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(2è Cycle) À Cairhien
(Sujet créé par Durnik l 23/07/10 à 15:43)
Ce sujet est réservé aux RP se passant dans la ville de Cairhien - maison, Palais.
Sur la rive Est de l'Alguenya se dresse la ville de Cairhien, autrefois nommée Al'Cair'raihienallen - la Colline de l'Aube d'Or en ancienne langue - Capitale de la nation du même nom. Entourée des Faubourgs, rémanence d'une histoire pleine de conflits, la ville pétille d'activité entre commerce et Daes'Dae Mar, le Jeu des Maisons joué par chaque habitant de cette nation.
Durnik ecouta Niedjan lui enseigner petit a petit les based du Pouvoir. Il imagina le.monde qu'il decrit, avec un centre de recherche sur le Pouvoir.
Donc meme les Elus ne savaient pas tout sur le Pouvoir
Durnik suvit l'ordre de Niedjan et se representa la flamme plus tot apparue dans la paume de son instructeur.
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Durnik n'arrivait meme pas a se representer la flamme. Oh il la voyait bien, mais elle se consumait en quelques secondes, bien insuffisantes pour faire le vide dans son esprit comme precedemment. Il ouvrit les yeux, secoua la tete comme pour en chasser quelque chose, et reesseya :
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La deuxieme fois aussi ce ne fut qu'une lumiere ephemere qu'il visualisa. Celle ci dura plus longtemps, mais il n'eut toujours pas le temps de faire le vide. Il se dit que c'etait les emotions vives accumulees ainsi que les nombreux soucis et contrarietes qui le bloquaient.
L'Elu observa en silence les essais infructueux de Durnik, le sentant bien trop nerveux pour parvenir à s'emparer du saidin si facilement. Finalement, le voyant qui s'interrompait, il dit :
"Tu n'as pas besoin d'imaginer cette flamme en particulier, simplement une flamme qui consume toutes tes émotions, jusqu'à être parfaitement calme, alors le saidin viendra à toi de lui-même et tu devras le contrôler tout de suite."
Il se leva avec un léger sourire :
"Je vais m'éloigner pour que tu puisses t'entraîner calmement, mais je suis prêt à intervenir en cas de... problème."
Il se rendit à la fenêtre et parcourut rapidement des yeux la ville et les montagnes, l'esprit aux aguets néanmoins au cas où le tairien se laisserait déborder par le saidin.
Durnik ecouta Niedjan lui expliquer comment atteindre l'etat d'ataraxie requis pour capter la vrai source. Il le vit ensuite s'eloigner et regarder par la fenetre. Il refit alors un essai.
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Il decida de changer de position et s'assit a meme le sol. Il bougea pour en trouver une confortable et au bout d'un moment se retrouva en lotus sur le sol, l'epee qu'il avait enleve de sa hanche maintenantsur ses jambes, les bras tendus mais relaxes appuyes dessus. Il ferma les yeux et se representa une flamme vive. Celle ci disparut aussi, mais fut remplace par une represebtation de lui meme, dans la meme position, qui exhalait toute les emotions a l'exterieur de son corps. Plus les emotions s'en allaient, plus son corps etait nimbe de lumiere, jusqu'a ce que a travers cette lumiere, il accede au Pouvoir Unique. Comme precedemment sur les quais, il combattit un ocean rugissant de fzu et de glace et se concentra derechef pour ne pas sombrer. Malgre ses efforts, il perdit la source qui s'en alla.
Suivant attentivement les efforts de Durnik bien qu'il lui tournât le dos, Berislav avait en même temps l'impression d'être à mille lieux de là, comme il tentait de se souvenir de sa propre première expérience du saidin. Bien sûr, il s souvenait du moment, mais les impressions, les sensations qu'il avait éprouvé alors lui semblait totalement étrangères. Etait-ce la faute de ce maudit corps ? Il n'aurait même pas su dire. Ils devaient donner un étrange spectacle, en tout cas... Un Elu enseignant le pouvoir... quelle idée ! Et pire encore, une femme enseignant le saidin... Chassant cette pensée déplaisante, Niedjan se retourna quand Durnik se saisit de la source, et eut un léger sourire en la sentant lui échapper.
"Pas mal", dit-il néanmoins. "Réessaie et ne le laisse pas s'échapper si vite cette fois-ci."
Il semblait avoir plutôt bien compris le processus. Cette fois-ci ou la suivante serait sans doute la bonne.
Encore une fois, il ferma les yeux et se representa lui meme dans un ocean de tenebres noires comme la poix. Les emotions parasites fuyaient son corps tandis que de la lumiere y entraient, et dans le vide, il ne restait que lui et la lumiere, lui donnant comme tout a l'heure acces a la Vrai Source. Toujours la meme lutte pour le controle, qu'il perdit presque, et decida de relacher la source pour ne pas etre consume par le Pouvoir.
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Il fit une petite pause avant de reessayer, se degourdit les jambes et se reinstalla en position. La lumiere vint plus vite cette fos et la se'sation de vie et de joie contrebalancait plus fortement la rudeur du saidin. Il combattit de toute ses forces le tourment de feu et de glace, les tourbillons et led cascades, comme un fleuve dans un canyon avec des eaux en furie. Se laisser porter par le courant dans de telles circonstances est voue a l'echec. Il arrivait a garder la source en lui, et continua ainsi jusqu'a epuisement. De la sueur perlait de son front, a cause de la chaleur de la pleine journee ou du pouvoir, il ne le savait pas.
Cette fois, l'Elu eut un sourire plutôt satisfait et s'écarta de la fenêtre.
"Parfait !" dit-il en s'asseyant sur ses talons en face du tairien. "Comment te sens-tu ? Tu verras qu'au fur et à mesure ce sera de plus en plus facile de contrôler le saidin, mais tu devrais déjà sentir qu'il n'est pas... uniforme, mais qu'il est composé de différents flux. Est-ce tu peux les distinguer ?"
Il fit de nouveau apparaître une petite flamme entre eux.
"Par exemple si je fais ça, j'utilise le Feu... ça parait logique jusque là mais parfois ça l'est beaucoup moins. Pour modifier son apparence, on utilise le feu et l'air."
Durnik regarda la flamme fixement et vit en effet qu'elle etait differente de celle precedemment observee. Une sorte de tresse de fils tissees entre eux. un flux de feu? C'est vrai que cela semble logique "Je vois en effet un enchevetrement de filin qui formenr le feu. Par contre je ne comprends pas pouquoi le changement d'aparence se fait avec du Feu et de l'Air..."
"Parce que dans la nature, le feu et l'air sont les deux éléments les plus propices à créer des illusions. Les images que nous voyons sont dues à la lumière qui traverse l'air, en gros. Les mirages sont créés par la chaleur de l'air... Donc si on déforme l'air, on peut modifier son apparence ou même devenir invisible."
C'était très résumé mais globalement l'idée y était. Sans dissiper la flamme, Berislav détourna un second flux de saidin, et combinant l'air et le feu, reprit un court instant l'apparence d'un jeune homme blond, puis relâcha le tissage.
"Mais je m'avance un peu. Pour l'instant j'aimerais que tu regardes le tissage de la flamme et que tu le mémorises. Et éventuellement que tu essaies de le reproduire..."
Difficile pour lui de savoir s'il allait trop vite ou non, ça faisait trop longtemps qu'il avait appris.
Durnik parut au debut sceptique face a l'explication de Niedjan sur la combinaison des flux, mais compris rapidement la metaphore. Il ecouta ses consignes avec attention et porta donc son regard sur le tissage pour en memoriser la forme.
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Il analysa donc le tissage pour comprendre comment l'imbriquement des flux fonvtionnait. Il voyait a peu pres comment agencer les fils de "Pouvoir" - a defaut d'avoir le vocabulaire adequat pour le formuler - et tissa les flux. Il imita plutot bien le tissage de Niedjan, et fit bruler dans sa paume une flamme sans combustible. Un soldat, habituer a faire des feux pendant les campements, ne parvenait pas trop a comprendre les mechanismes du Pouvoir, et frisonna d'avoir fait son premier tissage avec le Pouvoir Unique...
Conservant la flamme au creux de sa paume en guise de modèle, Niedjan observa le premier tissage de Saidin de Durnik, et s'étonna un peu qu'il ne soit pas si maladroit que cela pour une première. Un sourire se forma lentement sur son visage lorsqu'il comprit que son élève avait réussi si vite, et il dissipa la flamme qu'il avait lui-même créée en en aspirant la chaleur.
"C'est parfait !" s'enthousiasma t-il dans un élan assez rare. "Maintenant penses-tu pouvoir l'éteindre et recommencer de mémoire ? Tu y arriveras sans trop de mal je pense."
Durnik fut surpris du ton enjoue de Niedjan face a ses debuts de canalisateurs.
"Le meilleur moyen de le savoir, c'est d'essayer, n'est ce pas?"
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Pour faire disparaitre la flamme, Durnik reitera l'operation de Niedjan et ne qavait pas vraiment ce qu'il faisait, mais il dissipa la chaleur en la propageant ailleurs, comme la cheminee, propice a l'absorbtion de chaleur. Il ne relacha pas la Source mais recommenca le tissage de la flamme de memoire, celui ci se gravant dans cette derniere. Par exces de zele, il redissipa la chaleur comme precedemment et refit le tissage encore une fois. Il commenca a s'epuiser un peu.
"L'utilisation du Pouvoir Unique est elle si eprouvante que cela? Je commence deja a fatiguer un petit peu. Je croyais qu'avec le Pouvoir, on pouvait abattre un armee ou raser une ville entiere, mais une telle prouesse doit nous vider completement de toute energie, non?"
Il avait cependant tellement envie d'apprendre qu'il enchainat avec une autre question et failli couper Niedjan qui s'appretait a repondre a la premiere.
Durnik parut réussir avec une certaine facilité le tissage deux fois de suite, et Niedjan sourit, plutôt satisfait. Il avait eu quelques doutes en voyant ses difficultés pour s'emparer de la source, mais finalement il semblerait qu'ils avanceraient plutôt vite. Néanmoins le tairen commençait déjà à se fatiguer peu à peu. L'Elu hocha la tête et s'apprêta à répondre à sa question, mais Durnik l'interrompit presque, et il eut un air vaguement amusé devant une si soudaine impatience.
"Nous allons commencer par travailler les tissages du feu et de la terre, qui sont les deux éléments les plus faciles pour les hommes, en général. Quant à votre première question, à force d'entraînement vous aurez de plus en plus de facilité à utiliser le Pouvoir Unique, et ces tissages simples ne vous demanderont plus que très peu d'effort. Vous gagnerez en endurance, et votre puissance se développera probablement aussi. Le pouvoir permet en effet de faire des choses très impressionnantes, mais même un canalisateur particulièrement puissant s'épuiserait en réalisant de telles prouesses, à moins d'utiliser un sa'angreal. De plus nous ne sommes pas tous égaux face au Pouvoir. Globalement, les canalisateurs ont une puissance brute bien supérieure aux femmes, ce qui les rend plus propices à réaliser ce genre de... prouesses, mais ce n'est pas toujours le cas. Je ne suis pas particulièrement puissant, c'est ma maîtrise du saidin qui fait ma force."
Il était même particulièrement faible, mais inutile de le préciser. Souriant à nouveau, il demanda :
Durnik ecouta le menton dans sa main, l'air songeur
Il essayait de voir toutes les implications des lecons pour voir quels en serait les avantages ou lsmes inconvenients.
Cela lui rappella les batailles contre une large bande brigands aqsiegeant un village ou des fermes isoles, se deplacant par raid tout le long de la nation, alors qu'il commencait sa carriere d'officier a Tear, sa premiere mission en tant que commandant d'une Banniere. Le chef de la bande etait un homme imprevisible et Durnik avait du composer ruse et intelligence pour defaire l'intrepide. Avec chaque information deduire un schema, des possibilites. Evaluer des risques, trouver des opportunites.
Il releva soudain la tete alors que Niedjan lui demanda s'il etait pret a continuer l'entrainement. Il leva des yeux enflammes d'impatience et brulant d'ambition qu'il fixa sur le regard souriant de son maitre.
Dans un ton plein d'assurance et avec une pointe d'arrogance dans la voix, il decocha un sourire extremement inquietant a Niedjan et dit :
"Bien sur que je veux continuer! J'ai une vengeance a prendre. Peut importe qui je trouve sur mon chemin vers Demiandre. J'aurais sa tete un jour ou l'autre!"
D'un coup, il se raidit. Toujours en tailleur sur le sol, il formait maintenant une sorte de triangle avec les bras tendus, le regard vide mais fixe sur un point de l'horizon a travers la fenetre. Le crepuscule arrivait et une aura rougeoyante lui illuminait le visage. Sa bouche s'ouvrit et il enonca d'un air assure, quasiment ineluctable :
"Les Gardiens de l'Ombre surgiront des Tenebres telle la peste parmi les Hommed. L'equilibre sera brise quand les disciples destitueront les Maitres. Le feu contre le feu, le fer contre le fer, le Pouvoir contre le Pouvoir"
Un instant apres, Durnik se detendit d'un coup comme une corde sectionnee, l'air perdu.
"Qu... qu'est ce qu'il s'est passe?? J'ai eu l'impression... je ne sais pas... de n'etre plusvraiment moi meme...
Eh bien, le ton de Durnik avait changé... Le fixant de ses yeux sombres, l'Elu ne répondit rien, mais plusieurs pensées traversèrent son esprit alors qu'il analysait le comportement du tairen. Un tel acharnement laissait soupçonner une rancune personnelle bien plus que le désir de remplir son devoir auprès des seigneurs de Tear, mais ce n'était pas ça qui intéressait Berislav. Ce qui l'intéressait, c'était cette hargne déployée contre celui qui l'avait offensé d'une façon ou d'une autre, cette haine si forte qu'elle était capable de le porter aussi loin... Un trait de caractère qui pouvait devenir dangereux... très dangereux entre certaines mains. Le genre de trait de caractère qui intéresse en général les Elus lorsqu'ils cherchent leurs disciples, et qu'ils savaient si bien amplifier. Niedjan eut un froncement de sourcil et un sourire ambigu. Lui ne cherchait pas particulièrement à se trouver un disciple trop dangereux ou trop fort, surtout pas ce Durnik dont la puissance brute en matière de pouvoir surpassait déjà la sienne. L'homme qui l'avait présenté au Grand Seigneur il y a de cela des millénaires, cet homme même que Durnik avait entrevu quelques heures auparavant dans ces appartements de Tar Valon, avait sans doute eu le même raisonnement, peut-être même était-ce ce qui l'avait encouragé à miser sur les capacités d'un canalisateur à l'origine si faible... Chassant ces pensées inutiles, l'Elu aux cheveux blancs s'apprêta donc à poursuivre son enseignement, mais la soudaine raideur de son vis-à-vis l'alerta. Il releva les yeux, et vit son regard devenir étrangement distant... puis sa bouche s'ouvrir pour prononcer avec assurance ces quelques phrases.
... Berislav demeura pétrifié, le regard fixé sur le tairen et l'esprit bouillonnant. Sans même s'en rendre compte, il s'était emparé du saidin, et il était en train de tisser les flux d'Esprit quand il réalisa son acte. Un sourire étrange fit trembler sa lèvre une brève seconde. Avait-il pensé à le couper de la source... le neutraliser ? Il dissipa son tissage, mais la prophétie -nulle doute que c'en était une- l'avait effrayé, il fallait l'avouer, même si la première partie aurait pu de prime abord paraître positive. Mais les disciples qui destituaient les maîtres... les ombres qui surgissent... Un coup d'état contre le Grand Seigneur, au sein de son propre clan ? Impossible. Se levant sans répondre, Berislav traversa la pièce en courant, et se saisissant d'un feuillet et d'une plume qui traînaient sur un meuble, nota mot pour mot les paroles de Durnik d'une main brouillonne. Ses doigts se crispèrent sur le stylet. Que faire ? Il détenait là un atout puissant contre ses pairs, mais le Grand Seigneur ne lui pardonnerait pas de cacher pareille information... Et il ne manquerait pas de vouloir garder enfermé un homme capable d'énoncer des prophéties.
D'un geste qui se voulait parfaitement calme, l'Elu plia le papier et le glissa dans sa tunique sans se retourner, puis lâcha finalement :
"Tu me mets dans une situation délicate... Dois-je privilégier mes intérêts, ceux de mon maître ou les tiens... ? La réponse paraîtrait évidente... Si je m'attendais..."
Si Durnik avait réellement l'intention de prendre sa place, il n'y avait pas de raison de se soucier de lui, mais le remettre entre les mains du Grand Seigneur signifiait le rapprocher dangereusement de la source du pouvoir... à moins de s'assurer de sa fidélité. Les yeux dans le vide, L'Elu au visage de femme porta une main à ses lèvres en signe de réflexion. D'une voix distraite, il prit quand même la peine de répondre :
"Tu prophétises... C'est un don rare que très peu peuvent se vanter de posséder... mais un don dangereux dans de mauvaises mains. Et ce que tu as dit...hm."
Est il devenu fou? Prophetiser? Encore une Legende des Eres precedentes, certainement. Mais pourquoi dirait il cela? Et puis cette sensation bizarre de malaise, et l'impression d'avoir un mauvais pressentiment...
"Je prophetise... Qu'est ce donc? Et pourquoi est ce si dangereux 'entre de mauvaises mains', Niedjan?"
Durnik vit sur la table des liasses de papiers, dont certaines vierges de tout mot, et vit la plume de Niedjan hors de son etui.
il a donc ecrit quelque chose par rapport a mon experience. Une note pour quelqu'un, un aide-memoire? Il n'y a pas l'air d'avoir de papiers de grande importance a premiere vue. Certains sont quasiment vierges, d'autres etales de facon bien visible. Et d'apres son discours tout cela semble assez important. Il a donc du le garder sur lui. Les Elus semblent garder autant de secrets qu'ils ont d'annees.
"Je suppose qu'entre disciple et Maitre, il devrait y avoir une mesure de confiance, aussi peu recommandable que soient les personnes. Peut etre pouvons nous mettre de cote la mefiance et essayer de comprendre ensemble ce qu'il se passe, non?Deux cerveaux valent mieux qu'un, meme si je ne possede pas les connaissances de l'Ere des Legendes. Puisque je suis votre allie par defaut, autant que je vous aide d'une facon ou d'une autre, non? Pourrait je au moins savoir ce que j'ai dit pendant... ma... transe?"
Sourcils froncés, Niedjan ne répondit pas tout de suite mais fit à nouveau quelques pas à travers la pièce et se posta derrière sa harpe, posant ses mains sur la console comme si cela pouvait l'aider à réfléchir. Il tiqua quand le tairen évoqua les maîtres et les disciples, mais trouva presque amusement qu'indirectement, Durnik le qualifie de peu recommandable. Etait-il en train de lui donner des conseils... de le guider ? Quelle audace... Pourtant l'Elu se laissa apaiser, et d'une voix égale, répondit finalement :
"Tu prophétises... tu dis l'avenir si tu préfères, ou plutôt certains éléments présentés de manière symbolique. C'est parfois difficile d'interpréter une prophétie, car elle peut vouloir dire une chose comme son contraire, mais tu comprends néanmoins qu'un tel don peut s'avérer particulièrement utile pour le... camp qui le possède. Et cette prophétie..." Berislav n'eut guère besoin de ressortir le papier glissé contre sa chemise. Il se contenta de répéter mot pour mot : "Les Gardiens de l'Ombre surgiront des Ténèbres telle la peste parmi les Hommes. L'équilibre sera brisé quand les disciples destitueront les Maitres. Le feu contre le feu, le fer contre le fer, le Pouvoir contre le Pouvoir"
Il laissa couler un silence, puis ses yeux sombres se posèrent à nouveau sur le tairen, et il reprit d'un ton neutre :
"Les études que j'ai menées sur le Pouvoir m'ont amené à penser que celui qui énonce la prophétie le fait rarement en face de n'importe qui... Parfois le récepteur est même étroitement lié à ce qui est dit, alors que dans d'autres cas la prophétie a une portée beaucoup plus globale. Je suppose qu'à présent tu comprends mon dilemme."
Ne pas donner pareille information au Grand Seigneur serait de la trahison, mais il ne tenait pas à laisser son... disciple le dépasser grâce à son don. Tapotant le bois de sa harpe du bout de ses ongles, l'Elu finit par murmurer :
"Je... je dois voir mon maître. Moi qui comptais te garder secret pour ne pas attirer l'attention des autres, mon plan tombe finalement à l'eau..."
Il se demanda si Durnik commençait à mesurer les implications de ce qui se passait. Dans les circonstances actuelles, la poursuite de ce Demiandre, voire peut-être même l'apprentissage du pouvoir risquaient de passer au second plan, ce qui pouvait paraître un problème mineur pour l'Elu, mais certainement pas pour le soldat...
Durnik sentit une legere pointe de panique poindre dans la voix de Niedjan. Il semblait craindre quelque chose par rapport a cette Prophetie. Notamment la partie sur les Maitres et Disciples. Il devait avoir peur de perdre sa place, ce qui est comprehensible, et il n'avait certainement pas envie d'etre tue par la personne qu'il a instruit dans le Pouvoir
Mais lui, que devait il faire face a cette Prophetie? Si comme Niedjan le dit, elles ne sont pas ennoncees devant n'importe qui, alors ils sont tres certainement tous deux concernes. Et la partie sur les Gardiens de l'Ombre. Sont-ce des allies du Grand Segneur, ou tout le contraire?
Durnik comprenait peu a peu l'inquietude grandissante de Niedjan. Aura il a tuer Niedjan? Devra il prendre sa place, ou destituer a t-il un autre sens...
Niedjan avait l'intention d'aller voir son Maitre, et Durnik supposa qu'il s'agissait du Grand Seigneur. Qui d'autre appelerait il maitre et dont il aurait peur. Et ainsi il souhaitait cacher son existance vaux autres Elus aussi longtemps que possible? Combien de plans Niedjan mene il en meme temps? Quels objectifs secondaire veut il accomplir, quels pieges tends il dans l'ombre?
Quelle est la frequence d'apparition des predictions, sont elles seulement enoncees a quelqu'un? Pourquoi quelqu'un comme moi peut il prophetiser?
"Revenez vite s'il vous plait, j'ai une bataille a remporter au plus vite. Vous vous servirez de mon don autant que l'envie vous en prendra quand j'en aurai termine avec lui. Tel que c'est partie, je serai pas libre avant qe Demiandre soit deja dans la tombe apres etre mort de vieillesse!"
Durnik ne semblait pas avoir encore saisi que la suite ne dépendait pas uniquement d'eux, mais aussi d'autres facteurs bien plus énormes. L'Elu ne répondit pas cependant, et se contenta d'abord d'un hochement de tête, perdu dans ses réflexions. En fait, il préparait son discours. S'il voulait avoir une chance de garder son disciple et de ne pas se faire doubler par les autres, il lui faudrait choisir minutieusement ses mots et orienter ses propos à son avantage. Il finit par répondre :
"Ne t'inquiète pas pour ça, si tout ce passe comme je le souhaite tu devrais être libre de poursuivre ton... but, dès que tu en auras les capacités."
Et sous certaines conditions. Niedjan releva la tête et ajouta sur le ton de la conclusion.
"Je crains que nous n'en ayons fini pour aujourd'hui... je vais ouvrir un portail qui te ramènera à Tar Valon, et nous reprendrons demain. Viens me trouver en début d'après-midi, je serai déjà... fixé."
Il tissa négligemment les flux et un portail se dessina à quelques mètres de là, laissant entrevoir les appartements de l'Elu à la Tour.
Durnik fut un peu soulage par la reponse de Niedjan, mais sentait qu'il cachait encore quelque chose. Il effaca l'air suspicieux qui parut sur son visage pendant un instant et sourit a son Maitre.
"Entendu. Je vous retrouverai dans vos appartements."
Il franchit le portail et se retrouva a l'endroit qu'il avait quitte quelques heures plus tot. Il se retourna de l'autre cote et vit Niedjan passer le portail et le laisser disparaitre. Il fit un signe de la tete et un salut un peu rude, puis se retourna sans pls de ceremonie pour laisser Niedjan a ses affaires. Il decida de sortir de la Tour - le soleil etait encore bas sur l'horizon - lui laissant plusieurs heures avant de retourner voir l'Elu. Il alla dans une auberge pour manger et joua aux des et aux cartes avec des marins arrives au port peu avant. Il ne gagna pas souvent, mais pkus que ce qu'il avait perdu. N'ayant pas grand chose dont il avait besoin, il paya une tournee avec les benefices et un pourboire pour la belle serveuse, une Domanie a la peau cuivree avec de beaux xheveux frises aile-de-corbeau. Il sortit ensuite dans les rues et dembula sans vraiment y songer. Il etait encore un peu etonne par le fait qu'il etait un Predicateur.
Soudain, il percu un mouvement dans la ruelle ou il se trouvait. Deux personnes le suivaient et avaient a la main des couteaux de plusieurs pouces de long. Il sortit donc sa propre epee de son fourreau et fit face aux deux malandrins. Le premier se jeta sur lui sans sommation dans une attaque brusque et peu reflechie. Il contra facilement l'armz et le defit sans autre forme de proces. Le deuxieme s'approchait plus prudemment et sorti un couteau de lancer qu'il jeta sur lui.
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Il esquiva maladroitement le couteau et se retrouca nez a nz avec son assaillant contre qui il batailla fermement. Cet homme etait plus experimente que le precedent, et lui donna du fil a retordre. Cependant, il finit par reprendre le dessus et enfonca la pointe de son epee dans le corps du malheureux.
Rengainant son epee apres en avoir essuye le sang de sa lame, il courrut vers un lieu frequene en direction de la Tour.
Etais je leur vrai cible ou une opportunite? Est ce a cause de mon Talent? Est ce un coup de Demiandre, et dans ce cas la est il possible qu'il soit roujours en ville? Est un complot de Niedjan?
Il essaya de reflechir calmement - s'il est possible d'etre calme avec un coeur battant a cent a l'heure - aux possibilites et les implications, mais ses conclusions ne le rassura pas le moins du monde... il espera vivement que l'heure de retrouver Niedjan arriverait bientot.
Apres avoir traverse le portail tisse par Niedjan, il se retrouva a des lieues de Niedjan physiquement, mais le voyait de l'autre cote, a quelques centimetres de lui. Il s'ecarta du portail et alla s'installer dans un siege. Au bout d'un moment, il se leva et alla chercher un instrument de musique. Il y avait la des cors richement graves, des flutes ouvragees de fin fils d'or, d'argent ou de cuivre. Il en prit une simple, sans decoration, posee un peu a l'ecart. Il avait appris a en jouer pendant qu'il faisait parti de la Garde de Tear. Il joua un morceau simple qu'il avait appris au tout debut. Il se familiarisa avec l'instrument et continua avec the Wind that shakes the Willow (je me souviens plus du nom en francais) et continua avec d'autres alors qu'il finissais la precedente.
Niedjan attendit que Durnik se fut suffisamment éloigné du portail, puis le referma. Autant éviter de le découper en morceau par accident, maintenant... Dans un soupir, il alla verrouiller la porte de ses appartements ; il ne tenait pas à ce qu'on vienne s'y promener durant son absence, même si a priori il n'avait rien laissé traîner d'important.
Quelques minutes plus tard, lorsqu'il voyagea jusqu'au Cairhien, il avait de nouveau revêtu une tunique et un pantalon d'homme, et ses cheveux étaient noués en catogan. Il haussa un sourcil en voyant le tairen jouer d'une de ses flûtes, sourit et s'assit en silence derrière sa harpe. Il improvisa un accompagnement sur la mélodie que jouait Durnik, espérant qu'il ne s'interromprait pas sous le coup de la surprise. Ca faisait bien longtemps qu'il n'avait plus joué avec personne... mais ce devait être une chanson de cette ère-ci, car elle ne lui disait rien... où alors elle avait été trop déformée par les siècles pour qu'il la reconnaisse encore.
(ça doit être un titre bidon, parce que j'avais jamais fait le rapprochement avec la ballade irlandaise the wind that shakes the barley... quel copieur ce Jordan. )
Alors qu'il se perdait en jouant une melodie dramatique, il entendit derriere lui les cordes d'une harpe etre pincee. Une note. Puis une autre. Puis la harpe se mela a la flute dans une melodie a deux tons harmonieuse qui semblait etre de deux epoques differentes. Alors qu'il se retourna pour regarder Niedjan, et se dit que c'etait peut etre le cas
De nouveau habille en homme, il vit sur son visage un sourire melancolique et de la peine sur son visage. Mais en meme temps, il avait l'air d'etre content de jouer. Durnik decida a la fin de xette melodie d'en reprendre une autre, plus douce, a laquelle Niedjan ajouta les sons clairs et harmonieux de sa harpe qu'il extrayait de mouvements souples de ses mains expertes. Quelques minutes ils jouerent ainsi.
Durnik reposa alors la flute apres l'avoir nettoyee et remise dans son etui de cuir simple.
Il se tourna vers Niedjan, toujours avec la harpe, en train de toucher les cordes sans bruit.
Enrichissant son accompagnement de variations supplémentaires à mesure qu'il découvrait la mélodie, Niedjan songea que cette musique était bien différente de celle de son temps. Il avait beau ne pas être un expert en flûte, il doutait que quiconque à son époque en aurait joué ainsi... Il termina sur un arpège comme Durnik achevait son morceau, et se laissa devancer de quelques mesures avant de le rejoindre sur une nouvelle mélodie toute aussi inconnue. Un sourire vaguement amusé glissa sur ses lèvres, pour disparaître presque aussitôt. Le tairien cachait de nombreux talents, semblait-il...
Quand la flûte cessa, Niedjan laissa filer quelques derniers accords, puis finit par s'interrompre, laissant ses doigts effleurer les cordes pour en arrêter les vibrations. Du coin de l'oeil, il distingua la silhouette de Durnik tournée vers lui, et sourit faiblement :
"Sais-tu quel est le prix pour être un Elu ?" Non évidemment, il n'en savait rien. Niedjan repoussa la harpe appuyée contre son épaule, et leva les yeux vers lui. "tout le reste disparait." Il secoua la tête et se releva, comme pour dissiper les échos de ses propres paroles, puis s'approcha du tairien, et reprit d'une voix plus naturelle : "J'aimerais que tu rejoues avec moi, à l'occasion... à présent souhaites-tu reprendre notre... enseignement ?"
Il ne savait pas précisément la quantité d'effort qu'il pouvait dans la même journée à un canalisateur débutant.
"ce n'est peut-être pas plus mal que tu n'ais pas réussi à canaliser face à ces brigands, tout à l'heure, maintenant que j'y pense. Quand on ne contrôle pas son pouvoir, les effets peuvent être désastreux."
Que pouvait signifier ce "tout le reste disparait"? Durnik n'en avait aucune idee.
"Cela sera avec plaisir, Niedjan. Ce fur tres plaisant et merci de m'avoir accompagne. Concernant mon entrainement, c'est vous qui decidez. Vous savez sans doute mieux que moi cquels dangers j'encours, comme vous le dites concernant les brigands. Je ne voudrais pas me bruler parce sue je vpus demanderai tout le temps de m'entrainer."
Durnik parut ne pas comprendre ses paroles et c'était tant mieux, ça lui éviterait potentiellement des ennuis plus tard. Il sourit, peut-être plus serein grâce à la musique et la perspective de jouer encore, puis réfléchit rapidement aux paroles du tairien. S'il savait mieux que lui les dangers encourus... probablement, mais il n'avait jamais enseigné le pouvoir, et sa propre expérience remontait à bien longtemps. Cependant, pour ce qu'il en avait vu à la Tour, les aes sedai en faisaient rarement plus que ce qu'ils n'avaient fait en une seule journée.
"Hm... je serais plutôt d'avis que la journée a été bien assez chargée comme cela, n'est-ce pas ?" Surtout avec une prédiction et une attaque de brigands en prime. "Si tu veux entraîne-toi à nouveau à te saisir de la source pour que ça devienne plus naturel, mais je ne crois pas que nous pourrons apprendre grand-chose de nouveau aujourd'hui, sauf si tu as des questions d'ordre théorique."
Cela faisait quelques mois désormais que l'apprentissage de Durnik avait commencé. L'évolution avait été rapide ; le tairien n'avait plus guère de difficulté à se saisir de la source, et maîtrisait déjà un certain nombre de tissages simples, en particulier pour la Terre et le Feu. Et aucune nouvelle tentative d'assassinat n'avait été à déplorer, comme l'avait supposé Berislav, lequel poursuivait inlassablement ses allers-retours entre Cairhien et la Tour, et disparaissait parfois deux ou trois jours sans qu'on sache précisément ce qu'il faisait.
Repensant aux divers événements des derniers mois, Berislav s'était assis sur le rebord de la fenêtre de sa salle de musique, et regardait distraitement Cairhien s'agiter à quelques lieues de là sous le soleil matinal. Une fête semblait se préparer, probablement quelque chose d'important pour provoquer un tel enthousiasme au sein de la cité malgré l'étouffante chaleur estivale, mais il n'y prêtait guère attention. Durnik allait sans doute bientôt le rejoindre, toujours aussi déterminé malgré les difficultés. Ce devait être à cause de cet homme, ce... Demiandre. L'Elu sourit, presque amusé. Le tairien n'avait toujours pas expliqué pourquoi il se donnait tant de mal pour poursuivre un simple voleur, mais il n'était pas bien compliqué de deviner qu'il s'agissait de motivations personnelles.
Durnik traversa les rues encombrees de la ville, le dos droit, ne portant meme pas un regard aux simples gens s'affairant dans les boutiques, sur les places et dans le faubourg. Une fete etait en preparation, une de celle que les Rois et Reines de Cairhien celebraient pour le plaisir du peuple et essayer de leurs sortir les soucis du crane. Un tel gachis pour des gens qui ne savent que comploter.
Ce matin encore, deux laquais l'avaient suivi dans les rues parfaitement perpendiculaire de la ville pour savoir ce que faisait un homme de Tear, d'apres son visage, mais habille d'une maniere qui ne ressemblait a rien de connu a cette epoque, dans leur ville. Trois autres groupes d'espions l'avaient aussi piste. Les Cairhienins et leur maudit Daes Dae Mar! Il en avait deja reduit quatre au silence grace a la lance sans lame qu'il gardait avec lui depuis son incident a Tar Valon. Il ne les avait pas tues, mais ils doutaient qu'ils puissent parler de sitot avec leurs machoires devenues obliques et certaines dents manquantes.
Il est vrai que ses habits netaient pas communs. D'un gris anthracite, et d'une coupe etrange, sa veste aux larges epaules etait plus longue a l'arriere qu'a l'avant. La large ceinture de cuir noir rabatait les rabats de la veste en formant un V en dessous duquel apparaissait une chemise de soie noire avec de legeres touches de broderies aux manche et au col, formant un degrade de gris. Il aimait ce style, que lui avait decrit Niedjan, et ces couleurs.
Durnik etait contrarie. Deja par les malandrins qui cherchait a lui vider les poches, les espions en tout genre, et sa mission qui n'avancait pas d'un pouce. Meme si son entrainement portait ses fruits, et meme plutot vite d'apres son professeur, il n'arrivait pas a oublier le fait que Demiandre pouvait etre n'importe ou maintenant. Tellement de temps avait passe qu'il aurait deja put atteindre Shara et se cacher la-bas.
Je le reduirait en cendres des que j'appercevrait ne serait-ce qu'un seul de ses cheveux. Il aura beau fuir n'importe ou, meme a Seanchan, je le retrouverais quand meme et lui ferait payer!
Il essaya de se calmer alors qu'il prit une rue qui menait au Palais de Niedjan. Im fit le vide dans son esprit. Cela lui permettait de s'entrainer. En arrivant devant le portaik, Durnik ne s'arreta pas mais continua et pris une petite porte cachee au milieu des feuillages d'un sale aux branches tombantes. Il traversa ensuite un petit jardin entourant la demeure. Il sentait le delicat parfum des roses, la fragrance des fleurs tapissants des plates bandes ceinturant les chemins paves.
Il entra par la porte donnant sur le vestibule et se rendit directement dans la salle aux instruments. Il toqua quatre coups secs contre la porte en chene.
Apres la reponse de Niedjan, il ouvrit et rentra. Niedjan regardait par la fenetre. Il ne dormait plus beaucoup depuis quelques temps, multipliant les deplacements il ne savait ou. Et il ne cherchait pas vraiment a savoir.
Il s'approcha de lui et lui tendit un petit paquet.
"Je me suis laisse entendre dire que c'etait votre anniversaire. Je me suis dis qu'il fallait marquer le coup. Apres tout, c'est grace a vous que je suis la ou je suis. Il deposa le paquet sur le gueridon, a portee de main de Niedjan.
J'ai encore ete suivi. Je n'ai pas reussi a faire parler les gens pour savoir qui les a engages. Ce que je sais, c'est qu'un des groupes guettait cette endroit. Je n'en sais malheureusement pas plus..."
A cause de ces filatures constantes, Durnik ne pouvait s'empecher de regarder par dessus son epaule constamment. Il sentait parfois des yeux le suivre. Mais il ne voyait rien ni personne quand il regardait a son tour. Ce qui le contrariait d'autant plus.
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Plusieurs parchemins plies nettement se trouvaient sur un plateau d'argent cisele, pose sur une table basse a cote d'un siege en bois brut d'une chambre quasiment vide, a part un bureau portant un bel ecritoire ouvrage, ferme a cle avec une lourde serrure. D'une main ferme, Gaeldron en attrapa un et le deplia. Il lut le message code qu'il contenait, ecrit de la main abimee d'un de ses Yeux et Oreilles a l'ecriture malhabile, et le deposa sur un plateau identique, pose de l'autre cote du fauteil, apres avoir brule le message avec une bougie.
Il repeta l'operation avec chaque message, le gravant dans sa memoire. Il se leva ensuite de son fauteuil et sortit de la piece qu'il ferma hermetiquement, a grand renfort de loquets et de cadenas.
Il se rendit dans le salon et passa la porte-fenetre pour aller sur le balcon regarder la ville. Les gens grouillait, se depechait, se remuait sous une chaleur torride. Gaeldron ne pourrait pas supporter tout cela. Il se dit ensuite que ceux ci n'avait pas le choix s'ils voulaient survivre. Un serviteur en livree lui apporta du vin epice frais qu'il but d'une traite.
Les evenements etaient inquietant. Et les nouvelles aussi. Ses espions avaient repere une femme aux cheveux blancs en suivant la piste du Tairen. Il ne savait pas grand chose d'eux, a part ce qu'Il avait bien voulut lui dire. Et ce n'etait pas grand chose. Seulement de le surveiller et de se mefier. Quand le moment sera venu, de nouveaux ordres seront emis, lui avait-Il dit.
Il soupconnait presque l'identite de la femme aux cheveux blanc, mais prudence est mere de surete. Et certains de ses hommes manquaienr cruellement de prudence. Un blesse grave et d'autres certainement handicapes pour longtemps.
S'ils connaissaient leur metier, cela ne serait pas arrive. Quelle idee de s'approcher d'aussi pres! C'est le meilleure moyen de se faire demasquer.
Il avait du sanctionner quelques personnes pour la maladresses de certains pickpockets qui cherchaient fortune dans les mavaises bourses. Il reflechit encore quelque instants, accoude au balcon, avant de prendre une plume, de l'encre et des parchemins pour ecrire quelques ordres. Il allait falloir les laisser respirer un peu pendant quelque temps, sans eveiller plus les soupcon, et sans arreter pour ne pas les alerter.
Il songea alors a plusieurs possibilites pour savoir ce qui se tramait chez ces gens...
Ah, ces coups à la porte ! Niedjan redressa la tête, tiré de ses pensées, et invita Durnik à entrer, se détournant de la fenêtre pour lui faire face. Comme la tairien avançait vers lui, il détailla brièvement sa tenue, avec l'impression d'être revenue pour un bref instant plusieurs siècles en arrière. Mais la langue dans laquelle le soldat s'adressa à lui et les cris des cairhienins à l'extérieur le ramenèrent bien vite à la réalité. Le saluant d'un vague sourire, il considéra le paquet que lui tendit Durnik avec une expression intriguée, plutôt troublé, puis un certain amusement apparut sur son visage :
"Tu ne cesseras pas de m'étonner..."
Il ne savait même plus précisément quelle était sa date de naissance, après des siècles d'emprisonnement et deux destructions du monde, et c'était étonnant qu'un historien ait pris la peine de conserver des détails véridiques le concernant lui et les autres élus, au milieu de toute la propagande qu'on répandait dans les livres d'Histoire. Ce n'était peut-être pas la véritable date, après tout, mais quelle importance ? Ce devait être pour ça que les nobles du Cairhien avaient trouvé judicieux de tous lui envoyer une rafale de lettres aujourd'hui... mais ça devait bien faire mille ans qu'on ne lui avait rien offert en mains propres. Ecoutant les déboires de Durnik, il entreprit finalement de dénouer le paquet, découvrant sans grande surprise...
"Un psaltérion ? Amusant !" Il plaça l'instrument contre sa hanche et pinça quelques cordes du bout de l'ongle. Une petite séance d'accord risquait d'être nécessaire. Reposant l'instrument sur ses genoux après avoir détaillé avec attention les gravure du bois, il reprit bientôt une expression plus sérieuse malgré un léger sourire, et réfléchit brièvement aux derniers événements :
"Pour ton affaire... Je pense deviner de qui il s'agit, du moins partiellement. Il est bien connu que je réside à Cairhien la plupart du temps bien qu'on ne sache pas précisément où, mais tous les nobles de la ville ne sont pas pour autant à ma solde. Nul doute que mes pairs ont réussi à se faire des adeptes parmi eux pour affaiblir mes positions ici. S'ils enquêtent à ton sujet et qu'ils ont commencé à faire le rapprochement entre toi et moi, ça peut devenir ennuyeux... et je n'aime pas être ennuyé." Son sourire se modifia en une expression étrange et un peu effrayante. "Que dirais-tu de devenir cairhienin pour quelques temps ? Il faudra aussi s'arranger pour qu'on ne te voit pas sortir d'ici, mais ce n'est pas le plus difficile."
Il semblait prendre l'affaire avec calme, mais néanmoins, il était contrarié, ne devinant que trop bien qui parmi les Elus venait encore se mêler de ses affaires. Mais il avait ses réseaux lui aussi, et la priorité serait déjà de démasquer le seigneur cairhienin qui croyait diriger ces espions.
Durnik regarda Niedjan manipuler avec précaution son présent. Il ouvrit le paquet delicatement mais ne sembla pas être surpris de ce qu'il y trouva. Il prit l'instrument et en joua quelques instants, produisant des sons quelques peu discordants.
Même pas un merci... Quelle manque de gratitude pensat-il avec lassitude.
Niedjan semblait vraiment tout savoir sur tout. Il connaissait tous les nobles, Grands et Mineurs, qui siegeaient dans la nation, ainsi que dans les autres. Il avait des connaissances étonnantes sur des sujets très divers et variés. Les multiples discussions qui suivaient leurs entrainement apportaient sans cesse de nouveaux sujets sur lesquels Niedjan était intarrissable.
Il semblait en savoir long sur les bas-fonds de Cairhien et qui tirait les rênes de l'ombre en l'absence des Réprouvés.
Durnik était inquiet quand Niedjan troquait son habituel sourire confiant par sa grimace effrayante qui ferait fuir un Myyrdraal vers la première ombre qu'il trouverait. Et c'était le cas en ce moment.
"Devenir Cairhienin? Avec ma taille? Comment voulez vous que je fasse cela?
Faisant voler une clé d'accord posée sur une étagère jusqu'à lui, avec toujours la même expression peu rassurante, Niedjan reprit l'instrument offert par Durnik et commença à l'accorder, pinçant la première corde entre ses doigts pour ajuster la note. Comment devenir Cairhienin ? ... mais tout simplement voyons.
"Tu m'as bien vu faire avec Ismène, n'est-ce pas ? C'est un des tissages que je préfère, mais il est sans doute encore très compliqué pour toi... il en existe une version plus simple que les Aes Sedai ont découvert que peut-être tu pourrais essayer... ce sera notre leçon du jour. Sinon eh bien je m'en chargerai."
Il passa à la quatrième corde et s'empara du saidin, tissant le feu et l'air. Son apparence se modifia et Durnik put voir devant lui une jeune cairhienine à la peau pâle et aux cheveux sombres. Cinquième corde.
"Pour l'accent il faudra improviser un peu, bien sûr..." dit-il d'un ton enjoué, détachant chaque syllabe avec précision à la façon du Cairhien. "Tu peux aussi modifier ta taille, mais plus les transformations seront grandes, plus le tissage sera compliqué." Sixième corde. "Avec ça tes espions pourront toujours s'amuser à te chercher..."
Durnik observa encore une fois Niedjan changer d'apparence, passant d'un visage androgyne à celui d'une quelconque noble Cairhienine. Il avait bien observé le tissage utilisé. Des fins fluxs d'Esprits enchevetrés de fils de Feu.
"Il me suffira de me taire. Cela ne devrait pas être trop difficile. Et il y a de grands Cairhienin, même si cela est rare." repondit-il à Niedjan.
[d10]
Durnik saisit la source sans aucun problème. Les quelques mois d'entrainement avec son professeur l'avait bien formé pour cela.
Il canalisa et tissa les flux utilisés par Niedjan pour creer son illusion. Il reproduit presque à l'identique le tissage qu'il avait observé, et insera les flux de Feu au milieu de ceux d'Esprit. Il noua le tissage pour ne pas avoir à le maintenir, et s'observa dans un miroir accroché au mur opposé à la fenêtre. Il ressemblait maintenant à un des malandrins qu'il avait couché au sol.
Il sourit largement, en tournant la tête vers Niedjan.
"C'est vraiment un tissage très utile. Je pense que je vais pouvoir en faire bon usage héhéhé!"
Accordant les dernières cordes, Niedjan observa du coin de l'oeil le tissage de Durnik et dut s'avouer agréablement surpris de le voir réussir du premier coup. Il était meilleur professeur qu'il ne pensait, à moins que ce ne soit le tairien qui était meilleur élève qu'il aurait pu le croire de prime abord. Toujours est-il que l'apparence choisie par le soldat lui arracha un rire bref alors qu'il reprenait son aspect habituel, repoussant d'une main ses cheveux blancs.
"Tu ressembles à un bandit... Seulement, ça ne marchera que pour les non-canalisateurs, les autres verront le tissage." Il reposa la clef d'accord. Un de ces jours, il lui montrerait comment inverser les tissages et les rendre invisibles, mais pas dans l'immédiat. Ce n'est pas un secret qu'on livre si facilement... "Essaie quand même d'en savoir plus sur ces hommes, si tu en remarques qui rôdent par ici... pour ma part j'essaierai de me renseigner dans d'autres sphères... sinon eh bien, mes myrdraals viendront nettoyer tout ça... sans morts inutiles bien sûr."
Mais c'était surtout parce que les morts ne parlaient pas. Il sourit, retrouvant une expression plus normale, puis commença à jouer un air simple sur le psaltérion, doucement.
"C'est un bel instrument et il sonne bien... tu as bien choisi."
Il fallait sans doute considérer que pour un Elu, ça approchait d'un merci...
"C'est l'apparence d'un des bandits que j'ai malencontreusement blesse et qui doit encore etre en train de gésir sur les paves quelques rues plus loin. Et je ne sais pas s'il y a beaucoup de canalisateur dans les parages. En tout cas je serai prudent. Comme toujours." Tout cela fut dit sur un meme ton. Celui qu'on use pour dire que 2 et 2 font 4.
Cependant, Durnik etait content que l'instrument plaise a Niedjan. Il ne savais pas pourquoi, mais il aimait que Niedjan soit content de lui. Comme un enfant qui n'aurait pas fait de betise. Et qui aurait recu une friandise pour avoir ete gentil.
"Je vais aller voir si je peux recolter quelques infos en offrant quelques verres dans une taverne des faubourgs. Il faut par contre que je me change et que je trouve un moyen de sortir sans etre vu. Je reviendrai avant le crepuscule."
L'apparence d'un des bandits hein ? C'était à la fois ingénieux et risqué, cela pouvait lui permettre d'attirer les espions à lui, mais aussi leur faire soupçonner la supercherie. Enfin, il est vrai que Durnik était en général plutôt... prudent. Mais mieux valait s'en assurer. Niedjan sourit doucement, et répondit :
"Je te fais confiance pour cela..."
Le tairien avait visiblement l'intention de ressortir tout de suite tester l'efficacité de sa nouvelle forme, et l'Elu acquiesça.
"Très bien, à ta guise. Quant à moi je vais me remettre à mon... travail. Il y a une porte à l'arrière qui donne non loin des ruelles, si tu veux, ce sera peut-être plus discret."
Niedjan attendit qu'il soit sorti, puis fit appel à un homme gris pour suivre le tairien à bonne distance. Il ne tenait pas à ce que Durnik se fasse assassiner dans une ruelle sombre, pour quelque raison que ce soit.
Durnik avait troque ses beaux atours contre quelque chose de plus citadin. Il avait garde le meme visage et sortait par la porte de derriere que lui avait indiquee Niedjan. Il fit de nombreux detours dans les rues de Cairhien pour se rendre dans les Faubourg bien moins bien arranges spatiallement que la ville elle meme.
Il chercha une auberge dont la salle commune etait bien frequentee, mais avec une clientele plutot normale. Mieux valait ne pas tomber sur une troupe de coupe-bourses qui en avait apres lui. Il se demandait d'ailleurs pourquoi tant d'attention lui etait portee.
Il s'assit a une table un moment, face a la porte mais pas tres loin d'elle, au cas ou il aurait besoin de fuir a toute jambe. Il commanda un pichet de ale et ecouta les conversations alentours. Principalement des marchands et des commercants, certains artisans. Il y avait meme un menestrel qui prenait une pause avant de se remettre a jouer.
Durnik remarqua a une table a l'ecart un groupe de gens jouant aux des. Il decida d'aller tenter sa chance avec eux.
"Puis-je m'assoir et parier un peu?" Demanda t'il avec une sorte d'accent Cairhienin mal imite, alors qu'il s'asseyait sans attendre de reponse. Qelques pairs d'yeux se leverent vers lui et firent un signe de tete. Il observa la manche en cours. C'etait une partie d'un jeu dont il ne connaissais pas le nom. Mais les regles etaient simples, comme pour tous les jeux de des. Il pariait nonchalamment, ne cherchant pas vraiment a gagner. Cependant il gagnait. Pas enormement, mais plus que ses pertes.
Il interpella une serveuse qui passait a cote et lui donna une couronne d'argent pour reservir tout le monde a la table.
"Laissez moi vous offrir de quoi vous rafraichir la gorge. Je cherche quelqu'un qui pourrait me rendre un petit service. Je recherche un homme. Un Tearen, a peu pres ma taille, richement habille. Probablement un seigneur. Savez vous a qui je peux demander?" Toujours avec cet accent qui sonnait un peu faux, mais qui devait avoir une petite ressemblance quand meme, a moins que l'image qu'il renvoyait pouvait leur donner une raison expliquant cette etrangete comme on lui repondait que tout les Cairhienins savent a qui s'adresser dans ces cas-la.
Une femme discrete de l'autre cote de la table lui indiqua une taverne de l'autre cote de la ville, remplie de brigands specialises dans ce genre de mission. Elle le regardait avec un air suspicieux. Se doutait elle de quelque chose?
Durnik salua tout le monde et ressortit vite, non sans avoir repaye une tournee. Il se precipita dans les rues et repris encore plus de detours pour revenir. Il avait entendu la porte de l'auberge s'ouvrir et se fermer deux fois avant de quitter la rue, et preferait ne pas decouvrir avec un couteau dans le dos qu'il avait ete demasque...
La porte s'ouvrit et se referma deux fois. L'homme qui était sorti le premier n'y prêta pas attention, regarda autour de lui, puis après avoir repéré le cairhienin à l'accent étrange qui était venu parier sa table, se mit à le suivre à bonne distance.
Il était probable qu'il ne savait rien. Il était probable que seul l'appât du gain l'avait poussé à suivre cet homme qui avait si négligemment jeté une couronne d'argent sur la table pour payer à boire à de parfaits inconnus. Il était probable qu'il n'était qu'un pauvre arnaqueur ruiné par les paris qui n'y connaissait rien aux affaires de la noblesse. Quoiqu'il en soit, il mourut brusquement au milieu de la rue, la poitrine déchirée d'une profonde blessure. Les passants ne remarquèrent l'assassinat qu'au moment où le cadavre s'effondra sur les pavés. Certains, faisant un effort de mémoire, crurent se souvenir avoir aperçu une silhouette qui s'éloignait des lieux du crime, du coin de l'oeil. Un homme sans intérêt.
Les préparatifs pour la fête étaient presque terminés.
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Les preparatifs de la fete etaient presques achevees.
Gaeldron etait content. Cela etait en soi suffisamment rare pour que les serviteurs soient plus relaxes que d'habitude. Ses plans se mettaient en place...
Il regardait le parchemin qu'il avait recu plus tot dans la journee. Une invitation chez le seigneur Daborwin, un homme interessant bien que peureux. Pas tres puissant, mais avec des attaches dans d'autres maisons elles tres puissantes. D'ici quelques jours, il en saurait plus sur ses futurs ordres et ce qu'il adviendrai de ses cibles actuelles.
Gaeldron griffona une reponse sur le parchemin, puis scella l'enveloppe avec de la cire chaude.dans laquelle il imprima sa chevaliere avec son sceau personnel.
Il se rendit ensuite dans son bureau pour ecrire quelques autres messages. Dont l'une une convocation a l'attention d'un des responsable de ses cercles. La femme concernee etait perticulierement utile et savait parvenir a ses fins. D'apres le message que Gaeldron avait recu, quelqu'un cherchaient des informations ou de l'aide pour une mission speciale. Un homme grand, au visage Cairhienin, mais un accent etrange. Et elle n'etait pas sure, mais le visage aurait pu etre celui de Damed, qui n'est pas en etat de bouger avant plusieurs mois...
Des etrangetes comme celles ci alors que la femme aux cheveux de neige est revenue en ville depuis moins d'un an etait en soi un signe. Dans son message, Elyedi indiquait qu'elle avait donne a l'homme des indications pour sa recherche qui le meneraient dans la gueule du loup.
Gaeldron avait prevenu les gens concernes de ne surtout pas le tuer mais de le capturer vivant, pour savoir ce qu'il sait.
Au meme moment, Gaeldron vit un pigeon arriver dans la voliere, qu'un servant partit chercher en courrant. Il arriva a la porte du bureau de Gaeldron epuise, et frappa a la porte. Gaeldron l'ouvrit et pris le cartouche en os couvert de trois bandes noires. Une mort mysterieuse donc...
Il perca l'enveloppe dure du message et le sorti. Une courte note ecrite de la main d'Elyedi.
L'homme a disparu, et l'ombre est tombee sur Pietr. Les temoins n'ont rien vus...
Gaeldron se demanda qui avait pu faire cela... etait ce l'homme? Ou quelque chose d'autre? Il etait dur de savoir. Toujours est il que l'homme n'etait pas qui il semblait etre, et semblait encore plus digne d'interet vivant que dans la fosse commune...
Quand Gaeldron sortit de son bureau pour se rendre sur la terasse ombragee de son palais, il souriait. Il regarda trois pigeons voler a tire d'aile dans trois directions plus ou moins similaires. Et esperait vite recrvoir le cartouche aux bandes vertes qu'il attendait patiemment.
Il rigolait. Tout se passait bien. Gaeldron esperait qu'Il sera content. Autrement, il avait toujours un autre plan...
Assis sur le rebord de la fenêtre de son bureau, Berislav regardait le crépuscule tomber sur la ville de Cairhien, et les lumières de la fête qui s'allumaient peu à peu dans les rues. Musiques et danses commenceraient bientôt, probablement, et il en entendrait d'ici les harmonies. Derrière lui, il sentit quelqu'un s'approcher, poser une main sur son épaule, et tourna la tête pour considérer, d'un oeil froid, ce même homme que Durnik avait aperçu quelques mois auparavant dans ses appartements de la Tour. Grand, les cheveux noirs, le nez aquilin, il avait un regard sombre et perçant qui reflétait une intelligence diabolique. Niedjan balaya sa main d'un geste négligeant :
"Tu me fatigues, Belial, toi et tes délires, reprit-il d'un ton glacé après plusieurs minutes de silence. Quels que soient tes objectifs, je..."
"Mes objectifs ? l'interrompit l'autre avec un léger sourire, s'asseyant en face de lui sur le large rebord de pierre. Tu te fourvoies, mon cher Niedjan, mais il est vrai que tu n'as jamais manqué d'imagination... Je n'ai aucun but, si ce n'est celui de m'amuser un peu. Tu sais, parfois je regretterais presque ce temps, où tu n'étais encore qu'un brillant musicien que j'invitais dans mes salons. Nos conversations étaient...
"Silence !" L'Elu au visage de jeune femme se leva brusquement. "Comme les autres tu m'as envoyé à la mort dès que tu l'as pu, quand nos... intérêts ont commencé à diverger. Ne viens pas m'abreuver de ta prétendue nostalgie. Alors que je suis devenu..."
"Il fallait simplement gagner, mon cher, je ne suis pas responsable de ton échec. Quant à ce corps, eh bien..."
"C'était une folie et tu le savais aussi bien que les autres, coupa Niedjan. Maintenant, si tu en as fini je ne tiens pas à écouter plus longtemps tes divagations."
Belial sourit, une étrange lueur dans le regard, et se leva à son tour.
"A ta guise, conclut-il en ouvrant un portail. Je ne doute pas que nous nous retrouvions bientôt, de toute manière. Perséphone a des projets, à ce qu'il parait."
Dès qu'il fut sorti, Niedjan frappa violemment du poing contre le mur, et ignorant les perles de sang qui commençaient à goutter de ses phalanges écorchées, se saisit vivement d'une lettre encore fermée abandonnée sur son bureau. Arrachant le cachet de cire, il la parcourut du regard, mais ne parvint pas à sourire malgré les nouvelles apportées. Bien, son affaire avançait... Et Durnik serait probablement bientôt de retour, avec du nouveau, il fallait l'espérer. l'Elu regagna la fenêtre et considéra la ville plongée peu à peu dans l'obscurité. N'avait-il pas dit qu'il rentrerait avant le crépuscule ? Cela dit, escorté comme il l'était, Niedjan doutait qu'il ait pu lui arriver quoi que ce soit.
La nuit tombait sur la ville, et les rues bruyait à cause de la fête qui commencait avec les derniers rayons du soleil. Durnik avait observée les allées et venues dans cette auberge que lui avait indiquée la femme suspicieuse de la taverne, mais rien ni personne d'interêt n'en était rentré ni sortie. En tout cas, personne qu'il n'avait reconnu.
Il se précipitait donc vers la demeure de Niedjan, un peu en retard. Une soirée perdue. Alors qu'il arrivait à proximité, il vit une silhouette se profiler à la fenêtre, une silhouette plus imposante que celle de Niedjan.
Il se precipita dans l'enceinte de la demeure et ouvrit la porte de derrière par alquelle il était sortie, et s'engouffra dans les cuisines. Il grimpa les marches 3 par 3 et renversa un serviteur qui se tournait vers lui avec un plateau d'argetn et un petit parchemlin scellé dessus. Le serviteur tomba par terre, le plateau volant à une courte distance dans un fracas metallique.
Quand il arriva à la porte, Durnik saisit la source, toqua à la porte et entra sans attendre la réponse.
Mais seul Niedjan se trouvait dans la pièce éclairée par une bougie...
qui était-ce? Qui ai-je donc vu? Serait-ce une autre apparence de Niedjan??
Il se reprit, et dit à son interlocutrice :
"J'ai fais choux blanc. La piste que j'ai suivi ne m'a menée à rien..."
Alors qu'il disait cela, le serviteur qu'il avait bousculé se présenta à la porte, montrant à Niedjan le parchemin plié - bien que legerement froisé - qu'il apportait tout à l'heure;
Niedjan semblait encore ébranlé par sa visite, et manqua sursauter quand on frappa vivement à la porte. Il se retourna rapidement alors que celle-ci s'ouvrait presque aussitôt, et peina à afficher une expression neutre en découvrant son vis-à-vis, essuyant d'un geste distrait de sa main indemne le sang sur ses doigts. Durnik. Ca semblait évident, même s'il était en retard. L'Elu tenta un pâle sourire, observant attentivement le visage du tairien qui affichait une bien étrange expression. Avait-il entendu la fin de sa conversation ?
"Vraiment ? Dommage... je n'ai pas grand-chose de mon côté non plus mais mon... réseau est en place, j'en serai informé si quelqu'un s'intéresse de trop près à nous. Qu'y a t-il ? Tu as un air étrange..."
Niedjan remarqua alors le serviteur avant que Durnik n'ait pu répondre, et prit le parchemin qu'il lui présentait. Du nouveau ? Le cachet sur la lettre était celui d'une maison de Cairhien. Il fronça les sourcils et déplia le papier, alors que le serviteur s'éclipsait déjà et refermait la porte.
Durnik s'approcha doucement de Niedjan et demanda ce que disait le mot. Niedjan semblait un peu embeté face à ce parchemin et son contenu... Le sceau était plutôt beau et représentait une épée pointe en bas sur un lit de lauriers croisés. Durnik ne connaissait pas cette Maison, ce qui devait signifier qu'elle n'était pas de Cairhien, ou pas très puissante.
Durnik ne répondit pas, mais s'approcha et demanda de quoi il s'agissait. Niedjan parcourut encore une fois la lettre, laissant passer un bref silence, avant d'expliquer :
"C'est une invitation... du seigneur Daborwin... une maison de Cairhien assez faible. Il m'invite à une réception qu'il donne chez lui demain... Enfin, moi... je crois qu'il ne sait pas vraiment à qui il s'adresse."
L'Elu lui tendit la lettre pour qu'il la lise. Elle s'adressait à une certaine 'noble Dame' que le seigneur avait jugé bon d'inviter après avoir appris 'son retour en ville'... Des espions l'avaient donc vu et surveillaient sa demeure... Mais qui Daborwin pensait-il inviter ? La servante d'un Elu ? Ou bien savait-il ? S'il avait un rapport avec l'un de ses pairs, directement ou non, c'était fort possible. Quoique... il était réputé un homme subtil et intéressant, mais assez lâche... pas le genre d'homme qui se mêle des affaires des Elus, à moins d'y être obligé.
Durnik prit le parchemin que lui tendait Niedjan, et l'ecouta tandis qu'il parcourait le texte. Une belle ecriture avec un texte fleuri. Les mots etaient choisis avec soins et semblaient pouvoir s'adapter a nombres de nobles dame.
"Je ne pense pas qu'il y ait de risques. Le texte semble peu personnalise, la maison peu puissante me fait penser a une personne en quete d'allies. La requete est claire, il veut que vous y assistiez. Si c'est un servant d'une de vos... connaissances, il se peut que ce soit un piege. Je suis desole mais je ne suis pas doue en Daes Dae Mar. Cependant, je repense a ce que m'a dit cette femme qui m'a donne l'information concernant l'auberge aux brigants. Elle m'a dit que ce lieu est bien connu de la nobilites. Ils se mettent parfois a leur services pour executer leurs bassrs besognes. Il y a peut etre une possibilite de savoir qui me... nous surveille et pourquoi. Qu'en dites vous?"
"C'est aussi ce que je pense..." confirma Niedjan en récupérant la lettre. "Je doute que ce Daborwin sache qui je suis, et si c'est le cas eh bien... je m'en rendrai compte très vite. Nous verrons bien."
Et si c'était un piège... il fallait espérer pour ce Daborwin qu'il avait toute une troupe d'Aes Sedai à son service, sans quoi... L'Elu eut un curieux sourire, puis fronça les paroles comme Durnik poursuivait sur un autre sujet.
"Peut-être bien, nous pourrions y apprendre si quelqu'un par là-bas a été en rapport avec Daborwin ou un de ses alliés... tu comptes t'y rendre ? Dans ce cas fais-le sous une autre apparence que celle avec laquelle tu as parlé à cette femme... mieux vaut être méfiant. Mais j'aurais voulu que tu viennes avec moi à cette... réception. Un deuxième observateur n'est jamais de trop."
Et troublerait encore davantage les pistes de leurs adversaires.
"Je me rendrais demain dans cette auberge, et chercherais donc des informations sur ce Daborwin. Puis je vous rejoindrais ici pour vous accompagner à la réception. Cela pourra être interessant je pense."
Durnik était déjà en train de réflechir à plusieurs manières de soutirer quelques informations à ces personnes. Et se demanda si une manière plus simple n'existait pas...
"Dites moi Niedjan... Existe-t'il un tissage qui permettrait de faire faire aux gens ce que l'on veut? Par exemple, répondre franchement à des questions? Cela pourra m'être utile dans ma quête d'information... S'il n'en existe pas, eh bien je trouverai un autre moyen. J'ai quelques menues connaissances en torture, aussi bien physique que psychologique... Juste ce qu'il faut pour faire peur" dit il d'un ton de conversation nonchalant, avec un large sourire qui lui touchait les oreilles.
Ainsi, avec un peu de chance, ils auraient des informations complémentaires avant de se rendre chez Daborwin... ça pouvait toujours être utile, quelles que soient les circonstances.
Niedjan s'était remis à réfléchir, quand le tairien lui posa une question étonnante. L'Elu le regarda bizarrement. Parlait-il vraiment de... tortures et de manipulation ? Il hésita, puis répondit avec un soupçon de réticence :
"La compulsion... Eau, Air et Esprit." Ce n'était pas sa spécialité et de loin... il était assez faible avec l'Eau. "Mais je te déconseille d'en abuser et de l'utiliser à trop forte dose."
Se saisissant machinalement du saidin, il forma les flux et les dirigea vers Durnik, mais retint finalement son geste avant qu'ils ne l'atteignent. Il laissa simplement l'ébauche du tissage en suspens, puis le dissipa dès qu'il pensa que le tairien avait eu le temps de l'assimiler.
Durnik fut extirpe de ses pensees lorsque Niedjan commenca a lui parler de la compulsion. Il le vit alors tisser devant lui de nombreux flots tres fins d'Eau, d'Air et d'Esprit qu'il entremela comme un tapie... et aussi une lasagne cela lui fit etrangement penser... c'etait un tissage tres complexe, il semblait
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Durnik regarda bien le tissage, bien qu'il s'inquieta tandis que Niedjan l'approchait de sa tete. Il le tint la ou il se trouver, sans l'approcher d'avantage, et le laissa ainsi un certain moment, ce qui permit a Durnik de bien l'analyser.
Il saisit alors la source et reproduit le tissage que son proffesseur lui avait montre. Il commenca donc par un filet d'esprit, dans lequel il enchevetrait des fluxs d'Air et d'Eau.
"Excusez-moi, mais comment puis-je savoir si cela va marcher? Il faut que je le teste, non?"
C'est alors qu'il vit un serviteur entrer pour apporter de nouveaux raffraichissements. Il se tourna alors vers lui et toucha sa tete avec son tissage.
Le serviteur se raidit un peu de surprise, les yeux soudain vague. Durnik s'approcha alors de lui et lui dit d'un ton imperieux
"Tu vad repondre gentiment sincerement a mes questions. Connais tu des serviteurs du seigneur Daborwin?"
Le seviteur reflechit quelques seconde puis secoua la tete et fit un timide "non" en meme temps.
"Que sait tu de lui?"
Le serviteur lui raconta toutes les rumeurs et informations basiques sur l'homme. Il n'y avait malheureusement pas beaucoup d'utilite dans ces propos. Durnik chercha une question ou un ordre que cet homme ne repondrait ou ne ferai que sous compulsion... Durnik tourna la tete vers Niedjan, cligna de l'oeil avec un sourire presque pervers. Il regarda ensuite le serviteur dans les yeux.
"Attaques-la!" Ordonna t-il a l'homme.
Il se raidit d'autant plus, se tourna vers Niedjan, hesita, puis finalement s'avanca de quelques pas vers Niedjan avant de s'arreter brusquement et de s'effondrer par terre.
Durnik se releva et se retourna entierement vers son maitre.
"Il etait deja sous compulsion, hein?" Demanda t'il sur un ton curieux...
Niedjan eut une mine vaguement contrarié quand Durnik lança le tissage sur son serviteur sans lui demander son accord. Cela prenait un tour qui ne lui plaisait guère, mais au raidissement de l'homme, il put constater que les effets étaient somme toute assez faibles. Pas de lueur d'adoration dans le regard ou autres témoignages de ce genre. L'Elu observa donc la scène sans un mot, se demandant un peu où le tairien voulait en venir avec ces questions. Il était évident que ses domestiques étaient triés sur le volet...
Mais le dernier ordre qu'il donna à l'homme lui arracha un haussement de sourcil, même s'il était difficile de savoir s'il avait tiqué sur le premier ou le deuxième mot. Toujours est-il que le serviteur s'effondra avant même de le toucher, sans que Niedjan ait fait le moindre geste. S'il était déjà sous compulsion ?
"Non", répondit-il froidement. Puis il s'agenouilla auprès de l'homme et posa ses mains sur ses tempes. "Il leur est simplement impossible de m'attaquer."
Le tissage était à peu près le même cela dit, quoique plus simple. Le domestique reprit conscience, et Niedjan se redressa, lui intimant l'ordre de les laisser. L'homme sortit sans se faire prier, visiblement déboussolé.
Puis les yeux sombres de l'Elu se posèrent sur Durnik, animés d'une colère froide :
"Je n'apprécie guère que l'on s'amuse avec mon personnel", lâcha t-il. Puis il reprit d'un ton plus calme quoique dur : "Ne change pas... détermination, loyauté... et cruauté envers celui qui le mérite. Tu n'es pas un seigneur de l'épouvante."
Il se saisit de l'un des verres qu'avait apporté le serviteur, et retourna s'asseoir sur le rebord de la fenêtre. Il semblait avoir retrouvé sa nonchalance habituelle.
"Me diras-tu maintenant pourquoi tu as débarqué en courant dans mon bureau ?"
Etrange. Durnik supposait que cette impossibilite d'attaquer provenait de la compulsion... qu'est ce qui pouvait empecher quelqu'un d'attaquer quelqu'un d'autre a part la compulsion.
Cependant, ce qui etait le plus etrange etait ce que lui disait Niedjan. Autant la colere etait normal, le pauvre serviteur ne lui avait rien fait. Il trouva bizarre les compliment, ainsi que la comparaison avec un seigneur de l'epouvante...
"Oh, oui excusez moi de m'etre infiltre ainsi, mais la lumiere qui filtrait par la fenetre devoilait une silhouete menacante. Je ne sais pas trop ce qu'il se passait, mais j'ai pense que vous etiez en danger. Je sais que vous ne risquez pas grand chose avec vos connaissance et votre puissance, mais je ne sais pas... je me suis inquiete..."
Ainsi il avait aperçu Belial... Niedjan eut un léger sourire, et porta le verre à ses lèvres, peut-être amusé. Il s'était inquiété ? Oui, c'était décidément... amusant. Il regarda l'endroit, désormais vide, où s'était tenu l'élu un instant plus tôt.
"Je vois..., murmura t-il. C'est Belial, l'un des élus les plus puissants. Tu l'as déjà croisé à Tar Valon, dans mes appartements. Il nous est interdit de nous attaquer directement, mais il est effectivement... dangereux." Moins habile que lui quand il s'agissait de manier les flux, mais sa puissance brute était extraordinaire... Niedjan ne doutait pas d'être balayé si un combat devait avoir lieu entre eux. "C'est lui qui m'a présenté au Grand Seigneur il y a de cela... bien longtemps, c'était un homme très respecté à cette époque, un grand savant."
Niedjan semblait d'humeur bavarde ce soir-là, ou tout du moins nostalgique. Il s'interrompit pourtant pour regarder Durnik :
"Je soupçonne qu'il n'ait quelque chose à voir avec notre affaire, mais peut-être est-ce une erreur... ses lubies sont parfois bien étranges."
Durnik ecouta Niedjan raconter des anecdotes sur son passe. Mais ce qui passait pour anecdotique pendant la Guerre du Pouvoir etait maintenant devenu Legende a la gloire de ces Heraults du Tenebreux. Ceci est la vrai difference entre l'Ere des Legendes et notre Ere... La connaissance.
Et ces histoires, qui semblaient etre entremeles avec les evenements actuels, parlaient d'un Elu, ayant converti "Berislav", bien plus fort que lui, qui discutait aujourd'hui meme avec son maitre, et avait peut etre un lien avec les attaques et les espions... plus de 3 millenaires apres, il fallait que cela tombe sur lui...
"Et s'il a une influence dans ce qu'il se passe, cela change t'il quelque chose? Allons nous tout de meme chercher des informations demain, au risque que cela puisse passer pour une attaque? Apres tout, cela serait lui qui aurait commence ce petit jeu..." Durnik demanda t'il avec curiosite, avant de prendre sans s'en rendre compte un air de reflexion legere.
"Oh, non, certainement pas, répondit Niedjan dans un sourire étrange. Nous n'avons pas le droit de nous attaquer directement... mais tous les coups bas sont permis. Il faudra juste être d'autant plus méfiant."
L'Elu fit tourner son verre entre ses mains, regardant le liquide rouge d'un air pensif.
"Je le connais bien... nous avons longtemps été amis, avant que... nos points de vues... divergent. Et il est extrêmement perfide, un maître manipulateur. Cela dit, j'ai l'impression qu'il a seulement envie de jouer... et ça m'énerve encore plus."
Sa main se crispa sur son verre brièvement, puis il se ressaisit et haussa les épaules.
"Nous verrons bien... pour l'instant contentons-nous de suivre nos plans."
"Entendu. Je m'en vais dans mes appartement, reflechir un peu a une strategie pour ma visite a l'auberhe du Faubourg. Et puis la journee a ete bien chargee je dois l'avouer. Je vous souhaite une bonne soiree, Niedjan" il sortit de la piece apres avoir salue Niedjan d'un hochement de tete. Dans les couloirs, il reflechissait aux implications de la presence d'un Elu dans leurs plans. Une interference de sa part a l'auberge semblait peu concevable, meme s'il tirait les ficelles d'une facon ou d'une autre... Il n'allait certainement pas apparaitre lui-meme la-bas... enfin, il esperait.
Il se dit cependant que les choses seraient peut etre different a la reception, mais Niedjan s'en occupera certainement...
Il arriva dans ses appartement, rien de tres flamboyant, mais avec un certain flair quand meme. La decoration etait simple mais belle et plaisait beaucoup a Durnik. Il se savait pas vraiment pourquoi... Il s'allongea et reflechit a plusieurs strategies pour son offensive de demain, jusqu'a ce qu'il s'endorme
Niedjan le regarda partir, puis dès qu'il eut refermé la porte, se laissa glisser au bas de la fenêtre et s'assit à même le sol, les genoux ramenés contre sa poitrine. Son regard sombre fixé dans le vide, il se sentait énervé ou bien... triste, c'était difficile à dire. Il but une nouvelle gorgée de vin, puis posa le verre à côté de lui. Ce maudit Morin avait rappelé à sa mémoire des souvenirs qu'il aurait préféré enfouis pour encore longtemps.
On vint le chercher pour dîner. Il refusa d'un geste, disant ne pas avoir faim, puis replongea dans ses réflexions nostalgiques. Il dut rester ainsi une bonne partie de la nuit, car quand, à l'aube, un serviteur vint débarrasser les verres abandonnés, il le trouva endormi à son bureau, le visage enfoui entre ses bras. Il secoua la tête puis sortit en silence.
La rosee rendait les paves des routes de la ville luisants. Un des avantages des grandes villes etait les rues pavees, permettant une bien meilleure circulation et des gens, et des chariots. La boue si ennervante, surtout a Tear, dans le Maule, peut ainsi etre evitee. Mais pendant les pluies, ceux ci peuvent etre glissant. Il avait failli mourrir ainsi en poursuivant un voleur une fois. Une autre fois en glissant d'un toit en tuile trempe. Il n'etait heureusement qu'au premier etage et etait retombe sur ses jambes.
Durnik traversa la ville nonchalament bien que rapidement, toujours deguise pour eviter d'alerter les espions innombrables rodant dans la ville. Il n'avait pas repris le meme deguiseent que la veille, mais n plus passe-partout. Il avait mis des vetements de paysan, pris une bourse pleine de pieces de cuivre, une autre de marcs et de couronnes, cachee dans sa veste. Il faisait le tour de la ville par les Faubourgs, discutait avec d'autres paysans, travaillait son accent. Il cherchait surtout a se faire un alibi ici, pour brouiller les pistes. Il continua ainsi jusqu'a arriver a proximite de l'auberge. Il resta un instant en retrait a bonne distance, a discuter avec un chetif paysan sans le sous, sans terre a cultiver. Il reconfortait comme il pouvait cet homme, tout en observant par dessus l'epaule peu haute du malheureux pour observer les alentours et allees et venues.
Quand le soleil commencait a approcher de son zenith, Durnik entra dans l'auberge mal famee et commanda une tasse de vin aigre et un plat de nourriture dont il ne preferai pas connaitre l'origine. Ce repas etait au moins bon marche, a defaut d'etre consistant et gastronomique. Durnik regarda discretement les clients attables, et saisi le saidin pour ecouter les conversations. Il y avait trois groupes de personnes. L'un jouant au des, concentres sur la partie en cours. Un autre pres de la porte, discutant discretement. Le dernier riait bruyamment et ne se cachait absolument pas. Ils ressemblaient a des soldats, mais dans des tenues etranges. Des reformes peut etre?
Avec le Saidin en lui, Durnik entendait clairement le chuchotement rauque d'un gaillard assis non loin de lui, pres de la porte. Il entendit aussi des rumeurs sur tels et tels pays. Tear en guerre avec Tar Valon a cause d'un dissident, une bataille entre des canalisateurs a la Tour, pour pouvoir obtenir les faveurs du Grand Seigneur des Tenebres. Le Nae'Blis qui souhaiterai gouverner les nations. Et certaines autres rumeurs abracadabrantesques. Les Amis du Createur aurait emprisonnes le Grand Seigneur des Tenebres, un Loup a l'apparence d'homme roderait dans les campagnes, et des Noirs Manteaux seraient attaques par des creatures inconnues.
Les gens ne savent plus quoi inventer... se dit-il en enfournant un morce de pain dur dans sa bouche, le faisant passer avec une rasade de vinaigre.
Soudain, il cru entendre une histoire selon laquelle un certain Gaeldron chercherait a se debarasser de tous les autres seigneurs de la ville pour en etre le seul maitre sous la tutelle des Elus.
Rumeurs?! Je vais en parler a Niedjan, il trouvera peut etre quelque chose a en faire... en attendant, allons activement a la recherche d'information
Durnik se leva et laissa le prix de son repas sur la table. Il ne savait pas quel serait le meilleur moyen d'extirper des renseignements. La compulsion est utile, mais mieux valait eviter d'y recourir dans une auberge. Et sur trop de personnes a la fois. Peut etre maximum deux a la fois. Or une demi douzaine etat atablee a cote de la sortie. Il avait une idee... marchera elle?
"Excusez-moi, cela interesse t'il quelqu'un de m'aider a transporter des valises jusqu'a ce chariot devant l'immeuble en face? Je me fais un peu vieux et certain des objets sont lourds. Je dois partir pour Caemlyn assez rapidemment. Je suis meme pret a vous payer pour ce service." Dit-il avec un accent cairhienin bien mieux reussi que la veille. Il vit les hommes se regarder, et l'un d'entre eux, un massif gaillard avec des bras aussi gros que ses cuisses, lui dit qu'il allait s'en occuper. Ils sortirent de l'auberge et rentrerent dans le batiment vide, en face d'un quelconque chariot un peu plus loin dans la rue, que Durnik avait inspecte la veille et d'ou il avait observe l'auberge. L'homme qui le suivait ne semblait pas bavard, mais regardait avec curiosite l'endroit ou ils se dirigeaient.
Durnik penetra dans le batiment, suivi par son involontaire cible. Il se retourna, ferma la porte d'un flux d'air.
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Il frappa avec precision, placant le tissage de compulsion autour de la tete de l'homme.
excellent! dit il avec un sourire sadique. Maintenant, dis moi tout ce que tu sais et reponds sincerement a mes questions…
Le soleil avait commence a etre cache par certain batiments eleves avant que Durnik ne sorte du batiment, laissant une piece et un souvenir vague de dur labeur dans l'esprit de l'homme. Il n'avait pas envie de le tuer. Il pouvait se reveler utile pour plus tard...
Durnik devait maintenant faire son compte rendu a Niedjan et se preparer pour la reception de ce soir...
Niedjan avait passé la journée dans un état semi-comateux, errant entre son bureau et sa salle de musique, consultant ses courriers et les rapports de ses espions avant de se forcer à y répondre malgré un profond désintérêt. Mais bon, les nouvelles étaient relativement importantes et plutôt positives, quoique pas toutes. Elle avait obtenu des renseignements sur certains invités de Daborwyn, et dans les divers rapports reçus, le nom de Gaeldron revenait un peu trop fréquemment au goût de l'Elu, bien que lié à des événements d'apparence tout à fait anodine. Elle se promit de s'intéresser un peu à ce seigneur cairhienin, si elle avait l'occasion de le croiser ce soir. En espérant que sa conversation ne soit pas trop ennuyeuse... Il était connu au Cairhien, mais Niedjan s'était trop peu intéressé aux affaires des seigneurs cairhienins pour y avoir porté grande attention. Un tort, peut-être... Qu'importe.
Le soleil n'allait pas tarder à disparaître derrière l'horizon quand l'Élue vint se poster à sa fenêtre. Elle avait revêtu une robe d'un bleu sombre, semblable à celles que portent les nobles cairhienines, mais dépourvues des bandes colorées censées indiquer son rang, et ses cheveux blancs étaient relevés sur sa nuque en un chignon complexe. Son visage aussi était un peu différent : plus âgé peut-être, celui d'une femme de trente-cinq ou quarante ans bien que le changement soit à peine perceptible. Son attitude aussi semblait avoir évolué : elle se mettait dans son rôle de la soirée. Mais pour l'instant, son regard sombre fixait l'allée qui traversait les jardins au pied de la demeure.
On lui avait dit que Durnik était parti dans la matinée, ce qui correspondait à ce qu'ils avaient prévu, mais il n'était toujours pas revenu. C'était certainement bon signe... ou du moins Niedjan supposa qu'il n'allait pas revenir bredouille... S'il revenait. Puis distinguant une silhouette inconnue qui se glissait dans les jardins et s'approchait de la porte de derrière, la femme eut un léger sourire. Un paysan ? Etrange déguisement, mais pourquoi pas. S'écartant de la fenêtre, elle alla s'asseoir sur une chaise et attendit que le tairien vienne la trouver.
Durnik mit moins de temps pour revenir qu'il n'en avait mit pour se rendre a l'auberge. Impatience et precipitation. Il avait hate de faire son rapport, et ne souhaitait pas arriver en retard a la reception du seigneur Daborwin. Il n'essaya pas de brouiller les pistes outre mesure. Cependant, il avait pris le temps de changer encore de vetement a mi-chemin. Il avait troques ses fripes de paysan de couleur sombres contre une autre paire de chausses et une veste mal ajustee et rapiecee, ainsi que des bottes un peu trop usee. Une veste en laine marron ajoutait au contraste. Il changea aussi de posture, courba un peu l'echine pendant le trajet.
Apres avoir penetre dans le jardin, Durnik repris une allure rapide et ota son apparence modifiee pour reprendre celle d'origine d'un simple soldat Tearen.
Il entra dans le palace et grimpa les escaliers jusqu'a la chambre de Niedjan. Il frappa trois grands coup, attendit la reponse de son maitre, et entra dans ses appartements. Il fit un signe de la tete, et alla s'asseoir dans un siege en face de Niejan. Il fit apporter des raffraichissements. Les adaptations de la planification des evenements du soir allait etre longues...
"J'ai de bonnes et de mauvaises nouvelles. Ainsi que des rumeurs peut-etre utiles. Tout d'abord, je suis passe inapercu, au moins jusqu'a mon trajet de retour. Ensuite, j'ai reussi a obtenir des reponses a.quelques questions. Malheureusement, cela complique peut-etre les choses. L'homme que j'ai interroge etait au courant de mon attaque et de ma surveillance a Caihien. Le probleme etant qu'il etait aussi au courant de mon attaque a Tar Valon. Je suis suivi depuis bien plus longtemps que ce que je pensais. Et cet homme est certain que ces hommes etaient des Amis du Tenebreux assez reputes. Lui en etait un aussi. Mais il n'avait rien a voir avec les deux affaire, et je le crois. Enfin, je crois en la Compulsion et la torture. Et donc les deux affaires sont liees, et il m'a certifie que l'homme qui a commandite l'attaque de Cairhien est un vassal de la maison Daborwin. Les ramifications sont nombreuses et peu plaisantes." Il etait impatient de savoir quel nouveau plan allait tisser Niedjan au vue de ces nouveaux elements. Il arrivait a echaffauder des plans aussi subtils que les melodies qu'il joue. Et surtout, savoir quel est son avis sur ce complot.
"J'ai entendu dire aussi que le Seigneur Gaeldron est en train de planifier son coup d'etat contre la noblesse, pour la controler ou l'annihiler et regner plus ou moins seul a Cairhien. Je ne sais pas quoi penser de cela. C'est peut etre une puice du puzzle, comme cela peut etre un detail du Daes Dae Mar. Ils sont tres fort a ce jeu la par ici..."
Apres lui avoir dit ce qu'il en pensait, Niedjan lui dit de se retirer et d'aller se preparer. Il allait reflechir aux implications et lui donner la marche a suivre quand ils seraient prets a partir.
Durnik pris un rapide bain, se rasa, mis une de ses nouvelles veste d'un bleu petrole, avec une chemise de soie noire et une cape de fourrure sombre. A sa ceinture pendait son epee dans son fourreau laque.
Il se rendit dans les appartements de Niedan. Il lui expliqua les grandes lignes du nouveau plan, et ils prirent le chemin de la reception, en voiture tiree par quatre cheveaux.
Niedjan lui donna des conseils sur la marche a suivre, les ges a rencontrer, les erreurs a eviter.
"Entrez", dit-elle quand elle entendit frapper à la porte, qui s'ouvrit bientôt sur Durnik. Elle constata qu'il avait repris son apparence habituelle et répondit à son salut d'un léger sourire, avant d'accepter distraitement le verre que lui tendit un serviteur. Apparemment, le tairien avait beaucoup appris au cours de sa petite expédition... Ainsi les attaques qui avaient eu lieu à Cairhien et à Tar Valon étaient liées ? Berislav ne l'aurait décidément pas cru... mais finalement, si toute cette affaire était bien en rapport avec qui elle croyait, ça semblait logique. Après tout, Belial avait croisé Durnik dans ses appartements, il avait pu soupçonner quelque chose, et les Elus prenaient un malin plaisir à s'espionner entre eux... ça l'agaçait de n'avoir pas soupçonné tout ça plus tôt... Enfin, il fallait espérer que le petit stratagème de changement d'apparence avait suffi à camoufler Durnik... mais la soudaine disparition du tairien finirait par éveiller des soupçons... peut-être.
Croisant ses mains sous son menton, la femme eut un sourire plutôt étrange, et vaguement amusé comme le soldat laissait échapper le terme peu flatteur d'amis du Ténébreux... à cette époque, on désignait encore ainsi les personnes réellement dévouées au grand seigneur, mais elle n'en avait cure, la plupart de toute façon n'étaient que des arrivistes. Quant à l'affaire Gaeldron... elle lui arracha un froncement de sourcils.
"Gaeldron utilise Daborwin pour couvrir ses actions, et Belial utilise Gaeldron de la même façon..., conclut-elle. Je sais que Gaeldron entretient des rapports relativement fréquent avec Daborwin, même s'il le dissimule remarquablement bien, ce qui est déjà louche en soi. Il n'y a pas de doute qu'en s'associant à un Elu plus puissant que moi, Gaeldron espère augmenter sa puissance et dépasser tous les autres nobles. Quant à un coup d'état... ça me semble un peu gros, et la rumeur a souvent tendance à amplifier démesurément les ambitions. En principe, sa maison ne peut pas prétendre au trône du Cairhien, mais avec un coup d'état et le soutien d'un Elu, eh bien... tout peut arriver à notre époque. Et je perdrais alors la ville. De toute façon, Gaeldron ne resterait qu'une marionnette... très subtile certes, mais rien de plus, tous les rois et toutes les reines de ce continent ne sont que des pions entre les mains du grand seigneur."
Il s'égarait, là, il fallait réfléchir à un plan maintenant... et surtout, à comment agir à partir de ce soir.
"Restons méfiants... les cairhienins sont spécialistes pour lancer de fausses rumeurs afin de détourner l'attention de leur but véritable, et il suffit que ton... indicateur ait été convaincu de la véracité de celle-ci pour te donner de fausses informations malgré la compulsion." Elle soupira, ramenant son regard sombre sur Durnik. "Le Daes Dae Mar m'ennuie à mourir, mais il semble que les cairhienins y aient converti les Elus... nous allons donc répondre sur le même plan. Il ne me reste plus qu'à me trouver un noble suffisamment puissant pour m'amuser... Ou peut-être un prince. Ou même le roi, même si c'est un imbécile. Ce pourrait être amusant que Gaeldron soit exécuté pour trahison non ? ... Enfin, ne nous emballons pas, il y a avant tout cette... soirée, qui apportera peut-être de nouveaux éléments."
Durnik s'en alla pour se préparer, et se levant de son siège, la femme rajusta les plis de sa robe cairhienine et alla se poster à la fenêtre, pensive. Devait-elle demander à Durnik de prendre encore une fois une autre apparence ? ... Hm, non, ce pourrait être amusant de le faire réapparaître, cela alimenterait à nouveau les rumeurs et les suppositions des autres, et ce soir-là, il ne risquerait pas grand-chose. A moins que Belial n'ait prévu de les faire assassiner tous les deux, mais elle en doutait... elle aurait pu également cacher les capacités de canalisation du tairien pour ce soir, comme elle venait de dissimuler les siennes, mais c'était trop tard, Belial savait déjà qu'il avait le saidin... quant aux aes sedai éventuellement présents ce soir... eh bien ils s'acharneraient à fouiller dans les registres de la Tour pour savoir qui était le conseiller de cette étrange dame cairhienine... Grand bien leur fasse.
Berislav se retourna comme Durnik était venu la rejoindre, et expliqua rapidement la situation tendit qu'ils quittaient le palais pour se rendre chez Daborwin :
"Garde cette apparence pour ce soir. Ce soir... nous allons surtout observer. J'ai deux alliés dans la place, le seigneur Garwyn et dame Alliandra, tu les reconnaîtras tout de suite, ils agissent comme s'ils me connaissaient de longue date, bien qu'ils ignorent qui je suis. Leurs vassaux feront probablement de même." L'orgueil des cairhienins était de faire croire qu'ils étaient au courant de toutes les intrigues, et ceux-là ne faisaient pas exception. "Lorsque tu t'adresseras à eux, raconte n'importe quoi, fais de faux sous-entendus, quelque chose qui sois en mesure d'intéresser Gaeldron et de lui faire croire que j'ai des projets. Et n'utilise aucun nom pour faire référence à moi, ce soir je n'en ai pas... et toi non plus."
Les Elus n'agissaient jamais ainsi, et elle paraitrait probablement moins que ce qu'elle était.. comme toujours, mais c'était ce qui l'amusait après tout. Et aussi, Gaeldron l'intéressait... son ambition était-elle si grande qu'il ait pu attirer l'attention de Morin ? Elle préférait voir en personne à qui elle avait à faire. Pensive, elle ne releva les yeux que quand la voiture s'arrêta devant chez Daborwin. Il était temps de reprendre le rôle de la dame cairhienine...
Multi - plié Multi-milliardaire Alias de Demiandre
Gaeldron observa du haut du peristyle du palais, dont la vue plongeait vers les jardins et plus loin l'entrée, les invités à la réception de Daborwin. Pour l'instant, les gens qui l'interessait n'étaient pas là. Soudain, il apperçu une voiture s'arreter devant les grilles du palais. Il vit en descendre deux personnes. LA noble Dame était là! Il sourit de plaisir en la voyant descendre de la voiture, tenant la main de son conseiller pour l'aider avec les marches. Celui-ci était richement habillé, et portait une ceinture à la taille. Style, ou mesure de défense?
Gaeldron rentra et descendit pour observer la salle de bal, pleine à craquer d'invités plus ou moins puissant dans la hierarchie officieuse de Cairhien.
Il triturait un message, inconsciemment. 'Laissez reigner le Seigneur du Chaos', disait-il. Cette phrase était couramment utilisée de nos jours. Surtout par ceux fricotant avec les Elus. Mais ce message le laissa nerveux. Il ne fallait pas se debarasser de la Dame de Cairhien, ni de son acolyte. Ce qui irrita Gaeldron. Il avait déjà prévu deux ou trois possibilités pour le faire, mais n'avais pas encore réussi à enrayer le dernier plan. Pourvu qu'il ne se déclenche pas. Sinon, il allait au devant de graves ennuis.
Il transmit un message à Daborwin par serviteurs interposés, pour ne pas être vu en sa compagnie, lui annoncant l'arrivée de la Noble Dame. Il fallait les acceuillir et les dorloter. Et récuperer des infos. Toutes les inofrmations disponibles. Même celles parraissant ininteressante. Il était prêt à payer pour tout indice sur leurs affaires et projets.
Le temps d'agir n'est plus très loin maintenant! pensat-il avec joie
Berislav laissa Durnik sortir le premier, puis tiqua brièvement quand il lui tendit la main pour l'aider à descendre, avant d'accepter sans un mot. Il était temps d'oublier son orgueil un moment et de se mettre pleinement dans son rôle... elle y était bien parvenue avec Ismène, après tout. Posant sa main sur son bras avec un sourire froid, la femme se redressa dignement et gravit en direction de la grande salle, non sans un rapide regard aux balcons qui surplombaient les jardins, et où elle pouvait distinguer quelques silhouettes.
A peine furent-ils entrés que quelques regards se tournèrent vers eux, tentant maladroitement d'être discrets. La grande taille du tairien attirait l'attention, mais elle remarqua que les invités s'attardèrent surtout sur sa robe d'un bleu uni, dépourvue de toutes bandes colorées, ce qui pouvait indiquer soit une absence totale de noblesse... soit un rang bien supérieur à celui de toutes les personnes en présence. Ce moment de blanc de dura pas cependant : un cairhienin d'une quarantaine d'années, aux cheveux noirs et à la barbe soigneusement taillée s'approcha d'eux et les salua avec un enthousiasme qu'on réservait d'ordinaire aux amis de longue date. L'Elue lui adressa un sourire glacial :
"De même, seigneur Garwyn, je vous remercie. Permettez-moi de vous présenter mon conseiller, ajouta t-elle sans donner de nom. Maintenant si vous voulez bien m'excuser je dois présenter mes respects au seigneur Daborwin, nous parlerons plus tard."
Elle le contourna, puis se dirigea vers l'homme qui était encore au centre de l'attention, entouré de tous les nouveaux arrivants qui venaient le saluer. Gaeldron devait déjà être là, elle en était sûre, mais elle ne le chercha pas du regard. Elle le verrait bien assez tôt.
Les yeux se levaient, jaugeaient, mesuraient. Il était au centre de l'attention avec Niedjan. Tous se demandaient qui ils étaient. Et cela le réjouissait. Qu'ils restent dans l'expectative jusqu'a la réalisation de leur méprise. Un faux pas de leur part, et il risque d'y avoir de la place libre pour monter dans la hierarchie. Durnik se présenta sans donner son nom au Seigneur Garwyn alors que Niedjan s'en allait voir Daborwin.
Durnik se promena parmi les invités, pour voir et être vu. Des couloirs adjacents vides menaient vers les tréfonds du palais. Une immense demeure. Certainement pleine de pièces cachées et de faux plafonds ou couloirs dérobés. Certainement plusieurs espions, certains dans l'assistance même, on peut supposer.
Il fut interpellé par plusieurs personne lui demandant plus ou moins subtilement s'il serait prêt à ttrahir sa Dame, s'il comptait s'allier avec telle ou telle maison, ou s'il avait d'autres porjets en tête. Il leur avait répondu que tout est possible sous le reigne du Grand Seigneur des Tenèbres, laissant une porte ouverte à toute les spéculations. Et aussi annoncé plusieurs voyages fantaisistes dans plusieurs nations, après avoir mentionné qu'il connaissait telle ou telle personne dans telle ou telle nation. Cela leur fera croire que nous planifions de grandes choses qui ne leurs plairont pas. E tne sachant pas tout, ils vont certainement envisager pire que ce que nous pourront imaginer. Il fit de même avec plusieurs groupes, changeant les informations. Cela créerait un beau bazar.
Alors qu'il s'arretait pour observer les attendants, Durnik resentit la même sensation que la dernière fois chez Niedjan. Il se raidit d'un coup, les yeux vagues. Il ne voyait plus les gens autour de lui. Mais il savait qu'il y avait du monde autour.
Dans l'ombre de l'Aube d'Or
se profile l'ombre de la Mort
Vaillants rampants, Poltrons vivants.
Chaos sur son chemin, chaos son destin
le Tisserand des Siècle et le Chasseur de l'Ombre continuent leur traque
Malgré le doute, l'expectative et l'hésitation
Quand l'Ombre elle même et le Vrai Gardien vaquent
Pour preserver leur vie dans un Monde de Destruction
La dernière fois assis en tailleur sur le sol, il n'avait pas eu de problème pour la rémission. Cette fois par contre, ses jambes flanchèrent et il s'affala sur le sol. Il se releva aussitôt après, tremblant, et essaya d'echapper aux regards stupéfait des gens autour
C'est bien ma veine! On est sensé être incognito, et voila que je me met à tomber par terre en plein milieu de la réception!!
Il regarda a droite et a gauche. Toujours des nobles aux yeux grands ouverts, ébahi. Des femmes avec beaucoup de bandes sur leurs habits, puissante, ou d'autres de Maisons mineures. Et des hommes traversant la pièce. Des servant en livrée noire et rouge servaient des boissons, et un harpiste faisait l'animation en jouant des morceaux de la chute de Lews Therin, le conte préféré des enfants.
Il refit le tour de la foule et revit les hommes traversant la pièce, mais il n'arrivait pas à se concentrer dessus. Il en vit quatre autre se diriger vers Daborwin. Vers Niedjan en fait! Il saisit la source, sortit son épée de son fourreau et trancha la tête de l'un des attaquants. Des Hommes-Gris?? Gaeldron!! pensa t'il avec irritation. Il se retourna et trancha un autre homme à la taille. Du coin de l'oeil, il vit Niedjan s'occuper du cas des attaquants étant venus à sa rencontre.
Un des Hommes-Gris l'attaqua avec une arbalette. Il saisit le carreau avec un flux d'air, et lanca un poignard dans le coeur de l'homme sans âme. Les gens autour commencait à réaliser et cerrtain à fuir. Des cris s'élevaient de toute part. Le chaos total. Après ce qui lui semblait seulement quelques instant, les assaillants étaient tous au sol. Il se tourna vers Niedjan, à quelques pas de là. Il alla la rejoindre.
"Comment allez-vous? Vous n'avez rien? Je crois que j'ai eu une prédiction avant l'attaque... Je ne me souviens pas du contenu cependant. Et cette attauqe. Pourquoi envoyer des hommes-Gris? Quiconque nous connais sais de quoi on est capable. C'est extremement étrange." Il attendit quelques instant, qu'elle réflechisse un peu avant d'ajouter : "Que faisons nous maintenant?"
Daborwin la vit approcher, et délaissa le seigneur de moindre rang avec qui il conversation pour venir dans sa direction et la saluer avec un respect réservé aux plus grandes maisons. Berislav sourit. Elle savait que dès demain, la plus petite action qui se serait déroulée ici viendrait alimenter la rumeur. Elle parla donc beaucoup, n'ayant guère besoin de se déplacer, comme la plupart des invités convergeaient instinctivement vers Daborwin et elle, glanant au passage quelques brides d'informations disparates. Elle s'arrangea pour laisser croire qu'elle était assez proche d'un des Elus, parlant au passage de l'Andor et de sa politique extérieure, des rapports tendus qui existaient depuis des siècles entre le Cairhien et l'Andor, sans que cela ait apparemment de rapport, mais elle était presque sûre que les cairhienins en trouveraient un. Leur imagination en matière d'intrigues politiques était particulièrement fertile.
Terminant un de ses discours sur un petit trait d'esprit, elle entendit Daborwin se mettre à rire, et porta le verre qu'on lui avait servi à ses lèvres avec un léger sourire, laissant son regard parcourir rapidement la salle et les invités. Ses yeux glissèrent sur la silhouette de Gaeldron sans s'arrêter, et alors qu'elle s'apprêtait à répondre à une question posée par une jeune Dame aux airs maladifs, elle sentit l'assemblée se troubler. Elle tourna la tête... Durnik ? Elle ne put voir s'il s'agissait de lui ou non, la foule était relativement dense dans cet endroit, et elle détourna la tête, faisant mine de se désintéresser de la scène. Les autres firent de même, et la conversation reprit... Mais tandis qu'elle parlait, son regard se posa sur un homme... deux... quatre hommes gris. Ca l'aurait presque fait sourire... Qui pouvait être assez stupide pour essayer de lui envoyer ces minables assassins ? ... Quelqu'un qui ne savait pas qui elle était.
L'un d'eux leva une arbalète dans sa direction, et avec la grâce et le naturel d'une noble dame, elle pivota délicatement, et Daborwin fit un pas de côté pour se remettre en face d'elle. Le carreau l'atteignit à la poitrine. Il s'effondra. Elle prit un air affolé et porta une main à ses lèvres comme pour retenir un cri, mais alors que les assassins se précipitaient vers elle, elle tissa et inversa des flux d'air, qu'elle précipita, invisibles, vers les quatre hommes. Ils s'effondrèrent presque simultanément, la poitrine transpercée d'une blessure profonde en tous points similaires à celle causée par une épée, et personne ne serait jamais capable de dire si les assassins avaient été tués par la garde, les seigneurs présents, ou bien le pouvoir unique... ils n'avaient même pas vu les hommes avant que leurs cadavres ne tombent dans une gerbe de sang au milieu de la grande salle.
Berislav retint un sourire, et agrippa vivement le bras de Durnik comme celui-ci la rejoignait, affichant un air de léger effroi particulièrement bien imité. Visiblement, les pensées du tairien avaient rejoint les siennes, mais elle ne répondit pas diectement et se contenta de dire d'une voix suffisamment forte pour que ses voisins entendent, sans rien perdre de son accent cairhienin :
"Non je n'ai rien, ne vous inquiétez pas mon ami... Mais je ne comprends pas, pourquoi ces... ces hommes ont-il tué le seigneur Daborwin ? Il... semblait pourtant un loyal serviteur du Grand Seigneur, mais on dirait bien que..."
Elle n'acheva pas sa phrase, comme horrifiée, mais l'idée ferait vite son chemin parmi les invités, et dès demain, tout Cairhien saurait que Daborwin était un ami du Créateur... Et on se méfierait de ses alliés. Elle fit un pas vers la sortie :
"Je crois que nous ferions mieux de partir... je ne tiens pas à rester une minute de plus dans cette maison, du moins tant que la vérité sur cette triste affaire ne sera pas dévoilée..."
Elle entraîna Durnik vers la sortie, bien vite imitée par de nombreux invités, qui ne tenaient probablement pas à ce que leurs noms soient associés à celui d'un potentiel ami du créateur. A vrai dire, elle tenait surtout à s'entretenir avec le tairien au sujet de sa prédiction... nulle doute que ses espions présents ici ce soir en auraient relevé le contenu mot pour mot, mais elle voulait savoir... Marchant à pas dignes vers les jardins, elle parcourut une dernière fois du regard la foule, cherchant des yeux sans en avoir l'air la silhouette de Gaeldron.
Durnik suivait Niedjan dans les jardins alos qu'ils sortaient de la reception. Elle tournait la tete a droite et a gauche alors qu'elle cherchait quelqu'un des yeux. Certainement Gaeldron.
Avec Daborwin mort et les soupcons plantes dans les esprits sur sa possible allegeance au Createur, tous ses allies allaient souffrir des memes soupcons. Et possiblement etre assassines. Partout ou il se trouvait, le chaos s'etendait. Tear, Tar Valon, Cairhien.
Pour ce qu'elle disait, Niedjan est vraiment douee pour le Daes Dae'Mar. Faire croire a toute la nobilite reunie que les Hommes Gris etaient venus pour Daborwin et qu'il etait un Ami du Createur en une seule phrase, c'est quand meme incroyable. Un coup de maitre. Avec un peu de chance, les nobles croieront que les hommes gris l'auront attaque a cause de sa prediction. Et il esperait qu'il allait en apprendre le contenu bientot.
Il retournerent bientt a la voiture et celle-ci se mit en route peu apres qu'ils se soient installes a l'interieur.
A peine se furent-ils installés dans la voiture que le valet qui accompagnait le conducteur lui remit un petit papier soigneusement plié. Elle le remercia d'un signe de tête, puis comme le véhicule se mettait en route, arracha d'un geste assez peu délicat les épingles qui retenaient son chignon pour libérer sa chevelure. Alors seulement, elle déplia le message et lut :
« Dans l'ombre de l'Aube d'Or
se profile l'ombre de la Mort
Vaillants rampants, Poltrons vivants.
Chaos sur son chemin, chaos son destin
le Tisserand des Siècle et le Chasseur de l'Ombre continuent leur traque
Malgré le doute, l'expectative et l'hésitation
Quand l'Ombre elle même et le Vrai Gardien vaquent
Pour préserver leur vie dans un Monde de Destruction »
C'était incroyablement long pour une prophétie. Jusque là, celles qu'elle avait étudiées étaient bien plus brèves... on pourrait presque dire qu'il y avait deux prophéties distinctes... voire trois. Fronçant les sourcils, tâcha d'en saisir le sens... une bataille ? Des vaillants qui meurent et qui rampent, c'est ce que ça pouvait vouloir dire...
« L'Aube d'Or... la colline de l'Aube d'Or... Cairhien. Une bataille ou des morts à Cairhien... mais je doute qu'il s'agisse de ce cher Daborwin... » Elle s'interrompit. Cela pouvait faire référence, en revanche, aux carnages qui pourraient résulter de ses affrontements avec Belial... quant à la suite... Elle tendit le papier à Durnik pour qu'il relise sa propre prophétie. Elle l'avait déjà dans la tête pour sa part.
« Le Vrai Gardien... tu en avais déjà parlé. Le Tisserand des siècles... un élu ? »
Elle poursuivit ses réflexions dans sa tête, mais ça n'annonçait rien de très positif en tout cas... Un Monde de Destruction, ça pouvait aussi signifier des guerres, une période de chaos... la fin de cette ère ? Elle avait déjà duré bien longtemps il est vrai, il en avait conscience pour l'avoir vécu d'un bout à l'autre... les Elus allaient peut-être devoir s'allier à nouveau pour empêcher le retour du Dragon... ce maudit Dragon. Se laissant aller contre le dossier de son fauteuil, elle tourna vers Durnik son regard, comme pour entendre ses hypothèses.
Durnik s'interrogea lorsqu'un valet apporta un parchemin plie a Niedjan avant de deguerpir. Niedjan se detacha les cheveux, en secouant la tete pour les faire retomber naturellement sur ses epaules. Elle se pencha ensuite sur les mots ecrit sur le fin document.
Elle lu alors le contenu de la Prophetie qu'il avait declame il y a seulement une demi-heure dans le grand salon de feu le Seigneur Daborwin. Il ecouta avec attention ce qu'elle disait. L'ombre, l'Aube d'Or, le Tisserand des Siecles, le Vrai gardien, le Chasseur de l'Ombre, l'Ombre elle meme. Mais ou allait il donc pecher ces mots? Durnik paniqua un peu a l'idee d'une presence etrangere prent possession de son corps pour declamer des enigmes.
Elle fronca les sourcils, en reflechissant. Niedjan se triturait l'esprit pour trouver toutes les interpretations possibles, et il semblerait qu'il y en a trop a voir la moue qu'elle faisait.
Elle dit ensuite que la Prophetie parlait de morts et de Cairhien. Durnik se demanda s'il ne fallait pas quitter la ville dans ce cas la. Elle lui tendit le parchemin et il relu le contenu.
"Le Vrai Gardien, tu en avait deja parle... Le Tisserand des Siecles... un elu?
Durnik reflechi un instant, relu encore une fois le texte.
"Il y a quand meme quelque chose d'etrange. Le Tisserand des Siecles pourrait tres bien etre la Roue elle meme, qui continue de tourner malgre les efforts du Grand Seigneur et de tisser les fils de nos vies selon son Dessein. Mais le texte evoque une personne. Ou en fait quatre personnes. Le Tisserand des Secles, le Chasseur de l'Ombre, Le Vrai Gardien et l'Ombre elle-meme. Ne trouvez vous pas etrange cette formulation? Et cette redondance du mot Ombre? J'ai l'impression que ce sont ces quatres personnes qui vont produire ce chaos a Cairhien.
Mais ce qui me turlupine le plus est cette phrase au milieu 'Chaos sur son chemin, Chaos son destin' qui est-ce?" Durnik avait la desagreable impression que ceci ressemblait etrangement a ses propre pensees sur les evenements qui l'entourait...
"Je crois que ceci parle de Demiandre et moi. Le chasseur de l'Ombre et l'Ombre elle meme. Je crois que le chasseur, c'est moi et que Demiandre est l'Ombre. Meme si cela n'a aucun sens."
Un court silence passa. Durnik paraissait réfléchir lui aussi au sens des prophéties, et en le regardant, Niedjan se demanda une fois encore d'où pouvaient provenir ces paroles que déclamaient ceux ayant le don de prophétie. Une émanation de la roue ? Il fit taire ses réflexions comme le tairien prenait la parole, et fronça les sourcils à ses suppositions. Elle aurait sans doute dû s'offusquer que le soldat souligne la vanité du grand seigneur à arrêter la roue, mais ce n'était que la vérité... pour le moment. Et le reste était bien plus intéressant. Par contre, elle fut quelque peu étonnée que Durnik associe la prophétie à lui et Demiandre, et haussa un sourcil :
"Les prophéties font en général référence à des événements cruciaux pour le monde entier et pour cette ère, pourquoi parleraient-elles de toi et lui ?" Mais dans cette simple traque d'un voleur tairien s'étaient infiltré la tour blanche, et les élus... deux canalisateurs dont un prophète... et le carnage de la Tour... Ta'veren ? Mais lequel des deux ? Niedjan se laissa aller contre le dossier de la banquette et parut pensive. Cette affaire pouvait bien être plus grave qu'elle ne le pensait, et il devenait urgent de retrouver ce Demiandre... S'il y avait vraiment un ta'veren là dessous, elle ne voulait pas laisser le temps à ses adversaires de s'en rendre compte.
Au bout d'un moment, elle secoua la tête et finit par déclarer :
"Les prophéties sont toujours très obscures et il est encore trop tôt pour en saisir le sens... réfléchissons-y posément, peut-être d'autres hypothèses nous viendront-elles à l'esprit plus tard... Je suis lasse."
Et elle préférait laisser son esprit se reposer... en prévision de son entrevue avec son maître. Elle soupira, puis demeura silencieuse jusqu'à ce qu'ils atteignent le palais. Après quoi elle descendit de la voiture et s'éloigna en direction de ses appartements, sur de rapides salutations.
Il avait la tete en pleine ebullition. Il reflechissait a ce que pouvais signifier cette Prophetie, mais il arrivait a chaque fois a la conclusion qu'elle parlait de lui et Demiandre. Et les implications etaient desastreuse. Surtout apres ce qu'avait dit Niedjan dans la voiture. Les evenementset personnes mentionnees dans les Propheties etaient cruciaux dans la lutte entre l'Ombre et la Lumiere. Et malheureusement, cela n'annoncait rien de bon. Quoi que dise Niedjan, il etait sur que cela le concernait. Et Demiandre. Et lui aussi, pour le coup. Et le Vrai Gardien, deja mentionnee auparavant. Qui etait-il? Ou etait-il? Quel etait son but? Se pourrait il qu'il soit le mythique Dragon des anciens temps, le redoute ennemi du Grand Seigneur?
Durnk ne dormit pas de la nuit. Il essayait de trouver un moyen simple d'eviter la situation. La formulation de la Prophetie lui indiquait que c'etait son obsession pour Demiandre qui avait ou allait declencher les choses. Devrait-il abandoner sa quete? Le devoir est malheureusement plus lourd qu'une montagne. Et en suivant Niedjan, il se trouvait maintenant sur des chemins paves de Dagues.
Il prit un parchemin et schematisa un arbre de possibilites. La meilleure solution serait de disparaitre. Fuir le monde et vivre une simple vie. Mais meme comme cela, il doutait de pouvoir rester a l'ecart de ce qu'il se passait. Meme s'il n'est pas l'objet des Propheties, il est quand meme l'objet d'un peu trop d'attention, comme l'indique l'attaque des Hommes Gris. Et il voulait savoir pourquoi.
Multi - plié Multi-milliardaire Alias de Demiandre
Gaeldron faisait les cents pas dans son salon. Un desatre total. La nobilite alienee, Daborwin mort, et la Noble Dame et son etrange valet disparu. Et cette prophetie. "Il" n'allait pas etre content du tout. Les informations recueuillies etaient souvent contradictoires, et la plupart sans valeur. Personne n'avait le nom du valet, et la Noble Dame en avait deux douzaines differents. Il n'avait aucune idee de leur buts. Ce qu'ils voulaient etait un mystere. Et les rumeurs en provenance de Tar Valon etaient inquietantes. Que se passait il donc dans le monde? Gaeldron craignait qu'"Il" vienne le trouver pour lui faire regretter certaines initiatives. Ou certains evenements. "Il" etait comme cela. Il fallait un reponsable.
Gaeldron avait peur. Une peur totallement legitime, incapacitante. Il n'arrivait pas a reflechir correctement. Il n'arrivait pas a imaginer quoi faire pour aplanir la situation. Il etait pris au piege de ses peurs.
Il se dirigea vers son bureau pour une derniere action d'eclat. Il allait mobiliser du monde, tout son reseau, pour obtenir ce que son maitre voulait. Alors qu'il regardait par la fenetre, il vit l'atmosphere s'assombrir et compris qu'"Il" etait la...
Il se retourna et se prosterna sur le tapis, n'osant pas le regarder. Il ne voyait dans sa position qu'une ombre s'etalant autour de son Maitre.
"Je vis pour servir, Grand Maitre"
Et il comptait bien vivre le plus longtemps possible
Le portail se referma derrière elle, et Niedjan se laissa tomber sur son lit, l'esprit vide. Elle ferma les yeux, apaisée quoiqu'épuisée. Le Grand Seigneur s'était montré satisfait de son rapport, et semblait considérer avec un intérêt tout particulier le prophète qu'elle avait découvert. C'était un avantage certain contre la Roue que de l'avoir avec eux, et elle n'était pas mécontente de l'avoir trouvée elle, prenant ainsi une longueur d'avance sur ses pairs... en particulier Belial. Elle sourit, rouvrant les yeux, essayant d'imaginer dans quel état devait se trouver Gaeldron en ce moment... rien de très brillant a priori... Elle avait bien oeuvré. Contrairement à Durnik, elle n'eut guère de difficultés à trouver le sommeil.
Belial était pour ainsi dire... mécontent. Il avait très vite appris les différents événements de la soirée, et ce qu'on lui avait rapporté était très loin de le satisfaire... Le protégé de Niedjan qui avait le don de prophétie, la tentative d'assassinat stupide orchestrée par Gaeldron qui s'était soldée par la mort de Daborwyn, et Gaeldron décrédibilisé par les rumeurs... Ce soir-là, Niedjan avait joué mieux que lui... et avait gagné. C'était pourtant bien rare qu'il le batte... ou plutôt qu'elle. Déjà quand ils jouaient aux échecs dans son salon, avant qu'il ne le présente au Grand Seigneur, il était presque toujours vainqueur. Du coup, il ne savait pas ce qui le mettait le plus en colère... l'échec pitoyable de Gaeldron, ou le simple fait qu'il ait tenté de tuer son ancien protégé... sans sa permission. L'imbécile...
Belial ouvrit un portail, et apparut dans le bureau de Gaeldron. Celui-ci lui tournait le dos, mais il remarquerait bien assez tôt sa présence... Effectivement, il s'écrasa bientôt assez pied, et Belial eut un sourire qui ressemblait plus à un rictus de rage. Sa voix pourtant, était aussi calme qu'à son habitude quand il lui répondit :
"Et les serviteurs ne sont pas censés prendre d'initiatives... Gaeldron. Pourquoi as-tu désobéi à mes ordres ?"
Le calme avant la tempête ?... très certainement. Contournant le cairhienin sans le regarder, Belial se posta à la fenêtre et contempla la ville, encore illuminée et vivante malgré l'heure tardive.
Multi - plié Multi-milliardaire Alias de Demiandre
Gaeldron suait de tout ses pores. En effet, il n'etait pas en odeur de saintete aupres de Belial. L'observation sur la servilite lui fit perdre tout sang froid, et la question qu'il lui posa lui assecha la gorge. Il ne savait pas vraiment pourquoi. Comment lui expliquer?
Il entendit Belial se deplacer, et leva la tete pour le voir s'approcher de la fenetre, un air rageyx dans l'attitude.
"Ils sont dangereux, Grand Maitre. Trop dangereux. Le... Le Tairen canalise, et il a le don de Prediction. La Noble Dame nuit a mes projets a Cairhien. Ils sont remontes jusqu'a moi, et s'ils decouvrent, ils sauront pour vous." Dovie'andi se tovya SagainIl est temps de lancer les dés., se dit-il en tremblant, la tete toujours baissee.
"J'ai fait cela dans le but de vous aider"
Ne surtout pas dire que c'etait pour le proteger ou pour le sauver. Ne rester qu'un ver de terre pour survivre. L'immortalité est ma porte!. Il esperait qu'il n'allais pas la voir se fermer devant lui a cause de son ambitieux peut etre un peu demesuree.
Il attendait le verdict. Les quelques secondes parurent des heures. Les battements de son coeur semblaient resonner dans la piece tellement celui ci battait fort, et il n'arrivait meme plus a deglutir.
Durnik sortit de ses appartement et se dirigea vers les cuisines. Des aides cuisinieres aidaient une femme rondelette a maintenir la cuisine propre et bien tenue, pour nourrir tout le monde a 'heure et comme il faut. Il attrapa un plateau repas au passage, avec un the au miel, du pain de seigle et plusieurs autres mets a deguster. Ainsi que des fruits. Il y en avait assez pour un gaillard de deux metres avec trois fois son tour de taille. Il laissa quelques fruits en trop dans une corbeille a fruit et se dirigea vers ses appartements ou il continua a reflechir en mangeant. Quand il eu fini, il redescendit son plateau et le deposa a la cuisine avant de s'installer a la bibliotheque, ou il prit un livre de philosophie sur le Dessin. Un livre dangereux a posseder quand on est n'importe qui. Heureusement que ce n'etait pas le cas de Niedjan.
Ce livre pouvait contenir des informations essentielles concernant certaines de ses questions. Notamment sur les Propheties et les evenements qui definissent une Ere. Il aurait voulu comparer les Histoires de l'Ere des Legendes avec cette Ere ci et celle entre temps, mais rien ne restait de cette derniere a part les souvenirs des Elus. Il ne trouvait rien. Aucune reponse. Aucune piste a suivre. Les Prophetes ne sont utiles que pour leurs Propheties. Personne ne s'est soucier de pourquoi cela leur arrivait. Comme si cela etait tout a fait normal. Une voix qui s'exprime a travers une personne. Une intrusion. Et est ce qu'etre touche par cette Voix fait de la victime quelqu'un de different?
Il était encore tôt, et les accords cristallins de la harpe résonnaient à travers la grande salle. Laissant courir ses doigts sur les cordes, Niedjan affichait un regard vague, mais semblait sereine quoique perdue dans ses pensées. Contrairement à ses habitudes, elle avait revêtu une robe blanche à col montant, mais taillé pour la monte à cheval, et ses cheveux noués en une tresse lâche tombaient gracieusement sur son épaule droite. Cela devait faire plusieurs heures qu'elle jouait, et brusquement, elle redressa la tête, comme frappée par un détail. Elle s'étonna que Durnik ne soit pas déjà venue la rejoindre pour évoquer les événements de la veille...
Se levant, elle interrogea un serviteur, et celui-ci lui apprit que le tairien était à la bibliothèque. Elle s'y rendit alors à pas tranquilles. La porte était entrouverte. Elle repoussa silencieusement le battant, et observa un bref instant le dos courbé du soldat. Eh bien... soucieux ? Un léger sourire quelque peu étrange étira les lèvres pâles de la jeune femme, et elle s'approcha pour venir s'asseoir sur un fauteuil à côté du bureau occupé par Durnik.
"Je te cherchais," dit-elle simplement. Puis : "Tu es inquiet."
Ce n'était pas du tout une question. Mais elle attendait visiblement des précisions.
Belial était-il de particulièrement bonne humeur ce soir-là ? Difficile à dire, cependant, il se contenta de se retourner pour considérer la silhouette de Gaeldron, comme s'il mesurait ses paroles. Un brusque sourire étira même brièvement ses lèvres à la mention de la noble dame dangereuse. Oui, dangereuse... bien plus que Gaeldron ne l'imaginait.
"Les êtres dangereux peuvent souvent se montrer très utiles lorsqu'on sait s'en servir... Te rends-tu compte de l'intérêt que représente un prophète pour le Grand Seigneur, Gaeldron ? Il faut envisager un moyen de l'utiliser. Quant à la femme... je me sentirais tout particulièrement... offensé, si l'on venait à lui faire le moindre mal... la plus petite égratignure, le plus bref effleurement... Suis-je bien clair ?"
Il n'en doutait pas une seconde, à vrai dire.
"Daborwyn mort, et ces rumeurs... J'espère pour toi que tu as une idée brillante pour rectifier la situation, Gaeldron... Si tu perds ton importance à Cairhien, je risque fort de ne plus avoir besoin de toi... Et il reste encore beaucoup trop à faire pour que je me laisse ralentir maintenant."
Durnik sursauta en entendant Niedjan s'asseoir sur le fauteil voisin à son bureau. Il ne l'avait meme pas entendue arriver. Perdu dans ses pensées, il n'etait pas conscient de ce qui l'entourait.
"Je te cherchais" dit elle simplement, avant d'ajouter "Tu es inquiet".
Durnik changea d'assise avant de répondre.
"Je me pose des questions." Le regard qu'elle lui rendit etait eloquent. Il developpa donc sa réponse. "Je me demande qui ou qu'est ce qui manipule les Predictions que j'emets. C'est un Talent issu du Pouvoir Unique, donc manipulé par la Roue. Mais il n'y a pas de points commun entre les deux occurences. Est ce que c'est un evenement special qui les provoques? Ou une totale aleatoirité? Est ce que ceci est un tissage du Dessin? Est ce que j'influe sur le tissage de la Roue comme la Roue le veut? Suis-je un pion pour la Lumière, ou un atout du Grand Seigneur? Je ne trouve pas de réponse à ces questions et cela me tourmente quelque peu..."
Durnik se posait donc des questions concernant les prédictions... C'était logique après tout, ou du moins, elle le pensait. Niedjan se laissa aller contre le dossier du fauteuil, puis laissa passer un court instant, avant de répondre d'un ton égal :
"Cela n'a très probablement rien à voir ni avec la Lumière, ni avec le Grand Seigneur, même si ce n'est peut-être pas tout à fait par hasard que nous nous sommes rencontrés. Difficile de savoir ce qui est aléatoire, et ce qui ne l'est pas, mais la Roue continue de tisser, tu peux donc partir du principe que tout ce qui arrive ou presque vient d'elle. Pour ce qui est des prédictions en elle-même... le talent de prophétie permet de voir une partie du Dessein, des images... ensuite, ton inconscient ne fait que les traduire comme il le peut, par ces formulations énigmatiques. Si cela peut te rassurer, personne ne manipule ton esprit afin de créer ces prophéties, c'est toi-même qui les crée."
C'était en tout cas une théorie... parmi d'autres émises pendant l'ère des Légendes. Niedjan le regarda et eut un léger sourire.
"Et si nous sortions un peu ? Cela te changerait les idées... et je crois qu'avec tout ce qu'il s'est passé, Gaeldron et ses sbires ne sont pas près de revenir nous ennuyer, nous avons un peu de temps..."
"Cela n'a très probablement rien à voir ni avec la Lumière, ni avec le Grand Seigneur, même si ce n'est peut-être pas tout à fait par hasard que nous nous sommes rencontrés. Difficile de savoir ce qui est aléatoire, et ce qui ne l'est pas, mais la Roue continue de tisser, tu peux donc partir du principe que tout ce qui arrive ou presque vient d'elle. Pour ce qui est des prédictions en elle-même... le talent de prophétie permet de voir une partie du Dessein, des images... ensuite, ton inconscient ne fait que les traduire comme il le peut, par ces formulations énigmatiques. Si cela peut te rassurer, personne ne manipule ton esprit afin de créer ces prophéties, c'est toi-même qui les crée."
Je comprends mieux... Mais est-il possible de lutter contre ces Prophéties, ou sont-elles inéluctables?
"Et si nous sortions un peu ? Cela te changerait les idées... et je crois qu'avec tout ce qu'il s'est passé, Gaeldron et ses sbires ne sont pas près de revenir nous ennuyer, nous avons un peu de temps..." Dit Niedjan soudainement, le tirant une nouvelle fois de ses pensées.
"Je suppose que cela serait une bonne idée. Où voulez vous aller? Je ne sais pas si je suis prêt pour une nouvelle réception" dit-il avec un léger sourire. "Mais il est bien vrai que je viderai bien une chope de vin épicé dans une auberge, ou aller voir quelques feux d'artifice."
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"Les êtres dangereux peuvent souvent se montrer très utiles lorsqu'on sait s'en servir... Te rends-tu compte de l'intérêt que représente un prophète pour le Grand Seigneur, Gaeldron ? Il faut envisager un moyen de l'utiliser. Quant à la femme... je me sentirais tout particulièrement... offensé, si l'on venait à lui faire le moindre mal... la plus petite égratignure, le plus bref effleurement... Suis-je bien clair ?"
- "Oui très clair, Grand Maître." Plus jamais je ne m'approcherais d'eux. Je veux VIVRE!!!
"Daborwyn mort, et ces rumeurs... J'espère pour toi que tu as une idée brillante pour rectifier la situation, Gaeldron... Si tu perds ton importance à Cairhien, je risque fort de ne plus avoir besoin de toi... Et il reste encore beaucoup trop à faire pour que je me laisse ralentir maintenant."
-"J'ai une idée. Une idée brillante. Je vais infiltrer personnellement les groupes d'Amis du Créateur, pour les détruire de l'intérieur. Mon importance politique ne me sert plus à rien. Discrédité comme je le suis."
Cela est très risqué, mais se mettre en danger et risquer sa vie vaut mieux que de la perdre par arrogance. Je survivrais, et je verrais les ennemis du grand seigneur morts à nos pieds, pendant que nous festoierons pour le Jour du Retour. En cela, je vous servirais jusqu'à là mort de la Roue!! pensât-il avec une ferveur sans commune mesure.
-"Donnez-moi carte blanche, et je vous livrerais les Amis du Créateur sur un plateau pour les donner en pâture aux Trollocs et aux Myyrdraals. Ou en offrande au Grand Seigneur"
Il était toujours prosterné, mais il souriait à pleine dent. La vision de gens souffrant et abandonnant la Lumière sous les coups du Grand Seigneur, Lui vouant leur âme, lui plaisait énormément...
Niedjan eut un discret sourire au trait d'humour de Durnik sur les réceptions, qui ne faisaient certes pas partie de ce qu'elle pouvait qualifier de lieu de détente après celle d'hier. Non, elle pensait à quelque chose de plus éloigné de Cairhien et des manigances de ses habitants, un endroit où elle aurait moins de chance d'être observée, et le tairien aussi.
"Je pensais en effet plutôt à quelque chose dans cet esprit", confirma t-elle, et tandis qu'elle parlait, ses cheveux devenaient d'un noir aussi soutenu que ses yeux. Autant ne pas attirer l'attention. "Le village de Tremonsien n'est pas très loin d'ici, et on y trouve bon nombre de bonnes auberges selon les rumeurs. Pourquoi ne pas y faire un tour ? Quelquefois des barbes y jouent une musique pas trop mauvaise..."
Belial haussa un sourcil comme Gaeldron parlait de son idée, d'abord perplexe. Puis un sourire ambigu glissa sur ses lèvres minces. Dans ces circonstances, les rumeurs qui prétendaient que Gaeldron était un ami du créateur pourraient devenir un avantage, et lui permettre d'infiltrer aisément les repaires de ces misérables. Certes, l'influence du seigneur cairhienin n'était plus aussi grande qu'avant, mais qui soupçonnerait alors qu'il se servirait encore d'un pion en apparence si inutile ? Cela pouvait fonctionner... et pour Niedjan, eh bien... il disposait d'autres cartes pour la récupérer. Disons qu'elle avait gagné une première manche... cela ne pourrait qu'augmenter son assurance, et la pousser à faire des erreurs. Cairhien serait à lui, et pas uniquement Cairhien...
Il resta un moment silencieux, puis enfin, son regard sombre glissa à nouveau sur Gaeldron.
"Très bien, tu m'as convaincu pour cette fois... je te conseille de m'apporter rapidement des résultats concluants... Sinon je ne serai plus aussi clément. Maintiens quand même quelques espions autour de cette femme et de son conseiller... je veux pouvoir suivre tous leurs faits et gestes."
Il sourit. Mais il n'allait pas laisser Gaeldron aussi libre de ses mouvements que celui-ci pouvait le croire, il comptait bien le faire surveiller de près... Et ce serait peut-être un bon moyen pour que son cher myrdraal reprenne du service... Son échec à lui aussi avait été cuisant, et il en avait subi les conséquences. Nul doute qu'il se montrerait plus déterminé à ne pas échouer cette fois-ci... Mentalement, Belial acquiesça à ses propres décisions.
"Ne me déçois pas, Gaeldron."
Le bruit de l'air qui se fend. Un portail se dessina, et l'élu disparut dans l'interstice.
Korh’Gan gisait sur une table, tas de chair blafard et gémissant dans la pénombre d’une minuscule pièce éclairée par la lumière faiblarde d’un globe flottant près du plafond. Cela ne faisait que quelques heures qu’il avait atterrit ici, le corps ensanglanté et à moitié carbonisé. La clairière était entrée en éruption quelques minutes après le départ de l’Aes Sedai et des liges, l’air s’était empli de feu, de terre en fusion, de chair et de débris d’armures trolloques calcinées. Il avait senti Bharl se faire déchiqueter, il avait senti le déchaînement du Pouvoir Unique.
“J'ai déjà fouillé le camp, il n'y a plus rien à part un les ruines mal caché d'un camps.”
Raclure d’Aes Sedai.
D’instinct il avait plongé dans les ombres pour fuir la fournaise, trop tard pour s’en sortir autrement qu’agonisant. Mais il était revenu ici. Quoi de plus logique, finalement, cet endroit l’avait marqué plus que n’importe quel autre. Les acolytes de son maître l’avait maintenu en vie le temps qu’Il vienne juger de ce qu’il fallait faire de lui. Et Il l’avait guérit. Avant de lui arracher lentement et douloureusement le récit de tout ce qu’il lui était arrivé depuis qu’Il l’avait envoyé en mission. Le récit de son échec. Puis il était reparti, laissant l’évanescent seul dans sa cellule, paralysé par la douleur et la fatigue.
Au bout d’un certain l’intensité de la lumière de l’orbe augmenta, puis Il fut là, accompagné de deux de ses auxiliaires humains qui portaient un fratras d’acier et de tissu noirs. Une pensée traversa subitement l’esprit du myrddraal : il n’allait pas mourir.
L’élu sourit et rompit le silence :
“Non, tu ne mourras pas. Pas tout de suite du moins .”
Puis, répondant à un signe de leur Seigneur, les deux humains relevèrent sans ménagement Korh’Gan avant de l’adouber sans plus de délicatesse. Puis ils laissèrent seuls l’engeance et leur maître.
Suffocant sous son armure et assommé par la fatigue, le myrddraal écouta religieusement Belial lui donner ses ordres. Puis l’élu usa du Pouvoir Unique, donnant à Korh’Gan l’impression que sa tête allait exploser , avant que la douleur ne s’en aille, emportant la fatigue avec elle. Il s’inclina devant son maître alors que la pièce s’assombrissait, et s’enfonça dans les ténèbres.
Il en surgit quelque part dans Cairhien, dans le salon du noble au “service” du quel il allait devoir se mettre. Celui ci lui tournait le dos, assis à son bureau, plongé dans ses pensées. Il était tout à fait inutile de commencer cette relation en mettant cette larve d’humain à l’aise.
“Je vous souhaite le bonsoir, Noble Seigneur Gaeldron”, sussurra-t-il dans le dos de l’Ami du Ténébreux.
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Assis à son bureau, Gaeldron commencait à réflechir à un plan pour s'infiltrer parmi les Amis du Createur, la partie la moins aisée de son projet. Ses talents en Daes Dae'Mar lui permettrait de manipuler cette vermine comme un rien. Ils ne se douteraient de rien. Encore fallait il trouver un nid pour commencer à pondre...
Il avait déjà mobilisé des espions pour la surveillance de la noble Dame et de son étrange conseiller, comme le lui avait ordonné Belial. Jamais desobeir à un Grand Maître. La première règle. La seule qu'il appliquait à la lettre. Et pourtant, il avait failli en mourrir. Alors qu'il se perdat en conjectures diverses et variée, une ombre sorti de l'ombre derrière lui, inaperçue et silenceuse. Cette ombre se dessina sous les traits d'un Myyrdraal.
"Je vous souhaite le bonsoir, Noble Seigneur Gaeldron"
En entendant cec, comme du vieux cuir rapant contre un rocher, Gaeldron sursauta. Sa première reaction fut une d'intense frayeur. La secondefut de soulagement
Ce n'est pas le Grand Maitre! Loué soit le Grand Seigneur
Il se retourna, et croisant le regard de la bête, son coeur sebserra d'effroi. Le regard des Sans-Yeux est peur faite chair. Il avait beau avoir embracé sa cause actuelle, il n'aimait pas avoir affaire à ses choses. Ces engeances, ces reliques effroyables d'humain, encore plus distordues que les Trollocs à son avis.
"Que me voulez-vous demi-homme?" Dit-il alors qu'il mettait un genoux en terre. S'il était envoyé par Belial, autant sauver les apparences en feignant l'obeissance. Aurait-il une épée à sa ceinture qu'il ne manquerait pas d'essayer de trancher la tête de ce simulacre d'être vivant. Il preferait vraiment travailler avec des vrais hommes, dont le regard refletait ce qu'ils pensaient. Et leurs capacités avaient du sens. Plus que les Evanescents, disparaissant dans l'ombre, foudroyant de peur d'un simple coup d'oeil. Tout ce qui pouvait lui éviter de croiser ce regard sans globe lui plaisait. Il resta donc tête basse.
Korh’Gan se tut quelques minutes pour savourer l’instant. Laissant peser son regard sur le noble, savourant sa peur et sa répulsion. Il adorait travailler avec de simples humains. Des créatures qui éprouvaient en sa présence une saine terreur, qui se recroquevillaient sous son regard, qui se servaient de son nom pour effrayer leurs rejetons. Haine et crainte, tellement plus appréciable que le mépris glacé des Aes Sedai et de leurs liges ou que la terreur animale des trollocs. Et au moins eux ne risquaient pas de lui faire exploser la tête s’il lui prenait l’envie de perpétrer une atrocité bien sanglante . Il gagnait au change finalement, ce serait certainement plus agréable que de battre la campagne à la recherche d’un fugitif canalisateur qui traînait probablement toute une ribambelle d’Aes Sedai dans son sillage.
Il fit une légère révérence moqueuse à Gaeldron, toujours agenouillé devant lui.
“Notre Auguste Maître le Très Noble Belial, puisse le Grand Seigneur des Ténèbre toujours veiller sur Lui, m’a chargé de vous épauler dans la mission d’investigation et d’infiltration des Cercles d’Amis du Créateur qu’Il vous a confié. Mes talents sont à votre disposition.”
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Gaeldron attendait la reponse du demi-être. Plusieurs minutes passèrent avant qu'il reponde, et quand celui-ci cracha ses mot, Gaeldron leva la tête d'etonnement, et il le regrettavalors qu'un frisson le paralysa de nouveau. Il reussi avec un effort à detacher son regard et il fixa le menton de la creature, evitant à tout prix son regard.
Quoi? Un Myyrdraal à ma disposition? Qu'est ce donc que cette supercherie? Ce langage ampoulé, cette obsequisité plus visqueuse que les Lacs de la Malkier. Est-ce un piège? Non Belial m'a confié une mission, et à ce chevaucheur d'Ombres aussi. Il ne lui desobeirait pas. Et moi non plus. Il est certainement là pour me surveiller. Je n'ai vraiment plus de chance à perdre...
"À ma disposition, disais-tu donc?" Dit-il pour reprendre un peu contenance. "Prêté par le Grand Maître? Tu es donc la Carte Blanche que l'on m'a accordé... J'espere que tu me seras utile, ou je me ferai un plaisir de detacher ta tete de ton tronc, et de nourrir les loups avec ton corps toujours mouvant. Quel est ton nom, engeance? Je n'aime pas ne pas savoir le nom des choses qui m'entourent. Quelles sont tes capacités, notament en terme d'espionnage? Il me faut localiser un groupe d'Amis du Créateur avant de pouvoir agir plus avant. Une fois cela fait, je trouverai bien de quoi t'occuper"
Il esperait que la fidelité des Engeances envers leur Maitre était veridique. Sinon, il n'aurair pas fini de souffrir...
"Je pensais en effet plutôt à quelque chose dans cet esprit" dit Niedjan tandis que ses cheveux d'habitude d'un blanc neigeux viraient au noir le plus profond. Durnik nota le Talent de son Maître, car aucune imperfection ne se voyait dans le tissage.
"Le village de Tremonsien n'est pas très loin d'ici, et on y trouve bon nombre de bonnes auberges selon les rumeurs. Pourquoi ne pas y faire un tour ? Quelquefois des bardes y jouent une musique pas trop mauvaise..." ajouta t-il.
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Durnik saisit la Source sans trop de difficulté, et changea lui même d'apparence. Il modifia ses cheveux en un blond doré, et brunit son visage. Il noua le tissage et trouva le résultat plutôt réussi, même s'il n'avait pas le doigté de Niedjan. Mais en tant que Choisi, il ne faut pas espérer lui arriver à la cheville à ce niveau là. Autant ne pas briser le déguisement de Niedjan en étant lui-même reconnu.
"Trémonsien me semble une bonne idée. J'y suis passé pendant mon voyage vers Tar Valon. Une des premières pistes que j'ai eu sur la direction prise par Demiandre. Une ville sympathique. Calme, silencieuse, bien ordonnée. Je me rappelle avoir assisté à l'arrestation d'un Ami du Créateur dans une auberge où j'étais resté. Au Bon Gibier je crois que cela s'appelait. Je me demande ce qu'est devenu cette auberge, vu que l'aubergiste n'y est désormais plus... Et ne risque pas de revenir" dit-il avec un sourire caustique.
Korh’Gan lâcha un ricanement sarcastique en entendant les menaces de l’humain. Il était presque crédible, si ce n’est qu’il puait toujours la peur.
“La seule raison pour laquelle je vous serais utile, Seigneur Gaeldron, c’est parce que le Maître en a décidé ainsi. Et si vous n’êtes pas en train de vomir du sang en pataugeant dans vos entrailles après vos menaces, c’est qu’Il n’apprécierait pas que je lui massacre un de ses pions, si mineur soit-il.
Je me nomme Korh’Gan. Quand à mes capacités … et bien j’ai les même que n’importe quel autre myrddraal, les ignorez vous donc ? Je peux aller sans entraves partout où se trouvent les ombres, tuer dans l’espace d’un battement de coeur ou faire subir une agonie sans fin, percevoir les canalisateurs faisant usage du Pouvoir Unique ou inspirer la terreur de ma simple présence … Mais vous aviez déjà remarqué cela. Assassinats, enlèvements, tortures, batailles rangées. Je crains de ne pas être très utile en matière d’espionnage, voyez vous, il se trouve que ceux de ma race ne passent pas particuliérement inaperçus au milieu de ceux de la votre …
Quand aux Amis du Créateur, à ma connaissance c’est bien plus souvent eux qui vous localisent que l’inverse, si vous souhaitez les infiltrer, il faudra leur donner des raisons de croire que vous êtes mur pour tomber dans leur escarcelle. A moins que vous n’ayez une piste ? ”
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Gaeldron se retourna tout en pouvant garder un oeil sur le Myyrdraal, pour eviter le regard du Myyrdraal, et pour se calmer et reflechir.
à mon service semble ne pas vouloir dire mon serviteur. Ses capacités auraient été très interessantes, si j'avais comme but de gagner du Pouvoir. Mais cette mission là est différente. Où trouver des Amis du Createur? Certainement pas à Cairhien. La présence des Élus y est trop forte, et ces rats se terreraient dans leurs planques s'ils les savaient à moins de dix lieues d'eux...
Il continua de réflechir quelques minutes, repassant ses rapports sur des individus suspects, quand tout à coup il se remèmora un message obtenu par pigeon il y a quelque mois. Il ne savait pas pourquoi ce message precisément, mais il se dit que cette piste était la meilleure. C'était peut-être juste la seule.
"Khor'Gan disiez-vous donc vous nommer?" Déclara t'il au demi-homme, sans le regarder. Son regard était plongé dans une tapisserie brodée de fil d'or et d'argent, sur fond de gueule representant une bataille à Cairhien datant de plusieurs siècle. Une histoire avec un arbre et des guzrriers Aiels féroces. Il ne connaissait pas vraiment cette période bannie. Cette tapisserie elle-même était un danger pour sa vie il paraissait...
"Je crois que j'ai un plan génial. Avez vous des Trollocs à disposition dans cette nation? Il me faudrait un quart de poing. Ainsi que vous. Et de moins d'une semaine de mise en place. Pouvez vous m'assurer cela? Avec un peu de doigté, je serai au sein d'un groupe d'Amis du Créateur dans 10 jours"
Il souriait. L'infaillibilité de son plan ne faisait aucun doute. Il arriverait à impressioner le Grand Maître. Il le fallait à tout prix. Il attendait la réponse de l'Evanescent, qui semblait réflechir à une façon de le tuer au vue de la grimace qu'il affichait. Mais Gaeldron essayait de ne pas regarder le visage de cette créature du tout, pour éviter qu'une nouvelle fois son coeur s'emballe
Niedjan fut plutôt satisfaite du tissage de Durnik, et encore plus de constater qu'il avait spontanément adopté ce déguisement, sans qu'elle ait rien eu à lui demander. Un léger sourire glissa sur ses lèvres pâles alors que le tairien parlait. Amusante anecdote par ailleurs... Berislav croyait connaître cette auberge, pour y être allé une fois ou deux incognito, juste pour le plaisir d'oublier quelques heures qui il était. Elle s'empara à nouveau du saidin.
"Eh bien il pourrait être amusant d'aller y faire un tour... Je ne doute pas qu'un nouveau propriétaire se sera empressé de prendre possession des lieux. Je vais ouvrir un portail à quelques distances du village, puis nous continuerons un peu à pied... Ce ne serait pas très discret de couper quelqu'un en morceaux sur la place du village."
Elle eut une sorte de rire claire, comme s'il s'agissait d'une bonne plaisanterie. Mais l'ouverture d'un portail pouvait en effet provoquer ce genre de... dommages collatéraux. Puis tout en tissant un portail vers Tremonsien, elle tendit le bras à Durnik.
Le noble se tourna légèrement. Korh'Gan ne bougea pas d'un pouce, l'écoutant distraitement. Cela aurait été tellement facile de lui ouvrir la gorge : un pas en avant, un simple geste du bras, et il se retrouverait à genoux en train de se vider de son précieux fluide au beau milieu de son salon. Le myrddraal crispa légèrement ses mains, faisant craquer ses articulations, alors que Gaeldron s'extasiait sur son propre plan. Cela faisait bien trop longtemps qu'il n'avait pas tué quelque chose. Sans parler de quelqu'un.
Le myrddraal contempla le dos blafard de ses mains tout en répondant à son interlocuteur :
"Je devrais pouvoir réquisitionner des engeances de toutes sortes, le Maître a laissé des ordres à ce sujet. Tant que cela reste dans les limites du raisonnable nous pouvons puiser parmi celles qui sont stationnées à Cairhien."
Son ton se fit sarcastique quand il releva la tête vers l'humain :
"Néanmoins j'apprécierais beaucoup de pouvoir juger du "génie" de votre merveilleux plan, si cela ne vous ennuie pas trop."
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Gaeldron, toujours sans regarder le Myyrdraal, expliqua son plan. Le Myrrdraal souriait à la perspective de pouvoir tuer il semblait, ou tout du moins de se rendre dans un endroit peuplé mais isolé.
Gaeldron attrapa son épée dans son fourreau et l'attacha a sa ceinture pendant qu'il parlait. Il alla aussi vers sa garde robe, et changea de veste et de chemise, et il prit un manteau chaud, vêtements grossiers et très communs, du genre que porterait quelque marchand assez fortuné. Il mit de vieilles bottes usée. Il gardait toujours des vêtements comme ceux-ci pour simuler une faiblesse de sa Maison, ou pour se promener tranquillement en ville, passant à peu près inaperçu.
Il arriva auprès du Myyrdraal, déterminé, et le regarda en face.
"Allez mobiliser deux douzaines de Trollocs à la garnison de Trémonsien, je vous prie. Je pars vers le Travelling Ground du Palais. Dovie andi se tovya sagain" déclara t-il. Et il ne trembla point face au visage sans yeux.
Ce ne serait pas très discret de couper quelqu'un en morceaux sur la place du village." Dit Niedjan avant de se mettre à rire cristallinement. Elle tissa le Portail et tebdus son bras
"Nous y allons?"
"Ni très correct" répondit d'un ton sérieux Durnik, le genre d'humour qu'il aimait bien. Sarcastique. Ironique. Comme la vie. Il pris son bras et tendit la main gauche, se penchanr legerement en avant en une invitation à faire le premier pas à travers.
Dovie andi se tovya sagain dit-il par réflexe, ne sachant pas ce qui le poussa à dire ces mots. Il avait la même sensation que chez Daborwin, ou dans la demeure de Niedjan...
Niedjan eut un sourire indéfinissable à la réponse de Durnik, mais son regard semblait exprimer un certain amusement. Mais alors qu'elle s'apprêtait à franchir le portail, il murmura une dernière phrase, dont la signification la surprit. D'autant plus qu'elle avait été dite dans sa langue maternelle... Elle le regarda une brève seconde, mais finit par se détourner, et franchit le portail d'un pas. L'ouverture se referma bientôt derrière Durnik, et ils purent voir autour d'eux des champs et des arbres, voilés par l'obscurité du soir... et un peu plus loin, les lumières d'une petite ville. Une route descendait vers elle.
Ils se mirent en marche, et Berislav respira pleinement l'air nocturne. Il faisait frais et tout était silencieux, on entendait juste quelques murmures lointains qui provenaient de la ville, comme des brides de musique. Un petit village tranquille parmi tant d'autres...
- "Rend-toi à la ville de Cairien au plus vite!, Là bas, tu aideras Korh'Gan, que tu as déjà rencontré par le passé.
Tu devras l'épauler dans la mission que je lui ai confiée. Il te donnera plus de précisions.
Tu es libre d'agir, mais Tu devras respecter le plan de Korh'Gan!"
Krohrst répondit à l'élu :- "Oui maitre!" Et après un court instant, posa une question : -"Maitre? Comment puis-je Trouver Korh'Gan à Cairien? Je ne sais pas ou il est!"
L'élu répondit : - "J'y ai pensé, rends-toi à la caserne, et interroge les gents la bas! Mais ne les tue pas! Va maintenant, j'ai entière confiance en toi! Mon fidèle serviteur." - "Bien maitre"
Alors qu'il approchait de la ville de puis les montagnes, Krorst aperçut un paysan occuper à labourer son champ. Tenailler par la faim, et le besoin irrésistible de nourrir son esprit dévasé, il plongea sur le malheureux. Quelques instants plus tard, un cadavre blême s'écrasa sur une route à proximité d'une des portes de la ville.
Le maitre serait content, il s'était nourrit, mais n'avait pas perdu de temps en savourant l'horreur et le désespoir de cet insignifiante créature.
C'est donc l'esprit éclaircit par l'apport d'énergie vitale que Krohrst se posa sans bruit dans la caserne de Cairien située un peu à l'écart de la ville du coté opposé aux montagne.
C'est d'une voie rappelant quelqu'un froissant du vieux cuire qu'il apostropha un homme dans la coure principale.
- "Ou est Korh'Gan?"
Paralyser de peur, le malheureux ne se mit à parler que lorsque pendu à une griffe à cinquante centimètres du sol, le dos lacérer, et le visage à quelques centimètres de deux lèvres noires, cachant mal une rangée de dents couleurs obsidienne, prête à déchirer une proie.
- "Je ne sais Pas! AAAAAAAHHHRRR, je ne connais personne de ce nom! AHHRG"
lâchant l'homme plus que le reposant, il se jeta sur un Troloc qui passait par là.
- "Ou est ton Myrdraal vermine?"
Et se n'est qu'une demi-heure plus tard qu'il obtint enfin une information convainquant. Le Myrdraal approchait! Il laissa donc le corps lacérer et sanguinolent du troloc qu'il tenait s'écraser par terre. Ce dernier, rampa hors de sa portée.
Krohrst se rendit alors à la porte principale, et attendis patiemment auprès des deux gardes paralyser de peur que son vieil ami Korh'Gan vienne le rejoindre. Si tant est qu'une engeance tel que lui pouvait se faire des amis.
De la caserne située derrière lui, on pouvait entendre monter des gémissements et des hurlements de douleurs. Lâché par les quelques dizaines de personnes qui eurent l'honneur de se faire interroger par Krohrst.
Aucuns ne mourrait, mais certain trolocs allait avoir besoin de quelques semaine pour se remettre. Et les humains… heureusement, aucuns n'était irremplaçable et la garnison bien assé fournie pour palier à ce petit problème.
Alors qu'il attendait, Krohrst senti sa faim inextinguible revenir.
L’évanescent écouta patiemment le noble lui expliquer son plan. Ça n’était pas si absolument stupide qu’il l’avait craint. Et après tout si Gaeldron avait envie de risquer sa peau de cette manière, grand bien lui fasse. Un échec ne risquait pas de lui retomber sur le dos. Quand l’humain en eut fini avec ses explications, le myrddraal hocha vaguement la tête et s’effaça parmi les ombres.
Il réapparut dans l’une des nombreuses alcôves d’un espace semi-circulaire, excroissance d’un hall plongé dans les ténèbres les plus complètes. Une poignée de créatures qui auraient pu être autant de ses reflets vaquaient à diverses occupation dans la salle.
Il aurait bien sur pu apparaître n’importe où dans le casernement des myrddraals, voire ailleurs dans la garnison qui n’étaient pas beaucoup mieux éclairée, mais les demi-hommes n’appréciaient guère de voir l’un des leur surgir près d’eux sans en connaître la raison. Et ce genre de malséance était punie d’un coup d’épée en pleine tête dans le meilleur des cas. D’où l’intérêt de telles alcôves permettant de maintenir le taux de quiétudes des évanescents un peu en deçà du seuil de meurtre.
Une certaine agitation régnaient parmi ses semblables, apparemment un draghkar harcelait les trollocs là haut, à la recherche d’un myrddraal du nom de Korh’Gan. Les trollocs paraissaient totalement incapable de faire face à la terreur volante, au grand amusement de ses frères, qui essayaient de se mettre d’accord sur celui qui allait devoir monter régler le “problème”. Korh’Gan résolu leur dilemme en leur annonçant son identité en même temps qu’ils leur présentaient l’ordre de réquisition fourni par son Maître. Les évanescents rétournèrent à leurs occupations respectives alors que Korh’Gan montait un escalier en colimaçon qui menait à la surface.
Il surgit à l’air libre à la lueur des étoiles et des feus de cuisines et dans la puanteur des baraquements trollocs. Il finit par repérer l’ombre ailée qui se découpait de temps à autre sur la voûte céleste au dessus des baraquements, et se dirigea dans sa direction. Au fur et à mesure qu’il s’en rapprochait, il commença à avoir son idée quand à son identité.
Le draghkar l’attendait perché sur un baraquement, drapé dans ses ailes de cuirs noires
“Bonsoir, Krohrst, je suppose que c'est notre Maître qui t'envoie ... “
Chance ou malheur, le myrddraal n’aurait su le dire. Il espérait juste que son Maître avait réussi à un peu mieux restreindre la folie furieuse du dévoreur d’âme depuis la dernière fois qu’ils s’étaient croisés.
Après un petit instant, Un Myrdraal vêtu de la traditionnelle cape d'ombre s'approcha.
- "Bonsoir, Krohrst, je suppose que c'est notre Maître qui t'envoie ..."
Le Myrdraal semblait légèrement amusé. Mais c'était difficile à dire su cette face blême.
- "Bonsoir Korh'Gan! "
Sautant au bas du baraquement, il terrorisa un peu plus les gardes en leur secouant les ailes sous le nez.
Savourant leur expression d'effroi, c'est après avoir lâché un rire guttural qu'il poursuivit.
- "Regarde moi ses vers de terres! Même pas capable de faire leur boulot correctement… Je devrais aider le maitre en débarrassant le monde de leur présence."
Avec un rictus pouvant passé pour un sourire il se tourna vers le Myrdal.
- "Le maitre veut que je t'épaule dans ta mission. Il m'a dit de juger par moi-même la situation, mais de me conformer à tes idées. Et il n'a pas perdu de temps à me donner des informations, tu vas avoir à me décrire la situation.
On a des condamnés ici? Je meurs de faim!
Il se tourna vers les gardes et sembla sérieusement considérer d'en priver un de son âme. Découvrant ses sinistres dents, il fit passer sa langue reptilienne d'une dent à l'autre. Les pauvres gardes perdirent leur sang froid et un des deux hommes se fit au pantalon, mais ils ne quittèrent pas leur poste.
- "Hirhirhr, c'est comme ça que je les aime, suant la peur! Les âmes sont toujours si gouteuses lorsque leur propriétaire est sous le coup d'une vive émotion. Ssssiii nourrissant. Mhhhh! Savais-tu celas mon ami? C'est pour ça que je t'apprécie tant! Avec toi, les âmes sont d'une saveur!
Mais trêve de plaisanterie, le maitre ne serait pas contant si je lui abimais ses gardes. Quel est donc cette mission mon ami?"
Il commença à se diriger vers la partie réservée aux membres supérieurs de l'armée du grand seigneur tout en écoutant la réponse de Korh'Gan.
La pluie commençait de tomber, et il avait horreur d'avoir les ailes mouillées.
Autant pour ses espoirs sur la santé mentale de Krohrst . L’évanescent tâcha de masquer son mépris devant les manières du draghkar. Il devait certainement lui rester quelques vestiges distordus d’humanité sous cet amas de démence pour qu’il ait encore des concepts aussi stupides que l’amitié en tête. Mais il était probablement aussi inutile de lui faire des remarques à ce propos que d’essayer d’empêcher un trolloc de penser avec son estomac.
Le myrddraal était néanmoins satisfait que Krohrst ait été mis sous ordre. Quoique perpétuellement assoiffé d’âme, son intelligence le rendait bien plus redoutable que ses congénères à peine capables de compter sur leurs dix griffes. Il hésita à lui révéler le plan qu’avait établi Gaeldron, mais mieux valait qu’il soit au courant, afin que son appétit ne l’amène pas à dévorer l’âme de qui il ne fallait pas.
“Tu vas avoir plus que de quoi te rassasier, Krohrst, mais tu vas devoir te contrôler. Si jamais ta fringale perpétuelle venait à me faire échouer, je veillerais à ce que les trollocs t’ajoutent comme ingrédient à leur rata avant que le Maître ne me tombe dessus.”
Il expliqua le plan de l’humain au dévoreur tandis qu’un nuage masquant partiellement les étoiles déversait une pluie fine sur la garnison éclairée par les feus trollocs. Autour des flammes ceux-ci braillaient, se battaient, se saoulaient ou dévoraient leurs immondes ragoûts dans un vacarme pire que celui des forges du Thakan'dar.
“Il va falloir que je me lie à une vingtaine de trollocs", dit-il une fois qu'il eut fini, en pointant du doigts les plus proches des bêtes puantes qui les entouraient. Les plus sobres commençaient déjà à s'éclipser en voyant qu'ils avaient attiré l'attention d'un myrddraal.
"Des faiblards de préférences. Tu vas peut être pouvoir m’aider à les choisir. Ça implique de les faire courir un peu … "
Korh'Gan dégaina sa lame noire et commença à avancer d'un pas menaçant vers l'un des rassemblements d'engeances. Les trollocs le regardèrent d'un air hésitant et apeuré pendant quelques instants, puis prirent la fuite suivant une trajectoire plus ou moins rectiligne. Parfois un myrddraal désœuvré s'amusait avec les trollocs, que le but soit simplement des les effrayer ou d'en tailler un en pièces pour le plaisir, mieux valaient pour eux qu'ils courent.
"Attrape moi les traînards, je vais leur donner l'occasion de dessaouler très vite."
Le draghkar serait peut être même un peu divertissant. Il lui arrivait d’avoir des idées perverses qui ne viendraient pas à l’esprit d’un évanescent. Cela aussi devait être un résidu d’humanité.
Alors que la bruine commençait à sérieusement agacer Krohrst, Korh'Gan lui expliqua le plan de Gaeldron. Risqué, mais pas si stupide. Mais de toute façon, cela importait bien peu pour le Draghkar, qui pouvait voler, et aurait des âmes à profusion pour tenter de contenter cette inlassable sensation de manque qu'il ressentait.
Apparemment, le maitre tenait beaucoup à voir cette mission arriver à terme. En effet, le Myrdraal semblait anxieux qu'il ne puisse pas se contrôler. Et menaça Krohrst. Mais au nom de leur amitié, il pouvait lui pardonner cela.
Alors que Korh'Gan commençait à menacer les Trollocs, Krohrst répondit d'un ton menaçant.
- "Très bien Korh'Gan, on va voir si cette vermine mérite de servir le grand seigneur."
Sous la menace d'un Myrdraal visiblement hargneux, les Trollocs assé sobres pour courir prirent la fuite d'une manière plus ou moins rectiligne, évitant juste de foncer tête la première dans un mur.
Les Trollocs à mi-chemin entre sobriété et alcoolisme sévère, zigzaguait et allaient de temps en temps, se cogner ici et là.
Les Autres, trop bourré pour quoi que ce soit, continuèrent simplement à grogner par terre, se demandant ce qui pouvait bien se passer.
Krohrst se dirigea vers les Trollocs qui n'avaient pas bougé, et leurs donna tour à tour des coup de pied et de griffe pour voir si certains étaient tout de même capable de réagir. Ils seraient parfait à près une petite marche forcée... Malheureusement, seul trois, réagirent et tentèrent le mordre. Mais un coup de pied bien placé et un ordre bref prononcé d'un ton sinistre, mais autoritaire "Lève toi!, et va vers ce mur la bas!" suffit à les calmer. et c'est en grognant qu'ils allèrent tituber vers l'endroit désigné.
- "J'en ai déjà trois!, regarde les, ils tiennent à peine debout, ils seront parfais après le petite marche qui les attend!. Je m'en vais de ce pas te ramasser quelques fuyard."
Prenant son élan, Krohrst s'envola, et fondit sur un Trolloc bourré,le heurtant dans le dos, il projeta ce dernier à terre et continua son vol en direction d'un autre.
Les Trollocs, déjà pas très assurés sur leurs jambes, harceler par un Draghkar insaisissable commencèrent à se dégriser, mais également à fatiguer. Et tous ceux qui étaient sobres, étaient déjà bien loin.
Continuant son petit manège et griffant certain Trollocs, Krohrst prit quelques petits coup sans importances et s'amusa beaucoup à mal-traiter les Trollocs.
Pendent ce temps, Korh'Gan rassemblait les Trollocs qui s'effondraient, ou qui rataient un pas les précipitant au sol.
Il avançait d’un pas délibérément lent pour laisser le temps aux trollocs de le voir arriver. Krohrst le devança, ses ailes se déployant tel un vaste étendard, et se jeta contre les trollocs qui ronflaient près du feu, trop ivres pour se rendre compte de ce qui se passait. Puis, alors que le myrddraal approchait, les trollocs commencèrent à se redresser péniblement, harcelés par les caquètements et les griffes du draghkar .
Il tourna son regard dément vers Korh’Gan, baragouina une phrase exultante que le myrddraal ne comprit pas, et s’élança dans les airs, pour retomber quelques instants plus tard, écrasant contre le sol un trolloc un peu trop lent.
Autour du feu, trois trollocs le regardaient depuis leurs dix pieds de haut, les yeux emplis de toutes la terreur qu’il était possible pour eux de ressentir, mais n’osant plus bouger tant qu’ils se trouvaient à portée d’épée du myrddraal. Subitement ils se mirent à hurler, alors que l’évanescent s'immisçait sans la moindre douceur dans leurs esprits. Il n’aimait pas faire ça, surtout en sachant qu’il allait devoir sentir les trollocs se faire massacrer d’ici peu. Mais le plan ne laisserait pas de place à l’erreur, il fallait qu’ils lui obéissent au doigt et à l’oeil.
Désormais tenus en laisse aussi sûrement que si ils avaient eu une autour du cou - plus même , les trois brutes suivirent docilement Korh’Gan alors qu’il faisait subir le même sort aux trollocs qui étaient tombé sous le poids de Krohrst. Suivant la piste erratique du draghkar, il eut vite fait de rassembler la vingtaine de trollocs qui lui était nécessaire. La peur et le liage avaient sérieusement dégrisés les engeances, mais elles restaient relativement peu vaillantes. Exactement ce qu’il lui fallait.
Il fit signe à Krohrst - qui s’amusait toujours avec les fuyards - de les suivre. Puis il ordonna à un crâne d’aigle de lui ramener une monture aux portes de la garnison , vers lesquelles il se dirigea avec sa petite troupe.
Niedjan se serait attendu à ce que Durnik utilise de pouvoir pour soulever le Draghkar, mais enfin... il n'avait pas encore le réflexe. Pas d'importance... La vue trouble, elle franchit le portail avec peine, et le laissa se refermer presque sitôt qu'ils furent passés, vidée de son énergie. Avec l'aide de Durnik, elle s'installa sur un fauteuil, et sa tête retomba lourdement contre le dossier rembourré. Elle se sentait lasse... énervée... épuisée. Mais le Tairien lui parlait. Elle tourna la tête vers lui et acquiesça :
"Oui... je l'interrogerai plus tard. S'il se réveille pendant que tu l'emmènes, préviens-moi."
Elle ferma les yeux, mais son poing se crispa :
"C'était Belial, Durnik... j'en suis sûre à présent. Cela se paiera... Si fort soit-il, il n'échappera pas à ma vengeance, cette fois-ci."
Mais pas tout de suite... Pour l'instant, elle se sentait sombrer doucement, sans savoir si elle allait dormir ou perdre connaissance.
Alors que le monde tournoyait autour de lui, il senti quelqu'un canalisait le saidin à proximité. Puis il fut trainé tant bien que mal. dans sa semi-conscience, il entendit des voix. Mais ne parvint pas à en saisir le sens. Puis malgré le retour de sa partie humaine, la folie revint. Et avec elle, les souvenir de sa captivité. Sa vie d'avant comme aimait à l'appeler Belial. Et dominant le tout, le souvenir de la douleur. Il se rappela la sensation d'os brisés qui lui parcourait le dos alors que sa peau était arrachées pour livrer passage à une paire d'ailes. la souffrance ressentie lorsque que ses membres furent écartelés de l'intérieur. La brulure du pouvoir, la folie qui tendait ses tentacules au sein de son esprit éprouvés. Mais par dessus tout, il se rappela de la douleur que lui procura le désespoir lorsqu'il comprit qu'il ne pourrait pas s'échapper.
Alors Krohrst cria. tout comme six années en arrière, un cri empreint de désespoir fit vibrer les mures autours de lui. :
"AHHHHRRR! NON! MAUDIIII! AHHHHHHHHHHH!"
Son propre cri le tira de l'inconscience. le corps encore douloureux de la guérison et des réminiscences de son rêve.
"maitre? Ou êtes-vous?" Alors il se rappela. Il avait trahit le maitre. il s'était libérer du maitre. Désormais, il servait Berislav! "Non, non! pas le Maitre. Seigneur Berislav vous êtes là?" Puis insidieusement, il senti la faim de la folie sourdre des profondeur de son corps. "Je vous en supplie Maitre, sauver moi de la folie de Belial."
puis il remarqua que ce n'était pas le seigneur qui le portait. "qui?, qui êtes vous?" ces derniers mot étaient plus un murmure que des paroles bien structurées.
"Oui... je l'interrogerai plus tard. S'il se réveille pendant que tu l'emmènes, préviens-moi."
Elle ferma les yeux, mais son poing se crispa :
"C'était Belial, Durnik... j'en suis sûre à présent. Cela se paiera... Si fort soit-il, il n'échappera pas à ma vengeance, cette fois-ci."
"Vous pouvez compter sur moi" Répondit-il simplement. "Je suis votre homme jusqu'à la mort..."
"AHHHHRRR! NON! MAUDIIIIT! AHHHHHHHHHHH!" Rugit le Draghkar soudainement, alors que Durnik s'approchait de lui pour l'emmener dans une cellule du manoir de Niedjan.
"maitre? Ou êtes-vous? Non, non! pas le Maitre. Seigneur Berislav vous êtes là? Je vous en supplie Maitre, sauver moi de la folie de Belial."
Durnik ne comprenait pas ce qu'il se passait. Il avait dû rater quelque chose pendant qu'il errait dans les rues de Trémonsien.
[d10] -2 (air) = 8/10
Il canalisa et enserra le Draghkar dans des liens d'Air pour l'empêcher de bouger. Il ne voulait pas risquer une bévue. Avec Niedjan totalement épuisée, il était sa seule ligne de défense.
"Ne fait rien d'inconsidéré" lui dit-il. "En l'état actuel des choses, tu es en notre pouvoir et nous sommes apparemment ton seul espoir. Donc tu vas nous obéir au doigt et à l’œil. Commence par réduire le débit d'insanité que tu débite. LA journée fut rude, et nous sommes trop fatigué pour t'entendre geindre toute la nuit. Si tu ne te calme pas, je n'hésiterai pas à t'éliminer. Est-ce clair?" Il observait le Draghkar, le bloquant du regard.
Dès qu'il eut finit de murmurer, il sentit des liens d'air l'enserrer. Que se passait-il, pourquoi le bloquait-on?
La folie gagna en intensité, lui faisait ressentir une faim terrible, qui lui nouait les entrailles.
Il eut soudain envie de mordre de la chaire, de laisser sa colère éclater. Mais il ne pouvait pas bouger. il tenta de se débattre, mais rien n'y fit.
[d10] + perception : 9 = 17/20 Alors, son coté humain reprit le contrôle de son corps. désormais, agité de spasmes retenus par le pouvoir, il livra une bataille en son propre sein. et réussit à reléguer la folie tout au fond de son âme. Avec la folie, la douleur disparut. et il entendit les dernier mots de l'homme.
"...te calme pas, je n'hésiterai pas à t'éliminer. Est-ce clair?" Il ne savait pas ce que l'homme avait dit, mais instinct de survie, figea son corps. seul quelques petit râles s’échappait encore de sa bouche. Puis au bout d'un petit instant, il dit d'une voie rauque : "C'est très clair, mais libérer moi de la folie de Belial, ou je ne pourrai pas me contrôler...." Puis il regarda l'homme droit dans les yeux. laissant entrevoir sa douleur. puis la folie revint à l’assaut. ses yeux se mirent à rouler dans leurs orbite alors qu'un râlé de douleur s’échappait à nouveau de ses lèvres.
Surprise par les paroles de Durnik, Berislav tourna la tête vers lui et esquissa un début de sourire. Mais le draghkar inconscient se mit soudain à hurler, et elle se redressa à demi, ce geste brusque déclenchant un vertige inopiné. Ses mains se serrèrent sur les accoudoirs de son fauteuil le temps que sa vision s'éclaircisse de nouveau, et par chance, le tairien fut plus prompt qu'elle à réagir. Bien qu'elle doutait que le draghkar aurait tenté de l'attaquer. Pas si elle en croyait ce qu'il avait dit. Et ce qu'il hurlait à présent. Alors que l'engeance répondait d'une voix rêche aux menaces de Durnik, elle se leva et s'approcha avec lenteur, frêle silhouette vêtue de blanc et aux cheveux de neige, telle l'ange salvateur que la créature semblait demander. Elle sourit doucement, et sa main fine vint se poser sur sa tempe pour guider le regard fou vers le sien.
"Est-ce vraiment l'œuvre de Belial ?" murmura-t-elle pour elle-même. "Cela ressemble plutôt à la signature d'Asclèpe..."
Il avait toujours aimé... modifier les êtres. Mais que les deux élus aient pu s'associer pour créer cette créature n'était pas totalement exclu. Ses doigts s'écartèrent du visage du draghkar dans un léger effleurement.
"Je ne peux rien pour l'heure... mais je te libèrerai de ta folie. Tu n'auras plus à craindre Belial si tu promets de me servir fidèlement... Tu verras que je sais récompenser ceux qui œuvrent en mon nom." Elle sourit de nouveau. "Mais pour cela, tu dois me prouver que tu mérites ma confiance..."
Avec un peu de chance, le draghkar comprendrait de lui-même où elle voulait en venir, et lui livrerait toutes les informations qu'elle voulait. Elle recula d'un pas, se rapprochant de Durnik, sans quitter l'engeance des yeux.
"Que faisons-nous maintenant? " Demanda t'il à Niedjan. "Il ne semble pas vraiment coopératif. Le laisser sans surveillance me semble dangereux. Nous devrions l'enfermer jusqu'à ce que vous puissiez faire quelque chose pour lui. En attendant, il représente un danger et je ne souhaite pas le laisser agir à sa guise. Voulez-vous que je l'enferme?"
Il réfléchit un instant, repensant à ce qu'avait dit Niedjan 'Qui est Asclèpe. Je ne me souviens pas en avoir entendu parler auparavant... Et comment pourrais-il prouver qu'il mérite votre confiance?"
Alors que la folie le reprenait, Krohrst senti des doigts toucher sa tempe droite. étrangement, sans pour autant supprimer sa folie, celle-ci semblait stoppée. Il comprit donc parfaitement ou l'élue voulait en venir.
baissant légèrement la tête, son corps toujours enserré dans ses liens d'air, il répondit d'une voie brisée :
- Je vous servirai fidèlement, je le jure! (idée parfaitement humaine, une engeance n'as pas de volonté propre suffisante pour prêter un serment de plein gré normalement.)
- Belial voulait infiltrer le seigneur Gaeldron au sein des amis du créateur. ce dernier à fortement perdu l'héstime de l'élu ces derniers temps. Avec l'aide du myrdraal Korh'gan, nous devions attaquer un groupuscule de serviteur de la lumière à Trémonsien. Gaeldron devait alors dans la précipitation des événement sauver quelque uns des hommes prouvant ainsi son affiliation à la résistance...
mais rien ne s'est passé comme prévu! Avant même l'attaque , j'ai survolé un canalisateur hostile, et l'auberge grouillait de personnes aux capacités surprenants, dont vous seigneur. Puis ensuite, je ne me rapèlle pas grand chose d'autre que le goût du sang de cette petite fille, terrorisée, si frêle dans mon étreinte. C'est la folie de Belial, pardonnez-moi seigneur de vous avoir attaquer, je ne peut pas me maitriser. J'ai besoin de sang, j'ai besoin de souvenir! J'AI BESOIN DE ME NOURRIR DE LEURS ÂMES! AHRRRRRR!
un spasme spécialement violant secoua le corps du Dragkar malgré les lien de pouvoir puis la folie le reprit de plus belle.
Ignorant Durnik, Niedjan gardait les yeux résolument fixés sur le draghkar, comme si par la simple intensité de son regard sombre, elle pourrait maintenir un instant à l'écart la folie qui rongeait l'esprit de Krohst. Et un léger sourire vint effectivement marquer ses lèvres lorsque l'engeance jura, au bord de la panique. Mais son expression se durcit très vite à mesure du récit qu'il lui faisait, et bien qu'elle gardât un air relativement neutre, lorsque le draghkar se remit à hurler comme un dément, elle se retenait tout juste pour ne pas exploser de colère. Belial l'avait attaquée directement... Il avait attaqué ses sujets, l'un des derniers crimes qu'interdissait le Grand Seigneur... Le maudit traître ! Elle qui était le plus faible des élus risquait de se retrouver dans une position fort difficile... voire mortelle, si elle ne parvenait pas à prouver aisément la désobéissance de Belial... Ou plus simplement à se venger.
Un instant silencieuse, comme indifférente aux hurlements de l'engeance, Niedjan parut finalement revenir à elle. Elle posa une main sur la tempe de Krohrst, qui put sentir un certain engourdissement tomber sur son esprit, une paix factice qui calmerait sa folie. Jusqu'à ce qu'elle soit sûre de sa loyauté... et surtout, qu'elle ait assez d'énergie pour le soigner. Exsangue, l'élue se recula et retourna s'asseoir.
"Inutile de l'enfermer. Qu'on le mène dans une chambre des sous-sols. Il sait qu'il mourra certainement si jamais il quitte ses lieux."
Des pas résonnèrent dans les couloirs comme par miracle, de ses serviteurs qui répondaient à son appel silencieux. Puis son regard se tourna vers Durnik et elle répondit d'une voix calme et morne :
"Je pourrai lui faire confiance, tant que je pourrai lui apporter ce qu'il désire... Quant à Asclèpe... Il s'agit d'un élu, l'un des premiers d'entre nous. Un ancien scientifique qui aimait à modifier les êtres et à se prendre pour le Grand Seigneur. Il s'est peu montré ces derniers temps... Sans doute est-il trop occupé à ses expériences, mais je le vois bien s'allier à Belial..."
Elle laissa s'écouler un nouveau silence, puis ses yeux se fermèrent alors qu'elle s'enfonçait dans son siège.
"J'ai besoin... de réfléchir. Nous parlerons demain, Durnik. Bonne nuit."
Sa voix diminuait, et elle ne souhaitait pas montrer davantage de son actuelle faiblesse. À qui que ce soit...
"Bien ma Dame" dit-il formellement, étouffant un bâillement. Il tourna les talons et fit signe à deux gardes d'emmener le Draghkar, toujours enserré dans des liens d'air. Il referma les battants de la pote des appartements de Niedjan et suivit les gardes. Le Draghkar n'était pas calmé, mais il semblait être moins bruyant. Les gardes semblaient légèrement effrayés par ce tapage, mais ils avançaient toujours. Ils descendirent au sous-sol où Durnik choisit une chambre assez isolée pour empêcher les bruits de remonter à l'étage. Il posta des gardes à l'entrée au cas où.
*Niedjan le pense peut-être inoffensif, mais cette chose pourrait bien oublier qu'il n'a aucune chance s'il ne se rallie pas à nous. Ces accès de folie sont impressionnants. Si c'est l’œuvre de Asclèpe, ou de Belial ou des deux, il nous faudra être d'autant plus prudents. Si il s'échappe, qui sait ce qu'il pourrait révéler sur nous...*
Il reprit la direction de sa chambre. En chemin, il repensait encore et toujours aux prédictions. A Demiandre. Aux Élus et leurs luttes interne. Il ne savait quoi penser d'eux. Certains n'hésitaient pas à être vainement cruel et sadiques, mais Niedjan semblait plus réservée, plus "humaine". Une colère froide.
Il arriva à ses appartements, et s'allongea sur le lit pour reprendre des forces. Après une légère nuit de sommeil, il se réveilla courbaturé et encore un peu faible, mais il devait garder la forme. Il pratiqua plusieurs entrainements - souplesse, épée, saidin, avant de se préparer pour commencer à interroger le Draghkar avant que Niedjan le fasse. Autant alléger son labeur en lui donnant un premier rapport. Elle pourrait ainsi se concentrer sur les problèmes essentiels. Il se rendit donc au sous sol et pénétra dans la chambre du Draghkar
Prit dans les rets de la folie, Le dragkar n’entendit ni vit rien lors de son déplacement. Au milieux de la nuits, alors que les liens d'air faiblissaient quelque peu, ses spasmes devinrent douloureux, puis il se blessa en tressautant contre le sol. Laissant échapper de longues plaintes lugubres et glaçantes.
Son corps sevré de sang et tout juste ressortant d'un guérison menaçait de défaillir, tandis que la folie induite par le besoin d’âme le maintenait éveiller. Au petit matin, le manque d'énergie psychique et de sang était tel que la folie elle-même ne russisait pas à le maintenir éveiller. Il sombra dans le coma, le même qui suivit sa naissance, le même qui se pointait alors que le maitre voulait le faire souffrir.
Car ce comas n'était pas un paisible sommeil proche de la mort, mais une perpétuelle souffrance, de l'âme et du corps, un cauchemar perpétuel. Forçant l'humain qu'il fut à contempler la source du mal qui corrompt son corps. lui révélant tout l'ampleur de la contamination. Créant ainsi la folie qui l’empêche de contrôler ses pulsions, torturant à jamais son âme, et marquant son corps de cicatrices dues aux spasmes et aux chocs contre le sol et les parois.
Lorsque l'homme pénétra dans la pièce, c'est une vision d'horreur qui l'attendait. Le dragkar, gisant dans une flaque de sang, de bave et d’excréments, incapable de se relever, incapable de contrôler son corps. gémissant malgré l’absence de son esprit.
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