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Textes de la Joute n°2
(Sujet créé par Jouteurs l 01/07/03 à 08:53)
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Jouteurs
26/05/2003 19:38


Postez ici vos textes de joutes, merci
Jouteurs
26/05/2003 19:38


numéro du texte : A

« Tout à coup un vent se leva, dissipant la brume, et tous purent admirer la… »

Monsieur j’ai une question !
Lui alors, il a été éduqué chez les ogres. Bon je reconnais qu’au niveau du physique, c’est plutôt moi l’ogre. C’est vrai qu’il est beau garçon. Il est surtout très sûr de lui, imbus de sa personne. Oui nous avons réussi les sélections et bientôt on nous remettra nos insignes. Cela n’autorise pas à couper la parole du maître !
Comme d’habitude le maître n’a laissé paraître aucune émotion, aucune colère contre l’effronté, pas une trace d’indignation, de surprise, de curiosité. Il tourne vers lui son regard neutre. Un regard qui n’est ni n’est bienveillant, ni agressif. Un regard qui vous dit, je te comprends tu n’es plus seul.
C’est une chose étrange et merveilleuse que notre maître : un homme au contrôle de sa vie. Il connaît tout, il comprend tout. Il anticipe nos questions, assimile nos personnalités et nos états d’âmes, nos humeurs.

Le contrôle de soi même est la capacité à se dominer pour observer la scène, le monde des autres, des non mages, le monde extérieur avec détachement. Celui qui n’a pas assimilé ces principes de base ne peut pas faire de magie.
Ils étaient nombreux parmi nous à avoir quitté l’école pour cela. Certains essayaient des années d’appréhender le vide intérieure, pour disparaître la rage au cœur en maudissant l’école, la magie, et tous les mages de la terre.
Ils déguerpissaient les uns après les autres. Car l’école avait pour principe d’accepter tout le monde, du plus pauvre au plus riche et de ne renvoyer personne. Ils partaient de leur propre initiative, écœurés, jaloux des pouvoirs qu’ils n’avaient su s’approprier.
Il y en a qui s’installent dans la ville. Ils ouvrent des magasins de souvenirs pour touristes. D’autres préfèrent partir, fuir le plus loin possible pour oublier ce lieu de leurs échecs. Cela ils sont brisés, leur vie est détruite. Ils trouvent une femme, fondent une famille. Mais tous les jours ils se répètent « je pourrais en être un, je devrais être ailleurs ».
L’école s’efforce d’aider ses élèves malheureux. Les mages disent qu’il faut-être charitable. Moi je pense plutôt qu’ils veulent éviter de se faire trop d’ennemis. Elle emploie donc les recalés à de petites travaux : la préparation des sorts, l’entretien des grimoires ou tout simplement les tâches ménagères. L’école propose aussi des prêts d’argent, et elle a développé un partenariat avec d’autres établissements de formation.
Car l’école de la magie attire toute l’année une faune étrange. Et un véritable commerce s’est développé dans la ville, guerriers, femmes de charmes, mendiants, touristes, parents anxieux pour leur fils en plein apprentissage de la magie…
Ils y a bien sûr les curieux de passage. Ceux qui visitent les environs au pas de course et repartent les poches pleines de gadgets magiques, pour aller se vanter de leur « périple au pays des sorciers. »
De nombreuses écoles ont choisi de s’installer en ville à proximité des magiciens : la très célèbre école du guerrier, plusieurs écoles de chant, une école de lutte, une école d’éloquence, une école de l’art de la discrétion, une école des assassins et bien d’autres encore. Impossible de toutes les connaître on raconte que chaque habitation cache sa propre école !
Une fois leur formation terminée, les élèves proposent leurs services. Les meilleurs sont recrutés d’office par l’empereur et par la très sainte Mère.
Il y a aussi les employeurs de toute sortes aux mobiles les plus divers. Cela sillonnent les rues à la recherche de la bonne aubaine, du guerrier féroce payé en futs alcool, du sombre magicien à cinq sous, de l’assassin qui tuera pour son plaisir et gratuitement. On trouve des nobles avides de pouvoirs qui forment leurs milices privées, des paysans en péril qui demandent de l’aide, de riches marchands qui veulent être escortés.
Magiciens, guerriers, assassins… tous les élèves rivaux des différentes formations finissent souvent par travailler ensemble pour une bonne paye.

Chaque jour, au début des cours, la salle était un peu plus vide, un peu plus silencieuse. Ceux qui riaient et jouaient furent les premiers à partir. Il ne resta bientôt qu’un petit groupe de tristes figures qui ne se parlaient pas et se regardaient en chien de faillance. Le maître ne paraissait pas s’en émouvoir. Il faisait comme si de rien n’était.
Je ne sais pas comment j’ai réussi à rester, ni pourquoi j’ai été choisi. Ma volonté de survivre et de réussir était si forte.
A l’école, le plus grand écueil est la solitude. Elle vous ronge de l’intérieur jusqu’à ce qu’on craque. Impossible de parler aux autres, chacun se méfie de l’autre. L’autres est l’ennemi, le danger. Au début on se dit : les autres, j’ai pas besoin des autres. Je suis un magicien, un solitaire. Car la magie est l’autonomie totale du corps et de l’esprit, le détachement du monde tactile, du monde des êtres. Parler équivaut à se condamner à l’échec. Parler, c’est fermer la porte du monde des esprits.
Mais bientôt, la solitude vous pèse, on a envie de communiquer avec quelqu’un, de lui raconter n’importe quoi. On a besoin de contact humain, de chaleur humaine. Alors commence une introspection perpétuelle, une lutte de soi même contre soi même. Le cerveau se sent seul. Puis il finit par se résigner. Il finit par assimiler les formules, et les sorts.
Je me suis mis à me parler à moi même sans m’en rendre compte. Car le corps a ses besoins. La nuit, je rêvais et me voyais entouré d’amis, riant et jouant avec eux.
Mais tous les jours j’étais assis seul dans une chambre d’une des tours. Je récitais dans ma tête des formules incompréhensible. Je recopiais des parchemins, de vieux rouleaux gribouillés de notes. Je forçais mon esprit et j’exerçais ma concentration.
Parfois de mon perchoir, j’entendais les bruits du monde. J’écoutais les autres vivre : des jeunes de la villes, sans doutes des guerriers de l’école d’à côté qui se chamaillaient joyeusement : « gagné tu payes la tournée ». A ces moments, je sanglotais tout seul en me prenant la tête dans les mains. J’ai pensé me jeter du haut de la tour. Mais je n’ai jamais pensé arrêter. J’aurai eu trop honte.
Je ne les voyais pas, impossible de voir rien par cette petite lucarne et me fiais aux voix. J’écoutais une voix très grave celle d’un grand gaillard solide aux rudes manières et ami dévoué que j’appelais le costaud. J’entendais une seconde voix, assez efféminée et toujours moqueuse :le rigolard. J’avais distingué une troisième voix froide, comme glacée et triste, qui restait silencieuse la plupart du temps :le muet. Le costaud, le rigolard, le muet ont été mes seuls amis ces quatre années d’apprentissages. Pendant quatre ans, j’ai rêvé avoir des amis.


« Qu’est-ce que l’homme ? »
La question de l’insolent nous pris tous au dépourvue. Mathieu baissait la tête, faisant semblant de réfléchir. Moi je continuais à prendre des notes, tout en m’efforçant d’assimiler la formule précédente qui m’échappait toujours.
« L’homme c’est l’équilibre l’homme peut tout faire, créer les plus belles choses comme les pires abominations. Il peut détruire aussi… Je suis un mage et j’exerce la magie depuis ma plus petite enfance. Nous autres mages, nous pouvons beaucoup. Avec le temps, les connaissances s’accumulent et les pouvoirs augmentent. Les mages guérisseurs peuvent sauver même les lépreux. Les mages guerriers peuvent détruire cents vies humaine d’un geste de la main ».
Je frissonne à la pensée de cette main posée sur le bureau. Une main aux doigts longs et minces. Une très belle main, pleine de souplesse et de grâce. Cette main peut tuer des centaines de personnes ?
« Mais malgré tous ces pouvoirs, nous restons des hommes. je suis un homme. La magie humaine répond aux lois de l’homme : L’équilibre ne peut-être rompu. Même le plus grand guérisseur subit sa propre mort un jour. Et le plus grand guerrier peut mourir d’une simple lame.
Si vous n’obéissez pas aux lois humaine, alors viendra votre mort et vous sèmerez désastre et malheur. »

« Tout à coup un vent se leva, dissipant la brume, et tous purent admirer la… »
Le maître avait repris sa dictée.
Jouteurs
28/05/2003 10:21


numéro du texte: B


Tout à coup un vent se leva, dissipant la brume, et tous purent admirer la plaine couverte à perte de vue de combattants en armures brillantes. C’était une vue particulièrement impressionnante que ces hommes prêts à tuer sur un simple signal de leurs officiers. Ewald se tourna vers son second.

C’était leur première vraie bataille de cette guerre. Seuls les plus jeunes montraient des signes d’enthousiasme. Pour les soldats plus expérimentés, ce n’était qu’une bataille de plus dans une guerre de plus. Personne ne discutait des raisons de la guerre. La reine avait déclaré que les hommes devaient marcher sur l’ennemi, ils obéissaient.

Son second faisait partie des vétérans de cette armée. Si Arnould avait été de haute naissance, il aurait sans doute occupé le commandement que lui-même détenait présentement. « Arnould, signalez aux hommes de se tenir prêts à mon commandement », dit-il tout haut. « Bien monsieur », répondit laconiquement Arnould. Puis d’une voix forte : « Commandants, à vos postes ! » Les officiers des différents régiments de l’armée saluèrent et galopèrent vers leurs postes de combat, signalant ainsi à leurs hommes l’imminence du combat. La plaine ne fut alors plus que bruit de métal et de cuir, le bruit familier des soldats ajustant leurs armes avant la bataille.

La reine …

Ewald fit lentement glisser son épée hors de son fourreau. Par habitude, il inspecta la lame. Celle-ci était d’une absolue perfection. Il étouffa un petit rire. Bien sûr que son épée était parfaite, sans trace d’usure. Elle avait certes été forgée par un artisan compétent, mais elle bénéficiait surtout d’un charme que tous les cadets des Maisons, destinés à une carrière militaire, apprenaient de leur précepteur. Quelle que soit leur aptitude à la magie, ils étaient tous capable d’utiliser ce genre de charmes mineurs. Et Ewald était loin d’être parmi les plus faibles dans ce domaine.

« Je veux que tu commandes l’armée qui va rétablir notre honneur bafoué. Tu n’as peut être pas l’expérience de la tâche mais les hommes te respectent. »

Ewald leva son épée au-dessus de sa tête. Une immense clameur s’éleva de l’armée. La bataille décisive de cette guerre avait commencé.

« Tu as appris ce qu’il te faut savoir de ton précepteur. Tu sais commander aux hommes. Laisse la tactique à ton second et contente toi de surveiller le déroulement de la bataille. Si les choses tournaient mal, tente seulement de sauver le maximum d’hommes. »

Après tout, la reine avait raison. La bataille se jouerait sans lui. Les généraux, qu’ils soient ou non compétents, n’intervenaient que très peu une fois qu’ils avaient donné le signal du début du combat. Il se laissa aller à sa rêverie.

La reine était si forte, si sûre d’elle. Comment pourrait-il lui avouer l’amour qu’il lui portait ? Même le cadet d’une des sept plus grandes Maisons n’oserait pas parler ainsi à celle dont le pouvoir s’étendait sur l’ensemble des peuples civilisés. Si elle savait seulement qu’il pensait à elle de cette manière, sa tête risquait d’être brutalement séparée de son corps par un morceau de métal tranchant. La guerre actuelle avait démarré sur quelque chose d’à peine plus signifiant : l’un des chefs des peuples barbares avait réussi à unifier un certain nombre de ses semblables et avait eu l’outrecuidance de proposer une alliance à la reine par un mariage avec un membre de sa famille, suggérant elle-même. Ils allaient faire ravaler ses prétentions à ce cuistre !

Arnould le ramena brutalement au temps présent. « Nos hommes reculent, Ewald. » dit-il doucement. Sa position de lieutenant-général lui autorisait cette familiarité avec Ewald. Certains nobles auraient refusé une telle adresse, mais il n’était pas de ceux qui tiennent la naissance en si haute place. « Passez-moi la longue-vue » répondit il après une brève observation du champ de bataille confus. Les barbares étaient faciles à distinguer avec leurs tenues en cuir sombres et leur absence d’organisation face aux soldats ordonnés dans le métal brillant de son armée. L’armée ennemie était effectivement en train de repousser l’attaque combinée de ses forces. Après une courte concertation avec Arnould, il ordonna un repli stratégique du centre de son dispositif, tandis que les flancs et la réserve tenteraient un mouvement d’encerclement.

« Ne te représente devant moi qu’en vainqueur ! » lui dit-elle en guise de bonne chance. « Pour vous, ma reine, je ne puis perdre » répondit-il dans une révérence, avec une assurance qu’il était loin d’éprouver. Elle eut un petit sourire. Qu’elle était belle avec ce sourire. Si il gagnait, il oserait, il oserait …

« Ewald ! Le centre est en train de flancher ! L’ennemi n’a pas encore vu notre réserve, mais si elle arrive après que le gros des forces se soit fait massacrer dans son repli, la bataille sera perdue.
- Donnez l’ordre à la garde royale de me suivre, lieutenant.
- Vous ne pouvez pas …
- Lieutenant ! Je commande cette armée, et cela inclut la garde royale, que je sache !
- Bien mon général » répondit Arnould avec une pointe d’ironie.

Ewald enfila son heaume, dégaina calmement son épée, prit une inspiration profonde et chargea. Il n’entendait que le bruit régulier des sabots de la garde derrière lui et les battements violents de son cœur. Il repensait à ses mots de bravoure devant la reine. Je ne peux pas perdre cette bataille ! Il arrivait déjà parmi l’arrière de ses hommes. Il commença bientôt à se tailler un chemin dans une masse de plus en plus compacte d’ennemis. Trois hommes de la garde étaient à ses côtés, tandis que les autres s’étaient déployés en éventail, de façon à maximiser l’efficacité de leur charge.

Sa course était maintenant totalement arrêtée. Ils faisaient face à dix fois, vingt fois leur nombre. Leurs chevaux furent vite submergés sous les ennemis. Quelle folie ai-je commise ! Une violente douleur lui déchira soudain la poitrine et le sol se précipita à sa rencontre. Un ennemi armé d’une pique venait de le désarçonner brutalement. La pointe de la pique avait transpercé son armure, et s’était enfoncée profondément entre ses côtes.

Ewald effectua l’un des exercices de concentration que lui avait enseigné son précepteur. Imagine que tu es une flèche dans un arc, l’arc est tendu, tu es dirigé tout entier vers ta cible, toute ton énergie se concentre en toi, tu la canalises à ta guise, maintenant FRAPPE !

Le garde vit son commandant tomber de cheval, frappé par un de ces barbares armé d’une pique. Il allait se précipiter à son secours quand soudain une lumière aveuglante sembla surgir d’Ewald, une boule de lumière partit de lui et frappa l’ennemi le plus proche, puis un déluge continu de balles de lumière frappa tout ceux qui se trouvaient aux alentours. Ewald s’effondra.

Ma reine, j’ai fait ce que j’ai pu. J’ai tout fait pour gagner cette bataille et je suis mort en héros. J’espère que la victoire sera à nous. Arnould connaît son affaire, lui.

Ewald se réveilla au son d’une voix à ses côtés. Arnould. « Ramenez moi au champ de bataille, Arnould, vite, articula t’il en tentant de se lever.
- Ewald, vous n’êtes pas en état de …
- S’il vous plaît ! Je veux voir ce qu’il est advenu de la bataille »

Le champ de bataille était à nouveau recouvert par le brouillard. C’était déjà l’aube ? Combien de temps s’était donc écoulé tandis qu’il luttait contre la mort ? Tout à coup un vent se leva, dissipant la brume, et tous purent admirer la reine sur son vif étalon noir, venant féliciter les hommes de leur victoire.
Jouteurs
13/06/2003 17:32


numéro du texte : C

La tactique de la patience


- « Mon cher mage, vous avez réussi au-delà de toutes espérances : cette journée restera gravé à jamais dans l’histoire de Kru’Hell comme l’une des plus belles innovations militaires que l’on ait connu ! Malgré les difficultés rencontrées, ces quelques années de culture ont finalement abouti au meilleur entraînement tactique imaginable : nos généraux louent votre travail à longueur de temps. Ainsi, certaines formations ont révélé leurs faiblesses, entraînant un certain nombre de pertes, mais n’était-ce pas le but de cet entraînement ? De plus, cette résistance orque a permis aux simples soldats de se confronter, et donc de connaître notre ennemi. Toutes mes félicitations : vous venez de faire honneur à votre rang !
- Merci, ô mon roi ! »

La première chose que ressentit Hildur au réveil fut une pointe d’excitation. Il se leva, enfila ses vêtements et entreprit de rejoindre la salle commune.
Malgré sa connaissance des lieux, cette pièce imposait le respect. Des centaines de jeunes de son âge étaient installés autour d’une table qui devait approcher la toise. On comptait bien une vingtaine de cheminées et les esclaves étaient accompagnés d’animaux de bât pour le service journalier. Et malgré la quantité colossale de nourriture, certains d’entre eux passeraient la journée le ventre vide.
Hildur s’approcha vivement de la table en évitant les divers déchets que lançaient ses compagnons par dessus leurs épaules. Regardant autour de lui, il s’aperçut que tous les jeunes attablés avaient la même lueur d’excitation au fond des yeux.
Aujourd’hui était un grand jour : la nuit passée signifiait pour chacun d’entre eux leur Emancipation. Ils pourraient quitter le Foyer pour mener une vie d’adulte.
Hildur sourit à cette pensée, quoique troublé au fait de quitter cet endroit. Mais la faim se fit plus forte et il commença à manger.
Les plats étaient placés au centre de la table, mais c’était au prix d’une lutte acharnée que l’on pouvait y accéder, car les esclaves avaient pour consigne de ne distribuer qu’un plat par groupe de vingt. Ainsi, les plus forts et les plus méchants s’engraissaient au détriment des petits et des faibles : c’était l’une des nombreuses lois du Foyer.
Quant les plats furent vidés, ce qui occasionna au passage la mort de deux esclaves, la Voix s’éleva :
- « Bien. Cette nuit a une signification particulière pour vous : elle représente votre Emancipation. Depuis votre enfance, vous avez vécu en ce lieux sous notre protection. Aujourd’hui, vous allez enfin pouvoir rejoindre les mines du Dho’Râdö, comme promis. Pour cela, nous allons procéder à la distribution des outils. »
La foule poussa un rugissement assourdissant et Hildur ne put s’empêcher de se boucher les oreilles, ce qui lui valut un coup de poing dans les côtes, toute manifestation de faiblesse étant immanquablement punie par ses compagnons.
Les immenses trappes latérales s’ouvrirent et un nombre incalculable d’outils divers se déversa dans la salle commune. Chacun se jeta sur l’amas d’outils, ce qui occasionna quelques bagarres.
Hildur se leva sans se presser, car l’outil lui importait peu. Durant toutes ces années, les jeunes avaient été formés au maniement de quantité d’outils différents, et aucun d’entre eux n’avaient de secret pour lui.
Pendant ce temps, la Voix continua :
- « Une fois équipé, tentez de vous mettre en rang et avancez jusqu’au Portail. ».
Au bout d’une dizaine de blessés, qui gisaient à terre sans que l’on se souciait d’eux, la Cloche retentit. Comme toujours, sa puissance imposa le silence. Le Portail s’ouvrit alors, inondant la pièce de lumière.
Hildur, comme nombre de ces compagnons, détestait le Dehors. L’absence de plafond, la lumière aiguë du Brûlant constituaient pour lui des sources de panique remontant à sa plus jeune enfance. Mais la Voix leur avait appris qu’il s’agissait du seul moyen de rejoindre les mines du Dho’Râdö.
Clignant les paupières, il s’aperçût pourtant que la lumière n’était pas si vive aujourd’hui : une fumée blanche inodore cachait le Brûlant.
Rassuré par cette présence inattendue et protectrice, les jeunes commencèrent à sortir, non sans fascination pour cette étrange fumée. Elle était fraîche et humide et empêchait quiconque de voir plus loin que son bras.
Une fois dans le Dehors, la Voix retentit une dernière fois :
- « Bonne chance, Emancipés. Une nouvelle vie vous attend désormais. Passez les mines du Foyer, et marchez pendant 1000 pas. C’est votre destin qui vous attend là-bas … Adieu. »
La foule s’élança en courant. L’excitation d’une nouvelle vie et d’une certaine liberté motivaient jusqu’au plus faibles d’entre eux.
Ils dépassèrent les mines sans s’arrêter et commencèrent à compter leurs pas. Alors que les premiers jeunes se trouvaient à environ 850 pieds des mines, une son étrange retentit.
Tout à coup, un vent se leva, dissipant la brume, et tous purent admirer la formidable marée humaine qui les entourait, attendant leur venue, arme à la main.
Jouteurs
17/06/2003 19:46


numéro du texte : D

Le Jugement.

Tout à coup un vent se leva, dissipant la brume, et tous purent admirer la magnifique volée de marches en marbre blanc qui mène aux Portes du Paradis. Ils restèrent un moment pétrifiés par la vision de l’Arche resplendissante auréolée d’une nuée d’étoiles, puis, obéissant à un appel muet, ils gravirent lentement l’ultime escalier. Ils étaient sept. Il y avait le Roi qui marchait en tête. Puis venaient le Chevalier et la Dame, son épouse. Timidement, le Paysan les suivit. Derrière lui trottinait le Lapin. Maman Dragon et Bébé Dragon fermaient la marche. Le lumineux portail s’ouvrit à leur approche et ils découvrirent la Salle du Jugement. Les Douze Juges les attendaient. S’avançant, le Gardien les observa longuement d’un regard sévère et impitoyable.

- Voilà donc les responsables de la destruction d’un monde. Vous allez être jugés et, au terme de ce jugement, notre infaillible sagesse désignera celui qui souffrira une éternité de tourments pour cet acte ignominieux. Parlez et expliquez nous ce qui c’est passé.

Très embarrassés, les sept s’observèrent un moment puis le Chevalier s’avança et prit la parole.
- Ben… euh… Voilà, c’est moi qui ai renversé la Cruche sans Fond. Elle a disparu dans une profonde crevasse et je n’ai pas pu la retrouver. Et c’est ainsi que le monde a été submergé par un océan d’hydromel. Mais cela ne serait jamais arrivé si ce lapin ne m’avait pas sauté dessus alors que je ramenai la Cruche au château de mon Roi après une quête qui fut aussi périlleuse que mouvementée.

Le Lapin l’interrompit.
- Ah mais je n’y suis pour rien, moi. Je ne savais pas que le Chevalier transportait cette Cruche. Et, d’abord, si j’ai sauté sur lui, c’était pour qu’il me protège du Bébé Dragon qui voulait me dévorer. En plus, les dragons ne mangent pas de lapins, c’est bien connu que cela leur donne des aigreurs d’estomac. Et enfin, c’est le Bébé Dragon qui a désarçonné le Chevalier en essayant de m’attraper et c’est ainsi que la Cruche s’est renversée.

Maman Dragon intervint immédiatement.
- On ne peut pas accuser mon Bébé de jouer. Je reconnais que j’aurai dû être plus vigilante et l’empêcher de poursuivre le Lapin. Mais vous connaissez les enfants, ils n’en font qu’à leur tête. De toutes les façons, ce Chevalier n’avait pas à se promener aussi imprudemment avec un objet comme la Cruche sans Fond et le Lapin n’aurait pas du chercher sa protection car les humains n’ont pas à intervenir dans nos affaires.

Sur ces mots, Maman Dragon écarta d’un coup de patte le Bébé Dragon qui essayait de mordre le divin gros orteil du Gardien. Le Chevalier reprit la parole.
- Cette mission m’a été confiée par mon Roi et je me devais de l’accomplir le plus rapidement possible. En effet, je n’ai pas pu prendre les précautions nécessaires au transport de cette Cruche. Mais j’étais parfaitement conscient du risque que je prenais et j’ai très longuement hésité avant d’accepter. Finalement, j’ai pris conseil auprès de mon épouse et c’est elle qui m’a décidé.

La Dame précisa alors.
- Mon époux dit la vérité. Je lui ai dit qu’il devait partir en quête de la Cruche car tel était le désir du Roi. En tant que Chevalier il se devait d’obtempérer et d’accomplir son devoir. Cela dit, il savait que cette quête était risquée et qu’il prenait une lourde responsabilité. Mais il n’a pas osé évoquer ses craintes auprès du Roi et il a préféré me consulter pour résoudre ce dilemme.

Le Roi s’avança et délivra son témoignage.
- Il est vrai que j’ai demandé au Chevalier de s’emparer de la Cruche sans Fond. Mais ce n’était qu’une requête d’ami à ami. Il faut vous dire que j’étais dans une situation délicate. A l’occasion du vingtième anniversaire de mon couronnement, j’avais invité toute la population de mon royaume à partager une semaine entière de festivités. Tout avait été organisé dans les moindres détails. Les plus célèbres troubadours et ménestrels s’étaient rassemblés pour égayer cette fête. Les meilleurs cuisiniers préparaient depuis des mois les mets les plus succulents. Et voilà qu’une semaine avant le début de ces fastueuses réjouissances, j’apprends que le Paysan qui devait fournir l’approvisionnement en hydromel ne pourra pas respecter ses engagements. Soit disant qu’il était en grève ! Je devais donc absolument trouver une solution de remplacement sous peine de me ridiculiser, ce que, en tant que Roi, je ne pouvais absolument pas me permettre. Après consultation des plus éminents érudits, il s’est avéré que la seule possibilité était de retrouver la célèbre Cruche sans Fond qui déverse de l’hydromel en quantités infinies. Ils m’avaient prévenu que cet objet ne devait en aucun cas rester renversée sous peine de voir le monde noyé sous un flot intarissable d’hydromel. J’ai donc fait appel à mon plus valeureux vassal, le Chevalier, pour s’acquitter de cette périlleuse mission. Il est évident que cette catastrophe n’aurait pas eu lieu si le Paysan n’avait pas décidé de se mettre en grève.

Le Paysan se moucha et s’exprima face aux Juges.
- Ouais. J’étais en grève. Et d’ailleurs, je le suis toujours. Je n’ai rien à rajouter, si ce n’est que l’hydromel de la Cruche sans Fond n’est que de la pisse de Troll en comparaison de mon hydromel, fruit du savoir-faire de nombreuses générations de paysans qui n’ont eu de cesse d’améliorer la qualité de ce breuvage, et ce malgré des conditions de travail inadmissibles. De plus…

Le Gardien l’interrompit.
- Bien maintenant que chacun de vous s’est exprimé sur ce malheureux incident, les Juges vont vous donner leur décision. Maman Dragon, vous voulez bien expliquer à votre Bébé qu’il ne faut pas essayer de mettre le feu aux célestes barbes des Juges ?

S’ensuivit un long silence juste troublé par les marmonnements revendicatifs du Paysan et les claquements de gueule de Bébé Dragon qui tentait maintenant d’attraper un petit ange aux fesses rebondies qui passait par-là. Le premier Juge prit enfin la parole.
- Compte tenu de ce qui nous a été rapporté, pour moi il me semble évident que le coupable est…

Cette histoire a eu lieu il y a bien longtemps. Et l’on raconte que le jugement dure encore car les Juges furent et sont toujours incapables de s’accorder sur la responsabilité de la destruction de ce monde. Depuis ce jour là, nul ne peut accéder au Paradis et l’escalier qui y mène est maintenant fort encombré.

Cher lecteur, chère lectrice, cette histoire peut vous paraître anodine, mais réfléchissez-y plus longuement car elle renferme plus qu’il n’y paraît. Discutez-en avec votre famille et avec vos amis et portez votre jugement. Selon vous, des sept protagonistes de cette histoire, lequel doit souffrir les affres du tourment éternel ?
Saurez-vous vous montrer plus perspicace que les Juges ?

Si tel est le cas, peut-être que vous avez déjà un pied au Paradis…
Jouteurs
20/06/2003 09:44


numéro du texte : E

Tout à coup un vent se leva, dissipant la brume, et tous purent admirer la forteresse flottant sur une mer de nuages. Fondée par les mages les plus puissants de l'ordre quelques siècles plus tôt, ce bâtiment flottait dans les airs suivant un parcours précis ce qui permettait aux fondateurs de la retrouver à tout moment. De plus, elle reposait sur des nuages ce qui la rendait invisible du sol.
Marvin avait enfin trouvé l'Alliance Originelle. Si la légende se révélait exacte, il allait avoir accès aux grimoires les plus anciens.
Pourtant, il ne laissait paraître aucun signe de joie sur son visage ridé à la barbe grisonnante. Après avoir passé sa vie à rechercher cette forteresse, voyagé pendant des mois et marché dans l'humidité d'un brouillard épais trois jours durant, il savait que le plus dur restait à faire.
Trois pas derrière lui, les cinq mercenaires restant s'étaient immobilisés, le regard brillant, émerveillés par le spectacle. Ils voyaient en ce lieu la fin du voyage, mais plus que tout, ils allaient bientôt toucher leurs primes dont le montant augmentait à chaque fois que l'un d'eux tombait.
Une passerelle de bois posée sur les nuages était le seul moyen d'accéder au monument légendaire.
- Eclaireur ! Ouvre nous la voie ! Marvin brisa le silence qu'imposait cette vision.
- Pardonnez-moi mon seigneur, mais l'éclaireur est mort fit remarquer un mercenaire.
Le mage le dévisagea un instant, puis le regarda de la tête aux pieds.
- Tu as l'air plus vif que les autres Aniel. Tu es donc notre nouvel éclaireur.
- Moi ! Non je ... Sa voix s'étrangla lorsqu'une main invisible le saisi par la gorge.
- Tu as le choix Aniel ! Eclaireur ou la mort ?
- Eclaireur, Bredouilla-t-il le visage cramoisi.
Depuis le début, Marvin n'avait pas hésité à tuer les mercenaires Désobéissant. Ce qui expliquait qu'aujourd'hui, il était détesté certes, mais craint encore plus.
Aniel s'avança et posa un pied sur la passerelle pour la tester. Elle se mit à onduler tout en restant à la surface. Prudemment, il s'agrippa de toutes ses forces aux cordes tendues de chaque côté et commença la traversée. Un par un, les autres le suivirent avec appréhension.
L'immensité de la porte d'entrée ainsi que la hauteur des murailles, leur donnait l'impression d'être des créatures minuscules. D'un signe de tête Marvin ordonna à l'éclaireur d'aller voir de l'autre côté des portes entrebâillées. L'épée à la main, Aniel s'en approcha doucement, se raidit, puis tomba à la renverse, une flèche plantée dans le front. Tous eurent un mouvement de recul sauf Marvin. Bougeant les mains et parlant à voix basse, il lança un sortilège. Le corps inanimé de l'éclaireur se redressa. Flottant dans les airs, le cadavre se laissa diriger vers les portes par le mage. Quand le corps réapparut, neuf flèches supplémentaires l'avaient transpercé.
Marvin pénétra le premier dans la forteresse pour redonner courage à ses hommes.
L'immense cour pavée déserte, donnait sur un bâtiment de quatre étages avec des tours à chaque angle.
- Qui ose pénétrer dans ma forteresse ! Résonna une voix forte dans la cour.
Tous cherchèrent, avec des mouvements rapides de la tête, la personne ayant parlé.
- Là ! S'écria un mercenaire pointant son épée vers les remparts.
- Sortez pendant qu'il en est encore temps !
L'homme disparut, sa voix résonnant toujours et semblant provenir de toutes les directions.
- Que faisons nous maintenant demanda un des mercenaires sans regarder Marvin.
- Nous continuons !
- Mais, et cet homme sur les remparts ! Intervint un autre compagnon qui avait les phalanges blanches à force de serrer la garde de son épée.
- C'était juste un sortilège que nous avons déclenché en entrant. Maintenant on avance ordonna-t-il sur un ton qui se voulait sans réplique.
Joignant le geste à la parole, Marvin pris la direction du bâtiment. Aussitôt, les lourdes portes de la forteresse se fermèrent dans un fracas faisant résonner le sol. Tous firent volt face.
Les mercenaires se précipitèrent pour tenter d'ouvrir les portes en vain.
- Votre entêtement vous coûtera la vie, reprit l'homme de nouveau sur les remparts.
Marvin se précipita vers le bâtiment, comprenant qu'ils venaient encore de déclencher un piège. Quand il y pénétra, il se retourna et constata que les pavés étaient remplacés par du sable.
Quant aux quatre mercenaires, ils s'enfoncèrent rapidement dans le sable malgré toutes les tentatives désespérées pour s'en sortir.
Marvin savait maintenant que sa tache serait très difficile et que la prudence était de rigueur. Néanmoins, il était conforté dans l'idée qu'il avait bien trouvé l'Alliance Originelle.
La seule issue qu'avait le mage pour poursuivre sa quête était un escalier.
A sa grande surprise, aucun piège ne l'empêcha d'atteindre le haut de l'escalier. Quand il passa le seuil de la porte, un lourd mur de pierre referma le passage derrière lui. Il se retrouva dans le noir avec la seule possibilité d'avancer.
Invoquant une source de lumière dans sa main gauche, un long couloir étroit lui apparut.
Maintenant, Marvin devait faire un choix. Soit garder sa source de lumière et ne pouvoir lancer que des sorts spontanés, soit s'en débarrasser et pouvoir utiliser son sortilège de détection des pièges.
Sa décision prise, il se retrouva dans l'obscurité.

Après avoir parcourut de longs couloirs, fouillé de nombreuses pièces tout en évitant les pièges, il arriva enfin dans une immense bibliothèque. Des livres rangés sur des étagères recouvraient tous les murs jusqu'au plafond. Malgré la fatigue et l'épuisement, il commença à consulter les grimoires avec empressement. Les premiers furent sans intérêt car trop commun. Au fur et à mesure de sa recherche, il trouva des ouvrages de plus en plus intéressant, mais toujours rien n'ayant un rapport avec des notions qui lui étaient inconnues. Le temps s'écoulait et Marvin ne trouvait toujours pas ce qu'il était venu chercher.
A bout de forces, Marvin décida de prendre un peu de repos avant de poursuivre ses recherches. Il retourna dans une chambre qu'il avait déjà visitée au sommet d'une des tours.
Perdu dans ses pensées, son regard se posa sur la mer de nuages.
Tout à coup un vent se leva, dissipant les nuages. Marvin hurla en voyant l'alliance dominer une forêt s'étendant à perte de vue.
Jouteurs
28/06/2003 12:43


numéro du texte : F

On s’est arrêté de marcher au début de la matinée, on attend sur cette plaine ou plutôt cette lande comme chez nous, avec une mer verdâtre où surgit des récifs de bruyère. Cette étendue me rappelle ma jeunesse dans le Munster et les grandes chevauchées sur la terre de nos seigneurs. Mais aujourd’hui je suis sur une plaine du Cymru avec le roi Gaënorn de Caernarforn pour défendre nos terres.
Les hommes sont inquiets , les éclaireurs ont annoncé que les Saxons sont près de 3000 guerriers alors que nous ne comptons dans nos rangs que 2200 guerriers. Les seigneurs, voyant l’incertitude montée dans la troupe, s’efforcent de galvaniser leurs hommes, moi-même j’encourage mes hommes. L’armée est composée comme à l’habitude, vous savez, la troupe à pied avec les archers, les kerns, les lanciers, les gallowglass, toujours formée selon les clans; puis vient les cavaliers avec les troupes des seigneurs celtes et les fiannas engagés la plupart en Cyrmu. Je commande à 70 hommes, tous d’origine du Munster, principalement des gallowglass mais aussi quelques kerns. Mes hommes, moi même et notre savoir-faire ou folie comme vous préférez sommes réputés pour nos actions c’et pour cela que le seul que j’ai reçu est celui de protéger notre roi dans la mêlée. Vous comprenez, nous avions un ordre des plus importants. Nous ne devions pas défaillir et humilier de même les celtes de Cymru et nos familles.
En fin de matinée les Saxons sont arrivés au lieu choisi par notre roi, cette maudite plaine. Nos rangs sont ébranlés par l’inquiétude des hommes devant le nombre de l’ennemi qui envahit la lande Mais très rapidement les tambours, les carnnixs et les chants de guerres celtes résonnent dans l’étendue de vagues vertes, les étendards se dressent, les Saxons répondent spontanément à cette démonstration de puissance en frappant leurs tambours et en soufflant dans leurs cors de guerre. Alors la tension commence à se faire sentir dans la troupe, mais cette tension se transforme en une sorte de transe à l’attente du signal pour engager le combat. Cette dernière attente avant d’en découdre avec l’ennemi alors que nous sommes partis depuis 2 jours de Caernarforn est interminable, je ne sais pas combien de temps nous sommes restés à observer la mort en face.
Lorsque les chants et les plaintes des instruments se sont tus, les Saxons se sont rués à l’assaut et nous nous sommes lancés à leur rencontre. Les kerns se sont arrêtés à distance de jet alors que les traits des archers traversent le ciel et déjà se figent dans les corps des guerriers de chaque camps. Les cris des blessés emplissent bientôt ce lieu de mort, les javelots des kerns causent moins de pertes mais leurs blessures sont beaucoup plus graves, peu d’hommes s’en sortent intacts. La cavalerie saxonne est la première à rentrer en contact avec nos forces, elle attaque le flanc gauche où l’attendent les lanciers qui subissent de lourdes pertes car ce sont près de 800 cavaliers qui chargent 500 lanicers qui par leur seul courage ou folie tiennent bon. Heureusement pour les seconder dans leur affrontement plusieurs troupes de gallowglass contre-attaquent à leur tour, les cavaliers saxons sont alors obligés de mettre pied à terre pour continuer le combat où eux même subissent la force des gallowglass. Les forces principales des deux armées font contact quelques temps après, les glaives saxons sont puissants et leurs boucliers très résistants mais la claymore celte a raison d’eux, le combat serait largement à notre avantage mais c‘était sans compter sur la supériorité numérique de l’ennemi qui équilibre rapidement les chances de prendre le dessus pour l’issue de cette bataille.
Les blessés et les morts se comptent déjà par plusieurs dizaines dans chaque camp, au bout de quelques dizaines de minutes notre ligne de combat commence à fléchir sous le nombre d’ennemis, alors que nos seigneurs, leurs cavaliers et les fiannas chargent comme il était convenu au milieu de nos rangs. Leur percée est fulgurante et de nombreux guerriers celtes s’y engouffrent afin de soutenir les cavaliers mais les lanciers saxons surgissent sur les celtes et leurs montures avec leurs piques et tuent des dizaines de cavaliers et de gallowglass qui ne font pas attention au moment du contact. Car avec leurs boucliers les lanciers sont très bien protégés par cette muraille qu’il faut d’abord abattre avant de tuer son porteur. Après cette percée fulgurante les cavaliers celtes et les guerriers les ayant suivis se retrouvent en mauvaise posture au milieu de l’armée ennemie, on essaie d’enfoncer la ligne de guerriers saxons afin de secourir les nôtres.
Tout à coup un dernier groupe de cavaliers s’élance à travers nos lignes, c’est le roi Gaënorn et sa garde qui chargent dans le but d’aider ses seigneurs. Avec ma troupe je m’élance pour rejoindre mon souverain et lui porter mon aide, l’armée alors entraînée par son chef charge d’un seul homme, grâce à ce mouvement d’hommes nous voyons pour la première fois les Saxons défaillir, des guerriers fuient à travers la plaine. Au milieu du combat le roi est obligé de se battre à pied, les hommes autour de lui tuent ou plutôt massacrent pour parader devant leur souverain. Dans une mêlée des plus invraisemblable, les Saxons guidés par leur chef se jettent sur nous, celà devient de l’acharnement. Les hommes autour de notre suzerain tombent trop vite pour pouvoir le protéger, l’armée saxonne commence à donner des signes de fatigue car de nombreux guerriers saxons quittent le combat pourtant les ennemis qui nous entourent sont de plus en plus oppressants et je dois penser à ce moment au seul ordre qui m’aie été donné aujourd’hui : sauver mon roi. En un bond je me retrouve au plus près de lui dans la mêlée avec mes derniers hommes, les derniers gardes royaux et quelques celtes d’autres troupes. Rapidement les Saxons nous coupent de notre retraite au milieu de nos camarades grâce à leur supériorité numérique, nous nous battons à un contre deux peut être même à un contre trois. Les hommes tombent trop vite, en quelques minutes nous ne sommes plus qu’une dizaine de celtes autour de notre roi entourés par plusieurs dizaines de Saxons. La fin est proche, les guerriers ennemis sont prêts à nous achever. Quand soudain une plainte d’un carnnix s’élève de nos troupes, des dizaines de guerriers celtes déferlent sur notre position afin de nous prêter main forte, les saxons qui subissent cette charge sont très vite démoralisés et fuient le combat. Mais Le Saxon et les hommes qui l’entourent continuent le combat qui ne ressemble plus vraiment à une bataille mais à un vrai massacre. Dans les dernières minutes avant que je ne tombe à mon tour, Le Saxon qui tuait à moins d’un mètre de moi laisse sa garde baissée ,alors qu’il venait d’abattre le dernier de mes hommes, profitant de ce manque d’attention je lui fais sauter la tête des épaules d’un coup de claymore bien appuyé. Ensuite tout se passe très vite, je n’ai pas le temps de me retourner que je reçoit un coup de glaive dans le dos et je m’effondre un glaive dans le flanc droit la lame à moitié enfoncée.
« Je me réveille sur cette litière, entouré de tous ces hommes blessés tout comme moi. Après je vous raconte cette atroce journée, à vous Valern Lozach, l’un des plus grands seigneurs fiannas de tout le monde celte. Et je ne sais même pas ce que vous faîtes ici à mon chevet. »
« Merci pour votre récit, je suis ici à la demande du roi Gaënorn de Caernarforn pour l’aider à vaincre les Saxons ce qu’il a réussi sans mon aide. J’arrive directement du Connaugth d’où nous sommes partis depuis deux semaines et hier soir nous sommes arrivés à cet hôpital de campagne… »
« Le roi ? le roi est-il vivant ? »
« Oui votre souverain est vivant grâce au sacrifice de vos hommes et au vôtre de même. Il faut que je vous quitte maintenant je dois m’occuper des celtes morts hier. »

Valern Lozach et ses fiannas avancèrent jusqu’au cairn dressé par un prêtre accompagnant l’armée celte pour indiquer où se situer le lieu de cette rencontre militaire, arrivés, tout à coup un vent se leva, dissipant la brume, et tous purent admirer la dure réalité qu’avait été le combat de la veille.
Jouteurs
28/06/2003 20:14


numéro du texte : G

Tout à coup un vent du nord se leva, dissipant la brume, et tous purent admirer la crête décharnée, battue par les vents. Tous ? Non il ne restait que lui. Les Mercenaires lancés par les Seigneurs Blanc avait affaibli sa troupe au point d’être seul. Dans cette campagne Hostile, mais il y était enfin ! Quand il vit l’objet de sa quête . L’Objet de l’éternel quête du Sang de Naïtar. Sa poitrine se souleva et ses yeux s’embrumèrent. Combien de nuits avait’il passé devant le feux a délirer dans son sommeil, en tentant de saisir, quoi ? L’objet de ses désirs, atteindre sa quête. Il avait tourné, retourné les indices, les pistes qui devaient le mener ici ? Et voilà que Gabran, ce fermier lui donnait ce vulgaire bout de papier, la carte. Combien il l’aurait embrassé ! Mais non pour le remercier, une épée lui avait été passée a travers le corps. Quelle délectation se fut de voir ces yeux, déjà voilés par la brume de la mort qui trahissait son incompréhension Il y était , lui Denathor . au sommet de cette crête, qui surplombait, cette vallée mythique du Chaï’Tan’sorg ; il se sentait vivant . C’était cette vallée qui offrirait a son peuple le pouvoir, ce don… .Il n’était qu’un agent du sang, un simple sbire du seigneur Neutre. Comment se pouvait t’il que lui, fils d’une fille de joie et d’un ivrogne puisse t’il achever la quête, poursuivie par tous les chasseurs de l’Empire et au delà des limites du Chaos ? Aucun sens héroïque, aucun courage, il avait déjà torturé violé par plaisir se cachant derrière la quête pour commettre ses exactions, comme cet homme qui lui avait refusé un bock de Bière dans la précédente taverne, il revoyait avec délices, les entrailles de l’homme se vider dans la salle commune .Il n’était pas un héros, il le savait. Il descendit les :marches a flan de falaise. Par qui avaient t’elles bien pus être façonnées ? Ces marches, taillées dans le basalte luisaient d’un éclat spectral. Le monde était bien différent depuis l’arrivée des anciens. Il se souvenait encore de ces grands vaisseaux d’Airains qui voguaient fièrement apportant le changement tant redouté. Mort ,dévastations, viols, pillages cela avait été une belle occasion. Il sentait son âme rongée, par le mal. Il aimait se vautrer dans la fange puante du vice. Pour cela qu’il aurait du se porter Homme-mort depuis longtemps. « Comme si les vrai méchants pouvaient aller se pendre eux même au gibet » pensa t’il presque a voix haute.
En bas des marches à coté d’un grand pont de pierre se tenait un homme qui s’avança rigidement. La forme leva le bras, et d’un doigt décharné désigna le fond de la Vallée : »C’est là « dit l’ombre d’une bouche. Denathor s’avança sur le pont, il sentait des palpitation, il déambulait les yeux rivés sur les porte monumentale sur lesquelles pendait une végétation luxuriante, presque trop vivante….A quelques pas de lui se dressait l’unique but de sa quête et derrière personne ne savait ce qu’il allait trouver. Mais le pouvoir, le pouvoir ! c’était ce que disaient les prophéties ! Son cœur noir jouissait, jubilait déjà de cette gloire déjà acquise. Se sentir le vainqueur, celui qui a trouvé, l’Elu !Il releva la tête. Suivant l’être encapuchonné, il arriva au pied du portail Des frises magistrales de grés rose tranchaient avec le froid qu’exhalait l’ouverture noire de la porte. Une cascade s’irisait dans la lumière du crépuscule, tandis que des embruns pareils a ceux qu’il prenait sur le pont des navires écorcheurs, lui fouettaient le visage. Quand je pense a ces femmes nues, ces enfants décharnés… Que de délicieux souvenirs. Pensa t’il rêveur. Il contemplait ce monde qui aurait semblé beau a un autre, il ne le voyait qu’avec un rictus de dégoût, il ne voyait là qu’asservissement, ici dévastation, une quête a son échelle, glorieuse, avec pour fin , le moment ou il écraserait lui-même la tête du seigneur Neutre.
« Le Nta il Armack vous attends »coupa une voix sombre et presque métallique , l’homme tendit un bras vers l’obscurité. Cette obscurité le berçait, l’épaisse odeur d’humidité et de pourriture l’apaisait… . A peine avait t’il posé le pied dans le couloir qu’une torche s’éclaira, arpents après arpents de nouvelles torches s’éclairaient . « Le sang doit couler dans les veines du Nta il Armack »pensa t’il presque respectueux. Il déboucha alors dans une grande salle, aux dimensions admirables. Le plafond était haut d’une centaine de Pieds, de verre brut et polie, il laissait passer par sa surface non polie, un éclat azuré. Il avait la tête en l’air
comme un enfant, il détaillait les chapiteaux des colonnes qui ceignaient à la manière d’un anneau la salle pavée de marbre blanc zèbre par des incrustations de schiste rouge. Il sentit une présence, se retourné et vit le trône, « son trône »pensa t’il . Assit dessus un être a peine plus grand qu’un enfant . Entièrement nu, une peau blanche et irisée de rouge comme le marbre, sa tête gonflée et hypertrophiée tournée vers lui, le regardait de ses yeux oranges aux pupilles difformes. Il n’était pas là quand il est arrivé, il en était sur. Mais cette créature était pire, il le sentait le fumet du vice. Il était pire qu’un cauchemar, pire que ses exactions les plus noires, c’était le Krank’ta Geist, le sentiment noir.
« Penses tu être un dieu ? » lui demanda l’être avec une voix grinçante.
« Non je ne suis qu’un serviteur de Seigneur Neutre » répondit Denathor en effectuant un petit salut craintif.. « Vous êtes ici, ou personne n’est entré depuis les Anciens, l’homme qui passe la Brume est un Dieu ou va le devenir… Regarde maintenant ou sont les derniers Anciens de ce monde, ces imbéciles. » Il leva la main vers une frise qui courrait sur les socles des colonnes, des os calcinés s’entrecroisaient tandis que des crânes avec des maxillaires en retrait , ornaient ces membres arrachés qui ne possédaient plus d’extrémités délimitées. « Trop bons, ces hommes, la bonté c’est la mort » Denathor se senti flatté d’avoir été choisi, glorieux même, il allait asservir le monde, Violer, piller toutes ces villes des Seigneurs blancs. Il allait être un héros, lui le fils de la catin et de l’ivrogne . « Belle revanche »pensa t’il avec un rictus de contentement. L’ être Blafard, se leva, il n’avait pas de sexe ce qui frappa Jolandar, il tendit le doigt vers lui et psalmodia :
« Par une fois tu vins à moi, et par une fois tu me détruira, l’être suprême m’a crée pour ouvrir la nouvelle ère . L’ère ou vous serez le Krank’Ta Geist le Voile noir incarné de ce monde, vous ferrez régner l’ordre Noir sur les terres que l’on craindra, vous détruirez les villes des Hommes de Bien . »Il tendait ces doigts longs et blanc comme pour attirer Jolandar à lui. « Par moi le Grand Homme vous donne un once de son pouvoir, vous devez le Krank’Ta Geist, l’Âme noire du monde . » Il hurlait a présent en rejetant sa tête de tous cotés. « Votre empire sera celui du monde, le mal sera le bien et ce que vous dicterez sera le destin du Sang . Les Hordes de la nuit vous aideront ce soir, pour ne plus laisser une Nouvelle aube ! Mais d’abord sentez l’Odeur de votre âme, pour la voir purifiée et bannie du monde connu, pour renaître des cendres Ardentes du Krank’Ta Geist … »
L’être descendit de son trône , et pointa un doigt sur Jolandar. Une trombe écarlate, scindée en deux par des flux électriques frappa Jolandar de plein fouet. Il sentit ses entrailles vibrer et se vider, sa cervelle se liquéfier, ses ongles se retourner, il n’était que souffrance , toutes ses extrémités étaient hachées par de petites lames invisibles. Cette souffrance perdurait par lui, il la sentait, filler dans ses artères. Il était le Krank’ta Geist l’ombre du monde. Il s’élevait les bras en croix, des spasmes lui labourant le corps.
Dernière Pensée :
Quant à toi, ma vénale mère, et toi père indigne, je ferai en votre nom payer au monde le tribut du plaisir de la chair. Je ferais payer par votre faille, le bien que tout le monde se donne, pour engendrer entre le sang et les pleurs , les larves porteuses de la perte de ce monde : Les hommes… .
Jouteurs
28/06/2003 20:17


numéro du texte : H

Toute la journée, j’ai espéré et, caché à la limite de la forêt, j’ai prié. J’ai prié Ma mère qu’elle aussi en soit une… Mais tout était déjà joué, depuis des milliers d’années, et bientôt j’aurais ma réponse. Le soleil semblait ne jamais vouloir se coucher, mais je restais tapi derrière la forteresse de mes arbres. Je ne pouvais échouer si tôt, sinon tout serait à jamais terminé, avant même d’avoir débuté. Bientôt je pourrais enfin, telle une main vengeresse, m’abattre sur ceux qui ne s’agenouillent pas. Ma vie alors n’aura plus d’importance. Mais pour l’instant, je n’avais pas le droit à l’erreur. Enfin l’astre réticent se décida à caresser les collines, et dans la lumière mourante, je pris mon envol. Tel un voile, je glissais dans le ciel, toujours plus près de ma belle. Déjà les premières fumées s’élevaient au loin. Je montais alors haut, plus haut qu’aucun oiseau ne pouvait le faire. A cette distance, les regards distraits me confondraient avec une buse. En quelques minutes, je fut au-dessus du village, celui qui m’avait vu naître. Mon impatience et mon inquiétude m’empêchaient de penser correctement. Cependant, je savais où la trouver. Tous les soirs, elle allait au puits chercher de l’eau pour le matin. Et invariablement, elle s’asseyait sur la margelle, pour chantonner doucement. Ce soir là encore, elle était là. En fine spirale, je descendis vers elle. Elle regardait le fond du puits, et je ne pouvais voir son visage. Pourtant, il le fallait. N’y tenant plus, je poussais un cri déchirant. Terrifiée, elle leva ses yeux vers le ciel. Et de mes prunelles inhumaines, je le vis. A son front, invisible pour tous mais éclatant pour moi, brillait le symbole de la lignée de Shéria.
Le village commençait à s’agiter, d’autres m’avaient entendu. Sans plus hésiter, je fondis sur Mathis et de mes serres j’agrippais sa peau délicate. Tout aussi prestement, je repris mon essor et repartis vers la forêt, ma nouvelle demeure. Entre mes pattes je l’entendais hurler, je la sentais se débattre. J’aurais voulu la calmer, lui dire mon amour pour elle et que le bonheur nous attendait. Mais elle ne me comprenait pas. J’aurais voulu la réconforter, lui expliquer que je faisais cela pour notre bien, mais elle n’était encore qu’humaine.
A l’horizon, la forêt apparaissait déjà. Mathis n’hurlait et ne bougeait plus. J’accélérais alors mon vol, de peur qu’elle ne sombre dans la folie avant notre arrivée. Les splendeurs sous mon corps ne m’attiraient plus. Les arbres magnifiques, les fruits inconnus, tout cela avait disparut pour moi. Seule comptait Mathis. Ma Mathis. Elle devait arriver saine, de corps et d’esprit. Enfin la clairière s’ouvrit sous nous, et je piquais vers ma mère. Elle leva une paupière démesurée et tendit la main. Délicatement, j’y déposais ma tendre et je repartis me poser à quelques mètres de là. Dans la paume divine, Mathis était totalement prostrée, mais dans ses yeux brillait une étincelle. Tout comme moi, quelque chose en elle reconnaissait Sheria. Timidement, des larmes pleins les yeux, elle s’agenouilla devant le sourire de la Déesse. Et le rituel recommença. Cette fois çi, je fus témoin de la transformation. Je vis la peau de mon amour éclater pour laisser apparaître ses écailles. Je l’entendis hurler de toute son âme. Dans des convulsions, son corps se métamorphosait. Enfin, au bout de plusieurs heures, elles gisaient toutes deux sur la terre, endormies mais sereines.
Durant tout le jour, je les ai veillées. J’ai surveillé leur respiration, lente et majestueuse. De ma joue, j’ai caressé l’une et l’autre pendant des heures. Au soleil mourant, je me suis allongé auprès d’elles, profitant de ces instants magiques à leurs côtés. A mon réveil, ma Mère était penchée sur moi, un regard brûlant d’amour. Au-dessus d’elle, la lune déjà haute lui faisait une couronne d’argent. Non loin de nous, ma belle dormait toujours. J’admirais les longues zébrures d’argents qui couraient le long de son corps d’or pur. Ses longues ailes transparentes reposaient lascivement à ses côtés. Son cou, si soyeux, formait la plus gracieuse des courbures à mes yeux. Fasciné, je restais hypnotisé par cette vision.
Ma mère se pencha vers elle, et d’un souffle doux la ramena à nous. De grands yeux d’émeraudes apparurent alors sous les fines paupières et me regardèrent. Après quelques mouvements d’une maladresse touchante, elle réussit à prendre son envol. Haut dans le ciel, des éclats d’argent apparaissaient lorsque la lune se reflétait sur son corps. Puis elle plongea sur moi, me frôlant et remontant au dernier instant. Dans son ascension elle poussa un formidable cri de défi, de joie et d’amour.
Ne tenant plus, je m’élançais à sa suite, rugissant à mon tour. Ailes contre ailes, nous volions et chutions ensemble. Et dans ce moment féerique, bercés par la bénédiction de notre Mère, nous nous sommes unis. Dans ma tête, tout explosa. Le ciel, le sol, tout avait disparut, seul le corps de mon aimée comptait. Autour de nous, mille oiseaux de nuit s’envolèrent, pour former notre cortège. Dans la clairière, les boutons éclatèrent pour laisser place à une myriade de fleurs extraordinaires. La mousse cascada des arbres pour former un doux tapis à nos corps arrassés. Une fois notre amour consommée, je descendis, suivi par Mathis, vers ce repos si mérité.
Au-dessus de moi, je la vis qui prenait de la vitesse. Et dans une vive volte, elle me fit face. Je sentis ses crocs se planter profondément dans ma gorge. Fou de douleur, je ne pouvais plus respirer. J’aurais pu de mes griffes lacérer son ventre offert. J’aurais pu m’accrocher et l’entraîner avec moi dans ma chute mortelle. Mais en ce ventre je savais déjà la vie présente, cette vie qui était le seul salut de Shéria. De ses serres elle laboura une de mes ailes. De mon cou sortait des geysers de sang, qu’elle buvait avidement. Pourtant, durant tout ce supplice, je ne pu m’empêcher de l’aimer. De mon aile valide, j’offrais une dernière caresse à ce corps tant désiré puis je me laissais glisser dans la froideur de ma mort.
Mathis aussi savait que cette union porterait ses fruits. Mais sa mutation était récente, et elle avait besoin de force pour pouvoir pondre des œufs viables. Et pour cela, quoi de mieux que du sang de dragon ? Si cela ne suffisait pas, peut être qu’elle mangerait ses filles les plus faibles.

Mathis regarda ses petits faire leurs premiers pas. Tous les œufs avaient éclos et les dragonnets se montraient plus vigoureux qu’elle ne l’esperait. Dans quelques mois, eux aussi pourraient prendre leur envol et comme elle, ils sauraient détruire. Aujourd’hui elle savait que d’autres étaient là pour prendre le relais, la race ne reposait plus sur elle. Elle décida donc qu’il était temps de s’amuser un peu. En cette froide journée d’hiver, elle prit donc son envol et, dans des battements d’ailes majesteux, elle s’éloigna de la clairière.
Dans le village, les paysans se préparaient à une rude nuit. Les nuages, descendus de leurs cieux, semblaient vouloir fusionner avec la terre. Dans cette opacité presque irréelle, certains ramassaient du bois pour la nuit, d’autres rentraient de l’eau pour qu’elle ne gêle pas avant le matin. Soudain, un cri engloutit tous les autres bruits de la vie courante. Tel une lame, il semblait pénétrer les cerveaux et mutiler les âmes. Tous tombèrent à genoux, serrant leurs mains contre leurs oreilles. Puis ce fut le silence. Un silence, lourd, pesant, un silence d’attente. Dans le ciel, une trainée d’un rouge ardent, rendu floue par les nuages, les surplomba, laissant derrière elle une âcre odeur de soufre. Ebétés, tous cherchèrent l’origine de cet enfer. Tout à coup un vent se leva, dissipant les nuages, et révélant aux regards incrédules celle par qui tous périraient.
Jouteurs
28/06/2003 20:21


numéro du texte : I

« Fanchig ! Debout ! La marée n’attend pas ! »

Les paroles de ma mère me réveillèrent brutalement. Couché tard hier soir. J’étais resté écouter le conteur. Tellement rare de voir un ménestrel par chez nous. Mes dix ans m’avaient donné le droit de participer à la veillée. Tout le hameau de « Kerdugazul » s’était rassemblé en la salle commune dès la fin du dîner. A l’occasion, un grand feu avait été allumé dans l’immense foyer. Tous s’étaient assis en cercle autour de l’orateur sur la terre battue. Dehors la tempête faisait rage, le vent hurlait.

C’était un homme de l’âge de mon père, je suppose. Son visage était comme celui des marins : buriné, tanné par le vent, le soleil et les embruns. Son corps était « sec comme un coup de trique », aurait dit mon grand-père. Par contre, ses habits rayonnaient de lumière et de couleurs chatoyantes, ses gestes avaient l’emphase et l’ampleur des grands oiseaux.

Comme l’autre ménestrel (celui qui était passé l’été dernier), il commença par des chansons gaies, de celles que nous autres, de cette pointe au bout du monde, chantons dans les fêtes et les mariages. L’ambiance se réchauffait doucement, tandis que nous reprenions ces couplets connus. Mais ce n’était pas cela que nous étions venus entendre. Il s’arrêta pour étancher sa soif.

Quand il se remit à parler, sa voix était toute autre : grave avec des intonations d’ailleurs, venues de loin. Il nous conta des histoires de marin, de voyages, de contrées où le soleil brille toujours. Il nous décrivit des animaux extraordinaires : certains volants comme des papillons, d’autres hauts comme le plus haut des mats d’une frégate… Il nous raconta des peuples étranges, aux coutumes extraordinaires, certains ne vivant que pour la musique et la poésie, d’autres fantastiques habitant dans les arbres, ou au plus profond de grottes… Il évoqua d’étranges créatures, fascinantes et envoûtantes comme les sirènes, évanescentes et innocentes comme les fées, effrayantes et repoussantes comme les minotaures … Il nous dit les aventures de ces héros partis chercher gloire, sauver des princesses ou encore pris par on ne sait quel hasard dans des tourbillons épiques…

Lorsqu’enfin j’allais me coucher, ma tête était pleine de ces images, et mes rêves furent, cette nuit-là, emplis de féérie.

Autant dire que la voix de ma mère m’extirpa avec violence de cet univers merveilleux. Ma bouillie d’avoine avalée, j’attrapais mon sac. Dire que j’avais envie de sortir dans la tempête ramasser poissons et autres crustacés qui allaient assurer nos prochains repas serait bien exagéré. Mais, je n’avais pas le choix : si être grand me permettait d’aller aux veillées, les contreparties étaient nombreuses et souvent lourdes.

Je pris le chemin de la grève. Courbant le dos sous les assauts du vent, je repensais à cette soirée. Je prenais plaisir à imaginer dans les trombes d’eau des formes fantastiques, un oliphante semblant charger une horde d’orcs, des nains luttant contre un féroce dragon. Les rochers devenaient eux même vivants, s’incarnant en March’arion, découvreur de l’épée marine, en Longlel, dompteur et chevaucheur du mythique pégase…

Les algues sur le sol prenaient l’allure de somptueux tapis, la falaise du mur d’un château aux tours élancées vers le ciel, des oriflammes claquant au vent, et je devenais, moi Fanch, presque chevalier au service du Roi du Sizunien.

La cérémonie d’adoubement allait avoir lieu. Un « simple » tête-à-tête entre notre seigneur et moi. A mon entrée dans la salle du trône, je fus saisi par la majesté de notre seigneur. Il se tenait debout, grand et large d’épaules, sa cape, symbole de la mer, aux couleurs marines rejetée sur ses épaule, son sceptre en forme de soc de charrue, symbole de la terre, à la main, sa tête couronnée par un diadème, serti d’une mouette, symbole de l’union entre nos deux éléments fondateurs.

M’agenouillant devant lui, je prêtais serment de le servir, « sans que mon épée faiblisse, sans que mon esprit ne soit souillé, pour sa grandeur, et le bien de notre peuple ». Me relevant, il me congratula, et me donna une large épée symbole de mon investiture.

« Notre époque est rude, ami. Chaque jour, la désolation s’installe. Les hargneux korrigans recommencent à hanter nos campagnes, et à se repaître de la chair des nôtres. Les goélands eux-mêmes s’attaquent à nos animaux. Les chevaux de mer prennent d’assaut nos bateaux. »

Tout cela, je le savais, l’avais entendu. De vieilles légendes parlaient même du jour funeste où les morts se relèveraient, un chef à leur tête Dans sa bouche, pourtant, cela prenait une autre dimension. Je le sentais inquiet, presque effrayé par ces événements.

« Tu devras veiller à la sécurité de tous, protéger les plus faibles, empêcher le mal de s’installer, la désolation de perdurer. Va ! Retourne dans ton village ! Sois mon hérault ! »

Je m’inclinais. En sortant de la salle du trône, mon pas était moins alerte. Dehors, la pluie et le vent avaient cessé, laissant place à ce brouillard épais, qui s’installe parfois. Je n’y voyais pas à plus de quelques pas.

Je franchis le pont-levis, et j’entendis peu de temps après comme une charge. Soudain, surgirent devant moi des silhouettes squelettiques armés de pics et de massues.

« Sizunien ! Terre et mer ! »

Poussant notre cri, je sortis mon épée. Très vite, je fus submergé par cette vague d’ossements animés. Des gardes vinrent à ma rescousse. De taille et d’estoc, je frappais, tentais de parer leurs coups. Très vite, nos rangs grossirent, le roi lui-même se jeta dans la mêlée.

Par moments, je me sentais comme un aveugle, ne sachant plus où je frappais, la sueur et le sang m’obscurcissant la vue, comme un vieillard, las des coups que je recevais.

Ils en arrivaient toujours. Autour de moi, des corps s’affalaient, sans que je puisse distinguer de qui il s’agissait. Le brouillard resserrait son étreinte, oppressant.

C’est là que je le vis. Grand. Sombre. Armé de sa gigantesque faux. Celui des légendes, celui que nous nommons l’Ankou. Sa lame moissonnait nos rangs, mes camarades tombaient comme des épis. Notre roi s’écroula, à son tour, fauché.

Je me jetais sur cette abomination. Puisant des forces à la source de mes serments, je me sentais prêt à le renvoyer en enfer, à venger la mort de mon seigneur. Je virevoltais autour de lui, tentant d’esquiver ses coups larges et puissants. Le silence s’était abattu. Seuls, mes halètements résonnaient. Ma lame par trois fois déjà l’avaient pénétré ; il n’avait pas frémi. Mais, je perdais trop de forces, mon corps n’était plus qu’une unique plaie sanglante.

C’est alors que je vis une mouette aux ailes immenses plonger sur lui. Je crus entendre : « Sizunien ! ». Son bec puissant arracha la tête de l’Ankou. Ses pattes le démembrèrent alors que je restais pétrifié.

Je tombais inanimé.

« Fanchig ! Mon gars, çà va ? » Les paroles inquiètes de mon père me sortirent de cette torpeur onirique. Entourés d’autres adultes du hameau, il me soutenait.

« Sizunien ! L’Ankou … ? » Je me vis couvert de sang au pied de la falaise. J’avais dû chuter. Ce que j’avais si intensément vécu n’était donc qu’un rêve.

La brume, elle, était toujours là, épaisse.

Tout à coup un vent se leva, la dissipant, et tous purent admirer la mouette aux larges ailes, qui reprenait son vol vers le ciel, avant de disparaître dans le soleil, lançant une dernière fois son cri : « Sizunien ! »
Jouteurs
28/06/2003 20:23


numéro du texte : J

Ils marchaient à tâtons dans la brume opaline,
Les enfants errants aux yeux de source troublée
Ils marchaient, encordés par un velours de rime
Leurs pieds meurtris inondaient la terre salée

Nul ne distinguait la poussière du chemin
Juste un écho délié qui les attiraient vers
Cette pâle lueur bruissant dans le lointain
Tel un chant oublié incarné en lumière

Mais un doux espoir filait leurs larmes de ciel
Et plumes, ils fuyaient bien loin du noir et du fiel
Pareils aux étoiles que l'on ne peut briser.

Tout à coup un vent se leva, dissipant la brume,
Et tous purent admirer la fée aux yeux de lune,
La chair de leur rêve, leur âme révélée !
Jouteurs
28/06/2003 20:24


numéro du texte : K

La fille aux yeux d’Avril (inspiré d’une chanson de Chris de Burgh)
(A lire de préférence à voix haute)

Il était une fois un pays, dont le ciel était gris et les arbres transis.
L’hiver y régnait sans partage par la faute de son roi, dont le cœur était froid.
Sous le manteau de neige qui l’étouffait, son peuple oublié se lamentait :
« Quand viendra donc le printemps ? Il nous a fuit depuis si longtemps ! ».
Rien ne semblait devoir percer la carapace glacée. Ni les mois, ni les années.
Processions, prières, offrandes ? Rien n’y faisait, tout échouait.
Un jour pourtant, au château on frappe. Et n’ayant pas de réponse, on tape.
Le roi descend enfin, il ouvre la porte : « qui me dérange de la sorte ? »
« Je vous en prie Monseigneur, offrez moi un abri, ne fermez point cet huis ».
Ainsi le supplie une jeune fille gracile : elle a les yeux couleur d’Avril.
Mais le glacial souverain ne veut rien savoir et la rejette sans voir.
Elle repart alors, solitaire, elle titube, elle erre.
Le long de l’étroite vallée elle tombe mille fois et se relève, chaque fois.
Au bord du lac elle hésite et s’arrête, est ce la mort qui la guette ?
Non car la voilà qui reprend son chemin. A la forêt, elle arrive enfin.
Les arbres la regardent passer, mais leur cœur aussi est glacé.
Nul ne sait quand elle parvient dans une clairière. Il s’y élève une chaumière.
Elle s’effondre, épuisée sur le seuil espérant que quelqu’un la recueille.
Mais le bûcheron dont c’est la demeure ne s’y trouve pas à cette heure.
Il y revient le soir après le labeur, et la trouve recroquevillée de peur.
Il la fait entrer, elle frissonne, elle grelotte.
Auprès du feu il l’installe. Elle gémit, elle a mal.
Il la veille, et souffre aussi c’est certain, mais que peut il sinon lui tenir la main ?
Toute la nuit elle s’agite, et au matin, son dernier souffle la quitte.
Alors, le brave homme l’enveloppe d’un linceul et la porte, seul.
Au bout de la clairière il la met en terre, près de sa propre mère, de son père.
Les jours passent et la lune poursuit sa course infinie dans les cieux.
Le bûcheron pourtant ne peut chasser de son esprit le souvenir de ces yeux.
Il y a vu le printemps, une fin à cette folie. Tous les jours, plein d’espoir, il prie.
Un matin le soleil revient d’exil, chasse le gris du ciel et de la malédiction coupe les fils !
Alors sur tout le royaume a lieu le miracle, l’hiver est mis en débâcle !
L’homme, tout à son bonheur remarque à peine sur la tombe, les fleurs.
La neige fond, dans tout le pays le peuple danse, et rentre en transe.
De la terre s’élève un brouillard glacé, il s’y accroche, refuse de lâcher.
Tout à coup un vent se lève, dissipant la brume, et tous peuvent admirer la bénédiction posthume.
Jouteurs
28/06/2003 20:35


Cette joute est close, seuls les textes ci dessus ont étés reçus.

les utilisateurs du forum peuvent donner leurs avis sur les textes, sans bien sur que les auteurs ne se dévoilent (on les dévoilera lors du classement), dans ce topic, mais en utilisant leur vrai pseudo.

on prendra en compte les avis pour le classement, qui paraitra le plus tot possible, dès qu'on pourra se voir avec Moridin

Lan
Dom
29/06/2003 21:11
Ménestrels et cochons: tout y est bon !

Moi, j'aime bien tous les textes présentés par leur diversité tant dans la forme , que sur le fond. D'où ma question: notre avis influe-t-il sur les résultats finaux ? Si, oui de quelle manière ? (Précision: si je me souviens bien de nos débats quant l'influence de la Vox Populi, cette question ne s'adresse qu'aux vénérés juges de la joute )

Merci par avance,

Dom ménestrel, déjà impatient de la troisième joute, et par ailleurs candidat à la deuxième (et non pas la seconde...)
Lan
29/06/2003 22:36
VCR

on n'a pa encore mis en place le système de vote, ça va venir...

sinon, les avis que vous pourez donner seront utilisés à titre indicatif, mais ils seront utilisés, et vous pouvez voter pour le texte que vous trouvez le meilleur dans ce sondage

ps : les autres sondages sont fermés

pps : les avis et le sondages seront pris en compte le 4 juillet au soir, donc plus la peine de participer au sondage après
Klian
30/06/2003 00:00
Frère Loup, d'une maison d'Andor, webmaster

Je préscise par rapport aux sondages que meme si vous pouvez en effet toujours voter, ils sont officiellement fermés. Le système devrait un peu changer mais pour l'instant, on déménage .
Dom
30/06/2003 10:05
Ménestrels et cochons: tout y est bon !

çà y est ! J'ai voté !

Dom, premier votant
DonLope
30/06/2003 10:54
<i>Doyen Ménestrel</i><br><br>

Pas facile, j'aime bien la plupart des textes mais les styles sont tellement différents qu'ils en sont difficilement comparables. Finalement, je crois que préfère vous lire que vous noter
Lan
30/06/2003 21:00
VCR

alors tu comprend bien à koi servent vos avis pour les juges DL, c pa très facile de départager...
Elann
01/07/2003 08:53
<b>Wolfmaster</b>

Tiens je vais aller voter pour moi

Non je vous jure que je le fais pas. J'attends d'avoir lu les autres textes
Caramon Bornhald
02/07/2003 11:19
vivre la décroissance

Pour ceux qui ont un égo démesuré, on peut voter pour son propre texte? Forcemment, on préfère toujours son oeuvre à celle des autres... ou faut il obligatoirement voter pour une autre oeuvre et rester plus partial

saluuuuttttt!!!!!!!
Aramina
02/07/2003 11:41
Jamais Contente !

Personnellement j'ai voté pour un autre texte et je trouve que ce serait plus normal. Comme tu le dis, on ne peut pas etre partial sur ce qu'on fait (entre les gens sur d'eux qui vont adorer leur texte alors qu'il est pas forcement terrible ou ceux qui doute de ce qu'ils font et vont se sentir nul alors qu'ils sont peut etre bon). Bref, on ne pourra pas verifier, ms moi je vote et je dis, on vote pas pour soi meme ;p

Euh apparement on peut voter plusieurs fois... ou alors, les sondages sont fourbes et ils ne previennent que lorsqu'on clique pour la deuxieme fois. Si plusieurs fois sont autorisées, vous n'avez pas peur des abus ?

Aramina, qui a du retenir sa main plus de 5min pour resister a la tentation de mettre tout le monde a égalité
Gondar
02/07/2003 11:43
Fainéant indécis

Et faut les departagez et ben moi je veut surtout pas etre juge parce que si faut les departagez j'y arriverai pas !!
Donc banne chance aux juges et bravo a tous !!!
Zacharias
02/07/2003 12:37
Ménestrogier

il me semble normal de ne pas voter pour son texte.
etant ogier, je me suis regale a lire toutes les oeuvres publiees. Aussi dur que cela a ete j ai donne ma voie mais pas au texte que j ai ecrit.
Je tiens a remercier tous les participants pour m'avoir donné des sources d'inspiration supplementaire.
Neojah
02/07/2003 13:26
Ménestrel bibliophage

Il me semblait moi-aussi évident de ne pas voter pour son texte.
Je n'ai pas lu tous les textes, mais j'imprime ça, et c'est parti (la dernière fois, j'avais les yeux explosés).
Quant à ce que souléve Aramina, j'aimerai savoir à combien de vote a-t-on droit ? Peut-être qu'un seul n'est pas suffisant pour départager tout le monde ?
Aramina
02/07/2003 13:55
Jamais Contente !

De toute facon, pour les votes ce n'est qu'un avis non ? Les juges décideront apres, sans forcement suivre le meme classement ? Donc si certains veulent essayer de voter plusieurs fois, ca ne sera pas non plus une grosse catastrophe. En tout cas, je prends la responsabilité d'autoriser mes soeurs a le faire si plusieurs textes leur plaise. Au pire, je me ferais mechamment crier dessus, mais de toute facon ne pas etre appréciée, ca va avec le role d'Amyrlin ;p
Et puis je trouverais ca plus juste. Apres tout un texte que tout le monde classerait 2eme pourrait se retrouver avec peu de voix, alors si on attribuait des points a chacun il pourrait avoir une meilleure moyenne...
Aramina
JustBob
02/07/2003 13:55
Joyeux Barbare

Tiens ? le texte E est en tête ?
Il est très bien écrit mais je n'ai pas du tout compris la fin. Je l'ai lu deux fois pourtant... doit y avoir une subtilité que mon obscur esprit de barbare n'a pas saisi.

Evidemment, mon texte est le meilleur (je pense que vous aurez tous deviné duquel il s'agit...) mais comme je suis très fairplay je voterai pour un autre (nan, nan, ne me remerciez pas...).

Le A est très bien, le sujet est habilement contourné, bien écrit, très interessant. Et en plus il y a un très bon concept (les personnalités multiples) qui me rappelle fortement un excellent bouquin de SF : "la danse du miroir" de Loïs MacMaster Bujold (un des livres de l'excellentissime saga de Miles Vorkosigan, si vous voulez lire de la SF très sympa, pleine d'humour, avec un perso nabot, machiavélique et qui s'en prend plein la tête, je vous les conseille fortement).

Le B est sympa, très bien écrit aussi. C'était l'une des idées que j'avais pour cette joute. je suis un peu déçu par la fin.

Le C est très intrigant. Tout au long de ma lecture je me demandai où l'auteur voulait en venir. Bon concept, justement peut-être trop pour un texte court. Il mériterait vraiment d'être plus long.

Le D est sympa avec une écriture simple (trop simple ?), un peu d'actualité. J'ai pas tout compris au message de l'auteur (pi d'abord je ne crois pas au Paradis...).

Le E est bien mais comme je l'ai déjà dit je n'ai pas compris la fin (pourquoi il hurle ???).

le F est très bien. A mon humble avis, l'écriture est à retravailler (nombreuses répétitions). Mais il est très "médiéval" et ça me plaît beaucoup.

Le G est trop complexe à mon goût. Beaucoup de noms étranges, comme le F une écriture que je trouve approximative. Pourtant, pourtant, il y a quelque chose de très interessant, en particulier le perso.

Le H : superbe écriture ! Nan, vraiment, super bien écrit avec une histoire qui tient bien la route. Mais surtout quel style : d'un simple point de vue technique, pour moi, c'est le meilleur.

Le I, c'est du solide. Bien écrit, histoire qui est facile à suivre, bon concept, très bien amené (et ce n'était pas facile je pense). Quelle Délicieuse Lecture mais manque peut-être le p'tit truc pour être mon préféré.

Le J, même si je ne suis pas un fan de poésie, m'a beaucoup plus. Mais il manque, pour moi, le côté histoire...

Le K, je préfère largement ce style de poésie d'autant qu'il est très bien écrit et effectivement à haute voix il sonne très bien. Toutes mes félicitations ! Pi j'aime bien l'ambiance conte de fée. Il manque peut-être une petite pirouette à la fin pour reparler du méchant roi.

Voili, voilou...

C'est bien joli tout ça mais du coup je ne sais toujours pas pour quel texte voter...screugneugneu...

Je rappelle que je ne veux pas vexer les différents auteurs et que j'essaye d'émettre un avis constructif. Pour ce que j'ai lu (et comparer à ce que j'ai écrit) je ne m'estime pas "meilleur" pour faire des critiques. Mais je trouve ce travail toujours intéressant (et pi ça m'a forcé à bien lire tous les textes).

JustBob
Aramina
02/07/2003 13:59
Jamais Contente !

Finalement, je confirme, c'est bien un systeme fourbe. Lorsque l'on a deja voté et que l'on revote, on tombe sur une jolie page blanche avec marqué 'vous avez deja voté' alors que l'on nous laisse sous le nez le bouton tentateur...
Aramina
Elann
03/07/2003 11:10
<b>Wolfmaster</b>

Bon ça va ! Vous aviez qu'à les utiliser avant les sondages, vous le sauriez déjà !

Effectivement il faudrait que je revoie ça. Déménagement en cours du site ...
Caramon Bornhald
03/07/2003 14:46
vivre la décroissance

salut!
quelque remarques sur les textes:

E:Moi non plus je n ai pas compris la fin du texte E... même si l histoire est pleine de suspense.

H: je pense aussi que ce texte est sur la forme excellent. Le style, l'ecriture est une merveille. Je lui repproche son manque de suspense. Il s enfonce dans des descriptions trop longues.

G: j aime beaucoup les introspections du personnage la façon dont ce texte est écrit. Malheuresement, le danger est d'arriver à rester clair avec un tel style d'ecriture... et c est ce qui arrive. L histoire risque de s enfoncer de s allourdir.

C: l idee est geniale et le style aussi palpitant, plein de suspense...

Les 2 poésies ont un certain mérite. Mais il est deja difficile décrire un bon texte, à la fois intriguant, beau, agréable à lire, inventif et plein de supsenssssseeee... alors avec un poeme cela devient mission impossible.

D: un peu trop conte à mon gout. J avais du mal a me concentrer pour tout lire.

B: points positifs=une multitude de point de vue, l histoire est raconté à travers le regard du personnage, la garde, l'introsprection et les dialogues.
+inventif, l histoire accroche, mais le style me deplait un peu, justement à cause des multiples points de vu. question de gout bien sur.

F: très imaginatif,
mais l analyse l ecriture du texte n est pas assez poussée. Les descriptions sont tronquées. L'ecriture tombe parfois dans un certains cliché (par exemple en utilisant des mots comme "fulgurante"...).
curunir
03/07/2003 23:05
Un petit extra pour la route

J'adore le H !
Neojah
03/07/2003 23:21
Ménestrel bibliophage

c'est quoi cette incitation?
Plus sérieusement, le H est aussi mon préféré.
Zacharias
04/07/2003 11:16
Ménestrogier

Pour une premiere avec ce systeme de vote, il y a deja 13 votant.
pas mal pour un debut.
Merci aux GO d avoir mis en place ce systeme suite a la derniere joute.
il y aura surement des modifs a apporter effectivement, mais faut bien commencer avec une base.
je remarque de plus qu'il y a plus de votes que de textes. J'encourage donc les personnes n ayant pas presente de texte a voter.
Aramina
05/07/2003 07:39
Jamais Contente !

Bon, je ne sais pas trop ou poster ceci, alors je le fais ici. Si cela dérange pour les commentaires des textes, je suis sure qu'un des modo aura 2min pour effacer ce post. Mon texte pour cette joute étant une suite (a la premiere) j'en avait écrit un deuxieme au cas ou cela ne conviendrait pas au jury. Maintenant que les votes sont clos et vu que votre avis m'interesse, je me permet de le poster en 'hors concours'. Bref, si vous avez quelques minutes pour le lire et me dire ce que vous en pensez tant mieux Je vous prierais juste d'etre indulgents au niveau des fautes... je l'ai ecris d'une traite (vers 4h du matin) alors elles risquent d'etre assez nombreuses

Elisandre

Tout à coup un vent se leva, dissipant la brume, et tous purent admirer la clairière où se déroulerait la fête. Depuis des semains, ils attendaient cet événement et les tables et bancs, pour l’instant vides, apparaissaient enfin. La longue procession des habitants du village se dispersa rapidement au milieu des mille lucioles que formaient les lampions. Sur la scène déjà les musiciens s’activaient et les plus entreprenants des jeunes hommes amenaient la belle qu’ils convoitaient tourbillonner dans de folles danses. Les enfants, qui en ce soir de printemps pouvaient s’amuser sous la lune ronde, découvraient avec émerveillement les parfums de la nuit. Jusqu’aux vieux qui, de leurs sourires édentés saluaient les plus jeunes, tous oubliaient pour une nuit les tracas de la vie. Seul un homme adossé à l’écart contre un arbre gigantesque ne semblait pas prendre part aux joies qu’offrait la nuit d’Elisandre.

De sa rude main naissait la plus douce des caresses, que ses longs doigts prodiguaient à l’écorce craquelée, et ses lèvres s’avancèrent délicatement pour déposer un chaste baiser sur le chêne qui le soutenait. Son regard clair s’attarda un instant sur le banquet qui n’attendaient plus que les appétits enjoués puis s’enfonça entre les racines noueuses à ses pieds. Dans un murmure presque inaudible, de timides mots s’élevèrent vers l’arbre.

A toi mon compagnon qui depuis des années m’accompagne, je vais te raconter histoire d’Elisandre. Toi qui depuis tant de temps réponds à ma prière, puisses - tu encore y accéder.

Il y a bien longtemps dans ce village, vivait une jeune fille aux cheveux d’or. Sa grâce tenait du divin, et son rire cristallin faisait fondre les âmes les plus endurcies. Partout où la tristesse et la fatigue régnaient, la joie revenait quand apparaissait Elisandre. Toutes les nuits les hommes se relevaient devant sa porte pour protéger les rêves de celle-ci. Et au matin, lorsque ses parents partaient travailler, ses prétendants les priaient de leur accorder sa main. Invariablement, Elisandre, dans un sourire, les refusait et les chassait de sa main délicate. Car aucun pour elle n’égalait son amant aux yeux d’argent. Chaque jour ils se retrouvaient aux champs où le travail leur semblait un jeu. Le soir venu, pleins de regrets, ils se quittaient jusqu’à la matinée suivante.
Mais les parents de la demoiselle remarquèrent ce manège, et pour eux il n’était point question d’un paysan comme gendre. De cette fille si unique ils espéraient mieux, et ils décidèrent de tenter leur chance. Les messagers qu’ils envoyèrent finirent par trouver dans un village lointain un vieux prêtre qui entendit leurs désirs. De ses poussièreux ouvrages, il deterra un rituel ancestral qui devait combler leurs aspirations.
A la première nuit de l’été, tous se réunirent dans cette clairière pour assister à la cérémonie hors d’âge. Elisandre, dans sa robe éclatante, semblait s’amuser follement des frasques de ses parents. Car ceux-ci n’avaient pas d’autre projet, que de marier leur fille à une divinité. Alors l’impossible se produisit, et des cieux, Endorsan le dieu de la nuit répondit. Mais la jeune fille, ayant promis son cœur aux yeux clairs, refusa de celer le mariage. Cette humiliation Endorsan ne pouvait la souffrir. De colère, il la maudit, et la condamna à porter la lune jusqu’à ce qu’elle accepte l’union. Et toutes les nuits depuis celle-ci, Elisandre parcourt les ténèbres, portant son lourd fardeau. Par la lumière argentée de l’astre dans ses bras elle inspire aux jeunes gens cet amour qu’on lui enleva. Seule une nuit chaque mois elle échappe à son labeur et se rend au près d’Endorsan pour renouveler son refus. Mais de nombreuses années ont passé depuis, et les souvenir s’effacent. Aujourd’hui ils ont oublié sa détresse, et fêtent celle des leurs devenue déesse. Seuls mes yeux clairs savent encore la pleurer et mon cœur brûle toujours de la délivrer.

Toi, mon ami, qui ne m’a jamais fait défaut, je te supplie de m’ouvrir un passage vers là-haut. Que ne puis-je en cet instant caresser mon Elisandre…


Dans ses yeux d’argent se forma une larme. Elle roula sur les joues de ce visage sans âge, se détacha et s’écrasa dans la terre sèche à ses pieds. Et l’arbre, de ses racines tortueuses, bu la marque de cette douloureuse tristesse, essence même du désespoir, que seul un amour interdit peut générer. Sous les mains de l’homme, le tronc commença à gonder. Grondement tellement sourd qu’on le sentait plus qu’on ne l’entendait. Comme tous les ans, le miracle se produisit, invisible aux yeux des festoyeurs. Le tronc s’allongea, les branches se hissèrent vers le ciel, et l'arbre se rapprocha encore un peu plus de la résidence des Dieux. Désormais, il était plus imposant, et plus haut qu’au début de la soirée et, l’homme en avait conscience, cela participait mythe d’Elisandre. Mais dans quelques années, il le savait, ces ramages lui permettraient d’atteindre le ciel. Le poids du monde sur ses épaule, il se releva, et d’un pas harassé reprit le chemin qui menait à sa demeure. Il n’y aurait pas de fête pour lui avant que sa mission ne soit achevée. A présent, loin derrière lui, il entendait la musique et les rires de ceux qui ignoraient la souffrance. Et alors que la distance les éteignait, il supplia les dieux une dernière fois de connaître bientôt lui aussi l’insouciance de ses frères

Haut dans le ciel, la lune poursuivait son avancée. Dans ses bras Elisandre tenait celle qui inspirait tant aux amoureux. Son âme sœur, elle le savait, était là bas, si bas, et si loin. Comme chaque année, elle pria pour qu’enfin ils soient réunis. Une larme cascada sur sa joue avant de s’en détacher et d’éclater dans le noir de du monde. Et dans les cieux, une nouvelle étoile apparue. Une étoile supplémentaire. Une marche supplémentaire. Une marche qui s’ajoutait à celles des années passées pour former le grand escalier qu’un jour elle descendrait pour rejoindre son aimé.
Moridin
05/07/2003 16:26
Jury

J'ai rendu mon classement provisoire à Lan ...

J'attends qu'il me recontacte pour vous noter.

PS : Aramina non pas de meilleure place pour deux textes

PPS : et oui c'était très bien d'avoir fait deux textes qui se suivent ...
Aramina
06/07/2003 01:45
Jamais Contente !

Euh je ne demandais pas de meilleure place en fait hein ? J'ai justement attendu la fin des votes pour ne pas 'perturber' les gens. C'est juste que, ayant pris le temps de le faire de toute facon, je me suis dis que je pourrais vous le faire lire.
Aramina
Neojah
06/07/2003 19:54
Ménestrel bibliophage

Et tu as eu raison : je trouve que ton texte est magnifique. J'en ai presque la larme à l'oeil ...
Cela fait-il partie d'une série (ou d'un embryon de série) ?
Aramina
06/07/2003 21:24
Jamais Contente !

Tout d'abord, merci beaucoup a Ysendell pour ses conseils J'ai repris mon texte et j'ai donc apporté quelques modifications dans le posts (mais l'histoire reste la meme).
Neojah merci également. Et pour l'instant non, il ne fait parti d'une serie. En fait, il y a quelques temps, j'avais dessiné une femme portant une lune dans ses bras. J'ai juste eu envie de lui donner une histoire.

Aramina
Zacharias
07/07/2003 09:24
Ménestrogier

Aramina

Mon ame d ogier ne peut que s emouvoir devant un texte aussi beau.
Tu as une tres belle ecriture et tu arrive a faire passer des emotions et en plus tes personnages sont vivants.

J aimerais bien voir ce que donne ton "talent" sur des textes plus consequent car tu en as le potentiel.

Zacharias
Elann
07/07/2003 19:55
<b>Wolfmaster</b>

Bon ça va arrêtez on commence à être jaloux nous quoi ! Nous aussi on a écrit des textes !


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