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(2è Cycle) Tar Valon (RP)
(Sujet créé par Durnik l 04/01/10 à 19:45)
Sur une île au milieu du fleuve Erinin se dresse la ville de Tar Valon, construite il y a bien longtemps par les batisseurs Ogiers avec en son centre, dominant tout, la Tour Blanche, siège du pouvoir des Aes Sedai.
Après avoir traversé la moitié du continent, suivant la trace de Demiandre, Durnik arrive à proximité de Tar Valon. Longue fut la poursuite de ce criminel, et ardue, car celui-ci sait rester discret et ne laisser que peu de traces. Cependant, c'est sans compter sur l'acharnement dont il peut faire preuve, car la determination de Durnik à retrouver Demiandre est grande. Peu importe la distance à parcourir, il le retrouvera et le ramenera jusqu'a Tear s'il le faut. Durnik talonna son destrier, un fier cheval de Tear, et s'engagea sur un des ponts immaculé qui enjambe le fleuve et mène vers la ville.
Où commencer la quête d'information pour savoir où se dirige maintenant ce brigand, se dit-il. Les auberges semblent un bon point de départ, seulement il doute qu'il se fasse avoir aussi facilement. vu la méfiance du personnage, il doit certainement penser qu'il est poursuivi. Toujours prevoir le pire, comme cela on a que des bonnes surprises... C'est un des adages qui circulent parmi la Garde à Tear. Durnik décide de s'adresser aux gardes des ponts, et leur donne la description du malfaiteur, esperant ainsi savoir si oui ou non il est entré dans la ville. Et c'est le cas. Le garde affirme reconnaître la description de Demiandre, à peu près la trentaine, regard fuyant, se retournant souvent comme si il était suivi. Durnik penetre donc dans la ville et sait qu'il a un jour de retard sur lui. Premier objectif : trouver une auberge correcte avant la tombée de la nuit...
Après deux jour d'enquete, Durnik est maintenant sûr que Demaindre est toujours en ville. Il n'est pas sorti par un autre pont, et les gardes des deux ports en sont convaincus. Il aurait d'ailleurs été très étrange qu'il prennent le large à partir du port Sud de Tar Valon. La question est donc de savoir où se trouve t-il dans cette immense ville. Aucun crime n'a été recensé ces derniers jours. Fait-il du repérage? s'est il amendé - aussi impossible que cela puisse paraître? Les différents aubergistes n'ont pas eu de Tearens récemment, ni n'en ont entendu parler. Connaitrait il des gens ici, chez qui il se serait réfugiés? Ce n'est pas impossible, bien que hautement improbable. Durnik connaît tous ceux qui ont été en contact avec lui, et il sait bioen que Demiandre n'est pas du genre à faire ami-ami avec qui que ce soit.
Il ne lui reste donc qu'une possibilité, la plus invraisemblable, mais qui ressemble bien à sa cible : Changer radicalement de vie, s'integrer à son nouvel environnement, créer un nouvau réseau et au final être quelqu'un d'autre. Il a une faculté d'adaptation exceptionelle. C'est ainsi qu'il n'a jamais pût être enfermé plus d'un jour. Il était impossible de prouver que c'était lui le responsable de tel ou tel cambriolage, délit ou autre. Mais Durnik le sait lui. Il est responsable de la mort de sa bien-aimée. Il faut donc trouver un moyen de s'infilter dans la Tour...
Visiblement réjouie par la perspective de sa future conversation avec Bleuenn sedai, Ismène quitta la Tour d'un pas vif et passa devant les gardes, répondant d'un signe de tête à leur salut. Il régnait en ville une certaine agitation, comme d'habitude, et en ce début de journée, les étales des marchés de rue étaient assaillies par les clients. Elle contourna cette agitation et gagna une auberge relativement luxueuse aux abords des quartiers les plus riches, où elle s'entretint longuement avec un homme nerveux, un cairhienin de petite noblesse à première vue, et qui pouvait être une connaissance de passage à Tar Valon.
Lorsqu'elle quitta la taverne, l'homme la salua profondément puis la regarda s'éloigner, sourcils froncés et peut-être un peu mal à l'aise. La femme pourtant, affichait toujours le même sourire calme comme ses pas reprenaient le chemin de la Tour Noire. La prenant peut-être pour une aes sedai, les citadins s'écartaient respectueusement sur son chemin, et elle atteignit bientôt les abords des murailles.
Les entrées sont gardées, il n'y a pas de passage non surveillé. L'ensemble de la structure est ceinte de haute muraille, et il ne semble pas y avoir de moyen de penetrer dans l'enceinte de la Tour. Comment vais-je donc pouvoir m'y prendre?, se dit il. L'affaire est complexe, d'autant plus qu'il n'est pas absolument certain que Demiandre se soit infiltré dans la Tour. Il ne manquerait plus que celui-ci passe le test pour devenir un novice. Cela serait le bouquet!
Durnik entrepris donc de faire le tour des murailles pour essayer de voir si un arbre, une pente ou autre chose lui permettrait de se faufiler à l'interieur. Même les maisons à proximités sont trop éloignées pour pouvoir passer de l'un à l'autre...
Il n'y a donc que deux possibilités : sortir le grand jeu, ou jouer au chat et à la souris. Durnik se demanda s'il serait capable de se faire passer pour un servant et enquêter de l'interieur.
Il est sûr que je manquerai de crédibilité au yeux de tous, n'ayant jamais fait d'autres corvée que celles imposées à l'armée, autrement moins complexes que celles requises pour entretenir un endroit tel que celui-ci... Durnik opta donc pour le Grand Jeu, c'est-à-dire trouver une personne influente ou connue, qui lui permettrait de rentrer sans se faire remarquer.
Au hasard de ses recherches, Durnik apperçut une personne de fière allure, qui se démarque totalement du reste de la population de la ville de par sa posture, sa présence, et l'influence qu'elle a sur son environnement. D'elle semble émaner une aura de méfiance, car tous les habitants aux alentours s'écartaient pour la laisser passer, détournant les yeux s'ils apercevaient son visage. Son visage... On aurait dit celui serein d'une Aes Sedai, comme celle qu'il avait rencontré pendant certaines campagnes qu'il avait menées hors de Tear.Il faut tenter le tout pour le tout, se dit-il, qui ne tente rien n'a rien!
Il courut vers elle, et arrivé à bonne distance, ralentit pour ne pas avoir l'air d'un malfrat. Il s'adressa à elle timidement
"- excusez moi, Gente Dame!"
L'étrange demoiselle se retourna, le fixa longuement d'un air légèrement hautain, comme si cet interruption dans ses affaire constituait un affront.
"Excusez-moi, Je suis étranger dans cette ville, et j'ai eu l'impression que vous connaissiez bien l'endroit, alors peut-être pourrez vous m'aider. Je dois absolument me rendre à la Tour, mais je n'ai aucune idée des formalités, protocoles, contacts à avoir. J'avoue ne pas savoir si vous-même êtes une initiée de la Tour, cependant, vous semblez de par votre prestance ne pas être n'importe qui dans le monde. Pourriez-vous m'aider?" Pourvu que cela marche! Si ça rate, je n'aurait plus qu'a pister les entrées et sorites de la Tour pour trouver quelqu'un qui sache comment me faire entrer!
Elle allait bientôt franchir les murs quand un silhouette qui se dirigeait vers elle au pas de course attira son attention. Son regard se tourna vivement dans sa direction, et ses épaules se raidirent un court instant, mais le voyant ralentir et finalement s'adresser à elle, elle se détendit à nouveau et le considéra brièvement. Il avait une allure de soldat, et l'accent et les manières de Tear. Retrouvant son curieux sourire après un haussement de sourcils un peu surpris, Ismène l'écouta calmement.
Quel curieux abord... ainsi il devait absolument se rendre à la Tour ? Voilà qui pouvait être intéressant. Quant à l'aider ? hm...
"Vous venez de bien loin pour votre affaire, soldat... Je ne suis pas une initiée de la Tour au sens où vous l'entendez, et si c'est d'un Aes Sedai dont vous avez besoin, vous pouvez vous joindre aux plaignants qui viennent certains matins formuler leurs requêtes, mais je ne garantis pas que vous soyez reçu car ils sont nombreux. Cependant, comme vous dites..." Son sourire se teinta d'une pointe d'amusement. "... je ne suis pas n'importe qui, et si vous m'expliquez votre affaire, il se peut que je sois en mesure de vous venir en aide personnellement... ou de vous orienter vers les bonnes personnes."
Le regard que lui lança cette personne ne lui dit rien de bon. Elle avait un air mystérieux, mais en même temps une façon de se tenir qui démontrait une grande dose de confiance en elle. Mais pouvait-il, lui, lui faire confiance? Là est toute la question.
*Il faut absolument la convaincre de m'aider. Autant y aller à fond!*- Je pense que vous aurez envie de m'aider quand j'aurais fini de vous expliquer. Je soupçonne une personne que j'ai poursuivi depuis Tear jusqu'ici d'être un Ami du Créateur *un petit mensonge peut certainement aider ma cause*, et je suis presque certain que celui-ci est désormais dans la Tour! C'est pour cela que j'ai pris le parti de vous importuner, quitte à vous offusquer. Certaines choses sont trop grave pour faire preuve de retenue, vous comprenez? Excusez mes manières, mais je ne sais comment se comporter face à des personnes importantes. *et un peu d'obsequiosité ne fait jamais de mal! Après tout, je ne la reverrait jamais après cela, le Grand Seigneur m'assiste!*
Un Ami du Créateur, rien que ça ? Ismène eut un sourire d'une douceur troublante, et le regarda un long instant sans rien répondre, l'air de dire quelque chose comme 'on ne me la fait pas à moi'. Néanmoins, elle lui fit signe :
"Venez, marchons un peu." Il ne fallait qu'un tout petit peu de jugeote pour deviner qu'ils étaient observés, et que Bleuenn et les autres n'auraient besoin que de quelques minutes pour savoir qu'elle avait parlé avec un soldat tairin aux portes de la Tour. Prenant la direction des quais, elle poursuivit d'un ton amène : "Si l'affaire dont vous m'entretenez est aussi grave que vous le dites, vous comprendrez, j'espère, que je ne peux vous laisser entrer comme ceci à la Tour. Si réellement un criminel a intégré la Tour, il peut se cacher n'importe où, parmi les gardes, ou pire, parmi les novices, et votre enquête, menée sans une certaine discrétion, causerait bien trop de remous à la Tour pour être sans conséquence...
Néanmoins je suis disposée à vous aider, mais il faudra agir avec précaution..."
Poursuivant sa marche lente, Ismène s'interrompit un instant, comme si elle réfléchissait. Puis son sourire s'agrandit brusquement :
"J'ai peut-être une idée... voudriez-vous bien tout d'abord me décrire votre homme et me dire les raisons de vos soupçons ? Pardonnez ma méfiance mais je dois être sûre que vos intentions sont honnêtes..."
*Que de soupçons! Mais ceci est légitime. A sa place, je ferait exactement la même chose je pense...*
Le vent descendant le fleuve lui fouettait legerement le visage, une sensation étrangement agréable au vu de la tension qui le tiraillait interieurement. LEs bateaux entrait et sortait sans bruit, le clapotis des vagues se fracassant sur leurs coques, le doux bruit de lointaines mouettes ui appelait leurs congénères.Quelques marins hélaient fortement des colègues ou amis longtemps perdus de vus, mais réunit aujourd'hui même sur le quai scintillant de Tar Valon. Le reflet du soleil couchant donnait des airs rougeoyants à tous les batiments allentours, et d'épaisses ombres s'avancaient dans les rues, donnant l'impression que les batimetns se courbaient pour proteger les riverains. Les lumières commencaient à s'éclairer dans les sombres tavernes et auberges surpeuplés de la ville. Il se sentait maintenant plus calme, zen, malgré le regard appuyé que lui lançait cette étrange accompagnatrice.
- Vous avez malheureusement raison, il peut être n'importe qui dans la Tour. Et au vu des efforts que j'ai fourni pour le suivre à la trace et découvrir où il est passé, je ne risquerait pas de me découvrir betement en manquant de discretion, vous pouvez compter sur moi là-dessus.
*Que puis-je lui dire, et que dois-je lui cacher? il faut que cela soit assez grave pour aiguiser son interêt, mais en même temps, il ne faut pas que je semble trop enclin à l'accuser...*
- Il est coupable de multiples meurtres sur des citoyens plus qu'hônnetes, aisi que du vol et du recel d'objets de valeur appartenant à d'importants marchands ou seigneurs Tairen dont les fonctions sont vitales pour le Grand Seigneur.*là c'est vraiment quitte ou double!*.
Durnik reprit sa respiration et poursuivit :
- Et je souhaiterais par contre ne pas vous le décrire, mais au contraire participer activement à le confondre et à le capturer. J'en ai fait le serment, le Grand Seigneur m'aide!
Un voleur et un meurtrier donc... Ismène fronça les sourcils tout en poursuivant sa lente marche le long des quais, et rajusta son manteau d'un geste machinal comme elle réfléchissait, les yeux perdus dans la foule du port. Un peu surprise quand il refusa de nommer et décrire l'individu, Ismène haussa les sourcils, puis sourit et hocha la tête :
"Très bien, à votre guise... Il semble en effet important de mettre un terme à la liberté de cet homme."
S'arrêtant, elle se tourna vers lui et le regarda :
"Que diriez-vous de vous engager dans ma garde ? Facticement bien sûr, mais cela vous donnerait la couverture idéale pour enquêter parmi les soldats de la Tour, ou même les apprentis liges, et accéder progressivement à d'autres informations... Mais si vous trouvez votre homme, je vous demanderai simplement de ne pas agir tout de suite et de m'en tenir informée, afin que des mesures soient prises et l'affaire réglée... discrètement. Vous disposeriez ensuite des moyens nécessaires pour le ramener à Tear et qu'il y soit jugé, si vous le souhaitez."
- Par le Grand Seigneur, j'accepte! *Oui! Cette affaire sera bientôt réglé. Et aussitôt finit, je m'eclipse et plus jamais je ne verrait cette étrange personne.* - Je suis tout disposé à suivre votre plan. Cependant, pouvez-vous m'assurer que personne d'autre que moi reglera cette affaire et que je pourrais le ramener à Tear sans aucun problème?
Durnik sentait qu'il y avait quelque chose de louche dans toute cette histoire. Non pas dans sa poursuite de Demiandre, mais dans ce que lui proposait son interlocutrice.
- Quand puis-je integrer la Garde? dit-il avec un air satisfait et un leger sourire en coin.
Ismène sourit et hocha simplement la tête comme il acceptait sa proposition. Les Aes Sedai avaient l'habitude de ses étrangetés et ne trouveraient rien à redire à ce qu'un soldat tairin potentiellement sans le sous l'ait abordée pour se faire engager. Ca fonctionnerait à merveille, et justifierait qu'il se soit précipité vers elle à la porte même de la Tour, sous les yeux et oreilles de toutes les ajah... Voyant cependant qu'il éprouvait encore une certainement méfiance, elle plongea son regard intense dans le sien et répondit d'une voix sereine :
"Vous avez ma parole que vous serez entièrement maître des opérations, d'un bout à l'autre. Je m'inquiète seulement de protéger la Tour des mauvaises rumeurs que pourrait provoquer l'affaire si elle venait à être éventée, la fiabilité de la Tour et sa fidélité au Grand Seigneur ne doit aucunement être entachée. Mais rassurez-vous, vous serez libre d'agir vous-même comme il vous plaira."
Sa dernière question parut l'amuser un peu, et faisant demi-tour, elle répondit avec un sourire similaire :
"Eh bien, immédiatement s'il vous sied. J'ai à faire ce soir, mais je peux vous conduire dès maintenant au capitaine de ma garde, afin qu'il vous intègre dans les formes, et vous pourrez alors vous occuper de votre affaire dès que vous le souhaiterez... Cela ne surprendra personne de vous voir rôder dans la Tour, ils ont l'habitude de me voir semer mes gardes dès que je le peux."
L'interrogeant du regard, elle fit un pas en direction de la tour. Le soir commençait déjà à tomber.
*Qu'est-ce qui lui fait tellement plaisir? A chaque hochement de tête, elle sourit, comme si ce que je disais devais lui être très agreable; J'ai l'impression qu'elle a des objectifs personnels qui vont m'être très désagréable. Mais il est trop tard pour faire marche arrière.* - Je vous remercie, ma Dame, dit-il en s'inclinant comme il avait appris à faire à la cour de tear, pendant ses rapports de mission.
Il l'a vit alors se retourner et se diriger vers la Tour. Il lui emboitat le pas. Il se sentait un peu penaud, car cela le réjouissait de pouvoir continuer son enquête aussi vite alors qu'il se pensait au point mort, mais en même temps, la perspective d'u piège lui apparut de plus en plus, et cela ne le rassurait pas. Mais quand il aura finit sa mission spéciale, advienne que pourra...
Il observa le soleil décliner doucement par dessus les murailles étincelantes de Tar Valon, se demandant combien de fois encore il pourra observer le coucherde soleil avant qu'une fin précipité ne mette un terme à sa vie. Cette perspective le fit frémir
"Ne me remerciez pas. J'ose espérer que vous trouverez votre homme rapidement pour que nous n'ayons plus à craindre la présence de ce criminel en ces lieux..."
Elle se remit en marche en direction de la tour, et ils franchirent bientôt les murs, sans que les gardes fassent rien pour les arrêter. Ils la saluèrent au contraire, et lui indiquèrent prestement l'endroit où se trouvait le capitaine de sa garde. Elle y conduisit le tairen et expliqua rapidement au soldat qu'elle venait de l'engager. L'homme hocha la tête, habitué aux bizarreries de sa Dame. Ismène se tourna alors vers Durnik et le salua d'un bref signe de tête :
"A bientôt, soldat, et que le Grand Seigneur vous guide."
Faisant demi-tour, elle s'en fut à pas vifs. Il lui fallait se hâter désormais de rejoindre Bleuenn.
Quelques jours après l'insurrection, Berislav fit parvenir un message à Durnik par l'intermédiaire d'un serviteur, lui signifiant qu'il l'attendrait sur les quais au niveau du pont Ouest pour un entretien. La Tour devenait invivable désormais, et il avait espéré pouvoir partir bientôt maintenant qu'il était découvert, mais le Grand Seigneur en avait décidé autrement.
Fixant depuis les berges l'imposante silhouette du mont solitaire jadis nommé en l'honneur du Dragon, Berislav fronça les sourcils, ne pouvant cacher sa contrariété et son agacement. Cette montagne lui rappelait des mauvais souvenirs, et comme par réflexe, il effleura brièvement sa main intacte jadis mutilée par le fameux 'Dragon', puis se ravisa. Un bruit de pas l'avait alerté.
Il se retourna donc pour guetter l'arrivée de Durnik, son visage féminin affichant une expression aussi neutre que possible. Ses cheveux blancs rassemblés en tresse, il avait revêtu par habitude une tunique et un pantalon d'homme, et c'est de sa voix grave qu'il salua brièvement le tairien :
Durnik s'approcha de Berislav, et remarqua qu'il ou elle, il ne savait pas encore vraiment, portait une tresse mais des vetements d'homme. Il s'inclinat en approchant et repondit à sa question.
"Boujour, Sedai" dit il d'un ton entendu, toujours incertain sur la façon de l'appeler, "en effet, j'ai eu tout le loisir de me reposer. J'ai encore de légères cicatrices et quelques courbatures qui persistent, mais je me sent bien mieux. Comment allez-vous? Avez vous pu reprendre des forces?"
Il se sentait toujours géné de parler à un Elu, surtout un avec une telle réputation. Ce n'était certes pas le plus cruel de ceux mentionnés dans les Legendes, mais cependant il était bien placé dans le classement.
"Merci d'avoir accepté de venir me rencontrer. Bel endroit d'ailleur. Les remoux du fleuve bercent les oreilles et les nuages affrontant le Mont sont un panorama assez spectaculaire pour un non-initiés des beautés du Nord. Nous n'avons pas ce genre de chose à Tear."
Il hésita avant de demander le conseil spécial dont il avait besoin. Il prit finalement son courage à deux main.
"Aes Sedai, j'ai rencontré quelques fois des gens des Marches. Ils ont un adage séculaire qui dit "La Mort est plus légère qu'une plume, le Devoir, plus lourd qu'une montagne". J'ai moi même un devoir à accomplir envers moi-même et les hauts Seigneurs de Tear. Devoir pour lequel je suis prêt à tout, et je pense que vous le savez bien . Demiandre canalise, c'est un fait. il a eu plusieurs mois d'entrainement, et je pense que même seul dans la nature, il doit encore être en train d'apprendre, même si je ne sais pas si c'est faisable, autant prendre en compte le pire. Ce que je veux dire, c'est qu'il ne m'est maintenant plus possible de l'arreter seul, ou alors avec beaucoup de chance. Le seul moyen qu'il me reste pour mener ma mission à bien sans aide est de moi-même apprendre à canaliser. C'est pour cela que j'ai besoin de vos conseil. Pensez-vous qu'il faut que j'apprenne à utiliser le Pouvoir Unique, et si oui, pouvez-vous me tester pour savoir si j'ai la capacité d'apprendre?"
Berislav tiqua un peu au titre d'Aes Sedai mais ne réagit pas immédiatement. Il détestait certes le surnom qu'on lui donnait dans les légendes, mais être assimilé à ces empotés dans leur Tour était pire que tout. Il hocha néanmoins la tête avec un léger sourire peut-être satisfait comme Durnik disait être rétabli, et répondit avec calme :
"Je vais aussi bien que possible, merci." Il repensa brièvement à sa rencontre dans le TaR avec le Grand Seigneur, et sa main eut une crispation nerveuse, puis il se ressaisit et reprit d'une voix tranquille : "Appelle-moi Niedjan, c'est mon véritable nom. Je n'ai rien à voir avec les Aes Sedai."
Il se mit à marcher à pas lents le long de la berge, faisant signe à Durnik de l'accompagner, et eut une sorte de rire de gorge en l'entendant évoquer la beauté du paysage.
"Sans doute... moi je ne supporte pas cette montagne, elle me rappelle une personne détestable... il y a longtemps. Je me demande pourquoi nous ne l'avons pas détruite... enfin, qu'importe, je t'écoute."
Durnik hésita puis se lança finalement dans de brèves explications tandis qu'ils marchaient sur les quais, et tout en l'écoutant, l'Elu se mit à fixer les remous du fleuve. Il songea distraitement que la situation était bien étrange. Qu'un humain lui parle de cette façon, 'ose' lui demander de l'aide ça paraissait tellement aberrant depuis le temps... Ce genre de lubie n'échapperait probablement pas à ses pairs, mais qu'importe. Il eut un sourire un peu agacé, qui se changea en un léger amusement quand Durnik eut fini son discours.
"Oh, je vois... je comprends. Si tu veux le rattraper toi-même il me semble nécessaire que tu saches canaliser en effet... mais aussi que tu sois plus fort que lui. Je ne sais pas ce qu'il a eu le temps d'apprendre mais le saidin est assez... intuitif. Il finira par deviner de lui-même beaucoup de choses et s'il ne se contrôle pas il pourrait être encore plus dangereux, même pour une dizaine de gardes tairiens. Les Aes Sedai finiraient aussi probablement par s'en mêler et ce n'est pas ce que tu veux n'est-ce pas ?" Il sourit. "Je vais te tester, mais je ne garantis rien... Le Don de canaliser reste malgré tout rare."
Il s'arrêta, et se plaçant face à Durnik de façon à ne pas être vu, tendit sa paume ouverte devant lui et y fit apparaître une petite flamme, qui frémit sous la brise légère.
"Fixe la flamme, concentre-toi jusqu'à ce qu'il n'existe plus rien d'autre qu'elle, puis dis-moi si tu ressens quelque chose, n'importe quoi. Ca peut-être un peu long avant d'atteindre le bon état d'esprit."
Durnik vit un leger geste de Berislav tandis qu'il disait qu'il allait bien. Il trouvat cela étrange, comme un signe que donnait son corps pour contredire ses paroles. Il ne comprit pas non plus ce que disait Berislav à propos de la Montagne, mais une pointe de colère pointait dans sa voix. Quelle était cette personne dont il parlait?
Il ne savait pas quelle était l'occurence du Pouvoir, mais il esperait être une des personnes pouvant apprendre. Il n'aimerait certainement pas ce qu'il deviendrait alors, mais il fera tout ce qu'il faut pour arreter Demiandre.
Il ecouta ce que dit Berislav te fixa la flamme qui apparut dans la main. Il fut un eu impressioné. Il avait rarement vu le Pouvoir être executé autour de lui à Tear, et la première fois qu'il avait vraiment vu le Pouvoir être vraiment utilisé fut il y a quelque jours, pendant l'attaque de la Tour. Et à ce moment là, il était bien trop occupé pour vraiment comprendre. Mais il avait là une flamme faite du saidin, aussi réèlle qu'une bougie. Il était attiré par la flamme. Elle l'obseda. Il continuait à la fixer.
"Je ne sens pas grand chose, B... Niedjan. Juste un petit picotement..."
Il se concentra encore et encore, et il n'y avait plus que la flamme dans son esprit. Il sentit alors au bout de plusieurs longues minutes quelque chose... une sensation bizarre, très faible, à la place du picotement. Il n'arrivait pas vraiment à dire ce que c'était.
"Je... Je ne pense pas que cela marche... J'ai simplement une impression étrange..."
C'était plutôt long de tester quelqu'un, mais plusieurs siècles d'existence rendent patient, et attendant sans un mot, Berislav se contenta de fixer le visage du tairien et de guetter la moindre réaction. Ses traits étaient parfois un peu agités, comme s'il n'était pas encore assez concentré, et lorsqu'il parla la première fois, l'Elu ne répondit pas, jusqu'à ce qu'il fixe à nouveau toute son attention sur la flamme. Un picotement hein... une impression bizarre ? Berislav haussa les sourcils, et soudain un sourire étira ses lèvres blêmes. Sans un mot, il attira davantage de pouvoir à lui, sans que la flamme en soit modifiée.
"Reste concentré... encore un peu. Fais le vide total dans ton esprit et fixe encore la flamme."
Si ses suppositions étaient justes, Durnik devaient déjà percevoir en partie son aura, et le Pouvoir n'allait certainement pas tarder à affluer brusquement...
Durnik suivit les instructions de Niedjan et se concentra de plus belle. Il sentit un changement dans la flamme. Elle ne grossit pas ni ne devint plus intense, mais il lui semble... qu'elle était plus.... Il ne trouvait pas les mots juste. Elle était intrinsèquement plus vive, se surprit il à penser.
La sensation étrange qu'il ressentait allait croissante, comme la peur qui se dévoile peu à peu que l'inconnu nous gagne, ou comme le bruit d'une auberge alors qu'on tourne au coin de la rue. Oui, un bruit. Cette sensation pulsait un peu comme la résonnance d'un son contre les parois d'un mur de pierre, que l'on ressent dans les pieds et qui remonte jusqu'aux tympans. Mais cette sensation venait de derrière son champs de vision. Plus il fixait la flamme, plus la résonnance s'accentuait, devenu de simple flûte à cistre, jusqu'a devenir fanfare lointaine mais s'approchant à grand pas. Une lumière pointait à l'orée de son champs de vision, et tendit vers elle, tellement rayonante, et semblant si confortable...
Un rugissement incroyable de chaleur et de glace le surprit, une tempête effroyable qu'il combattit pour ne pas être engloutit.
Qu'est ce qu'est cette abomination! C'est un piège!! Mais alors qu'il pensait cela, il lui semblait que ses sens étaient plus aiguisés. Il voyait mieu les détails le long du fleuve en bas des remparts, il sentit une brise plus fraiche lui caresser le visage. Même la flamme dans la paume de Niedjan l'aveuglait presque par son rayonnement.
Berislav ressentit presque la peur qui s'empara du tairien à l'instant même où le Saidin l'envahit. Bien naturelle, certainement, mais cela faisait si longtemps, plusieurs millénaires, qu'il avait appris à canaliser qu'il se sentit curieusement étranger à ce sentiment de découverte, et se contenta d'un léger sourire. Puis la flamme disparut et il abaissa sa main, sourcils froncés comme s'il cherchait à se concentrer :
"Essaie de le maîtriser puis relâche-le lentement... Ne tente pas d'en attirer plus à toi pour le moment."
Il n'était certainement pas loin de sa limite mais l'Elu doutait qu'il ait atteint son maximum, et sa capacité de canalisation grandirait sans doute dès qu'il aurait davantage d'expérience. Néanmoins, évaluant d'instinct son potentiel approximatif, Berislav constata qu'il était plutôt fort, sans doute même aussi fort que lui qui était le plus faible de tous les Elus en matière de puissance brute. Cette pensée l'agaça brièvement, puis il se reprit et eut un nouveau sourire :
"Félicitations, tu peux canaliser. Maintenant reste la question de ton instruction, car les Aes Sedai forment d'autres Aes Sedai, et pas des canalisateurs libres de courir après tous les criminels qu'ils veulent. Cela dit je pense que ça me plairait beaucoup de t'enseigner moi-même les bases tant que je suis à la Tour, je n'ai jamais eu l'occasion d'avoir d'élèves..."
A part un prétendu Dragon psychopathe et ses sbires, évidemment.
Alors qu'il etait saisi d'une sorte d'effroi, Durnik vit sur le visage de son interlocuteur un leger sourire qui le rassura quelque peu. Il fut frappe de stupeur en comprenant quelle etait la nature exacte du saidin. Une force implacable qui lui semblait etre capable de renverser la montagne en face de lui. Il ecouta Niedjan lui dire de relacher la source, ce qu'il s'efforca de faire tant bien que mal. Autant la lutte pour sa maitrise lui en donnait l'envie, que la pur joie qui en decoulait lui donnait envie de garder en soi ce Pouvoir incroyable. La peur d'en attirer trop lui fit compendre qu'il serait dangereux d'en faire trop des le depart. Il etait capable de canaliser. Est ce que cela sera pour le mieux, il l'espera.
La proposition de Niedjan le fit fremir : etre instruit par un Elu! Un honneur que peu de gens ai du connaitre...
"Avec plaisir, Niedjan Sedai", dit il simplement a defaut de connaitre le titre honnorifique requis pour un Elu. Il posa un genoux en terre, comme face a l'Amyrlin, la main posee sur le pommeau ee son epee et l'autre fermee sur le sol. Il dit distinctement mais pas assez fort pour etre entendu a plus de quelques pas : "Par la volonte supreme du Grand Seigneur et mon espoir d'immortalite sous son regne, je jure de suivre votre enseignement avec toute l'ardeur et l'obeissance que vos requererez de moi jusqu'a ce que vous quittiez la Tour"
Il prefera laisser une marge temporelle. Apres tout, malgre toute l'aide qu'il lui avait apporte et la relative confiance qu'il avait en lui, on ne sait jamais de quoi seraient capables les Elus pour les Desseins du Grand Seigneur.
"Quand puis je commencer, Maitre?" Dit il dans l'anticipation de sa prochaine rencontre avec Demiandre, un sourire carnassier sur son visage, un feu brulant dans ses yeux vifs...
Berislav observa les difficultés du tairien pour relâcher le saidin avec une étrange curiosité. Durnik comprendrait bien vite les risques que présentait l'usage du pouvoir unique, s'il ne les avait pas déjà compris grâce à ce bref aperçu. Il parut prudent néanmoins, et suivit son conseil. l'Elu relâcha à son tour le saidin, jugeant qu'il n'y avait plus de danger pour le moment, et remarqua avec plaisir que sa proposition avait provoqué un certain émoi. Le "Niedjan sedai" en revanche lui arracha une mine déconfite sans doute exagérée, qui se mua bien vite en sourire lorsque le tairien lui jura allégeance. Si ce n'était que son attitude n'était pas franchement discrète, et que les marins du port s'étaient retournés, se demandant sans doute qui était ce jeune homme en blanc qui méritait autant d'honneurs que l'Amyrlin. N'ayant plus l'habitude d'être au centre de l'attention, Berislav reprit d'une voix aux intonations vaguement ironiques :
"Commence par te relever, et par surtout ne plus jamais m'appeler 'sedai'. La plupart d'entre eux ne sont que des imbéciles sans talent et arrogants et je ne tiens pas à être associé à eux." Puis il sourit tout aussi brusquement. "Nous pouvons commencer dès que tu le souhaites. Je ne devrais pas quitter la Tour de sitôt mais autant ne pas perdre de temps."
Et puis il fallait avouer que l'idée lui semblait divertissante, et qu'il était presque impatient de commencer, pour des raisons certes bien différentes de celles de Durnik. N'avait-il pas passé sa longue vie à affiner sa maîtrise du pouvoir unique ?
Durnik ecouta la remntranve de Niedjan sur le 'sedai', puis sourit apres avoir entendu qu'il pourrait commencer rapidement. "Je suppose qu'il ne faudrait pas que je sois entraine a Tar Valon meme. Cela serait trop risque, non? Il faudrait un lieu discret, peu susceptible d'etre frequente par des canalisateurs males, je suppose.
Durnik remarqua alors qu'il etait impatient d'apprendre. Lui qui redoutait les canalisateurs il y a quelques mois, il allait en devenir un lui meme et il avait hate...
"Eh bien oui, j'ai déjà ma petite idée sur la question à vrai dire, Cairhien me semble une assez bonne idée, quoi que j'aie un peu peur des dégâts que tu pourrais faire chez moi en t'entraînant. A moins que tu n'en ais une autre ?"
Il était de notoriété publique que Berislav résidait non loin de Cairhien la majorité du temps, et qu'il ne sortait presque jamais de chez lui. Un petit Voyage et le tour serait joué, au moins là-bas ils ne risquaient pas de tomber sur un aes sedai par hasard. Après une brève réflexion, l'Elu eut un sourire enthousiaste, comme s'il s'amusait beaucoup.
"Que dirais-tu de me rejoindre en fin d'après-midi ? Nous pourrons alors commencer, j'ai malgré tout certaines... affaires à régler la journée."
"Je ne sais pas trop. Plusieurs endroits me viennent a l'esprit. Notamment dans des recoins isoles de la region de Tear. Il y a des lieux plaisants, assez spacieux et discrets, avec des environnements varies. Je ne sais pas trop ce que je peux apprendre du Pouvoir, car je n'y connait guere que le nom. Je prefere donc vous laisser le choix. So vous avez des affaires a regler, je n'ai qu'a attendre jusqu'a ce que l'on se rejoigne. Je n'ai pas a questionner ni a ordonner mon maitre."
Sur quoi il inclina legereme la tete en signe de deference non pas par obsequisite mais par reel respect.
"Vos paroles ont force de loi et vos desirs sont des ordres, votre homme jusqu'a la Mort et meme au dela grace au Grand Seigneur."
"Tear, hein ? Pourquoi pas, ça fait bien longtemps que je n'y suis pas allé... mais pour commencer Cairhien ira bien, je pense." Encore un peu tôt pour s'amuser à faire exploser des montagnes ou déraciner des arbres, pour l'instant, pas besoin de matériel !
Niedjan eut un sourire assez peu à propos, puis eut un haussement de sourcil devant la soudaine déférence de Durnik. Pas qu'il n'y soit pas habitué, mais il fallait avouer que la tairien avait un certain talent pour les grandes déclarations formelles à des moments inattendus, et qu'en plus, il semblait plus sincère que mort de peur, contrairement aux autres. L'Elu eut un sourire indéchiffrable, puis recula d'un pas en direction de la Tour.
"Je ne l'oublierai pas", dit-il simplement d'une voix qui pour une fois paraissait sérieuse. "Retrouve-moi d'ici trois heures devant mes appartements à la Tour, nous commencerons à ce moment-là."
Il ne tarda pas à s'éloigner d'un pas vif.
Durnik fut surpris par le ton employe par Niedjan. Brusque et serieux. Il le vit se retourner apres avoir prevu une rencontre plus tard dans la journee. Il s'en alla aussi, dans une autre direction, et se rendit chez un couturier pour se faire faire des habits plus discret pour un sejour a Cairhien. Il demanda des tuniques simples mais bien coupe, une en laine, l'autre en soie gris foncee pour les occasions speciale, avec des legeres broderies sur les poignets. Il fit aussi plusieurs chemises en soie blanche, ainsi qu'une veste vert foncee avec de legers fils tisses couleur bronze. Il avait du payer plus cher pour obtenir des vetements rapidement. Il se rendit ensuite chez le cordonnier pour obtenir de nouvelles bottes. Il venait justement de terminer une commande depuis annulee.
Durnik prit ensuite la direction de la Tour. Il avait un peu d'avance au vue du soleil. Il attendit donc devant les appartement, un balot sur l'epaule. Il toqua a la porte quand il estima que trois heures avaient passees. Il se.souvins soudain qu'il lui avait demande d'attendre, mais trop tard, car deja de l'autre cote Niedjan ouvrit la porte. Il espera qu'il n'attendais pas quelqu'un d'autre au meme moment il vit le sourire tous le temps accroche aux levres de Niedjan s'effacer brievement. Il fut pris au depourvu et ne sut pas quoi dire. Le regard interrogateur et legerement irrite, il se hata de dire quelque chose :
"E... Excusez moi Niedjan, j'espere ne pas vous avoir derange. J'avoue avoir oublie vos instructions et ne pas avoir attendu." Il vit alors assit dans le profond fauteil une personne sirotant un the, l'air aux aguets de la moindre bribe d'information.
"... J'avais trouvé un interlocuteur de choix pour cette affaire mais il semblerait qu'il ne soit finalement pas particulièrement efficace. Il faudra que je retourne avoir une petite conversation avec lui, car je n..."
On frappa à la porte, et par réflexe, presque sans réfléchir, Niedjan ouvrit d'un mouvement plutôt brusque, sans doute prêt à réprimander un serviteur malvenu, puis se figea un court instant et s'interrompit net. Durnik ! Cela faisait déjà trois heures ? Il n'aurait pas pu tomber plus mal... Pris au dépourvu, l'Elu chercha à se rattraper et à répondre aussi brièvement que possible, mais l'autre le devança d'un léger rire sarcastique.
"Niedjan ?" fit l'homme vêtu de noir avec un drôle de sourire. "Tu utilises encore ce vieux nom, Berislav ? Tu as décidément des lubies étranges..."
"Il me plait de l'entendre une fois par millénaire," coupa Niedjan d'un ton sec malgré son sourire retrouvé. Puis il se tourna vers Durnik et dit simplement : "J'en ai pour un instant."
C'était la manière la plus polie qu'il avait trouvé pour lui demander de sortir sans se compromettre devant son visiteur, et il referma la porte sans un mot de plus, secouant la tête. Quelle idiotie de se soucier de politesse vis-à-vis d'un simple humain...
Toujours est-il qu'il n'en eut effectivement que pour un instant, et quand la porte se rouvrit, l'homme avait disparu et il ne restait qu'une tasse vide devant le fauteuil qu'il occupait. Un nouveau sourire plaqué sur son visage de femme, Niedjan lâcha d'un ton léger :
"Tu ne manques pas de ponctualité." Sa voix était un peu trop calme. "Et tu es prêt à ce que je vois."
Durnik eut l'air penaud en voyant la porte se rouvrir sur un Niedjan assez embarasse. La conversation entre les deux personnes lui sembla tres etrange. L'homme savait en effet les vrais nom derriere 'Dame Ismene', et Niedjan lui avait appris qui il etait vraiment. Celui ci utilisait un ton emprunt de peu de respect. Il decida cependanr de ne pas se meler aux affaires de son Maitre. Il repondit donc directement a sa question :
"En effet, j'ai prefere m'equiper maintenant qu'a destination. On est jamais trop prudent."
S'il fut soulagé que Durnik ne pose pas de question, l'Elu n'en montra rien mais reprit bien vite son attitude habituelle, comme si rien ne s'était passé, et eut un sourire on ne peut plus normal et peut-être amusé en écoutant le soldat.
"Prudence excessive, je pense que nous allons de toute manière faire de nombreux allers-retours pour ne pas attirer l'attention et que je continue à gérer mes affaires ici. Et nous n'allons pas vraiment camper..."
L'air parut se déformer, et une ligne apparut qui pivota jusqu'à dévoiler un large portail qui donnait sur une vaste pièce au sol en marbre. Une vaste collection d'instruments de musique était alignée le long des murs, et meubles et tentures étaient richement décorés.
"J'espère qu'il n'y avait personne", songea tardivement Berislav (à moins que ce ne soit de l'humour...), puis il fit un geste à Durnik et lâcha avec une pointe d'ironie : "Après toi."
Durnik regarda d'un air ebahi le Portail s'ouvrir devant ses yeux, et le salon des appartements de Niedjan disparaître partiellement, remplacé par une vaste salle rempli d'objet hétéroclites, pièce ornées de meubles couteux et de belles tentures. il n'était pas tellement rassuré de passer en premier par ce Portail, n'ayant jamais rien vu de tel. Il prit cependant son courage à deux mains, et fit plusieurs dixaines de lieux en un seul pas. Il vit par les fenetres un paysage totalement différent de clui visible auparavant. Il fit le tour de lui même pour observer la pièce, et posa son regard sur Niedjan qui passait lui aussi par le Portail. Ce dernier se replia sur lui même en une simple ligne brillant avant de disparaitre.
"Serait-je moi aussi capable de ce genre de choses, Niedjan?"
Niedjan franchit le portail et relâcha le saidin, observant lui aussi la pièce avec un air de 'on est quand même mieux chez soi'. Au loin par la fenêtre, on pouvait distinguer les tours de la ville de Cairhien qui s'étendait tout près d'ici. Il sourit à la question de Durnik, et répondit en se laissant tomber dans un large fauteuil, après en avoir retiré une sorte de vièle :
"Eh bien oui, mais pas tout de suite cependant, créer un portail n'est pas ce qu'il y a de plus simple pour commencer. Cependant tous les canalisateurs ne peuvent pas tout faire, cela dépend de leurs compétences dans les différents éléments : l'Air, le Feu, l'Eau, la Terre et l'Esprit. Un canalisateur aura toujours des faiblesses dans certains de ces éléments et sera plus fort dans d'autres, en général la Terre et le Feu, mais ce n'est pas une règle générale... "
Il marqua une courte pause, le temps d'indiquer à Durnik un second fauteuil, puis interrogea :
"Que sais-tu de la théorie du pouvoir unique, à part ce que je viens de dire ?"
"Mes connaissances dans ce domaine se résument à deux mots : saidin et saidar. Je n'ai jamais vraiment compris ce qu'était le Pouvoir jusqu'à aujourd'hui à part que la source était differente pour les hommes et les femmes-, et je me rend compte que j'en sais encore moins que ce que je pensais. Je croyais qu'il suffisait de penser à quelque chose et puis cela se produisait. Ou je ne sais quoi."
Durnik avait écouté avec attention le premier cours théorique sur le Pouvoir Unique.
"Comment determiner les forces et faiblesses dans le Pouvoir?
Berislav eut un léger sourire aux paroles du soldat.
« Non hélas, c'est loin d'être aussi simple, sinon les Aes Sedai ne passeraient pas tant d'années à l'étudier. À mon époque nous avions même de grands centres de recherches sur le pouvoir unique, c'était... brillant. En fait ça ressemblerait plus à une sorte de tissage... C'est en combinant les différents flux de saidin que tu obtiens le résultat voulu... Quant à tes forces et faiblesses, tu les découvriras au fur et à mesure en essayant de canaliser, mais pour l'instant j'aimerais que tu essaies à nouveau de te saisir du Saidin. Tu devrais y arriver en essayant de visualiser la flamme de tout à l'heure et de faire le vide dans ton esprit. »
Le coeur de Durnik battait la chamade, et il courrait dans les rues, s'arretant quelques fois pour regarder derriere lui et s'assurer que personne ne le suivait. Il sentait des regards curieux de passants et autres personnes vaquant a leurs affaires, qui se demandaient s'il n'etait pas fou. Durnik passa dans une boutique d'un tailleur pour trouver un deguisement. Le temps ne passait pas assez vite. Il lui fallait brouiller les pistes. Il ne prit meme pas le temps de marchander avec la cutriere, ce qui l'agaca. Il y a des petits plaisirs que certains artisan cherissent, et parmi ceux ci negocier avec le client. Il pensait cela alors qu'elle lui apporta une tunique noire cintree a col assez haut. Il mit avec cela une cape longue gris claire et un chapeau bizeaute.
Il sortit de la boutique et se mis dans un coin a l'abri des regards. Il verifia que personne n'arriverait dans les prochaines secondes.
[d10]
Il voulut essayer de bruler les vetements mais il ne parvint pas a saisir la Source dans son inquietude. Il trouva un lien avec lequel il noua les vetements, une pierre au milieu pour lester le balluchon, et le jeta dans le fleuve. Il prit ensuite une direction au hasard et fit des tours et detours avant de se rendre aux abords de la Tour. Certains pan de l'edifice etaient encore veant, mais d'autres etaient pleins de macons en train de reparer les dommages de la Bataille.
Il s'engagea par la porte et deambula dans les jardins avant de finamement penetrer dans la Tour elle meme. Pourvu que Niedjan ai fini son entretien. Sinon, il allait encore le deranger...
Après que Durnik ait franchi le portail, l'Elu au visage de femme passa encore un instant seul le temps de retrouver totalement son calme et sa maîtrise de soi. Mais pour lui un Elu, chaque visite du Grand Seigneur était extrêmement éprouvante, et s'il voulait espérer défendre ses intérêts, mieux valait ne pas partir avec une faiblesse. Puis s'estimant prêt, il voyagea et se retrouva dans un couloir éclairé de nombreux chandeliers. Une profonde inspiration...
*
Niedjan rejoignit ses appartements et s'effondra mollement dans un canapé, les yeux clos. Son visage était tendu par la concentration, pourtant un léger sourire satisfait étira ses lèvres sitôt que le portail se fût refermé. Comme toujours lorsqu'il se rendait chez le grand seigneur, ce dernier ne supportant pas qu'il... qu'elle se travestisse en homme, elle avait libéré sa chevelure et revêtu une robe blanche aux fines broderies d'argent qui la faisait se sentir particulièrement énervée en temps normal, mais il était cette fois-ci trop occupé à réfléchir pour songer à se changer avant l'arrivée de Durnik. De plus l'entrevue l'avait éprouvé mentalement, même s'il avait obtenu ce qu'il souhaitait... la reconnaissance de son maître pour sa découverte, et l'autorisation de garder le tairen auprès de lui pour en faire son disciple et recueillir ses prophéties. Peut-être même avait-il désormais l'avantage sur les autres Elus... pour un bref moment du moins, mais ceux-ci ne tarderaient pas à réagir... Il faudrait être prudent...
Niedjan haussa un sourcil quand il entendit frapper à la porte, et regarda l'horloge au mur... il était un peu tôt pour que ce fût Durnik... un messager ? Il soupira et éleva une voix un peu lasse :
Durnik ouvrit la porte des appartements de son maitre alors meme qu'il repondait aux coups qu'il avait frappes aux lourds panneaux de chene graves de delicates figures. Il vrederma vivement la porte derriere lui des qu'il eu penetre le salon aux decorations toujours un peu surchargees. Il observa le salon alors qu'il se tournait pour la fermer, et fut plus que soulage de ne pas avoir deranger Niedjan. Ceci autant que son inquietude le firent s'appuyer contre la porte, souffler un bon coup.
"J'ai un probleme. J'ai subi une embuscade il y a a peine quelques heures. Plutot fort, suffisamment armes pour m'etre dangereux, mais manquant un peu d'organisation. Il fallait absolument que je me mette a l'abri, et rien d'autre ne m'est venu a l'esprit. Veuillez m'excuser..."
Alors meme qu'il prit la parole, il regarda vraiment son interlocuteur et fut etonne de voir qu'il, ou elle, il ne savait vraiment plus maintenant, portait ses cheveux detaches pendant negligeament dans son dos, mais le plus etonnant fut la robe. Et la grimace de Niedjan qui completait le tableau lui fit comprendre qu'il etait plus ou moins de mauvaise humeur.
"Je ne sais pas qui en a apres moi, mais si je n'ai pas ete attaque avant, c'est qu'il y a une raison. Mon retour en ville n'etait pas prevu, donc ils attendaient peut etre depuis quelques temps deja. Et en plus de ca, impossible de faire appel a la Source, ni pendant ni apres... que puis-je faire?"
Niedjan afficha une mine vaguement interloquée quand le tairen s'adossa contre la porte et poussa un profond soupir... on aurait cru qu'il venait de traverser tout Tar Valon en courant, pourtant il était loin d'être en retard. Mais les explications ne tardèrent pas, et l'Elu se redressa sensiblement dans son fauteuil, surpris. Ses sourcils se froncèrent. Se pouvait-il que ce soit... non, si cela avait été ses pairs, ils auraient envoyé un homme gris ou un assassin compétent et Durnik ne serait plus là pour lui en parler... de plus ils ne pouvaient pas être déjà au courant. Réfléchissant rapidement, il sentit pourtant le regard stupéfait du soldat sur lui et sa... tenue, et dans un pic d'énervement, se leva brusquement pour se poster à la fenêtre, lui tournant le dos. Une main crispée sur la soie de sa jupe, la jeune femme répondit pourtant d'une voix calme et posée :
"Tu as bien fait... Etrange... peut-être que ce ne sont que des voleurs, après tout, si cela avait été mes pairs ou quelqu'un de haut placé tu serais déjà au fond du port, et je ne crois pas que Demiandre soit assez riche pour engager des assassins, non ? Tu étais sans doute simplement trop nerveux pour réussir à faire le vide et à te saisir de la source... "
S'accoudant à la fenêtre, l'Elu tourna la tête et le fixa un bref instant par-dessus son épaule :
"Mieux vaut ne pas prendre de risque de toute façon... tant que tu ne seras pas plus avancé dans la maîtrise du pouvoir, il serait peut-être plus prudent que tu restes chez moi à Cairhien, qu'en dis-tu ?" Ce n'était pas vraiment une question. "Quoiqu'il en soit j'ai quant à moi de bonnes nouvelles... le Grand Seigneur a été très satisfait par la découverte de ton... don, cela va de soi. Et il m'a permis de poursuivre en personne ton enseignement. Pas de changement majeur donc, et tu devrais pouvoir continuer tes recherches en parallèle de ton apprentissage, si tu le souhaites..."
Quant à lui il faudrait qu'il se penche un peu sur l'interprétation de ces fameuses prophéties...
Durnik se calma peu à peu tandis que Niedjan appaisait ses craintes.
Ce n'était donc pas un des Elus. Et Niedjan semble ne pas avoir interêt à m'éliminer. J'ai désormais trop de valeur à ses yeux.
durnik était nonobstant (j'avais envie de le caser, ce mot ) soulagé de pouvoir continuer à apprendre le Pouvoir Unique avec Niedjan. Les connaissances des Elus étant bien plus importantes que celles des Aes Sedai de cettee Ere là.
"Je serai ravie de rester caché dans votre demeure à Cairhien. Mieux vaut ne pas se mettre en danger inutilement. Si on en veux à ma peau, c'est la meilleure solution.
"Bien, c'est certainement le mieux en effet. Je doute que qui que ce soit oserait s'infiltrer chez moi."
Et puis surtout ça l'arrangeait. Tant que Durnik serait sous son toit, il aurait un relatif contrôle sur ses mouvements, et ne risquerait pas de se faire devancer par qui que ce soit. Chassant ses réflexions d'un geste flou de la main, Berislav tissa un portail qui s'ouvrit sur la salle où il avait précédemment donné sa première leçon.
"A toi l'honneur. J'ai un dernier détail à régler puis je te rejoins."
Depuis qu'une des embuscades menée par Keiran et quelques uns de ses compagnons, avait plus ou moins mal tourné, chacun s'était dispersé le temps que les eaux se calment, sans pour autant perdre de vue leur but premier : exécuter les séides du Ténébreux qui leur avaient échappé. Évidemment, les attaques qu'ils menaient étaient extrêmement ponctuelles et discrètes afin de ne pas trop attirer l'attention sur eux, mais chacun savait qu'aucune cible ne pouvait être laissée en vie sous peine de voir leur propre vie mise en danger. La chasse s'était donc organisée, dans la plus grande discrétion.
La piste que suivait Keiran l'avait menée jusqu'à Tar Valon où elle avait déjà séjournée, mais pas assez pour qu'on se souvienne d'elle, du moins elle l'espérait. D'ailleurs, lors de ses nombreux déplacements, elle avait toujours pris garde de dissimuler sa véritable identité et ses traits, autant que possible. Non pas qu'elle était maître dans l'art du déguisement, mais bon, autant être prudente quand il le fallait. Surtout si sa cible déambulait librement dans la ville. Keiran doutait fortement de toute façon que cela soit nécessaire cette fois, car elle n'avait pas été repérée durant l'attaque et qu'elle n'aurait pas été reconnaissable.
Pour éviter d'attirer les regards sur une femme seule, car il était évident pour elle qu'on ne la prendrait jamais pour une Aes Sedai,même si pour une fois, elle avait troqué ses vêtements habituels pour une robe de couleur vert clair, elle avait été accompagnée jusque là par un ami et compagnon d'armes du nom de Meryl. Celui-ci était parti à la recherche d'une chambre dans une auberge, où ils auraient pu séjourné, pendant qu'elle en profitait pour marcher dans les rue de la ville, tout en observant attentivement, mais avec discrétion les gens et les lieux. Cela leur permettrait au moins d'avoir une idée des choses ici, ça pouvait toujours servir.
Ils avaient prévu de rester sur place plusieurs jours, dans l'espoir que leur mission ne soit pas vaine.
"Nous finirons par la retrouver", se dit-elle pour elle-même, tout en marchant tranquillement.
Depuis l'attaque de la Tour par un groupuscule associé à l'Ajah Bleue, Tar Valon était en émoi. La garde avait été renforcée, et les Soeurs Rouges étaient fort occupées à traquer les Amis du Créateur qui avaient participé à l'attaque. Lhaër n'avait pas manqué de... volontaires pour exercer ses talents scientifiques, et il semblait qu'elle avait encore fait de nouvelles découvertes qui feraient la fierté de l'ajah jaune. Dans un coin de son esprit, Airin la sentait, fort affairée, dans son laboratoire, concentrée et exaltée à la fois. Mais lui n'avait pas grand-chose à faire, pour l'heure, même si en l'absence de l'un des deux maîtres d'armes, Owyn Gaidin, il lui arrivait de participer à l'entraînement des recrues. Il s'était donc rendu près du fleuve, et longeait à présent les quais, pour regarder cette eau douce et à peine agitée de vagues remous qui lui semblait bien fade et pitoyable à côté de la mer sur laquelle il était né. Une seconde, il se surprit à regarder les tatouages colorées de l'Atha'an Miere qui recouvraient ses mains, mais des clameurs attirèrent son attention et il se retourna.
Un combat avait éclaté entre deux hommes à quelques mètres d'ici, probablement un marchand et un voleur, et l'un d'entre eux venait de tirer une dague, preuve, s'il en fallait, que l'atmosphère générale de la ville ces derniers temps rendait les gens... irritables. Il ne bougea pas pourtant, et se contenta d'observer froidement la scène. Si cela dégénérait un peu trop, les gardes interviendraient, et au pire, cela ne ferait qu'un imbécile de moins. Ou deux. Mais du coin de l'œil, il prit quand même le temps d'observer les environs, pour tenter de repérer des individus potentiellement suspects. Parfois, ce genre d'éclats servaient à couvrir des agissements bien plus graves d'amis du Créateurs qui profitaient de l'inattention des gardes pour œuvrer en toute impunité. Mais son regard ne s'arrêta qu'un instant sur une femme seule, peut-être originaire des Marches, vêtue d'une robe vert clair et qui avançait d'un pas tranquille. Les autres étaient tous parfaitement banals.
Durant sa marche, elle avait pu entendre quelques bribes de conversations entre les habitants de Tar Valon. Pas assez pour en saisir toute la signification, mais au moins pour comprendre qu'un événement important avait touché la cité.
Keiran avait également remarqué que de nombreux gardes circulaient dans les rues par rapport à la dernière fois qu'elle était venue. Une raison en plus pour jouer dans la finesse, bien qu'elle se rendait compter de minute en minute que leur tâche n'était pas aisée. La ville grouillait d'amis du Ténébreux et d'Aes Sedai ayant prêté allégeance à l'Ombre, par dessus le marché. La jeune femme en venait à penser qu'ici, n'importe qui aurait pu devenir une cible potentielle. Elle chassa rapidement ces pensées de sa tête. La moindre pensée de travers pouvait parfois trahir le plus attentif des guerriers.
C'est alors que ses yeux bleus se posèrent sur une querelle, à la hauteur du fleuve, qu'elle jugea sans grande importance et intérêt. Elle se demandait pourquoi les gens mettaient plus de volonté à se chamailler et à se battre les uns contre les autres, plutôt que de mettre leur hargne au service d'une bonne cause, même si celle-ci s'apparentait aux légendes...
Quelle fierté pouvaient-ils tirer à vivre de la sorte?
Ceci-dit, elle pensait qu'il fallait saisir toutes les opportunités qui s'offraient à elle. Rien ne pourrait mettre à mal ses projets. Le climat de tension palpable, les gardes, les petites querelles, les gens, les lieux, elle analysait tout et en tirerait profit le moment venu. D'ailleurs, Keiran avait aperçu un homme qu'elle qualifia de Lige dans son esprit, vu l'aspect caractéristique de la cape qu'il portait. Et s'il était bien ce qu'elle pensait, il avait du la remarquer également.
Tout se bouscula rapidement dans sa tête, et un nouveau plan en jaillit.
Déterminée, elle se dirigea vers l'homme, qui au final n'était pas si éloigné d'elle sur les quais. Elle hésitait quant à la façon de l'aborder, mais dans le pire des cas, elle rebrousserait chemin.
Airin observa un moment la querelle et les environs, et comme il s'y attendait, quand le premier sang fut versé, des gardes commencèrent à arriver pour calmer le jeu. Il commença donc à se désintéresser de la foule, comme rien de particulier n'avait attiré son attention, mais alors qu'il s'apprêtait à se détourner pour regarder le fleuve, il remarqua que la jeune femme à la robe verte avait dévié de son chemin pour se diriger vers lui. Il interrompit son geste et fixa sur elle ses yeux noirs, pour la détailler rapidement comme elle approchait.
Pas très grande, un visage suave éclairé d'yeux bleu pâle, et un teint d'opale à l'opposé de sa peau sombre. Elle était très fine, presque délicate, mais l'atha'an miere remarqua presque aussitôt que sa démarche souple et assurée n'était pas celle d'une précieuse demoiselle. Intrigué, il n'en montra rien cependant, et s'écarta d'un pas du rebord des quais où il était accoudé pour la saluer d'une inclinaison de la tête. Il n'y avait que peu de monde près du fleuve et il était évident qu'elle se dirigeait droit vers lui, pour une raison ou une autre.
"Demoiselle. Puis-je vous aider ?"
Derrière, la clameur s'était tue. Il jeta un regard vers les étals des marchands et constata que les gardes avaient maîtrisé sans trop de difficulté les deux belligérants.
Un sourire s'élargit sur son visage alors qu'il lui adressait la parole. D'un signe de tête, Keiran lui rendit son salut et prit son ton le plus engageant pour lui répondre.
"Bonjour, maitre Lige. Je ne voulais pas vous importuner, mais j'ai reconnu votre cape, et arrivant à peine en ville, je m'y perds un peu. Toute cette cohue! J'ai entendu de vagues rumeurs, mais rien de bien concluant, je me disais donc..."
Le soleil réverbérant sur l'eau du fleuve, la jeune fille mit sa main en visière afin de regarder l'homme plus grand qu'elle, et reprit sa phrase. Elle sentait également que tout allait se jouer. Habituée au mensonge depuis sa plus tendre enfance, Keiran ne se faisait pas trop de soucis quant à être assez convaincante. De plus, elle savait qu'en temps normal, personne ne la prenait pour autre chose qu'une jeune fille, tout ce qu'il y avait de plus banal. Toutefois, avoir à faire avec un Lige changeait quelque peu la donne. Son changement de plan pouvait leur coûter cher, et elle se demandait si elle était prête à endosser toute cette responsabilité. Cela impliquait peut-être même de se mouiller jusqu'au cou, et de dévoiler une partie de son identité. Mais derrière son masque d'innocence, Keiran se dit que le mieux serait de jouer le tout pour le tout, dans l'espoir que cela porte ses fruits. Autant plongé la tête la première, se dit-elle en son for intérieur.
"Que vous seriez probablement le plus à même à me dire ce qui se passe ou s'est passé ici. Mais voila que j'en perds mes bonnes manières. Elle sourit plus largement. Mon nom est Keiran. Keiran Valaria."
~Plus directe, tu meures, ma fille... J'espère que je ne m'en mordrais pas les doigts...~
Airin dut se retenir pour ne pas hausser un sourcil intrigué devant le sourire que lui décocha la jeune femme avant de le saluer. Ce n'était pas tellement fréquent d'adresser ce genre d'expression à un lige de la Tour Noire... Il l'écouta avec attention pourtant, observant ses attitudes et ses mimiques tandis qu'elle parlait. L'histoire pouvait tenir la route, mais elle avait du mal à comprendre pourquoi elle s'était adressée à lui en particulier... N'importe qui en ville aurait pu lui parler de ce qu'il s'était passé... Ou non, sans doute pas. La Tour avait fait en sorte d'en dissimuler le maximum. Et il n'allait certainement pas révéler quoique ce soit de crucial à cette inconnue.
Laissant passer un silence, l'atha'an miere acquiesça finalement quand elle donna son nom.
"Je suis Airin des Catelar." Se présenta-t-il laconiquement. Malgré tout ce temps, il n'avait pas perdu l'habitude d'énoncer le clan auquel il avait appartenu. "Mais je crains de ne pas pouvoir vous en apprendre davantage que ce que vous auriez appris de n'importe qui. Il y a eu un incendie à la Tour, et nous soupçonnons un groupuscule d'amis du Créateur qui se serait infiltré. Les Gardes les recherchent en ville."
Aucune mention d'Aes Sedai qui auraient aidé ces amis du créateur bien sûr... L'Ajah Bleue n'existait pas, c'était bien connu. Il la regarda encore, et un léger sourire étira ses lèvres :
"Vous venez des Marches, non ? Un pays sans mer... et cela fait un bien long voyage jusqu'à Tar Valon. Vous venez solliciter l'aide des Aes Sedai ?"
Après tout, la ville était pleine de voyageurs qui venaient présenter leurs requêtes à la Tour.
Au vu de sa peau foncée et des tatouages qu'elle avait rapidement aperçu sur le dos de ses mains, il ne lui fallut pas longtemps pour faire le lien avec le fameux peuple de la mer, bien qu'elle n'en avait jamais rencontré auparavant et que tout ce qu'elle savait d'eux se résumaient aux racontars qu'elle avait entendus.
Quand il lui parla des récents événements, la jeune fille eut un pincement au coeur. Une attaque au nom des Amis du Créateur contre la Tour Noire avait eu lieu, et elle l'ignorait. Dans tous les cas, il ne s'agissait pas de leur groupe, et à tout bien y réfléchir, cela ne pouvait pas être l'oeuvre de simples gens non plus. Surtout si tout la ville était en émoi. Elle savait que le Lige ne lui avouerait jamais quelque chose que tous étaient censé ignoré, mais en regardant autour d'elle, elle parla comme si elle réfléchissait à haute voix. Même s'il était évident qu'elle lui adressait une question sous-entendue.
"C'est étrange n'empêche. Un incendie, vous avez dit. Elle prit une mine songeuse. Comment un incendie pourrait-il préoccuper autant des Aes Sedai? Il devrait pourtant leur être aisé d'agir contre cela, surtout s'il s'agit d'un simple feu allumé par des amis du Créateur. Je comprends le regain de sécurité en ville, mais ces criminels n'auraient pas pu aller bien loin selon moi. J'espère dans tous les cas que les coupables seront retrouvés."
Elle soupira comme pour signifier qu'une telle situation était bien pénible, alors qu'en réalité, elle désirait simplement éviter dans de s'embourber dans un sujet qui risquait d'être épineux. Soutenant son regard, elle reprit d'un ton simple. Si les caractéristiques physiques du Lige, lui étaient apparues presque évidentes, les siennes l'étaient tout autant. Inutile de nier quoi que ce soit donc.
~Allez c'est le moment de me lancer...~
"Oui, c'est exact, je viens de la Saldaea. Le voyage a été extrêmement long, et pas des plus reposants, mais il n'y a qu'ici que je peux obtenir ce que je désire. Je veux devenir Lige, donc je suppose que cela implique effectivement un entretien avec les Aes Sedai."
Keiran avait lancé ça directement, attendant la réaction d'Airin et l'effet que ça aurait.
Airin n'eut aucune réaction manifeste aux interrogations à haute voix de la jeune femme. Oui, c'était étrange, et il jugeait que les Aes Sedai auraient pu trouver une meilleure explication pour dissimuler la gigantesque explosion qui avait détruit une partie du mur d'enceinte de la Tour. Les rumeurs n'avaient pas manqué de naître autour de cet événement, et il était souvent difficile de les contrôler. Fixant toujours Keiran de ses yeux sombres, il se contenta d'expliquer froidement :
"Ils ont utilisé de la poudre des Illuminateurs. L'explosion a détruit des matériaux importants à la Tour. Mais rassurez-vous, une partie des criminels a déjà été arrêtée, et cela ne devrait plus tarder pour les autres."
Sauf les membres de l'Ajah Bleue qui, démasqués, s'étaient volatilisés dans la nature. Il n'insista pas davantage sur le sujet, et acquiesça d'un signe de tête quand la jeune femme dit venir de la Saldaea, ne souhaitant pas l'interrompre comme elle s'apprêtait à lui dire la raison de sa venue. Mais lorsqu'elle l'énonça enfin, une certaine surprise put se lire sur son visage d'habitude assez froid, et il répondit finalement, après un court moment d'attente :
"Eh bien, en vérité, cela impliquerait un entretien avec notre maître d'armes, mais je crains hélas que ce ne soit impossible. Les femmes ne sont pas acceptées à l'entraînement des Liges." C'était ainsi depuis des millénaires, et il supposait que les Aes Sedai rechignaient à changer cette tradition. Néanmoins, il ne laissa rien transparaître de son opinion dans sa réponse. "Au cours de l'Histoire, quelques femmes sont devenues des Liges, mais sans suivre notre entraînement. Cela impliquerait cependant que vous soyez l'amie proche d'un Aes Sedai, suffisamment pour qu'il veuille nouer ce type de lien avec vous."
Il s'étonnait un peu qu'elle ait effectué un tel voyage sans savoir cela... Et plutôt surpris lui-même d'avoir tant parlé, il ajouta cependant :
"Pourquoi souhaitez-vous devenir un Lige ?"
Cela lui échappait que certains viennent ici par vocation. Lui-même s'était retrouvé embarqué là-dedans par hasard, quand les Aes Sedai étaient venus dans leurs îles pour emmener les jeunes canalisateurs.
Keiran l'écouta calmement, sachant que tout ce qu'Airin disait était plus que vrai. Elle était cependant loin de se laisser démotiver comme ça. Il lui avait pris à peu près une seconde pour comprendre qu'intégrer la Tour Noire serait l'action décisive pour mettre en marche tous les pions de l’échiquier. Ainsi la partie contre le Ténébreux commencerait. Fallait-t-il encore y arriver. Prétendre au titre d'Aes Sedai ou même de novice lui aurait été impossible. Devenir Lige lui semblait plus accessible, bien que tout autant impossible, mais elle se devait de tenter sachant qu'elle pouvait avoir les compétences pour ça. Elle se devait d'obtenir une audience avec le maitre d'armes de la Tour. La jeune femme lui répondit d'un air très sérieux.
"Je veux devenir Lige pour pouvoir mettre mes capacités au service de la Tour."
~Pouah! Que je sois maudite pour ce que je viens de dire.~
Keiran reprit avec plus de conviction.
"Je sais que j'ai le talent pour, ne vous focalisez pas simplement sur ma carrure, et j'ai été formée au combat depuis bien plus longtemps que vous ne pourriez le croire. Peut-être êtes-vous au courant de nos coutumes dans la Saldaea. Ma requête peut paraitre folle, mais je sais ce que je veux et que je pourrais y arriver. Je ne demande qu'une audience. Après, si les Aes Sedai tiennent à ne pas passer outre les traditions, je m'en retournerais d'où je viens. Mais il est hors de question que je m'en aille avant d'avoir essayé."
On pouvait lire de la résolution dans ses mots, et surtout dans ses yeux de glace.
Vraiment, il avait du mal à comprendre qu'on puisse venir volontairement se fourrer ici autrement que par nécessité ou par intérêt. Même en étant Lige, il se souciait assez peu des conflits d'intérêt entre les ajah, mais dans ce nid de vipères, rares étaient les personnes à qui l'on pouvait faire intégralement confiance. Pour sa part, il n'avait accordé la sienne qu'à Lhaër et aux quelques personnes qui lui étaient proches. Sans elle, il regretterait probablement amèrement à présent sa mer natale, trompeuse elle aussi mais d'une toute autre manière. Ayant retrouvé sa neutralité, il regarda la jeune femme avec un sérieux à tout épreuve :
"Je crois que vous ne réalisez pas bien ce qu'est la Tour."
Son statut lui avait permis de dire cela, mais aussi, peut-être, le fait que personne ne se trouvât à proximité.
"Je n'ai aucune opinion sur votre talent ou votre carrure, rien n'empêche une femme d'être une bonne guerrière. Mais ce n'est pas moi qui décide. Je peux toujours vous conduire au maître d'armes si vous y tenez, mais vous tombez mal. L'un d'entre eux est absent pour le moment, quant à l'autre, il est extrêmement à cheval sur la tradition. N'ayez donc pas trop d'espoir."
L'Atha'an miere ne pensait pas qu'elle aurait vraiment eu beaucoup plus de chance avec Owyn qu'avec Hennar de toute manière. Il connaissait plutôt bien les deux maîtres d'armes pour avoir été l'élève de l'un et le camarade de l'autre, et aucun n'était réputé pour son laxisme.
Elle aurait aimé lui répondre qu'au contraire, elle réalisait parfaitement bien ce qu'était la Tour, et tout ce que celle-ci représentait pour elle. Honnêtement. Mais elle ne le pouvait, et dans tous les cas, ça n'aurait rien changer. Les coins de ses lèvres s'affaissèrent un peu.
"Je vois...et je comprends, même si je ne peux nier que cela me désole. Je ne tiens pas à mettre votre parole en doute, vous connaissez ces personnes bien mieux que moi et vous m'évitez tout probablement d'essuyer un nouvel échec pour les mêmes raisons que vous avez précédemment évoquées.Keiran marqua une pause. Je suis peut-être déterminée, mais je sais reconnaitre quand il faut arrêter de s'obstiner inutilement."
La Saldaeane ne voulait en aucun cas qu'il pense qu'elle essayait de l'attendrir. Cela aurait-il même pu être possible ? Cependant, elle aurait vraiment aimé trouver un façon d'intégrer la Tour.
"Il n'y a donc vraiment rien à faire pour moi? La garde ou la servitude sont les seules autres alternatives..."
Sa proposition parut plus claire pour la jeune femme que ses précédentes réticences. Elle parut déçue, malgré ce qu'il avait dit sur la Tour, et sur le point d'abandonner. Dommage d'avoir fait un si long voyage pour rien...
Il la regarda un instant, alors qu'elle soupirait, évoquant même la possibilité d'entrer parmi les serviteurs ou les gardes. Il inclina légèrement la tête sur le côté tout en la regardant, pensif.
"Navré."
En principe, il se serait probablement arrêté là, mais quelque chose l'intriguait. Quelque chose qui pourrait tourner très vite à la méfiance en fonction de l'insistance qu'elle manifesterait par la suite. Il demanda donc :
"La servitude ? Cela ne vous conviendrait pas vraiment je crois... Vous voulez donc tant servir la Tour ? La plupart viennent ici pour y recevoir une éducation soit militaire soit intellectuelle, mais pas vraiment par vocation."
D'ailleurs, toutes les personnes qui venaient s'instruire à la Tour n'étaient pas forcément des canalisateurs ou des Liges, mais tous y étaient liés. Il la regarda un moment en silence.
"Venez vous entraîner avec moi." proposa-t-il. "Au moins, vous aurez l'occasion de voir la Tour, et peut-être trouverez-vous quelque chose sur place. De plus, je n'ai jamais eu l'occasion de combattre une femme de la Saldaea."
Comment allait-elle pouvoir lui répondre sans s'enfoncer davantage? Éveiller des soupçons serait catastrophique, mais Keiran avait compris que jouer la carte de l'insistance n'était pas bon. Autant accepté les choses avec humilité sans surjouer. Après tout, la véritable raison de leur venue, à Meryl et elle, à Tar Vallon, était toute autre.
"Non, la servitude n'est pas ma tasse de thé et je pense que tous mes efforts ne suffiraient pas pour accepter cet état. Ma vocation est de m'entrainer, comme je le faisais avec mes Frères. J'espère seulement que je pourrais être acceptée ailleurs, telle que je suis. Sinon, je m'en retournerais à Maradon. Mon cousin, elle faisait allusion à Meryl, qui n'était pas réellement son cousin ceci-dit et bien qu'elle ne l'avait aucunement cité auparavant, m'avait prévenue que cela se passerait ainsi, mais j'étais trop fière pour admettre qu'il avait raison et moi tort."
Keiran fit la moue en haussant les épaules. Alors elle entendit ce que le Lige lui proposait. Dans ses yeux brûla soudainement une flamme qui aurait pu faire fondre ces pupilles de glace turquoise.
"Vraiment? Vous me feriez cet honneur? Oh mon cousin n'en reviendra pas quand je le lui dirai! Désolée, je m'emporte. Que c'est gênant", dit-elle en baissant légèrement les yeux alors que ses pommettes se coloraient de rose.
Il était plutôt évident en effet que la jeune femme n'aurait pas vraiment fait une très bonne servante. C'était une guerrière et ça se voyait aussi bien dans son regard que dans sa façon de se déplacer. Il releva néanmoins qu'elle parlait d'un cousin qui l'accompagnerait, elle n'avait donc pas fait ce voyage seule, ce qui ôtait une part d'étrangeté à ce voyage un peu fou. Un peu moins méfiant, il se contenta d'acquiescer avec un léger hochement d'épaules mais ne dit rien.
L'enthousiasme soudain de la jeune fille, en revanche, lui arracha un peu plus de réactions. D'abord légèrement surpris, il laissa une ombre de sourire glisser sur son visage basané, puis secoua la tête.
"Ce n'est pas un honneur, je ne suis qu'un Lige." Et suffisamment intelligent, sans doute, pour ne pas tirer d'orgueil de cette fonction. "Si vous souhaitez récupérer vos armes ou bien vous changer pour adopter une tenue plus adaptée, nous pouvons nous retrouver dans un moment devant la porte Sud de la Tour."
Ou bien y aller maintenant. Attendant une réponse, il observa de nouveau la jeune femme. Son enthousiasme ne semblait pas feint et concordait avec son histoire. Après tous, les gens passionnés n'étaient pas toujours suspects.
La jeune fille était assez satisfaite de ce dénouement. En plus, le Lige semblait la regarder d'un oeil un tout petit peu moins méfiant. C'était déjà pas mal. Réfléchissant à la proposition, Keiran se dit qu'il vaudrait peut-être mieux voir Meryl, avant d'entamer quoi que ce soit.
"Je crois que je vais d'abord aller me changer, dans ce cas. Je préviendrais également mon cousin, car à l'heure actuelle, il doit certainement se demander si je me suis perdue en pleine ville."
Souriante, elle lui fit un signe de la tête.
"Je fais au plus vite, et je vous rejoins à la Tour."
D'un pas énergique, Keiran se dirigea vers le centre, en quittant le Lige. Elle allait devoir expliquer tout ça à Meryl, et elle imaginait déjà sa réaction.
Il la salua d'un signe de tête, puis après qu'elle se fut éloignée, se détourna pour contempler un moment le fleuve. Ses yeux glissant sur les eaux tranquilles, il réfléchissait distraitement aux paroles et attitudes de la jeune femme. Elle était quelque peu étrange, il fallait l'avouer, mais une femme qui choisissait de se détacher des codes de sa gent pour devenir une guerrière devait déjà avoir un caractère particulier, d'une certaine façon. Il resterait attentif, mais pas inutilement méfiant. Et il aurait encore bien l'occasion de la tester. Mais il ne serait probablement pas mécontent de ce combat qui romprait quelque peu avec la monotonie de ces derniers jours.
Il resta quelques longues minutes à fixer le fleuve, puis jugeant qu'il était temps de commencer à se mettre en route, se détourna et prit le chemin de la Tour. Les Gardes de la porte sud le saluèrent en le voyant approcher, et après un signe de tête dans leur direction, s'adossa contre les pierres grises du mur d'enceinte et attendit.
Au pas de course, elle avait rejoins l'auberge dans laquelle ils séjournaient avec Meryl. Comme elle s'en doutait, il l'attendait assis à la petite table de la chambre, les bras croisés et la mine exprimant un sentiment tout autre que celui de la joie. Meryl était un gaillard grand et relativement massif, une apparence qui rompait avec la sur-protection dont il faisait preuve avec Keiran. Alors qu'il ouvrait la bouche, celle-ci l'interrompit comme elle entrait dans la chambre.
-"Je sais, je sais, je n'étais pas censée m'absenter aussi longtemps, et pourtant je vais devoir repartir." Keiran s'affairait déjà à chercher dans leur nécessaire de voyage, ce qu'elle aurait pu endosser pour son entrainement.
-"Et tu crois que je vais te laisser repartir comme ça, sans même une explication? Qu'est-ce que tu as encore pu bien faire?" Meryl n'était pas en colère, d'ailleurs il n'avait pas élevé la voix, mais de toute évidence il s'était préoccupé et désirait savoir ce dont il en retournait. Il la fixa alors de ses yeux émeraudes, en attendant qu'elle lui réponde.
-"Tu as raison, je suis franchement désolée." Elle lui relata ainsi ce qu'il venait de se passer, le plan qu'elle avait imaginé et son rendez-vous avec le Lige. "C'était bête de ma part, j'ai parlé avant de réfléchir, comme d'habitude. Tu aurais eu beaucoup plus de chance que moi d'infiltrer la Tour pour suivre une formation de Lige. Quelle idée que j'ai eue. Ceci-dit, j'ai peut-être trouvé l'occasion pour enquêter quelque peu. La ville bouillonne. Apparemment il y a eu une attaque à la Tour. Ils ont soupçonné que l'attaque avait été menée par des Amis du Créateur, mais je suis convaincue qu'ils ont dû être assister par des gens plus puissants. C'est une affaire à creuser. Il se peut que tous ne soient pas nos ennemis dans cette ville." Pendant qu'elle parlait, elle avait commencé à se changer de manière tout à fait naturelle. Apparemment, Meryl et elle ne se formalisaient absolument pas de cela, bien qu'il ait eu la décence de détourner le regard.
-"D'accord, mais qu'attends-tu de moi alors? Je vois que pour ta part, tu es bien décidée à aller défier ce lige que tu appelles Airin."
-"Si je ne suis pas revenue d'ici le coucher du soleil, pars et préviens les nôtres." Elle savait qu'il s'apprêtait à lui dire qu'en aucun cas il ne laisserait que quelque chose lui arrive, mais la jeune femme le devança et lui signifia qu'il devait en être ainsi et pas autrement, tout en lui fournissant des derniers détails.
***
Keiran était arrivée à la porte sud de la Tour plus vite qu'elle n'y avait songé. Ses cheveux n'étaient plus dénoués, elle les avait tressés de façon à ce qu'ils lui cernent la tête, cela évitait d'être gênée dans ses actions. Elle portait maintenant une tenue beaucoup plus adéquate et de couleur sombre. Ses chausses étaient enfoncée dans des bottes souples qui lui montaient jusqu'au mollet et à sa taille pendait son épée. Dans la chambre, la Saldaeane avait hésité si prendre sa hache ou non. Finalement, on pouvait voir celle-ci pendre sur son autre flanc. Keiran n'avait pas d'armure particulière autre que son haut en cuir bouilli qui lui protégeait le torse. Ainsi elle s'avança vers le gardes à qui elle expliqua pourquoi elle était là.
Malgré le changement de tenue, Airin n'eut guère de mal à reconnaître la jeune femme quand il l'aperçut s'avançant vers les murailles, d'une démarche peut-être plus aisée à présent. Il haussa néanmoins un sourcil surpris en voyant la hache suspendue à sa ceinture. Une arme inhabituelle, et qu'il aurait jugé lourde pour une femme de cette stature... Enfin, il verrait bien. Elle venait d'arriver près des gardes et s'adressait à l'un d'eux. L'Atha'an miere s'écarta donc du mur, et la rejoignit en quelques pas, et posa une main sur l'épaule du soldat visiblement méfiant.
"Tout va bien, Alric, je l'attendais."
L'homme acquiesça d'un signe de tête, et s'écarta pour la laisser passer. Le lige lui dédia alors un de ses imperceptibles sourires.
"Vous avez fait vite. Suivez-moi je vous prie."
Il indiqua la direction du terrain d'entraînement, et les arcades qui longeaient les murs de la Tour, donnant sur les vastes jardins.
Remerciant les gardes et le Lige qui la laissaient entrer, Keiran plissa les yeux en souriant à l'intention d'Airin.
"Vous pensiez que j'allais me défiler? Nul besoin d'être coquette lorsqu'on fait vibrer la lame. Il faut juste être efficace. Je vous suis."
Alors que l'Atha'an miere l'accompagnait, elle essaya de détailler mentalement tout ce qui l'entourait, autant les gens que le lieu. Tout était bon à prendre.
Étant d'un naturel assez curieux, elle aurait aimé découvrir l'endroit en d'autres circonstances, mais il y avait plus urgent dans le cas présent.
Évidemment, elle ne pouvait s'empêcher de penser à comment se déroulerait leur entrainement. Étrangement, cela provoquait en elle une sorte de boule au ventre. Un vicieux mélange d'excitation et de malaise.
"Par les fesses faisandées du dragon, Pourquoi faut-il que j'aboutisse dans un caniveau chaque fois que j’atteins une destination ! ..."
Se relevant péniblement du trou à fange dans lequel il avait dût passer la nuit, Talbar put constater qu'il ne portait pour vêtements que sa vieille cape rapiécée et une serviette crasseuse en guise de culotte.
Tient, c'est nouveau ça... enfin si on excepte cette fois à Tear où ... enfin bref faut qu'je bouge, les deux gardes là-bas me lancent des regards équivoques ...
Serrant sa cape contre lui, et avançant à grand pas, la fouine s'éloigna rapidement des regards indiscrets -et médusés- des passants; tout en essayant de remettre ses idées en places.
Bon ... essaie de te souvenir mon gars ... J'me suis fait interdire l’accès à la ville après avoir insulté un des gardes ... J'ai donc forcément du me diriger vers l'auberge la plus proche pour abreuver ma déception, et ce doit être sur place que j'ai "égaré" mes possesions.
Bien! c'est déjà un début, y a plus qu'a retrouver ledit abreuvoir!
En se dirigeant vers l'est, où un vague souvenir lui dictait de se rendre, il finit par apercevoir dans le lointain une taverne à moitié incendiée.
Aïe! ça sent mauvais ça... mais alors vraiment mauvais... J'ai le pré-sentiment qu'il va encore falloir la jouer fine pour éviter une catastrophe.
Mais bon, j'parviendrais jamais à entrer en ville vêtu comme je le suis, donc pas le choix.
Il avança donc d'un pas décidé vers ce qui semblait être un nid à ennuis...
Un mur? et alors, il est ou le problème? Hop par dessus
Une fois les grandes chaines du port passées, le rafiot sur le quel se trouvait Sordon prit la direction du quais des marchand. Sordon ne put réprimer un petit sourire. Même ici au cœur de la grande cité de l'ombre, les quais accueillaient les voyageurs avec la traditionnelle odeur de poisson pourrit, vieux vomi et autres joyeusetés. Après avoir grassement payé le capitaine pour son silence quand au "Seigneur" si généreux, il prit la direction des portes de la ville.
Il était peut-être un des meilleurs voleur du monde, il n'était pas fou. cette ville représente tous les concentrés de contrôles et sécurité sur la face du monde.
Quoique au détour d'une rue, il eut la surprise de constater que de gros travaux étaient entreprit pour réparer une importante partie de la muraille qui se trouvait étalée et incruster dans les ruelles et maisons avoisinantes.
Juste par curiosité, Sordon demanda à un garde en faction ce qui' s'était passé.
La réponse le stupéfia encore plus! une attaque des amis du créateurs. Ici au cœur du gouvernement de l'ombre! Le grand seigneur devait en fulminer de rage.
Après être sorti de la ville par le pont ouest, il flâna un moment au marché, trouva de petites merveilles, dont de supèrbes pointes de flèches du meilleur acier qu'il aie jamais vu et une cape digne d'un seigneur. Contre quelques unes de ces pièces jaune, il les acheta. Suite à quoi, il prit une chambre dans une auberge tout a fait bien famée, ou il passa le reste de sa journée à écouter les ragots du coin.
C'est ainsi, qu'il apprit qu'un camp de noir manteau avait été dévasté non loin d'ici il y neuf jours de cela. Il décida d'aller y jeter un coup d’œil pour voir ce qui pouvait être récupéré pour ses projets personnels.
Une fois la nuit tombée, il monta dans sa chambre, ferma la porte, ajouta ses propres verrous et sortit par la fenêtre dans la rue. Sa véritable journée commença alors. Il se rendit d'un pas discret mais non suspect dans un taudis dont il avait connaissance. arrivé sur place, il demanda une bière et à parler avec "l'ami". quelques instant plus tard, alors qu'il buvait la pisse d’âne qu'on lui avait servit, il fut introduit discrètement à l'arrière de l'édifice. un peu plus tard, délesté de quelques pièces d'or, il prit le chemin d'une auberge récemment incendiée. Il avait la ferme intention de trouver les responsables et de leur proposer un marché.
L'aube commençait à poindre à l'horizon.
Sordon était satisfait. il avait obtenu bien plus d'informations qu'il n'avait espérer. bien sur, tout à un prit, mais là! Il tenait un gros coup, il en était sur.
Malgré toutes les précautions qu'il avait prises pour éviter les ennuis, le corps démembré du tavernier étendu devant lui témoignait de l'échec cuisant qu'un Talbar désormais vêtu avait rencontré dans son entreprise.
Pauvre bougre ... si seulement il m'avait rendu mes affaires sans ronchonner et n'avait pas menacé d’appeler la garde ...
La fouine jeta un rapide regard autour de lui. La chance avait au moins été de son côté pour une chose : Il ne semblait pas y avoir eu de témoin de la scène.
Et en prime y à rien à piller dans ce vieux taudis poisseux ! non mais quelle journées mes aïeux, quelle journée !
Bon, au moins j'suis plus à poil, ça reste un point positif ...
raaaahhhhh !!!! mais quel foutoir; ça va encore prendre la journée pour effacer toutes mes traces ! J'le savais bien qu'c'était une idée foireuse de revenir dans le coin.
Vérifiant rapidement que la pièce - une des dernières encore intacte du bâtiment - était correctement fermée, Il se mit rapidement au travail en commençant par cacher les restes du corps de l'ancien propriétaire -Il allait tout de même finir de brûler la bâtisse, mais mieux valait prendre toutes les précautions, juste au cas où ... -
Un mur? et alors, il est ou le problème? Hop par dessus
Arrivé sur place, Sordon put constater l'ampleur des dégâts subits par l'auberge. Cette dernière avait quasiment entièrement brulée. Forcément, une maison de bois et au toit de chaume, ça laissait rarement quelque chose à récupérer. Toutefois, vèrs ce qui devait être l'arrière des appartements privé du patron une petite pièce aux murs de pierre semblait encore tenir à peu près debout.
Après avoir fait un rapide tour du quartier et taillé une bavette aux habitant du coin, il fut en mesure d’établir ce récit de l'histoire.
Hier dans la soirée, un homme vêtu d'une cape de mauvaise qualité était arrivé à l'auberge, avait copieusement insulté les clients devant l'entrée, avait frapper un autre dans la salle principale avant de crier qu'il voulait à boire. (Connaissant l’habitude d'enfler qu'ont les rumeurs, Sordon réduisit à : Un homme de mauvaise humeur avait parler grossièrement aux gents devant l'auberge, bousculer un autre dans la salle et commander rudement une bière.)
Suite à cela, après plusieurs verres, l'homme avait été prit dans une bagarre généralisée qui s'était soldée par l'incendie du bâtiment. 90% des gents, dont le patrons avaient alors périt en tentant de sauver le bois des flamme
Puis mystérieusement, à l'aube, les restes avait soudainement reprit, finissant de détruire la maison. Les gardes avaient conclu que des foyer de braises couvait et avait été attisée par la brise du matin. Mais plusieurs personnes était septique. trop de bois avait déjà brulé pour que l'incendie reprenne comme il l’avait fait.
Conclusion, quelqu'un avait finit d’effacer les éventuelles traces d'une quelconque activité suspecte.
Suite à cela, il alla se rafraichir à son auberge, revêtit ses somptueux vêtement fraichement achetés. Il releva le col de sa cape et agrafa une petite broche d'argent représentant un aigle aux yeux de saphirs.
Son emblème personnelle, fruit d'une de ses première rapine en indépendant. La famille d'Arafel à la quelle il l'avait dérobée, morte peu de temps auparavant d'une maladie foudroyante n'en avait plus l'usage. Et avant que la garde municipale saisisse les biens, il avait réussit à sortir une petit fortune de la maison.
Depuis, il arborait fièrement lors des rares occasion ou il se faisait passer pour une personne respectable le petit joyau.
Une fois vêtu comme un petit duc de la campagne, il se rendit aux près des gardes qui empêchait les curieux d’approcher des décombres.
- Hola! Gardes! Renseigner-moi! Que s'est-il passé ici? Ainsi apostropher un des garde demanda sans douceur qui il était et ce qu'il faisait à trainer dans le coins.
Écoute mon bonhomme, tu est peut être payé pour intimider les passants, mais avec moi cela ne passe pas! Je peut être disposé à oublier votre ton si vous vous exécutez à l'instant. Mais osez encore une fois ne serais-ce qu'élever le ton et je jure que je vous ferai regretter votre audace!
[d10] => intimidation réussie
Face au ton de ce riche inconnu le garde répondit :
- Veuillez me pardonner mon seigneur, je vous avait prit pour un de fieffé gredin qui infesté la région. Pas que vous en ayez l'air, non ,non. mais on est jamais trop prudent!
Devant l'air déconfit du garde, Sordon prit un ton plus aimable et demanda au garde de lui montré les dégâts et de résumés ce qu'il savait.
Il n’apprit pas beaucoup plus de chose qu'il n'en savait déjà, toutefois, lors de l'inspection de la pièce en maçonnerie, il remarqua d’étrange traces et une étonnante concentration de corps pour une si petite pièce. Il s'en ouvrit au garde.
celui-ci approuva et dit qu'il avait également remarqué ce fait et conclu que la famille du propriétaire devait avoir voulu se protéger des flamme dans la pièce.
Une fois ressorti le garde lui encore une chose intéressante. l'homme présumé responsable des événements de la soirée se serait présenté aux portes de la ville et vu refouler à cause de ses mauvaises manière. Quoique ne prouvait la culpabilité de l'homme hormis sa présence sur les lieux. Il obtint ainsi la description de l'homme.
Remerciant le garde comme il convenait de la part d'un homme de haut rang, il prit congé des gardes et remit une piécette d'argent pour les bon service du dénommé Gaël, homme d'arme dévoué à sa tache avec l'ordre renouvelé d'écarter les passant pour leur propre sécurité. Et également celui de finir de brûler les corps afin de garder la salubrité des lieu.
Il s'en fut alors par la route principale sous le regard éberluée d'un garde favorisé par la chance. Bon sang!, une pièce en argent!
une fois hors de vue, Sordon remit ses habits ordinaire et entreprit de suivre la piste qu'il avait repérer dans les décombres elle le menât tout droit à un caniveau où, visiblement, un homme avait cuvé son vin. Il parti en quête de témoignage sur l'identité de la personne.
Meryl avait poussé un long soupir de soulagement lorsqu’il l’avait vue rentrer. Il en était venu à s’imaginer les pires scénarios, mais par la Lumière, Keiran lui était revenue saine et sauve. Certes avec quelques contusions et un goût amer de défaite sur la langue, mais toujours entière au moins.
La jeune femme lui relata avec précision tout ce qui s’était passé durant ce petit entrainement particulier à la Tour. Keiran avait bien pensé d’omettre quelques détails au sujet de sa grande incompétence ce soir-là, mais finalement, elle n’en fit rien et se contenta d’émettre la vérité telle qu’elle l’était. Meryl ne la jugeait pas de toute façon. Loin de là.
Ils discutèrent longuement, en essayant de se mettre d’accord sur la marche à suivre à partir de cet instant. Puis, l’homme la gratifia d’une petite tape d’encouragement.
-" Allons nous changer les idées, dans la salle commune. Un petit verre ne te fera pas de mal. », dit-il. « De plus, nous en apprendrons peut-être un peu plus, il y a tellement de rumeurs qui circulent… »
Keiran n’était pas certaine que son humeur s’arrangerait, mais avec un peu de chance, ce goût atroce qu’elle avait en bouche, disparaitrait.
Accoudé au bastingage, les yeux fermés, le jeune homme huma l'air, en aspirant un maximum dans ses poumons. Cette rivière ne puait pas particulièrement, mais les odeurs qui lui venaient du port de Tar Valon n'étaient pas celles des fleurs délicatement aspergés par la rosée. Loin de là...
Remontant sa cape sur ses épaules, et rabaissant encore un peu plus son capuchon, il se dirigea vers sa cabine pour rassembler ses maigres possessions. Peu d'argents, deux ou trois dagues, quelques bijoux, des livres et des cartes. Il espérait que cela lui suffirait pour entrer à la tour et attiser la curiosité d'éventuels interlocuteurs et informateurs.
Dès qu'il le pût, il quitta le navire, son baluchon sur l'épaule. Il avisa une auberge non loin de là, et se mit en marche.
La ville et le port grouillaient d'activer, marchands, matelots et individus plus ou moins louches se côtoyaient dans un joyeux brouahahah. Franchissant la porte de l'auberge, il resta planté sur le pas de la porte quelques secondes. Sous sa capuche, son visage n'était pas distinguable, et ses tatouages encore moins... Il regretta d'avoir gardé cette cape si voyante, avec ses runes et demi-lunes si voyantes, mais il n'avait pu se résoudre à la laisser.
S'affalant sur un banc collé à un mur, il interpella une servante de la main.
- De l'eau chaude, du pain et des œufs, si vous en avez... Et j'espère pour vous que c'est le cas. Jetant quelques pièces sur la table, surement plusieurs fois le prix de ce qu'il demandait, il parcouru du regard la salle. Il cherchait à attirer l'attention, cela avait à priori marché. Que leur curiosité les tiraille, ils n'en seraient que plus facile à éperonner.
après s'être cassé la tête pendant plusieurs heures sur une souche, à quelques bornes du caniveau qui l'avait hébergé pendant la nuit, il était parvenu à élaborer une stratégie efficace, et particulièrement sadique il faut bien l'avouer, pour pénétrer dans la ville.
ça allait sans doute être l'un des crimes les plus audacieux et les plus nauséabonds qu'il ai jamais commis. En réalité, il avait même eu du mal à accepter le fait que c'était lui qui avait mis au point "ça"
J'suis pas aussi détraqué que ça ... j'ai forcément dût entendre l'histoire de quelqu'un qui avait utilisé la même méthode une fois ... ouais c'est forcément ça ... et y devait être cannibale en plus ... enfant de sa*** , me mettre des idées comme ça en tête... enfin bon, au moins ça va m'être utile aujourd'hui
Il agirait de nuit et ciblerait une petite patrouille de garde. l’après midi ne serait pas de trop pour préparer tout ce dont il aurait besoin.
Bon, je connais déjà les itinéraires des patrouilles ... va me falloir un pieu, un couteau à écorcher, du maquillage,et creuser un trou ... ce qui risque de ne pas être des plus aisés vu ma condition actuelle
Quelques heures plus tard, après avoir taillé un pieu et l'avoir attaché à son bras manquant, creusé un trou, volé son maquillage à une noble de passage et "trouvé" un couteau relativement valable; il s'envoya une lampée de la bibine récupérée à l'auberge et attendit que le voile protecteur de la nuit tombe sur la cité pour se mettre en route...
Du sang allait couler cette nuit, et, malgré la peur de l’échec qui le prenait au ventre, il ressentait une vieille excitation de bandit refaire surface: la chasse avait commencé....
La Pierre n'est pas une démocratie ! Alias de DragonSlayer
(de la part de Sordon)
Après un rapide tour d'horizon, Sordon arriva à la conclusion, que le rustre de l'auberge pouvait bien être l'ivrogne qui avait cuvé sa bière dans le bas-côté de la rue. Homme qui était reparti dévêtu peu avant l'aube dans la direction approximative de l'auberge incendiée. Et un voisin accepta en échange d'un peu d'argent accepta de résumé les événements inhabituels de la journée.
C'est ainsi qu'il apprit que deux heures environs après la reprise de l'incendie, un homme visiblement agité, borgne, manchot et vêtu modestement était resté près de la "vieille souche" deux heures environs, menant un bal frénétique. Se levant, tournant en rond, se rasseyant, le tout avec un air concentré rendu inquiétant par l'orbite creux, qui ressemblait bien trop à la face blême d'un Myrdraal.
[hrp] Désolé pour mon manque de pertinence quant à l'aspect de Talbar dans mes posts précédents. Je n'avais pas lu correctement le bg. Partez donc du principe que Sordon sait que "le rustre" était en outre un estropié… [/hrp]
Après avoir remercié l'homme, Sordon alla inspecter les alentours de la souche, ce qui ne lui apprit rien de bien particulier de plus.
Toutefois, il était désormais sur que l'estropié de l'auberge avait quelque chose à voir avec l'incendie. Il partit donc à la recherche du manchot, qui ne devait pas passer inaperçu dans la foule.
Ce dernier avait été aperçut aux abords d'une menuiserie avec un pieu fraichement taillé fixé à son bras.
Un paysan l'avait également vu en train de s'échiner à creuser un trou. Sordon passa à proximité du trou, fouilla les environs, mais ne vit pas son homme.
Ne pouvant pas faire grand choses de plus, il rentra à l'auberge par la porte de service, changea ses habits, fixa sa broche bien en évidence et descendit écouter le barde de passage.
Une heure plus tard, après avoir bu, mangé et parler ragot avec une dame éplorée par la perte de son maquillage, Il acheta à l'aubergiste du papier et de l'encre. Bien qu'il ne sache pas écrire, Sordon griffonna un schéma représentant le un endroit calme aux abords de la forêt et une position solaire représentant le crépuscule. Ceci fait, il sortit à nouveau modestement vêtu et dissimula le message à l'intérieur du trou, de sorte que seule une personne descendant dedans puisse le voir.
Puis, il alla au lieu de rendez-vous après avoir récupéré toutes ses affaires à l'auberge et s'installa derrière un buisson en attendant le mystérieux manchot. Tout en espérant que son message serait trouvé et comprit.
) soulagé de pouvoir continuer à apprendre le Pouvoir Unique avec Niedjan. Les connaissances des Elus étant bien plus importantes que celles des Aes Sedai de cettee Ere là.
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