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Joute 33
Joute 33 Texte D : Il est mort
Le 15/08/2013 par Caldazar non favori



J'aurais beau me dire que c'était un accident, qu'il était déjà bien vieux et qu'il serait mort naturellement dans pas longtemps, quelques semaines au mieux, ça ne changera rien.

Il est mort, et c'est moi qui l'ai tué.

Je l'ai connu quand il était tout petit. Bien sûr, il a vieilli plus vite que moi, mais je le savais et je m'étais fait à cette idée qu'il mourrait le premier. Mais je ne pouvais imaginer que ce serait de ma faute.

Il est mort, et c'est moi qui l'ai tué.

Je ne pourrais jamais oublier le bruit. Il est terrible le bruit des os qui crissent et se brisent. Il est terrible ce bruit quand il remue dans votre tête. Il vous hante et vous n'osez plus bouger, de peur que ça recommence, de tout revivre.

Il est mort, et c'est moi qui l'ai tué.

Ca aurait pu se passer au début, quand il est arrivé et qu'on ne se connaissait pas encore. C'eut été tout aussi horrible mais il n'y aurait pas eu ce sentiment de perte, de vide horrible qui m'étreint toute la journée et ma conscience qui trouble mes nuits.

Il est mort, et c'est moi qui l'ai tué.

C'était mon ami. Je ne lui ai jamais dit, je crois. Mais il le savait, j'en suis sûr. Il était toujours là pour moi, pour m'écouter quand j'en avais besoin, pour me soutenir. Evidemment, il était pas bavard mais sa simple présence suffisait à me remettre d'aplomb. Et maintenant...

Il est mort, et c'est moi qui l'ai tué.

C'est peut-être égoïste de ma part, mais je veux penser que pour lui aussi j'étais quelqu'un d'important. On se voyait tous les jours et jamais il ne m'a dit ou fait comprendre que je le dérangeais, qu'il avait mieux à faire.

Il est mort, et c'est moi qui l'ai tué.

Il n'a pas crié, il y a juste eu le choc et le bruit des os. Il est terrible ce bruit. Il y a son regard aussi. Le dernier. Il n'a pas compris ce qui lui arrivait. Mais ce n'était pas exprès ! Il n'aurait pas dû être là !

Il est mort, et c'est moi qui l'ai tué.

Je préfère croire qu'il n'a pas eu conscience de ce qui s'est passé, qu'il est mort sur le coup. Et qu'il m'aurait pardonné, ce que je ne peux pas faire, ce que je ne veux pas faire. Je me refuse à accepter, de peur de commencer à l'oublier.

Il est mort, et c'est moi qui l'ai tué.

Car je me dis que c'est un accident, mais ça reste de ma faute. J'aurais dû regarder où j'allais. J'étais pressé, j'avais juste fait demi-tour pour vérifier que j'avais rien oublié, je devais repartir pour ne pas être en retard.

Il est mort, et c'est moi qui l'ai tué.

Forcément, j'ai été en retard. Je ne pouvais pas le laisser comme ça, au sol, broyé. Je lui devais ça, pour le temps passé ensemble. Je l'ai ramassé, j'ai nettoyé et je suis resté là, à me souvenir de ce que nous avions vécu ensemble.

Il est mort, et c'est moi qui l'ai tué.

...

...

...

Non seulement j'ai raté mon examen, mais en plus, j'ai marché sur mon lapin nain.

Il est mort, et c'est moi qui l'ai tué.

Sordon à répondu l 17/08/2013 à 00:39
Bravo! simple et concis, ce texte ne se révèle qu'a la toute fin, laissant libre cours à l'imagination durant toute la lecture.
Au début, la répétition de : "Il est mort, et c'est moi qui l'ai tué." m’agaçais plus qu'autre chose, mais prend tous son sens à la fin. On ressent bien ainsi l'état de choc que peut ressentir le "meurtrier", forçant à se souvenir en boucle de ses actes.
Mon vote t'es acquis sans aucunes hésitation.