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La Tour Blanche : chambre d'invité
(Sujet créé par Le Conteur l 06/06/06 à 01:14)
Deux jours ont passé depuis les événements de "Dans les rues de Tar Valon". C'est une Sarah inconsciente et un Aelghir brutalisé qui ont été escortés sous bonne garde jusqu'à la Tour Blanche.
Une fois arrivé, Sarah a été emmenée par deux Aes Sedai de l'Ajah Jaune "afin de recevoir des soins, et d'étudier son cas", tandis qu'Aelghir après un rapide examen superficiel a été placé dans une chambre d'invité, "dans l'attente d'une entrevue". Trop souffrant et fatigué pour protester, le chevalier s'est laissé guider.
48H ont passés depuis, et Aelghir ne tient plus. Il n'a vu personne à part le domestique venu lui apporter ses repas, et le lige devant la porte ne laisse jamais baisser sa vigilance. Aucune nouvelle de Sarah ni du monde extérieur d'ailleurs. Même cette Araya, cette rouge sadique, n'est pas passée le voir.
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Quelques exercices d'assouplissement, quelques étirements, pour vérifier que j'ai bien récupéré. En esprit, j'injurie copieusement cette maudite Rouge qui m'a séparé de Sarah et a osé s'en prendre à moi sans avertissement. Si Méliane était toujours à la tête de la Tour...
Sarah... Qu'advient-il d'elle ? Je sens notre lien comme un fil ténu, prêt à se rompre mais je m'y accroche pour ne pas devenir fou. Il n'en faudrait pas beaucoup. Que l'autre salope lui fasse du mal et ça, je le sentirai et plus rien ne pourrait me retenir.
Je jette un regard sur le repas que le serviteur invariablement muet m'a apporté. Il faudrait que je mange pour ne pas m'affaiblir. Derrière la porte, il y a ce Lige. Pourtant, les Rouges n'en ont pas. Aussi muet que le serviteur, il a refusé de répondre à mes questions. J'ai mentionné Eltharion mais il n'a pas réagi. Il va falloir que je trouve un moyen de sortir de là et vite.
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Il faut vraiment que je sorte de cette maudite chambre. J'essaie de projeter mon esprit... et mon coeur vers Sarah mais c'est à peine si je sens sa présence. je n'en peux plus de toute cette incertitude et de toute cette colère qui me secoue par vague. Je fais les cent pas dans la pièce aux murs nus. Je m'arrête une fois de plus à la fenêtre. Inutile de tenter de sortir par là, il faudrait que je sois un oiseau. Je m'immobilise face à Vengeresse appuyée contre le mur dans son fourreau de cuir travaillé.
Ils ne me l'ont pas enlevée. Me méprisent-ils à ce point ? Suis-je pour cette garce rouge si négligeable qu'elle ne craigne pas que je sois armé ? Se dit-elle que je ne tenterai rien parce qu'elle détient Sarah ? Je vais lui démontrer à quel point elle a tort et qu'elle aurait mieux fait de me connaître avant de m'enfermer là, sans nouvelle de ma bien-aimée.
Je me dirige à grands pas vers la porte sur laquelle je me mets à cogner comme un fou en hurlant des menaces à moitié intelligibles. Le Lige de faction ne réagit pas, ce à quoi je m'attendais et ce que j'espérais, d'ailleurs. Je continue un bon moment, histoire de lui mettre un peu les nerfs en pelote. Il a beau jouer l'impassible, les hurlements d'un dingue rythmés par le puissant tambourinement de mes poings sur le bois juste à côté de ses oreilles doivent l'agacer sinon l'éprouver. Je finis ma litanie sur un convaincant :
- Vous l'avez cherché !
Plus un bruit. Je me dirige vers Vengeresse, la sors avec douceur de son fourreau; mon amie d'acier qui ne m'a jamais fait défaut et je reviens près de la porte close, par pour longtemps j'espère. Je déchire ma manche gauche au niveau de l'épaule et la réserve pour un usage ultérieur. Puis je passe le tranchant sans égal de ma bonne lame sur mon avant-bras. Le sang se met aussitôt à couler, rouge et abondant. Rouge comme ma colère, abondant comme mon amour... A genoux, je le laisse s'écouler au sol et s'infiltrer sous la porte. Une légère pente le guide vers l'extérieur, vers les pieds de mon cerbère...
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Rouge, mon sang coule et s'écoulent mes jours
Derrière mes yeux clos. Un improbable amour,
Un regard attendri qui toujours m'émerveille,
Un sourire triste sur des lèvres vermeilles
M'ont lié à jamais, entrelaçant mon coeur
A la soie des cheveux de mon amante en fleur.
Pour elle, à genoux, abîmé en prière,
Je répands ce sang dont elle est héritière.
Ces fils d'écarlate sur la pierre si blanche
Vers elle m'attirent. Que jamais je ne flanche !
L'entaille est une brûlure dans ma chair tout comme la colère enflamme mon esprit. J'en éprouve une âpre jouissance. Ma main droite empaume la garde nette de Vengeresse. Je ne tuerai pas pourtant. Peut-être pas...
Le cerbère en question, voyant un fleuve de sang menacer d'emporter la porte, cours comme un empoté chercher, d'une part de quoi éponger cette catastrophe, du sang sur les beaux carrelages de la Tour Blanche, et l'hygiène alors ?, et d'autre part, peut-être, de quoi arreter le fleuve à sa source, encore mieux pour éviter du récurage aux novices.
Quelques instants après, une Jaune arrive d'un pas royal, et rentre dans la pièce. Voyant une épée dans sa main, et s'empresse de bloquer son bras par des flux d'Air.
Sans demander quoi que ce soit à l'homme présent dans la pièce, elle lui prend le menton entre deux mains, et le Guérit. Le guerrier se cambre, devient encore plus pâle qu'il ne l'était, et retrouve l'intégrité de sa peau de bébé !
Ce genre de démonstration est totalement inutile, à quoi pensez-vous aboutir ? La prochaine fois, personne ne viendra vous aider, et vous saurez que Sarah souffrira le martyre par votre faute.
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
La Guérison, que je n'ai pas demandée, que je n'ai pas voulue, m'a épuisé. Je m'allonge sur le lit mais seulement après le départ de la Jaune. Juste un peu d'amour propre... assez piteux.
C'est vrai. Si Sarah doit souffrir par ma faute, je ne bougerai pas, j'attendrai, je me morfondrai jusqu'à ce qu'on me sorte de là... mais pas trop longtemps sinon j'en mourrai... de ne pas la voir, de ne pas la serrer dans mes bras, de ne pas poser mes lèvres sur les siennes, d'à peine ressentir sa présence à travers ces murs trop épais.
Sarah...
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Sarah...
Ces Garces, ces Mégères qui nous ont séparés et qui m'oublient dans ma prison comme le plus méprisable des criminels ! Saletés ! Elles veulent me rendre fou ? A me tenir enfermé, moi qui ai passé le plus clair de ma vie à errer, à fouler les longues routes, espèrent-elles me briser, ces sorcières ? A me faire peur en disant que la moindre initiative de ma part meurtrira Sarah ? Je les hais, je les exècre, je crache sur leur fanatisme !
Sarah... ?
Les jours se suivent et se succèdent...Chaque fois le même rituel immuable. Le plateau de nourriture, le serviteur nettoyant la pièce, et le cortège d'Aes Sedai se succédant. Et les questions, toujours les questions sur Sarah. Elle semble être un véritable phénomène de foire pour ces mégères. Chaque fois, le refus d'obtempérer. Muet comme une tombe, Aelghir ne dit rien, ne leur répond jamais. Qu'y aurait il à dire qu'elles pussent croire ?
La rouge aussi passe régulièrement, cette Araya. Visiblement, ces méthodes n'ont pas plu à son Ajah, car elle n'a jamais recommencé sa torture. Elle se contente à présent de poser des questions, à priori banales, mais le chevalier voit dans ses yeux la haine contenue à chaque entretien, et le sens caché, les fils que cette araignée tisse autour de lui. La seule réponse à offrir est un silence borné. Ils n'obtiendront rien de lui, comme ils n'obtiendront rien de Sarah.
Sarah...il la sent toujours, si proche et si lointaine à la fois. Elle va bien, c'est tout ce qu'il peut tirer du Lien. Penser à elle lui donne des sentiments contradictoires : une partie de lui désire plus que tout défoncer cette porte et courir à sa recherche, tandis que l'autre sait que cela ne leur ferait à tous deux que du mal, et se lamente continuellement.
La nuit dernière, il s'est surpris à parler seul. Les premiers signes de la folie ? Quoiqu'il en soit, il sait qu'il ne tiendra plus longtemps avant de craquer.
La nuit est déja bien avancée lorsque la porte de la "chambre d'invité" s'ouvre, laissant place à Araya Sedai. D'un regard, elle balaye la salle et trouve Aelghir, visiblement assoupi sur un siège de riche facture.
"- Réveillez vous", ordonne-t-elle. Le chevalier, décollant les paupières, la fixe du regard. Aucune trace de sommeil dans ceux-ci, c'est évident. Il ne cessera jamais de l'étonner.
"- Levez-vous et suivez-moi."
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Je voudrais sauter sur mes pieds mais je ne le ferai pas. Ce serait lui donner à croire que j'obéis à sa convocation comme un chien à son chef de meute. Elle serait bien trop ravie de me croire à ses ordres même si, en son for intérieur, elle ne pourrait être convaincue que de mon empressement à avoir des nouvelles de Sarah. Elle-même et ses pareilles, ces femmes au coeur de pierre et au mépris insupportable n'ont eu droit qu'à mon silence. Elle surtout, cette Araya... mépris pour mépris, haine pour haine ! Ma seule arme contre elle pour le moment... mais une arme efficace, ses yeux me le confirment. Ne pas lui donner la satisfaction d'une réponse, même anodine. Ecore moins lui demander où elle compte me mener... auprès de ma Sarah ou à l'abattoir ? Si tel est le cas, je saurai me défendre et je ne mourrai pas seul. Mais sans doute, ne prendront-elles pas, ces maudites, le risque de me mettre à mort, à cause du lien. Sarah... Vais-je enfin te revoir ?
Je me lève posément, la toise comme si je mesurais le poids de sa haine à l'aune de la mienne et lui tournant le dos, je me dirige vers le coffre dans lequel j'ai serré mon inutile épée. Sans quérir d'elle la permission de m'en ceindre, je l'extrais de son sommeil et l'attache dans son fourreau à mon côté. Son poids familier m'apaise autant que la Rouge, contenant à grand peine son impatience, m'enfélonne. Je suis chevalier, Vengeresse est ma part de fer et de sang tout comme Sarah est ma part de douceur et de feu. Ma vie sans l'une ou l'autre ne vaut rien. L'une et l'autre. Ma complétude. Je me retourne enfin vers Araya Sedai et, la face inscrutable, je laisse tomber :
Sans attendre, Araya sort de la chambre et s'engage dans les couloirs de la Tour, Aelghir sur ses talons. Le lige à l'entrée n'esquisse pas l'ombre d'un mouvement ni même ne change d'expression en les voyant sortir.
Les couloirs sont vides à cette heure de la nuit, et personne le chemin de la Rouge et du chevalier. Ce dernier se perd d'ailleurs rapidement dans le dédale qu'Araya lui fait parcourir.
Au bout d'une dizaine de minute de couloirs et d'escaliers sans queue ni tête, Araya s'arrête enfin devant une porte, l'ouvre sans hésitation et entre dans la pièce.
Il s'agit d'un grand salon, richement décoré. De grandes tapisseries représentant divers batailles ornent les murs; une table basse en bois ancien se trouve au centre de la pièce, entourée par plusieurs canapés de velours rouge, sur lesquels sont assises plusieurs Aes Sedai, le regard fixé sur les nouveaux arrivants. Toutes de l'Ajah rouge.
Apercevant Aelghir derrière Araya, l'une d'elles prend la parole : "Penses-tu vraiment qu'il s'agisse de la bonne solution Araya ? Un homme dans les quartier de l'Ajah Rouge...je ne suis pas..."
- "Cela suffit Sharine. Nous nous sommes mises d'accord et il n'y a plus à discuter."
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Tout ce luxe ! Pensent-elles m'impressionner ? Et toutes ces bonnes femmes en rouge, avec leur air revêche et séprisant ! Elles me toisent comme si j'étais un valet d'écurie et tiennent à me faire sentir ma prétendue infériorité. Qui ignore ce qu'elles pensent des hommes ? Et dire que mes soeurs auraient pu devenir comme elles... non, jamais ! Et encore moins Sarah !
Pestes arrogantes, Sarah vous surpasse et de loin ! Vous n'aurez jamais barre sur elle. Je les regarde, l'une après l'autre, froidement, sans hâte. Toutes les questions qu'elles m'ont posées, sur Sarah, sa famille, son passé et sur mon propre passé, sur notre relation me reviennent en tête. Vont-elles encore m'interroger tout en sachant qu'elles ne tireront de moi qu'un silence obstiné ? Mon regard revient sur Araya Sedai et c'est à elle que je demande :
- Que voulez-vous de moi ?
L'une des Rouges se lève alors, Sharine justement, et quitte le salon vers l'une des pièces adjacentes. Quelques minutes passent dans un silence lourd.
La porte s'ouvre à nouveau. Sharine tient dans ses mains une petite boite en bois sculpté. Elle la tend à Araya, qui l'ouvre sans attendre. A l'intérieur, se trouve une figurine en bois, représentant une jeune femme en robe, tenant un bâton.
Tendant la figurine vers Aelghir, Araya lui dit alors "Prenez ceci, et observez le ; je pense que cela pourrait vous intéresser."
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Qu'est-ce que c'est encore que cette histoire ? Ces femmes sont folles ! Que croient-elles ? Qu'ai-je à faire avec ce truc ? Autant obéir... NON ! consentir à leur manie... pour l'instant. Pour passer rapidement à autre chose.
Je tends la main et me saisis de l'étrange figurine.
D'un air détaché, Aelghir prend la figurine des mains d'Araya et la regarde sous toutes les coutures, essayant de comprendre le but de cette mascarade. Il ne s'agit que d'un simple objet en bois, mais pourtant la jeune fille sculptée semble irradier une douce chaleur. Le regard rivé sur l'objet, le chevalier ne voit pas que toutes les Rouges sont à présent debout, l'observant toutes intensément. La chaleur s'intensifie, et cette sensation agréable... Il n'y a plus que la figurine à présent, et rien d'autre au monde...
Aelghir se trouve dans un état d'hypnose léger. Il ne se rend plus compte de rien de se qui se passe autour de lui, et répondra aux questions qui lui sont posées sans mentir. Cet état durera tant qu'Araya canalisera dans la statuette.
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
- Aelghir... C'est mon nom depuis une vingtaine d'années. Je n'en veux plus d'autre. Un nom veut en général dire beaucoup. Pas le mien, il est juste un masque, un trait tiré sur mon passé. Je suis né en Amadicia voilà trente-sept ans dans un château sis non loin de Mardecin. Mais il y a déjà plusieurs années que j'ai quitté mon pays sans espoir de retour. L'Amadicia m'a vu partir voilà déjà longtemps ; j'avais à peine dix-sept ans. Amadicia est donc un endroit très dangereux pour ceux qui canalisent . Tel n'est pas mon cas, mais ... J'étais le plus jeune enfant et le seul fils d'une noble Maison dont je ne porte plus le nom. Lorsqu'il s'est avéré que deux de mes soeurs étaient dotées de pouvoirs, ces pouvoirs que l'on craint et dont on éradique les détenteurs en Amadicia, mes parents ont tenté de les protéger mais nous avons été trahis par celui que mon père tenait pour un ami. Les Blancs Manteaux ont donné l'assaut. Le massacre des miens, le pillage de nos biens, je ne les ai point vus car j'ai été grièvement blessé dès le début de l'attaque, m'étant trop exposé, plus par témérité que courage. "Réfléchis avant de te jeter dans la bataille, me disait mon père, Tu fonces comme un taureau, cornes en avant, sur le premier qui te défie." Un vieux maître d'armes de mon père m'a sorti des décombres, à demi-mort. Ma guérison a été laborieuse, surtout parce que je n'avais pas envie de survivre aux miens. La haine que je vouais et que je voue toujours à leurs assassins m'a poussé toutefois à rester en vie. Plus tard, mon vieil ami m'a conduit hors d'Amadicia. Il m'a appris à bien me servir d'une épée et d'un poignard.
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Aelghir caresse rêveusement le fin visage de la statuette. Un sourire lentement détend ses traits qui semblent rajeunir. Ses yeux verts s'illuminent.
- Sarah... Elle est ma lumière, mon point d'ancrage. Je croyais l'avoir perdue lorsqu'elle est partie avec sa mère pour la Tour... puis elle est venue à moi, elle s'est donnée et elle m'a pris... m'a lié à elle. Sarah, si forte et si fragile, ma raison de vivre ou de mourir. Où est-elle ? Elle m'appelle, je l'entends ! Où est-elle ?
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Aelghir penche la tête comme s'il écoutait avec le coeur un murmure lointain et y cherchait une justification.
- L'attrait du danger, la fascination de la mort qui ont guidé ma vie jusqu'à elle me paraissent aujourd'hui des enfantillages... Sa petite main écorchée agrippée à mon pourpoint tout près de mon coeur... Je lui ai offert ma protection mais c'était moi qui avais besoin de la sienne... Avant elle, je combattais sans peur mais sans espoir non plus. Désormais un avenir se dessine pour moi, à son service. Et pour elle, je suis prêt à tous les exploits. M'a-t-elle ensorcelé ou plutôt me suis-je pris au piège tout seul ? Elle n'était pas ce qu'elle semblait être. Mais elle m'a offert sa confiance avant même son amour. Il faut que je la retrouve !
Son regard parcourt sans les voir vraiment les visages lisses qui le cernent puis revient sur la mystérieuse figurine.
Partie avec sa mère ? pour la Tour ? mais quel est ce non-sens ? Si une telle enfant aurait été amenée, nous l'aurions su...
- ça n'est pas une solution Araya, nous n'en tirerons rien. Le ter'angreal lui fait dire la vérité, mais nous n'aurons rien de direct, comme je t'avais prévenu. Si cela continue, nous allons le perdre...
Cette Sharine, mais quelle idiote ! Ses réflexions m'empêchent de me concentrer sur cet homme. Il faut qu'il parle ! Il faut que je tire une information utile parmi ces élucubrations. Ils sont Liés, ils sont amants, il l'a visiblement sauvée de je ne sais quelle situation, à moins que ce ne soit elle...
- Vous avez parlé de sa mère et de la Tour. Qui est sa mère ? quel est son nom ?
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- Méliane ? L'une et l'autre l'ignoraient. Je les ai rejointes au manoir de cette sombre canaille de Daemon. Si jamais je le retrouve, celui-là, je lui ferai goûter le bon acier de Vengeresse. Pour tout ce qu'il leur a fait subir, à Sarah surtout ! Maudit !
Aelghir serre convulsivment la main autour de la figurine comme s'il étranglait un ennemi intime. Il pâlit soudain. Son visage tendu semble se vider de son sang.
Méliane. Le nom fait l'effet d'un coup de tonnerre dans la salle. L'Amyrlin précédente, disparue, et Sarah serait sa fille !
Les questions se bousculent dans l'esprit d'Araya. Il y a tant à demander ! mais le chevalier est à bout et persister ne fera que le tuer. Elle a déja poussé les trois Serments à leur maximum, et est incapable de continuer.
"- Cela suffit", dit-elle, cessant de canaliser et reprenant la figure des mains d'Aelghir.
Le visage d'Aelghir reprend peu à peu ses couleurs, et son regard hagard reprend de sa vivacité tandis qu'il recouvre ses esprits.
"- Sharine, effectue des recherches sur ce "Daemon". Ce nom me dit quelque chose, mais impossible de me rappeler d'ou cela peut il venir. Nous devrons peut être interroger les Brunes à ce sujet. Nous ne pourrons plus rien tirer de cet homme, à moins qu'il ne soit disposé à parler de lui même, ce dont je doute fort. Sarah est la clé. Il faudra qu'elle parle."
"- Rien ne doit sortir de cette pièce sur ce qui vient de se passer, comme nous l'avons convenu. Méliane semble vivante, et ces deux là savent certainement ou la trouver. Peut être sont ils même liés à sa disparition."
"- Êtes vous revenu parmi nous, chevalier ?", annonce-t-elle en voyant Aelghir revenuir à lui. "Je vais vous ramener à vos quartier. Vous avez été très...coopératif. Pour vous remercier, je vous permettrai de voir Sarah demain."
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J'éprouve une sensation étrange, comme si je venais d'être dédoublé. Je ne peux que m'interroger sur ce qui vient de se passer. Qu'ont-elles fait, ces maudites ? Que m'ont-elles fait ? Coopératif, moi ? Je ne leur ai rien dit... à moins que... Je regarde fixement Araya Sedai. Elle affiche un sourire supérieur. Je lui ferai volontiers rentrer son ironie dans la gorge. Mais je sais bien ce qui m'attend et surtout ce que risque Sarah si je laisse libre cours à ma fureur.
- Qu'avez-vous osé ? grondé-je.
Toutefois, je n'en dis pas plus car je me raccroche à sa promesse, revoir Sarah demain !
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Que siginifie leur silence ? Leurs détestables regards s'appesantissant sur moi ? Dois-je la croire, cette... cette sorcière lorsqu'elle me promet que je pourrai revoir Sarah ? Sorcière rouge ! Oui, dans son cas, cette injure amadicianne s'applique parfaitement. Je ne me lamenterais pas sur son sort si elle tombait aux mains des Blancs Manteaux. Il te manque un homme, ma belle ! Il calmerait tes ardeurs...
"Vous en avez dit suffisament, et pas assez à la fois. Ce que nous avez dit donne un tout autre jour à l'affaire. Celle ci concerne à présent la Tour tout entière, et devant votre obstination, nous allons devoir interroger Sarah. Je doute que celle ci résiste autant que vous, Chevalier."
"La question est : allez vous répondre à nos questions de gré à présent, ou persisterez vous dans votre refus de coopérer, dans votre attitude destructrice ?"
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J'inspire profondément pour ne pas céder au désir de lui envoyer une gifle bien sentie. Non parce que c'est une femme mais parce que je sais que mon acte pourrait faire souffrir une autre femme qui, elle, m'est précieuse.
- Je ne sais ce que je vous ai dit, Aes Sedai mais il m'apparait que vous m'avez contraint, je ne sais comment, à vous révéler certains faits que vous n'aviez pas à connaître. La question est, pour ma part, si cela agréera à votre amyrlin et à messire Eltharion qui a toute sa confiance et la mienne...
Au terme de quelques secondes de silence durant lesquelles je la toise sans dissimuler mon aversion, je lui propose un marché :
- Conduisez-moi auprès de Sarah et alors seulement, je vous parlerai... si elle m'y autorise. Elle m'a lié, vous ne l'ignorez pas et je ne peux rien vous dire de mon propre chef.
"Très bien chevalier. Demain je vous conduirai auprès de Sarah, et vous pourrez constater qu'elle va bien. Vous répondrez alors à mes questions, elle à vos côtés si vous le désirez. Lorsque nous en aurons fini, vous et Sarah serez libres de partir, si tel est votre choix. Malgré le fait que son éducation dût être faite parmi nous."
Cette annonce provoque un murmure argité parmi les Rouges autour d'Araya, mais un haussement de sourcil de sa part suffit à les arrêter.
"Vous savez que les Trois Serments m'empêchent de proférer le moindre mensonge. Jurez moi que vous répondrez à mes questions par la vérité, Aelghir. Jurez le moi par un serment aussi fort que ceux liant les Aes Sedai."
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
- Me raccompagner ? Certes ! Mais tenez vos promesses ou les miennes seront nulles et non advenues ! je verrai Sarah demain sinon... sinon...
Je m'interromps pour ne pas aller trop loin dans mes paroles. mais mes actes parleront d'eux-mêmes si on me pousse à bout.
- Allons-y ! me contenté-je d'ajouter.
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
(rp off : il faisait nuit Aelghir... tu la verras au matin !
proff: le matin est déjà venu, reparti, revenu, reparti, revenu...
J'inspire profondément et tourne le dos aux aes sedai, toutes des Rouges, et précède Araya sedai vers la porte. Je me doute bien qu'elle ne doit pas apprécier le peu d'égard que je lui montre. Je tiens à lui donner l'impression que c'est moi, son prisonnier, qui la raccompagne et non l'inverse. Qu'elle ne s'imagine pas m'avoir dominé.
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
- J'attendais de vous un serment plus fort. Je suppose que je devrai me contenter de celui-ci. Très bien, je vais vous raccompagner à présent.
Et si elle ne comprend pas qu'après Sarah, mon épée est ce que j'ai de plus précieux, je ne vais pas me donner l'inutile peine de lui expliquer que je ne jurerais jamais sur ma Sarah. Car je me parjurerai sans regret si la sécurité de ma bien-aimée est en jeu.
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Me voici à nouveau enfermé dans cette chambre, cette prison où s'étiolent mes forces et mon espoir. Ai-je eu raison de lui prêter serment à cette femme au visage glacé, fidèle reflet de son coeur vide ? Elle et ses pareilles m'ont extorqué j'ignore quel renseignement par le biais de leur magie... je les appellerai sorcières si mes soeurs n'avaient péri à cause de tels pouvoirs. mais je sais qu'Iléa et Taliana ne les auraient pas utilisés à mauvais escient. Elles n'auraient pas été comme ces Rouges maudites qui croient que tout leur est permis. O Lumière, pourquoi laisses-tu ces maudits qui se disent tes enfants massacrer tant d'innocents ? Bientôt vingt années que j'ai perdu tous les miens en ton nom... et maintenant Sarah... vivante et hors de ma portée ! Elles m'ont lié les mains, mon épée demeure inerte, ma volonté en bride, moi qui fonçais, tête baissée, sans réfléchir aux conséquences, sans peur. Ont-elles fait de moi un lache ? Non... non, je ne m'inquiète pas pour mon sort mais pour celui de Sarah... et elles le savent parfaitement. Ma fureur ne s'est pas éteinte, cette étincelle de folie qui me hante depuis la mort des miens se meut toujours en mon esprit, à l'affût, mais le lien que ma bien aimée a tissé entre nous, indéfectible, l'empêche de me submerger. Et pourtant la Lumière sait que la tentation d'y céder me travaille. Naguère, je narguais la mort, la mettant au défi de me prendre pour amant et prêt, plus qu'à mon tour, à céder à ses caprices. Mais la fille d'une Amyrlin et d'un réprouvé a déboulé dans mon existence et une évidence s'est imposé à moi... ma vie ne m'appartient plus. Sarah ! Je sens ta présence, ton amour aussi malgré ces murs stériles qui nous séparent mais ça ne me suffit pas ! Je brûle du désir de te serrer contre moi, d'embrasser ton visage si beau, de cueillir les baisers de ta bouche, de te dévêtir et de prendre ton plaisir en te donnant le mien. Mais me fouaille aussi le désir de tuer, d'abattre quiconque se dresse en travers du chemin de nos retrouvailles ! Les heures s'étirent et me torturent. Cette Araya, que veut-elle vraiment ? Je sais que je revêts peu d'importance à ses yeux froids et calculateurs. Elle n'a d'intérêt que pour toi. Mais que gagnera-telle si je laisse la folie prendre possession de moi ?