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Interview de Brandon Sanderson, version française !
non favori

En dédicace le 28 novembre 2011 à Milton Keynes, Brandon Sanderson en a profité pour répondre à plusieurs questions de fans, qu'elles portent sur la Roue du Temps ou des sujets plus généraux. Un membre de Dragonmount présent sur les lieux a retranscrit ces échanges à partir de ses notes, et voici maintenant la traduction en français ! Merci à Lilla My !



Compte-rendu de dédicace de Brandon Sanderson : Visite à Milton Keynes

La soirée commença avec la vue amusante de Brandon Sanderson empilant des meubles divers pour fabriquer un pupitre à son ordinateur portable. Suivit une brève digression sur les différences entre un pupitre et un podium (et leurs rôles dans le processus éditorial), puis Brandon lut des passages d'un court roman qu'il a écrit récemment. Apparemment, il l'aurait commencé dans l'avion qui le ramenait aux USA la dernière fois qu'il est venu au Royaume-Uni. Il ne pouvait travailler sur la Roue du Temps puisqu'il attendait le résultat de certaines recherches dans les notes. Il continua en expliquant que Robert Jordan a laissé une pile de notes qui font à peu près la moitié de la hauteur de Brandon. Ses deux préposés aux recherches s'y plongent quand Brandon a besoin d'une réponse à une question. Le plus souvent, c'est rapide, mais ça peut prendre plusieurs mois pour arriver à une réponse complète. La lecture a duré à peu près 8 minutes et semblait concerner le début du roman. Je n'en dirais pas plus, mais c'est bien trouvé et complètement stupide.

Puis on aborda les questions/réponses. Je les transcris de mes notes et mes souvenirs, donc ce n'est pas du mot-à-mot, mais elles ne doivent pas beaucoup différer de la conversation originale . J'y ai mis toutes les questions, pas seulement celles relatives à la Roue.


Q : Pouvez-vous donner des conseils aux écrivains de fantasy sur la création de systèmes de magie ?
R : Le plus important dans la magie, ce n'est pas ce qu'elle peut faire, mais ce qu'elle ne peut pas. Les limites de la magie sont souvent ce qui motive l'intrigue d'un roman de fantasy. L'un des romans sur lequel je travaille met en scène un système magique où, individuellement, les gens n'ont pas assez de pouvoir pour réaliser quoi que ce soit d'important. Mais vous pouvez donner votre magie à quelqu'un d'autre, et si vous pouvez rassemblez la magie d'une cinquantaine de personnes, alors vous pouvez en faire quelque chose d'intéressant. Mais donner votre magie rend votre monde plus sombre. Dans un monde comme celui-ci, ce que peut faire la magie importe peu, ce qui compte c'est si vous choisissez de vendre la vôtre ou d'essayer d'obtenir celle des autres.

Ensuite, il faut envisager comment la magie interagit avec l'environnement. Comment est-ce qu'elle affecte l'économie, les structures sociales et religieuses du monde ? Par exemple, dans la Roue du Temps, la différence entre les sexes – la magie rend les hommes fous, mais pas les femmes – a affecté toutes les relations hommes/femmes de ce monde d'une manière qui peut nous sembler très étrange. Il est aussi très important de donner à la magie un composant visuel ou sensoriel. Il est tentant de la faire sortir tout droit de l'esprit des mages, mais ça peut être ennuyeux à lire.


Q : Comment les combinaisons fonctionnent-elles dans Mistborn ?
R : Je peux l'expliquer moi-même mieux que dans le livre, parce que je sais des choses que les personnages ne savent pas. Donc, ils n'ont pas tout compris. Toutes les sortes de magie de mon œuvre sont liées car tous mes livres se passent dans le même univers. Dans Elantris, la magie fonctionne en traçant des symboles dans l'air. Ce qui se passe est que quand ils tracent un symbole, l'énergie passe à travers depuis un autre endroit (ce qui me permet de m'en sortir face aux lois de la thermodynamique) et les effets de cette énergie sont façonnés par le symbole. Dans un cas elle peut devenir de la lumière, dans un autre du feu. Dans Mistborn, les métaux ont une fonction similaire. La magie ne vient pas du métal (même si certains personnages le pensent). Elle est puisée à la même source et façonnée par le métal.

Dans le cas de la Féruchimie, aucune énergie n'est tirée de cet autre endroit. Donc, vous êtes malades pendant une semaine et stockez ainsi la capacité à guérir. C'est un système équilibré, qui obéit aux lois de la thermodynamique. Donc, bien que ce ne soit pas réel, c'est quand même rationnel.
Pour les combinaisons, quand vous avez à la fois le pouvoir d'Allomancie et de Féruchimie, vous puisez l'énergie de l'autre endroit à travers le métal et elle reconnaît l'énergie déjà stockée - « Oh, c'est de la Guérison, je sais faire ça » - et vous avez donc le pouvoir de Féruchimie augmenté de l'énergie venue de l'autre endroit. C'est ainsi que le Seigneur Dirigeant a acquis l'immortalité.

Q (ma question) : Dans Towers of Midnight, pendant la confrontation d'Egwene avec Mesaana, comment Egwene a-t-elle réussi à vaincre l'a'dam alors que Moghedien avait spectaculairement échoué auparavant ?
R : Brandon m'a accusé de vivre au pays des Théories, puis il a réfléchi un moment. Il a expliqué que, bien que la réponse puisse ne rien révéler, il répugnait à entrer dans les détails au cas où cela pourrait servir à deviner d'autres choses encore à venir. Donc, malheureusement, il a répondu RAFO.

Q : Maintenant que vous travaillez sur le monde de Robert Jordan, y a-t-il un autre univers sur lequel il vous plairait d'écrire ?
R : Quand j'avais 18 ans, j'aurais dit David Eddings, mais ce n'est plus vrai. Il est merveilleux quand on a le bon âge, mais je ne veux plus écrire sur son univers. J'aurais bien dit Star Wars, mais les prequels sont décevantes. Si George Lucas me disait « Est-ce que vous pourriez ré-écrire ces prequels pour moi ?», je dirais oui sans hésiter, mais ça ne risque pas d'arriver !

Q : Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez changer dans ce qui est déjà écrit de la Roue du Temps ?
R : Non. Il y a des choses que j'aurais faites différemment, mais ce n'est pas la même chose. Je ne désire pas améliorer la Roue du Temps. Je me demande plutôt comment lui rendre justice. Il y a d'énormes différences dans certains domaines, et je dois faire avec. Par exemple, les scènes d'action de Robert Jordan et les miennes sont très différentes. C'est parce qu'il a été au Vietman et s'est vraiment fait tirer dessus, alors que toute mon expérience vient des films d'action. Et puis, je traite la magie un peu différemment, alors parfois ça se voit dans le texte.


Q : Votre style dans la Roue du Temps est très proche de celui de Robert Jordan, mais beaucoup moins dans vos autres livres. Est-ce une frustration de devoir écrire dans le style de Jordan ?
R : Pas du tout. Mais je dois changer des choses au fur et à mesure pour m'y retrouver. J'ai une liberté de création totale, alors je ne trouve pas ça contraignant. J'écris ce que je veux, puis Harriet vérifie. Si j'arrive à passer ce contrôle, je sais que c'est bon. Et puis, la contrainte peut être très utile à un écrivain, car ça alimente la créativité. Si vous séchez (comme cela arrive à tous les écrivains), un défi bizarre, comme devoir écrire sur des légumes intelligents qui conquièrent le monde, peut vous ouvrir de nouveaux horizons. J'ai été créatif dans la Roue du Temps et j'y ai mis quelques trucs audacieux. Mais Robert Jordan était déjà un auteur audacieux. Par exemple, nettoyer la Souillure avant la fin de la série était audacieux. J'ai donc ma liberté, mais si quelque chose est dans les notes, nous essayons toujours de l'inclure. Les seules fois où nous ne le faisons pas est quand il écrit quelque chose qui est contredit ailleurs. Dans ce cas, nous devons prendre une décision. Et puis, quelques fois, les notes disent qu'un personnage va faire quelque chose, mais je ne trouve pas le moyen de le faire aller là où il est supposé le faire. Dans ce cas, nous le faisons parfois faire par un autre personnage à la place, mais je pourrai en dire plus quand A Memory of Light sera paru.


Q : Une grande partie de votre œuvre détourne les stéréotypes. Pouvez-vous nous en parler ?
R : C'est vrai, mais je m'assure toujours que cela ne prenne pas trop d'importance. C'est marrant de se moquer des canons de la fantasy, mais ça ne doit pas l'emporter sur l'écriture car ça peut vraiment saper un auteur. Piers Antony en est un exemple : les plaisanteries étaient marrantes, mais elles ont finalement saboté la série. J'aime avoir des professions non stéréotypées et j'adore chambouler les préjugés sur l'âge dans Way of Kings. Une histoire d'amour entre un homme de 50 ans et une femme dans la quarantaine est inhabituelle en fantasy, où il est toujours question d'un jeune homme qui tombe amoureux.


Q : Est-ce que le Bâton des Serments limite l'âge des Aes Sedai en utilisant leur force de vie pour renforcer les Serments ?
R : Je suis sûr à 85%, et vous demanderez à Maria de vous le confirmer, mais non, la force de vie des Aes Sedai n'est pas drainée. Je ne vous dirai pas ce qui cause cet effet.


Q : Ruine et Préservation étaient-elles deux échardes ou une seule ?
R : Deux. Harmonie est considérée comme une écharde, bien qu'elle soit deux en réalité, de la même façon que le roi de deux pays est considéré comme un roi.


Q : Est-ce que les personnages vous manquent quand vous les « gommez » ?
R : Joli euphémisme. Cela me manque de ne plus écrire sur eux, mais ça ne me choque pas parce que je l'ai généralement planifié, j'ai donc le temps de m'y préparer. Je ne considère pas que je les tue. Je les laisse prendre des risques et en payer le prix. La plupart du temps, je sais bien à l'avance ce qui va arriver à un personnage. De rares fois, cependant, l'intrigue m'amène soudainement à un point où quelque chose doit arriver, je dois alors ré-écrire le plan. Je ne pense pas « Alors, qui est-ce qu'ils ne s'attendent pas à voir mourir... », bien que je suspecte certains auteurs de le faire (rires).


Ce fut la fin des questions/réponses. S'ensuivit une séance de signatures pendant laquelle les gens posaient leurs propres questions. Bien sûr, je n'ai pas entendu toutes les réponses, alors j'ai seulement les deux miennes.

Q : Vous avez dit auparavant que, quand vous étiez jeune, vous vous identifiez à Rand plutôt qu'aux autres garçons, mais maintenant que vous êtes plus âgé, vous vous identifiez plus aux personnages plus âgés. Vous pensez que quand vous aurez 80 ans, vous vous identifierez à Cadsuane ?
R : Peut-être à Thom Merrilin. Il faudrait que j'ai 300 ans pour m'identifier à Cadsuane.

Q : Pourquoi Grady et Neald ont arrêté de fixer les portails ?
R : Ils ont découverts que ça ne marchait pas aussi bien que ce qu'ils espéraient. Les portails fixés se comportaient bizarrement : ils étaient inefficaces et imprévisibles. Cela avait aussi un coût considérable de maintenir ces portails, même fixés. Je ne me rappelle pas exactement quand le changement est survenu, mais je crois que c'est Jordan qui l'a décidé. On peut penser qu'il devait trouver une raison pour laquelle ils ne fixaient pas tous les portails. S'ils avaient pu le faire, il y aurait eu des portails partout. Donc il devait trouver une raison fictionnelle pour résoudre son problème d'intrigue.

En anglais, sur dragonmount
Le lien de la traduction de Lilla My sur notre forum