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Joute 30 : Nouveau printemps
Joute 30 Texte A : Elles
Le 29/03/2012 par Pin'shae non favori



Il aurait voulu pleurer mais comme les plaines alentour, son regard restait sec. Lorsque le Pouvoir avait été chassé de ce monde, avait-il emporté aussi l’eau de ses larmes ? Ou bien étaient-ce les longues années reclus sur ce tertre solitaire qui avaient modelé son visage et son cœur à l’image de ces terres désolées, tannées par le soleil et ridées par le vent ?

Çà et là, la silhouette racornie d’un arbre autrefois majestueux ponctuait le paysage, rappelant que là où s’étendait aujourd’hui un vaste désert, s’était trouvé hier un large et riant bocage. Le jour où dans sa colère aveugle, elle avait coupé la Source du Pouvoir, la vie s’était peu à peu tarie. Les forêts luxuriantes, les champs, les vergers, ne fructifièrent plus. Les oiseaux cessèrent de lancer leurs chants de séduction à travers les branches. La nature toute entière s’était tue, se refusant à se perpétuer, brisant le cycle éternel des âges. Les hommes eux-mêmes se désintéressèrent de leur prochain et des conflits fratricides éclatèrent dans tout le royaume, raréfiant un peu plus une population déjà privée de naissances. Et elle, qui contemplait la ruine de son propre univers du haut de son château, en riait-elle ? Était-elle enfin heureuse ?

Son cœur se serra. Aucune larme ne vint, et c’en fut encore plus douloureux. Comme si, comprimé par la culpabilité, il allait imploser en une poussière sèche. Si sèche.

Ces terres fertiles, cette faune et cette flore oubliée, ces hommes perdus, il en avait été le souverain. A ses côtés. Avec elle. Ensemble les deux jeunes monarques, sereins et justes gouvernaient un royaume paisible. Et puis le temps était passé sur eux. Et sur leur amour. Lorsque rien ne resta entre eux que la charge de leurs terres et de leurs sujets, il décida de partir. Égoïste, sans doute l’avait-il été mais…

Il lui avait semblé alors que c’était la seule chose juste à faire. La dysharmonie, puis la haine qui commençait à grandir au sein du couple royal ne pouvait être imposée au peuple qui finirait par en souffrir plus encore qu’eux deux. Sans lui, l’équilibre reviendrait. Du moins le croyait-il, à cette époque. Sincèrement.

Rien ne lui aurait permis de prévoir la réaction de la reine. Comment se douter que sa haine ne serait que renforcée, sublimée par cet abandon ? Il soupira. C’était son départ qui avait condamné le monde à cet hiver infernal dans lequel il était plongé depuis vingt longues et brûlantes années. Vingt ans à scruter les terres sèches et rouges, dans l’espoir d’un signe du retour du Pouvoir, dans l’attente d’un signe de vie. Vingt ans de marasme, dans une retraite solitaire, à vivoter de racines de plus en plus rares et de l’espoir qui s’amenuisait de retrouver un peu de paix et de douceur avant la fin de ses jours. A vrai dire, il la souhaitait plus proche chaque soir.

Interrompant le fil de ses pensées, il passa la main sur son visage. Assez de douleur pour aujourd'hui. Le soleil, rouge lui aussi, disparaissait déjà. Se retournant vers l’abri des rochers, il crut apercevoir un trait de lumière traversant le ciel, vers le levant. Demain serait un autre jour. Ou sans doute serait-il-le même.

***

Posté sur une hauteur, une nouvelle journée à surveiller l’horizon commençait. Le vent souleva un large nuage de poussière, au loin. Cela était nouveau ; le monde était devenu si immobile que même le vent semblait avoir perdu sa force de naguère. Cependant une simple bourrasque ne suffirait pas pour ramener la terre à la vie… Le soleil lui asséchait les yeux. Il détourna son regard pour scruter le couchant.

Ainsi, il ne la vit pas approcher.

Elle gravissait déjà les rochers lorsqu’il l’aperçut. Elle avait laissé son cheval - une bête magnifique, qui semblait venue d’un autre âge, un âge où l’herbe tendre couvrait encore les plaines - au pied du tertre, là où un filet d’eau sourdait. Son sourire le frappa en premier lieu. Puis sa beauté. Elle le salua, cordialement, comme on saluerait un ami perdu de vue. Méfiant, il lui rendit son bonjour. Sa présence même au sein de ce désert semblait déplacée, incongrue.

Ils parlèrent peu. Il décida de ne pas prêter attention à l’étrangère et de reprendre sa tâche immuable de sentinelle. Elle finirait par poursuivre sa route, sa monture une fois désaltérée. Cependant les minutes passèrent, puis les heures. Elle était venue s’asseoir à quelques mètres de lui. Tenant les genoux groupés contre sa poitrine, la tête penchée sur son épaule, elle l’observait. Parcourant comme à son habitude le paysage de son regard, il sentait les yeux de la jeune femme posés sur lui, graves et sereins. Cela l’irritait. Qui était-elle ? Il voulait qu’elle cesse ce manège, qu’elle s’en aille mais il n’osait la chasser, pour une raison qui lui échappait. Elle détournait ses pensées, l’empêchait de poursuivre son travail quotidien. Et si, à cause d’elle, il manquait le signe qu’il guettait depuis toutes ces années ? Si elle faisait échouer la mission qu’il s’était lui-même assigné ? La seule chose qui avait donné un sens à ses jours depuis la perte du Pouvoir lui échapperait alors. Il ne pourrait le pardonner à cette fille. Et d’ailleurs pourquoi le ferait-il ? Elle ne lui était rien… Rien.

A la nuit tombée, il quitta son poste d’observation, la laissant derrière lui. A l’entrée de son abri, il se retourna. Elle ne l’avait pas suivi. Au matin, elle serait sans doute loin. Il eut une nuit agitée.

Lorsqu’il s’éveilla, il rejoint le pic sur lequel il avait passé la journée de la veille. Il se surprit à la chercher en chemin, puis à quitter l’horizon du regard pour retrouver sa trace. Le soleil était déjà haut dans le ciel. Elle ne reviendrait pas. Au creux du ventre, quelque chose de nouveau. Un vide monstrueux et délicieux.

Puis elle fut là. Radieuse, elle tenait dans sa main un miracle.

Quelques fleurs malingres, qu’elle avait dû passer la nuit entière à collecter.

Elle s’avança, d’un pas léger et assuré, à travers les rochers. Il ne pouvait la quitter des yeux. Se hissant près de lui, elle lui prit la main. Pour la première fois depuis longtemps, il sourit. Il sentit le Pouvoir affluer à nouveau, remplissant son cœur, puis irradiant autour d’eux, s’étendant à nouveau sur la terre. Peut-être avait-il enfin expié sa faute, au crépuscule de ses jours. Peut-être que sa faute avait été de se fermer au monde. C’était fini, puisqu’elle était là, et qu’elle lui souriait en retour.

L’hiver pouvait revenir. Sans doute reviendrait-il. Au moins aurait-il connu un nouveau printemps.

Keiran à répondu l 18/04/2012 à 11:34
J'ai voté pour ton texte, même si c'était mon 2e choix. Je l'ai trouvé très agréable dès le début. J'ai aimé sa structure et la façon dont tu l'as construit. Je pense que pour le coup, j'ai été vraiment séduite par la forme que tu as très bien gérée! Au fil des lignes, je voulais en savoir plus, comprendre davantage, j'ai aimé et en même temps ça m'a frustré car je n'ai pas eu ce que je voulais. C'est peut-être dû au format "deux pages" imposé, mais même si j'ai apprécié la fin, j'aurais voulu d'autres infos, des explications... UNE SUITE!! En fait, ce n'est pas du tout ton texte qui me frustre mais son format "Nouvelle". Car du coup, je sais que je peux m'asseoir sur les détails que je voulais héhé... sauf si tu continues, bien sûr *message subliminal*
Pin'shae à répondu l 18/04/2012 à 12:23
Gnéhéhé, non je continue pas (pas sur ce texte du moins), j'aime bien être vilaine et laisser des points de suspension. Mon côté grosse fainéante, peut être. Le format "deux pages" obligeait à ne pas trop développer, et m'a bien plu parce que cela laissait de l'espace pour l'imagination du lecteur (et du coup pour les torturer, mouahahaha, ça c'est mon côté sadique ) Merci en tous cas pour ton gentil commentaire, ça me fait très plaisir
Galain à répondu l 18/04/2012 à 21:20
Comme Keiran, j'ai beaucoup aimé la structure du texte, parce qu'elle me semble, volontairement ou non, coller assez parfaitement au sujet. Je ne sais pas comment exprimer ça vraiment, mais l'ensemble forme une grande respiration. Une respiration qui commencerait par son expiration si on veut ; la douleur et la solitude qui se ferme, peu à peu, avec la nuit, sur le vide et puis, revenante, l'inspiration, accompagnant la silhouette, gonflant la poitrine avec les retrouvailles et bouclée, finalement, avec le pressentiment d'une nouvelle expiration prochaine - j'essaie encore une fois de coller à ma réputation.

Au contraire de Keiran, par contre, je trouve que ce texte n'appelle pas vraiment de suite. C'est en cela aussi qu'il m'a plu et peut-être un peu troublé. Souvent, les fragments de récits et surtout dans la fantasy laisse un gout particulier d'inachèvement et frustration - c'est ce qui fait aussi le charme du genre (je pense par exemple que le génie de Tolkien tient à sa maîtrise parfaite de l'incertitude et de la frustration du lecteur). Ici, la chose semble au contraire assez achevé ; je ne saurais dire si c'est un mal ou un bien, mais c'est en tout cas assez original pour être intéressant.

Après, pour ne pas que être sympa non plus, j'ai un peu plus de mal avec ce style. C'est extrêmement maîtrisé et bien écrit, je trouve, mais ça reste un peu trop classique à mon goût. Enfin... classique n'est pas le terme, mais la langue est très réglée, trop pour moi je crois. J'aime bien quand les choses s'échappent un peu et que ça roule un peu plus en roue libre - je ne sais pas si c'est très clair ce que je dis. Disons qu'il manque à mon goût un peu de folie "poétique" pour que je tombe totalement à genoux, mais que l'ensemble est quand même vraiment agréable et bien maîtrisé pour mériter son statut de texte en chef

Sordon à répondu l 20/04/2012 à 23:36
Alors, chose promise, chose due, je vais commencer mes commentaires…

Premièrement, félicitation encore à toi Pin'shae pour ta première place.

Paradoxalement, je dois dire que j'ai d'une manière générale, assez peu apprécié ton texte.

Mais, je vais commencer par les bons points :

Du côté de la structure, et du voc, je n'ai rien à dire, c'est très bien écrit, appréciable à la lecture, avec une progression claire et bien découpée.
Le monde est bien décrit et laisse suffisamment de place à l'imagination pour que le lecteur s'approprie le texte. Avec toutefois un bémol sur lequel je reviendrai plus tard.
Du coté des background, celui de "Il" est clairs. On sait qui il est, ce qu'il a fait et ses sentiments. En revanche, celui des "Elles" sont assez peu clair. Mais de nouveau, je parle ici des bons points.
J'apprécie la petite critique qu'on pourrait aisément faire de nos jours, "ne vous fermez pas au monde" ça donne au texte un petit côté moralisateur et réaliste. Côté que l'on ressent également lors du "départ" De Il, fuite de ses responsabilité si courante de nos jours…. Mais cela m'amène aux mauvais points…

Ce qui m'a le plus gêné dans ton histoire, bien sûr, c'est un avis totalement personnel, c'est que Il parait franchement puéril et immature pour un souverain.
Décider de fuir ainsi ses responsabilité, et de ne pas prévoir la réaction de la reine me semble tellement énorme, que j'ai de la peine à accepter cette base. Et Egalement à la fin, cela fait vingt ans qu'il n'as vu que mort et désolation, qu'il vit en solitaire, et la première chose qui le choque quand il voit une jeune femme, c'est son sourire et Sa beauté. Alors qu'il devrait avant tout être choqué par la PRESENCE d'une JEUNE femme dans un monde où personne ne nait.
Alors d'accord, il guette un signe du retour du pouvoir, mais franchement, il est sérieusement borné pour ne pas reconnaitre en cette jeune fille le changement le plus radical de son monde!

Bon, ça c'était pour l'histoire en tant que telle, donc c'est plus un jugement personnel qu'un réel commentaire posé, prit avec du recul… J'y viens donc avec des petits faits qui gênent un peu pour la cohérence globale.
Premièrement, le petit bémol dans ta présentation du monde :

"C’était son départ qui avait condamné le monde à cet hiver infernal dans lequel il était plongé depuis vingt longues et brûlantes années. Vingt ans à scruter les terres sèches et rouges" et "Le soleil, rouge lui aussi"

Ton monde est censé être condamné à l'hiver, pourtant tu n'utilises pour le décrire, que des mots appartenant au champ lexical du chaud : "brûlantes", "sèches" et "rouge" deux fois. Lorsque j'ai lu cette description, l'image qui m'est apparue, est celle d'un désert aride, sous un soleil de plomb, accablant de chaleur. Impression renforcée par le guet de Il sur un rocher, qui semble bien plus vraisemblable dans une atmosphère chaude et sec que dans un froid mordant.

Un autre petit détail, "Demain serait un autre jour. Ou sans doute serait-il-le même."
On comprend bien quel est le sentiment de il, avec cette fatalité, mais j'ai de la peine à imaginer Il se disant " Demain serait un autre jour" Qui est plutôt synonyme d'espoir. Bien sûr, tu contredis tout de suite, mais cela casse ce sentiment d'abattement qui est sous-jacent lors de ce passage. Une autre formulation aurait peut-être été la bienvenue.

Et puis, quel est le rapport entre la reine et la jeune femme. (Les "Elles" du titre je suppose), Qu'est-il advenu de la reine, que va-t-il advenir de Il et de la jeune femme? Plus de précisions, même succinctes auraient été les bienvenues.

Voili voilou, malgré mes critiques, je trouve quand même ton texte très bon, il est bien construit, cohérent du point de vue des parti prit, est agréable à lire et à un fil rouge bien établit.
Et surtout, merci d'avoir proposé un texte, même si je n'en ai pas apprécié le contenu, c'est toujours un plaisir de lire ce que font les autre.

P.S. Pour tous les autres, un peu de patience, car j'ai déjà eu du mal à trouver du temps pour faire ma première critique, alors les huit autre...
Galain à répondu l 21/04/2012 à 02:09
J'imagine qu'on est là aussi pour discuter, alors je me permets de répondre à ton commentaire, Sordon, même si je ne suis pas l'auteur du texte ci-dessus...

Je trouve que les incohérences que tu cites sont assez peu révélatrices et ne témoignent pas de grand chose.

Par exemple, le fait qu'un homme, seul depuis un grand nombre d'année, soit troublé par la beauté d'une femme plus que par sa présence, alors même qu'il n'a connu que le désert jusqu'alors n'a rien de choquant, je trouve, ni du côté de la cohérence - mais en faut-il une d'ailleurs ? - ni du côté de la force "romanesque".

Je crois que la cohérence est ailleurs que là où tu pouvais l'attendre - c'est pas une cohérence factuelle, mais une forme de cohérence poétique. Ce qui peut le troubler ici, par exemple, plus que la découverte d'une vie autre que lui-même dans ce désert gelé, c'est un sentiment oublié et depuis longtemps non ressenti - le sentiment de la beauté -, le souvenir d'une autre femme - la première, la reine elle-même ? - ou tout autre bouleversement intérieur sous lequel ne règne pas, de toute façon, l'idée même de cohérence. Au contraire, je pense que si l'idée avait pu être plus exploité - et on tombe vraiment sur le nœud de ce texte, je pense, qui demande une centaine de pages de plus pour être vraiment merveilleux -, elle aurait été très recevable et plus puissante même que celle que tu évoques comme plus plausible.

Je ferais la même critique à ta critique lorsque tu parles de l'irresponsabilité du Roi. C'est placer le niveau de la cohérence sur un plan assez "militaire" que d'envisager comme impossible l'idée d'abandonner son poste pour des raisons "sentimentales". La chose est pourtant envisageable - c'est même arrivé en vrai au début du XXe siècle en Angleterre, alors !

De la même façon - le mec qui s'arrête plus haha -, la description "rougeoyante" de l'hiver est possiblement riche et manque simplement ici, plus que de sens ou de cohérence, d'ampleur et de temps pour se développer. Exemple qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, mais Giono dans le Hussard sur le toit décrit la chaleur accablante avec des images paradoxales mais terriblement évocatrices et poétiques.

Pour ceci : "Et puis, quel est le rapport entre la reine et la jeune femme. (Les "Elles" du titre je suppose), Qu'est-il advenu de la reine, que va-t-il advenir de Il et de la jeune femme? Plus de précisions, même succinctes auraient été les bienvenues. ", je répondrais pour défendre cela : "C'est l'incertitude qui nous charme. Tout est merveilleux dans la brume." (C'est pas moi, c'est Wilde).



Sordon à répondu l 21/04/2012 à 03:08
Et tu as tout a fait raison de le signaler, on est aussi ici pour discuter... Et d’ailleurs tout comme je le fais remarquer, c'est une critique personnelle que j'ai faite par rapport à mon ressenti...

Ton point de vue est donc tout aussi exacte que le mien dans la mesure ou l’appréciation d'un texte et de ses détail est une approche totalement subjective et personnelle.

Et nous somme parfaitement d'accord pour dire que l’oxymore et les couples antithétiques ont d'une manière générale un rôle te des signification très fortes dans la langue française, mais dans ce texte, soit par manque de place pour développer l'idée, soit par "erreur" je trouve que les qualificatif donné au monde "hivernal" prêtent plus à confusion qu'autre chose.
Après, mon approche d'un texte comme celui-ci n'est pas une approche poétique comme toi, ce ne sont donc pas les mêmes détails qui vont nous frapper...

D’ailleurs, d'une manière générale, je serais intéressé par l'avis de Pin'shae sur nos commentaires respectifs, et avoir son avis d'auteur, pour me situer convenablement par rapport à sa vision de son histoire.
Galain à répondu l 21/04/2012 à 10:04
"soit par manque de place pour développer l'idée, soit par "erreur" je trouve que les qualificatif donné au monde "hivernal" prêtent plus à confusion qu'autre chose."

Ce que je voulais exprimer, mais que l'heure avancée dans la nuit m'a empêché d'expliciter clairement, c'est que je crois en fait que toute les erreurs qu'on peut voir dans ce texte sont plus le fruit d'un manque de temps que le résultat de "mauvais choix" d'écritures. Je crois vraiment que le texte renferme beaucoup de possibilités non exploités et que ce qui semble être des maladresses sont de bonnes idées manquant de place pour être assez mises en valeurs. Il manque juste un poil de folie et d'originalité dans les thèmes pour déchirer la baraque complétement selon moi
Pin'shae à répondu l 21/04/2012 à 10:08
Oulàlà je tombe en plein milieu de commentaires fort construits, je ne pensais pas que ce texte puisse susciter tant de débats.

Bon, je vais commencer par le point le plus facile, celui de l'hiver rougeoyant.
En effet, c'est une idée qui me semblait importante dans le texte et que j'ai tout simplement oublié de développer je comprends que ce ne soit pas très clair. En effet, j'avais cette vision d'une terre dévastée par une chaleur infernale, à tel point que la vie n'a presque plus sa place. C'est un hiver à ce sens ( la nature est en dormance, attend un changement pour s'éveiller ) mais en aucun cas au sens météorologique de notre monde (glace, froid, humidité etc...). Au final, je ne suis pas sure qu'il ait fallu le développer davantage, je souhaitais marquer un décalage avec notre propre univers avec cette notion d'hiver brûlant. Si j'ai pu créer un malaise et déranger quelqu'un avec ce mot "hiver", finalement je suis plutôt contente

Ensuite, je répondrai à Galain sur le style général : en effet, c'est certainement trop contrôlé, je te remercie de ta critique. J'ai essayé de traduire plus des sentiments qu'un monde, et si Sordon le perçoit comme quelque chose de dérangeant, je sens bien que je ne suis pas encore assez loin dans cette démarche. De manière générale, et même dans la vie de tous les jours, il m'est difficile de me lâcher entièrement en ce sens. Je souhaite maitriser beaucoup trop de choses et j'aime aussi la concision... Mon côté scientifique sans doute Mais j'y travaille. Plus de lyrisme, de poésie et de folie, ce sera un exercice à tester pour une prochaine joute

Pour ce qui est de la présence de la "jeune" femme, figure toi Sordon que j'avais tout d'abord écrit qu'il avait été frappé par sa jeunesse. Puis j'ai remplacé par "beauté". De un, parce que la beauté n'a pas d'âge. On sait juste qu'elle est beaucoup (?) plus jeune que lui, mais pas son âge exact. D'autre part parce que oui, pour moi le vrai thème du texte est la redécouverte de sentiments qu'on croyait avoir oublié, bannis. Pour moi, le "Pouvoir" se situe là dedans : la capacité de croire encore à quelque chose de beau, de croire à la vie, à l'avenir, de s'ouvrir aux autres. Le personnage principal a eu un passé avec son épouse(volontairement flou) qui l'a amené à perdre tout espoir. Le monde dévasté autour de lui peut être perçu comme une allégorie de ce désespoir. Qui sait, peut être ce monde qu'il perçoit si sec et morne, n'existe-t-il qu'en lui même? Et chacun n'est il pas le monarque de son propre monde, et par là même responsable de l'épanouissement de celui ci? "Elle" qui arrive n'est que le déclencheur d'une nouvelle prise de conscience de ce monde.
Galain a parfaitement résumé la chose : je cherchais plus une cohérence émotionnelle que narrative. D'ailleurs l'histoire tient sur une feuille de papier à cigarette et est banale à pleurer si on regarde bien
D'un point de vue plus narratif il y a deux possibilités. J'imagine la "jeune" femme suffisamment âgée pour avoir fait partie de la dernière génération. J'ai également introduit des éléments qui pourraient laisser entendre qu'elle vient "d'ailleurs" (♪♪ Pour moi c'est sur, Elle est d'ailleurs ♪♪ /Pierre Bachelet. ) C'est au lecteur d'en décider.

Quant à l'attitude irresponsable, oui, c'est juste. D'ailleurs il en crève de culpabilité. En fait ce sont des choses qui arrivent dans la vie : on est tous irresponsable à un moment ou un autre et on en paye les conséquences. Même si on prend le texte sur le plan purement narratif, ça ne me dérange pas. Les monarques paraissent toujours écrasés par les responsabilités dans les récits qu'on connait. Eh bien là je me suis dit "crotte de bique, un monarque est avant tout un homme et il peut être aussi irresponsable que n'importe lequel d'entre nous." (Y'a qu'à regarder les infos à la télé pour en être convaincu )

Quant au devenir des deux femmes, eh bien je m'en moque un peu (c'est moche hein?). Le personnage central c'est Lui. C'est un texte qui parle de ses sentiments à lui, à ce moment précis, de son égocentrisme un peu, aussi Ce qu'il est advenu de son "ex", on ne le sait pas, sans doute car Il ne veut pas le savoir. C'est une vie passée. Ce qu'il va advenir de la nouvelle... seul l'avenir peut le dire!

J'aimerais aussi vous remercier pour ces commentaires, ça me permet de voir ce qui a touché ou non tel ou tel lecteur. C'est bien de pouvoir en débattre : ça permet un retour réflexif sur sa propre pratique, et je l'espère, de s'améliorer pour la prochaine fois.