La Pierre de Tear fait peau neuve ! L'aventure continue sur www.pierredetear.fr !
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L'ost s'ouvrit, telle l'eau marine devant l'étrave peinte d'un vaisseau de haut bord pour accueillir la troupe nombreuse qui, sans ralentir l'allure, dévalait la croupe herbue de la colline au galop sonore des grands chevaux d' Eret Gadan .
Des vivats enthousiastes honorèrent les bannières claquant au vent de la course démentielle, des acclamations saluèrent le Soleil de gueules sur champ de sable des Darmar, Féaux des rois d' Escalhon .
En tête, venait Tandor de Darmar, digne héritier de l'antique lignée, loyal et brave au combat, arme bien trempée dans la main de son souverain . Il montait un géantin cheval à la robe neigeuse scellée d'une marque noire en tête .
Par privilège royal, les seuls seigneurs au Soleil sanglant jouissaient du droit d'élever et d'enfourcher au combat ces remarquables descendants d'un étalon offert par un ancêtre de Robart le Preux .
Or, les guerriers rassemblés par la convocation royale dans la Vallée-plaine de Beth remarquèrent que non pas un mais deux destriers au front étoilé de noir menaient les lances de Darmar .
Qui était ce cavalier en harnois de guerre frappé lui aussi du Soleil rouge, au botte à botte avec le seigneur Tandor ? Aussi grand que lui, plus fin de ligne quoique avec des épaules aussi larges sous la cotte de mailles étincelantes, l'inconnu intriguait, irritait aussi ceux qui déjà comprenaient .
Sous le dai d'or, Robart le Preux, convocateur de l'armée massée pour la bataille, la gloire et le butin, regardait venir à lui les hommes bien équipés d'un vassal parmi les plus fidèles . Tandor de Darmar honorait sa réputation et son nom, superbe et imposant . L'épigone d' Esaviel, mort pour l'apothéose d'une victoire, ne faillirait pas non plus dans la fureur des champs ouverts .
Mais ne venait-il pas de manquer à son roi, à sa race, à sa lignée, en exhumant le droit désuet de l'affranchissement ?
Et se pouvait-il que le mystérieux cavalier à la gauche de Tandor fût ce Dayân, le sang-mélé, l'absurde demi-frère pour lequel Darmar avait osé le risque de déplaire à son souverain ? Parmi les rumeurs décrues et moquées à la cour de Ret-Escalhon, la plus invraisemblable prétendait que Tandor apprenait le maniement des armes à l' affranchi . Un Shankar aux yeux changeants, délicat, timoré, pacifique jusqu'à la couardise, s'entrainer à guerroyer, voilà ce qui avait fort amusé !
Les deux cavaliers, fervêtus à l'identique de mailles d'acier blasonnés du fier emblème, mirent ensemble pied à terre et d'un commun accord plièrent le genou devant leur souverain . D'un geste, lent dans le silence accru, celui-ci leur signifia de se relever, acceptant l'hommage . Tandor, le premier, se désheauma mais le roi avait déjà la confirmation de son indignation . Si les yeux du second guerrier restaient dans l'ombre, le peu que le nasal et les joues d'acier luisant révélaient ne pouvait tromper :
la couleur de la peau n'était pas humaine .
En un geste jumeau moins prompt, retenu sans doute par une appréhension bien compréhensible, le demi-frère métis du seigneur de Darmar se désempara de la protection du casque .
On le disait d'une beauté inhumaine et troublante .
On était en dessous de la vérité .
Les longs cheveux d'un bleu lazuli intense, liés en une lourde tresse nattée de cuir fauve, dégageaient la splendeur saisissante d'un visage d'archange aux reflets argentins.
Dayân souriait, indéfinissablement, à ce roi auquel il devait désormais, à l'instar de son ainé, l'allégeance du Féal . Il jouissait de la pleine conscience de sa nature composite, mi- Humain mi -Shankar, ni Humain, ni Shankar et du pouvoir qu'elle lui octroyait comme du prix élevé qu'elle exigerait .
Dans un salut antique ignoré des Humains, le radieux sang-mélé rendit l'hommage, posant sa dextre sur son coeur avant de joindre les mains et de les élever lentement devant son visage dans l'unicité duquel les yeux passant de l'indigo à l'or jetaient un éclat troublant .
Robart le Preux, cinquième du nom, sût alors que l'improbable métis était prince parmi les siens .
" Certes, voilà un magnifique cavalier, mais qui l'a vu sur un champ de bataille ? " se convainquit-il .
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La rumeur présageait l'étonnement, voire la terreur de l'armée accordée pour l'affrontement . Car la toile adornée du tref royal n'avait pu garder secrète la teneur du serment sur l'honneur en espérance de la proche bataille qu'avaient porté les Féaux rivalisant de promesses de prouesses devant le souverain .
On avait su que le métis , sa main aux reflets d'argent épousant la coupe du serment, avait osé enchérir sur les jurements des grands seigneurs de pur sang . Il s'était révélé, se récriait-on, d'une brève arrogance :
" Je combattrai tête nue .
Tandor de Darmar, le responsable de cette mascarade , avait à son tour proclamé sa gloire :
- Nous serons deux lions dans la bataille . Les fils d' Esaviel au Soleil de Sang combattront épaule contre épaule en flèche des guerriers d' Escalhon . "
Les Féaux certifiés de leur native suprématie avaient opposé leur mépris jusqu'à la dérision, déniant au métis de mener la bataille . Alors il avait ri et un vert nouveau avait habité son regard, une nuance sublime et déquiétante . Clair, musical, le rire était impitoyable .
Et Robart le Preux avait pris le gage, la coupe précieuse vide du vin sanglant, et avait agréé les jurements d'honneur -tous ...
Les soldats dessommeillés dès le petit matin piétinaient dans l'expectative .
Une acide rancoeur empesait les reins, enflait les gorges pour des huées qui voulaient reprocher la provocation et soudain avortèrent .
Le seigneur régnant de Darmar et son frère à demi Shankar montés sur leurs immenses chevaux s'ouvraient un sillon dans la tourbe des Escalhoniens en armes et en courroux . Tandor avait un regard calme sous sa visière relevée . Son assurance s'étoilait d'un léger sourire . A son côté, l'inadmissible sang-mélé paradait tête nue, proclamant son orgueil insane d'impensable bâtard !
L'ennemi ne pourrait que moquer ses ridicules prétentions à égaler les Humains, lui si évidemment Shankar dans sa précieuse beauté que soulignait la bleuité nette de sa somptueuse chevelure . Vent pailleté d'or, le regard vert s'accordait à un sourire subtil qui , peut-être, narguait les voyeurs .
L'avant-garde formait le fer de lance d'une stratégie séculaire et routinière . Sur elle reposait souvent la victoire .
A une distance de trente lams des deux frères, hiératiques dans leur témérité, les phalanges ennemies attendaient à l'identique d'engager l'action .
La torpeur d'un sortilège semblait engluer les mains protégées par les mailles et les voix dans les gorges nouées .
Dans les rangs d' Escalhon, la frayeur consternait les guerriers . Dayân de Darmar acquérait l'ampleur d'un maléfice .
Le métis méprisé libéra la fureur de l'assaut en extirpant la terreur des reins ployés .
Il dénuda son bras gauche .
Il l'entailla profondément .
Il recueillit le sang dans sa main .
Il oignit son visage de quatre marques écarlate, étendart et emblème de son impossible nature.
Dégainant sa longue lame, il pivota à demi sur sa selle et exposa la véhémence de sa face balafrée de sang, écrin d'un regard d'abime, aux Escalhoniens stupéfaits. Sa bouche s'ouvrit sur un cri puissant :
" Jamais ne plierai ! Escalhon et Darmar ! "
La fière devise préluda à la charge .
Les grands destriers fauchaient de leurs sabots fourchus l'herbe sacrifiée, prémice des victimes offertes à la déesse létale qui n'aurait de cesse de les coucher parmi les tiges brisées .Et les armées se heurtèrent en une étreinte passionnée et mortelle .
Les deux Darmar couronnaient la mélée de leurs vaillances jumelles . Les yeux écarquillés des guerriers de Mordrach l' Insulteur reflétaient la peur de l'inacceptable juste avant que l'épée du métis ne tranchât dans les chairs exposées .
L' avant-garde ennemie s'ouvrit comme un fruit trop mûr . Faille tellurique lézardant jusqu'à l'effondrement les certitudes, s'imposait l' incroyable chevauchée d'un Shankar en tête d' Escalhon . Et chaque éclat de rire de sa belle bouche cruelle accompagnait l'envol infaillible de l'acier rougeoyant .
Une terreur indicible liait les bras plus sûrement que les coups portés sans dépréciation . Pas un seul ne songeait à railler une présomption qui s'avérait fondée, parmi ceux que l'infortune affrontait à un cavalier, visage au clair barré de lignes de sang, qui n'avait de Shankar plus que l'apparence .
Le poison humain irriguait les mains sous les mailles baptisées au vin sournois de sa fureur et nourrissait la mortifère précision de ses gestes . Inconciliables aux yeux humains, l'angélisme de l'antique race et la martiale vigueur qui décimait leurs rangs dérouta irrémissiblement les batailleurs de Mordrach l' Insulteur .
Ils cédèrent .
Bataille gagnée, Dayân se contempla à travers son oeuvre de mort . Bouche entrouverte sur un souffle trop court, il écoutait hurler en lui le sang shankar réprouvant l'horreur commise, acceptée, réclamée . Discord ...
Le blâme mortifia sa conscience, dilacéra ses neuves certitudes . Atroce, la souffrance du désaccord vrilla son crâne . Vaine, sa main lâcha l'épée laquée d'un vernis soudain odieux, au remugle de charnier, et avorta un geste dérisoire vers Tandor .
L'ainé, contraint, ne put empécher la chute imposée à celui qui venait de profaner l'ingénuité du vieux peuple par une hideuse contamination .Heurtant durement le sol ivre du sang trop volontiers répandu, Dayân se pénétra de la malédiction qui désormais le poursuivrait . Echouant à concilier les deux pans de son être, il lui faudrait s'ajuster sans toutefois pouvoir s'accorder aux déportements et excès humains que certains qualifiaient de prouesses .
Acide, fermentation, mutilation, le désenchantement rendit non advenue toute absolution . Bouche dans la terre assouvie, nourrie de l'atroce vendange, il accepta la paix provisoire du néant .
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Il ne mourut pas, bien qu'il l'eût révé .
L'inconscience avait été un refuge fragile où terrer sa sensibilité outragée par la trop facile concession à la violence et à la tyrannie du sang d' Esaviel dans ses veines . Il sut, à peine revenu, qu'il lui faudrait subir, à chaque randon dans le labour des batailles, la douleur du Shankar en lui . Il connut avec la même évidence qu'il ne renoncerait pas au poison ardant ses tempes et noircissant ses yeux . Celà impliquait qu'il sacralisât l'agonie expiatoire .
" Je jouis de ce sang qui me fait à demi semblable à toi, mon frère bien aimé . Pour autant , je ne renierai pas, si même je le pouvais, cette blessure qu' ouvre en moi mon héritage shankar. L 'épée que j'ai brandie m'a coupé en deux .
- C'était ta première bataille . Avec le temps, espère en la rédemption, tenta, inconvaincu, Tandor de Darmar .
- Je suis ce que je suis, étant devenu celui que je voulais devenir . Il me revient d'assumer mon désir et sa réalisation . Il te faudra me relever ainsi à l'achèvement des batailles .
Acerbe, acéré, le ton inusité se conjuguait à la métallescence du regard qui s'arrogeait la prescience :
Instrument désaccordé, je ne suis intérieurement que discordante rumeur des deux sangs antagonistes dont je suis le réceptacle . Ton roi - mon roi - m'a agréé comme Féal . Ce que je suis l'effraie et le merveille . Nous nous accorderons . Peut-être ."
Texte B : Jeu de con
Une salle immense, voûtée, sombre, à l’atmosphère oppressante et à la quiétude séculaire.
- « J’ai gagné, j’ai gagné, j’ai gagné ! »
Ah ben non. Je retire ce que j’ai dit en ce qui concerne la quiétude... - « Oh ta gueule. Lâche nous un peu hein ! » sonne une mâle protestation.
- « Comment ça ?! » lui réplique une deuxième voix dont le ton rauque mais néanmoins féminin cache mal l’irritation.
- « Comme ça se prononce espèce de knarfette moisie ! »
- « Tu sais ce qu’elle te dit la knarfette, le korzul flatulent ? »
- « BAFFFF ! »
- « BLONNNG ! »
Une troisième voix fatiguée intervient alors :
- « Mais arrêtez tous les deux ! Qu’est ce qui vous prend ? »
- « Ta gueule ! » se contente de répondre la première voix.
- « Oh toi le loser, retourne à tes activités contre nature hein ! » renchérit la seconde voix.
- « Qu’est ce qu’elle a dit ? »
- « Je crois qu’elle t’as traité de tarlouze… » lui répond une quatrième voix à la musicalité toute féminine.
- « Non mais attend, tu vas voir comment je les calme moi les grognasses de son espèce ! »
- « Tu sais, je trouve que le terme de grognasse est – comment dire – dégradant, et cela pour toute les femmes. Et puis c’est pas parce qu’on a perdu qu’il faut devenir grossier. »
- « Et alors, c’est pas après toi que j’en ai cocotte. Tu vas pas me gonfler non plus ? »
- « Mais je ne te permet pas ! Modère tes propos mon ami ! »
- « Pourquoi ? Tu vas me faire peur avec tes deux trois sorts de débutante ? »
- « QuOIIII ? Misérable vermisseau ! Tu vas voir ce que je sais faire ! KHARJAGDT DFIGRUMIL RAZAD ! »
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C’est là l’échange qu’eût pu entendre un éventuel témoin de l’altercation qui avait lieu dans la grande salle.
Et un témoin, il y en avait un…. Mais pour vous expliquer tout cela, il me faut revenir en arrière de quelques heures et de quelques paragraphes.
Plus précisément au moment où un groupe d’aventuriers - mais aussi d’aventurières car vous n’êtes pas sans savoir que la parité est de mise depuis que la guilde des Aventures de Téhéfeuhain a décidé de ne plus favoriser la domination jusqu’alors sans partage des représentants de la gent masculine. Mais je m’égare, reprenons.
Au moment, disais je, où un courageux groupe pénètre dans les fameuses cavernes de Lauphtestorie. Qu’espèrent ils y trouver ? Mais comme d’habitude bien sûr : la gloire, la richesse, des niveaux en pagaille, plus de points de vie, des épées vorpales, des anneaux magiques, des parchemins débordants de sorts exceptionnels. Enfin, vous connaissez le topo aussi bien que moi, et en plus c’était marqué dans leurs contrats. Observons les. En tête comme de bien entendu vient le Voleur. L’oreille aux aguets, l’œil vif, le poil brillant, notre ami a pour rôle celui de l’éclaireur. Le suivent à quelque distance le Guerrier et la Prêtresse, tous deux harnachés de pied en cap d’une lourde armure et tenant qui sa terrrrrrrrible épée +2, qui sa « sainte masse d’étourdissement imparable de la foi qui convertit tous les mécréants ».
Ferme la marche l’Enchanteresse dont la tenue peine à dissimuler les courbes gracieuses et la silhouette tout ce qu’il y a de plus………wahouuuu ! Je ne vous fais pas un dessin mais vous ne savez pas ce que vous ratez. Vous aurez par ailleurs noté le parfait respect de la parité susmentionnée. Nos héros progressent lentement mais sûrement, désarmant un piège par ci, une trappe par là. Leur exploration méthodique est ponctuée de courtes mais saines séances gymnastique guerrière dont quelques kamirs profonds et schlarfs des cavernes font les frais.
Arrive enfin, le moment fatidique de l’Enigme. Tous se retrouvent face à une porte que le Voleur n’arrive pas à crocheter, que le Guerrier n’arrive pas à enfoncer et sur laquelle les sorts de la Prêtresse et l’Enchanteresse sont sans effets.
Après toutes ces infructueuses tentatives, il leur vient toutefois à l’idée de vérifier si quelque inscription occulte n’aurait pas par hasard été inscrite sur la porte à l’aide de la très pratique « encre incolore de Khor-Ector ». L’Enchanteresse ayant lancé le non moins idoine « révélateur de Fher-O-Sianure », l’Enigme leur apparaît alors :
« Voleur, tes clefs sur moi tu briseras.
Guerrier, ton omoplate sur moi se meurtriras.
Prêtresse, ta foi en vain tu chanteras.
Enchanteresse, sans effet sera ton Wonderbra. »
Car il est bien connu que la formule de Wonderbra – célèbre enchanteresse des temps anciens – ouvre toutes les portes. Enfin, presque. Eussiez vous été là que vous auriez pu vérifier la véracité de cette prédiction et l’état déplorable des clefs du Voleur, de l’omoplate du Guerrier, de la voix de la Prêtresse et du parchemin de l’Enchanteresse. Ben oui, c’est un parchemin. Vous vous attendiez à quoi ? Vous n’avez pas lu ma remarque précédente ? Heureusement, on pouvait lire un peu plus bas la suite de l’Enigme :
« Si vous voulez quand même passer,
un Djokaire vous devrez sacrifier. »
- « Putain, on en a déjà grillé deux et c’est notre dernier. » s’exclama le Voleur.
- « Oui bon ben on a pas le choix. Faut le tuer.» lui répondit l’Enchanteresse en sortant de son sac un lutin tout rabougri vêtu d’un curieux bonnet à clochettes.
J’en profite pour préciser ici que le Djokaire en question n’en menait pas large et tenta de fuir illico. Malheureusement pour lui, le Guerrier veillait et l’expédia ad patres d’un coup d’épée bien ajusté. Nos candidats purent alors franchir la porte qui croyaient ils les séparait du Trésor.
Les voilà enfin face au Dragon gardien du Savoir. Image même de la majesté, ce dernier se tient derrière un curieux rocher, raide et impitoyable.
- « Approchez et prenez place. Mon nom est Jhûliainleperce et je suis votre ultime épreuve.»
- « Pour me vaincre, vous devrez répondre à mes questions aussi vite que possible. Le meilleur d’entre vous recevra alors mon trésor en récompense. »
Et nos aventuriers de se placer en face du Dragon, chacun derrière un pupitre de pierre d’où sort un champignon crieur.
- « Je suis un animal mythologique dont le front s’orne d’une… »
- « BOSSE ! » hurle le Guerrier tout en écrasant du poing son malheureux champignon qui n’en demandait pas tant et se met à crier lui aussi.
- « Euhhh non. Je reprend : dont le front s’orne d’une corne… »
- « BIIIIIP » fait le champignon de la Prêtresse. « Une licorne ? »
- « C’est une bonne réponse. » concède Jhûliainleperce. « Vous marquez un point. »
Et le curieux Dragon de continuer à soumettre le groupe à un feu roulant de questions.
Il faut peu de temps pour en arriver à une première élimination :
- « Guerrier, vous êtes le maillon faible. Au revoir ! »
Suivie d’une seconde :
- « Enchanteresse, vous êtes nulle. Au revoir ! »
Et enfin d’une troisième :
- « Voleur, vous n’avez pas le niveau. Au revoir ! »
Une explosion de joie retentit alors dans l’immense sale voûtée :
- « J’ai gagné, j’ai gagné, j’ai gagné ! »
…………………………………………………
Après quelque temps, le silence retombe, le Dragon sort d’on ne sait où un énorme cigare qu’il allume d’un coup et laisse tomber d’un air profondément satisfait : « J’adore ce jeu ! ».
Texte C : Des accords ?
Malgré les couvertures, le froid prégnant refuse de délaisser mes pieds . Je ne souhaite rien tant que dormir mais mes orteils recroquevillés comme pour une imploration me maintiennent dans un état de veille propice aux pensées insidieuses .
Inidrellina ... Dans sa chambre, un bon feu alimente une chaleur plus aimable mais notre dernière dispute m'en a privé ... et plus encore d'une tiédeur plus intime, sous les draps douillettement bassinés .
Inidrellina ... Adorable furie, chatte tour à tour ronronnante et crachante, tournant autour du matou qui ose lui tenir tête et pour finir, me boutant hors du lieu des délices!
La comtesse d' Andremont table-t-elle sur ma nuit solitaire et glacée pour m'amener à rendre les armes, moi , Reinold d' Allandra ! M'imagine-t-elle à ce point transi d'amour ?
Mes pieds sont en passe de se transformer en glaçons . Je maudis l'imprévoyance des serviteurs . Ils n'ont pas jugé bon de préparer une belle flambée dans la cheminée armoriée qui pour l'heure me nargue de sa béance obscure . Ce n'est pourtant pas la première fois que leur capricieuse maîtresse me clôt sa porte .
Décidément le sommeil me fuit et pas seulement à cause de cette nuit hivernale qui assaille de vents coulis le fier château des Andremont .
Peut- il exister quelque chose de plus agaçant pour un troubadour que désaccord, disharmonie, discorde !
Grommelant, je jette à bas mes inutiles couvertures et me précipite sur mes bottes fourrées et ma houppelande neuve, présent d' Indrellina à l'entrée de l'hiver . Goûtant sa douce chaleur, je préfère oublier sa trop voyante couleur .
Un troubadour n'est pas un saltimbanque !
Je pose un regard amoureux sur ma guitarne, compagne fidèle de mes quinze années d' errances joyeuses et profitables de château en château, de cour ducale en cour royale . Ses accords mélodieux ont accompagné ma renommée grandissante et, quoiqu' adulé, je lui reste moi aussi fidèle .
Je frôle ses cordes, mais mes doigts s'encontrant à peu près dans le même état que mes orteils, je ne parviens à produire que des désaccords !
Peut-être pourrais-je manier plus aisément la plume, ma féconde cervelle en mon crâne n'étant pas soumise aux affres du froid ?
Heureusement déjà taillée, la plume d'oie, régulièrement ointe d' une encre un peu figée, parcourt la page vierge, faisant éclore les images qui naissent dans mon esprit . Tandis que je couche sur le parchemin le poème issu de la matrice de mon inspiration, la musique s'impose à moi, dont je sertirai les mots facetés comme diamants par un habile joallier. J'en tresserai une couronne pour le beau front orgueilleux de la comtesse d' Andremont .
Ne m' oubliez pas
Belle et charmante .
Quand je ne vous vois,
Votre visage me hante .
Je n'aurai désormais envie
De l'amour d'une autre femme ,
Ne voudrai d'une autre pour amie
Car vous seule êtes ma dame .
Vers vous vont tous mes désirs ,
Fraîche rose, fleur de lys,
Quels sont mes douloureux soupirs
Si vous m'écartez de vos délices ?
Quand de votre clair visage
Je me vois éconduit ,
A passer une nuit trop sage
Faut-il que je sois réduit ?
......................
Mon pére et ses pères avant lui régnaient sur peu de terre, rocailles plus que gras pâturages et peu de bétail . A quinze ans, j'ai quitté le nid paternel, rude castel sis sur un piton aride, et, juché sur une jument dont la jeunesse n' était plus qu' un lointain souvenir, crânement coiffé d'une toque bleue à plume blanche confectionnée par ma vieille nourrice, je suis parti conquérir le monde . Une guitarne pour l'achat de laquelle j'avais dépensé tout mon maigre avoir me battait le dos dans son sac de cuir.
( A propos, le bleu est la couleur qui s'accorde le mieux à mon teint et à la blondeur de ma chevelure, d'autant plus s'il est assorti à la nuance de mes yeux . )
Certes, je ne puis me prévaloir d'un haut titre mais ma véritable noblesse réside dans le pouvoir de ma voix et de ma musique . Ce don des dieux m' a distingué depuis ma plus tendre enfance pour une béatitude dont jouissent peu d' humains : rendre heureux mes semblables par la beauté de mon chant, à l'instar du rossignol qui apaise et berce la nostalgie de l' éxilé . Réclamé par des rois et des ducs, je vais à ma guise, composant et chantant sans nulle contrainte hormis les douces et pourtant tyranniques chaînes de l' amour .
Ce soir-là, à la cour du roi Blanchered de Tarrabonne, je m'abandonnais au charme de la musique au point de me sentir créé par elle, ornant mon interprétation, quasi sans y penser, de mélismes, de trilles, de sons filés, d' appogiatures qui tenaient mes auditeurs en haleine .
C' était, je me souviens ,aux prémices d'un automne flamboyant, dans une chaleur émolliente qui donnait à réver tous les possibles . J' improvisais un chant pour des yeux d' amande qui avaient, avec gourmandise, appâté les miens . Mes doigts sur les cordes s' imaginaient caressant d' émouvantes épaules qu' une soie arachnéenne dénudait .
Ce soir-là, Inidrellina et moi avons tiré de nos corps mélés des accords parfaits, des harmonies somptueuses .
Ce soir-là et tant d' autres ensuite .
Trop peut-être car désormais la comtesse d' Andremont estime posséder un droit sur moi, Reinold d' Allandra !
Excédé, je plante ma plume dans l'encrier, éclaboussant la feuille que je considére en fronçant les sourcils . La tyrannique comtesse mérite-t-elle cette chanson que j'ai composée, malgré le froid qui, par sa faute, engourdit mes doigts ?
Je froisse résolument la page et la jette dans le foyer vide .
Je ne cèderai pas !
Moi, Reinold d' Allandra, je ne m'affublerai pas , pour la fête de demain, de ce ridicule pourpoint mauve !!!
Voici les trois seuls textes à être "en lice" actuellement. Reste également celui de Dom, que je n'ai pas reçu Dom, envoie le moi sur l'adresse pierre-de-tear qui remarche (merci Elann). Dans le cas contraire, je considérerai que la joute est close. Je suis absent tout ce week-end (part en week-end amoureux à Royan ), donc si il y a un probléme, soyez patient
Imaginez ! De larges et belles cavernes. Légèrement illuminées par l’iridescence des parois. Du minerai à foison. Des pierres précieuses affleurant sous la roche. Une température douce et agréable. Un beau et verdoyant lichen. Des animaux comestibles en quantité et en qualité. Des céréales propres à fournir une belle bière ambrée.
Imaginez tout çà, et vous aurez une vague idée du bonheur qui règne dans la tribu des Gnomes d’En Bas. A manger et à boire à profusion. A forger, à façonner et à sertir sans avoir à compter. Idyllique.
Et pourtant … quelques cent ans auparavant, ils étaient sous le joug des terribles Trolls à Face Verte. Exploités, brutalisés, martyrisés, affamés. Condamnés aux travaux les plus abrutissants.
Heureusement, un gnome s’était dressé contre cette situation, avait su rassembler ses semblables, les galvaniser. Tous ensemble, sous son impulsion, ils avaient mis fin à ce régime impitoyable, et bouté leurs despotes loin de ce qui allait devenir leur territoire. H’Ril Tshar avait mené cette rébellion sanglante, et, même si nombre des leurs étaient tombés, il avait réussi.
Et c’est comme çà qu’il était devenu le chef incontesté de la tribu des Gnomes d’En Bas. Et depuis ce temps, tous les jours, il se plaît à le rappeler. « Sans moi, où en seriez-vous ? ». Aujourd’hui, âgé de presque 150 ans, il commence même par moments à radoter quelque peu.
Ses sujets, comme il les appellent, en ont pris leur parti, l’habitude aidant, et, par respect pour ce qu’il avait fait, lui passent nombre de ses caprices.
Mais, admettons-le : c’est vrai qu’il en avait fait des choses. Les plans de la brasserie, c’était lui. La redécouverte du travail des métaux et des pierres précieuses, aussi. La recette du lichen aux scarabées et à la bière, également. On pourrait comme çà en énumérer des dizaines.
Et surtout, il avait su tisser d’étroites et fructueuses relations avec leurs cousins d’En Haut.
Car, dans ce territoire idyllique qu’ils habitaient, manquaient pourtant beaucoup de choses utiles, et même indispensables. Pas de bêtes de somme, pas de légumes, ni de fruits ! Mais surtout une chose leur faisait cruellement défaut : le ferment indispensable à la fabrication de leur bière, et pour cause ! Ce petit champignon ne poussait qu’à l’ombre de chênes centenaires. Les nombreuses tentatives pour l’implanter En Bas avaient malheureusement toutes échoué.
Aussi, grâce aux transactions commerciales établies, ils avaient pu échanger ce qui leur manquait contre métaux, objets forgés …
Ainsi, pommes, poneys, laine … font partie de leur quotidien.
Et la nourriture au fil des ans profita bien à H’Ril Tshar, qui, après s’être gentiment arrondi comme la plupart des Gnomes, devint obèse et flasque. Ses sujets racontent même sous le manteau, que seule sa gourmandise est capable d’égaler son ego.
Mais, ce jour-là, un séisme secoue la douce quiétude de la communauté : entendez ce cri qui retentit !
« - Me faire çà à moi ! A MOI ! Hril T’Shar ! »
Sa voix résonne dans la Salle du Conseil. Debout devant ses conseillers, il brandit le message qu’un porteur vient de lui remettre. Furieusement, il agite ce petit bout de papier, source de sa colère.
« - C’est inacceptable ! Intolérable ! Une insulte faite à ma personne ! Et à nous tous ! »
Représentez-vous la mutation qui l’agite ! Son teint normalement cireux était en train de virer à l’orange violacé. Les veines de son nez proéminent semblaient sur le point d’exploser sous le coup de son émotion. Ses cheveux filasses, aux quels il portait tant de soin habituellement, étaient maintenant comme électrisés, formant autour de sa grosse tête une auréole blanchâtre.
« - Ils se prennent pour qui ceux d’En Haut ! Ils n’avaient pas le droit de refuser ma proposition ! MA proposition ! »
Son embonpoint, témoin de sa gourmandise légendaire, ne semblant plus le gêner, il saute soudainement sur son trône, pour mieux haranguer l’Assemblée des Conseillers. La colère qui l’anime fait revivre en lui ses talents oubliés d’orateur.
« - Une déclaration de guerre, voilà ce que c’est en réalité ! Ni plus, ni moins ! »
Comme l’un des Conseillers, timidement, se lève comme pour demander la parole, Hril T’Shar, d’un geste, le remet à sa place. La patience, et la courtoisie n’ont jamais été son fort. S’il n’y avait eu que lui, d’ailleurs, ce Conseil n’aurait même pas existé. Mais, il avait dû faire des concessions, et puis, avec l’âge, ce Conseil était devenu bien pratique, et lui laissait du temps pour se consacrer pleinement à l’entretien de son embonpoint.
« - Hé bien ! S’ils la veulent, ils vont l’avoir ! »
De toutes manières, cette guerre aurait lieu, car il l’a décidé ainsi. Et ce n’est surtout pas un minable conseiller qui allait lui en faire grief. C’est lui le chef, après tout ! Avoir su mettre fin à l’esclavage des Trolls avait fait de lui un chef de guerre ! Et aujourd’hui comme à l’époque, il va mener ses troupes à l’assaut !
La plus grande difficulté auquel est confronté Hril T’Shar est que, depuis la Grande Révolte, il n’y avait eu aucun conflit. Par conséquent, mise à part une milice destinée à veiller sur l’ordre quotidien, les Gnomes d’En Bas ne sont pas particulièrement entraînés.
Peu lui importe ! Leur guerre est juste !
Aussitôt, il nomme aussi ses miliciens chefs de guerre, et décrète que tous les Gnomes capables de tenir une arme feront d’excellents soldats.
Les heures et les jours qui suivent voient une grande effervescence remplir les cavernes. Hril T’Shar est partout, distribuant ses ordres, préparant des plans de bataille, s’assurant qu’armes, et armures sont prêtes. Réunissant ses chefs de guerre, il leur explique sa vision de l’assaut qui sera donné contre Ceux d’En Haut. Sa stratégie est simple : au même moment, les trois villages à proximité de la sortie principale des cavernes seront attaqués. Une fois ceux-ci défaits, ils iront droit sur la capitale d’En Haut.
Une semaine plus tard, les compagnies sont formées, et les gnomes harnachés d’armure de métal ou de cuir et équipés pour certains d’épées courtes, de masses ou de haches, et de bouclier, et pour d’autres d’arbalètes. Enfin ! Tout cela forme un ensemble bien hétérogène
Avant le départ de cette campagne, Hril T’Shar réunit toute son armée dans la grotte principale. Debout sur un bâtiment, il surplombe ses quelque mille soldats. Lui-même vêtu d’une somptueuse cotte de mailles, coiffé d’un heaume serti de brillants, et armé d’une hache à deux mains, il contemple ses troupes. Avec fierté. L’orgueil le rajeunit, et le fait grandir. Oubliés ses rides, son ventre replet, ses boursouflures ! Il redevient tel qu’il a été il y a cent ans !
D’une voix forte et puissante, il déclare :
« - Mes amis ! Mes frères ! Quand je vous ai libéré de l’emprise des Trolls, je vous ai juré que plus jamais nous, Gnomes d’En Bas, ne serions humiliés ! Ceux que nous pensions être nos cousins, ceux dont nous pensions qu’en leurs veines coulait le même sang que le nôtre ! Oui ceux-là même à qui nous avons tant apporté durant toutes ces années viennent de nous faire subir l’un des pires affronts qui soit ! Cette guerre sera certainement rude. Sans doute, après la victoire, nous ne reviendrons peut-être pas tous … Mais si nous voulons continuer à marcher la tête haute, elle doit être ! Pour notre honneur ! »
Des hourrahs montent de l’armée, puis rapidement la rumeur enfle. Les armes frappent les boucliers. Les soldats reprennent en chœur le nom de leur chef :
« - Hril T’Shar ! Hril T’Shar ! Hril T’Shar ! »
« - EN AVANT, mes amis ! Sus aux traîtres ! »
Lourdement, l’armée se met en route.
Précédant le cortège, les éclaireurs chevauchaient de petits poneys, certainement plus habitués aux travaux de la mine qu’à des expéditions guerrières. Derrière dans un ordre plutôt flou, les fantassins, puis les arbalétriers, et enfin l‘intendance, suivent. Hril T’Shar est, quant à lui, juché sur une chaise à porteurs, bien protégé au milieu de ses chefs de guerre.
Deux semaines plus tard, cette formidable armée, selon son expression, arrive à proximité de la surface. L’avance a été beaucoup moins rapide qu’il ne s’y attendait. La lenteur du voyage l’a énervé, et il a soupçonné tout le monde d’en être la cause. Tout cela a alimenté sa colère.
Mais peu lui importe maintenant ! Bientôt ses ennemis connaîtront son courroux ! Ceux d’En Haut allaient voir ce qui en coûte de s’opposer à sa volonté !
Les éclaireurs rapportent d’ailleurs d’excellentes nouvelles : les villages, premier acte de sa stratégie, sont quasiment sans défense. L’assaut va être rapide.
Au petit jour, l’armée scindée en trois se met en position autour des bourgs.
En cette belle matinée de printemps, le soleil se lève doucement, éclairant les arbres en fleurs. Les oiseaux chantent pour célébrer cette nouvelle aube, inconscients du drame qui allait se jouer.
Hril T’Shar s’empara d’un grand cor, emplit ses poumons, et souffle de toutes ses forces. Le mugissement qui en sortit résonne à travers toute la campagne. Aussitôt, hurlant et meuglant, ses soldats partent à l’assaut du village, comme grisés par le son de ce cor.
Les mines ébahies des villageois devant cette soudaine attaque n’y font rien. Les soldats tuent, tranchent, broient, écrasent, piquent. Deux heures plus tard, il ne reste rien de ces trois bourgs : cendres, cadavres …
Tous ont été massacrés sans discernement. Les soldats semblent ivres de cette victoire. Le nom de leur chef est repris en chœur :
« - Hril T’Shar ! Hril T’Shar ! Hril T’Shar ! »
Tout d’un coup, de sa chaise à porteurs, il lève la main. Les cris s’arrêtent :
« - Voilà ce qui en coûte de s’opposer à nous ! Demain, les Gnomes d’En Haut nous respecteront et nous craindront ! En route ! »
Et, dans l’armée qui se remet en branle, un Conseiller murmure :
« Et tout çà pour un désaccord commercial sur une livraison … »
C’est ainsi qu’a démarré la plus sanglante des guerres fratricides entre les Gnomes : la Guerre des Fraises.
Voici donc le dernier texte. Je vais créer un sondage, histoire de donner un minimum de piment à cette joute, mais celui-ci n'aura qu'une vocation pour l'honneur. L'idée de donner 5 points à chacun me paraît l'idéale.
Cela étant, j'ai de moins en moins de temps à consacrer aux joutes en ce moment, et cela risque d'être de pire en pire vu que je vais probablement déménager et changer de boulot (fini l'accés à Internet durant la journée ).
Je vais en parler avec Elann et Moridin, savoir notamment si Moridin pourra s'en occuper seul. Sinon, j'espère bien que quelqu'un reprendra le flambeau.
De toute façon, ce n'est pas encore fait : je vous tiens bien sûr au courant.
En tout cas, merci aux participants et surtout bravo : j'ai séché à mort sur ce sujet (faut dire que c'était pas le meilleur qui soit)