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Joute 36 : J'ai vu tant de choses...
Joute 36 Texte B : Au coin du feu
Le 20/11/2014 par sylesis non favori



"J'ai vu tant de choses que vous ne pourriez imaginer, mais c'est notre lot à tous, n'est ce pas ?
Après tout, chaque perception nous est propre car elle reflète une partie de notre personnalité. C'est un peu comme dire 'J'ai vu donc je suis'.

Mais je vous en prie, débarrassez vous de vos effets et asseyez vous à mes cotés devant le feu : j'ai pris la liberté de mettre une bûche de combustible pour le raviver en vous attendant, et la température devrait vous être confortable. Votre compagne quadrupède semble apprécier, elle : dommage qu'elle doive mourir...

Non, ne prêtez pas à attention à ça : je ne cherche pas à vous menacer, bien au contraire. Mes maîtres y ... ont veillé. Quant à comment je suis entré chez vous, inutile de chercher de traces d’effraction, vous n'en trouverez pas. Acceptez simplement que je sois là, ce sera plus simple pour nous deux car je souhaitais vous parler.

Pour en revenir à ce que j'ai dit au début, j'ai bel et bien vu des choses que vous ne pourriez imaginer. Peut on concevoir la fin d'un monde ? D'un univers ? Du temps ? Et pourtant ces choses, j'y ai assisté.

On en sait peu à Leur sujet, aussi bien nous que Leurs adorateurs, hormis quelques notions issues des recoupements de divers histoires avec les faits scientifiques amassés :
1) Leur venue était annoncée, au jour près : dés l'antiquité, l'homme est parvenu avec une précision surprenante à calculer les trajectoires stellaires et prévoir les conjonctions extraordinaires, comme celles ci. Les simulations sur ordinateur ont permises de vérifier les conséquences sur la trame sub-atomique d'un tel alignement. Ce jour était proche.
2) il existait des moyens de prévenir cette arrivée. A défaut de l'empêcher définitivement, d'au moins la repousser à la prochaine conjonction à l'aide de certains artefacts et de rituels. Les fouilles archéologiques effectuées sur plusieurs sites l'ont confirmé. Nous les avons étudié.

Lorsque le jour de la conjonction arriva, j'assistais impuissant à Leur arrivée. Le rituel n'avait pas pu être accompli correctement en dépit de nos efforts, et nous avons vu ce que personne n'aurait dû voir : d'abord il y a eu une déchirure noire dans le ciel, puis elle s'est élargie, ouverte, montrant une dimension de cauchemars. Et puis il n'y eu plus rien d'autre. Nous pouvions toujours voir la Lune, mais c'était comme ci le vide entre elle et la Terre n'était plus vide : Ils étaient là.

Ce jour là les civilisations furent soufflées, les plus chanceux d'entre nous moururent sur le coup. Le temps lui même venait de mourir, ou du moins sa continuité. Son écoulement n'était plus que chaos à présent : un observateur extérieur pouvait le voir s'écouler très rapidement à un endroit particulier, et le voir ralenti à quelques mètres de là. Quant à Eux, nous n'étions que du bétail à leurs yeux. Non en fait pas du bétail : des animaux, on s'en occupe, on en prend soin afin de pouvoir s'en nourrir. Nous avions été rabaissés à un rang bien inférieur à cela.

Peu après la déchirure - un moment que je n'oublierais jamais car j'avais passé des mois en préparation à cet instant - je crus être transporté quelque part. Je ne voyais et n'entendais plus rien, mais j'ai eu l'impression de sentir quelque chose de froid sur ma peau là où auraient du se trouver mes vêtements.
Puis il y eut la souffrance. Une symphonie de douleur si effroyable qu'elle tenait presque de l'art. Je hurlais pendant ce qui me semblait une éternité, mais je ne succombais pas. J'avais fait certaines découvertes lors de mes recherches sur la conjonction, et l'une d'entre elles était un symbole de protection, celui là même qui aurait du nous protéger de Leur venue. Je me concentrais dessus, sur son image, et mis toute ma volonté à le garder à l'esprit, un peu comme un naufragé avec les bras crispés autour d'une bouée flottante.

Je résistais à la folie qui menaçait me submerger, au désespoir sans fond qui m'était promis, quand me vint une pensée:

servir.

Entre deux vagues de souffrances débilitantes, j'en vins à penser que ces tortures étaient inutiles, puériles : la jouissance de voir une créature agoniser ? Quand bien même plaisant, c'était un gaspillage si ca n'avait aucun but. Et si mes tourments avaient un but, je voulais y participer à tout prix, mais pas en tant que souris blanche de laboratoire : j'étais un chercheur après tout.

Dés lors, à chaque déchaînement de douleurs, je répondis en visualisant le symbole qui me gardait sain d'esprit et en pensant "servir" avec insistance. En criant quand c'était possible.
Il faut croire que ca a fonctionné car les tortures se sont estompées. Je voyais à nouveau ce monde dévasté par mes propres yeux et fut emmené dans un endroit où je retrouvais mes effets personnels. Là, je fus mis en présence d'un de Leurs avatars, et leur déclarait mon allégeance. Non par crainte, mais par désir sincère de servir, et de pouvoir continuer mes travaux. Soyons honnête l'un envers l'autre, j'ai souvent été amené à envisager, lors de mes recherches, certaines expériences dont la moralité était sujette à caution : je m'en suis toujours tenu à l'écart, mais non sans un certain regret. A présent sous Leur gouverne, j'allais pouvoir être libre dans mes sujets et mes méthodes. A un prix, bien entendu.

Mes maîtres prennent toujours soin que leurs serviteurs restent conscients de leur situation, et ne se fassent pas de fausses idées quant à une possible évolution de leur condition. Je ne cherchais pas le pouvoir et n'avait que faire des manigances entre les autres 'épargnés' : je ne cherchais que la connaissance, ma sombre amante. Pourtant Ils s'assurèrent de mon obéissance éternelle en me marquant de corps et d'âme : disons simplement que depuis cette épreuve, ma biochimie n'est plus ce qu'elle a été.

Je n'ai pour ainsi dire plus quitté le laboratoire qui m'a été assigné, abandonnant l'archéologie et l'ésotérisme pour des sciences plus pratiques : Leurs connaissances dans le domaine de l'entropie et de la physique relativiste sont particulièrement impressionnantes, mais sont proches du néant en ce qui concerne les neurosciences et la génétique.
J'ai d'ailleurs commencé mes travaux dans cette direction : hybridations et étude de divers greffes, des domaines qui m'avaient toujours fasciné. Les sujets d'expérimentations ne manquaient pas : outre le cheptel d'un petit milliard de survivants que mes collègues et moi avions à notre disposition, j'ai aussi eu l'occasion de travailler avec, et sur, des êtres venant d'horizons très lointains. J'ai même retrouvé une vieille connaissance : mon ancien directeur de recherche. Ah ce bon vieux Elwood : il n'a pas crié lorsque j'ai relié ses nerfs optiques à divers instruments de la salle afin qu'il puisse admirer sa propre dissection. Probablement parce que j'avais détruit son aire de Broca en testant un nouvel acide un peu avant.
Après, j'ai voulu tester les effets des discontinuités temporelles sur la physiologie. J'avais placé certains de mes chers et éphémères assistants de manière à ce que leurs cerveaux se trouvent à l'intersection de plusieurs bulles chrono-chaotiques : les effets sur les communications entre les lobes sont particulièrement intéressants. »

« Mais je digresse, j'en suis désolé : j'en arrive au but de ma venue.
Finalement mes maîtres ont été si satisfaits de mes travaux qu'Ils m'ont confié une tâche particulière que je ne pouvais refuser. Un petit voyage grâce à Leur technologie. C'est la raison de ma présence séante et pour laquelle vous pouvez voir dans l’âtre les restes des sceaux qui auraient pu empêcher Leur venue. Dieu merci les reliques étaient bien où je me souvenais et je n'ai pas eu à chercher longtemps : je ne voulais pas faire de désordre inutile, après tout.

Oh, les protections étaient bien actives et auraient assurément tué n'importe quel quidam. C'est juste qu'elles ne se sont pas déclenchées en ma présence, un peu comme si elles... me connaissaient. Mais ça n'a plus d'importance à présent. Non, plus d'importance."

" Ah, les fameuses questions identitaires sont enfin soulevées ! Leurs réponses sont simples, bien qu'il ne soit en fait pas question de où : je suis toi, mon cher Howard, et je viens de demain.

Bonne fin de soirée et … à bientôt."