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Joutes : Atterissage inattendu en un lieu inconnu
(Sujet créé par Jouteurs l 01/09/03 à 14:37)
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Jouteurs
22/08/2003 15:37


Texte A : Le plateau de Glaisia

Quand Branwen aperçut les premiers éclaireurs, elle sut instinctivement quelle était leur prochaine cible : Fyairfief.
Obéissant à un ordre inaudible, elle rallia les Troupes Libres comme elle l’avait déjà fait de maintes fois. Ces milliers d’hommes et de femmes constituaient une force qui avait toujours fait face aux Seigneurs Omnipotents.
Depuis ce qui semblait à Branwen une éternité, ces deux entités n’avaient cessé de s’opposer, à tel point qu’il n’existait pas d’humain n’ayant choisi son camp dans le pays de Glaisia.
Fyairfief, situé en plein cœur d’un immense plateau bordé de montagnes plus hautes que le ciel, était de nombreuses fois tombé aux mains des deux armées. Depuis maintenant trois saisons, les Seigneurs Omnipotents se pavanaient dans cette magnifique œuvre architecturale dont les flèches s’élançaient si haut qu’elles semblaient soutenir la voûte céleste.
Des rumeurs prétendaient que ce château avait été bâti avant même que naisse le pays de Glaisia, et certains murmuraient qu’il s’agissait en fait de la première pierre du monde que les Anciens avaient légué aux hommes avant de les abandonner.

Fyairfief était désormais en vue des Troupes Libres. Branwen distinguait nettement les hommes en armes sur les remparts.
La lassitude s’empara d’elle : à quoi rimait toute cette violence ? Son existence entière n’avait été qu’une succession de batailles où elle avait vu mourir des milliers des siens. Et lorsqu’une bataille se terminait, quelle qu’en soit l’issue, il ne restait qu’à se préparer pour la prochaine confrontation.
Branwen n’était plus qu’à une demi-lieue de son objectif quand elle décida finalement que cette bataille serait la dernière et Fyairfief, son tombeau. Certes, elle se battrait comme jamais, car elle ne voulait pas que sa mort soit inutile. Mais elle savait également que le soleil ne lui réchaufferait plus jamais la peau.

Elle pénétra dans l’enceinte du château quelques instants à peine après que le pont-levis fut abaissé. Son sabre tranchait les chairs ennemies tel un ultime chant du cygne. Le temps lui jouait des tours : les visions de compagnons morts en ces lieus se superposaient aux cadavres qui gisaient sans gloire au milieu des détritus.
Puis, quand elle atteint l’entrée de l’une de ces fabuleuses flèches, Branwen fut saisie d’un sentiment qu’elle n’avait jamais connu : tout son corps semblait être en passe d’accéder à la plénitude tant souhaitée.
Elle chuta lourdement sur les marches de l’escalier sans tenter d’apercevoir son assaillant : peu lui importait qui il était, il avait exaucé son funeste souhait.
La sensation de chute continua malgré l’impact de l’escalier.

Son dernier souvenir fut celui d’une immense douleur.


Une succession de visages sans fin. Chacun de ses visages avait appartenu à des hommes et des femmes avec lesquels elle s’était battue. Certains avaient péri sous sa lame et elle avait versé des larmes pour quelques autres, bien qu’elle ne connût jamais véritablement l’un d’entre eux.
La sensation de chute avait désormais fait place à un sentiment de paix, proche du flottement.
Quand elle ouvrit les yeux, la première chose que vit Branwen fut le plafond. Ou plutôt, la première chose qu’elle ne vit pas. Des colonnes immenses et prodigieuses se tenaient non loin d’elle, et elles devaient normalement soutenir une voûte. Pourtant, Branwen ne vit rien hormis un profond noir lugubre.
En ouvrant les yeux, elle reprit conscience de certaines sensations. Elle se tenait allongée sur une grande pierre plate, au milieu d’une pièce aux dimensions extraordinaire. Même Fyairfief, qui était sans nul doute la construction la plus gigantesque de Glaisia, pouvait entrer dans cette pièce. Elle repensa rapidement à la bataille et, malgré ses réticences, elle éprouva le besoin de savoir qui l‘avait gagnée.
Elle s’assit sur le bord de la pierre. Où était-elle ? Assurément pas chez elle, au pays de Glaisia. Elle n’avait jamais entendu parler d’une construction aussi monumentale, pas même dans les légendes les plus fantaisistes. Avait-elle finalement atteint le Royaume des Morts ?
Elle doutait de sa propre mort tout autant que de la réalité qui l’entourait. Et elle était seule. Complètement seule. Elle commençait à sentir la panique s’emparer d’elle.
Elle hésita à s’enfuir de cet endroit si froid, mais la pièce était tellement vaste qu’il lui aurait fallu plusieurs jours avant de pouvoir en sortir, si tant est que cela fut possible.
A l’instant où elle se recoucha, sa volonté vaincue, une voix susurra son nom.
Un être resplendissant de lumière se tenait à son chevet. Elle n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi beau : ses cheveux d’or tombaient en cascade sur ses épaules, son visage exprimait une empathie divine, et lorsque Branwen croisa son regard, elle fut stupéfaite des yeux qui l’observaient : leur couleur semblait vivre, car elle changeait sans cesse. La voix de l’être s’éleva telle une plume portée par le vent.
- Salutation. Je me nomme Ardoksho et je suis en charge de ta garde.
- Euh … salutation. Quel …
- … est cet endroit ? Il est vrai que tout cela doit te sembler assez confus. Disons que tu es arrivée au bout du chemin de la Vie …
- Je suis morte ?
- C’est une manière assez abrupte de considérer la chose, mais c’est à peu prés cela.
- Et ici … je veux dire : il s’agit du Royaume des Morts ?
- Bien que le terme « royaume » soit désormais inadapté pour qualifier ce lieu, le concept général est assez proche de la réalité. Si ce n’est qu’il n’est encore qu’une transition, tout comme la Vie que tu as pu connaître.
Branwen eut l’air déçu.
- Ainsi, je suis morte, et je me réveille en un lieu qui n’est pas ma destination finale ?
- Exact. Si la Vie est la première étape de l’existence d’un être, celle-ci n’en constitue néanmoins qu’un préambule. Tu es ici dans le Kailâs, un lieu de transition pour tous ceux qui poursuivent leur chemin. Tout être se retrouve ici entre chaque phase de son existence, mais puisque tu viens de finir ta Vie, il est normal que tu ne connaisses pas ces lieux.
- A vrai dire, quand j’ai ouvert les yeux, j’ai été impressionnée par ce lieu. Je n’arrive même pas à en apercevoir le plafond !
- Tu as raison. Il se situe très loin au-dessus de nos têtes. L’espace-temps de chaque période de l’existence croît de la même manière que mûrit l’être lui-même. Plus tu grandiras en tant qu’être, plus ton Enveloppe gagnera en puissance.
- Je ne suis pas sûre de bien comprendre …
- Ne t’inquiètes pas, ce n’est pas important que tu comprennes cela. Tu verras par toi-même.
- Et … vous ? Qui êtes-vous ?
- Je suis Ardoksho.
Branwen sentit une légère crispation dans la voix de son interlocuteur.
- Ce que j’aimerai savoir, c’est ce que vous faites ici ? Pourquoi vous et pas un autre ? Et, à vrai dire, si je peux arriver à croire en la possibilité d’une telle chose, je n’ai pas l’habitude de voir des personnes qui rayonnent et dont les yeux changent de couleur ?
L’espace d’un instant, Branwen crut voir des étincelles jaillir des yeux d’Ardoksho.
- Je fais partie des Gardes de ces lieux. Nous sommes l’une des premières générations à avoir atteint cette phase de l’existence. C’est pourquoi nous sommes chargés d’accueillir les êtres qui font étape ici. Notre chemin n’est pas achevé, tout comme toi, mais nous sommes plus proche de l’arrivée que du départ.
- Nous ?
- Oui. Nous sommes encore peu nombreux, mais nous avons la charge d’un nombre d’êtres difficilement concevable pour quelqu’un qui vient à peine de perdre la Vie. Quand à mon Enveloppe, elle est le résultat des multiples évolutions que j’ai dû subir au cours de mon existence. Et crois-moi, celle-ci est assez confortable : j’ai vécu des phases où je n’espérais qu’une chose : changer d’Enveloppe !
Ardoksho sourit à cette pensée, ce qui créa une vague d’amour pur dans le cœur de Branwen. Malgré l’apparente aversion qu’elle exprimait à son égard, la jeune femme était entièrement subjuguée. Elle n’avait jamais posé les yeux sur quelqu’un d’aussi beau que cet être luminescent. Comparés à lui, tous les hommes qu’elle avait pu voir ressemblaient à des contrefaçons grossières qui n’avait pas plus de charme qu’une botte de foin. Et son sourire avait une telle puissance qu’elle n’aurait pas été surprise de voir le sol s’ouvrir.
Ardoksho sembla ressentir l’amour qui naissait dans le cœur de Branwen et il sourit de plus belle. Il lui saisit les mains, ce qui pétrifia la jeune femme.
- Cela faisait longtemps que je t’attendais, Branwen. Ce que tu ressens en toi, je le ressens également, puisque c’est ainsi qu’il en a été décidé. Cependant, notre amour ne pourra s’exprimer qu’en ces lieux.
Branwen ne respirait plus. Tout son corps n’aspirait plus qu’à combler le désir brûlant qui montait en elle. Ardoksho s’approcha. Il l‘enlaça délicatement, ce qui provoqua en elle d’irrésistibles bouffées de chaleur.
Les yeux d’Ardoksho luisaient tels des bûchers quand leurs lèvres se touchèrent.


Branwen n’avait aucune notion du temps. L’immense pièce dans laquelle elle résidait ne possédait aucune fenêtre et les torches qui produisaient une faible lumière semblaient ne jamais s’éteindre.
La lassitude et l’ennui devenaient au fil du temps de plus en plus pesants et Ardoksho ne venait la voir que rarement. Il lui avait expliqué que leur amour ne pouvait exister qu’en cet endroit et sous certaines conditions. Il lui avait également intimé de rester prés de la pierre et avait déclaré qu’il ne pouvait être présent tout le temps : malgré l’amour qu’il éprouvait, son rang et sa fonction de Garde l’obligeait à s’absenter, laissant du même coup Branwen seule. Et comme celle-ci n’avait aucune autre activité, les périodes d’absence d’Ardoksho étaient de véritables tortures.
Quand Branwen avait commencé à souffrir des absences de son aimé, elle avait évoqué le fait qu’ils pouvaient peut-être se retrouver lors de son deuxième passage au Kailâs. Ardoksho avait souri, prétextant l’ignorance et la naïveté de Branwen, mais celle-ci avait bien senti que son aimé lui dissimulait quelque secret. Cependant, l’amour et la confiance qu’elle portait à son encontre avaient su dissiper ses doutes.
Branwen n’avait jamais vécu de sentiment plus fort que l’amour qui les unissait. Ce puissant sentiment rendait les séparations d’autant plus difficiles et la jeune femme pleurait durant ce qui lui sembla des jours entiers.
Ardoksho vivait également douloureusement la situation. Branwen le sentait tout aussi sûrement qu’elle pouvait sentir son amour. Mais cela ne suffisait plus à la consoler.

Lors d’une période d’absence particulièrement longue et douloureuse, celle-ci s’était rendu compte avec tristesse que la prison de violence qu’avait pu constitué sa Vie faisait désormais place à une prison d’amour. Cette découverte la plongea dans une profonde mélancolie.
Lorsque Ardoksho revint enfin, elle tenta une nouvelle fois de lui faire prendre conscience de la mesure de son désespoir, mais son aimé ne put se résoudre à rester avec elle.
Dés que celui-ci l’eut quittée, elle quitta la pierre et tenta de le suivre discrètement. Elle n’avait jamais vraiment vu d’où arrivait Ardoksho et sa méconnaissance des lieux n’arrangeait rien. Mais elle parvint tant bien que mal à le suivre des yeux.
Au bout d’un certain temps, Ardoksho s’arrêta. Branwen se jeta derrière une colonne lorsque celui-ci tourna la tête, comme pour vérifier qu’il n’était pas surveiller.
De sa cachette, Branwen observait son aimé. Elle le vit devenir si luminescent qu’elle sentit des larmes couler sur ses joues. Mais elle ne voulait pas fermer les yeux : il fallait qu’elle sache.
C’est alors qu’Ardoksho se mit à grandir. Branwen était stupéfaite : alors qu’Ardoksho lui parlait volontiers de sa fonction de Garde, il n’avait jamais évoqué ce pouvoir-là.
Puis la stupéfaction fit place à l’horreur : Ardoksho avait tant grandi qu’elle ne pouvait plus apercevoir son visage. Branwen se recroquevilla contre la colonne : elle n’avait aucune chance de survie si son aimé lui posait le pied dessus.
La lumière se calma peu à peu, laissant Branwen prendre la pleine mesure de ce qui venait de se passer. Comment réagirait Ardoksho s’il la découvrait ici ? Et, surtout, quel serait sa réaction à la découverte de Branwen ?
Elle l’avait suivi par désespoir de cause, parce que cela lui semblait être la seule chose qu’elle pouvait faire. Elle avait même tenter de se persuader qu’elle finirait par retrouver la pierre, et qu’Ardoksho n’en saurait rien.
Mais ce qu’elle venait de voir lui révéla qu’elle avait déjà choisi la fuite.

Quand Ardoksho avait quitté les lieux, Branwen avait très longuement pleuré. Elle ne savait se l’expliquer, mais il y avait dans cette découverte quelque chose qui clochait avec tout ce qu’avait pu lui raconter Ardoksho. Elle ne parvenait à comprendre pourquoi il ne lui avait rien dit et cette frustration doublée du sentiment de s’être perdu dans l’immensité de cet espace avait eu temporairement raison de sa volonté de fuir.
Lorsque les dernières larmes eurent séchées, Branwen se mit à courir de toute ses forces à travers la pièce. Elle avançait droit devant, avec une ferveur identique à celle dont elle avait pu faire preuve lors de sa dernière bataille, à Fyairfief.
Elle ne craignait pas de rencontrer quelqu’un : même l’idée d’être écrasée lui semblait délicieuse.
C’est d’ailleurs ce qui fit failli arriver lorsqu’un pied gigantesque se posa à quelques mètres d’elle. Sous l’effet de la surprise, elle poussa un hurlement si puissant que l’être auquel appartenait ce pied s’arrêta.
Incapable de faire quoi que se soit, épuisée et désemparée, Branwen ne put que constater que l’être se baissait pour l’attraper.


Branwen était terrifiée. De nombreux êtres titanesques la cherchait du regard dans la prison de verre où on l’avait enfermé. Elle sentait plus qu’elle n’entendait les voix : cela faisait vibrer la fiole et pénétrait au plus profond d’elle. Les sons étaient longs et graves et les êtres semblaient se mouvoir très lentement. Elle tentait de rester assise, la tête cachée entre ses jambes, sans cesse ballottée par les mouvements de sa prison.
On finit par poser la fiole sur une table. Les sons continuèrent durant un moment, puis ils firent place à une lumière aveuglante qui rappela à Branwen le secret d’Ardoksho.
L’unique gigantesque silhouette restante s’avança et saisit la fiole sans ménagement. Il l’ouvrit, la coucha par terre et se changea également en lumière.
Effrayée, sonnée par toutes ces secousses, Balwenn resta allongée au fond de sa prison de verre. Elle se doutait que les Gardes, car elle était sûre qu’il s’agissait bien d’eux, ne tarderaient pas à venir la rejoindre.
Au bout d’un long moment, durant lequel Branwen reprit quelque peu ses esprits, des dizaines de silhouettes apparurent. Branwen se leva et chercha si elle ne pouvait apercevoir Ardoksho. L’assemblée était constituée d’hommes et de femmes semblables à son aimé, mais la dureté de leur regard transperçait Branwen de milles flèches glacées.
Soudain, Ardoksho apparut. Il était entouré de trois silhouettes qui semblaient le surveiller de prés et avait les mains liées.
On le jeta sans ménagement aux pieds de Branwen, qui se précipita sur lui pour le détacher.
- Inutile d’essayer de défaire ces liens.
Branwen se retourna vers l’homme qui venait de s’adresser à elle. Il était nettement plus âgé qu’Ardoksho et son visage reflétait le ton menaçant qu’il avait employé.
- Nous le soupçonnions depuis un petit moment de se livrer à quelque acte interdit. Et la mort de Branwen n’a rien arrangé …
La jeune femme sentit son sang se glacer dans ses veines.
- Il semblerait tu aies quand même réussi à faire du bon travail, Ardoksho : elle lui ressemble beaucoup !
Ardoksho évitait les regards que lui lançait Branwen. Celle-ci, trop abasourdie pour dire quoi que ce soit, s’assit à ses côtés, l’air prostré.
- Mais comment as-tu pu oser faire cela : elle est morte et rien, malgré tes pouvoirs divins avancés, ne peut y faire quoi que ce soit.
Ardoksho se releva d’un seul homme sans regarder Branwen.
- Que savez-vous de l’amour ? Votre rôle de formateur ne vous a pas permis de connaître ce sentiment, et d’ailleurs, du temps où Branwen était encore des nôtres, vous clamiez déjà votre désapprobation à tout sentiment amoureux. Comment pouvez-vous me comprendre ?
- Je n’ai pas à te comprendre : j’ai à te former. Quand tu es entré ici, tu savais que toute liaison conduirait à une exclusion d’office. Tu as de la chance que Branwen ait donné sa vie pour que tu puisses poursuivre ta formation divine : c’est là un sacrifice auquel tu ne rend pas honneur en t’abaissant à de tels agissements.
Branwen sentait le sol se dérober sous ses pieds.
- Je ne regrette pas ce que j’ai fait, car je l’ai fait par amour.
- Regardes ce qu’a fait de toi ton maudit amour ? Un dieu déchu, condamné par les siens pour avoir reproduit l’image d’une déesse suicidée …
C’en fut trop pour Branwen et elle se plaça face à Ardoksho.
- Que raconte-il ? Dis-moi que c’est faux ! Dis-lui que je suis morte, de passage au Kailâs, que tu es en charge de moi …
L’homme émis un rire qui fit frissonner Branwen.
- Belle version. Elle me rappelle l’apprentissage théologique du mois dernier, mais je ne pensais vraiment pas qu’elle serait appliquée aussi rapidement …
Ardoksho se décida à regarder la jeune femme. Ce que put y lire Branwen la terrassa.
- Branwen, je suis désolé. Tout cela ne serai jamais arrivé si tu avais suivi mes conseils, mais je ne peux me résoudre à t’en vouloir : le contrôle de situation m’a quelque peu échappé …
- Echappé ? Que contrôlais-tu ? Tu croyais vraiment que Branwen allait se réincarner dans une vulgaire statue de glaise ? Je reconnais que tu as fait du beau travail : elle est très ressemblante et n’a pas l’air aussi stupide que ses « frères » du plateau d’entraînement « Glaisia ». C’était d’ailleurs une excellente idée de l’y avoir placer après son façonnage : les exercices n’ont cessé de continuer et nous n’y avons vu que du feu. Mais tenter de réincarner Branwen est au-dessus de tes capacités divines …
Ardoksho s’approcha de Branwen et la prit dans ses bras.
- Oui. Je reconnais mes erreurs. Mais cette statue de glaise est tout ce qui me reste de Branwen, et je ne suis pas prêt à la perdre.
Branwen ressentit un tel sentiment de vertige qu’elle se laissa tomber à terre.
- Soit. Tu as été déchu de tes pouvoirs : il n’y a donc rien qui s’oppose à un tel souhait. Vous serez donc jetés tous les deux dans « Glaisia ». Adieu, les amoureux !
S’en suivit un rire démentiel qui précipita Branwen dans une inconscience inespérée …


Quand Branwen s’éveilla, elle eut le sentiment d’avoir dormi durant trois jours. Des hommes en armes couraient prés d’elle en hurlant. Elle releva la tête et aperçut Fyairfief. Elle se releva instinctivement et s’empara de son sabre : il fallait vaincre les Seigneurs Omnipotents.
Elle se rua au contact des troupes ennemies. La bataille avait déjà commencé depuis un moment et les corps freinaient l’avancée des assaillants.
Soudain, après avoir tranché la gorge d’un soldat particulièrement coriace, Branwen fit face à un homme étrange qui la regardait avec douceur et tendresse. Quand elle le regarda, la jeune femme eut le sentiment confus qu’elle connaissait son adversaire.
Puis, elle entendit l’ordre inaudible. Elle releva alors la tête, serra fermement son sabre et fondit sur lui.
L’homme ne tenta même pas d’esquiver l’attaque quand elle le décapita.
Jouteurs
24/08/2003 00:06


Texte B

Acte I
Un vieux troll rentre sur scène, il lui manque des dents et le bout de long nez est manquant. Sa démarche est lourde de rhumatismes. Ses yeux étincellent cependant alors qu’il prend la parole :

Il y a des jours comme ça
Ou c’est sur, y a rien qui va !
Pourtant, tout avait bien débuté,
Je m’étais levé du bon pied.

Petit déjeuner frugal et léger,
Juste une cuisse de hobbit braisée
Arrosée d’un petit vin pétillant
Au goût fruité et bien gouleyant.

Mon pagne le plus confortable,
Ma massue, cette vieille compagne.
Une bonne respiration , un petit rot,
Me voilà parti au petit trot.

Dans la forêt un elfe j’ai vite repéré,
Mais dès qu’il m’a vu il s’est sauvé.
Je suis plus tout jeune et pour le choper
J’ai quand même eu quelques difficultés.

Tout en mâchouillant un cuissot saignant,
Je continuais mon chemin en pensant :
Quelle belle vie que celle de troll velu !
Elle est pas faite pour le premier venu.

J’arrivais enfin, peinard, à la clairière
Vous savez bien, celle de la Pierre.
Après avoir fini tous les restes,
C’était déjà l’heure de ma sieste.

Je m’allonge tranquille à l’ombre,
Et illico dans le sommeil je sombre.
Je sais bien que j’aurais du me méfier
Mais bon, comment je pouvais me douter ?

J’ai à peine du fermer l’œil une plombe
Et d’un coup, je sens que je tombe !
J’ouvre les yeux, j’agrippe ma massue
Et je finis dans le noir et sur le cul.

Acte II
Le vieux troll attrape une pinte de bière qui passe et s’en jette un vite fait dans le gosier avant de continuer :

C’est sur, là, j’étais bien réveillé
Et surtout, franchement contrarié.
En plus j’avais mal à l’arrière train
Et de nouveau une petite faim.

Je me relève et j’entend une voix
« Salut le Troll, bienvenue chez moi. »
Je regarde autour de moi, personne.
Je crie, « Montre toi, que je te sonne ! »

J’entend alors la voix qui rigole
« Tu ne peux pas me voir , le Troll
je suis ton nouveau mage employeur,
fais contre mauvaise fortune bon cœur

Tu es dans mon donjon pour le garder
C’est pour ça que je t’ai invoqué.
Alors mets toi au boulot tout de suite,
Ils arrivent, fais leur prendre la fuite ! »

« De quoi !? Un donjon à garder ?
Non mais, tu m’as bien regardé ?
Je veux pas de ce boulot, merci.
J’ai passé l’âge de ces conneries !

Et puis en plus, je suis pas ton larbin
Si t’en veux un, va te chercher un nain ! »
« Dépêche toi Troll, ou il va t’en cuire !
tu n’as pas le choix et rien à dire. »

A ce moment là, voilà la porte du donjon
Qui cède, et je me retrouve comme un con,
Face au groupe habituel : un voleur, un nain,
Une elfe, un guerrier, un prêtre, un magicien.

Je me dis alors : Gortch - c’est mon nom -
Là c’est clair, va falloir être bon
Mon grand, si tu veux t’en sortir vivant
T’as plus le choix, faut foncer dedans.

Acte III
L’audience est captivée, elle en oublie même de se gratter…

Je saute sur l’elfe. Ben ouais, l’habitude…
Vu sa tête, il a du me trouver un peu rude !
Un bon coup de massue entre les yeux
Pour les terminer, y a rien de mieux.

Pendant ce temps, le guerrier m’agresse
Et me plante son épée dans une fesse.
Ca pique et ça a le don de m’énerver
Alors, j’ai pris le temps de la retirer.

Et je lui ai rendu son cure-dents,
Bien fort, en plein dans les dents.
Pendant ce temps, le magicien incantait
Mais y avait le nain qui me gênait.

Pas grave, je n’ai eu qu’à le lancer
Contre le mago, pour m’en débarrasser.
Mais le voleur avait disparu entre temps.
C’est pénible, ils le font systématiquement !

Pendant que je le cherchait partout,
Il me préparait un mauvais coup.
Par derrière, évidemment, le lâche.
J’ai frappé si fort qu’il a fait une tâche…

Le prêtre, je l’ai gardé pour la fin
Ils sont toujours plus gros, c’est bien.
Lui, je l’ai décortiqué lentement
J’aime bien prendre mon temps.

Ca m’avait bien calmé les nerfs
Mais j’avais pas que ça à faire.
J’avais déjà assez perdu mon temps.
Avec cet intermède sanglant.

En plus, j’aime pas les donjons pourris.
Alors j’ai poussé la porte et je suis sorti
En courant aussi vite que j’ai pu
C’est sur, on m’y reprendra plus !
Galldrenn
25/08/2003 00:07
Larve Maléfique (version ectoplasmique)

Bon, Lan je t'ai envoyé mon texte normalement tu devrais l'avoir!Et s'il y a un problème, faudra attendre après demain pour me le dire parce que je ne serai pas là ( raison de plus pour qu'il y ai pas de problèmes, hein??).Non, franchement si tu l'as pas reçu ou que ça va pas oublie le, c'est pas grave, je participerai à la prochaine!Non, parce qu'on m'a dit que le dernier délai c'était demain, alors j'ai vite envoyé....^^
Bref, j'ai regardé un peu les textes plus haut..et j'aime bien, même si maintenant je me sens un peu ridicule avec mon texte de débutant....Ma foi, il parait que le ridicule tue plus, alors ce ne me sera pas mortel je pense......
Bon, sinon j'ai pas compris pourquoi des écrits étaient postés, c'est obligatoire??Parce qu'à la vérité dans les posts l'italique m'est interdit, et que c'est un des éléments majeures de mon texte....(je suis chiant, je sais...^^)
Galldrenn,qui va se cacher, comme d'habitude
DonLope
25/08/2003 10:44
<i>Doyen Ménestrel</i><br><br>

Il n'est pas obligatoire de poster ton texte ici. Ne le mettent que ceusse qui souhaitent des commentaires.
L'italique n'est pas interdit ! Il faut encadrer le texte que tu veux voir en italique par les codes suivants : <i> devant et </i> derrière

EDIT ELANN : oui c'est un oubli. La nouvelle version du forum permet le [ i ] pour faire comme
ApokalypseKnight3
25/08/2003 11:36


uhhuhuhu je ne suis qu'un ^pauvre reprouvé qui n capte rien ! Ou sont l'integralité des textes de joute ?
Neojah
25/08/2003 11:40
Ménestrel bibliophage

Tu trouves ça dans les pages communautés/joutes littéraires. Sauf pour les joutes actuelles, qui sont en cours, donc pas encore archivées.
ApokalypseKnight3
25/08/2003 11:44


Oui merci le menestrel, enfin je voulais parler des joutes actuelles, tous les textes envoyés ne sont pas ici c'est pour cela.
Neojah
25/08/2003 11:51
Ménestrel bibliophage

Autant pour moi, mais un cavalier de l'apocalypse devrait normalement savoir s'exprimer ... ne serait-ce que pour revendiquer ses pitoyables actions caps-lockéennes, non ? .
Les textes qui ne sont pas publiés doivent être envoyés à Lan qui les publiera sur le site le jour de clotûre des joutes ... qui est ... je sais plus ... aujourd'hui, non ?
D'ailleurs, et sans vouloir paraître rabat-joie, on devrait peut-être arrêter d'utiliser ce topic pour discuter des joutes : il y a d'autres topic pour cela et ici, cela ne concerne que la remise des textes et les critiques.
ApokalypseKnight3
25/08/2003 13:12


Votre sagesse est etonnante (Menestrel ou pas )
Quant a mes actions caps-lockeenes notez que je viens de passer au stade de la demagogie aigue, plus de caps lock = meilleure approche de ses Ouailles...
Oui Neojah je le lis dans vos yeux, vous voulez devenir un cavalier de l'apocalypse ...


GNiark kkkkkkkkkkkk !!!!!!
Jolandar
25/08/2003 13:58


BAH oui j'ai le meme probleme... Lan je t'a envoyé mon Texte ya deja 2 semaines !!! l'es ou??? lol bah jespere que tu le mettra bientotonline.

Merci d'avance !

Jolandar Chef Aiel du 13 eme Enclos.
Jouteurs
25/08/2003 19:34


Texte C : Le Général

La chute fut longue et vertigineuse, la réception brutale. Le nuage de poussière retomba lentement sur le corps inerte. Après un long moment, le Général s’éveilla brutalement. Il fut sur ses pieds en un rien de temps mais il avait présumé de ses forces et vacilla. La tête lui tournait et sa vision était trouble. Sa première sensation fut l’absence de la douleur. Il palpa lentement son torse et constata que ses blessures avaient disparu. Son uniforme sombre portait encore la trace des coups reçus mais nulle présence du sang qui, un instant auparavant, s’écoulait à flots bouillonnants. Progressivement, ses yeux percèrent l’obscurité qui l’entourait.
Des tombes ! Des milliers, des millions de tombes se dressaient autour de lui, pierres sombres sur un sol de cendres. La sinistre vallée mortuaire était entourée de hautes falaises de roches noires. L’endroit était baigné dans la lueur grisâtre du crépuscule. Haut dans le ciel, un soleil moribond jetait un halo rougeoyant qui ne parvenait pas à percer l’obscurité. L’odeur de la mort flottait en de longues écharpes brumeuses qu’un vent glacial faisait tourbillonner. Le Général frissonna tant d’angoisse que de froid.
- Ainsi, c’est donc cela le Royaume des Morts ?
- Non.
Il sursauta et se retourna, sa lame déjà en main. Un enfant, assis sur une stèle, le fixait de ses yeux bleus délavés. Il devait avoir une dizaine d’années. Ses vêtements noirs faisaient ressortir la pâleur morbide de sa peau. Ses longs cheveux blonds éclataient comme une insulte au décor malsain qui les environnait.
- Bonjour, petit. On m’appelle le Général. Et toi, qui es-tu ?
- Je suis le Dernier et mes parents m’ont appelé Espoir.
- Le Dernier ? Que veux-tu dire ?
- Je suis le dernier humain de notre terre.
- Je ne comprends pas…
- Tu n’es pas arrivé dans le domaine de la mort. Tu es ici à la Fin des Temps. Et je suis le dernier homme encore en vie sur notre terre.
- Tes paroles sont énigmatiques.
- Tu comprendras Général.
Un nuage de brume sombre enveloppa la silhouette du garçon. Quand il se dissipa, le Dernier avait disparu de la vue du Général. Consterné, il réfléchit un long moment. Quel était donc ce maléfice ? Etait-il mort ? Et quel était cet étrange endroit qui lui semblait si familier ? Il soupira. Il était un homme d’action, un combattant et un meneur d’hommes. De là où il venait, on disait de lui qu’il était le meilleur. Jusqu’à ce qu’il tombe dans cette embuscade. Les lances de ses adversaires l’avaient transpercé de part en part. Et maintenant, il se retrouvait ici.

Au loin, il pouvait distinguer les lignes acérées des falaises qui s’abaissaient vers le sol. La sortie de cette vallée devait donc se trouver dans cette direction. Il se mit en marche. Cet objectif à atteindre l’évitait de sombrer dans la folie même si son désarroi était grand. Ses bottes de cavalier soulevaient à chaque enjambée de petits nuages de cendres. Sépulcres et mausolées s’étendaient toujours à perte de vue. Il reconnut le style de certaines d’entre elles. C’était des tombes de guerriers.
Cela faisait maintenant un long moment qu’il marchait et le soleil ne semblait pas avoir bougé d’un pouce. Il se dressait toujours haut dans le ciel, tel l’œil d’un mourrant sur le point de s’éteindre à jamais. Il ne ressentait nulle fatigue et ni faim, ni soif. Le garçon avait-il dit la vérité ? Le temps s’était-il arrêté ? Jamais le Général n’avait ressenti un tel sentiment d’abandon.

- Je t’attendais Général.
La lame apparut dans sa main comme par enchantement. Sur la défensive, il chercha la source de cette voix calme et apaisante. Il sentit tout d’abord une douce chaleur lui caresser le visage puis il perçut une lueur réconfortante dissiper la pénombre. Bientôt une formidable silhouette se dessina dans une aura de lumière. Un guerrier se tenait maintenant face à lui. Vêtu d’une armure resplendissante et recouvert d’une cape d’un blanc immaculé, il rayonnait d’une puissance aussi sereine qu’inflexible. Un heaume, surmonté d’une couronne de joyaux étincelants, recouvrait entièrement sa tête. Le Général ressentit une impression de bonté et de compassion mais aussi un irrépressible désir de ployer le genou face à cette créature. Puisant sa force dans une volonté aguerrie par des années de combat, il resta sur ses gardes.
- Qui es-tu ?
- Tu n’as rien à craindre. Je suis le Bien.
- Et pourquoi m’attendais-tu ?
- Pour mettre enfin un terme à ce jour sans fin.
- Comment cela ?
- En participant à la Dernière Bataille. En décidant de l’issue de la Guerre des Dieux.
- Tu parles par énigme.
- En me rejoignant, tu permettras à ce monde de connaître une nouvelle ère. Une ère de paix et d’harmonie. La destinée de l’homme est entre tes mains.
- Entre mes mains ? Je ne suis qu’un homme et les affaires des Dieux n’ont jamais été les miennes.
- Tu es plus qu’un homme. Tu es le Général.
- Que veux-tu dire ? Que je dois prendre le commandement de ton armée ?
- Tu comprendras bientôt. Je t’attendrai et nous combattrons ensemble.
La silhouette se dilua lentement dans la lueur déclinante. Bientôt, le crépuscule reprit ses droits sur ces terres désolées. Le Général resta un long moment immobile. La confusion s’était emparée de son esprit. Avait-il vraiment un rôle si important à jouer ? Ou bien était-il devenu fou ? Il secoua la tête. Il ne pouvait que subir, que ce monde agonisant soit réel ou qu’il soit en plein délire. Il se réfugia dans l’objectif qu’il s’était fixé et reprit sa marche. Il espérait en sortant de cette vallée y voir un peu plus clair. Cet endroit était visiblement maudit et, qu’elle que soit la façon dont il était parvenu ici, il trouverait certainement des réponses plus tard.

Au fur et à mesure de sa progression, la vallée devenait plus étroite et bientôt il aperçut enfin un défilé qui lui permettrait certainement de la quitter. Sa visibilité était mauvaise et il distinguait mal ce qui pouvait bien l’attendre plus loin. Il sentait maintenant ses forces lui revenir. Son corps et son esprit n’avaient jamais été aussi affûtés et il reprit courage. Il ignorait toujours quel était le sens de cette histoire mais il se savait en mesure d’affronter n’importe quel danger.
- Ainsi, c’est donc toi le fameux Général ?
Une nouvelle fois, le guerrier sursauta et, par réflexe, se mit en garde. Les habitants de cette contrée avaient-ils tous la fâcheuse habitude d’apparaître sans crier gare ? Il se retourna et aperçut la plus terrifiante créature qui lui fut donnée de contempler. Une forme humaine massive de plus de trois mètres de haut se tenait quelques pas derrière lui. Elle était entièrement recouverte d’une sinistre armure d’un métal sombre qui luisait d’une lueur malsaine. Hérissée de pointes et d’ergots menaçants, elle semblait suinter d’un liquide visqueux et rougeâtre qui ne pouvait être que du sang. L’être portait un heaume qui lui dissimulait entièrement le visage. Dessus était posé un effrayant diadème de cornes métalliques. Sans baisser sa garde, le Général contemplait l’apparition malgré la révulsion qu’elle lui inspirait. Il sentait frémir en lui la colère et la haine, la soif du sang et la rage du combat.
- Qui es-tu ?
- J’ai eu bien des noms. Pour simplifier les choses, disons que je suis le Mal.
- Et que me veux-tu ?
- Je tenais juste à te rencontrer.
- Pourquoi ?
- Parce que nous serons bientôt amenés à combattre côte à côte.
- Et qu’est ce qui te fait croire que je te rejoindrai ?
- Tu es un guerrier et un chef d’armées. Tu sais ce qu’est la douleur et tu connais la faiblesse de l’homme. Je t’offre le combat éternel. La lutte ancestrale pour la survie, quel qu’en soit le prix. Je t’offre le sang et la gloire. Je t’offre la possibilité d’assouvir toute ta soif de puissance. Tout comme moi, tu respectes la force et tu méprises les faibles. Mon camp est le tien.
- En es-tu si sûr ?
- Tu es le Général. Le meilleur. L’héritier de millénaires de tueries et de massacres. Il ne peut en être autrement.
- Je suppose que je comprendrai bientôt toute cette fantasmagorie ?
- Non. Tu ne comprendras jamais. Tu n’es pas là pour ça mais pour te battre.
- Bien ! Je suppose que nous nous reverrons bientôt ?
- Soit le bienvenu, Général !
L’effroyable créature disparut dans un tourbillon de noirceur laissant derrière elle l’odeur écœurante du sang frais. Un sourire se dessina sur le visage buriné du Général. Un frisson qu’il connaissait bien le submergea. Il s’étira et lança un hurlement sauvage qui se mua bientôt en un formidable grondement qui résonna longtemps entre les falaises de cette ténébreuse vallée.

D’un pas décidé, il reprit son chemin et bientôt les tombes disparurent derrière ses pas. Devant lui, se dressait, au sommet d’une large colline, un extraordinaire édifice. Sur le ciel grisâtre se découpaient les monumentaux vestiges d’une forteresse comme il n’en avait jamais vu de pareille. Au moins sept rangées de fortifications percées de barbacanes et de meurtrières s’étendaient sur plusieurs kilomètres. Les remparts atteignaient par endroit une centaine de mètres de hauteurs et sur les parapets et les chemins de ronde plusieurs milliers de soldats pouvaient prendre place. Un donjon massif émergeait d’une forêt de tours et de beffrois. Malgré les ravages du temps et des combats qui marquaient ses pierres, la citadelle donnait une impression d’invulnérabilité et d’éternité.
Cette vision était saisissante et le Général s’en délecta un long moment. Il savait ce qu’il avait à faire et avait hâte de parcourir les enceintes concentriques et de parvenir au sommet du donjon. Sa foulée se fit plus rapide, et, sous l’œil fixe et indifférent du soleil rouge, il gravit l’étroit chemin qui menait au pied de ce titanesque bastion. De loin, il aperçut la tête blonde du garçon qui l’attendait près de l’entrée.
- Bienvenu en ma demeure Général.
- Ce n’est pas un peu grand pour toi ?
Un timide sourire apparut sur le visage du Dernier. Le Général le lui rendit.
- Alors, dis-moi, vais-je enfin comprendre de quoi il s’agit ?
- Pas tout de suite. Accompagne-moi au sommet du donjon et tout te sera révélé.
Ils empruntèrent en silence un véritable dédale de corridors, traversèrent de multiples cours et galeries, franchirent nombre de fossés et de portes fortifiées.
- Il s’agit de l’ultime demeure des humains. Elle a été édifiée pendant des siècles par les derniers hommes en prévision de la Bataille du Jugement.
Ils parvinrent finalement sur l’immense esplanade plongée dans l’ombre du titanesque donjon. L’enfant amena le Général dans un de ses multiples recoins et s’arrêta face à deux tombes.
- Mes parents gisent ici.
Des larmes coulaient sur les joues pâles d’Espoir. Le vétéran ne sachant que faire lui mit une main réconfortante sur l’épaule.
- Tu veux parler d’eux ?
- Non. Pas encore. Tout doit se jouer là-haut.
Et d’un geste il désigna le sommet plongé dans la brume du donjon. Ils reprirent leur chemin et gravirent un immense escalier en spirale qui traversait l’édifice de part en part. Ils débouchèrent enfin au faîte qui à lui seul était suffisamment grand pour accueillir une forteresse tout à fait respectable. Pris d’une soudaine inspiration, le Général s’approcha du parapet et ne put retenir un juron.
- Incroyable !
Sous ses yeux une plaine grise s’étendait à perte de vue. A l’est et à l’ouest, il pouvait contempler les deux plus extraordinaires armées jamais rassemblées depuis l’aube des temps.
- Et voilà mes deux amis ! A l’est, le Bien…
Le campement baignait dans une lumière douce et sécurisante. Il s’agissait en fait d’une véritable ville qui devait accueillir plusieurs millions de créatures. De son point de vue imprenable, il distinguait la lueur des armes et armures de pur acier des innombrables phalanges de paladins, de puissantes machines de guerre, le vol gracieux des anges de lumière et nombre de créatures qui lui étaient inconnues. Il sentit aussi le regard bienveillant d’un être couronné de joyaux.
- … et à l’ouest, le Mal !
Le paysage était tout autre mais tout aussi impressionnant. Les cohortes démoniaques se pressaient les unes contre les autres dans un chaos indescriptible, dominés par d’énormes et simiesques créatures. Des dragons dessinaient dans le ciel terne un ballet de mort et de terreur. L’odeur de pourriture et de sang parvenait jusqu’à ses narines et il percevait la clameur furieuse de ces êtres inhumains. Et il entendit la voix de l’être au diadème ensanglanté le saluer.

- Et bien ! Voilà qui nous promet une belle boucherie bien en règle !
- Oui. La plus formidable bataille de tous les temps. Et ils n’attendent que toi pour s’étriper.
- Dis-moi maintenant quel est mon rôle ?
- Viens. J’ai encore quelque chose à te montrer.
Il suivit le garçon en direction du sud, là où l’on pouvait contempler la vallée des morts. En approchant des créneaux, il aperçut deux objets négligemment posés au sol. Le premier était une superbe trompe de guerre forgée dans un métal sombre et brillant. Sur toute sa surface était gravé un somptueux lacis de roses noires. Un peu plus loin, gisait une bannière déployée. Sur son épaisse étoffe de tissu immaculé, de simples contours noirs dessinaient une grande rose blanche.
- Voilà la Trompe des Morts, forgée par mon père. Quand tu souffleras dedans, les morts se relèveront et te rejoindront. Et voici la Bannière de Vie, tissée par ma mère. Quand tu la dresseras, les morts reviendront à la vie et te serviront.
- Et pourquoi ferai-je cela ?
Le garçon se baissa et ramassa le trompe. Il la tendit vers le guerrier.
- Tu es le Général ? Tu commandes à une armée ? Lève-la.
Le Général eut un bref sourire. Il s’empara de l’artefact et souffla.

Un son doux et grave s’étendit sur la plaine. Les anges et les dragons suspendirent leur vol. Les combattants de la foi et les hordes démoniaques s’immobilisèrent. L’être couronné prit une profonde respiration. Le guerrier au diadème ricana. Le son parvint dans la vallée et se répercuta en échos contre les falaises de roche noire. Les brumes se dissipèrent et une puissante clameur enfla.
Les tombes déversèrent les légions des morts. Les cadavres vêtus de leurs armures rouillées et traînant leurs armes ébréchées fixaient de leurs orbites vides le donjon qui se dressait maintenant au loin. Lentement, ils se mirent en route. Bientôt les premiers d’entre eux arrivèrent au pied de la citadelle et s’arrêtèrent.
Le Général éleva haut dans le ciel la Bannière de la Vie et la brandit en signe de ralliement. Une douce lueur se répandit alors sur les morts tandis qu’une fraîche fragrance de rose envahissait la plaine. Les morts hurlèrent de joie et ressentirent la vie revenir en eux. Les organes se reconstituaient, le sang s’écoula à flots bouillonnants dans les artères et les os se rassemblèrent. La peau recouvrit les visages morts depuis des millénaires et des millions de regards connaissaient maintenant une nouvelle naissance.
L’antique citadelle, elle-même, revint à la vie. Ses murailles se redressèrent et les brèches se comblèrent. Scorpions, balistes et catapultes se relevèrent de leurs débris et les fossés s’hérissèrent de lances meurtrières. L’armée se mit en branle et s’engouffra dans la forteresse. Les compagnies se formaient d’elles-mêmes et les officiers s’imposèrent. Arbalétriers et archers, phalanges et légions, sapeurs et artilleurs, investirent les lieux prenant leurs positions.
Les mains croisées dans le dos, le Général contemplait le spectacle. Il sentait monter en lui l’excitation du combat. Le goût chaud du sang et l’odeur froide de l’acier et, par-dessus tout, le plaisir de commander. La sensation de contrôler le destin de l’Histoire en puisant dans toutes ses ressources de stratège, de meneur d’hommes et de guerrier. Sentir son esprit acéré comme une lame à la recherche du point faible de l’adversaire, de la manœuvre qui le surprendra, de l’éclair de génie qui le terrassera et décidera de l’issue de la bataille. Il était le Général et avait passé toute sa longue existence à guerroyer, à étudier et à amener au rang de perfection l’Art de la Guerre.

Quand il se retourna, sept officiers lui faisaient face. Il reconnut certains d’entre eux. De son temps, ils étaient des légendes, des maîtres de guerre dont il avait étudié l’enseignement. Ils le saluèrent.
-Nous sommes à tes ordres, Général.
Il sourit longuement.
- La victoire ou la mort !
Les légendes répondirent à son sourire et rejoignirent leurs hommes.

Un lourd grondement couvrit la plaine. Le démon porteur du diadème parla.
- Général, seras-tu à mes côtés pour déguster ensemble le sang de la victoire ?
Le tonnerre éclata et l’ange couronné répondit.
- Rejoins-moi et l’humanité survivra !

Le Général resta un moment silencieux puis se tourna vers Espoir.
- Dis-moi garçon, que désires-tu.
Le visage du garçon se couvrit de tristesse.
- Vivre.
Il se redressa et s’approcha du parapet.
- Je suis le Général et je commande aux Légions des Damnés ! Je vous défie ! Cette forteresse ne sera jamais votre !
Son cri s’envola au-dessus des enceintes, effleura les guerriers amassés sur les remparts, souffla sur les formidables armées célestes et démoniaques et parvint en rugissant aux deux êtres divins. Dans un fracas assourdissant, leurs voix se confondirent.
- Pauvre fou ! Tu es inconscient ! Tu oses affronter les Dieux ?
Le Général répondit dans un rire sauvage qui fit frissonner les armées célestes.
- Fou ? Vous inversez les rôles. Je suis le Général et je suis l’héritier de millénaires de combats livrés en vos noms ! Vous nous avez tout appris et vous avez donné votre dernière leçon il y a bien longtemps ! Vous prétendez vaincre les Légions des Damnés ? Moi, je vous promets ici le pire des enfers !

La terre trembla et le soleil vacilla quand les armées se mirent en branle. Au sommet du donjon, le Général riait. Sa voix se mêla à celles des Damnés.
- VIVRE LIBRE OU MOURIR !!!
Jouteurs
25/08/2003 21:08


Texte D

Nayda repassa une fois de plus ses ordres en tête .Lu l'agaçait : ses airs condescendants, ses manières autoritaires...Il n'y a pas si longtemps, je lui aurait fait regretter de me parler sur ce ton! Sa colère tomba aussi soudainement qu'elle avait été suscitée. Elle devait se rendre à l'évidence : l'époque où elles séchaient les cours d'Histoire du Monde sans aucun scrupule pour aller se baigner dans la rivière était bien révolue. Depuis la mort d'Elliandre, Lu avait changé du tout au tout...Tu devrais être heureuse qu'elle ne se morfonde pas toute la journée au lieu de te plaindre, se morigéna t elle .Elle l'était, dans une certaine mesure . Elliandre avait été tout ce pour quoi se battait Lutanéa, tout ce pour quoi elle vivait .Et elle lui avait été arrachée de force, par des Membres intouchables du Conseil Restreint, dont Nayda faisait partie à présent. Elle était devenue une magnifique jeune femme, dont la beauté avait fait rougir plus d'un homme. Seulement elle ne riait plus, elle ne chantait plus comme avant. Elle s'était peu à peu détournée de Nayda et du monde, et semblait prisonnière d'elle même. Nayda avait alors décidé d'agir. Galldrenn, le Haut Dirigeant du Conseil Restreint, devenait trop vieux pour maintenir l'ordre chez les magiciens. Tout le monde savait qu'il vivait ses dernières années, et la lutte pour le pouvoir avait déjà débutée. Si le vieux Galldrenn ne choisissait pas bientôt quelqu'un pour le succéder, Razielk serait alors à la tête de l'ordre des Magiciens-il avait assez comploté pour cela-et Nayda n'osait pas envisager cette éventualité. Toujours est il qu'elle avait alors demandé audience auprès du vieux Dirigeant, et qu'elle avait déposé la candidature de Lu .Galldrenn fut d'abord indécis, mais il s'était vite rendu à l'évidence : Lutanéa possédait toutes les qualités requises, il ne pouvait tout simplement pas refuser. Le vieil homme n'étant pas un imbécile, Nayda se doutait que son hésitation ne concernait pas Lu mais elle. Elle était loin d'être populaire ici, à Aldrian, lieu de rassemblement des mages et Siège du Conseil Restreint. Elle n'avait jamais aimé les règlements, et elle ne se souciait pas de ce qui était interdit : pour ce qui la concernait, tous les mages étaient des petites gens arrogants, qui avaient trop de pouvoir et qui en abusaient. Elle s'étonnait parfois de ses propres pensées : en vérité, n'était elle pas une Magicienne elle aussi ?Absorbée par ses réflexions, elle ne s'était pas rendue compte qu'elle avait déjà atteint l'édifice qu'elle cherchait. Le Temple qu'elle avait sous les yeux était un vestiges des Temps Anciens, à l'Epoque où la magie n’était encore qu'une Légende. L’édifice , immense et tout en colonnes de marbre blanc était consacré à Riannael, Celle qui fut Trahie par les hommes, et qui exerçait sa Vengeance en leur donnant la Connaissance. Nayda n’avait jamais compris comment le Savoir pouvait être un fardeau, elle en avait parlé un jour avec son Instructrice à l’époque de son apprentissage, mais cette dernière s’était contentée de lui répondre que parfois, certaines choses devaient être ignorées pour le bien du monde…Nayda n’avait plus jamais abordé la question, l’occasion ne s’étant plus représentée. A présent elle regrettait de ne pas avoir insisté : elle se préparait à rencontrer l’Oracle, et ce qu’elle découvrirait pourrait alors tout changer, pour elle comme pour Lu. Un prêtre en robe blanche arborant le parchemin sanglant- symbole de Riannael- s’avança vers elle, la mine sombre. Elle fit mine d’observer la fresque sur le mur représentant la Déesse aux long cheveux d’albâtre. Les prêtres de Riannael détestaient recevoir de la visite, ils considéraient les Voyageurs comme des idiots à la recherche d’un Savoir inutile. Plus encore ils haïssaient les Mages, dont l’influence avait peu à peu dépassée celle des ordres religieux. Il fallait se rendre à l’évidence : il était peu probable qu’elle obtienne ce pour quoi elle était venue.
A tous ceux qui n’étaient pas rois ou prêtres, ils refusaient les audiences auprès de l’Oracle. Ils me laisseront passer, s’obstina t elle. Ils le doivent. S’ils refusaient……et bien, elle ferait son Devoir, quoi qu’il lui en coûte.
_ «Mademoiselle ? Je peux vous aider mademoiselle ? »
Nayda sursauta. Le prêtre en robe la regardait, un sourire amusé aux coin des lèvres. Imbécile !Se faire surprendre comme une gamine prise en faute !!Cesse donc de te conduire comme une écervelée !
Le regard qu’elle jeta à l’individu près d’elle l’obligea à détourner les yeux .
_ « Je désirerai voir l’Oracle. » Voilà. C’était dit. Il n’y avait plus qu’à espérer maintenant. L’ homme la dévisagea comme si elle lui avait demandé de provoquer la pluie.
_ « Cela ne se peut. L’Oracle ne reçoit pas de visiteurs . A moins d’être envoyé par Nabalan Vasere vous devriez partir. »
Nabalan Vasere était celui qui se nommait lui même l’Envoyé de Riannael. Un fanatique religieux, et probablement un charlatan. Cependant, sa renommée était telle qu’il avait vite été élevé au rang de Gardien des Temples, et à présent dirigeait tout les prêtres voués à la Déesse. Quoi qu’il en soit, Nayda ne pouvait pas repartir sans avoir vu l’Oracle. Et elle n’aimait pas du tout le ton condescendant de cet individu. Cela lui rappela Lu, et eut pour seul résultat d’attiser sa colère.
_ « Je dois voir l’Oracle. Je suis envoyée par Lutanéa Kesalnot, Dirigeante du Conseil Restreint . Cette requête est de la plus haute importance. » Le prêtre eut l’air déconcerté, puis s’inclina devant elle avec toute la déférence dont il était capable.
_ « Pardonnez mon audace mademoiselle. On m’a informé de votre venue. L’Oracle vous attends. »
Cette fois, ce fut Nayda qui eut l’air désemparé. Informé de ma venue ??Comment cela se peut il ?!Lu m’a fait jurer de ne point en parler !Elle m’a promis de me fouetter elle même si quiconque était au courant de l’affaire !
Lutanéa ne l’avait jamais menacée. Ces paroles avaient agi sur Nayda à la façon d’un coup de gourdin. C’est à cet instant qu’elle avait réalisé que le fossé les séparant se révélerait quasiment infranchissable. Plus rien ne serait comme avant désormais ; elles avaient chacune leurs propres intérêts, et leurs priorités étaient différentes…trop différentes ??Nayda espérait que non.
Le prêtre la guida silencieusement dans les couloirs du Temple. De temps à autre, il s’arrêtait pour allumer une des nombreuses bougies qui éclairaient le lieu, ou encore pour relever un tableau représentant une des nombreuses batailles livrée au nom de la Déesse. L’homme s’immobilisa devant une immense porte en bois usé. Il se tourna ensuite vers Nayda, ses yeux de fanatique semblant sonder ses pensées.
_ « Quoi qu’il arrive dans cette salle, n’en parlez à personne. Peu de gens ont rencontré l’Oracle, la Messagère n’aime pas dispenser son Savoir, pour une raison qui m’échappe totalement. Sachez aussi que ce qu’elle vous dira arrivera, et que rien de ce que vous tenterez ne pourra l’empêcher. »Il s’arrêta, la dévisageant en silence, comme attendant une réponse. Nayda hésita : bien évidemment, elle devrait mettre Lu au courant de ce qu’elle aurait découvert. Et d’autres, aussi bien, si elle pouvait encore avoir confiance en leur parole. Lu et elle auraient besoin d’alliés, si jamais ce qu’elles pensaient découvrir se révélait exact.
_ « Je ferai ce que je dois. »La réponse sembla convenir au prêtre, qui ouvrit la porte et lui fit signe d’entrer.
Nayda entra lentement, le visage impassible. Elle espérait que le vieil homme ne remarquerait pas que ses mains tremblaient…

**********************************
Lorsque Nayda sortit du temple, le jour déclinait déjà. Le soleil avait pris des teintes oranges, et offrait un spectacle magnifique. Mais la jeune femme avait l’esprit ailleurs. Rien ne s’était passé comme elle l’avait espéré. L’Oracle, une fillette de sept ans à peine aux yeux vides, n’avait pas répondu à ses questions. Ceci n’est pas la règle, avait elle dit.
Nayda l’avait appris à ses dépends. La Messagère avait alors révélé des choses sur le futur, des choses que Nayda aurait préféré ignorer ; certaines de ces révélations hanteraient ses nuits pendant des années…Elle se souvint des paroles du prêtre : Ce qu’elle vous dira arrivera, et rien de ce que vous tenterez ne pourra l’empêcher…Ces quelques mots résonnaient dans sa tête indéfiniment, comme pour lui rappeler son impuissance. Elle soupira. Le soleil se couchait déjà, et elle avait encore tant à faire…Elle releva ses manches, et observa le dessin tatoué sur son poignet. La Marque de l’Ego. Délivrée par les Portes, elle permettait à un Mage d’invoquer son gardien, son ami, sa moitié…Nayda ferma les yeux, et se concentra sur son compagnon. Son poignet la brûlait, à la limite du supportable….Une larme coula le long de sa joue, qu’elle essuya négligemment d’un geste rapide. Elle lança alors son Appel, et la terre sembla se dérober sous ses pieds. Elle tomba à genoux, épuisée. Elle ne s’habituerait jamais à la fatigue qui suivait immanquablement l’Appel. Une si grande perte d’énergie pour si peu….Elle leva les yeux sur la créature qu’elle avait invoquée. Cette dernière ne lui faisait plus peur depuis longtemps. Elles avaient vécu tant de choses ensemble…Tyanis était la meilleure chose qui lui soit arrivé. La manticore l’avait aidée à se tirer de nombre de situations délicates, sans jamais se plaindre quand elle lui ordonnait de réintégrer le Vide dans lequel elle attendait que Nayda l’appelle. En ce moment même, Tyanis la regardait patiemment, ses grands yeux verts la fixant, prête à bondir pour la rattraper si elle faisait mine de tomber de nouveau. Tyanis, je dois aller à Dyurne. Le feulement de la manticore l’interrompit. Je sais que je suis trop fatiguée pour faire ce voyage, mais c’est très important. Je me reposerai un peu pendant que tu m’emmèneras là bas. Si nous avons de la chance, nous y serons dans quelques heures….La créature déploya ses grandes ailes brunes, sa queue de scorpion battant l’air , prête à prendre son envol dès que Nayda serait montée sur son dos. Tyanis ?… L’énorme tête de lionne se tourna vers elle…..elle était inquiète. Tyanis, il va se passer quelque chose de terrible aujourd’hui, quelque chose que nous avons déjà vécue voilà près de dix ans. La lutte va reprendre Tyanis, et je vais avoir besoin de ton aide pour survivre. Je ne t’obligerait pas à me suivre. Je te donne le choix maintenant. Si tu décides de ne pas venir, alors dépose moi à Dyurne et retourne dans le Vide. Nous nous reverrons ….si je survis…L’Oracle n’avait rien révélé de son avenir à elle, et elle ne le regrettait pas. La jeune fille avait parlé par énigmes, et le peu que Nayda avait compris se révélait être de très mauvais augure…Ne pense pas à ce qu’elle t’as dit .Tout peut changer. Ce prêtre stupide n’y connaît rien. L’Avenir n’est pas définitif.
La manticore l’observait. Je viens, bien évidemment. Tu n’imaginais tout de même pas me renvoyer aussi facilement ?
Nayda retint un soupir de soulagement. Elle avait secrètement espéré cette réponse. La présence de Tyanis auprès d’elle était un réconfort. Avec son Ego, elle pourrait surmonter tous les obstacles. Elle adressa une prière muette à la Déesse Mère, la suppliant de lui donner le courage d’affronter ce que lui réserveraient les prochaines heures…..
Il n’y a plus de temps à perdre Tyanis. Nous sommes déjà en retard. Emmène moi maintenant.
La Manticore s’accroupit alors pour lui permettre de monter sur son dos. Sa peau dure et ses muscles puissants n’offraient que peu de prise pour Nayda qui tentait désespérément de se maintenir sur l’échine de la bête.
Dis adieu à ton repos pourtant mérité, pensa t elle ironiquement avant que Tyanis ne s’élève du sol……


**********************************
Ils arrivèrent à Dyurne un peu avant le lever du soleil. La ville était magnifique vue du ciel. Les tours de garde semblaient se perdre dans les nuages , et l’enceinte de la cité, qui datait de plus de deux milles ans, n’avait rien perdu de sa splendeur d’antan. Tyanis déposa la jeune femme à quelques miles de là : Nayda ne voulait pas qu’on sache qu’une magicienne était en ville ; elle avait trop d’ennemis, et la manticore qui l’accompagnait révélait son identité aussi sûrement qu’une carte de visite. Il y avait peu d’Ego de la même race chez les Mages, mais Tyanis quand à elle était la seule de son espèce à être sortie des Portes , ce dont Nayda ne pouvait s’empêcher d’être fière. La magicienne n’avait pas pris le temps de se changer : la tunique bleue qu’elle avait enfilée pour son audience auprès de l’Oracle était bien trop serrée, et ses gants en daim qui lui avaient épargné le froid mordant d’Aldrian n’étaient plus d’aucune utilité dans cette contrée habituée aux chaleurs torrides. Cependant elles ne les enleva pas pour autant : ils cacheraient la marque sur son poignet, et lui éviteraient bien des ennuis.
Elle supporta donc de mauvaise grâce la sueur sur son visage, et prit la route de Dyurne d’un pas pressé.
Elle mit près de deux heures pour atteindre la ville, et lorsqu’elle en franchit les portes elle tremblait à l’idée de ce qu’il allait s’y passer. La plupart des citadins étaient encore endormis ; et pourtant Nayda avait du mal à se frayer un passage parmi tous ces visages qui observaient ses vêtements avec curiosité –et incrédulité, elle s’en rendit vite compte. Ses gants cachaient son tatouage, mais attiraient l’œil sur elle …..Eh bien, elle ne pouvait rien y changer, et si elle se risquait à les enlever, elle serait démasquée à la minute même, et tous ses plans tomberaient à l’eau avant même qu’elle ait pu les éprouver…Elle repoussa avec fermeté un homme qui l’avait bousculé….avant de s’immobiliser, le souffle court. Elle n’avait pas eu le temps de dévisager l’individu qui s’était excusé avant de reprendre son chemin ; la capuche qu’il avait relevé sur son visage empêchait un examen détaillé….et pourtant….ses yeux…Elle secoua la tête, comme pour dissiper le brouillard qui entourait son esprit. Elle était fatiguée, n’avait pas dormie de la nuit, trop occupée à se maintenir sur sa monture , et –elle devait bien l’avouer- elle avait peur. Dans ces conditions, il n’était pas impensable que son esprit lui joue des tours.
Elle poussa un soupir de frustration et se força à marcher. Elle avait besoin de réfléchir. Elle comptait se rendre dans la taverne la plus proche et décider de ce qu’elle ferait. Elle avait encore le temps. Pour la deuxième fois de la journée, Nayda s’arrêta au beau milieu de la rue, les doigts serrés sur son pantalon bleu. Il y avait quelque chose ici ; un frémissement dans l’air qui lui arracha un hoquet d’angoisse. Les gens autour d’elle continuaient de déambuler, inconscients du danger à venir. Evidemment. Ils ne pouvaient pas sentir le changement. Elle seule en était capable, parce qu’elle était allée au Temple, parce qu ‘elle avait rencontré l’Oracle…Elle voulait crier à toutes ces personnes de fuir cet endroit, de courir aussi loin que leurs jambes le pourraient…Elle s’en abstint. Elle ne pouvait se le permettre. Personne ne devait être au courant de sa présence ici. Ses yeux rencontrèrent alors ceux d’une fillette qui agrippait les jupes de sa mère en riant, et les larmes coulèrent sur son visage. Au loin, un grondement sourd se faisait entendre…..
La petite fille ne riait plus à présent. Elle observait le ciel en silence, prenant exemple sur sa mère. Une silhouette en manteau noir la prit dans ses bras et fit un signe de la tête à l’attention de Nayda …qui leva aussitôt un Ecran autour d’elle en voyant crépiter l’Energie près d’eux. Ses yeux….Elle avait été stupide. Elle aurait du croire en elle, en son instinct… L’homme ne l’attaqua pas, comme elle s’y était attendue. A la place, un Ecran jumeau de celui de la magicienne vint l’entourer. Ses bras agrippaient toujours l’enfant qui pleurait. Et tandis que Nayda avançait dans leur direction, plus déterminée que jamais , le ciel azur prit une couleur de sang, et des éclairs de feu apparurent parmi les nuages. Le grondement devint tempête, la tempête devint ouragan…Autour de Nayda, les habitants couraient en hurlant ; certains s’étaient agenouillés et priait la Déesse Mère. Pourrez vous un jour me pardonner ?Le pourrais je ??Elle s’obligea à ignorer ces questions. Se lamenter n’était pas la solution : ça ne ramènerait pas tous ces gens, et elle avait mieux à faire…
Elle jeta un coup d’œil au ciel, et crut distinguer une ombre qui grandissait à l’horizon. Elle sut alors pourquoi elle était venue. Elle se servit des forces qu’elles avaient encore en réserve pour donner plus de puissance à son Ecran. Quoi qu’il se passe maintenant, elle devrait y survivre. Tout dépendait d’elle. Si seulement j’avais prévenue Lu ! Elle redressa la tête, prête à affronter la Chose qui avançait, et qui tombait à la vitesse d’un météore sur la Cité. Et le Temps sembla soudain s’arrêter. La Chose approchait toujours, mais plus lentement semblait il, et la tempête qui faisait rage à l’instant s’était transformée en une brise légère. Nayda ne baissa pas l’Ecran pour autant. C’était loin d’être terminé. La fillette près d’elle se dégagea de l’étreinte du jeune homme en vêtements sombres, courant rejoindre sa mère…Ce dernier la suivit, tentant désespérément de la rattraper. Il courait toujours lorsque l’orage reprit. La Chose dans le ciel était maintenant visible : c’était une Sphère énorme, de la taille d’un dragon, aux reflets violets. De loin, on l’aurait cru transparente, mais Nayda ne put distinguer l’intérieur. Elle n’en avait pas besoin, de toutes façons. Elle se doutait de ce qu’elle renfermait. Déesse Mère, pourquoi faut il toujours que les choses se répètent ? Elle se servit de son Art pour se boucher les oreilles : elle ne voulait pas entendre les cris des morts, elle ne pourrait pas le supporter. De même, l’impact de la Sphère la rendrait certainement sourde. Cette dernière atteignit finalement la ville ; elle s’écrasa à quelques centaines de mètres de Nayda, qui s’en éloigna précipitamment. Les vitres des bâtiments explosèrent, les murs eux mêmes s’écroulèrent les uns après les autres, aussi sûrement que le vent balaie un château de cartes. Une si belle ville……anéantie en quelques minutes. La jeune magicienne regardait la scène avec une curieuse impression d’irréalité, sa surdité temporaire semblait déformer les visages, transformant leur terreur en souffrance silencieuse. Les villageois étaient balayés par le souffle de l’impact, les débris des Tours de gardes qu’elle avait tant admiré lors de son arrivée tombant sur eux, les écrasant sous leur poids. Nayda ferma les yeux. A présent elle luttait pour maintenir l’Ecran qui l’entourait. La sueur coulait sur son front, et elle avait un mal de tête atroce. Mais ses Défenses tenaient bon. C’était plus qu’elle n’en avait espéré. La Sphère s’ouvrit alors en deux, et Nayda avança dans sa direction, se retirant du silence magique dans lequel elle s’était réfugiée. Sur la place, elle pouvait percevoir les gémissements étouffés des mourants…Elle se concentra sur son objectif et atteignit bientôt la Sphère…Prenant garde de ne pas tomber, elle se pencha à l’intérieur, et elle comprit ce qu’elle était venue chercher. La jeune femme qu’elle observait était à genoux ; ses longs cheveux blonds cachaient presque sa nudité. Cette dernière tourna son regard azur vers Nayda, qui étouffa un cri de surprise. Elle avait déjà vu ce visage……c’était impossible évidemment. Cela ne pouvait être. Pourtant, elle ne rêvait pas. La femme était toujours là, l’observant en silence, visiblement effrayée par la présence de la magicienne. Nayda descendit à l’intérieur de la Sphère, prudemment pour ne pas glisser sur cette pierre poreuse dont elle ignorait l’origine. Elle atterrit enfin en bas, auprès de celle qu’elle avait été envoyée chercher. Lentement, elle tendit une main vers celle ci, et sa voix retentit dans la Sphère comme dans une caverne :
_ « Je suis Nayda Farai, ma petite, vous devriez me suivre maintenant. Nous trouverons des vêtements pour vous, et à manger aussi. Je vous expliquerez tout si vous me suivez . Je ne connais pas toutes les réponses, et j’ai de nombreuses questions, mais venez avec moi et vous serez protégée. »
La femme ouvrit de grands yeux apeurés……mais elle se leva et prit la main de Nayda.
Voilà, je n’ai plus le choix maintenant…..Elle était inquiète : elle venait probablement de mettre la main dans un nid de vipères, et il ne lui était maintenant plus possible de la retirer…..elle s’attendait à être mordue à chaque instant à présent. La lutte reprenait...Pourvu que ça ne se finisse pas comme la dernière fois !
Jolandar
31/08/2003 16:24


Oui y'a pas tout là
LAn reagis, prince Malkier...
Galldrenn
31/08/2003 17:35
Larve Maléfique (version ectoplasmique)

Ah, Jolandar n'a pas son texte apparemment...
La discrimination à l'égard des aiels n'est pas admissible!!!je proteste!
Klian
01/09/2003 10:14
Frère Loup, d'une maison d'Andor, webmaster

Lan est partis pour Touloue dimanche matin. Il ne pourra pas trop vous répondre tt de suite.
Cependant, vous pouvez vous adresser à Néojah (neojah@pierre-de-tear.com) ou Moridin (moridin@pierre-de-tear.com).
Klian
Feldwyn
01/09/2003 13:34
Un coup d'oeil... de temps en temps

*Arrive sur la pointe des pieds*

Lan est partis pour Touloue dimanche matin


ToulouSe
Nan mais, on va pas écorcher le nom de ma ville comme ça

*Repart sur la pointe des pieds*
Elann
01/09/2003 14:37
<b>Wolfmaster</b>

Mais y a combien de Toulousains(es) sur ce site ???
Feldwyn
01/09/2003 15:12
Un coup d'oeil... de temps en temps

Bin à ce que je sais pour l'instant, y a Aramina Sedaï (mes respects, ma Mère), Lan (par adoption) et moi. Qui d'autre?

Tremblez non-toulousains, l'invasion de la ville rose a commencé

PS: J'arrête là le hors-sujet, ne vous inquiétez pas
Jouteurs
05/09/2003 18:18


Texte E : "A la perfection"


Rien de tel qu'un trou de mémoire pour ruiner toute votre assurance. Je sais que je ne voulais pas venir jusque dans ce trou paumé. Mais alors pourquoi m'y étais-je tout de même rendu ? Je l'ignore. Aussi incroyable que cela puisse paraître, je ne me souviens plus pourquoi j'ai accepté d'être parachuté sur ce plateau enneigé au coeur de l'Asie, attendant la peur au ventre je ne sais quoi de désagréable, grelottant, à cette haute altitude, parmi les ombres environnantes que je distingue derrière un de ces brouillards épais qui semble ne jamais devoir se lever. Ignorant ma raison d'être ici ainsi que la cause de ce bizarre oubli d'une révélation qui devait pourtant être essentielle pour me décider à partir pour cette terre, mon seul salut me semble-t-il, commencera par rassembler les éléments de l'histoire. De mon histoire.

Je m'appelle Edward Harrold. Hier encore, je vivais en Angleterre. Mon père était anglais, et je ne l'ai jamais connu. J'ai été élevé par son frère aîné, un vieux marin acariâtre du nom de Simon Harrold. Mon père a soi-disant débarqué une nuit d'été pluvieuse, me tenant dans ses bras, paniqué par quelque chose que Simon n'a jamais très bien su m'expliquer. Il m'a littéralement déposé chez lui avant de s'absenter "un moment" pour ne jamais reparaître. Selon Simon, la famille de ma mère devait être composé de gens très pieux à qui mon père avait joué un mauvais tour. "Pouvait pas s'empêcher de violer ce qui est sacré", disait-il, un sourire amer sur les lèvres. Simon et lui n'étaient pas en de très bons termes, et le marin n'a jamais très bien supporté mon arrivée forcée dans sa vie. Etonnamment, il n'a jamais essayé de m'abandonner ou de me confier à je ne sais quelle association. Parfois je me dis que tout le monde y aurait gagné, car mon enfance à Kingsport fut tout sauf heureuse. Mais je m'égare. Le fait est que je n'ai jamais connu mes parents, et que comme tous les orphelins incertains de mon genre, je n'ai jamais cessé d'être tourmenté par cette absence. Comme vous pouvez le constater, on ne peut pas dire que j'ai mauvaise mémoire, encore que je ne raconte ici que des faits marquants dans ma vie. Mais ma décision de venir en ce lieu aujourd'hui m'échappe encore. Un bond dans le passé proche m'aidera sans doute à y voir plus clair, plus que mes histoires d'enfance ratée.

Mes bêtises d'adolescent, que les juges ont attribué à une éducation défaillante m'ont mené tout droit en prison. Là encore mes souvenirs sont très clairs, plus que mes motivations d'alors, mais je ne vous expliquerai pas ici les circonstances qui mènent au viol avec violence. Je ne vous détaillerai pas non plus les années de prison qui s'ensuivirent. J'ai survécu, j'ai grandi, et quand je suis enfin sorti de cet enfer j'étais devenu un adulte. Un adulte au passé lourd, trop lourd pour avoir accès à une vie normale, quand votre seule famille est un vieux marin violent que vous détestez et qui vient de mourir sans personne pour le regretter. L'avenir m'importait peu. Ainsi l'armée est-elle vite devenue ma nouvelle famille. Peu d'ambition, une tendance à attirer les individus à problèmes et à en créer de nouveaux, un caractère instable, tous ces ingrédients de ma personnalité m'ont permis de me sentir à l'aise dès le départ, et à me faire respecter, dans le chaos. Et pourtant mes supérieurs, ou tout du moins une partie d'entre eux, me considéraient comme quelqu'un d'intelligent sur qui compter. Après tout, si je suis capable de m'analyser comme je suis en train de le faire, c'est parce que j'ai l'intelligence suffisante pour le faire. Ainsi donc j'étais estimé par les hautes sphères. Enfin, seulement par le Général Schaeffers en fait, celui à qui je dois ma présence en ce lieu inhospitalier aujourd'hui.

Schaeffers n'était pas le genre d'homme avec qui on pouvait discuter. Tout juste bon à vous donner des ordres. Malgré tout il semblait me considérer différemment des autres gradés. Mon aptitude exceptionnelle au tir était reconnue par tous, mais expliquée par beaucoup comme une conséquence évidente de mes problèmes juvéniles, et la vie qui les avait accompagné. Schaeffers lui ne faisait jamais ce genre de rapprochement. Non pas parce qu'il trouvait cela déplacé d'en parler, mais manifestement parce qu'il attribuait mes talents à autre chose. Il me parlait comme s'il me connaissait déjà depuis longtemps. Lui savait que je n'étais pas un de ces débiles mentaux, cas que les autres n'envisageaient même pas lorsqu'ils avaient déjà eu vent de mon passé. Ainsi ce général aimait à me confier certaines responsabilités, et était pour moi, malgré son mutisme autoritaire, la seule personne que j'appréciais vraiment. Il m'avait déjà parlé d'une mission spéciale qu'il voulait me confier, à moi seul, chose exceptionnelle que je ne comprenais pas, ne faisant pas parti du corps d'élite. Jusque là, j'avais décliné cet honneur et je lui avais demandé de trouver quelqu'un d'autre tant qu'il en était encore temps. Puis hier soir, il m'a convoqué à nouveau, encore moins enclin à la discussion que d'habitude, pour m'ordonner cette fois de partir la nuit-même pour l'Asie mineure, afin d'être parachuté au-dessus d'une zone mal connue, dans les montagnes, puis d'attendre les ordres. Une nouvelle fois, j'ai refusé ce qui était pourtant un ordre, atterré par l'absurdité de cette "mission". Et c'est là qu'il me l'a dite. C'est là qu'il a prononcé cette phrase, celle dont je ne puis me souvenir, et qui m'a décidé à partir sur le champ, sans autre questions, sans regrets.

J'ai atterri ici vers midi. Aucun moyen de savoir à quel moment de la journée nous sommes en dehors de ma montre. Le soleil n'existe plus ici, inhibé par d'épais nuages gris et le brouillard ambiant. J'ai l'intuition que les ordres ne viendront pas, jamais. J'ai l'horrible intuition que tout ceci n'est qu'une énorme excuse de la part de Schaeffers pour me perdre ici. Peut-être n'est-il pas si sympathique que ça après tout, peut-être me déteste-t-il en fait plus que tous les autres... Mais d'une façon plus hypocrite... Mais pourquoi diable ai-je accepté avec autant d'empressement de venir ici ? Ne me serais-je pas rendu compte du piège qui m'était tendu ? Car il s'agit bien d'un piège. Je suis probablement le seul être humain vivant à des kilomètres à la ronde, pour autant que je me souvienne de la description qui m'a été faite de cet endroit. "Les montagnes de l'impossible, Edward", m'avait-il dit. "Là où tout peut exister, car elles restent à découvrir; petit périmètre, mais à haut risque, tous ceux qui s'y sont risqué ne sont jamais revenus...". J'aimerais me rappeler la suite de son discours d'hier soir. Mais je ne peux pas. Qu'est-il arrivé pour que je sois handicapé par ma mémoire à ce point ?

C'est une certitude, je ne suis pas seul ici. Les ombres que j'entrevois se déplacent lentement. Et elles se rapprochent. Il est temps que je pense à me défendre en cas d'agression. Mon arrivée n'a pas pu passer vraiment inaperçue. Mon parachute gît étalé derrière moi, recroquevillé contre la paroi rocheuse à laquelle je tourne le dos. Certes il y avait le brouillard pour masquer ma descente, mais quelque chose me dit que ça ne servait à rien. Mon paquetage ne contient pas d'armes à feu, juste un couteau de survie. Qu'est-ce que ça veut dire ? Je me suis distingué dans le tir, pas dans le combat de mélée ! Reste mes réflexes dans le domaine acquis lors de la période la plus trouble de ma vie, si celle-ci a pu être considérée un jour comme calme et limpide. Et à part ce couteau... des rations pour environ deux jours et... c'est tout. Pas de radio, pas de moyen de communication... Mais si bien sûr, je me souviens. L'opération. Ce doit être le choc opératoire.

Pendant le voyage en avion, j'ai dû subir une petite intervention chirurgicale considérée comme "nécessaire au bon déroulement de l'opération". Un mouchard. Un bidule électronique logé dans ma nuque. Le truc perfectionné, capable non seulement de les renseigner sur ma position, mais aussi d'entendre ce que je dis et ce qui se passe autour de moi, et même, m'ont-ils dit, de me communiquer discrètement des informations, via des vibrations émises directement dans ma boîte cranienne. L'opération avait été indolore, mais j'étais resté dans les vapes un bon bout de temps, je pense même avoir été à moitié inconscient pendant le début de ma descente en parachute. Ainsi donc je suis bien ici en reconnaissance, tout ceci n'est pas une manigance de la part de Schaeffers, je préfère ça.
On approche. Quelque soit la chose qui vient vers moi, elle est grande, de forme humanoïde, et sait que je suis là. Il n'est pas dit que je resterai immobile comme un lâche. J'avance moi aussi dans sa direction. Si cette chose à quelque hésitation, quelque crainte, ainsi je le verrai. Quant à moi, je ne montrerai pas ma peur.

Emergeant du brouillard, un homme, remarquable de par ses nombreuses particularités physiques, me toise. Je fais de même. Grand, vigoureux et musclé, torse nu parsemé de cicatrices impressionnantes, à la chevelure et la pilosité abondantes et blanches, et à la peau ambrée comme celle des autochtones du pays mais aux yeux européens et d'une couleur... indéfinissable. Il porte un pagne de fourrure noire pour seul vêtement. Comme cliché du représentant d'une tribu inconnue, je n'aurais pu rêver mieux. Cependant je ne sais pourquoi, je me sens en confiance. Peu à peu d'autres ombres font leur apparition, de haute taille pour la plupart. Le brouillard semble reculer pour me les découvrir sans qu'elles aient à avancer. Le spectacle est beaucoup moins réjouissant : c'est bien une tribu à priori humaine que je découvre là, mais dans un état de dégénerescence la plus totale. De nombreuses infirmités parsèment les corps malingres et sales; manifestement mon grand musclé a droit à des égards, ne serait-ce que de propreté. Nul doute que c'est leur chef. Ici et là, hommes, femmes et enfants confondus, tous d'apparence jeune, avancent maladroitement, essayant de gérer leurs infirmités. Il leur manque pour la plupart un morceau du bras, mais certains n'ont pas la chance d'en avoir. Je ne parviens pas à deviner si ces anomalies sont le résultat de mutilations ou de trop d'accouplements congénitaux, quoique la deuxième option me paraît plus probable, et plus rassurante. Mais même la vision de cet enfant avançant sur ses deux bras, compensant l'absence totale de jambes n'arrive pas à me faire ressentir de la pitié.

S'il le fallait, si l'ordre m'en était donné, je les taillerai en pièces, tous jusqu'au dernier, tout infirmes qu'ils sont. "Edward". "Edward", me dit une voix dans ma tête. Celle de Schaeffers. "Edward, est-ce que tu m'entends ?". Je ne réponds pas. Je n'ose pas briser le silence qui s'est instauré en ce lieu. Qui sait ce qui sortira de leurs bouches ? "Edward, tu dois y aller. Rencontre-les. N'aie pas peur, n'aie aucune crainte. Rappelle-toi pourquoi je t'ai choisi". Je voudrais bien. "C'est toi le meilleur. Ne laisse pas passer ta chance, Edward". Le chef me fait signe de la main, je comprends qu'il me fait signe d'avancer au milieu des siens. J'obtempère. Doucement, car personne ne se pousse pour m'éviter un contact charnel, comme si pour eux je n'étais pas un objet de crainte, ce qui me surprend à défaut de me rassurer. L'enfant, du haut de ses bras me contemple, me sourit. Et me découvre ses dents : monstrueuses, implantées selon une logique déconcertante, horriblement pointues. Ce détail me pousse à dévisager plus en détail mes hôtes les plus proches, et retrouver ce même signe distinctif sur les sourires qu'ils m'adressent. Je n'arrive pas à me sentir en danger. Je sais pourtant que je devrais, en toute raison, être terrorisé.

"Edward, Dieu en est témoin, tu vas accomplir une chose prodigieuse". Dieu en est témoin... Schaeffers avait prononcé cette expression la veille il me semble, comme il en a l'habitude pour annoncer quelque chose d'important dans ses phrases... Oui je me souviens à présent. Il disait ceci : "Edward, Dieu en est témoin, tu ne seras pas un étranger là où je vais t'envoyer". Et ensuite, oui : "Tu fais parti des leurs, nos savants sont formels. Tu as tout d'un hybride issu d'un croisement entre un homme et le spécimen femelle mort que nous avons retrouvé il y a trente ans de cela, dans un hangar désaffecté, ici en Angleterre. Certains détails de ton anatomie, et ta force naturelle, le prouvent". Submergé par l'émotion, je n'ai plus la force de dire quoi que ce soit. Tout me revient. Tout me réapparaît comme tout m'était réapparu la veille : mon enfance, mes problèmes, mon comportement jugé aberrant... tout sous un nouveau jour, produit monstrueux de... J'entends. Je les entends. Dans ma tête, et ce n'est pas le truc électronique. Ils savent parler sans utiliser leur voix. Mon Dieu je comprends tout. Mon père était un monstre. Et ma mère...

"Edward -Schaeffers poursuivait-, nous allons arriver d'ici quelques heures. Je compte sur toi Edward. N'oppose pas de résistance. Laisse-toi emmener dans leur cachette. Nous viendrons te chercher. Enfin nous allons pacifier ce territoire, pouvoir l'étudier. Tu seras un héros, Edward. Ne panique surtout pas". Il m'avait tout raconté pour me convaincre. Mais ils avaient ensuite effacé en partie ma mémoire, j'en suis sûr à présent. Je sais qu'ils en sont capables, j'ai déjà entendu parler de leurs méthodes. Il n'était pas question de pacifier quoi que ce soit hier soir. Les lâches. Savent-ils pour les infirmes ? Surement. Le chef m'a déjà tout révélé. A mon tour d'être franc. Il sait à présent, je lui ai dit. Sa tribu le considère comme un dieu, comme tous les "parfaits", rarissimes, même s'il n'a pas toujours été seul. A lui donc de traiter avec moi, d'entendre ma requête. Je m'agenouille au milieu des malheureux. L'enfant me regarde toujours. Il ne faut pas qu'ils viennent. Si quelqu'un doit payer pour ce qu'a fait mon père, et tenter de racheter sa faute, c'est bien moi. Le chef a compris, et s'apprête à faire ce que je lui ai demandé. Il prend appui d'une main sur mon dos voûté, s'agenouille à son tour, penché au-dessus de moi, m'empoigne la tête de l'autre main, et s'affaire avec empressement à détruire le dispositif, à déchirer ma nuque de ses dents. Ma mort est inévitable, je le sais, mais qu'importe. Elle rachètera les crimes de mon père, le kidnappeur, le violeur de déesse.

Jouteurs
06/09/2003 14:10


Texte F

La porte condamnée qui barrait tout entrée à cette antique Abbaye, a finalement cédée sous les coups répétés de l’homme. Il pousse les dernières planches cloutées et passe ses jambes avec souplesse. Ses pieds touchent un sol de marbre, et devant lui, l’obscurité a ses yeux découverte, offre une dimension qui ne serait pas offerte, il sent que les grandes arches de pierre enserrant ce vaisseau sacré, perdent leurs poids ici. Plus de lourdeur, l’obscurité, prends un odeur de légèreté. Dans un coin a peine moins obscure que la nef, une torche s’allume, l’homme s’avance et enlève le capuchon de soie noire qui lui occultait le visage. De long cheveux bouclés,couleur de jais, se dispersent sur son dos, un visage droit et fin, forme les traits d’une magnifique femme. Des yeux verts encadrent un joli visage, délicat mais résigné. Pourquoi cette salle est t’elle devenue aussi grande ? Et pourquoi ces maudits Chiens des Abysses l’avaient t’ils traqués, eux qui ne sortent que le jour ? Son cœur battait encore de cette folle course, ou elle avait perdue son cheval. A pied dans la nuit, sans le recours a l’épée offerte par sa caste , elle serait dans d’immondes écuelles flottante en petits lambeaux dans une soupe. C’était presque risible, elle se surprit à rire seule. Son rire se répercuta, dans les profondeurs nocturnes . Elle commençait a s’interroger sur la suite de la nuit : Fallait t’il qu’elle sorte, a la merci des Chiens, ou bien qu’elle reste en ce lieu ? Pendant qu’elle réfléchissait elle s’aperçu que la flamme de la torche penchait, et tanguait devant ses yeux, comme si il y avait un courant d’air. A part de petits soupiraux en hauteurs, il n’y avait que la porte qu’elle avait démantelée. Elle suivit donc des yeux la direction désignée par la flamme. Une tenture représentant Les anneaux du pouvoir autour du Créateur, banal. Mais comme elle l’avait lu maintes fois dans des récits, contés par les ménestrels, elle tira d’un geste sec, sur la tenture qui s’affaissa et laissa devant elle béer, une montée d’escalier. La vielle rambarde de pierre qui était creusée dans le mur, suintait. Elle manqua donc de se rompre les os, mais elle parvint enfin après cette montée nocturne et hasardeuse au sommet d’une tour torturée, tant par son architecture, que par l’atmosphère oppressante qui y régnait. Une petite meurtrière, ouvrait un regard sur la nuit. Au centre de cette pièce trônait simplement sur un guéridon de pierre, un bol en terre cuite. Le danger rode, elle le sent. Un bol, un escalier dérobé, une abbaye perdue, condamnée, une bande de fous meurtriers, rien de cela n’est le juste fruit de la main du Créateur, on l’a amenée ici, pour qu’elle touche a ce bol, elle le ressentait comme cela. Elle tourna donc autour de ce bol ; un si familier objet, peut être est t’il destiné aux moine en pénitence ? Le scrutant, l’examinant tantôt en se baissant, ou bien en se haussant sur la pointe des pieds pour en examiner le contenu. Rien d’anormal. Mais a l’étude complète du bol, elle vit une petite inscription sur le flanc de l’objet, elle s’approcha, ouvra de grands yeux, et lut : « Gaëlle vous étés allée trop loin, cette fois ci… » .Soudain Elle sentit son nez attiré par l’inscription, son corps suivi. « Mais tu es idiote ma fille, tu a été menée ici, d’un bout à l’autre… Maintenant débrouille toi » Contact. Tout est blanc. Ou suis-je ?

La nuit est noire, non elle s’éclaircit, la première paupière se relève, elle croit avoir rêvé, non elle ouvre ses grands yeux verts et se retrouve allongée sur une grande dalle de schiste, elle se redresse, s’assoit, et observe la pièce. Cette dernière est remarquable, un bassin orné de pétales de lotus en faïences, ceint une petite fontaine, ornée d’améthystes. De grandes colonnes de grés rouge entourent la salle. « Ou ai-je bien pu atterrir ? » Oui je me souviens ces Chiens, ce bol, enfin ce satané traquenard, non on m’a amenée ici, inconsciente, oui mais le bol »pensa t’elle, perplexe, « non, je dois aller au bout du rêve, si s’en est un … » Elle se lève donc, saute sans bruit de la table en forme d’autel, et commence a tourner, a scruter la salle pour déterminer une issue. Effectivement elle débouche dans un corridor éclairé par des nappe, pareils à un fin tissu de soie en suspension qui s’enflamme qu contact de l’air. Effrayée presque, mais envoûtée par une odeur délicate d’encens, elle s’approcha de la porte située au fond de ce même corridor, ses pas résonnèrent sur les dalles. Elle sentit bizarrement son cœur battre plus vite, en se présentant devant la porte elle entendit un son de clochette cristallin provenant d’une cavité dans le plâtre immaculé des murs. La porte s’ouvrit simplement sans aucune pression de sa main. Quand elle pénétra dans la salle suivante, elle vit tout d’abord un trône de bois, simplement biseauté et travaillé, autours se dressaient six sièges de bois, non pas de simples tabourets, mais des sièges ornés également avec la même magnificence. Ce qui la frappa ce ne fut pas, ce beau mobilier, mais surtout une délicate odeur de jasmin, provenant après examen des lieux d’une vasque de terre, avec comme contenant une multitude de bâton encenseur. « Cela tranche avec ce a quoi je m’attendais… Vigilance ma fille, vigilance, tu es assez bête pour te faire coincer dans une Abbaye, poursuivie par une bande de chiens des Abymes… » Elle fit donc le tour de la pièce, de son pas gracieux, en chantonnant un air qu’elle avait apprise étant jeune, oui elle se sentait à l’aise dans cette vaste salle. Tout à coup un autre son de clochette provenant cette fois ci de l’instrument situé devant le trône se fit entendre. De grandes effusions lumineuses, accompagnées par une musique de cour se fit entendre. Au dessus des sièges, étaient placés de petites ouvertures se transformant petit a petit pour pouvoir laisser passer, des êtres avec de grandes ailes d’un blanc immaculé,brassant l’air avec vigueur, ceignant à leurs tailles une multitude de petits ceinturons dorés à motifs triangulaires . Non ces créatures aux yeux si étranges ne pouvaient pas être hostiles, une telle majesté, un tel charisme émanant d’eux, ils ne pouvaient être que les reflets de l’essence même des anneaux du pouvoir, et l’être imberbe au centre ne pouvait être que le créateur lui-même ! « Non ma fille tu es en plein rêve, ces êtres sont le produit de ton imagination bien trop fertile pour être une fille-épee , tu sais bien que tu ne crois pas au créateur, et que ce ne sont que fariboles puériles, jamais tu ne pourra avaler que le monde a été créer de toutes pièces par ce petit homme imberbe et trapu, non, fariboles tout ça ! »
Tous les êtres étaient alors, gracieusement assis sur le sièges, quant l’individu trônant pris la parole, tous les autres se regardèrent en échangeant de bienveillant sourires, a moitié moqueurs, il parla en ces termes : « Moi un homme trapu, bedonnant, imberbe ? La pièce qui jusque là avait toujours gardée une teinte accueillante, s’assombrit, des goûtes d’une eau invisible résonnèrent sur les lourdes dalles de pierre . Les êtres se regardèrent entre eux, et fixèrent la personne du centre, un lourd silence s’abattit. Gaëlle toujours restée attentive et malgré tout au centre du cercle se sentit dévisagée, transpercée de ces regards qui n’avaient rien d’humain. « Comment cet homme a-t-il bien pu deviner ce que je pensais de lui, je n’ai jamais pensée au terme de « bedonnant ». se pourrait ‘il réellement qu’il soit.. Non résonnement absurde, ma fille, tu vas prendre ton épée et t’élancer jusqu'à cette porte pour gagner du temps c’est devenu malsain, je pense… » Sa main, tremblait, dans ses yeux la fièvre d’avant le combat, son cœur commence a brasser l’adrénaline, elle sent l’odeur du combat, pourquoi elle dans un tel traquenard, une fille de paysan….
Elle regarda, avec une lueur de volonté d’affrontement le personnage central, celui-ci la regarda de ses profonds yeux bleus, la fixa, la dévisagea comme jamais elle ne le fut. Elle sentait ce regard pénétrant, vider toute source nocive de son être, elle se sentait molle, apaisée, bien… L’être la quitta des yeux, haussa le regard jusqu ‘a ses pareils, et ensemble ils éclatèrent de rire ! Un bedonnant, une homme trapu, ah ces humains ont de bien drôles d’aprioris sur le Maître. Le « maître » jetait des regards d’homme comblé a l’assistance… Il prit la parole : « Ces creatures, auto-bapisées Humaines, ont de bien drôles histoires a se raconter pour penser que le Maître, est cela, ou bien un être vaporeux, un souffle de la bise sur la Lande, un embrun… Peut être même qu’il n’existant pas… » A ce moment il jeta son regard d’azur sur Gaëlle, qui après ce moment de froid, de danger palpable, précédant un moment de calme et d’apaisement ne savait plus que faire, confuse presque fautive autant qu’elle se sentait, elle rougit. Le Maître coupa alors sa réflexion, vous vous demandez qui nous sommes et ce que nous voulons, je le lis dans votre âme, vous étés terrorisée a l’idée que je puisse lire dans votre âme, n’ayez crainte nous le pouvons tous. Mais nous ne sommes pas Intéressés par votre vie, ce qui nous intéressent et justement votre capacité a nier toute éventualité d’un pouvoir omnipotent et supérieur, oui nous sommes des créatures supérieures ici, s ont placés tout les « Eudore » comme vous les appelez, les constituants des anneaux du pouvoir » et d’une voix chaude et conviviale il dit « … et moi le Créateur ». Gaëlle se retourna violemment, pris son épée et couru vers la porte qui se referma aussitôt et fit place a un magnifique chêne blanc. Elle cria alors : » Non cela ne se peut, le créateur ne peut exister c’est l’homme le seul créateur de toutes choses, la terre s’est formée par les mouvements des astres, engendrant le Grand Cataclysme cela ne se peut ! »
Les Eudores prirent alors la paroles, le premier dit :
-Qui a bien pu provoquer cela ?
-Qui provoque les miracles ?
-Qui protége et dispense ses grâces dans le monde sans choix, de façon désintéressée ?
-Comment se peut il que nous puissions connaître vos intentions ?
-Comment se peut il que nous vous connaissions ?
Elle répondit, effondrée au sol, les mains sur le dallage elle sentait le sang battre a ses tempes, ses cheveux épars, elle sanglotait « Je ne sais pas, je rêve, je ne crois pas à la présence du Créateur ou de je ne sais qui ! Laissez moi en paix ! »
Le Maître alors se leva de son trône descendit de ses pieds nus, vers Gaëlle qui sanglotait, misérable, il s’approcha, délicatement repoussa les cheveux en bataille, et lui essuya les larmes de ses mais d’enfant. Il lui dit d’une voix douce : « Vous étés ici, car vous avez été choisie, vous êtes élue d’entre les votre, destinée a une mission. Votre impiété sera mon glaive, votre courage ma force, et votre sensibilité la colère. Demain vous vous lèverez chez vous, vous vous souviendrez de tout ce qui a été dit et vu. Même si maintenant vous ne croyez toujours pas ce qu’il vous arrive , demain vous croirez et vous porterez mon Etendard devant mes forteresse, car étant le créateur j’ai crée ce qui est bon, mais également ce qui est mal. C’est votre quête, votre existence a été des votre naissance voué à cela. Vous êtes prédestinée, vous êtes Gaëlle, Fléau du Créateur…
Jouteurs
06/09/2003 23:56


Texte G

De la meurtrière du donjon Orland observait les dernières manœuvres s’effectuer. La lumière du soleil couchant se reflétait sur les solides armures des fiers guerriers. Chaque homme ajoutait son éclat rouge, orange, comme nimbé d’une aura de puissance. Ou de sang. Serait-ce le leur ou celui de leur adversaire ? Cela la prophétie ne le disait pas. A la pensée de celle-ci Orland leva ses yeux vers le ciel. La nuit n’était pas encore tombée que la comète apparaissait déjà. Ce n’était pas la première fois qu’une d’entre elles traversait leurs cieux mais elles n’avaient jamais été aussi proches. Et aucune n’avait arboré ce rouge insolent.
Orland soupira. Il ne restait que quelques jours, les prêtres étaient formels. Deux mois auparavant, le Grand Prêtre du Temple Royal et son conseil avaient exigé une audience auprès du Roi. Ils avaient alors révélé l prophétie que tant d’entre eux s’étaient transmis au fil des générations. Lorsque l’étoile de feu passera la constellation de la Porte, les Guerres du Chaos reprendront comme au début des temps. Alors le fils du royaume, le prince de ses âmes, l’élu des Dieux se lèvera pour sauver les hommes. Orland ricana et commença à monter les vieilles marches menant à ses appartements. Le problème des prophéties, se dit-il, c’est qu’elles apportent toujours plus de questions que de solutions. Qui devront-ils combattre ? La majorités des autres races s’étaient déjà fondues dans les cités humaines. Cela ne laissait plus que les elfes des glaciers et les géants marins. Ces premiers n’avaient jamais apprécié les humains mains ils ne témoignaient jamais d’hostilité en dehors de leurs frontières. De plus, en comparaison des formidables forces qui se massaient dans la cours ils ne représentaient qu’un buisson face à la forêt. Quant aux géants marins… Leurs trois mètres de peau écailleuse en faisaient une race impressionnante, mais ils ne pouvaient survivre sur terre. Impossible que la menace vienne des flots. Orland eu alors une vision, la même qui le hantait depuis des mois : La comète filait comme un éclair vers leur planète puis, dans un arrêt sans un tremblement malgré l’étourdissante vitesse, elle flottait quelques instants au dessus de la ville royale. La surface lisse de cette sphère gigantesque ne ressemblait à aucun des matériaux connu des hommes. Et, dans un silence étouffant, elle commençait à se déformer, de grosses cloques naissant à sa surface, à s’étirer. Alors, dans un déchirement effroyable, la sphère s’éventrait pour vomir sur les terres fertiles une armée de monstruosités vivantes. Un flot intarissable de créatures difformes et armées se déversait sans discontinuer, tentacules, griffes et chairs sanguinolentes luttant pour prendre pied sur ce monde promis.
Orland secoua la tête et essuya d’un air absent les gouttes de sueurs froides qui coulaient le long de ses tempes. L’esprit humain ne trouvait jamais mieux que le surnaturel lorsqu’il manquait de réponse.
Arrivé en haut de l’escalier, il entra dans sa chambre. Le feu crépitait déjà dans l’âtre en prévision de la fraîcheur nocturne. S’assoyant sur son lit, il délaça ses lourdes bottes et se laissa tomber en arrière. Il ne devrait pas tourmenter par de telles pensées. Quoi qu’ils aient à combattre, il ne seraient jamais plus prêts qu’en ces jours. Et rien ne lui disait qu’il était l’Elu des Dieux. La prophétie datait de plusieurs siècles, du temps où il n’y avait qu’un seul royaume sur Philéa. Aujourd’hui ils étaient sept à se partager la planète, tous prêts à recevoir l’ennemi. Sept princes, sept Elus potentiels. Si c’était lui il le saurait le moment venu.
L’agitation des derniers jours venant à bout de ses réserves d’énergie, Orland décida de s’octroyer un peu de repos avant le soupé. Il ferma les yeux et glissa lentement dans le monde des rêves.

La sonnerie d’un cor le tira brusquement de son sommeil. Il maudit les prêtres qui s’étaient fourvoyés dans leurs calculs, l’attaque ne devant pas avoir lieu avant deux semaines au moins. Et d’un coup, il réalisa. Orland ne se trouvait plus dans sa chambre mais allongé à même le sol dans un lieu qu’il ne connaissait pas. Il remarqua qu’il portait de nouveau ses bottes et, en se relevant, le poids à sa droite lui appris qu’il avait également son épée. Une vague de panique le traversa. Il était sûr de ne plus être au château, pourtant, si on l’avait kidnappé, pourquoi lui aurait-on donné ses armes ? Ses yeux s’habituant à la pénombre, il compris qu’il se trouvait dans un long couloir, dos au mur qui formait le cul de sac final. Au dessus de sa tête, l’absence de plafond lui permettait de voir les étoiles, mais il n’en reconnu aucune. Il tira silencieusement son arme mais il ne fit que quelques pas avant qu’un formidable cri ne retentisse au loin. La souffrance, la solitude, l’horreur… Les échos de la voix rebondirent sur les murs longtemps après qu’elle se soit tut.
La peur lui nouait le ventre mais Orland tenta de recouvrer son calme. La seule possibilité logique était qu’il rêvait tout cela. Sachant qu’il était plus dangereux d’attendre que d’agir, il entreprit de loger les parois du couloir le plus discrètement possible. Il passa un premier carrefour, puis un deuxième, et un troisième… Cela ajouté aux lacets qu’effectuait le couloir, il devint clair qu’il se trouvait dans un véritable labyrinthe. Au bout d’une dizaine de minutes, une porte se dessina sur le mur opposé. Après une énième tentative pour se réveiller, il décida de franchir la porte. La serrure rouillée lui résista quelque peu et le battant s’écarta brutalement dans un sinistre grincement. Orland s’accroupit instinctivement contre le mur de peur de s’être fait repéré. Rien ne venant briser le silence il passa la porte sur ses gardes.
Si aucune torche ne brûlait sur ses murs, la salle était pourtant brillamment éclairée. Pas un meuble, pas une tenture n’était visible. Mais le plus remarquable était l’immense damier noir et blanc qui composait le carrelage. Orland eu un pressentiment et préféra la patience à sa folle envie de fuir les lieux. Tenant son épée par la lame, du pommeau il assena un coup violent sur le premier carreau. Rien ne se produisant, il avança sur celui-ci et répéta son geste sur le second. Au troisième ce qu’il soupçonnait se produisit et une volée de fléchettes traversa la salle. Voulant atteindre la porte opposée à l’entrée, il continua de frapper et d’avancer durant plus d’une heure. Sept nouvelles volées de flèches se déclenchèrent jusqu’à son arrivée. La poignée de la porte s’actionna sans problème et de sa lame il repoussa le battant.
Crânes et ossements jonchaient le sol de toutes parts et la lumière avait de nouveau disparu. Un étrange feulement provenait du fond de la salle. Orland s’approcha du bruit discrètement, sa lame prête à frapper. Sur son parcours les épées se mêlaient aux armures de toutes régions et de tous temps. Il eut une pensée pour tous les braves combattants qui avaient dû mourir ici et qu’il rejoindrait peut-être bientôt. Sa tension se relâcha brusquement lorsqu’il réalisa que la créature se trouvait en fait derrière une herse métallique. Sous ses loques la bête semblait faite de lambeaux putrides et à ses mains naissaient de longues griffes noirâtres. Elle semblait pour l’instant dormir et occupait toute la largueur de son couloir. Orland hésita mais, de derrière elle, il sentit une brise fraîche lui caresser le visage. Le premier souffle depuis son arrivée. Peut-être une sortie. Il s’assit alors sur un large bouclier à damier bleu et blanc pour pouvoir réfléchir tranquillement. Il pouvait essayer de passer en cachette mais il devrait enjamber la chose et serait trop à découvert. Il pouvait également tenter de la tuer dans son sommeil mais comment prévoir l’efficacité d’un coup d’épée sur une créature comme celle-ci ? Les ossements, autour de lui, lui prédisaient l’issue quasi certaine du combat. Effleurant le pommeau de son épée, il resta perdu dans ses pensées quelques minutes de plus avant de se redresser. D’un air déterminé il remit son épée au fourreau, détacha du mur la corde de la herse et recula pour la hisser. Orland tremblait sous l’effort et la concentration pour imprimer un mouvement fluide aux massives barres de métal. Une fois la herse entièrement relevée il fit une rapide prière puis hurla de toutes ses forces. L’immonde bête se releva avec une rapidité époustouflante. Ses yeux mauvais se dardèrent sur lui et, dans un rictus écumant, elle s’approcha. Orland luttait pour ne pas obéir à ses instincts qui lui ordonnaient de refermer l’issue. Fermement campé dans le sol il attendit. Lorsque la créature passa dans l’encadrement il relâcha brutalement la corde. La herse se rabattit et, de ses flèches d’acier, empala la créature, la réduisant à une vague bouillie. Orland se détacha alors de remonter les barreaux et fila dans le couloir.
Il courut un long moment avant de déboucher à un nouveau croisement. Deux voies partaient sur la gauche, une sur la droite et une dernière continuait tout droit. La brise venait toujours du chemin face à lui mais portait à présent une étrange odeur. Des cliquetis métalliques se firent entendre et quatre silhouettes trapues s’approchèrent. Orland hésita une seconde. Dans un tel dédale il pourrait aisément semer ses adversaires s’il prenait un des couloirs transversaux. Mais quelqu’un voulait qu’il ne sorte pas d’ici, il devait donc s’attendre à ce que les bons chemins soient les plus dangereux. A ses premiers pas dans leur direction les êtres se ruèrent sur lui dans des sifflements suraiguës. Leurs larges capes à capuches empêchaient Orland d’anticiper leurs mouvements. Mais, heureusement, les trois couloirs ne permettaient qu’à deux d’entre eux de se battre simultanément. Au corps à corps, l’odeur s’était muée en puanteur et les brides de peaux qu’il apercevait étaient teintées d’un bleu sombre et couvertes de pustules qui de temps en temps éclataient et projetaient des gouttelettes d’acide. Avec l’énergie et la rage du désespoir Orland paraît, taillait et se fendait sans réfléchir. En un mouvement tournoyant il décapita son premier adversaire qui déséquilibra le deuxième dans sa chute. Sans hésiter il le transperça de part en part. L’acide faisait fumer ses vêtements et lui brûlait horriblement le visage et les mains. Des larmes de haine se formèrent à ses paupières et il piétina les corps adverses pour s’attaquer aux deux suivants. Orland se sentait déconnecté de la réalité. Il se vit parer un premier coup et s’accroupir pour éviter un deuxième. Il se regardait toujours quand, de sa position au sol, il profita de la garde trop légère de celui de droite pour l’éventrer. Voyant son dernier compagnon tomber et la folie dans les yeux d’Orland, la créature restante tourna les talons et s’enfuit. Mais la soif de vengeance d’Orland le poussa à le poursuivre, sa colère lui donnant des ailes. Presque à sa hauteur, il lui planta son épée entre les deux omoplates, stoppant nette la course effrénée. Orland revint à lui et resta abasourdi devant le corps à ses pieds. Il n’avait jamais frappé quelqu’un dans le dos auparavant. Il ne s’était jamais vraiment battu pour sa vie. Il aurait pu le laisser fuir, ne pas le tuer. Il s’affaissa contre le mur, secoué de sanglots, pleurant de fatigue, de soulagement, de peur, d’incompréhension.
Quand Orland retrouva son calme, il ne pouvait dire combien de temps avait duré sa prostration. Peut-être dix minutes, peut-être deux heures… Il devait repartir au plus vite avant que d’autres n’arrivent. Il marchait d’un pas soutenu quant une nouvelle intersection se présenta quelques mètres plus loin. Un couloir semblait partir vers la droite et devant … Une étrange barrière liquide se dressait à la verticale. Derrière elle, il reconnaissait sa chambre où le feu brûlait toujours dans la cheminée. Sous l’émotion, il s’avança d’un pas chancelant, un rire hystérique aux lèvres. Au carrefour un murmure attira son attention. Il pivota instantanément, l’épée au clair. Ivre de rage, il ne laisserait plus rien s’interposer entre lui et son monde. Tout ce qu’il aperçut, c’est un enfant de six ans au plus enchaîné au mur, pleurant le regard éteint. Il connaissait cet enfant, il l’avait déjà croisé dans les rues de sa ville. Ses fins cheveux blonds se maculaient maintenant de croûtes de sang et les meurtrissures recouvraient son corps nu. De l’ombre sortit une fine silhouette gobelinoïde. Un éclat près de sa main dénonça le grand hachoir qu’il tenait fermement. Dans un sourire obscène et sadique il attrapa l’enfant par les cheveux et lui tira la tête en arrière, découvrant ainsi largement sa gorge.
Orland rugit lorsqu’il s’élança vers le monstre. Battant le sol de ses puissantes jambes il devait arriver à temps, il devait dévier ce bras… Et la terre se déroba sous ses pieds. Au léger clic du mécanisme, il sut qu’il s’était fait piéger. Sa chute sembla s’éterniser. Il sentit ses os se broyer, ses chairs se déchirer lorsque l’épée pieu se planta dans son ventre. La douleur fulgurante le tétanisa mais la seconde suivante l’anesthésie annonciatrice s’empara de lui. Ses dernières gouttes de vie s’écoulaient le long des pieux et il sut qu’il ne se réveillerait pas de ce dernier rêve.

« Odos mon amour … » la voix si douce, si chaude, si triste, fila à travers les étoiles.
Le Dieu de la vie lâcha le minuscule labyrinthe qu’il tenait dans ses puissantes mains. Il n’osa se retourner vers sa femme, ne pouvant affronter son visage réprobateur. Il regarda longuement le labyrinthe s’abîmer dans les profondeurs de l’espace.
« C’est le cinquième, il n’en reste plus que deux. Pourquoi lui ? Il avait la prudence, la patience, l’intelligente, le courage. Il aurait pu… »
« Non ». Malgré l’accent douloureux la voix était intransigeante. Le silence interrogateur se prolongeant il ne put que s’expliquer.
« Il n’avait pas le détachement. Il aurait fait un bon martyr ou un merveilleux héros. Mais il était de ces hommes qui, pour sauver un village, tuent leur royaume ». Aucune réponse ne lui parvenant il ajouta :
« Comprend moi ma douce, ce qu’ils vont affronter, nul d’entre eux ne peut seulement l’imaginer. Il n’y aura pas de répit, pas de reddition. Pas de seconde chance. Celui que je désignerait portera le sort de tous ses frères sur ses épaules. L’élu se doit d’être parfait ».
Odos agita les mains et un nouveau labyrinthe apparut. D’un autre geste il déposa Kalin, prince de Ternion au centre de celui-ci. Elya caressa mélancoliquement le visage de son mari et, dans un sourire triste, elle se retira pour le laisser finir son devoir.
Jolandar
07/09/2003 17:31


Tin celui là, pfff pas tres reglementaire sur la longueur
Aramina
07/09/2003 19:22
Jamais Contente !

"la limite a été augmentée à 4 pages"
Chez moi, en times new roman 12, il fait moins de quatre pages completes. Il y a-t-il quelque chose qui m'ait échappé?
Elann
07/09/2003 22:05
<b>Wolfmaster</b>

Non non c'est bon t'inquiète
Moridin
07/09/2003 22:10
Jury

Neo => il y a tout là ? Si oui il faut donner des lettres aux textes pour créer le sondage et laisser quelques jours aux membres pour voter.
Feldwyn
07/09/2003 22:22
Un coup d'oeil... de temps en temps

J'ai une question: qui peut voter? Tout le monde ou un comité spécial?
Galldrenn
07/09/2003 22:26
Larve Maléfique (version ectoplasmique)

Oui, et si tout le monde peut le faire est ce qu'on vote sur le forum ou par mail??
Elann
08/09/2003 12:14
<b>Wolfmaster</b>

C'est sur la page sondage

Il faut créer le sondage mais pour ça il faut que le jury soit d'accord sur les textes. Neojah étant modérateur, il peut créer un sondage mais encore faut il que je lui explique comment procéder. (c'est très simple en fait)
Neojah
08/09/2003 14:42
Ménestrel bibliophage

Voici le lien vers le vote de cette joute : Vote pour la joute 3 (atterrissage inattendu dans un lieu inconnu)
JustBob
08/09/2003 21:14
Joyeux Barbare

Comme d'hab, voici quelques critiques :

A : à la première lecture je n'ai pas accroché. Le début manque de punch est du "truc" qui accroche. La suite est un peu déroutante (voire un peu longue) et je ne l'ai pas trouvé facile à suivre. La dernière partie est très bien. L'écriture est bonne.

B : un scénario basique mais une très belle écriture. Facile à lire, rigolo, on ne s'ennuie pas. Bravo pour ce bel exercice d'écriture tout à fait réussi !

C : thème très classique, manquant d'originalité. Trop long et "mou" à mon avis. Mais j'aime bien l'atmosphère de ce texte.

D : trop de noms et trop de concepts ! donc pas facile à suivre. Pourtant l'écriture est agréable et il y a un certain suspense. Dommage que ce soit "inachevé".

E : texte intéressant, qui manque aussi de punch je trouve. L'écriture est bonne aussi (je pense que les parties sont trop massives, donc difficiles à lire surtout sur l'écran.) On perd aussi un peu le fil de l'histoire. J'aime bien le concept même si la fin m'a un peu déçu.

F : scénario classique aussi. L'écriture est sympathique mais certaines phrases sont à la limite du compréhensible. La dernière partie, la plus intéressante, aurait peut être mérité d'être plus développée (pourquoi elle ? et pourquoi faire ?).

G :texte sympa, surtout grâce à la dernière partie. L'introduction est peut-être un peu trop longue. A mon avis, les épreuves auraient mérité d'être plus "typées" dans le but de mettre en valeur certaines qualités nécessaires à l'Elu. L'écriture est bonne. Et décidemment j'aime beaucoup la fin (une version humoristique pourrait être excellente).

En conclusion, "lieu inconnu" = rencontre avec les dieux (4 sur 7)... marrant ça...

Critiques en toute honnêteté (je ne suis pas dans une secte... euh... communauté, pardon!) et sans aucune méchanceté. Pas facile de faire son auto-critique aussi...

JustBob
Aramina
16/09/2003 15:10
Jamais Contente !

Bon c'est partit pour les commentaires... Je décrirais leur texte par leur lettre et non pas par le pseudo de l'auteur. Vu que je n'ai pas retenu qui a ecrit quoi, je serais plus objective comme ca.

Texte A : Pour commencer un truc tout bete qui n'engage que moi : "les Seigneurs Omnipotents" je sais pas pourquoi mais je trouve que cela sonne mal. Enfin le terme m'a un peu géné dans le style. L'écriture est bonne. Pour l'histoire, elle rends mal sur 4 pages seulement. L'idée est sympa mais on n'a pas le temps de prendre clairement partit pour un des deux camps qui se battent, ni de s'y attacher suffisament pour etre triste de leur coté 'cobay'. Quand au peuple Ardoksho on a envie d'en savoir plus sur lui et sur ses coutumes qui pourraient etre tres décalées des notres. Bref je vois plus l'histoire dans un format roman ou longue nouvelle que sur 4 pages seulement.

Texte B : Le scenario est tres classique mais il fait toujours son effet. L'écriture est tres bonne et, en trouvant un musicien, je suis sure que l'equipe de Naheulbeuk en serait fana ;p En conclusion, ca m'a bien fait rire

Texte C : J'aime vraiment beaucoup ce texte, surement un de mes préférés meme. Le style est tres agreable et l'histoire accrochante. La fin est tres interessante également. L'histoire ne se termine pas sur un mystere qui donnerait l'impression d'un texte qui n'est pas terminé, mais elle laisse un doute qd meme. On sent qu'il y a une morale, mais de la a trouver laquelle... En ne choisissant ni le bien ni le mal, le général représente-t-il l'humanité qui se situe entre les deux ? Ou l'armée de 'l'espoir' serait-elle celle qui se débarassera le monde des Dieux et valeurs qui ont mené a toute les guerres ? Je sais que les gens aiment bien les critiques constructives, mais je laisse le soin aux autres de lui trouver des défauts ;p

Texte D : Il va y avoir une suite ? J'ai trouvé le texte très compliqué à suivre. J'ai du le relire plusieurs fois avant de bien comprendre qui était qui et qui faisait quoi. Certains personnages semblent même inutiles et la fin est trop brutale, sans explication. Si d'autres textes suivent, alors c'est normal. Les personnages et hierarchies seront surement plus développés et on s'y fera rapidement. Et la fin sera surement expliquée. S'il est seul, il est trop déroutant a mon gout. C'est dommage car le style est plutot bon (je regrette juste l'utilisation de pseudo apparaissant sur ce forum, je trouve que cela "décrédibilise" un peu le texte)

Texte E : Le style est tres bon, l'histoire aussi, mais je n'accroche pas. Cela ne vient pas de 'defauts' du texte, juste des mes gouts personnels. Ce que j'aime dans la fantasy c'est ce coté totalement impossible, les mondes qui n'existent pas, les religions, valeurs et hierarchies bien particulières aux auteurs. Dans le cas de ce texte, l'histoire est presque possible et du coup me pousse moins au reve je pense.

Texte F : J'ai un peu du mal avec celui la. Le vocabulaire est riche, mais certaines phrases sont beaucoup trop longues et leur découpage les rends parfois difficiles à comprendre. Comme le texte D, je trouve qu'il ferait une bonne partie pour une histoire plus longue, ou l'on comprendrait mieux le role qui est attribué à la jeune fille. Vous allez etre nombreux a devoir prendre vos plumes (enfin clavier) pour nous donner une suite

Texte G : Bon je ne vais pas faire mon autocritique, cela ne servirait pas a grand chose. Je suis juste décu de ne pas avoir eu le temps de me relire (j'avais qu'a m'y prendre plus tot ok) et du coup je me choque un peu sur certaines tournures ou fautes. Pour JustBob je n'y avait pas pensé mais en effet une fin comique pourrait etre tres sympa. Lorsque j'aurais un peu de temps je le reprendrais entierement et je changerais la fin. Si tu me laisses ton mail je t'enverrais la prochaine version

Bon j'espere n'avoir vexé personne, ce n'etait pas le but. J'espere aussi que ces quelques commentaires permettront aux gens de produire des textes encore meilleurs pour la prochaine joute. Encore félicitation a tous

Aramina
JustBob
16/09/2003 17:44
Joyeux Barbare

Merci pout votre critique Dame Aramina et heureux que ce texte vous ai plu (je ne pensais pas qu'il pourrait plaire à une femme... et ne me demandez pas pourquoi). Et effectivement, j'aime bien les textes à morale (même si là je trouve que j'ai "baclé" la fin... pas assez de place !!!).

Sinon pas de problèmes pour votre proposition : andre_samie@hotmail (tiens c'est marrant les initiales... coïncidence ??? mmm... mystère !)

JustBob
Galldrenn
16/09/2003 17:58
Larve Maléfique (version ectoplasmique)

Aramina Sedai, il y a effectivement une suite à mon texte, c'est pourquoi il y a pas mal de notions à assimiler, et pas mal de personnages, qui ne se réveleront utiles qu'au cours de l'histoire...les énigmes de l'Oracle, l'identité de cette jeune femme "tombée" du ciel, celle de l'homme en noir...autant de choses que je ne dévelpperai que plus tard...j'aimerai savoir en revanche si, pour un début de livre, ce n'est pas trop lassant(parce qu'il est vrai qu'il y a vraiment beaucoup de choses ....dois je reprendre le début pour le rendre plus clair, ou alors développer dans la suite?(ce que je comptais faire..)Je remercie en tous cas Justbob et Aramina Sedai pour leurs critiques, qui ne peuvent que m'aider, et je promets de prendre le temps de critiquer les textes dans la semaine, parce que je me rends compte que c'est vraiment utile, et que j'aimerai qu'on le fasse pour moi, alors je le fais pour les autres
Et pour le pseudo dans l'histoire, il se trouve que je suis de votre avis, qu ça enlève quelque chose au texte, mais Galldrenn est depuis longtemps un personnage de mon histoire, et je n'ai fait que lui "piquer" son nom,c'est pourquoi j'avais l'impression de l'"amputer" en lui enlevant....(oui mon cas est pathologique )
Avec mon respect
Galldrenn
Aramina
16/09/2003 18:21
Jamais Contente !

Si le texte est plus long, je pense que c'est une question de gout juste. Personnellement je prefere qu'il y ai une part de mystere et que les personnages et concepts arrivent au fur et a mesure. Mais il faut dire que j'ai du mal avec les noms et prenoms, et je les retiens mieux si c'est progressif. D'un autre coté certains lecteurs préférent être d'entrée plongé dans un monde complexe et retiennent mieux comme ca... Donc je pense que ca n'a pas trop d'importance et qu'il vaut mieux que tu l'écrives comme tu le sens toi, histoire d'en oublier le moins possible en cours de route
Aramina
JustBob
17/09/2003 12:51
Joyeux Barbare

Dame Aramina a une nouvelle fois raison. Je pense que tu dois écrire de façon spontanée en intégrant toutes tes idées. C'est à la relecture, rerelecture, rererelecture, etc... que tu pourras rajouter les descriptions, les passages de transition, des précisions, etc... L'essentiel est d'avancer dans l'histoire même si dans un premier temps ton texte est dense. Au moins tu auras le squelette et tu pourras consacrer du temps à l'habiller. Si on passe trop de temps sur "l'habillage" et bien on avance pas dans l'histoire, on perd ses idées, sa motivation, et finalement le texte est inachevé.
Enfin, bon c'est mon point de vue que j'essaye d'appliquer mais ce n'est pas facile.

JustBob
Dom
07/11/2003 10:20
Ménestrels et cochons: tout y est bon !

Je sais que çà fait longtemps que cette joute est close. Cet été, je n'avais pas pris le temps de terminer mon texte. Depuis cette nuit, (vive les insomnies!), c'est chose faite. Aussi, je vous le livre.


Tout est relatif !

Klavir était laid, très laid. Mais, aussi intelligent, remarquablement intelligent.

Le premier qualificatif lui avait valu de recevoir de nombreux cailloux et autres objets divers, le second de pouvoir travailler avec succès dans un laboratoire.

Le premier l’avait fait confondre avec les demi-orcs, le second lui avait permis de discuter d’égal à égal avec les plus grands alchimistes.

D’Almyra le nain (découvreur de la pierre hiéta-temporelle), Jolbrig le gnome (inventeur de la potion gustato-auditive) … et le même le plus célèbre Ont’Houil, sublime créateur de la non moins fameuse Galbol, la baguette phantasmafielle : il les avait tous rencontrés.

De chaque rencontre, il avait su tirer des enseignements. Fiévreusement, il avait consigné dans ses carnets le fruit de ces échanges. Scrupuleusement, il avait noté les matériaux qu’ils utilisaient. Aujourd’hui, il n’ignorait plus rien des fameuses lamproies hallucinogènes, des rares orchidées hérissées qu’il faut cueillir à la nuit tombante, ou encore des vers damassés bleu du fond des mers.

Aujourd’hui, il se sentait prêt. Ses simulations et autres calculs avaient été menés avec la plus extrême méticulosité. Il n’avait rien laissé au hasard.

Méthodiquement, il avait respecté les protocoles de collecte des ingrédients nécessaires à l’élaboration de sa potion.

A minuit, il avait tué un rat-vairon au fond des Grands Marais Salés, et l’avait ensuite laissé mariné avec des coquelicots bleus. Il avait haché menu des plumes de paon à trois pattes en dansant la gigue du Troll … Les premiers préparatifs lui avaient demandé huit mois de travail acharné. Le dernier ingrédient avait été non seulement le plus difficile à localiser, mais aussi à collecter : des cheveux de lutin à pied bot.

Des lutins à pied bot, il n’y en avait guère, et, pour le comble de son malheur, ceux-ci disposent du pouvoir de téléportation locale, talent qu’ils ont développé afin de contrebalancer leur handicap. Il avait dû utiliser la potion Chuipalamèla, qui, le faisant disparaître, créait simultanément l’image de son double. Trois mois de plus furent nécessaires à son élaboration, donc trois mois de perdus.

Il allait donc pouvoir passer à l’action, et réaliser son rêve.

Il en avait tellement rêvé : devenir beau ! Oui, c’était cela son projet secret ! Son grand projet !

Au cours des onze mois qui venaient de s’écouler, toutes ses courtes nuits avaient été habitées par ce fantasme. Il s’était imaginé devenir celui, qui ferait se retourner les femmes, celui vers lequel leurs pensées voleraient. Il les avait vues tomber en pâmoison à ses pieds, tenter de le séduire à tout prix. Il avait rêvé de voir les êtres falots qui, jadis, lui avaient jeté des pierres, se rabougrir, l’envier.

Bref, avec son intelligence et sa plastique, demain, une cour l’entoureraient, tous le vénéreraient, lui Klavir le Beau !

C’était donc le grand jour, ou plutôt la grande nuit (en effet, tout le monde sait que les grands sortilèges sont invoqués la nuit soit par pleine lune, soit au contraire sans la moindre lumière céleste).

Tout était prêt. Les ingrédients à portée de main, les signes cabalistiques tracés, il attendait, l’heure approchait. L’endroit était, selon lui, particulièrement bien choisi : dans la forêt où sa métamorphose pourrait se faire discrètement, loin des yeux des gêneurs. L’ambiance sonore lui paraissait même propice à la concentration : quelques oiseaux conversaient gaiement, attendant le sommeil, sans doute.

Quand enfin les cloches, au loin, sonnèrent minuit, il commença le mélange : marinade de rat-vairon, hachis de plumes de paon à trois pattes, un soupçon de glaire de salamandres pyrofugées, treize pétales de rose sans épines, du sirop de nénuphar aquaphobe, un œuf de chouette à poil ras, et les fameux cheveux de lutin à pied bot. Il était content, il avait respecté le rythme. Il démarra ensuite l’incantation :

AkEgeVe
ÊtEbo…

…deUvIeNbo !

Note de l’éditeur : compte tenu du caractère reproductible de la formule, il ne nous a pas paru opportun de la transcrire ici dans son intégralité.


A ce même instant, un crapaud croassa. En soi cet événement peut paraître banal. Et pourtant, le caractère particulièrement instable de la formule fit que la mixture tourna (comme l’on dit en cuisine).

Malheureusement, Klavir ne s’en rendit pas compte. Il leva donc le calice, et le but jusqu’à la lie.

Un coup de tonnerre retentit. L’air paraissait électrisé.

Klavir paniquait. « Qu’est-ce qui ne va pas ? » L’espace d’un instant, il revécut la phase finale: il revit les ingrédients, qui, les uns après les autres, tombaient dans le calice, comme au ralenti, il se réécouta incanter la formule secrète. Oui tout allait bien, pourtant. Mais, soudain, il se rappela ce croassement ténu. Bien sûr, l’interférence venait de là. L’influence des crapauds baveux à courte patte était connue sur la magie alchimique.

Damnation ! Tous ces efforts allaient être réduits à néant à cause d’un batracien mal formé. Quelles allaient en être les conséquences, amis lecteurs ?

Note de l’éditeur : le texte originel avait été publié sous forme d’un feuilleton dans un grand périodique, dont, par décence, nous tairons le nom. Ceci explique cette question, et son incongruité dans le déroulé de l’histoire.

Klavir sentit le sol se dérober sous ses jambes, une odeur fétide emplit soudainement l’air.

Il ne chuta certes pas longtemps, mais lourdement dans un terrain spongieux. Plus d’oiseaux chantant, non rien que des crapauds croassant. Il se demanda où diable il était tombé : « Mais où diable, suis-je donc tombé ? »

Il se releva péniblement, un brouillard épais l’entourait.

Pataugeant dans ce qu’il percevait être de la boue, une espèce de fange visqueuse, il commença à s’éloigner de son lieu de chute. Plusieurs fois, il faillit perdre l’équilibre. Et d’ailleurs fatalement, cela arriva, et il se retrouva immergé dans ce qui, il en était sûr maintenant, était de la boue.

Au bout de plusieurs minutes d’une marche hésitante, le sol se raffermit, la brume se leva sous l’effet du vent. Il ne reconnaissait pas ce lieu. Où était donc passée la forêt splendide ? Il n’y avait ici que des arbres rabougris, tristes. Que c’était laid !

Et comble de son malheur, Klavir commençait à avoir faim. En tout autre lieu, sa connaissance des plantes lui aurait permis de grignoter des fruits, ou à défaut quelques baies. Rien !

Il arriva sur une sorte de sente. Puis, celle-ci rejoignit un chemin, qui pouvait quasiment, se dit-il, être qualifié de route. Donc rassuré par cette constatation ; il marcha avec plus d’assurance.

Il aperçut quelques maisons. Non pas maisons, se reprit-il : cahutes, masures, plutôt. Quelle tristesse ! Des murs aux couleurs indéterminables, et d’ailleurs indéterminées, décrépits. Des toitures squelettiques.

Cela lui rappelait les habitations qui avaient tendance à se multiplier autour de sa ville. C’était bien çà : des tonneaux-villes !

Enfin, son allure générale lui permettrait de passer inaperçu. Il imaginait sans difficulté les habitants de cette … euh … cité ? Ils devaient être crottés comme lui l’était.

D’ailleurs, qu’est-ce qui avait bougé là, à une vingtaine de mètres ? Cela semblait avoir une allure humanoïde, deux jambes avec des pieds au bout, deux bras avec pour faire bonne mesure des mains aux extrémités, une tête. Il lui sembla même qu’il devait s’agir d’une femme.

Mais elle était d’une laideur qui dépassait l’entendement commun.

L’apercevant, elle poussa un cri, que l’on pourrait retranscrire par « Waow ! », suivi aussitôt d’un appel : « Les filles ! Venez voir ! »

Il s’arrêta pour observer.

Aussitôt, sorties des cahutes proches, d’autres femmes vinrent entourer la première. Il lui sembla que l’on parlait de lui, et il s’attendait même à recevoir comme à son habitude divers projectiles.

Curieusement, elles disparurent, rentrant … chez elles ?, pour réapparaître quelques minutes plus tard, vêtues de propre, fardées, voire même aguichantes. Elles se dirigèrent vers lui, avec un grand sourire, et l’abordèrent usant d’un ton mielleux, charmeur.

Elles lui souhaitèrent la bienvenue, et lui proposèrent de se rafraîchir, de se restaurer. Certaines plus entreprenantes, à voix , basse commençaient même à lui faire des avances à peine dissimulées.

Des avances à lui, Klavir, le Laid ? Le pas beau d’entre les pas beaux ? Il hallucinait.

Mais simultanément apparut une horde de … vilains. Le mot n’était pas assez fort. Il avait toujours su que, eu égard aux canons traditionnels de la beauté, il était laid, mais franchement là, il se sentait ridiculisé, écrasé, broyé par la monstruosité de ce qu’il voyait. Il ressentait enfin ce que ces anciens concitoyens ressentaient en le voyant. Il savait combien il pouvait se féliciter de son apparence, et même en user et en abuser.

Finalement, il allait se plaire ici.
JustBob
07/11/2003 13:11
Joyeux Barbare

Sympa et bien écrit. Merci Dom de nous faire partager tout ton talent. Le début est peut-être un peu long mais c'est tellement agréable à lire...

Une petite question sur la fin qui me paraît pas claire (même si j’ai compris la moralité quand même).

Toutes les femmes sont affreusement laides aussi ? Tu le précises pour la première mais pas pour les autres.
Si c’est le cas ton héros va se taper que des moches… pas réjouissant quand même.
Si ce n’est pas le cas (ce qui est plus drôle et plus sympa pour lui) pourquoi la première est moche ? Pour le suspens ? Il n’y a que des bombes qui se précipitent sur lui parce qu’il est bien moins laid que la moyenne des hommes de ce pays (tiens ça doit être un phantasme masculin ça…?

Enfin une/deux fin alternative (mais malheureuse) à laquelle je m’attendais à la lecture :

Sa formule marche et il devient beau comme un dieu. Il arrive donc dans ce village tout heureux en se disant qu’il va se taper toutes les greluches du coin. Il ne tombe que sur des femmes plus laides les unes que les autres.
Deux alternatives :
1) Elles se précipitent toutes sur lui pour le violer et il s’enfuit en courant parce qu’elles sont vraiment trop laides.
2) Elles lui jettent des pierres en le traitant de monstre, d’affreux, de l’homme le plus laid qu’elles aient jamais vues.

Venant de toi, je suis surpris de ta fin « heureuse »…

JustBob, Barbare alternatif.
Dom
07/11/2003 14:08
Ménestrels et cochons: tout y est bon !

Bien vu sur la fin "heureuse" !

J'aurais été heureux d'avoir eu l'idée que tu proposes !

Merci de ta lecture et de tes conseils.

SuNBeN
08/11/2003 01:58
frère-loup breton picon addict

Merci Dom

mais comme JB je m'attendais à une autre fin, les mêmes d'ailleurs.
Elann
12/11/2003 13:22
<b>Wolfmaster</b>

J'ai un peu les mêmes interrogations que JB : quel est finalement l'effet du sort ? Rendre tout le monde laid ? Ou le transporter dans un lieu où il est le plus beau ?
Dom
12/11/2003 14:37
Ménestrels et cochons: tout y est bon !

Faut-il vraiment une réponse ? Chacun apportera la sienne. Même si forcément j'ai mon idée.
Neojah
12/11/2003 15:47
Ménestrel bibliophage

Pour citer JB :
Sympa et bien écrit.

C'est une bonne idée d'avoir terminé ce texte : merci.
La fin est en effet assez ouverte, mais je suis assez mitigé sur l'aspect "fin heureuse", car en faisant abstraction de la beauté des femmes en question, il renonce quand même d'une certaine façon à son intelligence en assouvissant son rêve de beauté et son appétit du "plaire".
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