vous jure ! s'amusa Arya. La magie existe pour guérir autant que pour blesser. Ne t'encombre pas d'un savoir inutile.
- Oui chef, railla Erik. A vos ordres.
- Bien recrue. Rompez-les rangs. »
Arya avait parfois l'impression qu'Erik était son petit frère. Elle l'avait trouvé quelque semaines plus tôt, cerné par des gnolls des montagnes. Comme elle l'avait sauvé, il avait juré de la suivre partout désormais. Et avait tenu parole. Visiblement, il s'était lancé dans l'aventure sans rien connaître du monde; aussi étonnant que cela puisse paraître, il avait survécu jusqu'ici. En tout cas, depuis qu'elle l'avait pris sous tutelle, il avait fait d'énormes progrès.
« Tout cela ne nous dit pas comment trouver un bateau... nous devons à tout prix aller sur l'île des Morte mines.
- N'y a-t-il pas moyen de louer une barque ou quelque chose ? questionna Erik.
- Quel bien cela nous ferait-il ? Tu nous vois ramer pendant des heures ? Apparemment il n'y a pas de vent, utiliser une voile est donc hors de question.
- Je peux m'en occuper, lança le jeune mage. Il suffit que je créé un vent assez fort pour nous faire avancer. Je ne peux pas créer une tempête, mais pousser une barque devrait marcher.
- Tu t'en crois capable ? Railla Arya. La dernière fois que tu as « créé un vent », tu n'aurais pas pu éteindre une bougie avec....
- J'ai progressé dans ma magie depuis. Et ça vaut le coup d'essayer.
- Très bien. Prions pour que les Grands Maîtres veillent sur nous.... »
L'après-midi était déjà bien avancé. Arya scrutait l'horizon, à la recherche d'un bout de terre ferme, en vain : l'océan s'étendait tout autour, et aucun point de repère ne pointait, à part le soleil commençant déjà à décliner.
Erik avait contre toute attente réussi. Un vent régulier et fort soufflait sur la voile de leur frêle embarcation. Voilà près d'une heure qu'il tenait ainsi. Déjà, des signes de fatigue apparaissaient sur son visage. « ça ira ? s'inquiéta Arya. Tu tiendras le coup ?
- Pas de problème. Je fais ça tous les jours, c'est trivial », ironisa Erik, qui se tût. Il économisait ses forces.
- Je t'ai déjà expliquée pourquoi nous devions aller sur cette île ?
- Vaguement.
- Alors écoute, c'est la bonne occasion de t'expliquer », dit Arya, qui entreprit de raconter son histoire. « Vois-tu, tout commença avec Aegis le Banni. Aegis était un grand sorcier, versé dans de nombreux arts occultes. Un jour, il créa cinq Armes de pouvoir, cinq entités censées asseoir sa domination sur le monde et lui accorder un pouvoir égal aux Grands Maîtres eux-mêmes. Ces Armes, tu en déjà vu une, la mienne: Moonreaver. »
« Cependant, Aegis n'eut pas l'occasion de profiter de ses armes nouvellement créées. A peine eut-il libéré le pouvoir de l'une d'elles qu'une assemblée entière de Grands Maîtres lui tomba dessus et le destitua de sa magie et ses Armes.. Aegis fut publiquement jugé et la sentence rendue : Il fut banni dans l'autre monde jusqu'à la fin des temps.
- Tu veux dire...
- Oui tu m'as compris. Un fait sans précédent, mais à la hauteur de l'outrage commis. Les Armes étaient si puissantes que les Grands Maîtres eux-mêmes ne pouvaient les détruire. Il fut alors décidé que ces cinq Armes seraient éparpillées à travers le monde et chacune placée sous la protection d'un puissant Gardien, créé par les Grands Maître pour l'occasion. Ceci-fait, ils décrétèrent que quiconque parviendrait à rassembler les cinq Armes et se présentait à l'Assemblée serait jugé digne de parvenir au rang de Grand Maître. A dater de ce jour, le monde entier se lança dans une grande chasse aux Armes de pouvoir. Les aventuriers se multiplièrent... et nous voilà aujourd'hui, sur un bateau en direction de l'île des Morte mines où, si je ne m'abuse, l'Orbe de la Non-mort, une autre Arme, nous attend.
- Et tu es parvenue à obtenir une première Arme de pouvoir par toi même ? Mais alors, tu dois être une puissante guerrière...
- Merci de t'en rendre compte si tôt, plaisanta Arya. Trêve de discussions. Voilà notre île. Nous arrivons enfin. »
Les ennemis étaient nombreux. Trop nombreux. Dès leur arrivée sur la plage, puis à travers la forêt dense, ils avaient essuyé un nombre incalculable d'embuscades. Des trolls, de toutes parts. Déjà affaibli par le voyage, Erik était épuisé à présent. Tant bien que mal, il suivait Arya qui elle au contraire jubilait. « C'est la preuve que j'avais raison ! L'Orbe de la Non-mort doit se cacher ici ! C'est la seule explication à la présence anormale de ces trolls. Nous approchons du but !»
Quittant la forêt, ils tombèrent sur une grande clairière. Au loin, l'entrée de la mine abandonnée qui donnait son nom à cette île. Entre eux et la mine, une horde de trolls. Quatre douzaines, au bas mot. Et au loin, bloquant l'entrée de la mine, le fameux Gardien. Une sorte de... chose constituée de chair raccommodée. Une impossibilité visuelle et physique. « Un mort-vivant. », souffla Arya. « Ce sera plus difficile que prévu. »
Erik s'allongea par terre, réduit à néant. « Nous n'avons aucune chance. Nous sommes fichus Arya. Je n'en peux plus. » Celle-ci sembla l'ignorer. Fouillant dans son sac, elle en sortit une petite sphère légèrement lumineuse. Erik tiqua. « Il est temps que je te montre le pouvoir de la Moonreaver, Erik. Son utilisation est limitée, mais c'est un cas de force majeur .». La sphère brilla de plus en plus fort, se transforma. Un flash aveuglant fit clore les yeux d'Erik. Rouvrant les yeux, il la vit. La Moonreaver, arme d'Aegis le Banni. Elle avait la forme d'une hache d'armes d'une taille anormale, bien trop grande pour Arya. Faite d'un métal noir comme le jais, des runes la parcouraient toute entière d'une lueur bleutée. « C'est parti. », dit Arya.
Erik resta bouche bée. Devant lui se déroulait un véritable ballet, magnifique et morbide. Arya semblait littéralement danser, frappant et tuant de proche en proche, esquivant chaque attaque portée. Tranchant la chair comme du beurre, Arya se frayait un chemin parmi ses ennemis impuissants. Semblant écouter un air qu'elle seule entendait, elle formait avec ses adversaires une symphonie à l'issue inéluctable.
Puis tout fût fini. Quand Arya s'arrêta de combattre, autour d'elle se dressait un champ de mort. Pas un troll n'avait survécu. La Moonreaver retrouva soudain sa forme de sphère. « Épuisée. Comme moi, annonça Arya. J'ai beau être une « puissante guerrière » comme tu dis, je ne la maîtrise pas encore. Je ne peux l'utiliser qu'une fois par jour, et pour un temps limité. De toutes façons, son pouvoir est inutile contre un mort-vivant. Sa seule faiblesse. Nous devrons faire sans .». Au loin, l'abomination n'avait pas bougé. Son rôle était de garder l'orbe.
Les deux compagnons approchèrent de la chose, avec précautions. « Nous allons devoir jouer serrer. Je vais l'attaquer de front et l'occuper. Utilise ce qui te reste de magie pour lancer n'importe quoi qui contient du feu. On peut y arriver, j'ai confiance en toi.
- Moi aussi Arya. Je sais que nous pouvons le faire.
- N'attendons pas alors. » Arya se lança à l'assaut de l'abomination. Et mourut promptement. Le mort-vivant la déchiqueta littéralement. Le combat dura quelque secondes, et l'aide attendue ne vint pas.
- « Désolé gamine, mais tu as rempli ton devoir. »
S'approchant du cadavre de la jeune guerrière, Erik s'agenouilla et récupéra la sphère lumineuse qu'elle possédait. « Et de quatre. » Se tournant vers l'abomination, il lui dit alors « Donne-le moi. » Le mort-vivant n'hésita qu'une seconde avant de tendre une seconde sphère lumineuse. « Cinq. Enfin. Cela fut plus rapide que je ne l'aurais espéré. Je vais pouvoir prendre la place qui me revient de droit.
- Je ne crois pas. »
Erik se retourna. Derrière lui se dressait Arya, intacte. « Que... oh non.
- Oh que si, Erik, ou devrais-je dire « Aegis .». voilà un bout de temps que l'on te surveille. J'ai failli croire, un moment, que nous nous étions trompés. Tu joues si bien le rôle du débutant ! Cette fois si, nous allons te bannir si parfaitement que tu ne pourras plus jamais revenir de l'autre monde.
- ça m'étonnerait », railla Erik, qui disparut instantanément.
Étonnée, Arya ne broncha pas. « c'est inutile. Il faudra bien que tu reviennes. » Se tournant vers l'abomination toujours immobile, elle lui lança « Et toi le gros truc, comment a-t-il pu te faire lui obéir ainsi ? J'ai peur qu'il n'ait obtenu de plus grands pouvoirs, sur la fabrique même de notre réalité. Un problème dont je devrai discuter avec les autres. » Dans un dernier soupir de dégoût, Arya disparut à son tour.
Erik ne comprenait pas. Comment était-il arrivé dans cette clairière ? Il n'en avait aucune idée. Il était totalement perdu, en plus. Heureusement, il avait acquis un parchemin récemment qui lui permettait de se téléporter vers la ville la plus proche. Un cadeau de la guilde des mages. Il ne pensait pas que ça lui serait utile aussi tôt. Fouillant dans son sac, il vit briller cinq petites sphères. « Marrant ces trucs. On dirait qu'elles se multiplient à chaque fois La dernière fois il y en avait trois. Elles n'ont aucune valeur marchande... mais pourquoi les jeter ? Elles sont jolies .».
Utilisant le parchemin, Erik retourna au port de Greyhaven, dans la chambre où il avait laissé Arya la dernière fois. Elle parlait de trouver un bateau pour aller sur une île... il essaya de l'appeler, en vain. Il sortit de l'auberge, pour prendre un peu l'air.
Il y avait du monde devant l'auberge. Tous ces gens habillés en robe blanche, et cet air grave. Et ils le regardaient fixement. Ainsi que tous les passants d'ailleurs. Comme si un événement important venait d'arriver... l'un deux avança dans sa direction. « Arya ! Dit Erik, c'est toi ! J'essayais de t'appeler. Que se passe-t-il exactement ? Et pourquoi es-tu habillée ainsi ? Cette robe te va, mais je pensais que tu étais une épéiste...
- C'est tout ce que tu as trouvé ? Pathétique. » répondit Arya. Tout à coup, comme par magie, Erik se retrouva agenouillé, pieds et mains liés, et presque nu, dépouillé de ses vêtements et de son sac. Ceux ci apparurent dans les mains d'Arya. « Nous reprenons ça » dit elle en sortant les cinq sphères du sac. Un homme en robe blanche les prit et les emmena. « C'est la fin, Aegis. Adieu .». Elle s'écarta, et un vieil homme, lui aussi en robe blanche, s'avança vers Erik. Les curieux s'attroupaient de plus en plus autour de l'assemblée. Erik entendit quelques paroles « C'est Reyhart, le seigneur commandant des Grands Maîtres ! », « Tu rigoles ? », « Si c'est lui, je m'en souviens ! La dernière fois qu'il est sorti au grand jour, c'était pour le jugement d'Aegis le Banni! »
Erik ne comprenait plus rien. Il essaya de parler, mais aucun mot ne sortait de sa bouche. Ils l'avaient rendu muet ! Le seigneur commandant Reyhart pris alors la parole :
« Aegis le Banni, nous t'avons exilé une fois de ce monde. Tu es revenu, d'une façon ou d'une autre. Peut-être reviendra-tu, mais nous serons toujours à l'affût. Les êtres comme toi sont indésirables sur Sinstralis. Dès aujourd'hui, nous te bannissons dans ce monde et l'autre sera prévenu. Ton identité, tes identités devrais-je dire, seront révélées. Ainsi, tu porteras l'opprobre sur toi. A présent, disparais de ma vue. Et que ceci serve d'exemple à vous tous, assemblés ici. La quête du pouvoir ultime corrompt les hommes. En voici la preuve vivante. »
Reyhart se retourna, et l'un des Grands Maîtres prononça un mot dans la langue interdite, la langue réservée aux seuls Grands Maîtres. Dans un cri muet, hurlant son innocence, Erik disparut pour ne plus jamais revenir
Le spectacle terminé, les badauds commencèrent à vider les lieux. Dans quelques minutes, le monde entier serait au courant de cet événement majeur. Observant les gens repartir, Reyhart grogna dans sa barbe.
« Qu'y a-t-il monseigneur ? questionna Arya.
- Pourquoi tous ces gens courent-ils ? Cela m'exaspère au plus au point. » Arya soupira. Ils avaient eu maintes fois cette conversation. « Nous ne pouvons pas décemment les en empêcher », répondit-elle. « Vous le savez aussi bien que moi.
- Néanmoins, cela m'exaspère. Il y a tant de choses à corriger dans ce royaume. Je suis fier de toi Arya. Je pense que tu peux garder la Moonreaver avec toi. Tu t'en es montrée digne.
- C'est trop d'honneur, monseigneur. » termina Arya avec un sourire.
Une leur bleutée éclairant les ténèbres ambiantes. Deux voix commentent la scène.
- Tu vas faire quoi maintenant ? Ils t'ont bien eu. Tu as voulu accélérer les choses et voilà le résultat.
- Tu parles. Ils n'ont eu qu'un pauvre type. J'en ai bien d'autres sur ma « liste ». La prochaine fois je ferai plus attention. Je finirai par récupérer mes cinq armes.