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Joute 41 : Causalités, perceptions
Joute 41 Texte D : Une déstinée, plus grande
Le 20/07/2017 par Sordon non favori



IAHHHHHHRRRRRRRRRRHHhh
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Sur ma peau, je sens mes poils se dresser.
Ces derniers piégés dans l’instant, tentent de se libérer du frisson qui, naquit de ce son, semble essayer de s’opposer au figement qui m’est infligé.
Soumit à une subtile secousse, mon esprit soudain semble s’ouvrir aux sensations, certes peu sophistiquées, que mon corps, captifs de quelque compulsion, continue de créer confusément.
Face à une situation qui fatalement signifierait la fin subite de mon financement, je remise dans quelque recoin de mon cortex, l’avalanche superflue d’avertissements que mes sens affolés suscitent aveuglement.
Tandis que tout autour de moi, tout trahit la stupeur. Telle une tour au cœur de la tempête, très droite, je déploie ma démarche de dirigeante.

« Mais qu’est-ce que vous attendez ? Débranchez-le !
Sortez-moi les diagrammes de son activité cérébrale et vérifiez l’équipement. »


Tel un voile Legé, l’onde se mêle à l’air pour fluidifier l’affolement qui flotte fébrilement dans l’atmosphère.
Libérés des ligatures les liants aux limbes de leurs esprits, mes compagnons épris par mes paroles combattent les émotions qui du tréfonds de leurs corps tentent de les contraindre à l’inaction.

Tandis qu’au loin les ultimes échos du cri rivent vivement les vivants vaquant candidement à leurs labeurs, mon cœur soudain s’anime d’une sensation assurément sombre et oppressante.
L’impression d’une pression s’immisce sournoisement au sein de mes sens.
Mon souffle soudain s’accélère. Simultanément sur la surface de ma peau, un manteau de perles scintillantes sourde. Sourd envers mon esprit, mon corps me trahit.
Ma vision vivement se voile lorsque survint le choc. Concrets, les carreaux me crient que quelque coup que je leurs donnent, indéfectiblement, ils demeureront durs et déterminés.
L'air tel un bloc, cogne mes cordes vocales. Quelque cri crée, coincé dans ma cavité buccale, un collet qui me suffoque.
Noir,
L'instant d'une éternité, le présent semble m'échapper.
Une paire d'escarpin, d'un rouge carmin.
Une ombre inclinée, et une peinée à l'air sombre.
L'assemblée derrière mon assistante, hésitante attend d'être rassurée.

« Madame ? Tout va bien ? »

Quelqu’un m’appuie contre quelque cloison. Quelque part dans mes pensées, ces paroles produisent un effet fascinant.
La pression m’oppressant me quitte précipitamment. La brume qui m’engourdissait l’esprit, se dissipe et me laisse apprécier la situation.
Mon assistante, angoissée, me fixe avec un air anxieux.

« Oui ; oui, ça va. Ne vous en faites pas, retournez donc à vos tâches.
Qu’en est-il du sujet ?
— En vie. Mais il ne nous servira plus à rien. Son cerveau est grillé. Comme les autres…
— Hmfffff. C’est contrariant. La simulation était pourtant prometteuse.
— Vous êtes sûre que tout va bien madame ? La directrice sera contrariée…
— Hhh, oui. Laissez-moi donc me charger de la directrice et préparez une nouvelle simulation.
Et disséquez-moi son cerveau. Peut-être y a-t-il du nouveau cette fois. Après tout, nous avons radicalement changé depuis le dernier.
— Très bien. Je vous amène le dossier et les analyses. »


L’accolade de ma collègue est chaude. La douceur de la chose met du baume sur mes frayeurs.
Je suis mon amie du regard. Et je prépare mon âme pour l’entreprise que symbolise une entremise entre la direction et ma division.
Combattant l’angoisse je guide mes pas vers son palace. A la pensée de cette femme rapace, ignoble et ignare, mes organes grognent.
J’étouffe un grondement qui grimpe le long de ma gorge.
A l’approche de la pièce renfermant la vielle grièche, J’arbore un sourire grinçant.
Ravalant mes griefs, je persuade les papillons qui pulsent puisement par-delà les parois de mon estomac.
Arborant un sourire grinçant, j’aborde la subordonnée débordée d’une direction débilitante.

« Bonjour mademoiselle. La directrice m’attend.
— En effet.
Laissez-moi vous dire que madame est des plus désappointée.
Vous pouvez entrer.
—Merci. »


L’effort qu’il me faut fournir pour ne pas effacer le sourire de cette face pince-sans-rire, me contraint un brin à relâcher de leur écrin les grouillant grincheux qui grondent au creux de mes seins.
Une dignité toute précaire retrouvée, je m’approche du porche du palais de la principale.
La femme, enfoncée dans son fauteuil, me fixe de son regard, telle une chouette en chasse, tandis que je me laisse choir sur une chaise.
La vision de ma supérieure, nonchalamment installée et de son visage rieur, fait ressortir toutes mes aigreurs.

« Ah vous voilà !
Il semblerait que vous ayez terrorisé tout un étage de l’institut. J’espère pour vous que vous m’apportez de bonne nouvelles ?
—Oui! ; Et non… Nous avons franchi une étape majeure du projet. Désormais, nous comprenons à la perfection la propagation des ions potassiums lors de la réception spinaire. Et le module de transcription des données pour un affichage est…
—Non ? Je n’ai pas tout comprit à vos explications, mais… je suis sûr que tout fonctionne. Mais rassurez-moi : Le prototype est fonctionnel ? Et vous n’allez pas me demander un autre sujet pour vos expérimentations. Vous savez à quel point, il m’est difficile de répondre aux besoins ; particuliers ; de votre département ?
—Heuu, oui, oui. Le prototype est fonctionnel. Nous parvenons à transmettre les données sensorielles. Toutefois, il reste un léger détail.
—Comme ce cri glaçant ?
—Heuuuu, noooon, enfin oui. Pas directement. Voyez-vous, il semblerait que bien que les protéines de transfert et les structures synaptiques soient similaires, le schéma de propagation mnémo-sentoriel de chaque individu est…
—Oh excusez-moi, je ne suis pas tout. Vous pourriez faire… plus simple ?
—Ah ! heuuuu, plus simple, bien sûr, heu, voyons voir : Il semblerais que chaque cerveau «encode » différemment les information sensorielles. Du coup, il est très difficile pour un individu de recevoir des données d’une autre personne. Mais, cela fonctionne, nous parvenons à envoyer les données ! ha, han.
Il ne reste que quelques tout petits problèmes de réception…
—Hum ! Je ne comprends pas, vous dites que vous pouvez envoyer les données et vous dites en même temps qu’elles sont difficiles à recevoir… Est-ce que la transmission de pensée de cerveau à cerveau fonctionne ?
—Oui, oui, c’est ce que je vous dis, cela fonction. Ce n’est pas que la réception soit techniquement un problème. C’est plutôt leur effet qui est difficile.
Je vous explique : voyez-vous le vin dans votre verre, il est rouge n’est-ce pas ? Vous le voyez rouge, et moi aussi. Nous savons toutes les deux que cette couleur est : le rouge. Car nous l’avons appris. Mais en réalité la couleur est complètement différente pour vous et moi. En faite peut-être verriez-vous du bleu si je vous envoyais l’information de mon cerveau. Enfin, je dis du bleu, mais il faudrait que j’analyse votre système neuronal pour savoir précisément. Héhé, héhé
—Je m’en passerai merci.
Je crois que je comprends, mais en quoi cela justifie-t-il le retard de votre programme ? Encodez-moi ces données comme il faut, et transmettez ! Nous somme sensé commercialiser une interface neurale avant la fin de l’année. Vous le savez n’est-ce pas ?
— Oui, oui, justement, nous aurions besoin de plus de sujet pour les tests. Je vous promets que nous y sommes presque madame. Presque.
— Plus de sujets ? Bon sang vous en avez déjà eu près de cinquante ! Cinquante hommes et femmes effacés du registre national ! Savez-vous seulement ce que cela coûte de vous trouver vos « sujets d’expérience» ? Ne me dites pas qu’ils sont morts ?
— Morts ? Non, non, à part bien sur les deux premiers. Mais heuuuuu, ils sont « inaptes aux expériences désormais »
—Je vois… C’est votre dernière chance. Vous aurez deux cobayes supplémentaires, mais si d’ici un mois vous n’avez pas fourni des résultats satisfaisant. Votre laboratoire est démantelé vous m’entendez ? Et vous et vos expérimentations, ne serez jamais venus ici. Vous n’aurez même jamais existé est-ce bien clair ? »


Maudissant mon ton mielleux et dégoulinant, je libère ma colère. Le bruit de mes pas, saccadé, scande distinctement ma détermination. Cette femme, idiote et stupide! Cette pauvre sotte ! Un mois de test ? Dans cette situation, deux sujets ne suffisent pas ! Une séquence soutenue et systématique d’analyse est nécessaire !
Toujours à critiquer, rechigner, s’opposer ! Tout cela au nom de coûts, d’éthique et de difficulté !
Un feu ardant se répand dans mes artères. Avec un air fier, je retourne à mon repère.

« Nous pouvons continuer les cobayes arrivent demain. Préparez une nouvelle simulation en corrigeant le schéma avec les informations d’aujourd’hui.
Quel était-le problème au juste ? Il me semblait pourtant que l’ouille, la vue, l’odorat et même la prémonition étaient convenablement transcrites !
—Le toucher madame. Enfin je crois, nous n’avons pas pu lui demander pour confirmer… »


Une douce félicité s’empare de mes sens. L’environnement familier mon travail et toute son essence.
La tension se libère et mes muscles se délassent.
Assise à mon bureau, je laisse flotter mes pensées. Bientôt, je serai parmi les héros. Je libérerai l’humanité du fardeau de l’individualité.