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Joute 32 : Epilogue
Joute 32 Texte G : L'ascension du roi dragon
Le 04/03/2013 par Gael non favori

L’armée était déjà sur place quand Gabriel arriva. Pour une fois, ils avaient pris ses menaces au sérieux car pas loin de 150 000 hommes entouraient la place de l’Etoile et descendaient le long de l’avenue des champs Elysées, avec des hélicoptères près au décollage au sommet de la grande Arche et des blindés en contrebas.

Comme le jeune homme l’avait prévu, ils scrutaient tous le ciel, s’attendant à essuyer une attaque depuis le ciel. C’est donc en toute tranquillité qu’il put sortir du métro : seule une poignée de gendarmes était postée là pour empêcher les badauds de s’aventurer à l’extérieur, et ils étaient tellement occupés à gérer la masse de touristes que se faufiler sans combat fut d’une simplicité affligeante.

Il se tenait donc à présent au pied de la grande roue, faisant face à l’armée française entière qui ne l’avait pas encore aperçu. A peine plus qu’un petit défi pour lui, il décida donc de pimenter un peu les choses. Concentrant sa magie ses flux de puissance dans sa poitrine, il inspira profondément avant de lâcher un hurlement de provocation si puissant que les vitrines se brisèrent une à une jusqu’en haut de l’avenue, ébranlant l’ensemble des soldats postés là. Ce cri les déstabilisa un moment, cherchant furieusement son origine. Ils ne pouvaient bien sûr pas le voir depuis leur poste, il mit un moment avant de s’en apercevoir, puis décida d’y remédier en déployant ses ailes éthérées. Histoire de s’assurer qu’ils le voient, il leur ajouta une bonne dose de luminosité. Ainsi il serait visible de quiconque n’a pas de mur pour occulter sa vision, même à des kilomètres de distance! Et il semblerait que sa petite mise en scène ait eu l’effet escompté car les hélicoptères commencèrent à s’élever, et les chars à s’avancer. Les blindés formèrent une ligne serrée face à lui, et s’arrêtèrent pour ajuster leurs tourelles. A leur distance, ça voulait dire qu’ils attendaient que lui s’avance avant d’ouvrir le feu. Comme pour confirmer son intuition, les hélicoptères décrivirent un grand arc de cercle pour venir se placer derrière lui.

Il n’y avait plus moyen de faire marche arrière. Ces meurtriers allaient enfin payer pour le meurtre de ses parents. Il se retourna pour faire face aux hélicos qui prirent ce mouvement comme un signal pour ouvrir le feu. Dans le même mouvement, Gabriel s’accroupit et plaqua la main gauche au sol, diffusant son pouvoir à travers l'asphalte qui jaillit devant lui pour former un bouclier gigantesque. De la main droite, il réussit à atteindre la plaque d’égouts la plus proche, et c’est un râtelier garni de lances de 2 mètres qui jaillit. Il se saisit de la première et la projeta de toutes ses forces contre le première hélicoptère qui fut transpercé de part en part. L’engin n'eut pas le temps de s’écraser, il explosa en plein air, les débris emportant un deuxième hélico dans une chute mortelle dans les rayons de la grande roue. Alors qu’il empoignait une seconde lance d’acier, un obus explosa à 3 mètres de lui, et un morceau arraché à la route le heurta à la main. Il pesta contre lui d’avoir été assez bête pour ignorer les tanks pour s’amuser avec les hélicoptères. Il mit un terme aux tirs en lançant une puissante bourrasque contre eux, les envoyant valser sans aucun contrôle à plusieurs dizaines de mètres. Flèche s’occuperait de ça plus tard, mais il n’était pas encore le moment pour elle d’apparaître. Il allait devoir les supporter encore quelques instants, et en attendant, il était urgent de gérer ces tanks. Une première ligne s’était avancée à moins de 1 000 mètres. 7 tanks de front : 6 étaient encore en train d’ajuster leurs tirs tandis que le premier rechargeait. Quand trois d’entre eux firent feu, des écailles brillantes apparurent sur les bras de Gabriel, ainsi que des serres au bout de ses doigts. D’un geste vif, il attrapa les deux premiers obus avant d’esquiver le troisième. D’un pas assuré, accéléré par l'afflux de puissance qui rugissait en lui, il commença à remonter l’avenue en laissant tomber les deux obus au sol comme s’ils étaient de simples fétus de paille. Et l’instant d’après, ce fut une véritable salve qui s'abattit sur lui, la deuxième ligne de blindés, ainsi qu’une troisième s’était jointes à la fête et les hélicoptères étaient déjà de retour. Pour éviter de trop s’ennuyer de ces derniers, Gabriel déploya ses ailes. Quant aux tirs des blindés, ils passaient autour de lui comme si l’air était devenu solide, les éviter en devenait aussi difficile que d’éviter de simples poteaux. Et pourtant, la vitesse à laquelle il se déplaçait l’amena en quelques secondes au niveau de la première ligne de tanks. Gabriel ne leur accorda aucune espèce d’importance : se retourner et tirer revenait à tirer sur leurs propres troupes. Il pénétra donc les lignes adverses et fit face aux fantassins qui n’hésitèrent qu’un instant avant d’ouvrir le feu.

C’est alors qu’il fit jaillir du sol deux nouvelles lances de pierre qu’il attrapa une dans chaque main avant de se lancer dans une sorte de danse qui lui permit de se frayer un chemin sanglant parmi les soldats toujours plus nombreux autour de lui. Véritable danseur entouré d’or, Gabriel enchaînait les passes d’armes avec ses deux lances, esquivant certaines balles, en repoussant d’autres de ses ailes éthérées, jusqu’à arriver sur la place de l’Etoile, au pied de l’Arc de triomphe envahi de militaires. Des snipers installés au sommet du monument travaillaient à leur oeuvre sans plus de succès qu’aucun avant eux : Gabriel était dans son élément au milieu de toute cette violence, comme si il avait passé sa vie au coeur de batailles. Au bout d’un instant, il s’arrêta d’avancer, à environ 10 mètres du pied du gigantesque monument, continuant de faire tournoyer ses armes autour de lui, tranchant mains et pieds autant que gorges et viscères. Pendant quelques instants à tournoyer sur lui-même, le jeune homme se mit à créer des flux d’air autour de lui, les concentrant au maximum pour qu’ils prennent plus d’inertie et de puissance à chaque tour. Il se baissa ensuite d’un seul coup sur un genou, relâchant ses flux d’air, ce qui créa une gigantesque bourrasque envoyant voler les soldats dans tous les sens, laissant un espace vide de 15 mètres tout autour de lui.

C’est cet instant que choisit Flèche pour se montrer. Éclair d’émeraude dans le ciel bleu, la dragonne qui n’était nulle part un instant auparavant se posa dans un tremblement de terre à côté de Gabriel, finissant d’insinuer la panique au coeur des soldats assez valides pour se relever. Pour la première fois de sa vie, la dragonne n’était pas la proie mais la chasseuse pour les humains, et ses yeux de braise brillaient d’une haine et d’un sentiment de supériorité qui glaça tous ceux qui croisèrent ce regard. Après avoir laissé les hommes observer son regard froid, ses crocs et ses griffes longs comme des couteaux, elle se tourna vers l’Arc de triomphe et se baissa ventre contre sol, ses ailes déployées à la verticale au-dessus d’elle. Gabriel qui n’avait pas encore bougé pendant tout ce temps se redressa et se plaça sous l’aile droite de la dragonne, assez près pour poser sa main contre son dos et insuffler dans ce contact toute la puissance qu’il possédait en lui. Dans le même temps, il promena son regard sur la foule de soldats déstabilisés. Il surveillait que la peur était toujours maîtresse en eux, car il le savait : tant qu’il offrirait sa puissance à Flèche, il serait aussi vulnérable que tout autre adolescent de 17 ans. Histoire de donner au change, il faisait extrêmement attention à garder assez de puissance en lui pour garder visible ses ailes dorées, mais qu’une seule balle l'atteigne, et elle les traverserait, ses ailes et lui, sans plus de mal qu’en traversant un nuage de fumée.

A côté de lui, La dragonne se mit à cracher son souffle contre la pierre. Un trait de feu liquide, aussi fin qu’un cheveu au sortir de sa gueule immense, mais vaste de plusieurs mètres en s’écrasant contre le monument. La chaleur devint immédiatement insupportable. Les soldats les plus proches jetèrent au sol des armes fumantes, et les plus éloignés dégoulinaient de sueur. Gabriel restait impassible, il devait se montrer aussi dur qu’un roc s’il voulait que son plan se déroule jusqu’au bout sans anicroche. S’il ne voulait pas qu’un soldat se rende compte de sa faiblesse et lui loge une balle dans la tête. L’Arc de triomphe rougeoyait derrière lui, la pierre se changeant lentement en verre. Trop lentement à son goût. Mais avant que quiconque n’ait repris ses esprits, la dragonne se redressait, mettant fin à la fournaise et permettant à Gabriel de reprendre possession de sa puissance. Il parcourut une dernière fois du regard les soldats amassés autour d’eux, et d’un seul geste, il se retourna et s’avança vers l’amas de verre en fusion qui se dressait là où se trouvait un instant plus tôt une arche en pierre de 50 mètres de haut. D’un pas lent et assuré, il s’avança vers cette montagne rougeoyante. Au moment de poser un premier pied sur le verre en fusion, il concentra des flux d’air pour créer une minuscule bourrasque glacée qui figea le verre en une marche translucide parcourue de craquèlements blancs. Et à chaque pas supplémentaire, une nouvelle marche se formait, formant un escalier neigeux en plein centre de la montagne de verre rouge orangé. A mi-chemin, Flèche le suivit dans son ascension, avalant les marches 5 par 5 grâce à ses puissantes et longues pattes, ondulant gracieusement au cours de son ascension. A seulement quelques pas du sommet, Gabriel forma une bourrasque plus puissante que les autres, et plus complexe également, qui fit apparaître sous ses pieds une plateforme de 5 mètres de diamètre, au centre de laquelle se dressait un trône. Des pieds terminés sur des griffes de dragon, des accoudoirs formés par des dragons enlacés, et un dossier surmonté de deux ailes en arabesques ajourées. Ce trône était assez imposant pour que tout le monde sur la gigantesque place de l’étoile puisse le voir. Gabriel s’assit sur ce trône, le menton posé contre son poing et la jambe gauche passée nonchalamment au dessus de l’accoudoir. Flèche le rejoint sur la plateforme, en fit le tour et s’allongea derrière le trône, sa queue écailleuse pendant le long des marches, menaçant quiconque aurait la mauvaise idée d’essayer de grimper, et sa tête dépassant de l’autre côté du trône pour reposer aux pieds de Gabriel.

Au pied de l’escalier, les hommes commençaient peu à peu à se remettre sur pied, évitant de regarder en l’air de peur de devoir faire face à une réalité trop effrayante pour eux. “A GENOUX DEVANT LE ROI DRAGON” ordonna le jeune homme sur son trône, et tous sans exception se jetèrent au sol. Certains plantant un genou au sol en regardant leurs pieds, les autres sur leurs deux genoux avec le front au sol. Ce sentiment de supériorité était tout bonnement délectable, son coeur battait la chamade, mais malgré ça, sa haine n’était toujours pas rassasiée, sa soif de sang en rien apaisée par la centaine de corps qui gisaient au milieu des militaires courbés. Maintenant tant bien que mal une voix posée, Gabriel servit aux soldats le discours qu’il s’était entraîné à répéter. “Vous tous qui avez survécu jusque là!” tonna-t-il d’une voix juste assez amplifiée par le pouvoir pour que tous les soldats l’entendent. “Vous tous êtes les témoins du début d’une nouvelle ère. Une ère où les dragons vont repeupler la planète. Une ère où je régnerai sur tous les peuples et mes descendants après moi. Est-ce que l’un d’entre vous souhaite à nouveau lever son arme contre moi ?”. Cette première tirade fut accueillie par un silence de mort. “Beaucoup sont morts aujourd’hui, mais le bain de sang n’est pas terminé. D’autres voudront également m’arrêter, et tout comme vous, ils y gagneront la punition adéquate.” Des phrases courtes, lui avait dit l’enchanteur. Les phrases courtes sont plus facilement acceptées et plus difficilement contredites. L'excitation fit faire une embardée à sa voix alors qu’il prononçait ces derniers mots : “A présents, ramassez vos morts, et amenez devant moi pour qu’ils soient jugés ceux qui ont ordonné l’enlèvement et le meurtre de mes parents! MAINTENANT!”. Les gradés furent les premiers à reprendre leurs esprits, hurlant des ordres pour organiser la libération de la place, et une équipe fut envoyée à la recherche des intéressés.

Il fallut plusieurs heures pour que la place et l’avenue soient enfin dégagées. Le soleil commençait à décliner, et la faim commençait à se faire sentir quand un hélicoptère pointa le bout de son nez. A son bord, Gabriel le savait, devaient se trouver le président de la république, le ministre de l’intérieur, ainsi que le général Pitz, le militaire gras comme un porc qui avait appuyé sur la détente de l’arme qui avait tué ses parents sous ses yeux. L’enfoiré qui avait tué ses parent et sonné le début de cette guerre qui aura duré 2 ans. Enfin il était à portée de main. L’hélicoptère se posa juste à l’entrée de l’avenue des champs Elysées, à bonne distance du trône de verre. A la grande surprise de Gabriel, c’est le président qui sortit le premier, suivi comme il s’y attendait du ministre de l’intérieur, du général Pitz, et d’un autre militaire qu’il ne connaissait pas, mais dont les décorations devaient peser la moitié du poids de l’homme. Le président attrapa ce dernier par la manche et le poussa en avant, et les autres suivirent quand bien même il semblait prêt à les tirer chacun par l’oreille jusqu’au centre de la place. Ils s’arrêtèrent tous les quatre au pied de l’escalier, et le président prit la parole. “Puissant seigneur, vos hommes nous ont informé de votre écrasante victoire de ce matin.” De la sueur coulait le long de ses tempes malgré la chaleur estivale, et il ne cessait de passer sa langue entre ses lèvres et de frotter ses mains les unes contre les autres. “En signe d’acceptation de votre pouvoir, et d’obéissance, j’ai comme vous l’aviez demandé amené les responsables du terrible meurtre de vos parents. Vous avez ici le ministre de l’intérieur qui a donné l’ordre de les faire assassiner, le général Marlaw qui était responsable de l’équipe qui a mené l’enlèvement, ainsi que le général Pitz qui a levé son arme contre vos vénérés parents. Je me fais une joie de vous livrer ces scélérats.” Les trois autres étaient vraisemblablement atterrés par ce discours, mais aucun n’éleva d’objection et tous plantèrent un genou à terre. “Meurtriers, menteurs et manipulateurs.” Cracha le jeune homme depuis son trône. Il se tenait penché en avant pour mieux les voir. “Vous mériteriez tous que je vous liquide sur le champ. Cependant il ne sera pas dit que je suis un monarque dénué de compassion. Ainsi, si vous gravissez ces quelques marches et que vous prêtez serment de servitude, je saurai vous pardonner et vous laisser la vie sauve.” Comme il s’y attendait, le ministre de l’intérieur et le général Pitz se précipitèrent, grimpant les marches quatre à quatre. En bas, le président tentait de convaincre Marlaw de les imiter en faisant de grands gestes. A peine les deux premiers avaient-ils atteint la première moitié de l’escalier que Gabriel se leva. Hurlant sa rage, il déchaîna le pouvoir en lui comme il ne l’avait encore jamais fait, faisant chauffer l’air aux pieds des deux hommes à une température qui fit fondre à nouveau le verre. Ils tentèrent quelques instants de s’échapper, mais le verre fondu collait à leurs chaussures, et leurs efforts frénétiques pour se sauver ne leur permirent que de trébucher la tête la première dans le verre en fusion. Une mort expéditive, mais Gabriel n’en resta pas là, il continua de le faire chauffer jusqu’à ce que les deux corps soient complètement enfoncés dans la montagne de verre, preuves intangibles s’il en fallait de la puissance de la colère du roi dragon. Haletant, exultant, Gabriel se força à reprendre le contrôle sur ses émotions. En prenant son temps, il recréa les bourrasques qui avaient formé les marches afin de réparer les dégâts qu’il avait causés. Quand ce fut fait, il retourna s'asseoir sur son trône. “Marlaw”, appela-t-il, sa voix trahissant son euphorie, “Pourquoi ne pas être monté en même temps que tes co-accusés ?”. Le militaire, qui devait avoir une bonne cinquantaine d’années, ne se redressa pas pour répondre, il ne haussa pas la voix non plus. “Monsieur, ou seigneur, quelque soit le titre que vous souhaitez que les gens vous donnent, je suis effectivement le responsable de l’équipe qui a enlevé vos parents, mais ce faisant je n’ai fait que suivre les ordres. J’ai toujours vécu dans la droiture et l’honneur, je préfère donc mourir en me sachant innocent que de vivre soumis comme si j’étais coupable du meurtre dont je suis accusé.” Son discours était bien rôdé, sa voix ne fit aucun écart pendant qu’il parlait, et sa nuque baissée semblait attendre la lame du bourreau. Gabriel fut réellement impressionné par le calme qui habitait cet homme, surtout en comparaison du président tout miteux qui se tenait à ses côtés : le pauvre homme avait souillé son pantalon en voyant les deux autres hurler à la mort. “Marlaw, tes arguments me semblent assez justes, et il faut dire que dès le départ j’étais surpris de vous voir ici. Si vous vous estimez réellement innocent et que vous acceptez de continuer à vivre sous mon règne, vous pouvez sans crainte me rejoindre sur la plateforme.” C’était cruel de tester ainsi ses nerfs, mais Gabriel avait besoin d’hommes de confiance, et si quelqu’un pouvait grimper ces marches après avoir assisté au spectacle précédent, cet homme ferait preuve d’un courage sans bornes. Et c’est ce que fit Marlaw. Sans un regard vers les deux cadavres, il monta l’escalier en regardant droit devant lui, droit dans les yeux du jeune homme. Une fois en haut, il s’agenouilla et baisa la main tendue du roi dragon. D’un geste, ce dernier lui fit signe de se lever et de se placer à sa gauche. Alors qu’il s’exécutait, le militaire laissa apercevoir les gouttes de sueur qui coulaient sur son visage. L’ascension avait donc été plus effrayante qu’elle n’avait semblé, Gabriel ne put s’empêcher de sourire à cette idée. Réprimant un sourire, il lança au dernier : “Monsieur l’ancien président, veuillez monter vous aussi.” Soulagé par la vision de Marlaw à côté du trône, en vie, le président n’hésita pas avant de se lancer sur les marches de verre. Passant au-dessus des deux cadavres, il dût réprimer un violent haut-le-coeur, mais continua de monter et s’agenouilla pour baiser la main de son seigneur. “Savez-vous pourquoi vous avez pu monter jusqu’ici ?” L’interrogea Gabriel. “Parce que je suis aussi innocent qu’un nouveau-né, puissant seigneur dragon” débita l’intéressé, “parce que je serai votre fidèle serviteur, magnifique souverain.” Un sourire crispé déformait son visage, de la sueur perlait sur son front, et ses yeux clignaient frénétiquement comme pour chasser l’image des cadavres coulés dans l’escalier. “Tu as tout faux” fut la réponse langoureuse de Gabriel. “Si tu es ici encore en vie, c’est parce qu’en plus d’avoir fait tuer mes parents, tu as osé te présenter devant moi en te prétendant innocent. En prétendant m’apporter les véritables coupables.” Des tremblements parcoururent le président. Il songea un instant à s’enfuir, puis l’image des corps s’enfonçant dans le verre en fusion chassèrent cette idée. “Si tu es ici vivant, c’est parce que je te réserve un sort bien pire qu’à tes deux collègues!” Et ce disant, il se releva brusquement, attrapant l’homme à la gorge et le tenant en l’air à bout de bras. Usant de la magie des dragons que lui avait enseigné Flèche, il plongea sa main libre dans le ventre de l’homme qui se tortillait, et en ressortit une masse vaporeuse multicolore : l’espoir, l’amour, l’envie et la raison venaient d’être enlevées du corps de l’ancien président, ne lui laissant plus que la faim, la peur, la haine et la folie. C’est donc un être hagard qui tomba au sol quand il relâcha ses doigts, un homme brisé qui dévala les marches de verre, un homme sans but qui repartit en marchant le long de l’avenue des champs Elysées.

Gabriel se sentit soudain plus léger. Sa haine folle s’était calmée en même temps que sa vengeance arrivait à son terme. A présent, le plus dur restait à faire s’il voulait redonner au monde son visage d'antan, quand les dragons régnaient sur les cieux à la place des dieux. Le règne du roi dragon commençait.