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(2è Cycle) Non Loin de Rhuidean, dans le Désert, un nouveau départ.
(Sujet créé par Elessar l 20/04/11 à 12:06)
Après l'apogée du Grand Seigneur, de nombreuses tribus Aiels ont été décimés. Aujourd'hui, comme partout, ceux qui croient encore en la rédemption se cachent en attendant leur heure.
C'est en ces temps troublés, que certains se tourneront vers l'ombre, et l'éclaireront de leur lumière.
*Son premier pas créa une emprunte dans le sable. le vent était levé et le sable balayait la dune sur laquelle le couple se trouvait. Le portail se referma dans leurs dos.
Leur premières impressions ? Le vide. Un silence brisé par le hurlement du vent. Et ce froid...Si au matin, la température aurait fait transpiré n'importe quelle Homme, la nuit, les vêtements chauds étaient recommandés.
Une dernière sensation, peut être encore plus dérangeante. Cette sensation d'être observé.*
*Enora posait pour la première fois les yeux sur le paysage accidenté et quasi lunaire du désert. Le désert des Aiels. Elle en avait entendu parlé maintes fois au cours de sa formation, et avait lu maints passages de manuscrits à ce sujet. La réalité en était pour le moins assez identique à l'image qu'elle s'en était faite, tout en n'étant pas forcément prête à le vivre. Le vent était froid, mais le manteau l'empêchait de s'imprégner jusqu'à la peau. Un sourire aux lèvres, elle ne put s'empêcher de lancer à Elessar une remarque taquine.*
Tu ne nous a pas emmenés ici pour manger du sable, j'espère.
*Une bourrasque de vent l'obligea à plisser les yeux et à rajuster le pan du turban pour mieux se protéger le visage. C'est alors qu'elle se sentit mal à l'aise. La sensation d'être épiée était pour le moins désagréable, surtout lorsqu'elle ignorait d'où cela provenait. De partout et nulle part, ce qui était surprenant.*
*Elle lança un regard à Elessar.*
Les Aiels... Ce sont les hommes et les femmes dont tu disais t'occuper à la Tour noire? Ou est-ce une partie de ce que tu as décidé de faire?
*Cela semblait étrange. De ce qu'elle en connaissait, elle imaginait mal ce peuple accueillir un étranger.*
*Il émit un petit rire à la boutade de son Aes Sedai et se tourna vers elle, ses vêtements battait au vent de la dure nuit du désert.*
Tu n'aimes pas ? C'est ici qu'on fait les meilleurs pâtes sablés !
*Elle put entendre un léger rire sous le voile qui recouvrait son visage. Il attrapa le bras d'Enora de son bras droit, du gauche il se couvrit les yeux de la pliure de son coude.
A contre vent, il commença à se diriger vers une dune qui se séparait du reste des autres. En effet un petit buisson se trouvait en son sommet.
La marche n'était pas aisé mais sa constitution faisant, il avançait tant bien que mal.*
*Elle se laissa guider par Elessar. Naturellement, il n'avait pas répondu a sa question. Mais elle le connaissait assez bien pour ne pas en tenir compte, lorsqu'il avait un plan en tête, il pouvait être suffisamment concentré dessus que pour omettre de répondre. Ou alors était-ce l'habitude d'agir seul.*
*Le sable rendait la marche pénible, et le vent ne faisait qu'accroitre la difficulté. Elle observa le buisson d'épines, qui dansait sous le vent et qui se rapprochait doucement.*
*Ils finirent par franchirent la dune. Celle-ci les abritaient du vent et du sable qui faisait rage dans le désert. A l'abri, Elessar lâcha le bras d'Enora et fit quelques pas seul.
Il se stoppa les jambes légèrement écartés, ses bras arqués reposaient sur ses hanches, le visage relevé vers la grande plaine sablonneuse qui s'offraient devant eux.*
*A l'abri de la dune, le vent avait faibli, et le désert semblait un peu plus calme. Les étoiles éclairaient la vaste étendue de sable qui les entourait à perte de vue, améliorant ainsi la visibilité. Alors qu'Enora observait les alentours, Elessar s'était avancé de quelques pas. Remarquant que la pression sur son bras avait cessé, et que rien ne semblait bouger, comme si le temps présent avait été suspendu, elle reporta son attention sur son compagnon.
Elle ne put réprimer un hoquet de surprise. Ce n'était pas tant la superbe de sa posture, semblable à celle d'un homme plein de confiance et de dignité qui la marqua, mais le fait qu'Elessar rayonnait littéralement. Il était auréolé, nimbé d'une forte lumière qui tranchait dans la nuit du désert.
Bouleversée, Enora esquissa un pas en arrière. Le pan d'étoffe qui lui couvrait le visage tomba, et elle murmura d'une voix pleine d'émotions qu'elle ne put contrôler.*
Ta'veren...
*Son regard noisette, intensément grand, était fixé sur l'Aes Sedai. Elle avait toujours su qu'Elessar était un être spécial, mais cela ne l'avait pas autant frappé qu'en ce moment même.
Sa bouche était sèche. Son teint était devenu plus pale qu'à l'accoutumée et tranchait avec le noir de ses vêtements. Elle tenta d'avaler sa salive et se rappela de ce qu'elle venait de murmurer. Elle guetta la réaction d'Elessar, s'il avait entendu quelque chose.*
*S'ils ne ressentaient plus le mordant du vent, ses hurlements se faisaient toujours entendre. Comme un démon qui tenterait d'entrer mais qui n'y arriverait pas, passant son temps à tambouriner et s'époumoner contre eux. Le murmure fut dificile à comprendre mais lorsqu'il se retourna, il vit son Aes Sedai, qui semblait avoir le gosier sec. Ses yeux en était même grand ouvert.*
Taverne ? *Il haussa un sourcil.*
Je ne pense pas qu'il y en à par ici...Mais tiens.* Il sortie sa gourde de sous son étole noire et lui tendit.
Il attendait qu'elle s'abreuve lorsqu'un mouvement l'interpella.*
Rahien SoreiLave les lances - Qui craint de mourir ?
*Cela faisait quelques minutes déjà, que Zek observait la scène. Son Cadin'sor lui permettait de ne pas être déceler par le couple en bas de la dune. Sa shoufa dissimulait son visage. Il savait qu'il n'allait pas se battre, mais la tempête de sable ne lui permettait pas de la retirer.
Reconnaissant la prestance de ce qui semblait être un homme, il sortit de sa cachette et commença à dévaler la pente à pas lent.*
*Elle considéra la gourde et secoua négativement la tête, signifiant que ce n'était pas ce qu'elle voulait dire. Dans une circonstance habituelle, elle aurait rit, mais il lui sembla évident qu'elle avait assez de bon sens pour ne pas croire qu'il y ait des tavernes en plein désert.*
* Elle allait s'expliquer, mais son regard se porta sur une dune dont un point, difficile à distinguer, semblait se mouvoir dans leur direction avec une certaine aisance malgré le vent. La discussion attendrait plus tard.*
*Un Aiel. Ses veines se remplir d'un feu glacial, et son esprit fut presque balayé par un torrent bouillonnant, lorsqu'il saisit le Saidin. Sa vision s'améliora ainsi que tous ses sens. Il distinguait les traits de l'aiel, enfin, tout du moins ses yeux, et sa gestuelle.*
Ne t'inquiète pas.
*Elessar retira son étoffe de sa tête découvrant son visage. L'aiel n'était plus qu'à quelques pas.*
Je te vois Zek'iel de l'enclos des Larmes du Ciel des Aiels Taardad.
*Enora n'était pas vraiment habituée aux coutumes aielles et ne savait pas vraiment comment se présenter. Tout ce qu'elle savait, c'est que les Aiels accordaient une importance particulière à l'honneur, figurant dans le ji e toh. Plus quelques informations sur leur organisation en clan. En tout cas, elle remarqua qu'il était de coutume de se dévoiler. Elle se rappela que les Aiels ne se voilaient qu'au moment d'attaquer... Elle dénoua donc l'étoffe et la laissa pendre sur ses épaules.
D'autres arrivaient. Elle garda son calme d'Aes Sedai, et rien ne se lisait sur ses traits lisses.
Devait-elle ou non reprendre la phrase prononcée par son Aes Sedai et l'Aiel sans avoir été préalablement présentée? Elle n'aurait su le dire. Elle espéra qu'il n'en serait pas offensé. Elle avança d'un pas, de manière à se tenir aux côtés d'Elessar.*
Je vous vois, Zek'iel de l'enclos des Larmes du Ciel des Aiels Taardad. Je suis Enora Sedai...
*Elle ne savait pas par quoi poursuivre... de la Tour Noire? des Terres Humides? Tout cela était présomptueux.*
*Elessar tendit la main à Enora et la prit dans la sienne.*
Considère là comme ma première épouse Zek'iel.
*Il lui fit un léger sourire. Le vent commençait à baisser. Le canalisateur regarda en face de lui, derrière la dizaines d'Aiels en cadin'sor, se trouvait une baste zone plane. En effet, lui et les aiels avaient choisit cet endroit exactement pour la vaste étendue qu'il offrait.
Les Aiels étaient nombreux, et ceux qu'attendait Elessar...
A ce moment là, une quinzaines de traits lumineux tranchèrent l'air et se transformèrent en large portail capable de laisser passer 5 hommes en largeur.*
Rahien SoreiLave les lances - Qui craint de mourir ?
Parfois je me dis que tu connais un peu trop nos coutumes...C'est déstabilisant.
Ta première épouse donc ! *Il s'esclaffa*
Je te présenterais une de mes soeurs, si tu désires que nos familles se lie. Tu verras elles sont aussi douce qu'un tonneau d'Oosquai !
*Du coin de l'oeil, il vit les traits de lumière trancher l'atmosphère. En une fraction de seconde, sa shoufa était remonté et une lance prête à planter le premier arrivant.
Mais dans son calme intérieur, il remarqua qu'Elessar n'avait pas bouger. Il se ravisa donc et rabaissa sa shoufa.*
*Enora resserra sa main autour de celle d'Elessar. Le fait qu'il la considère comme sa première épouse devant une poignée d'inconnus la toucha particulièrement, même si a part le geste qu'elle venait de faire, rien n'en démontrait. Les paroles de Zek'iel la décontenancèrent quelque peu. Il est vrai que les coutumes des Aiels étaient particulièrement différentes de tout ce qu'elle connaissait ou qu'elle avait pu rencontrer. C'était probablement de l'humour aiel, mais elle préférait que les choses soient claires : même si Elessar et elle n'étaient pas officiellement mariés, elle n'était pas pour la polygamie. De plus, elle se remémora ce qu'elle avait lu dans une bibliothèque d'un palais au sujet des demandes en mariage aielles. Elle releva donc légèrement la tête, et regarda Zek'iel droit dans les yeux, bien qu'il soit plus grand qu'elle, d'un regard pénétrant.*
Encore faudrait-il que la première épouse soit d'accord...
*Son attention se reporta sur l'étendue sablonneuse, alors que plusieurs lignes bleutée fendaient l'atmosphère. Elle remarqua la rapidité avec laquelle l'Aiel s'était voilé, mais comme Elessar, elle était restée aussi calme qu'un ruisseau d'un clair après-midi de printemps. Après tout, la Saidar n'était jamais loin, mais elle ne voyait pas de signe d'animosité pour le moment.*
*Elle se demanda qui étaient les "ils" dont Zek'iel parlait, mais elle ne tarderait pas à le savoir.*
*Elessar avait retirer son masque impassible qu'il avait gagné avec les années. Un léger sourire apparut sur ses lèvres lorqu'Enora lui prit la main, et il réprima un rire à sa réplique.
Il fit un clin d'oeil à Zek*
Et bien, aussi douce qu'un rocher de l'Alcair Dal en plein soleil.
*A ce moment même, des centaines d'hommes et femmes sortaient des différents portails. Certains en charrette comportant de l'équipement, d'autre à cheval ou encore simplement à pied, avec des sac en main.
Ils étaient tous de noir vêtu. De la tête au pied. D'eux mêmes, ils commencèrent à installer un camp, prévoyant de la place pour les tribus Aiels à venir.
A peu prêt 500 têtes.
Un sourire carnassier fendit les lèvres d'Elessar.*
~Pas trop tôt.~
*Un homme s'avança vers le groupe. Son long manteau noir balayait le sable. Arrivée il porta le poing à son cœur en s'inclinant légèrement. On pouvait voir un dragon doré et une épée en argent sur son col.*
*Enora était restée silencieuse face au spectacle qui se déroulait sous ses yeux. Absorbée, elle n'avait même pas soulevé la remarque d'Elessar,sans quoi elle l'aurait taquiné à son tour. Elle peinait à estimer le nombre de personnes qui commençait à affluer. Une petite armée, aurait-elle dit. Ils semblaient organisés, reflet d'une certaine discipline qui aurait du mettre un certain nombre de mois, si pas plus de quelques années.*
*Elle considéra l'homme qui s'avançait vers eux, toujours immobile et drapée dans sa dignité d'Aes Sedai. Elle scruta son attitude. Au moment même où il ouvrait la bouche et prononçait un terme jaillissant d'une époque lointaine, sensé être oublié, son regard glissa sur le col de son manteau noir.*
*Asha'man... Elle n'avait pas vraiment eu tort en pensant à une armée. Son esprit vagabondait à la vitesse de la lumière. Depuis combien de temps Elessar avait-il mis ce plan en oeuvre? Depuis combien de temps faisait-il partie de l'Ajah Bleue? En combien de temps avait-il réussi à réunir autant de monde, et combien se joindrait encore à lui, gonflant les rangs des Asha'man?*
*Elle secoua la tête. Elessar était bien un ta'veren. Restait à connaitre sa véritable puissance dans le Dessin, et le destin que la Roue lui réservait.*
Rahien SoreiLave les lances - Qui craint de mourir ?
*Surpris. C'est bien l'était dans lequel se retrouvait l'aiel en entendant l'homme des terres humides parler de l'Alcair Dal. Comment cet homme aurait pu connaître cet endroit ?
Les yeux plissés, par ses mots. En plus de tout, l'homme faisait de l'humour Aiel ?
Zek ne put s'empêcher de rire, bien qu'il était encore très surpris. Il tourna la tête vers les hommes et femmes qui débarquaient.*
*Le regard d'Elessar était pénétrant et glacial. L'Asha'man, garda la tête baissé un moment avant de braver le regard de L'Aes Sedai. L'attitude du M'Hael avait littéralement changé passant du décontracté avec Enora et Zek, a l'homme droit et calculateur. L'homme de main continua sur un signe de tête de son dirigeant.*
"Comme vous l'aviez demandé, nous apportons les vivres et de quoi dresser un camp. Cependant...Le T'sorovan M'Hael n'est toujours pas rentré.."
*Les yeux de L'Aes Sedai se plissèrent, étudiant l'Asha'man devant lui.*
Je vois...Bien. Fait passer le mot aux autres, il faut laisser du champs à nos amis Aiels.
*L'homme inclina du chef et retourna à grand pas vers le camp. Elessar distingua une grande tente noire au centre des autres. Des drapeaux représentant un dragon flottaient un peu partout. Il sut que c'était sa tente.
Avec un signe de tête pour Zek, sa troupe, et Enora, il prit la direction de la tête. Majestueuse et vaste. C'était l'idée qu'Elessar voulait transmettre par les Asha'man.
Il entra et découvrit que les siens avait déjà installé le mobilier. Il passa derrière un Haut Vent. Il en ressortit quelques secondes plus tard, vêtu comme les autres Asha'Man, avec son dragon et son épée.*
Bien...Une nouvelle aires commence on dirait...*Il semblait las.*
*Enora avait écouté les quelques informations dispensées par l'Asha'man. Le désert était sûrement, dans l'état actuel des choses, le seul lieu sûr pour ce genre de rassemblement. Elle se demanda d'ailleurs comment pareil nombre de personne avait pu rester discrets dans un monde dominé par les Ténèbres et la terreur... A moins qu'ils n'étaient dispersés, ce qui expliquerait les différents portails...*
*T'sorovan M'Hael... Littéralement, le Chef des tempêtes dans l'Ancienne Langue. Elessar avait donc pensé à tout, encore une fois. Elle posa ses yeux sur lui, alors qu'il donnait ses directives à l'homme en noir. Allier les Aiels avec des Asha'man... En fonction du nombre de tribus qui arriveraient, cela offrirait une force considérable...*
*Pendant qu'ils se dirigeaient vers la tente, elle observa les Asha'man à l'oeuvre. Droits, un soupçon d'arrogance dans l'attitude, bien qu'atténuée puisqu'ils étaient entre eux. Leurs gestes étaient précis et les ordres qu'ils semblaient avoir reçus étaient exécutés rapidement. Tout semblait régler comme le minutieux mécanisme d'une horloge.*
*Arrivée devant la tente, elle regarda les drapeaux qui flottaient au gré du vent... Un dragon... Un signe peut-être. Encore un. Bien qu'elle désapprouva l'ostentation avec laquelle ils ondulaient. C'était à son sens trop tôt, même si ici personne ne les voyaient. Du moins osait-elle le croire. Utopie probablement, le Ténébreux ayant des yeux partout.*
*Une fois dans la tente, ils patientèrent le temps qu'Elessar se change. De nature curieuse et n'aimant pas les silences trop longs, elle tenta d'engager la conversation avec Zek'iel.*
Dites-moi Zek'iel... Cela fait-il longtemps que vous connaissez Elessar Sedai?
*Alors qu'Elessar réapparaissait, elle le regarda longuement. Il était encore auréolé de cette lumière... Le regard d'Enora glissa de sa tenue de M'Hael vers l'épée qu'il portait à son côté. Connaissant les origines de son lige, elle ne fut pas vraiment surprise. Peut-être qu'Elessar avait vraiment été prédestiné à recréer les Asha'man. Elle cru percevoir sur son visage l'ombre de la lassitude, ce qui lui avait paru normal vu le travail qu'il avait accompli et le fardeau qu'il avait eu à porter seul... *
Rahien SoreiLave les lances - Qui craint de mourir ?
*L'Aiel avait l'habitude de côtoyer des Asha'man. Elessar ou ses émissaires pour tenir les Aiels au courant de la situation à venir. Mais là, ce n'était pas deux ou trois canalisateurs. Mais des centaines ! Le guerrier en fut désorienter. Pas réellement par le nombre, car les Aiels étaient beaucoup plus nombreux, mais ces gens là canalisaient ! Une force de frappe à faire trembler le Shayol Ghul même.
*Perplexe, l'Aes Sedai considéra un instant la réponse de l'Aiel, tout en observant les traits de celui-ci. Il était difficile de lui mettre un âge, probablement à cause du soleil régnant dans le désert. Son regard se fixa sur les lances de Zek'iel. Ce qu'elle savait, elle l'avait seulement lu dans le peu de livres qui persistaient ou qui n'étaient pas gardés jalousement, et les informations étaient souvent partielles ou lacunaires. Elle ne savait pas pourquoi les Aiels semblaient préférer les lances ni même à quel âge ont les jugeaient apte à prendre les lances -si c'était ainsi que ça se passait. Cependant, la connaissance de la culture aielle attendrait, bien qu'une tonne de questions affluaient dans son esprit.
Elle se tourna vers Elessar. Ce qu'il avait prévu la préoccupait davantage. De plus, elle avait à lui parler.*
Et qu'est-ce que le M'Hael a-t-il décidé pour la suite?
*Elessar semblait majestueux dans ses vêtements d'Asha'man. Une bague représentant un serpent aux yeux d'émeraudes, son seul rattachement à son Ajah. En effet il avait retiré la bague des Aes Sedai, Enora ne put que le remarquer.
La démarche Princière, il marcha jusqu'à elle et Zek'iel.*
Le...M'Hael...A décider de reprendre Rhuidean des mains des engeances et de créer la Citadelle Blanche.
Cela te parait être un bon plan ?
*Il lui fit un sourire, en se dirigeant vers une table dresser pour lui. Il y étala une grande carte jaunit par le temps.*
*Enora avait remarqué que la bague des Aes Sedai avait disparue de l'annulaire d'Elessar, remplacée par une autre. Elle ne dit rien, se contentant de faire tourner inconsciemment la sienne autour de son propre doigt. Une nouvelle ère commençait avait-il dit.*
*Elle s'approcha de la table, et l'aida à maintenir la carte dépliée en posant quelques objets lourds qui trainaient sur les coins. Elle avait bien entendu le projet de l'homme auquel elle était liée, mais n'avait pas tout de suite répondu, regardant la carte sur laquelle elle devait l'avouer, elle ne reconnaissait rien, n'étant pas une habituée du désert et n'y ayant pour ainsi dire jamais mis les pieds jusqu'à aujourd'hui. Pourtant, elle avait vu de nombreux pays au cours de sa vie et connaissait de nombreuses villes. Cependant, les zones claires devaient être les reliefs, et les zones plus foncées devaient probablement être des voies d'accès. Elle ne pouvait être à cent pour cent sur, les étendues de sable se succédant les unes après les autres et rendant tout repère difficile*
*Son regard noisette perçant dévisagea Elessar.*
Je ne sais pas. Si tu veux créer une citadelle dans le désert, c'est que Rhuidean renferme un quelconque intérêt j'imagine...
*Elle reposa ses yeux sur la carte, qui ne se démystifia pas pour autant.*
Cela dépend de la manière dont tu comptes t'y prendre. Et de la connaissance que les engeances ont de l'existence des Asha'man ou non je suppose...
As-tu déjà envoyé des éclaireurs pour en apprendre un peu plus sur la situation?
*Deux sièges glissèrent sur le sol. L'un arrêta sa course devant Enora, l'autre glissa derrière le M'Hael qui s'assit à peine celui-ci arrivé.
Il indiqua par un cercle tracé avec son index plusieurs zones.*
Selon les derniers rapports des Aiels voilà ou se trouveraient les engeances.
Mais j'enverrais mes éclaireurs avant l'attaque pour la prise de la Cité.
Pourquoi Rhuidean ? C'est l'endroit qui contient peut être le plus grand nombre de ter'angreal sur cette terre à ma connaissance.
Ce qui est un point non négligeable, sans compter la taille de l'édifice qui contiendra aisément tous les résistants et Aiels.
*Enora se débarrassa de l'étoffe qui pendait toujours sur ses épaules et la déposa sur le dossier du siège qu'Elessar avait fait parvenir jusqu'à elle grâce au Saidin. Elle contourna la chaise puis s'installa, regardant les cercles que son compagnon traçait sur la carte.*
Plusieurs points... Il y a donc plusieurs myrddraals... ou pire. Mais ce n'est pas étonnant au vu de la réserve de ter'angreal que tu décris. Cela m'étonnerait que le Ténébreux ait envie qu'on s'en empare facilement.
Quand à la taille de la Cité...
*Une ombre passa sur le visage de la canalisatrice.*
...espérons qu'elle demeure toujours suffisante.
*Elle reconsidéra la carte un moment.*
Combien de clans d'Aiels sont-ils prêts à te suivre pour reprendre Rhuidean? Ils doivent être peu à aimer être dirigés par des engeances... mais sont-ils prêts à suivre les plans de quelqu'un provenant des terres humides?
*Ses yeux turquoises se posèrent sur elle. Il passa sa main dans ses cheveux, remémorant chaque chose qu'il savait. Il ne pouvait pas tout lui dire, pas tout de suite. Après tout c'était un Aes Sedai. Elle put sentir via le lien qu'il était tendu. Il finit par soupirer.*
Tu ne comprend pas là situation. Il y a les Aiels servant le Ténébreux, et ceux qui veulent être libre. Dans les deux camps, ils se compte par dizaines de milliers. Sauf que dans le camp adverses, il y a aussi différent sbires tirés de l'ombre. Trollocs, Myrdraals, Chiens et Hommes de l'ombre j'en passe.
J'espère éviter les Seigneurs de l'Épouvante.
*Il la fixait d'un regard dur, cependant, il ne lui était pas dédié. C'était celui d'un homme prêt à tout*
Oui, c'est un carnage qui nous attend. Certaines de leurs sagette savent peut être canaliser nous n'en savons rien, je n'ai pas voulu sacrifier d'Asha'man pour aller dans leur camp.
Mais la force de frappe de mes troupes est...Disons non négligeable. Nous pourrions aisément raser le désert...
*Il se leva de sa chaise et commença à faire les 100 pas*
Mon problème, ce sont les femmes, elles ont du retard. Je ne pouvais pas leur apprendre ce que je savais. Elles ont besoin de quelqu'un. D'un Leader...D'un M'hael, de quelqu'un qui puisse les transformés en arme et les guider au combat..
*Son visage s'éclaira et ses yeux se figèrent sur Enora.*
*Enora eut la désagréable sensation qu'Elessar lui cachait quelque chose au travers du lien qui les unissait, cependant, elle n'en tient pas compte et chassa l'impression de son esprit.*
L'important n'est pas pour le moment ce que j'ignore ou non de la situation. L'important est de traquer les premiers les engeances avant qu'elles ne nous trouvent et qu'elles ne puissent être plus nombreuses. Il faut les surprendre,et non être surpris... Et j'ai bien peur qu'avec autant de canalisateurs dans les environs nous ne soyons bientôt à découvert. N'oublions pas que les Evanescents sont attirés par le Pouvoir unique et le ressentent sur une longue distance, et ce n'est pas sa concentration qui manque ici.
*Son ton était ferme, et son regard tout autant, malgré la glace qui couvait dans celui du M'Hael. Elle pensa à cet instant qu'il n'était plus tout à fait le même qu'il y a quelques années. La lourdeur de la responsabilité de sa tâche probablement. Elle en fut touchée, mais préféra ne pas le montrer bien qu'Elessar devait le ressentir par le lien.*
Cependant, je ne doute pas des capacités des Asha'man et de la manière dont tu les as entrainés. Je suis certaine que nous avons entre les mains une puissante armée. Et malheureusement, servir toute grande cause nécessite des sacrifices, j'en ai conscience... même si je préfèrerais que ça ne soit pas le cas...
*Elle inspira calmement, fixant ses mains dans son giron. Sa voix était à présent moins sûre, bien que pleine de sous-entendus.*
Promets-moi juste que toutes tes décisions sont et seront mûrement réfléchies... car elles risquent de définir bien plus de choses que tu ne peux l'imaginer...
*Elessar s'était à présent levé et faisait les 100 pas. Enora croisa ses bras sous sa poitrine et l'écouta attentivement, jusqu'à ce qu'il plante ses yeux désarmants dans les siens en prononçant un mot dans l'Ancienne langue qui la fit frissonner.*
Je veux bien faire mon maximum pour apprendre aux poissons à nager le plus correctement possible... tout en faisant en sorte que la majorité ne se brûle pas...
Même si pour cela tu dois oublier la Tour Noire pour appartenir à la Tour Blanche ?
Oublier le terme d'Aes Sedai et s'en servir seulement quand le besoin s'en fait sentir ?
Car c'est bien cela que je vais te demander. Un engagement totale. Il n'y à pas d'Aes Sedai dans mes rangs, mais des Asha'man, des Dédiés et des Soldats.
Nous sommes les armes du Dragon.
*Une malle s'entrouvrit sur le côté. De là en jaillit un long manteau noir à haut col comme celui d'Elessar mais pour femme. Deux broches sortirent à leurs tours de la malle, une épée d'argent et un dragon doré.*
*Elle se leva et contempla tour à tour manteau et broches, puis ses yeux se posèrent sur le visage grave d'Elessar.*
Si je ne peux renier que la Tour Noire a fait de moi une canalisatrice, je ne peux me voiler la face en disant que je ne partage pas les objectifs et les valeurs de la plupart des Aes Sedai et du Ténébreux...
*Elle s'approcha du M'Hael, et de sa main droite elle enleva l'anneau au Grand Serpent qu'elle portait à l'annulaire gauche depuis plusieurs années maintenant. Elle prit ensuite la main d'Elessar et y plaça l'anneau, refermant ses doigts dessus.*
Je sais que servir le Dragon engendrera surement une grande part de chaos et demandera des sacrifices, mais je m'engage à suivre son armée et à soutenir son M'Hael du mieux que je le pourrais.
*A ses mots, il sentit que sa volonté de devenir Asha'man n'était pas chiquée. Cependant, il attrapa la main de sa femme et lui remis l'anneau qu'elle venait de lui donner.*
Je garde toujours mon anneau de la tour. On ne sait jamais, si besoin était d'y retourner, le pouvoir pourrait me dissimuler, en revanche si je ne porte pas l'anneau...
*Il lui fit un doux sourire et lui caressa la joue. Le manteau s'éleva et vint se poser sur les épaules d'Enora, comme lorsqu'on prête une veste à quelqu'un pour le réchauffer. Les manches pendaient le long des courbes de son corps. Les deux broches volèrent jusqu'au M'Hael, il attacha d'abord l'épée d'argent, puis le dragon doré de l'autre côté du col.*
Te voilà Asha'man, tu seras au nom du Dragon, le Baijan'M'hael. Demain, la société saura qu'une nouvelle effigie est née.
*Il finit son monologue en l'embrassant langoureusement, cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas été seul tous les deux.*
*Tout en soupesant l'anneau dans sa main, elle laissa Elessar attacher les broches sur le col du manteau. Elle fut presque surprise par le contact de ses lèvres chaudes contre les siennes, cet instant d'intimité venant interrompre le solennel de la situation. Elle lui rendit son baiser avec la même intensité, sinon plus. Elle murmura.*
Demain viendra bien assez vite...
*Elle lui sourit tendrement. Elle n'avait pas envie de revenir sur ce qu'il avait dit, mais quelque chose avait piqué sa curiosité.*
Le Dragon... tu en as parlé comme si tu le connaissais déjà...
*Elle s'approcha de lui et lui enlaça la taille de ses bras, puis posa la joue contre son dos, écoutant battre son coeur.*
Peut-être reviendra-t-il plus tôt que nous ne l'espérons... Peut-être même est-il déjà présent quelque part et qu'il ne reste plus qu'à attendre les signes.
*Elle fit une pause, fermant les yeux.*
Un ta'veren si puissant qu'il influence la manière dont la Roue tisse le Dessin, bien plus que n'importe quel autre...
*Il touilla le repas avec la grosse cuillère lorsqu'elle l'enlaça. Il était plutôt d'accord avec elle. Enfaite, il espérait que le dragon ne serait pas un nourrisson. Cela faisait un moment que le M'Hael foulait la terre, gérer la guerre contre la malin plus un bébé...Et s'il était adulte ? Et s'il était déjà trop âgé ? un vieillard décrépi ? Ou pire, s'il s'était brulé avec le Saidin ?!
Enora pu sentir tous les tourments qui affublaient son lige.*
Plusieurs Ta'veren ? Je ne sais pas...Je n'ai jamais lu quelque chose de similaire. Je suis un peu perdu.
*Les doutes d'Elessar assaillirent Enora à travers le lien. Elle se mordit la lèvre inférieure.*
La Lumière seule sait où sont passés les écrits à ce sujet. Si documents il y a eu un jour. Je ne sais pas...
*Elle secoua la tête.*
Tu n'es pas le seul à être perdu...
*Une pause interrompit ses paroles. Enora s'ouvrit à la Saidar et tissa un écran pour ne pas que la conversation ou du moins ce qu'elle avait à dire soit entendu. Non pas qu'elle ne fasse pas confiance aux Asha'man, mais elle préférait prendre des mesures de prudence et de sécurité. Cependant, elle hésita encore, puis se dit qu'il était inutile d'utiliser des subterfuges d'Aes Sedai avec Elessar en habillant la vérité ou du moins ce qu'elle croyait savoir.*
... sauf que je pense avoir trouvé... ou plutôt avoir vu un ta'veren...
C'était le mot que j'ai prononcé dans les dunes de sable... Pas taverne...
*Il était plongé dans ses pensées. L'espèce de ragout qui cuisait dans le poêle commençait à répandre une douce odeur lui rappelant qu'il n'avait pas manger depuis un bon moment.
Il fut prit d'un léger frisson et sut qu'Enora canalisa la Saidar. Il se tourna vers elle.*
Tu as vu un Ta'veren ? Qu'est ce que tu me racontes là...Ca n'est pas écrit sur le front de quelqu'un...
Rahien SoreiLave les lances - Qui craint de mourir ?
*Après avoir soulevé les pans de l'entrée de la tente. L'Aiel posa ses mains sur ses hanches à la façon d'elessar, puis scruta les dunes. Remarquant sa propre posture, il grommela quelque chose à propos de l'homme des Terres Humides qui semblaient déteindre sur lui. Sur la dune d'en face, il décela quelques points noires qui semblaient être la petite escouade qu'il avait emmené avec lui. Une Far Dareis Mai s'était joint à eux à la dernière minute. Ce fait aurait pu paraître étrange dans un autre temps, mais aujourd'hui plus rien ne choquait l'homme du désert. Leurs coutumes avaient tellement été ébranlés...
Il se mit en marche réajustant sa shoufa pour ne pas avaler de sable. En quelques minutes il fut parmi les siens, et ce fut la vierge de la lance qui l'interpella. Les autres, assis sur leurs talons se contentèrent d'écouter.*
Le M'Hael est arrivé quelques minutes avant ses troupes. Pour l'instant, ils établissent leurs campements, je pense que demain nous serons conviés à une réunion pour la suite des..."festivités".
Quelqu'un sait ou en sont les nôtres ? Nous ferions bien d'aller à leur rencontre pour les guider jusqu'ici.
*Enora fixa longuement le visage d'Elessar. D'habitude, elle aurait répondu par une boutade à ses propos, mais elle n'en avait pas envie. Cependant, un pâle sourire, à peine peceptible, étira ses lèvres.*
Pas sur le front non, ça serait trop simple...
*Elle ne savait pas vraiment comment expliquer à Elessar comment elle voyait les ta'veren. Après tout, elle n'en était pas sûre elle-même, c'était plus une intuition qu'une connaissance absolue. De plus, le phénomène s'était produit rarement au cours de son existence, et elle ne savait toujours pas comment, bien qu'elle ait cherché à comprendre. Le peu d'information qu'elle avait pu rassembler ne l'avait pas satisfaite, mais les éléments mis bout à bout rendait le fait plausible, de même qu'elle n'avait jamais vu cette lumière qu'autour du M'Hael. La première fois, elle était à peine novice et avait cru qu'elle avait rêvé, puisque la lumière avait disparu en même temps qu'elle avait cligné des yeux. La seconde avait ravivé le souvenir de la première, confirmé que ce n'était pas un rêve et provoqué le début de ses recherches et son départ de la Tour, parce qu'elle avait à la fois été effrayée et attirée d'une manière bien plus irrésistible qu'à l'accoutumée par Elessar.
Peut-être la croirait-il folle ou sous l'effet d'hallucinations lié à l'utilisation de simples, comme ceux qui aident à combattre les plus atroces douleurs, mais elle fut bien obligée de lui expliquer, étant à l'origine de cette conversation.*
Ca ressemble plutôt à un halo lumineux d'intensité variable autour de la personne... Un peu comme si la Roue désignait celui autour de qui le Dessin s'arrange, celui qui modifie la vie de quiconque l'approche...
*Elle avait la gorge nouée, mais fit un effort pour garder son timbre de voix uni et égal.*
*Il écoutait attentivement les paroles de celle à qui il était lié. Cependant, il ne voyait pas ou elle voulait en venir. Il était devenu un professionnel de la formation d'arme qu'aujourd'hui il appelait Asha'man. Son domaine était là, la maitrise du pouvoir unique et la puissance du Saidin. Il avait formé ce qu'il espérait être le raz de marée qui laverait le monde de la souillure qu'était le ténébreux et ses engeances. Il laissait les légendes aux autres Aes Sedai.
Bien sur, il connaissait le mot Ta'veren, il connaissait la signification du mot et ce que cela engendrait, mais pas les détails.
Lorsqu'elle lui avoua la vérité, les yeux du M'Hael rétrécirent et se plissèrent, comme une bête à l'affut. Il était bouleversé comme flottant dans un monde de vide.*
Es tu sûr de ce que tu racontes ? Cela pourrait changer beaucoup de chose...
*Elle hocha la tête lentement. L'état émotionnel de son lige ne la laissait naturellement pas de marbre, elle aurait tout fait pour lui éviter cela. Mais il aurait su tôt ou tard que son destin ne serait pas semblable à celui de n'importe quel autre homme.*
Bien que ce ne soit qu'une intuition, j'en suis presque certaine.
*Son ton se fit un peu amer.*
Ce n'est pas le genre de chose qu'on nous aurait appris à la Tour, à moins d'avoir un accès privilégié à certaines ressources. Et je doute qu'il y ait des Aes Sedai suffisamment agées que pour en avoir connaissance...
*Elle soupira et posa une main apaisante sur la joue d'Elessar.*
Je suis désolée de t'avoir annoncé cette réalité ainsi et d'avoir provoqué ton désarroi, mais je fais le serment de t'aider du mieux que je pourrais... Tu n'es pas seul...
*Dans un murmure dans lequel perçait une pointe de détermination, elle ajouta.*
Ils devraient être tout proche maintenant. Je me charge d'aller les chercher et de les guider jusqu'ici.
*Elle se leva, jeta un regard vers les Aes Sedai au loin, puis s'éloigna*
*Une à deux heures après, Elysia revint. Elle n'était pas essoufflée mais donnait l'impression d'avoir couru sans relâche*
Les troupes sont derrières la colline, et elles se préparent à passer à l'action. Y-a-t-il eu du nouveau durant mon absence ?
Rahien SoreiLave les lances - Qui craint de mourir ?
*Zek avait fait installer 4 tentes aielles parmis celles des Asha'mans. Non loin de celle de l'homme des terres humides qui se faisait appeler M'Hael. Au loin il vit Elysia redescendre la dune avec deux autres far dareis mai.
Se trouvant prêt d'un feu en compagnie des autres hommes du groupe, il attendit qu'elles arrivent jusqu'à lui. Il écouta le rapport de la vierge. Inclinant la tête à la fin.
Il fit un signe de tête à 3 de ses frères.*
Allez retrouver les nôtres et menez les par ici. Il y a assez de place pour tous.
*Il lança à Elysia et ses sœurs une gourde d'Oosquai, puis lui tendit un plateau que les Asha'man avaient amenés.*
La réunion dont je t'avais parlé aura bientôt lieu je suppose, autant que tu restes à mes côtés.
*Sa main attrapa doucement celle d'Enora. Ses yeux trahissaient son visage sans émotions. Il finit par les détournés de son visage, passant sa main dans ses cheveux. Il réfléchissait déjà à ce que cela pourrait engendré. Son père lui avait souvent répété qu'il avait la chance du grand seigneur, mais il n'avait jamais pensé à cela. Son père n'aurait sans doute pas été étonné, mais de toute façon, ses parents étant mort depuis longtemps, il n'aurait pas pu leur faire savoir de toute façon.
Son esprit divaguait...Il se recentra sur son rôle dans cette guerre. Son but primordiale était de tenir le plus longtemps possible, pour Son retour.
Il fit quelques pas dans la tente, la nuit était déjà bien avancé.*
Bien...
Je vais devoir convoqué certaines personnes. Le Tsorovan M'Hael n'étant toujours pas revenu, et les tribus Aiels non plus, nous serons peu nombreux.
*Enora regarda ailleurs avant même qu'Elessar ne détourne le regard. Sentir son désarroi était déjà suffisant, elle ne se sentait pas le courage de faire face à ses yeux qui lui fendait l'âme. Décidément, pouvoir voir les ta'veren n'était pas très utile, mais si en plus elle devait apporter des nouvelles qui chamboulaient la vie de ceux à qui elle tenait le plus.*
*Elle reprit en main les commandes de la cuisine en remuant doucement le ragoût qui n'aurait visiblement pas supporté de mijoter une minute de plus. Cherchant du regard un récipient dans lequel verser une partie du repas. Elle trouva un coffre avec bols et couvert, en prit un et le remplit. Elle le tendit ensuite à Elessar, puis, les bras croisés sous la poitrine, elle lui dit: *
La réunion attendra bien que tu avales d'abord quelque chose...
*Elle le connaissait, absorbé comme il l'était dans ses plans et projets, plus la révélation qu'elle venait de lui faire, il serait capable d'en oublier de manger.*
*Elle défit son chignon dont des mèches commençaient à lui tomber sur le front et la nuque, avant de le refaire. Tout en se coiffant, elle lui demanda, la voix tintée de curiosité.*
Par ailleurs... qui est le Tsorovan M'Hael? As-tu des indications sur ce qui le retarde?
*Elle n'était pas sûre d'avoir de réponse précise à ce sujet, mais cela valait la peine pour en savoir un peu plus sur la situation.*
*Il était perdu dans ses pensées...Comme submergé par un flots incessants. Entre les intrigues, ses plans, les problèmes à venir...Il venait d'apprendre qu'il était Ta'veren.
Comme lorsqu'il était affublé par ce torrent de pensée, il invoqua la flamme et tout vint l'alimenter. Chaque idées venant gonfler un peu plus la flamme orangé créant le vide dans son esprit.
Il recentra les choses. A l'heure actuelle il avait 3 problèmes. Il les situa par ordre chronologique.
1)Les Aiels avaient du retard sur l'heure prévu. Il espérait qu'ils n'aient pas rencontrés les Aiels dit "de l'ombre."
2) Ce satané T'sorovan M'hael qui n'était toujours pas revenu de sa mission.
3) Ce petit groupe composé de cet homme aux yeux jaunes, d'une endormie et surtout de Demiandre.
Il aurait pu n'avoir que faire d'un simple canalisateur en herbe, cependant...Quelque chose, une force semblait le poussé à le faire venir prêt de lui.
Il se massa les tempes...Il y avait se bruit dans son crâne...l'impression qu'un cheval galopait à l'intérieur de sa boite crânienne.
Il regarda Enora le regard vide.*
"La réunion attendra bien que tu avales d'abord quelque chose..."
*C'est vrai, il n'avait pas mangé depuis qu'il avait quitté Demiandre. Etrange cette façon qu'il avait d'oublier de manger. Il regarda le bol de ragout sans un réel appétit, presque écœuré avant même d'y toucher. Heureusement elle changea de sujet ce qui lui permit de légèrement repoussé le bol.*
"Par ailleurs... qui est le Tsorovan M'Hael? As-tu des indications sur ce qui le retarde? "
*Il grogna quelque chose d'inaudible, elle put sentir la colère s'emparer de lui.*
Il est celui qui s'occupe de former les Asha'mans lorsque je ne suis pas là. Et quant à savoir ou il est...J'aimerais bien le savoir, et j'espère qu'il aura une bonne excuse, car a moins d'avoir croiser le Ténébreux lui même, je lui laverais les oreilles avec du sable à l'oosquai !
*Elle posa une main calme et apaisante sur l'épaule d'Elessar.*
En tout cas, je ne sais pas si je préfèrerais affronter ta colère ou celle du Ténébreux si j'étais lui...
Néanmoins il est vrai que son absence est inquiétante étant donné la situation. J'espère qu'il est digne de confiance. Ce que nous avons le moins besoin pour le moment, c'est que des oreilles indiscrètes sachent ce qui se passe ici.
*Elle soupira*
De plus, nous avons peu de temps pour former tous ces potentiels canalisateurs...
*Elle redoutait déjà de devoir former ces femmes, comme Elessar le lui avait demandé. Leur apprendre en peu de temps ce qu'elle avait assimilé en plusieurs années tout en limitant les pertes semblait surréaliste. Combien se brûleraient au contact de la Saidar? Elle repoussa cette idée en frissonnant. Penser à cette perspective était désagréable. Elle devrait les considérer froidement comme des armes, ni plus ni moins. *
*Son regard vagabonda sur le bol encore plein. Ah, ces hommes, ils pensaient accomplir de grandes choses alors qu'ils n'étaient pas capables de prendre soin d'eux... Cependant elle ne dit rien, elle savait qu'Elessar était bien trop préoccupé.*
*La nuit semblait déjà bien avancée, les heures de sommeil seraient rares.*
*Le M'Hael se massa une nouvelle fois les tempes, un geste de faiblesse qu'il ne dévoilait d'habitude devant personne. Joignant ses mains devant lui, ses deux index collé, dressé vers le ciel, contre sa bouche, il semblait être en pleine réflexion.*
~Et si le dragon ne se réincarnait pas ?~
*Après tout, il avait eut beau chercher dans les vieux dossiers de la tour, il n'avait rien trouvé sur une ère similaire à celle-ci. Donc qui pouvait prédire que celui qui repousserait l'ombre serait de la partie...
Il posa une main sur celle d'Enora et la retira vivement lorsqu'un homme entra avec un deuxième plateau pour l'Aes Sedai.
Il réchauffa son plat en tissant le saidin puis s'assit fasse à elle sur la petite table lorsque l'homme sortit de la grande tente.*
La confiance...Avec tous ces canalisateurs et canalisatrices ici...Un traitre est facilement "implantable"...Mais je pense que le le Tsorovan M'hael est de "confiance..
En ce qui concerne les filles...Ne t'inquiète pas, ce ne sera pas ta seule tâche. Elle sont en constante formation tu sera là pour diriger le tout, je ne veux pas t'épuiser.
*Il regarda sa bague du Grand Serpent, le faisant tourné autour de son doigt.*
Il va falloir prendre une décision, peut-on encore retourner à la tour comme si de rien n'était avant que tout n'éclate et continuer à récolter des informations ou doit on se proclamer comme Asha'mans...
De plus je dois absolument récupérer une baguette des serments...Peut être que Raichel pourrait m'aider..
*La chaleur de la main d'Elessar eut à peine le temps de s'imprégner dans la sienne qu'un homme entrait dans la tente. Elle ne fut pas surprise que celui à qui elle était lié la prive de ce contact qui l'apaisa pourtant, les Aes Sedai tout comme les chefs n'avaient pas pour habitude de montrer des gestes d'affection à quiconque. Cela contribuait à maintenir leur image autoritaire et réfléchie auprès des personnes qu'ils dirigeaient.*
*Une fois l'homme partit, elle écouta attentivement son lige. Elle réfléchit en se frottant la lèvre inférieure avec son index replié.*
Je pense que la Tour reste une bonne source d'informations et que les Bleues peuvent par ailleurs continuer à nous aider. Elles peuvent encore découvrir des choses que nous ignorons et nous tenir au courant.
*Ses lèvres se pincèrent et son regard se perdit dans le vide. Elle voyait un autre inconvénient qui les obligeaient à rester d'une certaine manière proche de la Tour. Ou du moins d'en utiliser certaines ressources.*
Nous avons également besoin de connaitre les événements qui se passent à travers les différentes régions du monde... Cela nous donnera des indications sur des faits extraordinaires qui peuvent être précurseurs de l'arrivée du Dragon...
*Elle ferma un instant les yeux. Elle savait qu'un Ta'veren puissant pouvait influencer fortement ce qui l'entourait, que cela ait un impact sur le temps, les coutumes, et bien d'autre encore. Des catastrophes comme des miracles pouvaient être provoquées sans qu'il n'y ait de raison logique.*
Cette surveillance nous permettra aussi de déterminer le moment le plus opportun pour nous déclarer et de créer un effet de surprise... C'est risqué, mais peut-être pouvons nous encore nous servir d'un Réseau d'Yeux et d'oreilles. A moins que tu n'aies déjà constitué le tien.
*Enora repensa à ce qu'Elessar avait dit un peu plus tôt au sujet de la Tour. Oublier le terme d'Aes Sedai sauf en cas de nécessité. Mais dans le cas présent, autant se servir de ce qu'ils connaissaient de la Tour. Autant gagner du temps, puisqu'il y avait tant à accomplir. Elle songea également aux différentes informations qu'il lui avait dispensées. Rhuidean et ses angreals, les engeances trainant dans les parages, les Aiels, la future Citadelle Blanche. Cela pesait beaucoup dans la balance. Néanmoins, elle avait toujours l'impression de tâtonner dans le noir sans savoir ce qui s'y cachait, et elle n'aimait pas ça.*
Mais quoi qu'il en soit... les Engeances et le Ténébreux sauront de toute façon au courant qu'il se passe quelque chose d'anormal dans le désert lorsque nous reprendrons Rhuidean.
*Le canalisateur écouta son Aes Sedai puis prit une bouché du ragout dans le bol posé devant lui. Curieusement il se rendit compte qu'il avait faim. Depuis combien de temps n'avait-il pas manger ? Certaines choses semblaient si dérisoires comparé a ce qui se tramait...Et beaucoup l'ignorait encore.*
Tu marques un point. *Elessar se leva et alla chercher un rapport sur la petite table. Il se rassit devant elle et lui montra le document. Elle put y lire les effectifs.**
Asha'mans
- 24 hommes
- 16 femmes
Dédiés
- 75 hommes
- 50 femmes
Soldats
- 200 hommes
- 135 femmes
Tu auras ainsi une vision globale de nos effectifs et des femmes sous tes ordres. Nous sommes 500 canalisateurs pour l'instant, sans compter les aiels qui vont nous rejoindre et leurs Sagettes sachant canalisées.
*Il lui laissa le temps d'assimiler les informations.*
Il y aura surement des angreals dans Rhuidean. Mais je vais avoir besoin d'un spéciale avant même de prendre la citadelle.
*Il marqua une nouvelle pause, jouant avec son ragout, faisant tourner sa fourchette dedans.*
Il va falloir retourner à la Tour, il me faut une baguette des serments.
Ses yeux aux nuances turquoises se plongèrent dans ceux de son Aes Sedai.*
*Elle plaça une de ses mèches derrière son oreille alors que son regard parcourait le rapport, tout en écoutant les commentaires d'Elessar avec sérieux. Elle hocha la tête. Cela faisait un nombre impressionnant, surpassant peut-être celui de la Tour. Elle soupira.*
Tu as probablement raison...
*Un doute subsistait toujours... cela n'expliquait pas la présence en grand nombre des engeances dans le désert. Alliées aux Aiels de l'Ombre, elles formaient une force de frappe importante. Certes moins impressionnante que la leur. Ses divagations furent interrompues par la demande d'Elessar et son regard insistant. C'était toujours aussi troublant d'être regardée ainsi, mais elle n'en montra rien.*
Une baguette des serments? Tu veux dire la baguette des serments?
Tu comptes faire prêter serment aux Asha'mans?
*A sa connaissance, il n'y en avait qu'une seule, mais elle pouvait se tromper. De plus, elle n'en connaissait qu'un seul usage. Elle haussa un sourcil pour marquer sa perplexité.*
Tenter de la subtiliser va être une vraie partie de plaisir...
*Finissant son bol de ragout, il le repoussa un peu plus loin, puis ouvrit la bouteille de vin et en servit deux coupes. Il en tendit une à Enora puis prit la sienne, y trempant ses lèvres. Il la reposa, Enora pouvait sentir la tension que subissait son lige, encore plus fortement car il se tenait dans la même pièce qu'elle.*
Je dis bien "une" baguette, pourquoi n'y en aurait-il qu'une seule ? Si une a été créé, pourquoi pas d'autres ?
Je pense que faire prêter serment à notre Ordre est une bonne chose. Regarde, les Aes Sedai peuvent mentir, tricher grâce aux serment prêter au Ténébreux. Je ne veux pas que les Asha'mans soient semblables à ceux là.
Il leur faut un code de conduite. Je vais y réfléchir, aujourd'hui si la baguette de serments ne sert plus, elle surement étroitement surveillés, mais l'ajah bleu à déjà réussit à l'emprunter...Donc cela est possible.
*Elle soupira en observant Elessar servir le vin. La tension qui émanait de lui lui nouait quelque peu l'estomac et aurait très bien pu être la sienne si elle ne savait pas faire la différence. Elle aurait bien sûr pu le repousser dans un coin de son esprit, mais elle n'en éprouvait pas l'envie. Et elle avait dit qu'elle le protégerait et qu'elle veillerait sur lui.*
*Elle se leva, fit le tour de la table et posa une main apaisante sur l'épaule d'Elessar. Elle se pencha un peu, une de ses mèches venant effleurer la joue d'Elessar et murmura.*
Mes paroles n'étaient pas un signe d'opposition à ton projet...
Oui, la baguette des serments permettra de lier les Asha'mans pour de bon à notre cause. Il serait dommage de les former et de les voir s'en retourner à l'ombre, voire pire. Et nos agissements diffèrent de ceux des Aes Sedai...
Nous irons à la Tour, demanderons à la Bleue si elle connait l'emplacement de la baguette et nous trouverons un prétexte pour l'emporter en dehors des murs de la Tour.
*Elle inspira profondément. Elle avait déjà une vague idée mais tout pouvait encore changer.*
Je peux même m'en occuper seule si tu as d'autres obligations.
*Elle se débarrassa également de son manteau, arrangea ses cheveux et remis l'anneau au serpent à son annulaire, tout en réfléchissant à un endroit. Elle hocha la tête pour montrer qu'elle était prête. Elle tissa un portail, prit la main d'Elessar puis le franchit.*
*Le sable crissa sous les pas d'Enora. Le froid du désert l'aurait fait frissonner si elle n'était pas emplie de la partie féminine du Pouvoir Unique. Le portail se referma derrière elle, progressivement jusqu'à faire disparaitre la vue sur la salle des ter'angreal. Elle laissa couler la Saidar en dehors.*
*Un détail revint en mémoire de la Baijan'M'hael. Un détail qu'Elessar avait évoqué lors de sa conversation avec Raichel.*
*Le M'Hael prit la direction du campement, les tentes des éclaireurs aiels se apparurent rapidement à leur vue. Sa shoufa sur la tête, mais son voile abaissé, l'aiel montant la garde leva la tête vers les deux amants. Reconnaissant rapidement les cheveux blonds du M'Hael, il se rassit.
Elessar grimpa la dune puis slaloma entre les tentes installés des Asha'mans. Par ci par là, des hommes, femmes montant la garde. Il se tourna vers Enora.
J'attends plusieurs arrivées, celle du T'sorovan mhael et surtout celle des aiels.
*Sa démarche ne s'habituait pas encore tout à fait au relief particulier du désert et elle peinait à suivre le M'hael. Elle jeta un oeil rapide aux tentes. Les Asha'mans ne devraient pas tarder à se lever à présent, et ils vaqueraient à leurs tâches quotidiennes avant d'entamer probablement les entrainements.
A la réponse d'Elessar, elle fit une petite moue. Elle savait tout cela mais elle avait l'impression qu'il y avait autre chose dans l'esprit de son lige.*
*Tout se bousculait dans son esprit, trop d'informations, trop de possibilités ou de suppositions. Elessar avait horreur de ça, et lorsqu'il était dans cet état, il avait une fâcheuse tendance à devenir invivable. D'ou ses nombreux voyages loin de la Tour.
D'un geste vif, il fit sauté les rabats de sa tente, en y entrant. Il retira sa besace et sa cape, pour ajuster son manteau de M'Hael. Il retira la baguette des serments de sa besace et se mit à la faire tourner entre ses doigts, comme un vulgaire jouet.*
Vous franchissez le portail, et il se referme derrière vous, tandis que vous contemplez un court instant l'étendue ocre des dunes qui s'étendent à l'infini, mer d'or parfaite sous le ciel d'un bleu perlé qui se dissipe peu à peu, chassé par la faible ligne de lumière blanche s'étirant à l'horizon. Un peu plus haut, vous distinguez un vaste campement sombre dans le contrejour, blotti contre les parois rocheuses qui déchirent les sables. Des guetteurs vous ont vus, et quelques clameurs percent le silence de l'aube encore fraîche. Une silhouette s'éloigne et gagne l'intérieur du campement, sans doute pour informer quelqu'un de votre arrivée. Le calme apparent du désert semble néanmoins dissimuler une tension contenue.
Mélisande franchit la première le portail créé par le compagnon de Baer, tout en conservant son accès à la source, prête à se défendre si nécessaire.
Ils étaient bien loin de Tremonsien et de ses ruines fumantes. Sans y être allée, l'Aes Sedai reconnu le désert aiel. Bien que gardant son visage de marbre, elle piaffait d'impatience de pouvoir mettre la main sur l'un des guerriers légendaires de ce peuple intrépide afin d'en apprendre davantage sur eux. Elle avait toujours trouvé que Zomen Sedai, l'auteur de l'étude la plus récente sur le sujet n'était qu'un fat qui s'était contenter de compiler des récits de voyageurs sans les analyser. Si on lui laissait un peu de temps, elle espérait obtenir suffisamment de matière à publier une étude à faire blanchir d'envie la totalité de l'Ajah Brune.
Se forçant à abandonner là ses rêveries, elle se mit à observer les alentours, sans pouvoir empêcher un léger sourire s'élargir sur son visage. Il y avait un village, ou un campement, et on semblait les avoir remarqué. Un campement provisoire, à moins que les aiels de cette tribu ne vivent dans des tentes.
Le reste du groupe traversa, le créateur du portail le dernier, et Tremonsien disparut. A côté d'elle, elle sentait la souffrance d'Owyn -son lige désormais-. Elle priait pour qu'il tienne le coup.
Elle se retourna finalement vers le canalisateur.
-Et maintenant, Elessar ou qui que vous soyez, pouvez vous répondre à une seule question ? On dirait que nous sommes repérés. Ces gens sont-ils bien vos amis ou devons-nous nous attendre à un accueil brutal ?
D'un pas il se retrouva au milieu d'un désert de sable drapé de bruns et d'or. Au loin, l'horizon était encore chargée des nuances de l'aube ; des surfaces d'un bleu profond se mêlaient subtilement aux dernières touches de nacres rosées d'une nuit presque éteinte. Relativement proche, sur une saillie de pierre ocre, un campement laissait dans le demi-jour s'éterniser dans le ciel des fumées et des ombres. Des silhouettes semblaient s'agiter sur l'affleurement et porter leur regard vers la troupe qui venait d'apparaître au milieu des sables.
Il faut donc que même au milieu du désert nous nous trouvions encore de la compagnie... j'espère qu'ils seront plus courtois que les autres mufles immondes...
-Et maintenant, Elessar ou qui que vous soyez, pouvez vous répondre à une seule question ? On dirait que nous sommes repérés. Ces gens sont-ils bien vos amis ou devons-nous nous attendre à un accueil brutal ?
Se disant, elle se retourna vers l'étranger. Galain suivant son regard tomba sur le visage étrangement lisse de ce "Elessar". Quelque chose alors le troubla, il croyait reconnaître encore, de façon plus précise à la lumière du matin, des traits familiers dans le visage de cet homme. Un impression vague de le reconnaître sans pourtant réussir à mettre un nom sur lui. Owyn, à ses cotés, ne semblait pas au meilleur de sa forme.
Le canaliseur aussi avait l'air pressé de quitter la ville, il se retourna et de fabriqua un portail vers un lieu totalement étrange et inconnu. Il se déplaça sur le côté et annonça fièrement: "Et voici. Notre porte de sortie."
Alyn et les chevaux traversèrent l'ouverture sans traîner. Malgré tout, il n'était pas très à l'aise et aurait préféré avoir les mains libres. Voyager d'une grange vers une rue quand le paysage est familier, c'était une chose, arriver dans un endroit inconnu où le soleil ne devrait pas encore se lever en est une autre. Il s'écarta pour laisser les autres passer plus facilement. Sa main le démangeait, mais leurs "hôtes" n'apprécieraient certainement pas qu'il sorte une arme à cet instant. Le temps d'observer les alentours, il se retourna et le trou avait disparu. Il frissonna. Ils étaient bloqués dans ce désert, prisonniers de ces étrangers. Il avait vite remarqué un campement de bonne taille, à petite distance, à peine visible dans les premières lueurs du jour. Où sommes nous? Qui sont tous ces gens? Que font-ils ici? Il mit les chevaux dans son dos, afin d'être protégé un minimum en cas d'attaque et observa les environs et les étrangers avec attention, prêt à réagir rapidement en cas de danger.
A peine étaient-ils tous de l'autre côté que l'Aes Sedai commençait déjà à exiger des réponses à ses questions.
-Et maintenant, Elessar ou qui que vous soyez, pouvez vous répondre à une seule question ? On dirait que nous sommes repérés. Ces gens sont-ils bien vos amis ou devons-nous nous attendre à un accueil brutal ?
S'ils ne sont pas amicaux, on le saura bien assez tôt... En tous cas, elle ne manque pas de sang-froid!
Shoran traversa le Portail en dernier, avec un signe de la tête en direction de Demiandre. Les autres membres de cette expédition béaient presque d'étonnement. Il s'avança un peu et écouta Dame Faisani commençant déjà à jouer avec son serment. Il la gratifia d'un regard froid et se mit devant le groupe avant de parler
"Pour répondre à la question que vous devez certainement vous poser, nous sommes bien en plein milieu du Desert Aiel. J'espère que vous avez pensé à prendre de l'eau, et que vous en savez un minimum sur la culture aielle. Moi-même n'y suis pas très versé. Sauf grave impair, il ne vous arrivera rien. Premier conseil : ne renversez jamais une goutte d'eau par terre. Nous allons rejoindre ce camp. Les Aiels ne sont pas encore arrivés. Nous sommes dans les temps."
Il se retourna, et vit le campement dans une sorte d'effervescence. Les Aiels les avaient vus arriver, et d'autres personnes non vêtues de cadin'sor, de loin les plus nombreux, s'apprêtaient à se battre s'il le fallait, mais sans pour autant se presser vraiment. D'excellents guerriers.
Il fit un signe de la tête à la troupe, et partit en direction du camp.
*Enora contempla un instant le ciel changer de couleur. La température était déjà moins fraîche que pendant la nuit. Il allait effectivement faire très chaud comme l'avait suggéré Elessar. Elle regarda en direction de la tente. Mieux valait ne pas le déranger lorsqu'il était de cette humeur.*
*Une clameur provenant de quelque part en contrebas la fit se retourner dans l'autre direction, vers le campement. Elle observa une silhouette qui montait déjà vers la tente du M'hael. Sans doute pour l'avertir. Restait à savoir de quoi. Pas d'une attaque des Engeances de l'Ombre en tout cas, cela aurait provoqué bien plus de mouvement et de toute façon, elle l'aurait senti puisqu'elle était liée. Un des groupes qu'Elessar attendait probablement, alors. Elle se retenait de courir dans la direction de l'homme qui devenait de plus en plus net alors qu'il avançait dans sa direction - ou plutôt celle de la tente - même si l'envie en était forte. Elle ne prit pas la peine d'entrer dans la tente, Elessar ne devait après tout pas être sourd. A l'aide de la Saidar, elle fit parvenir son manteau noir de la chaise où elle l'avait posé avant de partir à la Tour sur ses épaules, et en enfila les manches.*
*L'homme vêtu de noir était presque à sa hauteur à présent. Elle reconnut l'Asha'man qui avait délivré un message à Elessar quelques heures plus tôt - à moins que ce ne soit une éternité? Elle avait l'impression qu'il s'était passé plus d'événement en une seule journée qu'au cours des dix dernières années.- D'une voix neutre, elle lui demanda:*
- Que se passe-t-il?
*L'Asha'man considéra un instant son manteau et ses broches, et finit par dire*
- J'ai un message pour le M'Hael...
*Elle réprima un soupire d'exaspération. Après tout, avec ce qu'il s'était passé, elle n'avait pas eu le temps de se présenter et il était normal qu'il préfère s'adresser directement à Elessar.*
*Elle parvint tout de même à soutirer le message et entra dans la tente pour prévenir Elessar, affairé à retourner la baguette des serments d'une humeur qui aurait pu faire bruler la tente. Elle n'en tint pas compte, le message était plus urgent.*
Il y a un groupe de personnes qui est apparu par un portail à la lisière du campement...
*Le simple fait qu'elle énonce le portail devait être suffisant pour faire comprendre à Elessar de quoi il s'agissait.*
Aelfinn de la PierreModo - Jury des Joutes - Conseil RPRelecteur
Demiandre traversa le Portail, suivi par Shoran qui avant de s'avancer lui fit un signe de tête. Il se retrouva le pas d'après dans un endroit totalement inattendu. Le Désert Aiel. Une étendue de terre séchée et de sable, avec des affleurements et des creux. Une terre vide. Vide exceptée pour le camps - un assemblage de tentes assez ordonné. Des silhouettes vêtues de couleurs sombre commençaient à s'affairer. Ils avaient été repérés.
"Pour répondre à la question que vous devez certainement vous poser" dit tout simplement Shoran, "nous sommes bien en plein milieu du Désert Aiel. J'espère que vous avez pensé à prendre de l'eau, et que vous en savez un minimum sur la culture aielle. Moi-même n'y suis pas très versé. Sauf grave impair, il ne vous arrivera rien. Premier conseil : ne renversez jamais une goutte d'eau par terre. Nous allons rejoindre ce camp. Les Aiels ne sont pas encore arrivés. Nous sommes dans les temps."
Peu après, il prit la direction du campement, sans vraiment se presser. Il ne regarda pas derrière lui pour savoir si les gens suivaient. Ce qu'ils firent naturellement.
*J'aurais peut-être de l'eau avec moi si j'avais pu récupérer mes affaires... En même temps, merci Shoran de nous dire cela après être arrivé... Je n'en sait pas plus sur les Aiels que sur la fabrication d'angreals...*
"Si ces gens ne sont pas les Aiels, alors qui sont-ils?" demanda-t'il en avançant. Il espérait ne pas être de ceux n'ayant pas le droit de poser de questions. Après tout, Shoran lui avait personnellement demandé de venir... Il espérait que cela faisait une différence...
*La baguette des serments se figea dans ses arc de cercle lorsqu'il entendit la voix d'Enora parler à un homme. Il eut à peine le temps de refermer son manteau de M'Hael que les rabats de la tente s'ouvrirent. Enora entra lui annonçant tout de go*
"Il y a un groupe de personnes qui est apparu par un portail à la lisière du campement..."
*Ne prenant pas le temps de ranger la baguette. Elessar traversa la tente à grands pas, passant devant Enora et l'Asha'man qui la suivait. Il se doutait que les deux le suivraient jusqu'au groupe.*
~Shoran, j'espère que tu as ramener ce que je t'ai demandé...~
*Le MHael traversait le camp comme une flèche, Asha'man dédié ou autre soldat s'éveillait lentement, réveiller par son arrivé.
En quelques minutes il arriva face au groupe tout juste arrivé. La baguette des serments tournoyait dans ses doigts.
Bonne nouvelle, Shoran était sain et sauf, et demiandre était avec lui. la mauvaise...le T'sorovan mhael avait ramener toute une tribu d'inconnus.
Elessar, le port royal se posta face au groupe, croisant les bras. Son regard inquisiteur et froid comme la glace se posa sur Shoran, ignorant les autres.*
"Si ces gens ne sont pas les Aiels, alors qui sont-ils?"
*Sa voix sans aucune émotion trancha le silence du désert. Ses yeux toujours fixer sur Shoran, il répondit à Demiandre.*
Ils sont ma force de frappe. Ce sont les Asha'mans.
*Shoran le connaissait, il attendait que celui-ci s'explique sur cette fin de mission inattendu.*
"M'Hael!" Dit Shoran en voyant Elessar s'approcher, le poing sur la poitrine. Il s'avança vers lui, pour mettre un peu de distance avec le groupe. Ces personnes n'avaient pas à savoir tout ce qu'il avait à dire. En tout cas, pas avant d'avoir fait leurs preuves... "Tsorovan M'Hael au rapport. Mission accomplie, comme vous pouvez le constater. Cependant, il y a eu quelques... contretemps. Tremonsien a été attaqué par des Engeances de l'Ombre, et plusieurs canalisateurs rôdaient en ville. Je ne sais pas exactement ce qu'il s'y est passé, mais il semblerait, d'après une voix qui émanait de quelque part en ville, que l'Élue Berislav y fut. Et d'humeur peu accommodante."
Il avait toujours eu du mal à résister à ce regard froid et dur. Il ne se sentait de plus pas à l'aise avec les gens qui le regardaient droit dans les yeux. Pourtant, il ne s'offusqua pas ni ne détourna son propre regard.
"Ces gens nous sont plus ou moins tombés dessus lorsque nous partions, et Demiandre les connaissaient. Ou en tout cas une partie. Vu les circonstances, j'ai préféré joindre nos forces plutôt que de nous séparer. Sachant que Dame Faisani" Il se tourna vers le groupe pour la désigner "faisait des siennes et tentait de contrarier nos objectifs. Un peu de temps auprès des Sagettes ne lui ferait pas de mal à mon avis."
*Elessar passa sa main dans ses cheveux blond ébouriffé. La situation se compliquait avec l'arrivé du groupe. La baguette tournait toujours entre les doigts de sa main droite. Shoran l'agaçait, mais il avait besoin de lui.*
~J'aurais du te laisser ou je t'ai trouvé sacré T'sorovan M'Hael !~
Il ne sait pas passé grand chose, a part l'arrivée des autres *dit il en montrant le camp d'un mouvement de bras.*
Nous nous préparons pour l'arrivée des aiels...Ah ! oui, je suis allé chercher ça. *Il lui montra la baguette.
Il se tourna vers Enora.*
Je te présente Enora Sedai, le Baijan M'Hael, ton binôme qui s'occupera des femmes.
Avant que nous nous entretenions plus en privé, vos "amis" ont-ils besoin de quelques choses ?
*Elessar fixa Owyn qui semblait pour le moins livide.*
Mélisande suivit le groupe, attentive à ce qu'Owyn ne glisse pas de cheval, et écouta attentivement la discussion des deux hommes.
Une discussion intrigante pour le moins... M'hael, Asha'man... Qui étaient ces gens exactement ? L'un d'eux était-il Elessar ? Il lui tardait d'obtenir des réponses. Malheureusement, pour le moment, Owyn devait rester sa priorité. Il risquait encore de mourir si elle ne s'en occupait pas.
Aussi, quand le "M'hael" posa une question, elle se tourna vers lui.
-Voyez avec mes compagnons de voyage s'ils ont besoin de quoi que ce soit, répondit-elle d'une voix naturelle, comme si elle était en réunion mondaine, et non pas au milieu d'ennemis potentiels. Quand à moi, j'aurai besoin qu'on m'aide à transporter mon compagnon à l'abri du soleil, afin que je finisse de le soigner.
Aussitôt dit, elle se désintéressa complètement, du moins en apparence, du M'hael et des autres personnes présentes pour se concentrer sur Owyn que deux hommes firent descendre de cheval. Elle les suivit dans une tente où l'on allongea son nouveau lige, puis ordonna qu'on les laisse seul. Quand ce fut fait, elle ouvrit la chemise poisseuse de sang de l'homme afin d'examiner quelles blessures il lui restait à soigner.
Alyn n’en croyait pas ses oreilles. Cet inconnu nous pousse à traverser la moitié du continent sans donner de destination et il s'inquiète ensuite de logistique? Alors qu’il peut sauter directement dans les Marches pour y récolter toute la glace qui s’y trouve?
Deux inconnus en tenues sombres s’approchèrent d’eux. L’homme, blonds aux yeux bleus et la femme, brune et jolie, s’arrêtèrent à petite distance du groupe. L’homme les toisait d’un regard glacial, il avait l’air contrarié. Il tenait un petit bâton dans sa main et la faisait tourner dans ses doigts.
Baer demanda à voix haute « Si ces gens ne sont pas les Aiels, alors qui sont-ils? » Surtout, que font-ils au milieu du désert ?
L’homme blond répondit d’une voix claire : « Ils sont ma force de frappe. Ce sont les Asha'mans. » Alyn reconnu là un mot de l'Ancienne Langue, mais il n'avait pas encore étudié assez longtemps pour en connaître le sens.
L'homme se tourna ensuite vers celui qui les avait amené à cet endroit, et qui s’était d’ailleurs approché - sans doute pour expliquer leur présence en ce lieu. A un moment, il fit un geste en direction de Mélisande. L’homme blond lui répondit quelque chose en montrant le camp d’un geste du bras, puis il tendit la baguette en direction de leur guide et se tourna ensuite vers la femme qui l’accompagnait. Il s’adressa à nouveau au canaliseur pour demander autre chose.
Mélisande s’était placée à la tête du groupe et semblait avoir compris ce qu’il disait car elle déclara :
-Voyez avec mes compagnons de voyage s'ils ont besoin de quoi que ce soit. Quand à moi, j'aurai besoin qu'on m'aide à transporter mon compagnon à l'abri du soleil, afin que je finisse de le soigner.
Aussitôt dit, aussitôt fait, Owyn fut transport dans une tente, l’Aes Sedai sur ses talons. Il la regarda s’éloigner. Allons bon, voilà ma lettre qui s’envole maintenant! Il faudra que je trouve un prétexte pour la retrouver. Passer pour son serviteur peut-être?
« Où pouvons-nous attacher ces chevaux ? » Autant avoir l’air sûr de soi. Malgré tout, il ne tournerait pas le dos à ses étrangers avant une explication sur leurs intentions, il gardait d'ailleurs les chevaux derrière lui et avait libéré sa main droite pour défourailler plus rapidement en cas de besoin. « Ils sont frais et ont déjà été nourris. A part cela, un coin d’ombre et un linge pour se débarbouiller seraient les bienvenus. » Un endroit protégé du soleil pour dormir, ça ce serait l’idéal! Mettre un terme à cette journée pourrie!
"Il ne sait pas passé grand chose, a part l'arrivée des autres. Nous nous préparons pour l'arrivée des aiels...Ah ! oui, je suis allé chercher ça." Dit-il avec un air de contentement, lui montrant une courte baguette faite dans un matériau inconnu.
*Qu'est-ce donc?* "Je te présente Enora Sedai, le Baijan M'Hael, ton binôme qui s'occupera des femmes." repris t-il ensuite.
"Enchanté, Baijan M'Hael. Je suis, comme vous l'aurez compris, le Tsorovan M'Hael, Shoran." Il ne savait pas quoi dire d'autre. Il n'avait jamais été très sociable...
"Avant que nous nous entretenions plus en privé, vos "amis" ont-ils besoin de quelques choses ?" Demanda enfin Elessar.
Tandis que Dame Faisani demandait une tente pour transporter le blessé, Shoran fit un geste en direction de deux Soldats qui utilisèrent des Flux d'Air pour porter le blessé dans une tente. Un autre homme demanda où laisser les chevaux et se débarbouiller.
"Pouvons nous leur offrir l'eau et l'ombre, M'Hael?" lui demanda t'il? "Ils pourront se reposer pendant que je vous ferais un rapport plus détaillé"
*Elessar haussa un sourcil lorsque Shoran utilisa des termes aiels. Il n'avait pas l'habitude d'user des coutumes aiels lorsque ceux ci n'étaient présent.
Il fit un geste de tête à l'Asha'man qui le suivait depuis sa tente. Lorsque celui-ci fut assez prêt il entama.*
Allez placer leurs montures avec les chevaux de bat et trouvez leurs une tente. Voyez avec eux, mais je pense que...*Il montra Alyn et Galain.* Ces deux là resteront ensemble. Montez également une tente pour la dame et le blesser.
"Et le dernier, M'Hael ?"
*Elessar tourna la tête vers Demiandre, avec un léger sourire aux lèvres.*
Inscrivez le sur la liste des Soldats et fournissez lui l'équipement, il rejoindra les autres recrues sous peu.
*L'Asha'Man regarda hésitant Shoran. Ce qui agaça Elessar.*
Le T'Sorovan M'hael n'aura pas le temps de s'occuper de vous pour l'instant, alors débrouillez vous un peu..A moins que vous ne méritiez pas le dragon...
*Il n'en fallut pas plus à l'homme pour détaller pour accomplir ses tâches, en passant il fit signe à Demiandre de le suivre. Elessar regarda les présents.*
Si vous voulez bien nous excusez, nous allons prendre congé...*Il tourna le dos pour s'en aller quand il s'arrêta tournant la tête.*
Il est bien évidant qu'il serait pour le moins incongru de vouloir s'enfuir, vous êtes en plein désert. Essayez de vous acclimatez mais évitez les problèmes, vous êtes entouré d'un demi millier de canalisateurs...
*Il tourna la tête vers Shoran.*
N'oublie pas qu'ils sont sous ta responsabilité...
*Enora avait eu du mal à suivre le rythme d'Elessar alors qu'il traversait comme une flèche le campement. Elle maudissait entre ses dents le sable mais elle finirait bien par s'y habituer. Arrivée aux côtés du M'Hael qui éclaircissait la situation face au petit groupe et toisait le Tsorovan M'Hael -qu'elle reconnut lorsqu'il s'adressa à Elessar en l'appellant M'Hael- , elle posa ses yeux noisette tour à tour sur les personnes présentes, sans pour autant les dévisager. Son visage était impassible, mais son regard ne traduisait aucune animosité, bien que mobile. Autant leur donner ne fut-ce qu'une lueur d'espoir, cela les rendrait plus faciles à amadouer en cas de problème. Elle évalua rapidement chacun, les gestes et réactions. Certains semblaient à peine savoir dans quoi ils s'étaient fourrés et étaient tout aussi perplexe qu'elle quelques heures auparavant du fait de se retrouver dans le désert.*
*Elle écouta l'échange entre Shoran et Elessar. Elle se demanda de quelle mission le Tsorovan M'Hael avait été chargé et les ennuis que le groupe avait rencontré, ce qui avait semble-t-il poussé à sa formation. Ce dont son lige semblait vraissemblablement mécontent. Son regard glissa vers la baguette lorsqu'il la mentionna. C'était une bonne chose qu'ils l'aient récupérée, elle pourrait avoir un usage supplémentaire que celui prévu initialement. Après tout, il lui sembla dans son souvenir que n'importe quel serment prononcé avec la baguette devait être tenu, ou du moins était-ce quelque chose de ce goût-là.*
*La canalisatrice inclina quelque peu la tête lorsqu'Elessar lui présenta Shoran.*
"Enchanté, Baijan M'Hael. Je suis, comme vous l'aurez compris, le Tsorovan M'Hael, Shoran."
"Moi de même, Tsorovan M'Hael." Cela lui semblait très formel comme présentation. "On m'a beaucoup parlé de vous." Elle dut se retenir de sourire, ce n'était pas vraiment la vérité. Disons que sentir Elessar pester contre celui qui s'occupait de la formation des hommes y avait contribuer. "Heureuse de voir que vous vous en êtes sorti malgré les dangers que vous nous relater." Sa phrase manquait peut-être un peu de chaleur, mais après tout, elle était ce qu'elle était, habituée à paraitre plus froide que ce qu'elle était en réalité.
*Elle avait suivi les demandes de chacun d'une oreille distraite, mais elle veillerait plus tard que personne ne manque de rien si elle en avait le temps. Après tout, comme le soulignait le M'Hael, ces personnes étaient du ressort de Shoran. Cela lui permettrait d'en savoir davantage, même si un rapport détaillé allait être présenté.*
Des éclairs rouges et jaunes. Les paupières closes de l'homme frémirent, et bien avant qu'il fasse le moindre mouvement, Mélisande put le sentir reprendre conscience peu à peu. D'abord un mélange confus de tristesse et de désespoir, une douloureuse sensation de vide qui se dissipa en partie alors qu'Owyn revenait à lui, découvrant cette présence étrange mais peut-être rassurante, qui comblait en partie le vide destructeur de son esprit et de son âme. Il fallut encore plusieurs minutes, cependant, avant qu'il reprenne conscience pour de bon. Il bougea légèrement la tête, et une expression douloureuse apparut sur son visage, comme si ce simple mouvement avait réveillé toutes les souffrances de son corps. Machinalement, il porta sa main à son flanc, et le sang épais poissa ses doigts, mais il ne sentit aucune blessure. Alors, quelques souvenirs de cette nuit mouvementée lui revinrent d'un bloc. Dans un souffle affaibli, il murmura :
"... A... lea..."
Son visage se tourna instinctivement vers l'Aes Sedai, vers la présence dans son esprit. Il ouvrit les yeux... La lumière soudaine l'aveugla. Détournant la tête, il laissa passer quelques secondes, avant de ramener son regard sur... sur Mélisande Sedai. Un choc brutal ébranla son esprit, alors qu'une certaine confusion pouvait se lire sur son visage blême. L'état d'extrême faiblesse dans lequel il se trouvait empêcha heureusement des réactions plus vives, alors qu'il prenait peu à peu conscience de la situation dans laquelle il se trouvait. Alea morte... le nouveau lien n'avait pu effacer la douleur engendrée par sa perte, même s'il avait en partie comblé un vide... même s'il l'empêchait de trouver le repos dans la mort. Et après le désespoir, la tristesse, voire même la peur, il sentit une profonde lassitude l'envahir, alors qu'il s'efforçait de comprendre le lien qui l'unissait à présent à cette femme presque inconnue, agenouillée à côté de lui. Concentration, réflexion... peut-être excitation, ou curiosité. Il la sentait dans son esprit, et leur proximité actuelle rendait ces sensations d'autant plus vives. De ses yeux ternis par la douleur et l'épuisement, il chercha à croiser son regard :
"... Pourquoi..."
Oui, pourquoi avait-elle fait ça ? Pourquoi l'avait-elle privée de ce repos tant désiré ? Car il vivrait, il le sentait. Malgré ses blessures et sa faiblesse, il survivrait, juste parce que ce lien l'y obligeait. Juste pour elle. Sa vue se brouilla, et le visage lisse de la femme penchée au-dessus de lui se dissipa. Il ferma les yeux, mais parvint à rester en partie conscient. Il voulait savoir.
Galain n'avait pas suivi la conversation entre les deux hommes. Il fixait simplement celui qui les avait mené ici et ne pouvais s'empêcher de voir dans son allure, dans ses traits, quelque chose de terriblement familier, de terriblement proche et d'en même temps lointain. Il s'éveilla de sa torpeur lorsque une voix se fit un peu plus forte.
"Allez placer leurs montures avec les chevaux de bat et trouvez leurs une tente. Voyez avec eux, mais je pense que..."
Il avait pointé son doigt vers lui et Alyn. Il sentait vaguement qu'il était mis à l'écart mais n'en avait cure. Des flash gris lui perçait les yeux par éclair brusque, et lui donnait un étrange vertige.
Pour l'heure, il ne rêvait que d'un endroit où dormir et oublier cette nuit.
Les étrangers, qui semblaient être les dirigeants du campement, discutèrent encore un moment, puis, l'homme blond fit venir un homme, lui aussi habillé en noir, pour lui donner quelques ordres. Il se tourna ensuite vers Alyn et les autres. "Si vous voulez bien nous excusez, nous allons prendre congé... Il est bien évidant qu'il serait pour le moins incongru de vouloir s'enfuir, vous êtes en plein désert. Essayez de vous acclimatez mais évitez les problèmes, vous êtes entouré d'un demi millier de canalisateurs... " On peut dire qu'il est fier de son campement! Et il confirme du même coup le statut de prisonniers.
Il tourna ensuite la tête vers celui qui les avait amené dans le désert et qui apparemment se nommait Shoran. "N'oublie pas qu'ils sont sous ta responsabilité..." Sans en dire plus, il repartit dans la direction d'où il était venu. On peut donc agir à notre guise, c'est ce T'sorovan M'hael qui payera la note! Il eut un petit sourire, qui s'évanouit aussi vite qu'il avait apparu... Au moins, ils n'ont pas l'air de vouloir nous laisser sécher au soleil, c'est déjà ça.
Le soldat en noir qui avait emmené Baer revint rapidement chercher les chevaux et leur dire que leurs tentes étaient prêtes. Il n'avait pas l'air de très bonne humeur. Il aurait certainement préféré se trouver dans la tente de commandement, plutôt que de nous servir d'escorte. On vient de se faire un ennemi.
Après avoir conduit les chevaux au piquet, le petit groupe le suivit jusqu'à deux tentes de petite taille, plantées à la limite entre le camp Aiel et celui des hommes en noir. Il repéra les lieux pour éviter de se perdre dans ce dédale de toiles et de cordes et remercia l'homme en noir, qui partit sans rien ajouter. Mélisande Sedai n'était pas encore arrivée, elle devait toujours s'occuper du maître d'armes ailleurs.
Il regarda les alentours. Des hommes en noir circulaient sans - semblait-il - leur prêter attention. Alyn supposait que certains étaient là pour les surveiller, c'est ce qu'il aurait fait à leur place. Si nous sommes des espions, nous pourrions très bien tenter de bouter le feu aux réserves de nourriture ou au stock d'armes, encore que ces soldats-là ont la possibilité de refaire leurs provisions en quelques minutes et qu'ils n'ont guère besoin d'armes. Pourquoi sont-ils venus former une armée de canaliseurs dans cet endroit oublié du monde? Il soupira.
"Bon, je vous propose de nous reposer le reste de la matinée, ensuite nous verrons pour la nourriture et le futur. Qu'en pensez-vous?" demanda t-il au reste du groupe. Mais quand Mélisande Sedai reviendra, elle n'en fera qu'à sa tête, sans se préoccuper de notre avis. Il ouvrit le rabats de la tente la plus proche et découvrit quelques couvertures à l'intérieur. Il n'avait plus dormi ni mangé depuis la veille au matin et avait grand besoin de se reposer maintenant que l'occasion s'en présentait.
Il déroula une couverture, l'étala sur le sol sableux, ôta sa veste, couverte du sang d'Owyn et la roula en boule dans un coin. Par contre il garda ses bottes aux pieds et son arme à portée de main. Il s'allongea ensuite et ferma les yeux. Autant se reposer pendant que les M'haels ceci ou M'hael cela discutent ensemble, on sera plus frais pour agir s'il faut bouger en urgence.
Mélisande sentit son lige se réveiller avant même qu'il n'eut bougé. Il ne souffrait plus autant, ce qui confirma à l'Aes Sedai que les longues heures qu'elle avait passé à son chevet, à Guérir blessure après blessure avaient porté leurs fruits. Elle n'avait laissé de côté que des blessures mineures, dont elle s'occuperait plus tard, quand elle et lui auraient récupéré de la Guérison.
Un peu plus tôt, on leur avait apporté de la nourriture et elle l'avait entamée avec appétit. Le blessé n'était pas le seul à être affaibli par la Guérison, et elle mourrait de faim. Elle s'était toutefois arrêtée rapidement, afin d'en laisser à son nouveau lige.
Elle l'entendit murmurer un nom de femme -sans doute celui de son ancienne Aes Sedai-. La compassion l'envahit. Elle devinait, maintenant qu'elle avait un lige, la douleur que cela devait être de perdre ce lien. Elle s'étonnait même qu'Owyn ne se soit pas laissé mourir sur place.
Elle sentit ses émotions, désespoir, peur, souffrance, curiosité, lassitude débouler en lui en vagues successives.
Il posa finalement une simple question. Pourquoi lui avait-elle infligé cela, alors que son envie de mourir après la mort d'Aléa était si forte.
Se levant des coussins où elle s'était allongée, elle alla s'assoir près du lige, en saisissant au passage un plateau chargé de nourriture. Le déposant à ses côtés, elle essuya d'un linge le front luisant de sueur d'Owyn, et laissa sa main sur son front, en un geste apaisant.
-Parce que c'était le seul moyen de sauver votre vie, répondit-elle avec davantage de sincérité et de tendresse qu'elle n'en montrait d'habitude. Et croyez-moi, je n'ai pas l'habitude de laisser mourir les gens sans rien faire, quand il est encore temps d'agir. Et parce que je crois que vous luttiez contre cette envie de mourir causée par la perte du lien. Sans cela, jamais vous n'auriez eu la force de chercher à me rejoindre. Enfin, parce que j'ai besoin de vous, Owyn Gaidin, en cet endroit plein de dangers.
Je comprendrai si vous m'en vouliez, mais je ne regretterai pas mon geste, ni ne détruirai le lien. Nous apprendrons à vivre ainsi, l'un et l'autre.
Nous avons beaucoup à nous dire je crois. Je répondrai à vos questions, mais uniquement si vous acceptez de manger en même temps. Vous devez reprendre des forces.
Elle souleva le blessé avec un tissage d'air, saisissant la source avec peine tant elle était fatiguée, et plaça sous lui des coussins pour qu'il puisse s'assoir. Enfin, elle posa le plateau sur ses jambes, et commença à découper une cuisse de poulet pour lui.
Il sentit d'abord le contact léger d'un tissu sur son front, pour essuyer la sueur causée par la douleur, la chaleur et la fièvre. Un simple contact, mais qui le ramena un peu alors qu'il sombrait de nouveau, et il rouvrit les yeux avec difficultés, se raccrochant presque malgré lui à la sensation de cette main tiède et, d'une certaine façon, rassurante autant que dérangeante. Il n'avait pas la force de la repousser... pas la force de lutter, pas même d'éprouver de haine ou de rancœur pour cette femme qui était allée contre l'ordre des choses. Un Lige qui perdait son Aes Sedai mourait... Il en avait toujours été ainsi... Il devait en être ainsi... Et il l'avait accepté bien longtemps auparavant. Souhaité même, pendant toute cette interminable soirée.
Et voilà que les paroles de Mélisande le troublait... Avait-il voulu survivre malgré tout, comme elle le disait ? Cette idée l'horrifiait... Mais son devoir seul aurait-il pu suffire à le maintenir en vie, malgré ses blessures et la douleur ? Ébranlé, Owyn sentit la culpabilité et la tristesse l'étreindre à nouveau, malgré la douceur curieuse de l'Aes Sedai. De nombreuses émotions se mélangeaient dans son esprit, mêlées à des questionnements confus, et il réagit à peine quand les flots invisibles du pouvoir le soulevèrent, bien qu'il sentît l'épuisement de Mélisande. Elle avait dépensé beaucoup d'énergie pour le guérir et l'aider... Et malgré la rancoeur qu'il aurait dû éprouver -qu'il éprouvait peut-être-, il lui semblait qu'il ne le méritait guère. Il baissa la tête.
"Vous en vouloir... Des questions... Je ne sais pas... Elle est morte sans que je puisse l'empêcher... je suis indigne du titre de Gaidin."
Et indigne de la protéger, elle, désormais. Il le pensait, mais ne parvenait à le dire. Malgré tout, il n'arrivait pas encore à se faire à l'idée de ce lien imposé. Relevant faiblement la tête, il fixa d'abord le plateau de nourriture posé sur ses genoux, puis croisa son regard. Aurait-il dû la remercier pour l'avoir sauvé ? Mais elle ne lui avait guère laissé le choix... Il se sentait confus. Mais alors qu'il cherchait à retranscrire en mots inutiles le déferlement d'émotions qui le traversait, une première question le frappa de plein fouet, et son dos se raidit légèrement. Une tente... cette chaleur... Cet endroit... Et des bruits dehors. Beaucoup de gens.
"... Où sommes-nous ?"
... Endroit plein de dangers. Elle l'avait dit. Mais alors pourquoi était-elle ici, épuisée, en train de simplement lui proposer à manger ? Soudain inquiet et nerveux, il se résolut cependant à ne pas bouger, calquant sans s'en rendre compte son attitude sur celle, relativement confiante, de son Aes Sedai. Elle avait au moins raison sur un point, il lui fallait reprendre des forces... Et après une hésitation, il se plia finalement à ses conditions, et prit le poulet qu'elle lui tendait, mordant dans un morceau avec l'impression que ce simple geste lui demandait un effort surhumain.
La culpabilité rongeait Owyn, découvrit sans surprise Mélisande. Et elle le ferait pour longtemps encore. C'était une conséquence du lien. Elle se demanda s'il était possible de modifier le tissage afin que ni le lige, ni l'Aes Sedai ne subissent cette horreur et cette tristesse à la disparition de l'autre. Mais elle n'était pas sûre que cette idée soit une bonne chose. Le lige ne deviendrait alors qu'un simple garde du corps et serait moins prompt à défendre son Aes Sedai de toutes ses forces si sa vie n'était pas en jeu. Elle garda toutefois l'idée dans un coin de sa tête et écouta la complainte du lige.
"Vous en vouloir... Des questions... Je ne sais pas... Elle est morte sans que je puisse l'empêcher... je suis indigne du titre de Gaidin."
Elle leva les yeux au ciel.
-L'honneur d'un lige est quelque chose de bien difficile à comprendre ! Vous vous reprochez de n'avoir pas réussi l'impossible ? Même un lige ne peut pas toujours réussir dans sa tâche. Croyez vous que moi, ou n'importe quelle autre Aes Sedai, n'ai pas failli une ou deux fois ? Bien sûr que si ! Alors faites comme tout le monde, mettez votre orgueil de côté, et recommencez à avancer. Rachetez votre sois-disant échec ! Réalisant sa virulence, Mélisande reprit, plus doucement. Vous êtes digne du titre de gaidin. Vous avez été son frère dans la bataille. Dans une bataille, il y en a qui survivent, d'autres qui meurent. Elle n'aura pas été seule à cet instant fatal, voilà tout ce qui doit comptez pour vous. Et je suis certaine que votre Aes Sedai ne vous en voudrait pas, et plus encore, serait heureuse de vous savoir encore en vie. Le plus bel hommage que vous puissiez lui rendre est de vivre, non de mourir.
Quand à l'endroit où nous sommes, c'est le désert aiel. Je n'ai pas vu beaucoup d'aiels, mais il y a de plusieurs femmes qui canalisent près de nous. Il y a au moins une Aes Sedai, et deux canalisateurs parmi ces gens. Je soupçonne leur chef, qui se fait appeler "M'hael" de se nommer Elessar Sedai. Et je ne serai pas surprise d'apprendre qu'ils sont tous des Amis du Créateur.
Surpris par la véhémence de l'Aes Sedai autant que par ses paroles, Owyn demeura interdit un court moment, quelque peu anesthésié après un tel débordement d'émotions. Puis lentement, il se remit à manger, en partie pour se concentrer sur autre chose, comme de nombreuses réflexions naissaient dans son esprit encore confus. De l'orgueil... Peut-être en était-ce en effet, d'avoir pensé qu'il pourrait toujours la défendre, seul, contre tous les dangers. Mais la culpabilité d'avoir survécu quand elle était morte était la plus forte. Cela aurait dû être l'inverse... Qu'il meure pour qu'elle puisse s'enfuir, et il ne comprenait pas pourquoi il en avait été autrement. Pourtant, il savait que Mélisande avait probablement en grande partie raison. Alea n'aurait pas souhaité qu'il meure... Si elle en avait eu le temps, elle aurait probablement fait tout son possible pour qu'il vive, tout comme il avait tenté en vain de le faire. Quant à vivre pour lui rendre hommage... vivre et se racheter en protégeant Mélisande... Cette idée le dépassait encore un peu. Avalant une bouchée avec difficulté, il secoua la tête avec tristesse :
"Vous avez probablement raison... même s'il me faudra du temps pour l'admettre."
Il y avait de toute manière plus urgent que ses états d'âme pour le moment, ou du moins à ce qu'il semblait. Et s'il écouta d'abord avec un calme relatif les informations qu'elle lui donnait, Mélisande put bientôt sentir un nouveau choc l'ébranler violemment suite à ses paroles. Il pâlit, et sa main eut un geste nerveux, incontrôlé, avant de se crisper avec force.
"Des... des Amis du... ces gens..." La haine prit un instant le pas sur la culpabilité et la tristesse. Ils l'avaient tuée ! "Et Elessar Sedai serait... non ! Je ne peux le croire !"
Il se rappelait fort bien cet Aes Sedai qu'il avait entraîné à de nombreuses reprises, lorsqu'ils étaient à la Tour, lorsqu'il était maître d'armes. Et penser qu'il avait pu entraîner un traître lui nouait l'estomac. Un instant, il essaya de se relever, mais trop faible, il renonça finalement, respirant profondément pour tenter de retrouver en partie son calme. S'ils étaient entourés d'amis du Créateur, une parole maladroite pourrait signer leur arrêt de mort. Il demanda d'une voix blanche :
Aelfinn de la PierreModo - Jury des Joutes - Conseil RPRelecteur
Perplexe, Demiandre suivit l'homme habillé en noir. Il fit un signe de tête à Elessar avant de s'avancer plus loin vers les tentes. Il avait l'impression de ne pas l'avoir vu pendant quelques jours, mais en y réfléchissant, cela ne faisait guère qu'une journée. Il semblait s'être passé beaucoup de chose. Il tenait dans sa main un objet étrange auquel il semblait attacher beaucoup d'importance, une baguette d'un pied de long, totalement lisse, sur laquelle était gravé quelque chose qu'il n'arrivait pas à lire. Sur le chemin, il resta silencieux, suivant son guide qui l'amenait vers le centre du camp.
*M'Hael, Tsorovan'm'hael, Baijin'm'hael... De l'Ancienne Langue certainement, mais qu'est ce que cela veut dire...? Et Asha'mans... ET je me retrouve recruté dans une armée de canalisateurs! Et pire encore, il semblerait que je doive rester ici un certain moment...*
Il continua à réfléchir jusqu'à ce que l'homme le fasse entrer dans une grande tente, remplie d'équipement divers. Derrière un bureau, un homme prit son nom et d'autres renseignements avant de lui faire signe de l'autre côté, où un autre homme s'occupa de lui fournir un manteau noir, une épée et de lui expliquer les règles du camp.
*Comment peut on survivre dans ce manteau noir au milieu du désert sans mourir de chaud? Je n'ai pas vu un seul de ces hommes transpirer... Et donc les trois personnes qui nous ont accueillies sont les commandants de cette armée... Elessar n'est pas seulement membre de l'Ajah Bleue, mais aussi le chef d'un mouvement de résistants! Dans quoi me suis-je encore embarqué?*
Le canalisateur qui l'avait emmené là l'entraîna ensuite vers une tente vide qu'il lui assigna. Il prit ensuite congé en laissant Demiandre seul.
Mélisande eut un petit sourire satisfait lorsqu'elle vit qu'Owyn commençait à l'écouter. Il n'était pas prêt d'accepter la mort de son Aes Sedai, et la culpabilité le rongerait encore longtemps, mais au moins il l'écoutait et la servirai.
Par contre, elle se fustigea mentalement lorsqu'il réagit violemment à l'annonce qu'ils étaient entourés d'amis du créateur. Épuisée mentalement et physiquement, elle en avait presque oublié que c'étaient des amis du créateur qui avaient tué son Aes Sedai.
-Calmez-vous Owyn, lui intima-t-il en lui servant à nouveau à manger. Et écoutez-moi attentivement.
Je ne sais pas pourquoi Tremonsien a été attaquée. Je sais seulement que ma présence n'y était pour rien. Mais d'autres personnes que nous étaient impliquées. Peut-être que le meurtre d'Aléa y est lié. Peut-être était-ce un accident. Réalisez bien que nous avançons en terrain miné, et ne provoquez pas d'esclandre. Laissez-moi parler et demander des comptes, et taisez vous plutôt que d'envenimer la situation. Je voudrais cependant que vous répondiez sincèrement à une question : avant la mort d'Aléa, que pensiez vous de l'Ajah Bleue et des Amis du Créateur ? Ne craignez pas de me dire le fond de votre pensée, elle est en sécurité avec moi.
Quand à votre deuxième question... Nous avons suivi Baer, l'homme que je cherchai, et un de ses compagnons. Nous sommes venus par un portail. Je les ai suivi car vous aviez besoin de soins, et que j'étais curieuse de savoir ce qui se passait. Nous verrons bien ce qui en sortira. Heureusement, nous ne sommes pas sans armes.
Mélisande sortit de son corsage une lettre pliée en quatre, celle d'Alyn, et la montra à Owyn. Saisissant une fois de plus la source, elle en découpa un morceau qu'elle remis dans son corsage, puis réduisit le reste en cendres.
-Je suis désormais seule à pouvoir réciter à cet Elessar un message secret destiné aux Amis du Créateur que j'ai pris à Alyn. Cela nous donne une arme pour négocier notre départ en toute liberté.
Les explications de Mélisande auraient dû l'aider à y voir plus clair, mais il n'en était rien. Chaque nouvelle information venait compliquer la situation et était un nouveau choc. Et bien que ses pensées soient un peu plus cohérentes qu'au moment de son réveil, il peinait à admettre comme la vérité ce qu'elle lui disait. Tout cela ne semblait qu'une succession d'horreurs destinées à raviver la souffrance de la mort d'Alea. Et l'Aes Sedai lui demandait beaucoup, quoiqu'il sût que la façon d'agir qu'elle préconisait était la seule envisageable dans la situation actuelle. Il acquiesça donc d'un signe de tête quand elle évoqua la lettre, et accusa en silence le nouveau choc qu'elle venait de lui infliger. Alors Alyn aussi s'avérait un ami du Créateur... Alyn qui, pourtant, il s'en souvenait à présent, l'avait aidé à Tremonsien alors qu'il aurait pu l'achever. Abasourdi par toutes ces informations, et la gorge nouée, il repoussa momentanément son repas, avant de tenter une réponse, d'une voix étrangement rauque :
"Rassurez-vous, je ne tenterai rien et agirai... selon votre volonté. Vous avez ma confiance pour... tout ceci." La lettre, les amis du Créateur, et le reste... Mais dans l'absolu... il ne savait pas encore. Il croisa néanmoins son regard et se résolut à répondre sincèrement à son autre question : "Quant à ce que je pensais... je ne sais pas vraiment. J'ai toujours été fidèle à la Tour Noire et au Grand Seigneur, parce qu'il devait en être ainsi, mais je n'avais pas non plus de haine. Peut-être m'est-il arrivé de penser qu'ils pouvaient être... nécessaires. Comme tout le monde."
Rares étaient les partisans sincères et dévoués du Grand Seigneur, et la plupart des gens, s'ils n'étaient pas des amis du Créateur et n'auraient pas mis leurs vies en danger pour les aider, ne s'opposaient pas non plus bien farouchement à eux. Il s'était contenté de rester dans cette neutralité. Alea comptait plus pour lui que la Lumière ou les Ténèbres. À cette pensée, son regard se durcit :
"Mais tout est différent à présent. Quoi que j'aie pu penser d'eux avant, je ne m'associerai jamais à des individus qui ont causé sa mort. Pas de mon plein gré."
Il la regarda encore. Et elle, de quel côté se situait-elle ? Elle ne semblait s'associer à l'ajah bleue d'aucune façon, mais sa position n'était pas très claire à ses yeux.
Mélisande hocha la tête, un air compréhensif affiché sur son visage.
Au moins, songeait-elle, il avait répondu sans mentir. C'est donc qu'il avait confiance en elle, au moins un peu. A elle de travailler là dessus désormais.
-Certains pourraient dire que ceux qui ont causé sa mort, ce sont les Élus, le Grand Seigneur et leurs rêves de toujours plus de pouvoir. Une Blanche vous dirait que tout est question de point de vue. La logique... On lui fait dire ce qu'on veut.
Elle secoua la tête, comme pour s'échapper d'une rêverie hors de propos. Un travers commun chez de nombreux membres de l'Ajah Brune.
-Dites-moi Owyn, Aléa et vous veniez m'escortiez jusqu'à la Tour. Savez-vous de qui venait l'ordre de le faire ? De la tête d' Ajah, des Députées, du Trône d'Amyrlin ? J'étais censée passer par Cairhien pour me présenter aux Aes Sedai résidant là-bas. J'ignore s'ils avaient une tâche à me confier et pourquoi on ne m'a pas fait directement rentrer à la Tour. Vos ordres annulaient-ils le mien ?
Et, j'y pense, connaissiez-vous les raisons de mon exil ?
Les interrogations de Mélisande sur la logique et les responsabilités de chacun lui passaient pour l'heure complètement au-dessus, et Owyn se contenta de la regarder fixement, sans rien dire. Il ne se souciait pas de ce qui avait provoqué un tel enchaînement d'événements. Celui qui avait tenu l'arme qui avait tué Aléa était un ami du Créateur, il avait lui-même choisi de se trouver là à cet instant, de l'attaquer, et cela lui suffisait pour définir un coupable. Et il se moquait bien pour l'heure du fait que son raisonnement puisse paraître limité. Les questions de Mélisande, en revanche, lui semblaient plus intéressantes, et s'il aurait aimé en connaître les réponses, il afficha hélas un air abattu :
"Je... je l'ignore Aes Sedai." Il ne savait plus exactement comment l'appeler. "L'ordre a été adressé à Alea uniquement et elle ne m'en a pas vraiment dit plus... Elle était parfois... étourdie. Ce genre de considérations lui paraissait sans intérêt. Cela venait peut-être de l'Ajah Brune puisque vous en êtes... étiez toutes les deux."
Reparler d'Alea, revoir ces moments, ses expressions, s'avéra encore plus douloureux qu'il ne l'avait imaginé. Sa gorge se serra soudain, et détournant la tête rapidement, il porta une main à son front pour dissimuler les larmes s'échappant de ses yeux clos. Il les laissa couler cependant : il ne l'avait pas encore pleurée... et il n'aurait certainement plus d'autres d'occasions pour se permettre de le faire. Il déglutit donc et reprit après un instant :
"... Pardonnez-moi. Je n'en sais pas plus, et j'ignore également tout de vous."
Il lui semblait que cela avait un rapport avec des propos sortant quelque peu de la ligne définie par la propagande de la Tour, mais cela n'en faisait pas forcément une amie du créateur. Si cela avait été vraiment grave, elle ne serait plus là pour en parler.
"Moi de même, Tsorovan M'Hael. On m'a beaucoup parlé de vous. Heureuse de voir que vous vous en êtes sorti malgré les dangers que vous nous relatez." Dit Enora.
"Beaucoup parlé de moi?" Dit-il en haussant les sourcils. Il s’inquiéta un instant, se demandant ce qu'Elessar avait pu lui révéler. Après quelques instants de réflexion, il se dit que ses secrets étaient sauf avec Elessar, quelque soit sa relation avec cette femme. Il reprit ensuite, pour lui répondre
"Les dangers ne furent pas si grands, mais la menace était là. Quoi qu'il en soit, M'Hael, je veillerais à ce qu'ils ne fasse pas de bêtise. Je ne risquerai pas qu'il compromettent nos plans, vous le savez bien. Je vais faire poster des gardes près de la canalisatrice. Je ne suis pas tout à fait rassuré. Elle semble être sincère et honorable, mais je préfère m'en assurer."
Alors qu'ils arrivaient près des premières tentes, Shoran s'approcha de deux Dédiés qui semblaient ne rien faire de particulier, et les assigna à la tente que partageait l'Aes Sedai et son nouveau Lige. Il leur demanda de trouver deux autres personnes, pour être sûr.
"Si elle tente quoi que ce soit de dangereux, mettez la sous écran. Si c'est le Lige qui a un problème, essayez de l'aider. Si vous voyez quelque chose de suspect, prévenez-moi immédiatement."
Il se retourna vers Elessar et Enora qui l'attendaient, et ils reprirent la direction de la tente d'Elessar.
Sur le chemin du retour, Elessar, l'esprit en pleine ébullition semblait absent. Il écoutait ses deux lieutenants se faire des politesses et guider les troupes.
Les mesures prisent par Shoran le firent tiquer. Cette femme savait canaliser ? Et cet homme qu'il avait juste entre aperçu était donc son lige. Bien, de nouvelles pièces dans le grand échiquier. S'il avait su plutôt que la femme savait canaliser, il aurait directement mis 3 femmes sur son dos avec un écran constant. Elessar ne voulait que rien n'entrave leurs plan.
Avec la démarche d'un félin, le M'Hael avançait à grand pas dans le sable du désert aiel. Les pans de sa tente se soulevèrent d'eux même, Shoran pu voir que c'était de son fait, puis il entra à l'intérieur.
Une chaise vint s'ajouter à la table pour le nouvel entrant. Elessar s'assit le visage lisse de toutes émotions, ses yeux d'un bleu éclatant fixant Shoran. Quand soudain...
-Par la lumière Shoran ! Qu'est ce que c'est que cette ribambelle de crasseux que tu m'amènes ici ! Sang et Sacré foutu cendres, la mission était pourtant simple ! Tu imagines ce que ton initiative implique ? Tu ne sais même pas s'ils sont de notre bords !
Par moment, la fusion du sang du Shienar et de Manetheren semblait complètement changer le caractère de l'homme si froid habituellement. Ses doigts vinrent masser ses tempes.
-Soit...Ce qui est fait est fait, pense à faire tester les hommes, je ne craches pas sur 1 ou 2 canalisateurs en plus. Des choses étranges ce sont elle passé à Tremosien ?
Le claquement du vent sur la toile réveilla Alyn. Il ouvrit le rabats de la tente et passa la tête au-dehors. Le soleil était maintenant haut dans le ciel, les quelques rares brises de vent étaient trop légères pour rafraîchir l'atmosphère. Il alla vérifier si Mélisande et Owyn avaient été installés dans la tente voisine, en vain. Sara et l'étranger aux yeux d'or dormaient toujours. Un homme en noir -encore un- apporta un plateau de nourriture, des tasses en terre cuite et une théière. Quand il fut parti, Alyn réveilla Galain. Il goûta la viande, de la chèvre coriace tellement accompagnée de piment qu'il était impossible de dire si du poison avait été ajouté. Quand il eurent fini de manger, il mit le plat de côté et le recouvrit d'un linge, pour qu'il reste chaud pour les autres, puis il demanda, à voix basse: "Ce M'hael a raison, essayer de quitter cet endroit en usant des moyens conventionnels serait suicidaire. Et Dame Faisani voudra certainement savoir ce qui se passe ici avant de partir. Si ces corbeaux la laissent faire. Avez-vous une idée pour nous sortir de ce pétrin? Parce que moi, je n'en ai aucune. A part essayer d'en apprendre le plus possible sur ces gens et la raison de leur présence ici."
Mais si elle accepte d'ouvrir un Portail pour se débarrasser de nous et décide de rester, je ne pourrai pas partir non plus. J'aurais dû lire la lettre et la brûler au lieu de suivre les ordres. Remettre ce message en main propre, sans l'ouvrir; quelle idée! Comment vais-je faire pour la récupérer avant que ces gens ne la forcent à leur donner?
La frustration de Mélisande devant l'ignorance d'Owyn transparut à travers leur lien avant qu'elle ne l'étouffe.
Tout en coupant à nouveau de la viande pour le lige, elle réfléchit à ce qu'elle allait dire, et à quel point elle allait être sincère. Enfin décidée, elle reprit la parole.
-Je n'ai pas choisi l'Ajah Brune pour rien. Je suis curieuse, j'aime étudier, et je sais réfléchir. Des caractéristiques appréciées dans cette Ajah, même si la dernière y est aussi peu fréquente que dans les autres Ajahs. Mais il y a quarante ans, j'ai subi un retour de bâton. Je suis tombée en fouinant dans les archives de la Tour sur des textes qui ressemblaient à des prophéties, mais prédisaient la victoire de la Lumière. Cela m'a intrigué et j'ai voulu en apprendre plus. Cela n'a pas plu à la Tour, et j'ai été exilée pour apprendre à mieux choisir les sujets de mes études. Il n'y a pas besoin d'être une Ajah Bleue pour déplaire à la Tour.
L'Aes Sedai se tut et but un verre d'eau, guettant à travers le lien et sur le visage d'Owyn ces réactions à ces semi-vérités.
*Enora ne vint pas de suite s'asseoir à la table avec les deux hommes. Par l'embrasure des pans de la tente, son regard était encore posé sur les deux tentes abritant le curieux groupe amené par Shoran. Il était trop disparate à son goût pour qu'il s'agisse d'une simple coincidence. La roue tissait étrangement pour avoir ainsi rassemblé Aes Sedai, Gaidin, apprentis et la lumière savait quoi d'autre et de les avoir amené auprès d'un Ta'veren. Un souvenir lui revint en mémoire... Les ta'veren attirent auprès d'eux ce dont ils ont besoin... Elle avait le pressentiment que ces gens auraient une certaine utilité, mais qu'il allait falloir être prudent. La canalisatrice pouvait en effet poser problème, mais si c'était le cas, elle aurait déjà tenté quelque chose. Elle secoua la tête... Soit Shoran était vraiment idiot de les avoir amenés ici, car il aurait probablement très bien pu repartir seul de Tremonsien, soit...*
*Elle se retourna alors qu'Elessar explosait, haussant un sourcil. Ca n'était pas habituel chez lui, il devait vraiment être tendu pour en arriver là. A sa propre surprise, elle prit la défense du Tsorovan M'Hael.*
Je ne pense pas que Shoran ait amené ces personnes ici sans connaissance de cause... Peut-être a-t-il pensé que certaines pourraient nous être utiles ou sont porteuses d'informations qui pourraient nous aider...
*Elle lança un regard en direction de Shoran pour savoir si c'était bien ce à quoi il avait pensé, ou bien si elle se trompait totalement à ce sujet.*
"Par la lumière Shoran !" Rugit Elessar. "Qu'est ce que c'est que cette ribambelle de crasseux que tu m'amènes ici ! Sang et Sacré foutu cendres, la mission était pourtant simple ! Tu imagines ce que ton initiative implique ? Tu ne sais même pas s'ils sont de notre bords !" Finit-il avec colère. Il se massa ensutie les tempes avant de reprendre plus posément. Shoran regarda Elessar, fixement, les yeux inexpressifs. Il se raidit cependant un peu face à cette deferlante.
"Soit...Ce qui est fait est fait, pense à faire tester les hommes, je ne craches pas sur 1 ou 2 canalisateurs en plus. Des choses étranges ce sont elle passé à Tremosien ?"
"Je ne pense pas que Shoran ait amené ces personnes ici sans connaissance de cause... Peut-être a-t-il pensé que certaines pourraient nous être utiles ou sont porteuses d'informations qui pourraient nous aider..." Dit soudain Enora, faisant cligner des yeux Shoran, tournant sa tête vers elle. Il croisa son regard, et baissa les yeux à nouveau.
"Je... je ne sais pas vraiment." Dit-il après quelques instants de réflexions. "Cela m'a semblé être "juste". C'était quelque chose que j'aurais pu envisager, mais c'est vrai qu'après réflexion, je ne sais pas pourquoi je les ai ramenés. Je vais faire passer les ordres pour les tester dès cette réunion finie. Je vais d'abord reprendre mon explication des évènements."
Il reprit depuis le début, avec l'attente de l'arrivée de Demiandre et Taenad avec la Jeune Femme. Et les étranges personnes qu'il avait vu circuler dans la ville. Il était certain d'avoir senti trois canalisateurs, dont deux hommes. L'un d'entre eux étant bien sûr Demiandre. Il parla ensuite du Lige blessé, ainsi que des autres personnes apperçues dans une ruelle, et de sa rencontre avec Demiandre et Taenad dans la grange. Puis de l'attaque des Trollocs, et leur retour à l'auberge du Bon Gibier, puis leur rencontre avec Mélisande et son groupe, avant leur arrivée ici.
"Berislav était en ville. Je ne l'ai pas senti canaliser, mais sa voix résonnait dans toute la ville, et il ne semblait vraiment pas content que des Trollocs attaquent la ville, et cela est selon moi très étrange. Trémonsien est dans son fief. Les Trollocs qui y sont lui obéissent. Cela ne fait aucun sens à mon avis"
Il ressentit la frustration de Mélisande, sans y accorder de réelle importance. Il n'y pouvait rien, et pour l'heure, la tristesse étouffait plus ou moins toutes les autres émotions qu'il aurait pu ressentir. D'une main, il essuya les quelques larmes qui lui avaient échappé, mais garda la tête baissée tandis que l'Aes Sedai parlait, ne souhaitant guère croiser son regard pour le moment. Une victoire de la Lumière ? Il ne pensait pas que cela puisse être possible, et il ignorait même que des prophéties aient pu exister à ce sujet. Toujours, on lui avait appris que le règne éternel du grand seigneur avait été prédit, et cela faisait si longtemps que tout était ainsi qu'il peinait à imaginer quelque chose de différent. Il comprenait aussi que la Tour Noire n'ait pas voulu révéler au grand jour des textes qui auraient pu troubler à ce point l'ordre établi et renforcer l'Ajah Bleue, et sa réaction était donc logique... Mais cela ne faisait effectivement pas forcément de Mélisande une Amie du Créateur... Beaucoup de Brunes se seraient probablement laissées tenter devant une découverte de cette ampleur... Et il dut s'efforcer de ne pas penser à ce qu'aurait fait Alea.
Troublé malgré tout, quoique s'efforçant de réagir de manière intelligente et posée, Owyn hocha d'abord la tête, puis après une courte hésitation, répondit finalement :
"Je comprends... Vous ne semblez pas une Amie du Créateur, Aes Sedai, et je ne pense pas devoir m'occuper des... erreurs que vous avez pu faire quarante ans auparavant. J'espère simplement que vos actions futures ne me feront jamais regretter d'être désormais votre Lige..."
Et il espérait aussi ne pas la décevoir. Pas encore une fois. Et à travers le lien, elle dut ressentir sa détermination à la défendre malgré tout, sans que lui-même comprenne exactement d'où elle lui venait. Il croisa son regard un instant, puis baissa de nouveau la tête et se remit à manger. A mesure que son esprit s'éclaircissait, il commençait à avoir faim. Et leur situation actuelle lui apparaissait dans toute son ampleur. Il demanda au bout d'un moment :
*Elessar écouta Enora et Shoran puis ferma les yeux quelques instants. Il remettait en place les pions sur l'échiquier géant qu'était le monde. Malheureusement Shoran ne savait pas grand chose, de plus il avait agit sur un coup de tête.
Le M'Hael soupira puis se frotta les yeux, combien de jour sans dormir ? Il ne savait plus, mais Enora était dans le même état, il le sentait via le lien. Une fois les données remise en place, il fit état des choses. Le plus important dans ce qu'avait dit Shoran était surement que la femme savait canaliser. Son nom était surement faux donc il donna sa première instruction.*
Si nous ne savons pas réellement qui est cette Dame Faisani, je suggère qu'elle soit immédiatement coupé de la source et sous bonne garde. Je ne sais pas ce dont elle est capable et je ne veux rien risquer. Si elle sait voyager, elle nous causera plus de problème qu'autre chose. Envoyez 2 Asha'man la couper de la source, cela devrait suffire, et je veux également quelle soit fouiller, évitons qu'elle garde un quelconque ter'angreal ou je ne sais quoi d'autre sur elle. Elle fera surement des histoires, donc dites lui que...C'est pour son bien...
Ho, et j'oubliais, si elle ronchonne au sujet des soins à donner à l'homme, qu'on le soigne.
*Il marqua une pause le temps que l'un deux fasse passer l'ordre dans le camps. Lorsque ce fut fait, et qu'il eut de nouveau leurs attention il continua.*
La Tour Noire à été attaqué Shoran, je ne pense pas que tu sois déjà au courant. Je n'y étais pas, il s'agit apparemment d'amis du créateur.
*Elessar n'aimait guère faire de cachoterie, mais il ne pouvait pas tout leur dire, pas encore.*
J'étais avec Demiandre à ce moment là. Lorsque j'y suis retourné, la bataille finissait, et, je ne sais pas comment c'est possible, mais j'ai vu une femme changer d'apparence, non loin de moi. Ce n'est pas que je n'ai jamais vu d'illusion mais, il y à deux problèmes, le premier est qu'elle utilisait le Saidin...Le second, est aussi intéressent. Je l'ai croisé quelques heures avant sous sa première apparence, et je n'ai pas détecté qu'elle ou qu'il, je ne sais pas savait canaliser.
Je ne connais pas l’identité de cette personne, mais cela m’interpelle.
*Nouvelle pause.
Il fit tourner une dernière fois la baguette entre ses doigts puis la pausa a plat d'un geste appliqué sur la table devant Enora et Demiandre.*
Enora et moi même, venons de dérober ceci à la tour. C'est une baguette des serments. Très simple d'utilisation, je compte faire prêter serment à toutes nos troupes, pour éviter certains désagréments...
"Je comprends... Vous ne semblez pas une Amie du Créateur, Aes Sedai, et je ne pense pas devoir m'occuper des... erreurs que vous avez pu faire quarante ans auparavant. J'espère simplement que vos actions futures ne me feront jamais regretter d'être désormais votre Lige..."
"Que comptez-vous faire pour l'heure ?"
Mélisande sourit à Owyn, satisfaite de le voir prêt à obéir et à lui faire confiance. Il serait temps de lui raconter le reste plus tard.
Bien sûr, utiliser la compulsion pour qu'il accepte tout d'elle aurait été plus facile. Mais outre qu'elle n'était pas douée avec ce tissage, elle savait qu'elle l'aurait regretté quand il l'aurait réalisé. Et pour être franche avec elle même, le daes dae mar et la ruse étaient bien plus amusants que n'importe quelle forme de coercition mentale.
-Merci de votre confiance Owyn. Je m'efforcerai de la mériter. Je n'ai jamais eu de lige jusque ici, et les débuts risquent d'être difficile. J'ai parfaitement conscience d'être parfois un peu autoritaire, reconnut-elle avec un sourire moqueur. Soyez déjà assuré d'une chose, je ne supporterai pas d'être couvée. Je suis une Aes Sedai et originaire d'Ebou Dar, je sais donc parfaitement me défendre. Par contre, je ne suis jamais contre une suggestion intelligente.
Je suppose que vous serez également rassuré de savoir que je ne vous confinerai pas dans une bibliothèque pour porter et aller reposer mes livres. Mais si vous voulez que nous nous entendions bien, vous aurez intérêt à vous cultiver et à comprendre de quoi je parle. Je ne supporte pas de parler à des imbéciles ignorants.
Si vous désirez vous même mettre quelques petites choses au point afin que nous commencions cette cohabitation sereinement, n'hésitez pas à me les dire. Je tâcherai d'en prendre compte.
L'Aes Sedai se releva et épousseta ses jupes.
-Et maintenant, dit-elle, je vais aller réclamer audience à cet Elessar Sedai.
Elle ouvrit le rabat de la tente et observa l'homme et la femme qui gardaient celle-ci. La femme au moins était capable de canaliser. elle avait là la confirmation que tenter d'ouvrir un portail aurait été un geste vain et vite interrompu.
-Pouvez-vous faire annoncer à Elessar Sedai que Mélisande, Aes Sedai de l'Ajah Brune est ici et désirerait lui parler ? Et rassurer nos compagnons sur la santé d'Owyn Gaidin ?
Sans attendre de réponse, elle referma le rabat et vint se rassoir près d'Owyn.
-Alors ?, demanda-t-elle. Des mises au point à faire, ou des conseils à me donner avant que je ne rencontre Elessar ? Vous le connaissez mieux que moi.
Malgré la tristesse qui sourdait toujours à travers le lien, Owyn eut un faible sourire aux paroles de l'Aes Sedai. Ce n'était pas vraiment le genre de femme qu'il aurait songé à 'couver'... et il ne se serait certainement pas laissé enfermer indéfiniment dans une bibliothèque, quoique plusieurs années de vie aux côtés d'une soeur Brune l'ait rendu bien plus patient à ce niveau que la plupart des autres Liges. Il acquiesça d'un signe de tête, mais ne dit rien pour le moment, légèrement troublé quoique son visage ne le laissât guère transparaître. Elle exposait si tranquillement ses règles de vie commune, comme s'ils n'étaient pas plus ou moins prisonniers d'un campement d'amis du Créateur... comme si elle ne l'avait pas lié sans son consentement. Comme si Alea ne venait pas de mourir. Son coeur se serra à cette pensée. Il lui faudrait encore du temps pour s'habituer à cette situation et à ce nouveau lien... mais pas à cause de l'autorité de Mélisande ou d'un quelconque trait de caractère.
Il l'observa alors qu'elle se levait et allait demander aux gardes à l'entrée d'informer Elessar. Elessar... A ce sujet aussi, il ne savait que penser... Et il aurait voulu le voir de ses propres yeux. Repoussant son repas presque achevé, il se redressa légèrement et s'assit en tailleur. Il était encore faible, mais plus assez pour que cela l'empêche de se lever. Sa détermination l'aiderait à tenir. Il secoua la tête à la question de l'Aes Sedai quand elle revint s'asseoir à ses côtés :
"Pas de mise au point, Aes Sedai... Je pense ne pas être trop difficile à vivre, et pas suffisamment idiot pour que cela vous indispose." Il sourit, bien que cela parut un peu forcé. "Quant à Elessar Sedai... il est déterminé et fier, pour autant que je me souvienne. Le genre qui ne supporte pas que l'on se mette en travers de son chemin. Je ne peux que vous enjoindre à une certaine prudence..."
Il marqua une pause.
"Je souhaiterais vous accompagner, si vous le permettez. Vous avez ma parole que je ne tenterai rien d'irraisonné."
Il n'était guère présentable, chemise déchirée et presque intégralement couvert de sang et de boue séchés, mais il n'en avait cure. Pour l'heure, il avait plus urgent à penser, semblait-il.
Mélisande fit la grimace lorsqu'Owyn lui décrivit Elessar. L'homme avait l'air aussi insupportable qu'elle. Cela promettait.
Elle jaugea du regard Owyn. Il avait l'air d'un mort sortit de sa tombe avec ses vêtements noirs de sang séché et son teint livide de la quantité de sang perdu. Parfait, songea-t-elle. Cela la servirait
-Très bien, déclara-t-elle. Mais jusqu'à ce que nous quittions cette tente ou qu'Elessar arrive, vous continuez à vous goinfrer jusqu'à ce que vous soyez capable de vous lever sans vertige.
Et je vous préviens d'avance que je risque de vous choquer dans mes paroles. Je vais utiliser le moindre atout pour nous sortir d'ici, et l'un d'eux est malheureusement la mort d'Aléa. Je l'utiliserai sans hésitation. Vous avez le droit de m'en vouloir, mais pas de manifester publiquement votre désaccord. A cette seule condition, j'accepte que vous m'accompagniez.
Ce que disait Elessar était troublant. Une femme utilisant le saidin? Cela semblait impossible, mais il ne pouvait mettre en doute sa parole. La Baguette des Serments le troublait aussi. Faire prêter Serment à tous les Asha'mans? Cela semblait excessif, mais en même temps extrêmement prudent...
Il allait répondre quand un Dédié se présenta à la porte de la tente, les informant que "Dame Faisani", en réalité une Aes Sedai de l'Ajah Brune, souhaitait voir Elessar Sedai.
"Je vais aller la chercher. Venez avec moi" Dit-il au messager. "J'espère que les autres gardes sont toujours là-bas à la surveiller."
Ils se mirent en route, passant au milieu des tentes, avant d'arriver devant une tente gardé par plusieurs Asha'man. Il pénétra à l'intérieur et regarda la femme et l'homme qui semblait se porter mieux qu'auparavant.
"Mélisande Sedai, c'est bien cela? Vous souhaitiez voir Elessar. Soit. Suivez-moi. Nous allons aller dans un endroit plus calme et où nous pourrons nous asseoir." Il ne souhaitait pas lui révéler tout de suite qu'il n'était pas Elessar. Autant la faire mariner un peu.
[d10] +5 (PU) = 10
Il saisit la Source et tissa un Écran qu'il plaça sur Melisande, la coupant de la Source. Il sentit un autre Asha'man tisser un autre écran par dessus le sien, pour renforcer ce dernier. Ce n'était pas la meilleur technique, mais les hommes ne pouvait former de cercle sans les femmes. Ils étaient obligés de travailler ainsi, en parallèle, plutôt qu'ensemble.
Il fut surpris de voir que le Lige venait aussi. Il ne semblait pas en état de marcher, mais il semblait pourtant tenir debout sans trop de difficultés. Ils se mirent donc en route, lui devant, l'autre Asha'man derrière, et les "invités" d'Elessar au milieu.
Owyn acquiesça d'un signe de tête, qui pouvait aussi faire office de remerciement, et se remit donc à manger le temps que quelqu'un arrive. Il n'avait plus faim à vrai dire, et son estomac était plutôt noué suite à ce que Mélisande venait d'ajouter. Utiliser la mort d'Alea comme un atout... L'idée ne lui plaisait guère, loin de là... que comptait-elle dire à ce sujet ? Il laissa passer un silence, mais finit par promettre d'une voix neutre :
"Très bien. Je ne dirai rien qui risquerait de nous porter préjudice d'une manière générale."
Peu de temps après le rabat de la tente s'ouvrit de nouveau, et il se leva rapidement, pris d'un vertige qui ne fut heureusement que de courte durée. Le premier homme était celui avec qui ils étaient arrivés de Tremonsien, et l'autre l'un des gardes qui surveillaient la tente. Owyn plissa les yeux à ses paroles. Puis se raidit légèrement lorsqu'il sentit que l'on venait de couper Mélisande de la Source. Sa main eut un mouvement nerveux, comme pour se saisir de son arme, mais il se ravisa, comme se montrer agressif serait plus que malvenu. Et il constata de toute façon que ses armes reposaient à quelques pas de là, sur la toile qui recouvrait le sol de la tente. Quoiqu'il en soit, le geste de cet homme pouvait passer soit pour une attaque, soit pour de la prudence, et il espérait plutôt qu'il s'agissait de la seconde option...
Mais alors qu'ils se mettaient en route, il ralentit l'allure et sa main se referma doucement sur le poignet de Mélisande, comme pour l'alerter. Il s'adressa directement à elle, assez fort pour que leur escorte les entende :
"Je connais Elessar Sedai, et ce n'est pas cet homme, Aes Sedai." Dans son propre camp, Elessar n'aurait eu aucune raison de conserver une fausse apparence. "J'espère qu'il nous conduit bien directement à lui."
Il avait promis de ne rien tenter d'idiot, mais ne pouvait empêcher une vive méfiance à l'égard de cet homme et de tous ses sbires. En outre, tomber dans un piège n'aurait pas vraiment été très bienvenu, et le bouclier qui bloquait Mélisande ne le mettait pas forcément dans de très bonnes dispositions.
Mélisande ne tenta même pas de se défendre quand un bouclier la sépara de la source pour la deuxième fois en quelques heures. Elle avait bien vu que l'homme était plus puissant qu'elle, et protester aurait été une erreur tactique cette fois-ci.
Elle fit signe de la tête à Owyn, puis sortit de la tente entourée de ses gardes en gardant la tête haute et un port de reine typique d'une Aes Sedai -étrange comme cela lui revenait d'instinct après quarante ans à biner des pommes de terre-. A la voir, on aurait pu croire qu'on l'escortait et non qu'on la gardait.
Elle hocha la tête au commentaire d'Owyn,et vérifia que sa dague était toujours à sa ceinture. S'il y avait un conflit de pouvoir entre Elessar et cet homme, elle ne comptait pas en subir les conséquences.
-J'espère que la tente d'Elessar Sedai n'est pas trop loin, dit-elle d'une voix égale, mais dans laquelle perçait un soupçon d'inquiétude. Vous n'êtes pas en état de marcher trop longtemps Owyn. Prévenez-moi si vous vous sentez faiblir.
"Je connais Elessar Sedai, et ce n'est pas cet homme, Aes Sedai. J'espère qu'il nous conduit bien directement à lui." Dit le blessé, Owyn s'il se souvenait bien, trop fort pour ses oreilles. Avec le saidin en lui, il entendait très clairement - trop peut-être - ce que disais cet homme à l'Aes Sedai.
"J'espère que la tente d'Elessar Sedai n'est pas trop loin. Vous n'êtes pas en état de marcher trop longtemps Owyn. Prévenez-moi si vous vous sentez faiblir." Declara ensuite Mélisande monotonement.
"Ne vous inquiétez pas. S'il faiblit, un de nos Asha'man l'examinera de suite. Et vous ne tarderez pas à voir le M'Hael. Son pavillon est juste en face" Dit-il en montrant du bras la haute tente trônant au centre du camp.
Ils s'approchèrent lentement, pour préserver Owyn, mais arrivèrent vite à l'entrée de la tente, et Shoran leva le rabat avec un flux d'Air avant d'entrer. Avec les Boucliers tissés, Elessar avait déjà remarqué leur arrivée bien avant qu'il n'annonce l'arrivée des deux personnes et se poste sur le côté droit de l'entrée, dos à la sortie et les bras dans le dos, la tête tournée vers les pétitionnaires.
Que l'on fasse même semblant de prêter une telle attention à son état de santé n'était pas vraiment agréable, mais du moins cela avait-il permis à Mélisande de lui répondre et d'attirer de nouveau l'attention de leur... guide. D'ailleurs, la réaction de ce dernier à leurs propos ne se fit guère attendre, et Owyn n'en fut pas mécontent. S'il avait eu d'autres projets jusque là, il semblait en tout cas en avoir dévié... Sa main relâcha le poignet de son Aes Sedai et il poursuivit sa lente marche, trop lente à son goût, comme une certaine impatience morose perçait derrière le voile de la tristesse, et l'empêchait pour l'heure de ressentir un trop vif épuisement.
Ils ne tardèrent pas à arriver cependant, et au moment de franchir les battants de tissu, Owyn jeta un rapide coup d'oeil aux alentours pour s'assurer qu'il n'y avait rien d'anormal, avant de ralentir un peu, pour se placer légèrement en retrait de Mélisande. Par-dessus son épaule, il observa néanmoins avec attention les deux personnes qui se trouvaient déjà dans la tente. Une femme, une Aes Sedai de l'ajah verte si ses souvenirs étaient bons, mais le nom lui échappait. Enora peut-être... Elle avait perdu son Lige il y a longtemps. Et Elessar Sedai, inchangé... Il le jaugea un instant du regard, et un mélange de colère et de déception l'étreignit avec force, un court moment, que seule Mélisande put deviner. Néanmoins, il s'inclina pour les saluer, avec froideur mais tout le respect que l'on pouvait attendre de lui.
"Aes Sedai..."
Il escomptait bien ne rien dire d'autre de tout l'entretien, à moins qu'on ne lui adresse directement la parole. C'était à Mélisande de faire son office à présent.
*Fatigue, tension et lassitude. C'est ce qu'elle ressentait au travers du lien. Elle songea qu'il faudrait qu'elle oblige Elessar à se reposer ne fût ce que quelques heures avant qu'il ne s'effondre de fatigue. A moins qu'elle ne le fasse avant. Elle repoussa cette pensée dans un coin de sa tête, là où elle sentait son lige, pour se concentrer sur la conversation. Elle fut déçue en apprenant qu'il n'avait pas de motif sérieux pour avoir emmené toute cette petite troupe ici et regretta presque d'avoir pris quelque peu sa défense. Elle se retint de soupirer. Elle ne savait pas où Elessar avait rencontré Shoran, mais il n'était probablement pas de la Tour. Ou en tout cas pas Aes Sedai. Garder la tête froide en n'importe quelle situation était une partie de leur formation et elle devait admettre que cela lui avait bien souvent sauvé la vie. Même si elle avait failli quelques fois... Elle écouta avec calme le Tsorovan M'hael relater les faits à Trémonsien... Ainsi Berislav y était. C'avait du être un beau bazar, pas étonnant que Shoran n'ait pas pris la peine de réfléchir.*
Des trollocs d'un autre Elu essayant d'attaquer Berislav? Ca n'a pas de sens... *elle émettait des suppositions à voix haute, se parlant plus à elle-même qu'autre chose.*
*Elessar prit ensuite la parole. La présence de la canalisatrice semblait l'irriter à un certain point, du moins plus que le reste du groupe, et il faisait tout pour le masquer. Elle sortit de la tente alors qu'il donnait ses injonctions, et les transmit à deux Asha'man avant de regagner la table de discussion, où Elessar expliquait ce qu'il s'était passé de leur côté. Elle haussa un sourcil en entendant que la Tour Noire avait été attaquée par un soit-disant groupe d'Amis du Créateur. Elle lança un long regard à son lige, ayant l'impression qu'il ne disait pas tout.*
Pas plus qu'une femme sachant manipuler le Saidin. *Elle fronça les sourcils.* Il faudra tâcher de se renseigner à ce sujet, ce n'est pas commun..
*A peine le M'Hael eut-il finit de parler qu'un messager entrait dans la tente, transmettant la requête de l'Aes Sedai. Shoran fut plus prompt qu'elle à s'en charger, cette fois-ci, et peut-être même arriverait il avant les deux Asha'man qu'elle avait envoyé un peu plus tôt. En tout cas, qu'ils ne comptent pas sur elle pour préparer le thé. Elle secoua la tête.*
Je suppose qu'elle vient négocier sa libération... Et probablement nous soutirer quelques informations au passage.
*Enora entreprit alors de faire bouillir de l'eau à l'aide de la Saidar. Une fois fait, elle fit infuser des feuilles de thé dans la théière en terre cuite en attendant que Shoran revienne avec l'Aes Sedai. Autant paraitre civilisés et offrir de quoi se désaltérer à leurs invités, surtout qu'elle pressentait que la conversation allait être virulente. Elle supposait que la Soeur Brune n'allait pas être à court d'arguments et qu'elle ferait tout pour qu'ils la laissent partir avec son Lige la Lumière sait où.*
*Sentant une bouffée d'air chaud sur sa nuque, elle se retourna alors que Shoran annonçait l'arrivée des demandeurs d'audience, bien qu'elle ait senti leur présence via la tension qu'elle avait pu ressentir au travers du lien. Elle les détailla un instant. Melisande Sedai avait adopté une attitude qui lui donnait une certaine importance, Enora pouvait voir une certaine détermination dans son regard. Son regard glissa ensuite sur le Gaidin, qu'elle savait être un des maîtres d'armes de la Tour pour l'avoir quelques fois croisé lors de ses brefs retours. Son sang se glaça dans ses veines en constatant son apparence. Un souvenir lointain et douloureux se superposa à sa vue, mais elle se garda de le refouler bien vite. Elle espérait que rien n'avait filtré à travers son masque froid et lisse et que sa voix serait suffisamment assurée. Elle coupa cependant court aux présentations et s'adressa à Melisande, la fixant de son regard noisette.*
Nous avons répondu à votre requête, Melisande Sedai. Au cas où vous pensiez vous entretenir seule avec le M'Hael, vous constaterez que ce privilège ne vous est pas accordé. A quel sujet souhaitez-vous nous entretenir?
*La Baguette des serments posé sur la haute table devant lui, Elessar avait ses yeux rivés sur elle. Il créait le vide autour de lui, puis saisit le Saidin. Non pas qu'il pensait avoir à s'en servir, mais la partie mal de la source, bien que ravivant certaines meurtrissures, prenait une grande partie de sa concentration et lui permettait d'avoir la tête froide. Et il allait en avoir besoin.
Les coudes posés sur la table, les mains jointes au niveau de sa bouche, il regardait droit devant lui. Enora était aussi exténué que lui mais tenait bon. Ils puisaient l'un et l'autre dans le lien pour rester "frais".
Enora semblait ruminer dans son fort intérieur, presque boudeuse par moment, mais n'en paraissait rien physiquement. Elle arrivait remarquablement à étouffer le lien quand elle ne voulait pas que le M'Hael lise en elle.
Cependant à l'arrivée de Mélisande et de son gaidin, il put sentir le mal qui la rongeait en voyant l'état de l'homme. Réminiscence d'un passé douloureux, mais le nouveau lien l'aiderait à surmonter sa peine, il le savait.
Il détailla à son tour l'homme qui suivait Mélisande. Il en vain même à oublier totalement la présence de la Soeur brune.
Il y avait quelque chose de commun dans cet homme plein de sang et de boue. Le regard d'Elessar semblait vide, presque mort, comme s'il n'était plus présent dans sa propre enveloppe charnelle. Pourtant ses yeux étaient posé sur le Gaidin.
La boue se détacha ainsi que le sang dans l'esprit d'Elessar pour laisser l'homme comme il aurait du être s'il n'avait pas été amoché. Ce fut à ce moment là qu'il le reconnut. Sang et Cendres qu'est ce que faisait Owyn, le maitre d'arme de la tour noire ici ?
Ses yeux auraient pu se plisser sous cette interrogation, mais rien ne fut. Le regard toujours vide il tourna légèrement la tête vers Mélisande puis la reporta sur Owyn.
Mélisande offrit un simple hochement de tête aux deux Aes Sedai. Il n'y avait qu'un minimum de respect dans son regard et dans sa posture.
Les deux Aes Sedai restaient impassible. Mélisande les observa quelques instants, mais nul nom ne lui venait à l'esprit. Si elle avait rencontré ces deux là, c'était brièvement.
Elle nota dans un coin de sa tête qu'Elessar était intrigué par la présence d'Owyn. Même s'il le cachait bien, son regard revenait trop souvent vers lui. Owyn semblait avoir le bon sens de se taire pour le moment, et de la laisser s'occuper d'engager la conversation.
La femme fut la première a parler. Mélisande la trouvait impatience. Une Verte sans doute, se dit-elle, ou peut être une Rouge. Mais certainement pas une Brune ou une Blanche.
-Un privilège ? En ai-je demandé ? Nullement. Je suis simplement venue saluer un frère - et une sœur semble-t-il - comme le veut la coutume. Mais vous savez mon nom, ma sœur, et j'ignore le votre. Je suppose que vous êtes vous aussi de l'Ajah Bleue ?
Shoran ricana dans son coin en entendant la justification de Mélisande Sedai.
"Comme le veut la coutume? Vous n'avez pourtant pas prit soin de vous présenter à moi quand nous nous sommes rencontrés, même après que je ne vous mette sous Écran. Vous auriez-dû logiquement penser que j'étais Aes Sedai. Quand vous dites 'vous êtes vous aussi de l'Ajah Bleue?' voulez-vous dire que vous en faites partie?" dit-il posément, portant une main à son menton d'un air dubitatif.
Il réfléchit un instant.
"Cela semble coller. Elle ne semblait pas extrêmement ravie de rester dans une ville pleine de Trollocs et un Réprouvé. Et elle semblait avoir vraiment envie que Demiandre reste avec elle. Et à mon avis, ce n'est pas parce que c'est un fuyard de la Tour. Et dernier point, elle n'a pas hésité une seconde à me tenir tête pour Guérir Owyn, bien que j'ai proposé de l'aider, tout du moins d'essayer, et qu'elle était sous Ecran et sous serment. Je ne pense pas que beaucoup de canalisateurs feraient cela." Il sortit de ses explications et regarda Mélisande.
"Mais je vous en prie, Mélisande Sedai" dit-il en appuyant sur le titre moqueusement, "je vous laisse continuer. A moins qu'Elessar Sedai" dit-il plus respectueusement en hochant la tête à son encontre, "n'ait quelque chose à ajouter?"
*Enora écoutait Mélisande, impassible. Elle allait répondre quand Shoran prit la parole, raillant la Brune. Elle en profita pour verser le thé dans des tasses fabriquées dans le même matériau que la théière. Elle en tendit une à Mélisande et en prit une pour elle-même. Elle laissa aux autres le soin de se servir s'ils en avaient envie.*
Eh bien, la coutume ne verra alors pas de mal à ce que nous partagions le thé pour échanger des amabilités dans ce cas. *Elle trempa ses lèvres dans le breuvage au cas où la Brune penserait qu'elle essayerait de l'empoisonner.* J'espère que vous l'aimez noir cependant, je n'ai pas trouvé de miel.
*Elle marqua une pause, son ton redevenant plus sérieux pour répondre à la question de l'Aes Sedai.*
Je m'appelle Enora, si un nom est vraiment important à vos yeux.
*Elle omit volontairement le "Sedai", ici, elle était le Baijan M'hael et non plus une canalisatrice de la Tour, même si elle ne pouvait pas vraiment renier son appartenance. Le propos qui suivit rejoignait celui de Shoran.*
Mon Ajah est la verte...
*Ce n'était pas vraiment un mensonge. Elle ne faisait pas officiellement partie de la Bleue, même si elle connaissait à présent certains membres. De plus, elle n'avait pas à communiquer cette information à Mélisande, elle avait dit qu'elle ne mettrait personne en danger suite à la demande de Raichel.*
Mais vous semblez en effet parler de la Bleue comme si vous étiez persuadée d'en connaitre des membres.
*Elle fixa intensément Mélisande par dessus le bord de sa tasse. Elle était curieuse de savoir comment elle était arrivée à cette déduction.*
Le canalisateur commençait à légèrement agacer Mélisande. Il ne semblait pas respecter les Aes Sedai, l'interrompait,... Elle aurait volontiers demandé son départ, mais cela aurait été très mal venu.
"Comme le veut la coutume? Vous n'avez pourtant pas prit soin de vous présenter à moi quand nous nous sommes rencontrés, même après que je ne vous mette sous Écran. Vous auriez-dû logiquement penser que j'étais Aes Sedai. Quand vous dites 'vous êtes vous aussi de l'Ajah Bleue?' voulez-vous dire que vous en faites partie?"
-Vous êtes bien ignorant maître. Les Aes Sedai se témoignent beaucoup de respect les uns aux autres, et prennent toujours le temps de se saluer et d'échanger des nouvelles lorsqu'ils se croisent.
*Elle omit de préciser que c'était davantage pour le plaisir des petites luttes de pouvoir et obtenir des informations que pour la joie de discuter entre pairs.*
-Quand à penser que vous étiez un Aes Sedai... Vous n'y pensez pas. Vous n'avez jamais été à la Tour, cela se voit à vos manières. Elles sont déplorables. Mais rien d'irrémédiable, rassurez-vous.
Sans répondre à ses questions, elle se retourna vers l'Aes Sedai et accepta avec un sourire et une légère inclinaison de tête sa tasse de thé.
-Merci Enora, déclara-t-elle en omettant elle aussi le Sedai. Il est parfait. Cela faisait longtemps que je n'en avait pas gouté de pareil.
Une verte ? Bien sûr... Vous en avez des caractéristiques indéniables. Il y en a qui peinent à trouver leur Ajah. Vous n'avez guère eu de mal vous n'est-ce pas ? Pour moi, je n'ai jamais pensé à choisir une autre Ajah que la Brune. Et pour être sincère, je n'ai jamais rejoint l'Ajah Bleue. Mais j'en ai croisé trois membres durant le temps que j'ai passé à la Tour.
Elle but lentement à sa tasse.
-Des imbéciles, conclut-elle avec un sourire amusé.
*Les yeux du M'Hael se tournèrent vers Shoran, sa voix coupa court à toute discussion, froide comme la glace.*
-Shoran, va donc ricaner dehors. Va Chercher Demiandre, et amène le ici et...Prends ton temps.
*Elessar n’appréciait guère ses manières et la fatigue plus ses nerfs à vif n'améliorait en rien son humeur. Cela ferait les pieds du T'sorovan M'hael, parfois, certains avaient besoin de redescendre de leur petit nuage.
Ses mains ganté de noire se posèrent sur la table, a plat, il poussa sur ses bras et se leva de sa chaise. Il contourna la table et vint se poster devant Mélisande. Elessar ne portait ni épée ni dragon en broche à son haut col, mais un exemplaire du dragon était brodé sur le manteau le démarquant des autres Asha'man, celui-ci semblait luire et bouger suivant l'éclairage.*
- Mélisande Sedai...La bannit je présume ? ravit de voir que la tour à de nouveau besoin de vous...
*Il marqua une légère pause.*
Allons bon, cessez donc vos manières, vous n'êtes pas à la tour entrain de prendre le thé. Vous êtes ici vous et votre clic par erreur, une terrible...erreur.
*La colère monta en lui qu'il réprima aussi tôt, foutu Shoran.
Il tourna le dos à l'assemblé et repris avant de se retourner à nouveau.*
Le problème est...Qu'il m'est impossible de vous laissez partir, vous et cela s'applique à tous les nouveaux arrivants.
Son regard sombre et creux resta un long moment plongé dans celui d'azur guère plus expressif d'Elessar Sedai, avant que la discussion ne s'emballe rapidement. Il ne savait que penser... et l'émotion qui troublait son esprit l'incitait plus que jamais à garder le silence. Voir cet homme qu'il avait entraîné, en vie et entouré d'amis du créateur, alors qu'Aléa était morte ravivait sa douleur, qui menaçait presque de se changer en haine. Et l'odeur métallique et prenante du sang qui imbibait ses vêtements lui montait à la tête et augmentait sa confusion. Par chance, le regard d'Elessar se détourna bientôt, et d'autres événements attirèrent bien vite son attention. Il ne se serait pas attendu à ce que Mélisande parle si vite de l'ajah bleue, mais si cette Elora Sedai avait bien le comportement respectueux d'une soeur envers une autre, il n'en était pas de même pour l'homme qui les avait escortés jusqu'ici. En écho à l'agacement de Mélisande, il sentit son énervement augmenter, mais se résolut à rester silencieux. De toute façon, le dénommé Shoran finit bientôt à la porte, et après un silence qui aurait pu s'avérer pesant s'il avait duré plus longtemps, Elessar prit finalement la parole.
Les négociations ne s'annonçaient pas faciles, si ce dernier partait d'office du principe qu'il ne pouvait les laisser partir... Il doutait que Mélisande abandonne si facilement, mais ce serait probablement aussi le cas d'Elessar... Et s'il s'efforçait de lui faire confiance, il ne pouvait s'empêcher de se demander ce que préparait la soeur brune. L'entendre débiter des banalités avec cette verte avait quelque peu mis à mal sa patience déjà chancelante, et il espérait que le ton allait rapidement changer après ces quelques mots d'Elessar. Et que la lettre d'Alyn constituerait un élément suffisamment important, quoiqu'il en doutât. Le fait que Mélisande soit attendue par les Aes Sedai de Cairhien pouvait aussi constituer une certaine menace. Leur disparition serait bien vite remarquée.
Anxieux quoiqu'il s'efforçât de le dissimuler, Owyn se raidit cependant légèrement à la question d'Elessar, qui s'adressait visiblement à lui. Son poing se crispa, et penser que l'Aes Sedai n'était peut-être pas le commanditaire du meurtre d'Alea ne l'aidait pas vraiment. Après quelques secondes, il répondit finalement avec une froideur qui masquait mal sa tristesse et sa rage :
"Elle est morte... hier soir, dans une attaque." Il inspira profondément, avant d'ajouter sur le même ton : "Avant de retourner dans l'étreinte de la Mère, elle a transmis le lien à Mélisande Sedai."
Il se tut, ne souhaitant guère parler davantage comme sa gorge se nouait malgré lui. Mentir au sujet de la mort d'Alea lui coûtait, mais c'était une façon comme une autre de protéger Mélisande... du crime qu'elle avait commis en le liant sans son accord, mais aussi en expliquant clairement à Elessar ce que représentait désormais la soeur brune pour lui. La dernière raison de sa survie. Il détourna ensuite les yeux, espérant que Mélisande aurait profité de cet intermède pour réfléchir à sa réponse... et que celle-ci ne tarderait pas.
Surpris par cette brusue rebuffade, Shoran tourna les talons, sans plus de formalité, et sortit de la tente. Devant la tente, mais pas à proximité immédiate, se trouvaient deux Soldats de faction, et Shoran se dirigea vers eux. Il demanda l'endroit où se trouvaient les tentes des dernières recrues, et suivit la direction indiquée par ces derniers. Ces derniers temps, le recrutement allait bon train, et ses absences fréquentes faisait qu'il n'était plus totalement au fait de ce qu'il se passait dans le camp. Il allait devoir remédier à cela, sans quoi sa place de Tsorovan'm'hael ne rimerait plus à rien.
Après quelques minutes de déambulation dans l'enchevêtrement des tentes, Shoran arriva devant une des "résidences" pour Soldats, les tentes les plus petites qui cerclaient le camp. Il entra dans cette dernière et vit Demiandre, sur sa couchette.
"Tu es demandé par le M'hael. Suis-moi." Il était un peu frustré. Elessar était d'un naturel assez dur, mais la façon dont il l'avait congédié ne lui correspondait pas. Il doit vraiment être sous pression, conclut il finalement.
-J'ai effectivement été bannie de la Tour pendant quelques années, répondit Mélisande à Elessar tout en continuant à boire son thé. J'imagine que vous en connaissez les raisons ? Sinon, soyez certain que je suis prête à vous détailler cette histoire. En échange de réponses, bien sûr.
Elle fronça les sourcils en entendant l'Aes Sedai parler d'erreur et, à mots voilés, d'emprisonnement. Mais avant qu'elle n'ait eu le temps de réfléchir à sa réponse, il se tournait vers Owyn. C'était un impulsif, décida-t-elle. Probablement un vert à l'origine.
Elle fut reconnaissante du mensonge d'Owyn. Tout en s'en voulant de ne pas avoir pensé à lui ordonner de dire cela, elle était heureuse de voir qu'il lui faisait suffisamment confiance pour ne pas lui causer un surplus d'ennuis.
-Ce sont des amis du Créateur qui ont causé la mort d'Aléa Sedai, Elessar, reprit Mélisande après avoir laissé à Owyn quelques secondes pour se recueillir. Elle était en chemin pour des affaires de la Tour. Et ce que n'ose demander Owyn Gaidin, c'est de savoir si vous étiez au courant. L'étiez-vous ?
-J'ai effectivement été bannie de la Tour pendant quelques années, répondit Mélisande à Elessar tout en continuant à boire son thé. J'imagine que vous en connaissez les raisons ? Sinon, soyez certain que je suis prête à vous détailler cette histoire. En échange de réponses, bien sûr.
*Elessar plissa les yeux, comme si son regard reprenais vie, il n'était pas là pour jouer, et il avait l'intention de lui faire savoir.*
- Les commérages dont j'ai ouïe dire me suffise amplement, je vous remercie.
*C'est alors qu'Owyn s'exprima à son tour.*
"Elle est morte... hier soir, dans une attaque. Avant de retourner dans l'étreinte de la Mère, elle a transmis le lien à Mélisande Sedai."
*Le M'Hael tiqua. L'histoire lui paraissait fort étrange, possible, mais saugrenue. C'est alors que l'aes sedai continua sur la lancé de son lige.
-Ce sont des amis du Créateur qui ont causé la mort d'Aléa Sedai, Elessar, reprit Mélisande après avoir laissé à Owyn quelques secondes pour se recueillir. Elle était en chemin pour des affaires de la Tour. Et ce que n'ose demander Owyn Gaidin, c'est de savoir si vous étiez au courant. L'étiez-vous ?
*Son visage sans expression aucune ne fut pas entacher lorsque Mélisande oublia volontairement son titre. Il tourna la tête vers Owyn, il semblait mal en point malgré les efforts qu'il se donnait pour être présent à ce simulacre de réunion.*
-L'aurais-je demander si j'étais au courant ? Si j'eusse été de cet acabit, j'aurais choisit l'ajah noire.
*Ses yeux se plissèrent à nouveau, cette fois réellement animée d'une légère lueur. Il ignora Mélisande et répondit directement à Owyn.*
-Tu me connais Owyn, rien à changer depuis le jour ou tu m'entrainais. Absolument rien. Mais si cela peut te rassurer, je n'ai rien à voir, et aucunes des personnes se trouvant dans ce camps et sous ma responsabilité avec leur meurtre d'Aléa Sedai.
*Il ouvrit la main sur le côté et un flux d'air souleva sa coupe à moitié vide jusqu’à ce qu'il la saisisse.*
-Tu dis qu'Aléa aurait transmis le lien avant de mourir à Mélisande...
*Il but une gorgé de vin.*
-Etrange qu'en pleine attaque, celle-ci pense plutôt à transmettre le lien plutôt qu'a se défendre, n'est-il pas ?
Mélisande se trompait sur un point, il ne se demandait pas si Elessar était au courant de la mort d'Alea... Il savait qu'il n'en était rien, et peut-être même que toute son armée ici présente n'en avait aucune idée. Mais ils étaient des Amis du Créateur, tous très probablement, et c'était tout ce qui comptait. N'importe qui ici aurait probablement ordonné le meurtre d'Alea s'ils avaient pu y trouver un quelconque intérêt. Et la tristesse et la haine ne l'incitaient pas, pour l'heure, à faire des nuances. Il soutint pourtant le regard de l'Aes Sedai alors qu'il parlait, mais ses paroles ne parvinrent pas à trouver le chemin de son âme ou même de sa raison. Les souvenirs qu'Elessar tentaient d'évoquer étaient désespérément entachés. Il se força pourtant à rester neutre, et répondit simplement, d'une voix basse et dépourvue d'intonation :
"Beaucoup de choses ont changé, Elessar Sedai."
Il ne savait plus s'il l'avait tutoyé, appelé simplement Elessar à une époque. Mais après de tels événements, la familiarité de l'homme lui semblait presque déplacée.
La question que ce dernier posa d'un air méfiant, en revanche, ne le fit même pas broncher. Cette fois-ci, il n'avait que la vérité à dire, même si elle était bien douloureuse à évoquer...
"Nous n'étions pas en plein combat, Aes Sedai. Quand j'ai senti sa blessure, j'ai fui avec elle pour essayer de rejoindre Tremonsien, et qu'elle soit soignée. Elle est morte sur le chemin."
Morte contre lui. Et il se rappelait encore de la sensation de sa vie qui s'échappait bien trop rapidement. La tête lui tournait de repenser à tout cela, et il sentait une certaine faiblesse peser de nouveau sur ses épaules. La conversation n'allait pas dans le bon sens... Se raccrochant à la sensation trouble du lien avec Mélisande, il rajouta bientôt :
"Je ne souhaite pas en parler davantage. Je ne crois pas que ce soit le sujet de cette conversation."
"Nous n'étions pas en plein combat, Aes Sedai. Quand j'ai senti sa blessure, j'ai fui avec elle pour essayer de rejoindre Tremonsien, et qu'elle soit soignée. Elle est morte sur le chemin."
"Je ne souhaite pas en parler davantage. Je ne crois pas que ce soit le sujet de cette conversation."
*Elessar leva un sourcil.*
-En réalité, il n'y a pas de "sujet" à cette conversation, Gaidin.
Mais je terminerais sur le fait que, blessée à mort, une Aes Sedai de quelconque Ajah qu'elle soit, qui arrive à saisir la source pour enfin rediriger le lien de son lige...C'est digne de figurer dans une chanson de barde. Vous pouvez être fier d'elle Owyn.
*Si l'homme voulait le prendre sur ce ton, il n'allait pas aller contre sa convenance, son rôle dans l'histoire lui avait retiré tout lien d'amitié avec n'importe qui, excepté peut être Shoran.*
Aelfinn de la PierreModo - Jury des Joutes - Conseil RPRelecteur
Qu'allait devenir sa vie, dans un camp de canalisateur, enrôlé comme recrue dans une armée qu'il n'avait pas choisi de rejoindre? Il pensa à l'uniforme porté par les soldats. Des tuniques noires à haut col, des épées, et la discipline qui allait avec... Porter du noir dans un désert! Il réfléchi et se dit soudain que Shoran, Elessar et la femme ne transpiraient pas... Et certains des Asha'mans non plus. Comment faisait-ils?
Il tripotait l'uniforme qui lui avait été donné, tandis que Shoran pénétrait dans sa tente. Elle devint soudainement bondée.
"Tu es demandé par le M'hael. Suis-moi." dit-il abruptement. "Et change toi avant. Je reste dehors." sur quoi il sortit, attendant devant l'entrée.
Demiandre se leva, tenant la tunique, et entrepris de la mettre sur lui. Elle était serrée aux entournures, et il avait du mal à lever les épaules. Et il sentait déjà la température qui montait. Était-ce le jour se levant, ou le vêtement?
Une fois mise, il enfila les bottes noires et ceint l'épée à sa ceinture. Une fois prêt, il se dirigea vers la sortie et souleva le pan.
Shoran tourna la tête vers lui, hocha et se mit en marche. Demiandre le suivit, adoptant son allure. Il n'avait pas son uniforme, lui. Il se déplaçait avec une grâce étrange, et son épée à lui ne le faisait pas trébucher, ni vint se ficher entre ses jambes.
*Quelle arme! Impossible de se mouvoir correctement avec. Rien de mieux que les couteaux. Mais les miens sont malheureusement dans une auberge qui est certainement brûlée à des centaines de lieues d'ici.*
Ils arrivèrent bien vite au pavillon d'Elessar, au centre du camp. Après qu'un garde ai annoncé leur arrivée, Shoran rentra dans la tente, non sans faire un geste à l'attention de Demiandre de patienter dehors un instant.
Une fois vêtu, Demiandre sortit de la tente et le suivi à la trace au travers du camp, tandis qu'ils se dirigeaient vers le pavillon. Une fois arrivé, Shoran indiqua à Demiandre de rester dehors par un mouvement de la main, et entra dans la tente.
L'ambiance était tendue. Enora sirotait son thé, observant calmement la situation. Elessar, une coupe de vin à la main, regardait Owyn d'un air étrange. Il ne voyait pas le visage de Melisande, mais il l'imaginait volontiers dépitée.
Quand Elessar le vit, il lui fit un signe de tête pour lui faire comprendre que Demiandre était dehors.
En réalité, il y avait bien un sujet à cette conversation, mais Elessar l'ignorait encore. Il espérait simplement que Mélisande le sortirait de cette situation et se déciderait bientôt à en venir au fait. Il ne tenait pas à rester plus longtemps ici... dans cette tente ou dans ce camp, peu lui importait. Et il se moquait bien aussi de ce que pouvait penser l'Aes Sedai de son mensonge. Il ignorerait de toute façon pourquoi et comment Mélisande l'avait lié, et n'avait aucune idée de ce qu'avait pu être la mort d'Alea... Et lui n'avait pas besoin de son ironie pour être fier de la défunte. Fier... mais surtout infiniment triste. Pour l'heure, il ne parvenait même pas à regretter l'homme qu'il avait connu à la Tour Noire, et qu'il n'arrivait plus à associer à cet Ami du Créateur. Le regardant simplement, il demeura muet, et tourna simplement la tête vers l'entrée quand Shoran y parut de nouveau. Il fallait espérer que ce petit tour dehors l'avait calmé, car il aurait probablement quelques difficultés à supporter davantage de sarcasme de sa part. À travers le lien, Mélisande pouvait sentir sa tension, et l'énervement et la douleur qu'il ne dissimulait plus qu'à grand peine.
*Enora reposa sa tasse de thé sur la table alors qu'elle y avait à peine touché, écoutant attentivement la conversation et les éléments qui en ressortaient. Elle croisa les bras sous sa poitrine, un peu exaspérée par le ton de Mélisande. Sentiment probablement exacerbé par la colère d'Elessar que diffusait le lien avant qu'il ne la réprime. Elle haussa un sourcil, mais son ton calme dénotait avec son attitude.*
Si vous êtes venue nous demander audience pour parler du choix d'Ajah, je peux me charger de vous reconduire à votre tente sans plus de formalité et m'assurer que vous ne comparaitrez plus devant nous avant un long moment, Aes Sedai. De plus, j'imagine mal que vous ayez croisé des membres de la Bleue à la Tour sans en avoir fait part pour obtenir une réduction de peine. A moins que la vie champêtre ne vous intéressait tant que ça...
*Elle savait que ses propos serait pris pour de l'impatience ou de la brusquerie, mais elle n'en avait que faire. La canalisatrice leur faisait perdre leur temps en tournant autour du pot comme elle s'évertuait à le faire. Elle ne comprenait pas non plus comment une Aes Sedai qui avait été bannie pouvait simplement s'imaginer retourner à la Tour comme si de rien n'était. Enora ne connaissait pas les raisons de ce bannissement, mais elle s'imaginait mal le berceau des Aes Sedai pardonner quoi que ce soit, surtout si c'était important.*
*Son visage se tourna vers les deux hommes. Ainsi Owyn avait perdu l'Aes Sedai à laquelle il était lié. Elle comprenait mieux la colère et la douleur qu'il avait du mal à contenir dans sa voix. Il était naturel qu'il cherche à la venger des amis du Créateur qui avait orchestré l'attaque de la Tour, elle avait eu le même ressenti à la perte de son lige mais son esprit avait fort heureusement été absorbé par d'autres tâches qui l'avait empêchée d'entreprendre la moindre action dans ce sens. Enora était tout de même réservée sur l'identité des assaillants de la Tour, même si c'était la deuxième fois qu'elle entendait cette hypothèse. Etait-ce vraiment des amis du Créateur ou un subterfuge retors de la Tour -de certaines Ajahs- pour faire miroiter certaines illusions? Elle aurait peut-être pu le savoir si elle était revenue plus tôt à la Tour... ou tout semblait être revenu à la normale quand elle y était arrivée.*
*Enora n'apprécia pas vraiment les railleries d'Elessar à propos de la manière dont Aléa avait soit-disant transmis le lien, même si c'était peu plausible, mais elle savait pertinemment bien que la compassion ne changerait rien. Elle espérait que son regard n'en était pas trop teinté. Elle n'ajouta rien, la provocation offrait souvent de meilleurs résultats pour désarçonner la partie opposée, à condition d'avoir soi-même la tête suffisamment froide.*
*Son attention fut captée par Shoran entrant dans la tente. Il avait probablement amené le nommé Demiandre ici, mais elle se demandait pourquoi Elessar avait besoin de lui à cet instant précis.*
Mélisande écoutait d'une oreille la discussion entre Owyn et Elessar. Elle sentait la souffrance de son lige, morale et physique, devenir de plus en plus forte.
Au moins, Elessar semblait accepter cette histoire de transmission de lien. Mais il faudrait l'améliorer pour qu'elle soit plus crédible aux yeux de la Tour.
-Owyn, asseyez-vous, lui intima-t-elle doucement quand il eut finit de converser avec Elessar. Vous êtes épuisé.
Ce fut à ce moment que Shoran et Baer -ou Demiandre ? était-ce ainsi que l'avait nommé Elessar ? Ainsi, elle n'était pas la seule à avoir menti sur son nom- choisirent pour revenir. Elle les regarda quelques secondes, incertaine de ce qu'elle pouvait dire devant eux. Mais elle n'avait guère le choix.
-Je vous crois quand vous dites ne rien savoir dans les raisons de la mort d'Aléa, murmura Mélisande comme pour elle-même. Mais comprenez que cela me préoccupe. Elle était en chemin pour me conduire à la Tour. La Tour qui me rappelle de quarante ans d'exil pour avoir été un peu trop curieuse et en savoir trop sur certaines affaires concernant la Lumière. La coïncidence est trop grande. Est-ce moi qu'on a cherché à tuer, ou elle ? Les Amis du Créateur auraient plutôt eu intérêt à me faire révéler ce que je sais. Même si ce n'est pas grand chose.
Elle redressa la tête et regarda Elessar dans les yeux.
-Jouons cartes sur tables, voulez-vous ? je ne suis pas une Amie du Créateur, et je ne les tiens pas en grande estime. La plupart sont des idéalistes rêveurs et incapables ou des fanatiques plus dangereux que le plus fidèle servant du Grand Seigneur. Mais je ne suis pas leur ennemie non plus. Ils m'indiffèrent tout au plus.
Mais il se trouve que je suis trop curieuse pour mon propre bien. C'est pourquoi je me retrouve ici avec vous. J'ai donc quelques informations qui pourraient vous intéresser. Je suis prête à vous les échanger contre nos libertés.
-Jouons cartes sur tables, voulez-vous ? je ne suis pas une Amie du Créateur, et je ne les tiens pas en grande estime. La plupart sont des idéalistes rêveurs et incapables ou des fanatiques plus dangereux que le plus fidèle servant du Grand Seigneur. Mais je ne suis pas leur ennemie non plus. Ils m'indiffèrent tout au plus.
Mais il se trouve que je suis trop curieuse pour mon propre bien. C'est pourquoi je me retrouve ici avec vous. J'ai donc quelques informations qui pourraient vous intéresser. Je suis prête à vous les échanger contre nos libertés.
- Hm!
*Le sourire d'Elessar se pinça et son regard suivit. Il avait bien écouté Mélisande, voilà donc le but de cette pseudo réunion. Shoran entra lui indiquant que Demiandre était à l'entrée de la porte, celui-ci attendrait quelques temps devant, le M'Hael voulait d'abord bien faire comprendre les choses à Mélisande.*
- Ils vous indiffèrent ? Le M'Hael lui lança un doux sourire. Il va peut être falloir que vous changiez d'avis. Une guerre se prépare Aes Sedai. Il faudra choisir un camp. Ne me voyez pas comme un ami du Créateur, je suis avant tout, hm...Vous pouvez appelez ça, un Ami du Dragon, comme tous ceux présent ici. Vous trouvez peut être que nous ne sommes pas assez ? Tous les présents de ce camp savent canaliser, et malheureusement pour vous, vous avez vu ce camp, pire encore vous m'avez vu moi, ainsi qu'Enora.
*L'homme fit tourner ce qui restait de vin dans sa coupe et la but d'un trait. Le verre décolla ensuite de sa main pour se reposer de lui même sur la table.*
- Je ne peux me permettre de vous relâcher libre, quelque soit vos informations.Son sourire disparut de ses lèvres, on put se demander s'il avait été réellement présent ou si ce n'était qu'un mirage.
- Vous avez le choix, nous rejoindre de votre grès ou...Vous serez garder sous bonne garde tout au long de votre vie. Je suis sur que les Sagettes aimerait avoir une nouvelle apprentie..Comprenez moi, je n'aime pas plus que ça vous imposer ce choix. Mais dans le cas contraire..
*Il baguette se retrouva dans sa main et il lui montra pour voir sa réaction.*
L'esprit plus confus que jamais, Owyn acquiesça d'un signe de tête et s'assit comme l'ordonnait Mélisande. Il était épuisé, certes, mais surtout, cette brève conversation avait suffi à faire remonter toutes les émotions contenues de la veille. La gorge nouée, il ne parla plus, et se contenta d'écouter l'échange entre Mélisande et Elessar, soulagé que la soeur Brune en vienne enfin droit au but. En revanche, ses épaules se raidirent malgré lui à la réponse d'Elessar. Il aurait dû s'en douter... mais il ne se serait pas attendu à ce que l'Aes Sedai refuse catégoriquement tout marché. Sa fatigue actuelle l'avait probablement empêché de prendre toute la mesure du camp dans lequel ils se trouvaient, mais ce devait être quelque chose de particulièrement important... et inquiétant. Une vague d'appréhension le submergea. Seraient-ils obligés de rester ici ? De s'allier à ces gens ? ... Non, cela son esprit le refusait catégoriquement. Sa main se crispa légèrement alors qu'Elessar présentait à Mélisande une étrange baguette, et il se releva. Il ignorait de quoi il s'agissait, mais craignait de le découvrir assez tôt. Silencieux, il guetta la réaction de Mélisande, et les émotions qu'il sentait filtrer du lien. Il espérait secrètement qu'elle avait une dernière carte dans sa manche pour les tirer de cette situation, et qu'ils n'auraient pas à se soumettre aux conditions d'Elessar. Sans quoi, à moins que la soeur Brune ne le contraigne à agir différemment, il choisirait sans hésitation l'enfermement plutôt qu'une quelconque association. Du moins jusqu'à temps de trouver une autre solution.
-Une baguette des serments... murmura Mélisande en voyant l'objet que lui tendait Elessar.
Elle avait parlé plus pour renseigner Owyn que pour elle-même. Elle demeura un long moment silencieuse, réfléchissant aux possibilités qui s'offraient à elle.
-Je suis une Aes Sedai Elessar, finit-elle par dire avec hésitation, cherchant ses mots, et avec plus de sincérité qu'elle n'avait montré jusque-là. Ce que vous me demandez, c'est une trahison envers ce que je suis. Pas une servante de l'Ombre ou de la Lumière, mais de la Tour.
Accepteriez-vous un compromis ? Momentané du moins ! Si Owyn et moi jurons sur cette baguette de garder le silence sur tout ce que nous avons vu et entendu ici depuis notre arrivée et sur les identités des gens qui sont ici, accepteriez-vous de nous parler un peu plus de vos projets et de la place que vous nous y donneriez ? Avant de prendre une décision, je voudrai savoir dans quoi je m'engage, quels risques je prend, et si je suis prête à en payer le prix. Acceptez-vous cela ? Je jurerai selon les termes de votre choix.
La Baguette décolla de la paume du M'Hael, virevoltant dans l'air, se figeant a quelques cm du visage de Mélisande. Son visage était sous un masque si lourd, que ses épaules étaient prête à se vouter. Se redressant, il prit une grande inspiration puis lâcha ces quelques mots.
- Je vais tenter d'être clair une fois pour toute, Aes Sedai. Soit vous acceptez de prêter serment sur la baguette, serment qui sera prêter par tous les présents de ce camps. Soit ce sera une éternité de noviciat auprès des sagettes, et ce, couper de la source jusqu'à la fin de la guerre.
- J'entends que si vous prêtez serment, vous aurez, comme tout ceux ici, accès à nos plans et autre réponses que vous désirerez. A la condition d'obéir au dragon, la lumière ou son représentant. Qu'elle est votre réponse Melisande Sedai ?
Ses bras se croisèrent sur sa poitrine, ses yeux perçant fixer sur elle, laissant le lige de côté. D'un signe de tête il fit signe à Shoran de faire entrer Demiandre.
Pendant ce temps, dans une tente à l'autre bout du campement:
Alyn finit de manger et s'adressa à Galain:
"Ce M'hael a raison, essayer de quitter cet endroit en usant des moyens conventionnels serait suicidaire. Et Dame Faisani voudra certainement savoir ce qui se passe ici avant de partir. Si ces corbeaux la laissent faire. Avez-vous une idée pour nous sortir de ce pétrin? Parce que moi, je n'en ai aucune. A part essayer d'en apprendre le plus possible sur ces gens et la raison de leur présence ici."
Galain se retourna sur sa couche sans répondre à la question. Il est sans doute encore fatigué... Bon! Puisque ces paresseux préfèrent dormir, allons voir ce qui se passe dans ce campement et comme se porte Owyn Gaidin.
Il sortit de la tente, la chaleur encore plus intense à l'extérieur. Hum, je ferais mieux de prendre une outre d'eau avec moi, je ne sais pas combien de temps ça va prendre de retrouver les autres. Alyn revint à l'intérieur de la tente le temps de trouver l'objet désiré, de vérifier son contenu et il ressortit. Les gardiens à l'extérieur de la tente le regardèrent faire, sans l'en empêcher.
Bon, au moins, on est pas confinés ici... C'est déjà ça. Il observa le soleil pour s'orienter et partit dans la direction dans laquelle il avait cru voir partir l'Aes Sedai et le Maître d'Armes. Le campement s'étendait, immense, mer de tentes peuplée de poissons d'ébène. Les hommes en noir ne semblaient pas lui prêter attention, l'évaluant d'un rapide coup d'œil puis retournant vaquer à leurs occupations.
En chemin, il repensait à la soirée précédente, à son arrivée dans le vilage, à la disparition de l'aubergiste, l'arrivée de Galain; Qui est-il vraiment, celui-là?, la rencontre avec le poing d'un inconnu et plus tard avec Owyn Gaidin, une Aes Sedai, et plusieurs inconnus dont une jeune femme taciturne et un homme aux yeux dorés, ainsi qu'un homme Aes Sedai, et un autre prénommé Baer, dont beaucoup semblaient vouloir s'attirer les faveurs. Sans oublier Maître Gaeldron, ce brave homme à qui ils avaient dérobé sa monture et qui n'avait rien à voir dans toute cette histoire. Et les trollocs, ces créatures gigantesques et pires que dans les contes que lui narraient ses oncles quand il était petit. Pourquoi ont-ils attaqué le village? S'ils savaient que j'avais la lettre, ils auraient dû m'attaquer tant que j'étais seul dans les bois, pas sur la place d'un village et encore moins dans une auberge! Et cette lettre, comment vais-je la récupérer? Mais d'abord retrouver Mélisande Sedai!
Le visage de Mélisande était totalement impassible face aux menaces très précises d'Elessar. On aurait pu croire que l'Aes Sedai n'était pas touchée par ses mots.
Mais intérieurement, elle bouillonnait, et son lige pouvait sentir toutes ses émotions. Il y avait de la peur qui filtrait à travers le lien, de l'indignation, et une rage brûlante, entièrement tournée vers Elessar.
Elle saisit la baguette des serments des deux mains, et prononça son serment d'une voix ferme, en articulant soigneusement chaque mot.
-Sur mon espoir de réincarnation, je jure de rester fidèle à la voie de la Lumière. Sur mon espoir de réincarnation, je jure de suivre et de prêter fidélité au Dragon lorsqu'il se présentera au monde, et à son représentant jusque là. Sur mon espoir de réincarnation, je jure de ne rien révéler de ce que j'aurais vu ou entendu au service de la Lumière et du Dragon.
Quand elle eut fini de prêter ce triple serment, elle sentit les serments qu'elle avait juré à la Tour se délier, et avec eux, son allégeance au Grand Seigneur. Mais elle n'avait fait qu'échanger trois serments de servitude pour trois autres.
-J'ai fait comme vous le désiriez Elessar, déclara Mélisande en lui rendant la baguette. Je prie pour avoir fait le bon choix.
Elle se tourna vers Owyn.
-Vous êtes mon lige désormais Owyn. Mais sachez que je ne vous considère pas un lige comme un simple chien comme certains Aes Sedai. Vous êtes libre de prêter ce serment, tout comme je l'ai été. A vous de choisir.
Si sa voix restait aussi neutre qu'auparavant, le lien pouvait transmettre au lige la rancune de l'Aes Sedai. Mais il pouvait peut-être aussi percevoir le léger amusement de Mélisande face à cette situation. Elle restait suffisamment sûre d'elle et décidée, et s'efforçait de le faire comprendre à son lige par le lien.
Peur et fureur. Les émotions de l'Aes Sedai se confondaient avec les siennes, d'une force telle qu'il ne put s'empêcher de détacher son regard d'Elessar, qui venait de parler, pour l'observer un court instant. Impassible, elle portait à la perfection le masque des Aes Sedai alors même qu'il aurait pu l'imaginer sur le point d'exploser. Et lui-même sentait malgré lui son cœur battre un peu trop fort contre sa poitrine, partagé entre la tristesse, la haine et la colère. Envers cette situation, qui était la pire qu'il aurait pu imaginer. Envers Elessar sans doute, associé à une sorte d'amertume. Et aussi, bien qu'il ne le comprît pas encore tout à fait, colère de voir son Aes Sedai contrainte à un serment qu'elle ne souhaitait guère, sans qu'il pût rien y faire. Il détestait plus que tout cette sensation de faiblesse, de ne pas être en mesure de la défendre. Une nouvelle fois... Sa gorge se noua, et il serra le point avec force alors que Mélisande prononçait les serments demandés. Il ne ferait pas de même... Jamais, quoi qu'il en coûte... Il... ne pouvait pas.
Mais ses certitudes se changèrent bien vite en confusion lorsque l'Aes Sedai se tourna vers lui. Et alors qu'elle lui offrait le choix qu'il avait espéré, il lui rendit un regard qui contenait peut-être une certaine détresse, reflet du dilemme qui agitait son âme et qu'elle percevait sans doute avec force. Servir ceux qui étaient responsables de la mort d'Alea... Il s'y refusait. Et la seule tristesse qui l'habitait aurait suffi à lui faire rendre les armes et à se constituer prisonnier. Mais il était de nouveau un Lige, d'abord sous la contrainte certes, mais il avait promis qu'il protègerait Mélisande et se rangerait à ses décisions. De la protéger pour tenter de laver ses erreurs. Prisonnier, il ne lui serait guère d'une quelconque utilité... il ne pourrait la défendre ni contre ces gens, ni contre leurs adversaires, quels qu'ils soient. Très pâle, il sourit doucement à la Sœur Brune comme pour cacher son trouble.
"C'est un choix que j'aurais préféré ne pas avoir, Mélisande Aes Sedai."
Il se détourna vers Elessar, regardant l'homme qu'il avait connu avec un mélange de tristesse et de sombre détermination. D'une voix terne, il répéta les serments :
"Sur mon espoir de réincarnation, je jure de rester fidèle à la voie de la Lumière. Sur mon espoir de réincarnation, je jure de suivre et de prêter fidélité au Dragon lorsqu'il se présentera au monde, et à son représentant jusque là. Sur mon espoir de réincarnation, je jure de ne rien révéler de ce que j'aurais vu ou entendu au service de la Lumière et du Dragon."
Il recula d'un pas, sentant ses paroles résonner en lui. Mais une chose comptait toujours davantage que ce serment.
"Un Lige est avant toute chose fidèle à son Aes Sedai," conclut-il froidement, avant de se tourner vers Mélisande. "Pardonnez-moi, je vous en prie."
Il ne pouvait en supporter davantage. Il s'inclina profondément devant elle et écarta le rabat de la tente, contournant cet homme, Baer ou Demiandre, qui venait de rentrer un instant auparavant. Ses épaules se mirent à trembler alors que le tissu retombait derrière lui, et il fit quelques pas loin de la tente, sous les regards de quelques soldats autour de lui, qu'il ignora. Mais ses yeux sombres se posèrent bientôt sur une silhouette qu'il connaissait bien. Alyn. Un Ami du Créateur de plus. Il hésita un instant entre colère et tristesse, avant qu'une profonde lassitude ne tombe sur ses traits. Avisant l'ombre d'une tente, il s'assit en tailleur à même le sol, comme les dernières forces qui lui avaient permis de tenir debout l'abandonnaient finalement.
"... Merci."
Il lui devait en partie la vie, après tout. Qu'il en veuille ou non.
Alyn s'arrêta plusieurs fois pour demander des directions et finit par comprendre que les nouveaux arrivés avaient obtenu une audience auprès du M'hael. Ou bien ils avaient été convoqués. Mais le résultat était le même, ils se trouvaient à présent dans la tente de commandement ou dans ses environs. Il s'approcha -pas trop près- de la tente, et se plaça de façon à pouvoir observer la porte d'entrée.
Reste à attendre la fin de la réunion... En espérant qu'elle n'en sorte pas les chaînes aux pieds! Au bout d'un certain temps, il aperçut une silhouette familière sortir de la tente puis aller s'asseoir à l'ombre un peu plus loin. Alyn se dirigea vers elle.
Il salua Owyn, mais se garda bien de poser des questions sur son état de santé. Visiblement, il se portait mieux, même s'il n'était pas encore complètement rétabli. Il lui tendit l'outre qu'il avait emporté. En cas d'hémorragie importante, toujours donner à boire pour refaire du sang plus vite. C'était ce que son père lui avait dit alors qu'une vache avait eu un vêlage difficile. Après avoir vérifié autour d'eux que personne ne pouvait l'entendre, il commença à faire son rapport.
"Les autres se reposent encore. J'ai repéré où se trouvent les chevaux, ils ne sont pas très surveillés. En se rationnant un peu, il doit y avoir moyen de faire des provisions, assez pour tenir quelques jours, le temps de s'éloigner suffisamment de cet endroit pour que Dame Faisani puisse ouvrir un Portail en sécurité. Le plus gros problème sera de trouver de l'eau. On pourra tenir trois jours, une fois les réserves épuisées." Il grimaça. "Deux ou trois jours de plus en buvant le sang des chevaux si besoin. Enfin, si elle désire partir..." Il regarda à nouveau en direction de la tente en se demandant ce qu'elle allait décider de faire. Peu importe, je ne peux pas la quitter tant qu'elle garde la lettre, et partir sans elle serait suicidaire.
Parler des obstacles qu'ils auraient à franchir ne servait à rien, le lige les connaissait certainement encore mieux que lui: les canaliseurs, des soldats apparemment entraînés, et des Aiels qui connaissent l'endroit comme leur poche. Sans compter la chaleur, un terrain inconnu et une distance incertaine à parcourir.
Aelfinn de la PierreModo - Jury des Joutes - Conseil RPRelecteur
Sur ordre de Shoran, Demiandre pénétra dans la tente. Une sombre ambiance y régnait, et il se demanda s'il était bien sage de se retrouver dans une telle aventure... Après avoir quitté son monde de vol à Tear et s'être embrigadé à la Tour, voila qu'il se retrouvait dans un camp rempli de canalisateurs renégats... dont le leader se trouvait être l'homme qui lui avait appris clandestinement à canaliser pendant plus d'un mois...
Dame Faisani était là, en train de parler d'une voix ferme et determinée. Il n'avait pas entendu le début de son monologue, mais elle tenait dans sa main une baguette qu'il n'avait jamais vu auparavant.
"je jure de ne rien révéler de ce que j'aurais vu ou entendu au service de la Lumière et du Dragon."
elle s'interrompit avant de reprendre quelques instants plus tard :
"J'ai fait comme vous le désiriez Elessar. Je prie pour avoir fait le bon choix." Après quoi elle tendit la baguette à Elessar.
Elle se tourna ensuite vers son nouveau Lige.
"Vous êtes mon lige désormais Owyn. Mais sachez que je ne vous considère pas un lige comme un simple chien comme certains Aes Sedai. Vous êtes libre de prêter ce serment, tout comme je l'ai été. A vous de choisir." Déclara-t'elle.
Celui-ci prit la parole après quelques réflexions, cherchant à trouver la meilleure solution semblait-il.
"C'est un choix que j'aurais préféré ne pas avoir, Mélisande Aes Sedai. Sur mon espoir de réincarnation, je jure de rester fidèle à la voie de la Lumière. Sur mon espoir de réincarnation, je jure de suivre et de prêter fidélité au Dragon lorsqu'il se présentera au monde, et à son représentant jusque là. Sur mon espoir de réincarnation, je jure de ne rien révéler de ce que j'aurais vu ou entendu au service de la Lumière et du Dragon."
Il recula ensuite d'un pas.
"Un Lige est avant toute chose fidèle à son Aes Sedai. Pardonnez-moi, je vous en prie." Dit-il avant de s'incliner et de quitter la tente.
Demiandre ne saisissait pas tout ce qu'il se passait dans cette tente. L'atmosphère pesante le démoralisait. Voyant le silence qui régnait dans la salle, il se décida à prendre la parole.
"Maintenant que j'ai revêtu une de vos sombres tenues, vais-je devoir prendre, comme 'Mélisande Aes Sedai' et Owyn un Serment de fidélité? Que va t'il se passer désormais? Vous m'avez fait venir ici, et j'aimerai savoir pourquoi..."
Observant Alyn alors que ce dernier venait s'asseoir près de lui, Owyn ne fit aucun commentaire, et accepta l'outre qu'il lui tendait. Il réalisa soudain que sa gorge était sèche et douloureuse, et but plusieurs longues gorgées, avant de rendre son bien à l'apprenti-lige sur un signe de tête. Sans réagir, il écouta le rapport détaillé du jeune homme, et au bout d'un moment, un sourire las et un peu forcé effleura ses lèvres, l'espace d'une seconde. En d'autres occasions, il aurait sans doute était fier de la bonne capacité d'estimation des événements d'Alyn. Pour l'instant, ça l'emplissait d'une sorte d'ironie macabre. Il tourna finalement la tête vers lui et plongea ses yeux sombres et ternes dans les siens. Quand il parla, sa voix neutre ne contenait guère d'agressivité ou de haine, tout juste une pointe d'amertume :
"Pourquoi vouloir partir... ils servent la Lumière, comme toi. Ils t'entraîneront à combattre le Grand Seigneur."
Le Grand Seigneur... Sans doute ne l'appelait-on guère ainsi dans ce campement. Sans doute n'était-il plus censé l'appeler ainsi. Il secoua la tête et détourna de nouveau le regard, fixant le sable à ses pieds. Après quelques secondes de pause, il reprit finalement :
"Nous ne partons pas. Mélisande Sedai a juré de servir la Lumière et le Dragon, et j'ai fait de même, en tant que son Lige... On vous demandera sans doute bientôt le même serment. Ces hommes sont tous des Amis du Créateur et nous avons vu leur camp."
Sans la Sœur Brune, le reste du groupe n'avait aucune chance de survivre à une tentative de fuite, mais il s'abstint de le dire. Alyn en avait sans doute conscience. Il jeta un regard aux environs, en particulier vers la tente de commandement où se trouvait toujours Mélisande... Mélisande dont il sentait fort bien les émotions violentes pulser dans un coin de son esprit, comme jadis avec Alea. Il chassa cette pensée, et observa ses mains encore maculées de résidus de sang séché. Le sien, celui des Amis du Créateur... Celui d'Alea. Ne pas y penser... Il commença à se relever.
"Je suppose que je ferais mieux de me laver..."
Ça paraissait tellement dérisoire qu'il en aurait hurlé. Il aurait voulu simplement se laisser dépérir dans ce maudit sable, au milieu de ces maudits Amis du Créateur, Aiels et autres engeances. Mais Mélisande ne le permettrait pas, songea-t-il dans une brève pointe de rancœur à l'égard de l'Aes Sedai. Mélisande qui n'avait probablement guère besoin de lui pour le moment, de toute façon... Maintenant qu'ils n'étaient plus... en danger. Elle obtenait sans doute enfin les réponses qu'elle désirait.
Malgré son air princier, et son visage sans émotions, lorsque Mélisande prononça le serment, un énorme poids dû à la tension se déversa hors de lui. Il retrouva le calme qui l'habitait habituellement. Il fit un geste du revers de la main en direction de Shoran et la baguette décolla de la main de l'Aes Sedai vers le T'sorovan m'hael. Tournant la tête vers lui, il l'interpella.
- Toi et Enora, allez prêtez les serments, puis tu le fera prêter à Demiandre. Ensuite vous Rassemblerez les Asha'man pour faire de même, dans deux heures tout le monde doit avoir prêter serment, même les nouveaux arrivant.
Se tournant à nouveau vers Mélisande, il lui montra un siège d'une main.
- Je sais que vous devez bouillir intérieurement, peut être désirez vous hurler une bonne fois ? ça vous soulagera surement...Sinon, je vous invite à me poser les questions que vous désirez, un peu de thé ?
L'homme semblait plus sociable, plus décontracté, la théière fut réchauffée par un tissage simple de feu, puis se leva et servit plusieurs gobelets.
"Ils servent la Lumière, comme toi..." Alyn se figea, incapable de détourner le regard, la surprise clairement visible dans ses yeux, puis il se força à reprendre une respiration normale. En d'autres lieux, ces mots constituaient une sentence à mort.
Il réfléchit à toute vitesse. Mélisande Sedai lui avait parlé du message. En passant pour un imbécile, ce qui, vu la situation dans laquelle il s'était fourré, n'allait pas être difficile, il pourrait peut-être faire croire qu'il n'avait fait qu'obéir aux ordres d'un supérieur... Rien à voir avec un complot de la Lumière... A condition que le message ne contienne rien de fâcheux. Un joli fiasco qu'il avait espéré récupérer avant que d'autres n'en entendent parler...
Non. Cet homme méritait la vérité, après tout ce qu'il avait enduré. Alyn hocha la tête, une seule fois, de manière presque imperceptible.
Puis Owyn détourna le regard et ajouta: "Nous ne partons pas. Mélisande Sedai a juré de servir la Lumière et le Dragon, et j'ai fait de même, en tant que son Lige... On vous demandera sans doute bientôt le même serment. Ces hommes sont tous des Amis du Créateur et nous avons vu leur camp."
Ainsi le maître d'armes était à présent lié à l'Aes Sedai... Et ils avaient juré de servir la Lumière... Lui aussi avait prononcé ce serment avant de quitter la Tour, librement; il avait choisi son camp bien avant de franchir les Murs Étincelants. Mais il n'en avait pas alors mesuré toutes les conséquences. Il allait devoir affronter des amis, des mentors, et lire dans leurs yeux la même déception que dans ceux d'Owyn. Le campement qui s'étendait sous ses yeux lui prouvait une chose. Ces fanatiques ne se contenteraient pas de petits complots et d'un éventuel attentat sous le couvert de l'obscurité. Ils se préparaient à une guerre ouverte. Le retour du Dragon était-il si proche? Ou bien tout ce qu'il voyait ici n'était-il qu'une forteresse bâtie par un fou ayant des idées de grandeur? Faites que je ne me sois pas fourvoyé, que je me batte pour une cause juste et pas pour un pantin aux mains d'un inconnu avide de pouvoir... Que tout cela ne soit pas vain...
Le lige le tira hors de ses pensées. "Je suppose que je ferais mieux de me laver..."
Il le regarda se lever. "J'aurais dû vous laisser dans cette allée." C'était une affirmation, pas une excuse. Les excuses ne changeraient pas le passé. Il était temps d'assumer ses choix. D'autres en subissaient déjà les conséquences.
Il resta assis par terre, l'outre en main, observant le campement et ses centaines d'hommes, à la fois inquiet et impatient de savoir ce que le futur lui réservait, curieux de voir comment vivaient ceux qui n'avaient plus à cacher ce qu'ils sont.
Mélisande retient avec difficulté un soupir de soulagement lorsqu'elle entendit Owyn préter à son tour serment, en repétant mot pour mot son serment.
Elle le regarda ensuite quitter la tente avec une pointe de tristesse. Puis elle se retourna vers Elessar qui lui parlait.
-J'avoue que l'envie de hurler est grande, répondit-elle avec un peu d'ironie. Mais je saurais attendre. J'ai effectivement quelques questions à vous poser, et des renseignements à vous donner. Je dois vous parler d'une lettre notamment.
Mais j'ai d'abord une question et un conseil à vous donner, et je voudrais vérifier que mon lige ne s'effondre pas dans un coin mais aille manger et dormir.
Voici donc ma question : si vous retrouvez les assassins d'Aléa Sedai que se passera-t-il ? Owyn a juré, et obéira aux ordres, mais il a le droit de connaître la réponse à cette question.
Quand à mon conseil, le voici : un chef doit donner l'exemple, et l'histoire montre que deux chefs qui s'opposent mènent à une défaite quasi inévitablement. Vous devriez vous aussi prêter sur cette baguette serment de fidélité au Dragon, et devant tous les Asha'man.
Pouvez-vous maintenant répondre à ma question que j'aille voir mon lige ? Nous pourrons ensuite discuter.
Elessar soupira, les femmes, toujours à donnder des conseils à foison. Il prit l'une des tasses qu'il avait servit et la porta à ses lèvres, le temps que la dame lui explique comment gérer son camp. Ses yeux bleus perçant se posèrent à nouveau sur elle.
- Comme je vous l'ai dit, nous ne sommes pas des amis du créateur, je n'ai jamais travailler avec eux et je doute que cela se produise avant un moment...Ils sont si...brusques.
Je n'ai rien à voir donc avec la mort de l'Aes Sedai D'Owin Gaidin, mais si nous trouvons un jour les meurtrier, ces gens seront juger, quand j'aurais tous les faits. S'il s'avèrent qu'ils ont commit un crime, sait on jamais qu'elle soit un dommage collatéral, ils seront mis à mort. D'ici là, je ne peux rien faire de plus, et je ne compte pas non plus me jeter dans une enquête pour les retrouver, il y a plus important, j'espère que vous le comprenez.
Quand à montrer l'exemple, ces gens me suivent depuis des années, et des serments j'en ai prêter beaucoup jusqu'à aujourd'hui, ne vous inquiétez pas pour cela.
-C'est tout ce que je désirai savoir. Owyn Gaidin sera soulagé d'apprendre cela j'espère. Permettez-donc que j'aille vérifier comment il va, puis je serais toute à vous. Cela vous laisse tout le temps de vous occuper de ce jeune homme qui vient d'entrer.
Saluant de la tête chaque personne présente dans la tente, Mélisande sortit. A quelques mètres d'elle, elle vit Owyn près d'une tente, accompagné d'Alyn.
Elle salua ce dernier d'un signe de tête.
-Owyn vous a-t-il dit que nous restions pour le moment ? Prévenez-en nos compagnons, je manque de temps pour cela. Je ne vous oublie pas, et je parlerai tantôt de votre lettre avec Elessar. Si vous avez des questions à me poser, c'est maintenant, je risque d'être fort occupée.
Elle regarda ensuite Owyn, toujours blanc dans ses vêtements froissés et couverts de sang séché.
-Il faudra que vous preniez le temps de vous changer, et surtout de manger et de vous reposer Owyn. Qui sait de quoi demain sera fait. Mais il faut que je vous parle, maintenant, si maître Alyn n'a plus rien à voir avec vous ou moi.
Une fois debout, Owyn se figea une seconde aux paroles de l'apprenti lige. Puis une sorte de sourire amer effleura ses lèvres une seconde. Au moins Alyn était-il franc. Et s'il l'avait laissé dans cette allée, il serait mort au bout de quelques minutes... Ses tourments se seraient tus à jamais. Mais à ce moment-là, il devait encore retrouver Mélisande Sedai. Il serait mort sans avoir achevé sa dernière mission. Il se tourna de nouveau vers Alyn, et répondit après une courte pause :
"Vous êtes des Marches tout comme moi, vous connaissez ce vieux dicton sur la mort et le devoir... Vous m'avez permis de choisir le devoir."
Si les paroles d'Alyn n'étaient pas des excuses, les siennes n'étaient pas non plus vraiment des remerciements. Il n'oubliait pas aussi vite. Mais alors qu'il s'apprêtait à se mettre en marche, Mélisande sortit de la tente, bien plus vite qu'il ne s'y attendait, et vint vers eux. Elle s'adressa d'abord à Alyn, puis se tourna vers lui. Lui parler ? Il aurait pensé qu'elle resterait encore avec Elessar, pour obtenir les informations qu'elle désirait. Il acquiesça d'un signe de tête, signifiant ainsi qu'il était à sa disposition, et attendit la réaction d'Alyn.
Alyn acquiesça. Il était reconnaissant de la réponse d'Owyn. Même si le lige le verrait probablement toujours comme un traître...
C'est à ce moment que Mélisande Sedai vint vers eux. L'apprenti lige se leva et la salua. Étonnamment, c'est à lui qu'elle s'adressa en premier. Et elle lui proposait de poser des questions! Pas d'y répondre, mais c'était déjà plus que ce à quoi il s'attendait.
"Je vais les en avertir, Aes Sedai." Il hésitait. Quelle question lui poser? Que contenait la lettre? Lui demander de lui rendre? A quoi bon? Le secret était déjà éventé. Si on avait des questions pour lui, on le ferait appeler. Il verrait bien assez tôt ce que le futur leur réservait. Autant ne pas l'importuner, tant qu'elle semble d'humeur agréable.
Il salua à nouveau et se dirigea vers la tente où les autres dormaient toujours. Oui, demain viendrait bien assez tôt.
L'Aes Sedai regarda partir Alyn avec satisfaction. Elle n'avait pas de temps à perdre avec lui, pour le moment. Elle venait de le mettre en charge de son petit groupe hétéroclite, et espérait que ce serait vers elle qu'ils iraient plutôt que vers Elessar en cas de problème.
Mais Owyn était un problème plus urgent. Elle le contempla quelques secondes, cherchant ses mots.
-Je dois vous remercier pour avoir accepté de prêter ce serment, commença-t-elle. Nous sommes dans une drôle de situation. Cette baguette était une baguette des serments, mes serments à la Tour ont été définitivement rompus et je ne puis violer ce que j'ai dit. Vous le pouvez, mais je respecte trop l'honneur des liges pour vous demander de le faire à ma place.
Je sers désormais la Lumière, mais ce sera à ma façon. Rien n'est tout noir, ni tout blanc pour moi, pas plus aujourd'hui qu'hier. Mes façons d'agir vous surprendrons ou vous choquerons peut-être, et vous êtes libre de refuser mes ordres et de les discuter.
Mais pour l'heure, nous n'avons pas d'autre choix qu'une allégeance totale. Reposez-vous Owyn, et observer ce qui se passe ici. Les forces en présence, les chefs, les mobiles de chacun, je veux tout savoir. Mais ne pousez-pas vos forces trop loin. Est-ce clair ?
Shoran attrapa la Baguette que lui envoyait Elessar, et observa un instant l'étrange objet. Totalement lisse, sauf un numéro 3 gravé dessus, l'objet n'était vraiment pas grand.
"- Toi et Enora, allez prêtez les serments, puis tu le fera prêter à Demiandre. Ensuite vous Rassemblerez les Asha'man pour faire de même, dans deux heures tout le monde doit avoir prêter serment, même les nouveaux arrivant."
Il sortit de la tente, donnant des ordres à quelques soldats pour que tous les membres canalisateurs du camp prêtent serment sur la Baguette qu'il tenait fermement.
Quand suffisamment de gens commençaient à arriver auprès de lui, il monta sur une dune qui surplombait légèrement la foule. Il ne cherchait pas à être au dessus des autres, juste à ce que les gens le voient.
"Ecoutez-moi bien" leur dit-il en amplifiant sa voix grâce à un flux d'Air et de Feu. "Ceci" - il leur montra la Baguette - "est l'objet qui va faire de nous ce que nous sommes. Grâce à cette Baguette, personne ne pourra douter de nos intentions, et de qui est notre leader. Un par un, nous allons jurer trois Serments qui deviendront alors inviolables. Je vais commencer, et vous suivrez. Les Asha'mans d'abord, les Dédiés ensuite, et les Soldats pour finir. D'ici ce soir, nous devrons tous avoir fini."
Il tissa un flux d'Esprit au travers du Ter'angreal, et prononça les mêmes paroles que Melisande, en les modifiant légèrement
"Par mon espoir de Salut et de Réincarnation, je jure de rester fidèle à la voie de la Lumière."
Il sentit sa peau se tendre sous l'effet du Serment.
"Par mon espoir de Salut et de Réincarnation, je jure de suivre et de prêter fidélité au Dragon lorsqu'il se présentera au monde, et à son représentant jusque-là."
Encore une fois, sa peau se tendit encore plus. Si le troisième serment faisait le même effet, il aurait du mal à s'asseoir pendant quelques jours sans craindre de la déchirer.
"Par mon espoir de Salut et de Réincarnation, je jure de protéger notre ordre jusqu'à mon dernier souffle."
La douleur restait supportable, mais la tension qu'il sentait s'était encore accrue. Si tout le camp se retrouvait dans cet état, ils allaient souffrir...
Après avoir repris son souffle, il balaya la foule du regard, et vit les Asha'man rendre un regard tout aussi déterminé que le sien.
"Bien." Dit-il en tendant la Baguette au plus proche Asha'man. "C'est à votre tour maintenant. Formez les rangs, Asha'mans!"
Le Lige suivit Alyn des yeux alors qu'il s'éloignait, puis reporta son attention sur Mélisande Sedai, qui prit bientôt la parole. Il baissa brièvement la tête sur un sourire amer à ses remerciements, mais continua d'écouter en silence. Selon lui, il ne pouvait pas davantage trahir ses serments que Mélisande ; sa nature même l'en empêchait à défaut du Pouvoir Unique, quand bien même les promesses prononcées l'avaient été sous la contrainte. Mais il se sentait soulagé que l'Aes Sedai ne cherchât visiblement pas à lui imposer son autorité, comme elle aurait pu le faire. Il devinait cependant que rester à ses côtés ne serait pas de tout repos et qu'ils auraient sans doute de fréquents désaccords. Ca n'avait pas d'importance.
Il hocha la tête à sa dernière question, et releva les yeux vers elle :
"Très clair, Aes Sedai. Je pense que nous sommes du même avis en ce qui concerne notre situation actuelle. Pour ma part, je n'ai jamais prêté serment à l'Ombre ni même à la Tour. Mon allégeance va à mon Aes Sedai avant toute chose et cela ne changera pas, même si notre lien n'est pas très... conventionnel."
Alors qu'il parlait, le dénommé Shoran émergea à son tour de la tente, et commença à s'adresser aux hommes en noir. Asha'man ? Il secoua la tête à ce nom, et observa les soldats qui se réunissaient autour de la tente de commandement pour prêter serment. Il recula d'un pas puis adressa un signe de tête à Mélisande :
"Je tâcherai d'en apprendre le plus possible sur eux. À présent si vous le permettez je vais me retirer. Merci pour vos paroles, Aes Sedai."
Le plus difficile serait certainement de 'se ménager', au final. Dans les moments d'inactivité, le vide laissé par Alea se faisait de nouveau sentir.
Le M'Hael attendit que tout le monde quitte la tente, a part Demiandre, puis il lui fit signe d'avancer vers lui. Si Elessar semblait impérieux dans son sombre habit de Leader des suivants du Dragon, il était en réalité prêt à livrer un guerre et le Créateur savait ce qu'il adviendrait du monde, une fois que le Ténébreux saurait que l'espèce humaine relevait l'échine face à lui.
Il s'adossa à son bureau, passant une main dans ses cheveux dorés, puis soupira.
Quand je t'ai envoyer via le portail, je ne m'attendais pas à ce que tu fasses de tels esclandres...Tu imagines ce qui se serait passé si cette Aes Sedai s'était rebellée ?
Il se massa les tempes.
J'aurais largement assez de sang sur les mains d'ici peu pour en ajouter inutilement...Raconte moi ce qui c'est passé.
Aelfinn de la PierreModo - Jury des Joutes - Conseil RPRelecteur
Demiandre s'approcha alors qu'Elessar lui demandait ce qu'il s'était passé pendant leur brève séparation. Il lui tourna le dos, et se remémora les évènements qui les avaient conduits à cette situation.
"Après avoir passé le Portail, Taenad, qui portait Ponya et moi nous sommes dirigés vers Trémonsien, une ville que j'avais traversé lors de mon voyage vers Tar Valon. A mi-chemin, Ponya s'est réveillée. Pour ne pas attirer l'attention, nous nous sommes scindés en deux groupe pour rejoindre la ville. Taenad est parti seul et moi avec Ponya. Sous de faux nom, nous avons pris une chambre et nous avons été accostés par Mélisande, qui désirais savoir ce que nous faisions dans cette ville. Cet Aes Sedai aime poser des questions et y répondre. Malheureusement, j'ai fait une erreur et elle a compris que j'étais de la Tour et que je devrais encore y être. Elle a donc voulu tout savoir de moi."
Il se retourna et regarda Elessar, les mains sur ses tempes.
"J'ai réussi à m'esquiver. Il fallait que je retrouve Taenad pour planifier notre fuite. Un homme étrange, Sordon, nous suivait. Il avait quelque chose en suspend avec Taenad semblait-il. Quand nous sommes allés nous cacher - un canalisateur était en ville - Shoran nous a retrouvés et nous a demandé de le suivre. C'est là que l'attaque trolloque à commencée. Ne pouvant partir sans Ponya, nous sommes retournés à l'auberge, où Melisande avait fait des émules. Elle était entourée du groupe de personnes qui se trouvait là. Alors que les Trollocs sévissaient toujours, nous sommes tous partis grâce à Shoran qui nous a emmené ici. La suite, tu la connais."
Il fit quelques pas, le temps qu'Elessar réfléchisse à ses paroles. Il attendais les questions, mais il anticipa en demandant :
le M'Hael expulsa bruyamment l'air de ses narines. Non pas qu'il était exaspéré mais le jeu auquel il se prêtait n'avait rien de simple. Son esprit analytique se mit donc en marche, triant les informations que le jeune canalisateur venait de lui donner.
"Que va t'il se passer maintenant?"
Chaque chose en son temps Demiandre laisse moi réfléchir. Commençons par le début. Cette histoire semble tirée par les cheveux. C'est comme si Melisande t'attendais dans cette auberge. Et qui est cet homme du nom de Sordon, ça ne me dis rien qui vaille. Idem pour les trolloques, ils n'attaquent pas les villes sans raison, en sais tu plus ? Quand tu parles du canalisateur, tu parles de Shoran ou d'une autre personne encore ?
Il s'assit sur son bureau croisant les bras sur sa poitrine.
"Très clair, Aes Sedai. Je pense que nous sommes du même avis en ce qui concerne notre situation actuelle. Pour ma part, je n'ai jamais prêté serment à l'Ombre ni même à la Tour. Mon allégeance va à mon Aes Sedai avant toute chose et cela ne changera pas, même si notre lien n'est pas très... conventionnel."
"Je tâcherai d'en apprendre le plus possible sur eux. À présent si vous le permettez je vais me retirer. Merci pour vos paroles, Aes Sedai."
Mélisande était soulagée de voir le lige prêt à se tenir à ses côtés et en partie débarrassé de son envie de mourir. La guérison prendrait du temps, mais lui donner un but devrait l'accélérer, si l'Aes Sedai se souvenait bien de ses lectures sur le sujet. Il allait donc lui falloir le surveiller attentivement pour éviter qu'il ne replonge dans l'auto-apitoiement et les désirs suicidaires, tout en le mettant en première ligne devant elle pour que renaisse en lui le besoin de protection et qu'il se rappelle en permanence de son serment de lige. Et il faudrait aussi faire naître en lui du respect et de l'attachement pour elle.
La tâche ne serait pas aisée, et Mélisande aimait ce défi. Finalement, posséder un lige pourrait se révéler amusant en plus d'être intéressant. Elle sourit à Owyn.
-Oui retirez-vous Owyn, et reposez-vous. Je ne pense pas avoir besoin de vous tout de suite, mais je vous ferais appeler si besoin est. Prenez-soin de vous, et de ces jeunes gens qui sont venus avec vous.
Elle quitta le lige en essuyant le sable du désert qui se collait à ses jupes. Sa tenue ebou dari n'était pas adaptée à ce désert. Peut être une des aielles accepterait-elle de lui prêter des vêtements ?
L'Aes Sedai se dirigea vers la tente d'Elessar. Sans doute était-il encore en train de parler avec le jeune Demiandre. Elle hésita à surgir dans la tente. Mais faire profil bas pendant un moment serait plus efficace pour rentrer dans les bonnes grâces d'Elessar. Aussi se contenta-t-elle de faire les cent pas devant la tente, tout en observant de loin l'enrôlement des Asha'man à l'aide de la baguette des serments.
Aelfinn de la PierreModo - Jury des Joutes - Conseil RPRelecteur
Elessar a dit :
Chaque chose en son temps Demiandre laisse moi réfléchir. Commençons par le début. Cette histoire semble tirée par les cheveux. C'est comme si Melisande t'attendais dans cette auberge. Et qui est cet homme du nom de Sordon, ça ne me dis rien qui vaille. Idem pour les trolloques, ils n'attaquent pas les villes sans raison, en sais tu plus ? Quand tu parles du canalisateur, tu parles de Shoran ou d'une autre personne encore ?
Il... Il est possible qu'elle nous ai écoutés parler Ponya et moi. Je pensais avoir parlé suffisament bas pour que personne ne nous entende, mais visiblement cela n'a pas suffit. Elle lisait un livre dans la salle commune de l'auberge pendant que nous mangions.
Sordon est un homme que Taenad a rencontré pendant que nous étions séparés. Je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé entre eux, ni ce qu'il nous voulais, mais c'est très certainement un voleur. Il en avait les manières en tout cas...
Les Trollocs étaient menés par un Myyrdraal. La raison de leur présence m'est inconnu. Je n'ai pas eu le temps de m'arrêter pour leur demander. Quand au canalisateur... Il était accompagné d'une femme, et ils sont rentrés dans l'auberge où nous étions. C'est la raison pour laquelle Taenad et moi sommes partis nous cacher dans la planque de Sordon, où Shoran nous a retrouvés. Ce que je sais, c'est que ce n'était pas ce dernier. Ils étaient habillés différemment, et Shoran était seul quand nous l'avons vu, et est revenu ici seul aussi. Les évènements semblent en effet étrangement aléatoires. Trop de choses étranges se sont passés dans cette ville. Le Dessein semblait se nouer autour de cette ville, ou se détisser.
Ai-je mentionné la voix? Celle qui s'est élevée dans les airs alors que nous fuyions? La personne qui parlait disait s'appeler BERISLAV. C'est... C'est un des Réprouvés n'est ce pas?
Les yeux d'Elessar étaient baissés. Regardant le sol, concentré dans le vide qu'il avait créer. Chaque mots prononcés par Demiandre ajoutait des informations à la grande toile qui se tissait autour de lui mais était il l'insecte bloqué ou l'araignée prête à fondre sur son repas ?
Le M'Hael aurait donné cher pour le savoir, lorsque soudain, Demiandre ajouta un fait marquant.
Une voix ? Berislav...Oui c'est un réprouvé...Cela explique l'attaque des trolloques je suppose. Que disait il ?
Passant une main dans ses cheveux couleur de blés, il finit par soupirer.
Tu sembles attirer les trolloques et les Myrdraals aussi fort que sucre attire les abeilles...J'espère ne pas avoir de mauvaises surprises dans mon camp Demiandre...
Pour répondre à ta question de tout à l'heure. Pour le moment, tu vas prêter serment et quand ça sera fait, tu seras entrainé jour et nuit dans le but que tu maitrises rapidement le pouvoir. Je ne sais pourquoi mais quelques réprouvés semblent vouloir te rencontrer. Je te protégerais mais tu devras te rendre utile.
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"Cette voix disait quelque chose à propos de défier son autorité et de l'attaque contre son peuple. Elle parlait d'esclaves, je suppose donc qu'elle parlait des Engeances, mais cela ne fait pas grand sens. Il me semble que les Élus maîtrisent les Engeances sur leurs terres... Elle leur ordonnait de la rejoindre."
*Attirer les Trollocs?* Cela le fit frissonner. Il repensa à la rencontre dans la forêt, et ce qui en avait suivi. Deux fois il avait fait confiance à un canalisateur et s'était retrouvé dans un guêpier pas possible. Trémonsien, le Désert Aiel,... Où allait-il atterrir la fois suivante? Au milieu des Doigts du Dragon, entouré de Brochets Argentés?
"Je vais rejoindre Shoran pour aller prêter les Serments. Quoi que tu ai à me faire faire par la suite, je le ferai."
Il regarda Elessar dans les yeux, puis ajouta :
"Puis-je disposer?"
Dans un dernier soupire, le M'hael fit signe à Demiandre qu'il pouvait sortir de la tente. Lorsque les pans de la tente retombèrent, Elessar du subir la solitude. Chose qui ne lui était pas arrivé depuis un bon moment. Son corps semblait être une crampe vivante. Tous ses muscles étaient dur comme le béton. Il commençait à fantasmer sur les tentes étuves aiels, le désert aride commençait à avoir raison de ses nerfs.
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Demiandre sortit de la tente après qu'Elessar ait donné son accord. Il fut surpris par la différence de température entre son entrée et sa sortie, bien que son séjour fut de très courte durée. C'était certainement comme cela dans le Désert Aiel, et la tenue noire ne devait pas arranger les choses...
Il regarda autour de lui et il aperçu Mélisande faisant les cent-pas à proximité, ainsi qu'une large troupe d'hommes et de femmes en train de faire la queue pour jurer sur la Baguette.
*Ce n'est pas prêt d'être mon tour...* se dit-il... Il se dirigea alors vers Mélisande.
"Nous nous retrouvons dans une drôle de situation n'est-ce pas? Comment va votre Lige?" Ils allaient certainement rester coincés dans ce camp un certain moment. Autant essayer d'aplanir les choses avec cette femme, aussi insupportable eût-elle été à Trémonsien.
Demiandre sortit enfin de la tente, alors que l'Aes Sedai attendait depuis de longues minutes à l'extérieur. Même si elle savait oublier la chaleur ou le froid, la température restait pesante à supporter. Il lui faudrait vraiment trouver de quoi se couvrir la tête. Une Aes Sedai avec un coup de soleil perdait en crédibilité. Le jeune homme semblait tout aussi surpris de la chaleur ambiante.
Il se dirigea vers elle et l'Aes Sedai se retient de pousser un soupir de contrariété. Ce jeune blanc-bec lui sortait par les trous de nez.
Elle lui accorda un regard glacial.
-Oui nous nous retrouvons dans une drôle de situation. J'espère que ce n'est pas entièrement de votre faute, sinon vous vivrez avec le poids des évènements et des morts de Tremonsien toute votre vie. Mais rassurez-vous, Owyn Gaidin se porte bien, il lui faut simplement un peu de temps pour récupérer. Et chacun de nos compagnons se porte bien également. J'aurais au moins réussi à limiter les dégâts pour vous six.
J'imagine que vous vous êtes expliqué auprès d'Elessar. Vos explications lui ont convenu ?
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"Vous ne manquez pas de cran. Pourquoi tout ceci serait de ma faute? Je n'ai pas amené les Trollocs à Trémonsien, ni ne nous ai emmenés ici. Rien de tout cela est de ma faute. Vous aviez le choix. Partir de votre côté ou venir ici avec nous."
Il la regarda avec défiance. Ce qu'il venait de dire ne lui plairait pas, mais il n'avait pas à subir sa langue de vipère.
"Je suis soulagé qu'Owyn aille bien. Ce qu'il s'est dit dans cette tente est entre Elessar et moi. S'il veut que vous sachiez, il vous en parlera."
- Cessez-donc de monter sur vos grands cheveux jeune homme. Je ne vous interroge pas sur ce qui c'est dit là-dedans mais quelle est l'humeur d'Elessar. Si vous êtes incapable de comprendre la pensée de quelqu'un, restez muet au lieu de dire des bêtises.
Et vous croyez que je vous accuse d'avoir amené les Trollocs à Tremonsien ? Vous manquez vraiment de jugeote et vous êtes long à comprendre. Je sais parfaitement que vous n'avez pas amené les trollocs. Comme si le Grand Seigneur confierai une telle tâche à un novice en fuite. Je ne le sous-entendait même pas.
Je trouve simplement qu'il se passe un peu trop de coïncidences autour de vous. N'avez-vous donc suivi aucun cours à la Tour ? Vous n'avez jamais entendu parler des ta'veren ? Pour ce que j'ai observé, vous pourriez en être un. Et ces gens là sont à surveiller attentivement si on ne veut pas qu'ils causent des catastrophes plus gros que la Tour d'ici à Shara.
Alors d'ici que nous soyons sûrs, évitez de vous mettre dans les ennuis - encore une fois - et restez sagement à ne rien faire. Qui sait, la sagesse pourrait même vous venir.
Mélisande accorda un petit sourire au jeune homme. Elle ne l'aurait avoué pour rien au monde, mais elle adorait s'amuser à tourner en bourrique les novices.
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*Comprendre la pensée de quelqu'un? Il me semblait justement que la parole avait été inventée pour exprimer ce genre de chose. Et n'était elle pas justement en train de m'accabler pour ce qui s'était passé à Trémonsien? Malheureusement, voila ce que donne un une initiation trop longue à la Tour... Heureusement que mon séjour n'y fut que de courte durée...*
"Écoutez, il semblait quelque peu confus. Il semblerait que beaucoup de choses le dépasse. Mon rapport l'a fait réfléchir, et je crois que comme nous il ne sait pas comment prendre les évènements de Trémonsien."
"Concernant les Ta'verens, qui n'en a pas entendu parler? Je viens de Tear, non pas du fin fond des Collines Noires. Mais si j'en étais un, je pense que ma vie ne serait pas ainsi... Mais cela pourrait expliquer quelques tracas que j'ai eu. Je croyais au fait que, si j'étais un novice en fuite, cela aurait fait longtemps que vous m'auriez ligoté pour me ramener à la Tour?" Dit-il un petit sourire aux lèvres.
"Bon. Je dois aller prêter Serment comme vous et les autres." Dit-il en montrant du menton la file en face de Shoran.
Le regard de Mélisande se fit glacial tandis qu'un large sourire carnassier s'étalait sur son visage.
-Vous ne devriez pas jouer ce jeu avec une Ebou dari, Demiandre, déclara-t-elle en frôlant le poignard à sa ceinture. Ne rappelez jamais à une Ebou dari pourquoi elle vous prête de l'attention, c'est souvent une idée mortelle. Ne vous inquiétez pas, je n'oublie pas que vous êtes un novice en fuite. Je ne risque pas de l'oubliez. Si vous voulez un conseil... ne l'oubliez pas non plus.
Et maintenant, allez donc prêter serment sur ce jouet d'Elessar et trouvez à vous occuper intelligemment. Je garderai un œil sur vous, au cas-où.
Elle lui offrit un dernier sourire faussement chaleureux et souleva l'un des pans de la tente.
Elessar se tenait au centre de la tente, l'air harassé.
Mélisande ne lui en fit pas la remarque. Nul n'aimait se voir surpris en état de faiblesse.
-Êtes vous occupé Elessar ? J'aurais voulu compléter de mon témoignage le récit du jeune Demiandre.
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Derrière un groupe d'Asha'man en train d'attendre comme lui, Demiandre réfléchissait aux paroles de Melisande. Un Ta'veren? L'idée était vraiment farfelue, mais il fallait reconnaitre que ce qui lui arrivait depuis son arrivée à Tar Valon était inquiétant. Pendant que la file avançait, la mélopée des Serments prêtés suivait son cours, berçant ses pensées.
Alors que la journée commençait à se finir, il arriva enfin devant Shoran, qui lui tendit la Baguette. La saisissant, il l'examina. Il en avait entendu parler dans la tente, l'avait vue agir, mais il se demanda comment cela pouvait fonctionner. Le chiffre 3 était gravé au sommet de l'objet d'un pied de long, dont la matière était indéfinissable. Il sentait à son contact qu'en se concentrant, il pourrait comprendre le principe qui liait les paroles énoncés et la personne les prononçant. Il tourna la tête et vit que beaucoup de gens attendaient leur tour pour prêter les Serments. Il regarda Shoran, dont les yeux étaient des miroirs, lui rendant un regard impassible, et il prononça les paroles entendues des centaines de fois auparavant
"Par mon espoir de Salut et de Réincarnation, je jure de rester fidèle à la voie de la Lumière. Par mon espoir de Salut et de Réincarnation, je jure de suivre et de prêter fidélité au Dragon lorsqu'il se présentera au monde, et à son représentant jusque-là. Par mon espoir de Salut et de Réincarnation, je jure de protéger notre ordre jusqu'à mon dernier souffle."
Il avait prononcé les Trois Serments sans s'arrêter, et sa peau se tendit comme la corde d'un arc quand il eut finit. Il avait l'impression d'être un serpent en train de muer, sa peau devenue trop étroite pour sa chair. Il étouffa un râle de douleur, un rictus déformant quand même son visage, et rendit la Baguette à Shoran, inclinant sa tête respectueusement. Rien que ce geste le fit souffrir.
Il s’écarta alors pour se rendre dans sa tente, où il essaya de s'asseoir. La douleur ne s'atténuant pas, il s'allongea et continua de réfléchir. Mais la sensation qu'il avait ressentie la Baguette dans les mains oblitéra ses pensées sur les récents évènements...
*Était-ce une impression? Ais-je juste imaginé tout cela? C'est comme si je sentais comment le ter'angreal fonctionnait... J'ai simplement dû rêver. La journée fut éreintante et elle n'est même pas finie...*
Quand le soleil commença à se coucher derrière les dunes de sable, le sommeil le prit.
Lorsqu'il entendit les pans de la tente de relever une énième fois, l'homme saisit le saidin avec une rapidité étonnante, s'en emplissant à son maximum, luttant contre le torrent de flamme glaciale, il lutait pour le salut de son âme.
Ses yeux passant de hagard a vif, le M'hael était prêt à immoler la personne qui venait d'entrer sans se présenter. Les nerfs a vif, et redoutant une attaque de l'ombre, Elessar avait faillit commettre l'irréparable.
Taenad avait suivi le groupe sans un mot jusqu'à la tente qu'on leur avait indiquée. Toujours sans parler, il s'était alors étalé sur la couche la plus proche, ignorant volontairement les paroles des autres. Maintenant, couché sur le côté, le dos tourné aux autres membres du groupe, il avait besoin de réfléchir. Il ferma les yeux et sa respiration ralentit progressivement. Au bout de quelques minutes, on aurait pu le croire profondément endormi mais tous ses sens étaient sur le qui-vive tandis qu'il laissait ses pensées errer sur les événements de ces dernières heures. Il avait du mal à croire qu'à peine un jour plus tôt il était encore seul dans sa grotte au beau milieu d'une forêt censée être inhabitée. Il avait beau y réfléchir, il n'arrivait pas à comprendre comment les choses avaient pu s'enchaîner presque naturellement jusqu'à cette situation... Il ne comprenait pas et il n'aimait pas ça. Il se sentait comme pris au piège, il n'avait aucun contrôle sur la situation, comme un louveteau que sa mère promènerait par la peau du cou mais sans l'impression rassurante que la louve le tenant dans sa gueule savait où elle allait et faisait ça pour son bien.
Il inspira par le nez et étouffa un grognement. Les épices bien trop fortes dans la nourriture et le sang en grande quantité sur les vêtements de l'homme qui était sorti le mettaient au bord de la nausée, où peut-être était-ce les derniers relents de son mal de tête de la nuit. Il grogna plus ostensiblement, trop d'odeurs et pas assez d'espace ... Il arrivait à peine à percevoir les odeurs des autres personnes présentes sous la tente, peut-être un peu de peur et de confusion mais surtout beaucoup de transpiration. Et la chaleur ambiante qui continuait à monter ! Ils semblaient avoir été amenés dans un désert, sans doute celui des Aiels mais il était difficile d'être sûr avec ces satanés canalisateurs... Il n'aimait pas les déserts ! Il avait toujours fait en sorte de ne pas s'en approcher, trop de sable et pas assez d'arbres ... pas assez de vie en fait. L'air cuit toute la journée n'avait presque plus d'odeur, et le contraste en était d'autant plus grand une fois dans le camp rempli de centaines d'hommes et de bêtes.
Il réfléchit encore une fois à sa situation. Il était dans un camp plein d'hommes et de femmes inconnus, sans doute des canalisateurs pour la plupart vu ce qu'avait dit l'homme qui les avait "accueillis" - dires confirmés par le fait qu'il sentait régulièrement des gens canaliser autour de lui. Taenad n'avait aucune idée de leurs intentions mais pour avoir côtoyé un certain nombre d'Aes Sedaï dans sa vie, il n'avait absolument pas envie d'en savoir plus et encore moins de les laisser se rendre compte de ses "capacités"- capacités qu'ils voudraient à coup sûr étudier, ce qui impliquait en général beaucoup d'expériences, de souffrances avec une mort probable à la clef, et mourrir n'était pas particulièrement dans ses projets immédiats.
Il lui faudrait donc s'échapper. Il savait se montrer discret en forêt, mais le désert était un milieu totalement différent ... Il faudrait d'abord arriver à quitter le camp sans être pris. Ca le chagrinait un peu mais il était peu probable qu'il y arrive sans avoir à tuer quelques sentinelles ... Mais une fois sorti du camp, il faudrait encore arriver à survivre ! Ses sens lui permettraient certainement de repérer et chasser de quoi se nourrir, à condition de ne pas être trop exigeant, mais il avait déjà vu pire durant certaines périodes de famines ! L'eau pourrait être un problème évidemment, il faudrait repérer les chemins pris par les hommes et les animaux. S'ils arrivaient à survivre ici, c'est qu'il devait forcément y avoir régulièrement des points d'approvisionnement en eau, il n'y aurait qu'à les repérer et les suivre ... Un nouveau grognement lui échappa, cela faisait beaucoup d'incertitudes sur un terrain qu'il ne connaissait que peu et il n'aimait vraiment pas ça. D'autant qu'il n'avait aucune idée d'où il se trouvait exactement, il pourrait bien être à des centaines de lieues de la forêt la plus proche et il n'était même pas sûr que les étoiles soient les mêmes ici pour se repérer précisément la nuit ! Il sonda brièvement la présence de loups dans les environs, sans grand espoir. Bien qu'il ne fut pas surpris de n'obtenir aucune réponse, il ne put s'empêcher de se sentir plus seul qu'il ne l'avait été depuis très longtemps, sentiment étrange vu qu'il avait rarement eu autant de personnes différentes autour de lui en si peu de temps au cours de ces dernières années.
Les canalisations redoublaient depuis peu, semblant toutes provenir de la même direction. Le frère-loup ne put empêcher un frisson de le parcourir malgré la chaleur ambiante. Il allait vraiment falloir qu'il trouve un moyen de s'enfuir...
Sans demander la permission, Mélisande prit un siège et s'assit en lissant ses jupes. Elle entreprit alors de servir deux verres de vins et en tendit un à Elessar.
-Vous m'avez l'air d'être exténué. J'essaierai d'être concise, mais si vous le souhaitez, je puis revenir plus tard, le temps que vous vous reposiez. M'est avis que nous n'en aurons guère le temps dans les prochaines semaines...
Si vous le souhaitez, je me retire immédiatement, mais je voulais vous parler le plus vite possible d'un problème potentiel, concernant le jeune Demiandre. Je le soupçonne, après les évènements de Tremonsien, d'être un ta'veren, même faible. Je n'ai pas de preuves, juste des coïncidences troublantes, mais l'idée mérite de s'y attarder. Si c'est le cas, ce gamin ne doit pas se promener librement où il veut. Cela pourrait s'avérer... dangereux, pour le moins. Quand je vous raconterai les évènements de Tremonsien, vous comprendrez mon inquiétude.
Alyn quitta le lige et l'Aes Sedai sans se presser, prenant le temps d'observer l'agencement des tentes et des aires d'entraînement, ainsi que l'emplacement de la cantine. S'il avait une fringale, il saurait où se ravitailler, en nourriture comme en rumeurs.
Tout à coup, il entendit la voix de l'homme qui les avait amenés à cet endroit s'élever. Il se retourna et le vit debout sur une dune près de la tente de commandement, tenant quelque chose en main. Les soldats quittèrent leurs tâches pour aller l'écouter. Quand il eut terminé de prêter serment, il le vit tendre l'objet à un autre, qui s'en saisit et les répéta à son tour. Alyn les regarda faire quelques instants, puis il reprit son chemin tout en continuant ses repérages. Une fois arrivé, il passa la tête à l'intérieur de la tente pour voir si les autres étaient réveillés, mais ils semblaient toujours endormis.
Pour ne pas les déranger, il s'assit à l'ombre à côté de la tente, posa l'outre à terre et se mit en devoir de rafraîchir le tranchant de sa hache avec sa pierre à aiguiser, cela occuperait ses mains tout en le laissant libre de réfléchir. Ah! Si j'avais une meule à eau, ça irait tellement mieux! se dit-il en crachant sur la pierre pour l'humidifier. Mais si les Aiels s'énervent pour la moindre goutte tombée à terre, je n'imagine même pas leur tête en voyant une meule à eau![i]
Il repensa à Mélisande Sedai. [i]Pourquoi ce respect tout à coup? Pourquoi faire l'effort d'être polie alors qu'elle n'a qu'à ordonner pour qu'on lui obéisse? Est-elle simplement satisfaite d'avoir accès aux dirigeants du campement et de pouvoir les influencer? Est-ce là la raison pour laquelle elle s'est montrée polie? Parce que s'ils peuvent canaliser, ils ne se laisseront pas intimider si facilement et qu'elle a besoin d'alliés, quels qu'ils soient? Ou alors jurer de servir la Lumière oblige à être aimable? se dit-il un mince sourire aux lèvres. Il essuya le tranchant de la lame pour en ôter la limaille, la retourna et se remit au travail.
"Je ne vous oublie pas"; une menace, ou autre chose? Pourquoi a t'elle mentionné la lettre? Elle aurait pu ne rien m'en dire et en parler directement à Elessar. Elle veut me faire peur ou m'amadouer? Il essuya à nouveau la lame et la testa sur son pouce. Pas trop mal... Mais pas parfait. Si j'ai bien vu, ni les Aiels ni ces Asha'man ne portent de métal... Reste à espérer que ceux d'en face n'en porteront pas non plus... Il soupira un grand coup et se remit au travail. Quelle founaise!
Le M'hael remercia Mélisande d'un geste de tête, acceptant la coupe de vin qu'il posa sur le bureau dont il fit le tour, s'asseyant dans le grand fauteuil faisant face à l'Aes Sedai.
- Vous m'avez l'air d'être exténué. J'essaierai d'être concise, mais si vous le souhaitez, je puis revenir plus tard, le temps que vous vous reposiez. M'est avis que nous n'en aurons guère le temps dans les prochaines semaines...
Si vous le souhaitez, je me retire immédiatement, mais je voulais vous parler le plus vite possible d'un problème potentiel, concernant le jeune Demiandre."
Elessar n'entreprit même pas d'ouvrir la bouche pour lui répondre, il savait que pour l'Aes Sedai, ces mots n'étaient prononcer que par pure forme de pseudo politesse, d'ailleurs, elle enchaina avant même qu'il ait pu répondre quoi que ce soit à sa demande.
- Je le soupçonne, après les évènements de Tremonsien, d'être un ta'veren, même faible. Je n'ai pas de preuves, juste des coïncidences troublantes, mais l'idée mérite de s'y attarder. Si c'est le cas, ce gamin ne doit pas se promener librement où il veut. Cela pourrait s'avérer... dangereux, pour le moins. Quand je vous raconterai les évènements de Tremonsien, vous comprendrez mon inquiétude.
L'entrainement qu'il avait subit à la tour et, il fallait l'avouer, la fatigue qui terrassait le jeune homme, l’empêchèrent de sursauter ou de faire de grands yeux lorsque Mélisande parla de Ta'veren.
Lui qui avait presque oublié ce terme le long des années qu'il avait passé à arpenter la terre, trouvait que ce mot revenait beaucoup trop souvent ces dernier temps.
Après Enora qui lui avait apprit sa nature de Ta'veren, voila que Mélisande venait à son tour quérir son attention à ce sujet. Le fait qu'elle mentionne Demiandre le surpris. Jamais le M'hael n'aurait pensé que son influence de Ta'veren puisse se propager jusqu'à ses choix, comme le fait d'envoyer Demiandre à Tremonsien. Réfléchissant à toute vitesse, il en conclut qu'il valait mieux laisser l'Aes Sedai sur les pistes du fuyard de la tour plutôt que de lui raconter tout de suite la vérité.
- Un Ta'veren vous dites..Cela fait une éternité que je n'ai pas entendu ce terme. Je vous écoutes, Demiandre m'ayant déjà fait son rapport, peut être pourriez vous illuminer certaines zones d'ombres.
Mélisande prit une gorgée de vin avant de commencer.
-Comprenez bien que la plupart des choses qui se sont déroulées à Tremonsien m'échappent. J'ai été exilée quarante ans de la Tour, et ne suis que peu au courant de ce qui peut y avoir changé. Vous allez sans doute mieux comprendre ce qui s'est passé que moi. Ce qui est certain, c'est que plusieurs personnes peuvent avoir été visées par l'attaque.
J'ai été exilée pour avoir voulu étudier des prophéties de la Lumière. Je dois être l'une des dix ou douze personnes s'y connaissant le plus au monde. Mais ce que je risquai de trouver dérangeait les Élus et leurs séides les plus fervents, et j'ai été exilée. On m'a rappelé il y a peu, et Owyn et son Aes Sedai ont été envoyés m'escorter, avant d'être attaqués à quelques lieux de Tremonsien où j'avais fait halte pour la nuit. Une sœur Brune est morte cette nuit, tuée par des Amis de la Lumière, ou des gens ayant voulu se faire passer pour eux. C'est un mystère que j’aimerai bien éclaircir, et qui pourrait peut être expliquer la suite.
A Tremonsien, j'ai croisé Demiandre et sa compagne. Je les ai trouvé suspects dans leur comportement et j'ai voulu en apprendre plus... Ce qui m'a mené ici. L'attaque était peut être dirigée contre eux.
J'y ai également rencontré le jeune Alyn qui venait rencontrer un Ami de la Lumière. Il transportait un message que les séides du Grand Maître peuvent avoir voulu récupérer. Voulez-vous que je vous récite ce message ?
Attrapant une grappe de raison dans un récipient posé sur le bureau, Elessar déposa un des fruits dans sa bouche. Il écoutait avidement les mots de Mélisande, tentant de faire le lien avec ses informations. Se pouvait il que Demiandre soit encore rechercher et pourquoi ?
Qu'avait il à cacher pour que les Réprouvés le recherchent avec tant d'avidité ? Le M'hael croqua un pépin.
- Oui je veux bien. Je vous raconterais comment j'ai renconter Demiandre après cela, peut être que nous y verrons un peu plus clair à deux.
Demiandre ne serait peu être pas heureux que des informations sur lui soit révéler à cette femme, mais Elessar, lui, avait besoin d'y voir plus clair et l'Aes Sedai était loin d'être bête.
Mélisande ferma les yeux quelques secondes, cherchant à se remémorer parfaitement chaque mot de la lettre. Lentement, elle prit la parole.
"Voyez avec les Yeux de l'Arbre de Vie. Des évènements critiques s'y passent, et des informations cruciales pourraient être perdues pour nous. Si vous le pouvez, envoyez des gens de confiance pour récolter ces informations. Envoyez le messager avec."
Elle rouvrit les yeux.
-Je crois que c'était ceci, presque mot pour mot. J'ai une excellente mémoire. Je n'ai aucune idée de ce que peuvent être ces évènements. J'ai eu peu d'informations sur ce qui c'est passé ces quarante dernières années. Je ne suis même pas sûre de connaître le nom de chaque roi et reine actuelle ! Je pourrai réactiver mon propre réseau d'yeux et d'oreilles, mais un certain nombre de ceux-ci doivent être morts de vieillesse à présent. Et une telle tâche prendra du temps.
Alors ? Avez-vous une idée de ce que cela signifie ?
Reposant la grappe de raisin dans son bol, Elessar se frotta les mains comme pour retirer des vestiges de fruits sur ses doigts. Attrapant le bureau et s'y cramponnant, il riva ses prunelles sur la brune puis soupira.
- Si je prêtais de l'importance à cette lettre, ce qui n'est pas le cas car je n'ai ni l'exemplaire authentique sous les yeux, seulement un souvenir de votre part des mots gravés sur le parchemin, et quand bien même, pourquoi croirais-je cette histoire ? Cela pourrait être un piège pour piéger des amis de la lumière, ce que je ne suis pas.
Mais si je prêtais de l'importance à cette lettre, je dirais à première vue que l'Arbre de vie pourrait être l'Arbre que le Roi Laman fit abattre, et que donc les "évènements critiques" se dérouleraient au Cairhien.
Mais je ne dis pas que c'est la vérité. A vous de voir..
-Soyez sûr que je vous ai récité parfaitement la lettre. J'ai une excellente mémoire. Quand à son contenu... Ce peut être le Cairhien qui est mentionné effectivement. Mais ce pourrait être aussi le Tarabon qui utilise l'arbre comme emblème depuis des temps immémoriaux.
J'aurais tendance à pencher pour le Cairhien. Avant que tout ne se précipite, c’était censée me rendre à Cairhien pour me présenter aux Aes Sedai qui y surveillent la ville. Cela m'a étonné, et je n'en sais pas la raison. Peut-être tout cela est-il lié à la levée de mon exil. La Tour a peut être besoin de moi spécifiquement, ou bien du plus grand nombre d'Aes Sedai disponible. Quoi qu'il en soit, cela m'intrigue.
L'Aes sedai eut un petit sourire.
Mais je trouve aussi que vous employer trop de si dans votre réponse. N'oubliez-vous pas de me dire quelque chose ? Que se passe-t-il réellement au Cairhien ?
Le M'Hael hocha la tête aux dires de l'Aes Sedai, puis leva un sourcil quand celle ci leva une interrogation.
Je vais être franc avec vous Mélisande, je n'en sais absolument rien, et je dois vous avouez que je n'ai, pour l'instant, pas le temps de m'y consacrer car cette missive ne concerne pas les miens, mais les amis du créateur.
Ses yeux plissé et perçant se figèrent sur ceux de l'aes sedai.
Je vais vous avouez autre chose, vous semblez fort curieuse de voir ce qui se trame au Cairhien. Cependant, j'aimerais que vous restiez ici à mes côtés avant de vous rendre la bas, car oui, je vous y autoriserais si vous me promettiez que vous êtes liée à ma cause.
Le M'Hael se tourna fit quelques pas les mains dans le dos puis se tourna vers elle à nouveau
Une guerre aura lieu d'ici quelques jours et j'espère que vous aiderez nos troupes à la remporter et repoussez l'ombre du désert des aiels.
Une aube grise commençait à s'étendre sur les dunes lointaines, faible lueur sur l'horizon plat, la première qui lui semblait voir depuis bien longtemps. Après un bref repos chargés de souvenirs déformés, Owyn s'était levé pour voir ce matin blême, qui n'influait guère sur l'activité du campement déjà bien réveillé suite à leur arrivée nocturne. Il avait trouvé à se laver, et un des soldats-canalisateurs, une fraîche recrue apparemment, lui avait apporté des vêtements disparates qui semblaient avoir été récupérés un peu n'importe où à travers le camp. Délaissant la tunique large et peu pratique, il s'était contenté de chausses et d'une chemise propre et avait passé son baudrier à sa taille avant de s'aventurer au hasard à travers les temps. La file des serments se poursuivait, encore longue sous le soleil naissant, et il devinait la présence de Mélisande du côté de la tente d'Elessar. Une certaine tension perceptible à travers le lien lui apprenait que la conversation n'avait rien de reposant, pour aucun des deux. Il commençait à appréhender le caractère de la Soeur Brune, et connaissait relativement bien celui du nouveau M'hael pour l'avoir côtoyé. Cette pensée fit naître un pli amer au coin de sa lèvre, avant qu'il ne se tourne de nouveau vers l'horizon.
Un mouvement lointain attira son regard. Un léger flottement, et presque au même instant, il perçut les alertes des Asha'mans autour de lui. Il ne lui fallut pas longtemps pour distinguer, à travers les brumes de sables, la troupe d'Aiels lancés au pas de course et approchant du camp. Ils perçaient l'aube froide comme une lame trancherait la soie.
Hâtant le pas autant que le lui permettait sa blessure, le Gaidin se dirigea sans hésiter vers la tente d'Elessar. Un garde posté là le regarda mais le laissa passer, distrait par l'arrivée de leurs étranges alliés. Owyn repoussa le rabat sans s'annoncer, son arrivée étant déjà connue par au moins une personne en présence. Il déclara tout de go, d'une voix aussi terne que son regard :
"Les Aiels approchent. Ils devraient être là d'ici peu."
Son attention se porta aussitôt sur la Sœur Brune. Leur avenir se précisait.
