La Pierre de Tear fait peau neuve ! L'aventure continue sur www.pierredetear.fr !
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Avertissement: La légende de Kog fait référence à un univers assez particulier celui des jeux de rôles, et à l'un des plus célèbres d'entre eux, AD&D. Donc désolé, mais beaucoup d'allusions tiennent quasi de la private joke. Donc désolé pour ceux qui sont étrangers à cette secte étrange, celle des "rôlistes"
Kog n’était encore qu’un petit guerrier. Point n’était besoin de connaître l’avenir, pour assurer qu’il resterait petit : c’est dans la nature des nains. Aussi, rien ne le prédestinait à devenir un grand guerrier par la gloire qui allait l’auréoler.
Donc Kog, guerrier nain encore de bas niveau, était vêtu de mailles, et armé d’une grande hache, qui, assurait-il, avait déjà tranché plus de crânes, que la nuit ne compterait jamais d’étoiles. Il portait une longue barbe, qui n’avait jamais connu ni rasoir, ni ciseaux, et dont il se déclarait très fier. Il était en général grognon et sentait, aussi régulièrement, mauvais, estimant que les nains doivent être forcément désagréables et sentir fort, car sinon ce ne seraient pas des nains.
En cette fin de cette belle journée de printemps, comme chaque samedi, il filait rejoindre la Taverne du Club dans la ville de Greyhawk voir si, d’aventure, l’une d’elle justement n’allait pas se présenter. Il était en retard comme d’habitude. Chemin faisant, il croisa comme à l’habitude Excellior le Magnifique et Erb Triple Doigts, qui, eux aussi, comme d’habitude, était en retard.
Elfe de son état, le premier se présentait toujours ce nom d’Excellior le Magnifique, en insistant sur son côté à la fois particulièrement charismatique, et obscur. Sa suffisance suffisait à canaliser sur lui suffisamment de railleries délétères de la part de ses compagnons de route, pour qu’il les gratifie en retour de regards lourds de sens, dont il taisait la teneur. Son extrême préciosité, par ailleurs, avait déjà fait, comme on dit, le tour des tables, et l’objet de nombreux commentaires désagréables sur la nature véritable des elfes. Mais la puissance de ses sortilèges en faisaient malgré tout quelqu’un de très apprécié.
Le second était l’archétype du hobbit : petit, rondouillard, malin, plutôt couard en général, mais téméraire quand il le fallait, mesquin habituellement, mais chevaleresque au bon moment. Bref, il était neutralement de nature chaotique. Son surnom, il le tirait de sa première aventure. Il aurait bien sûr préféré l’Intrépide, le Malicieux, l’Agile. Mais le premier garde, à qui il avait tenté d’expliquer que, si sa main traînait dans la poche de ce malheureux quidam, ce n’était que pour y remettre la bourse qui venait de choir de sa poche, ne l’avait visiblement pas cru, eu égard au splendide fumble, comme on dit ici, qu’il venait de réaliser. Le dit garde, Grunt de son nom, l’avait aussitôt séparé de son auriculaire et de son annulaire droits. L’histoire était restée, d’où son surnom.
Et voilà, nos trois héros (appelons-les comme cela) devant la porte de la sus-dite taverne. Leur entrée, comme à chaque fois (mais déjà à leur niveau on s’en rend compte), avait fait taire un instant les conversations. Quelques saluts, malgré tout, les accueillirent. A cette heure, toutes les tables étaient pleines.
Toutes sauf une.
Vu l’heure, ils n’avaient guère le choix, si ils voulaient faire quelque chose. Deux personnes y étaient en grand conciliabule. C’était la première fois qu’ils les voyaient.
« - Moi, c’est Bill, Bill le Gros ! On ne rit pas sur mon nom : c’est comme çà, et pas autrement ! » Celui qui avait pris la parole semblait être l’être parfait : fort, sage, intelligent, dextre … Il était vêtu d’une armure resplendissante de mithril qui brillait de mille feux, et était parcourue d’étranges éclairs rouges. A son côté, pendait la plus merveilleuse épée qu’ils n’aient jamais vue : sa lame d’or présentait un fil si tranchant qu’il aurait sans doute pu couper court à n’importe quelle conversation, son pommeau en cuir blanc était surmonté d’un diadème si noir que l’obscurité en aurait rougi.
L’autre, peu importe son nom, était un Marchand de Jarres (par souci de concision, nous le dénommerons MJ), qui, expliqua-t-il une fois les trois compères attablés, et les présentations faites, avait de gros soucis. Au cours d’un voyage, sa fille, la sublissime Milka, sœur de lait de Nes le Rapide, avait été enlevée par un mystérieux personnage en noir, habillé en noir, accompagné d’un dragon noir ancien. Aussi, il recherchait des aventuriers talentueux capables de retrouver sa fille saine et sauve, et de mettre fin aux exactions de ce triste sire.
« - Mais, vous êtes bien sûr que cette mission est pour nous ? » s’exclamèrent de concert nos trois héros, conscient de leur faible niveau d’expérience.
Tandis que Bill, lui, se dressait fièrement, l’épée levée vers le plafond de l’auberge : « Sus au noir ! En plus, çà tombe bien : j’en ai déjà tué un jeune, un moyen, un vieux, mais jamais d’anciens ! »
Kog, Excellior et Erb, jaugeant d’un regard les caractéristiques de Bill, et l’échangeant ensuite, finirent par paraître rassurés : « OK ! On y va aussi. »
Erb, en hobbit avisé, demanda à quelle récompense ils auraient droit. La réponse du MJ fut laconique : « Euh … Je n’y ai pas pensé. Nous verrons plus tard. » Ce MJ semblait tout d’un coup beaucoup moins expérimenté.
A la question pleine de bon sens de Kob (les nains ont toujours des questions de bon sens) : « Mais, on n’a pas de prêtres avec nous » Bill, toujours plein d’à propos : « Peu importe, d’abord je sais imposer les mains, et mon épée aussi, et de toutes manières à part rabâcher, ils ne servent à rien. »
Et voilà notre groupe constitué, en route vers une superbe aventure.
Je passe rapidement sur les quelques semaines de voyage, où Bill étripa, trancha, découpa, élimina, égorgea, mutila tout ce que le monde de Greyhawk comptait comme monstres errants, et autres créatures malfaisantes que l’on trouve habituellement sur les routes mal fréquentées.
Erb Triple Doigts avait tenté d’expliquer qu’un voyage plus discret n’aurait sans doute pas été plus mal. Bill l’avait regardé ébahi, étonné avant de le sermonner du haut de son haut charisme : « T’es inconscient : sache que l’expérience récoltée au cours d’un tel périple compte quasiment autant que celle de la fin. Je l’sais : j’ai fait des stats ! » Erb s’était alors trouvé fort démuni d’arguments. Il avait bien ensuite tenté de fouiller quelques cadavres et quelques antres en vue de grapiller quelques trésors. Mais là aussi, Bill était toujours le plus rapide.
Excellior le Magnifique avait bien essayé au début d’incanter quelques sorts, mais Bill, sortant de son sac de grande contenance, car sans fond, une baguette, lui avait expliqué que d’abord avec cet outil, il pouvait faire nettement mieux, et qu’ensuite de toutes les manières, c’était inutile. Depuis, Excellior maugréait dans son coin, en ronchonnant sur l’absence totale de finesse.
Quant à Kob, la puissance, la dextérité, l’adresse, la finesse (non, pas la finesse) de Bill avaient très rapidement refroidi toutes ses ardeurs au combat. Mais comme il n’aimait pas rester inactif, il avait accepté de tenir le cheval de Bill, Joli Sauteur, pendant que celui-ci bataillait.
Bref, quelques semaines plus tard … Inutile de préciser que nos trois amis avaient désormais grise mine quand le samedi approchait, mais avaient-ils le choix ? … le Donjon et son fameux Dragon étaient désormais en vue.
